Le Président de la Chambre Régionale d'Agriculture de Bourgogne - Franche-Comte livre son analyse, sur la crise agricole qui frappe le pays
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Président, votre présence aujourd'hui ici, c'était important ?
00:05 Écoutez, oui, je suis encore agriculteur, mon fils est agriculteur,
00:10 et puis nous avons toujours finalement milité dans ces organisations agricoles,
00:15 qui me semble-t-il, dans notre pays, ont toujours essayé d'être force de proposition.
00:20 Là, on sent une expression de désarroi sur l'ensemble du territoire national,
00:27 qui fait que les agriculteurs ont besoin de se retrouver,
00:32 d'exprimer tous ensemble, quelle que soit leur production, leurs inquiétudes pour l'avenir,
00:37 et évidemment qu'on a envie d'être au milieu de ces rassemblements,
00:42 aux côtés des collègues paysans, pour essayer d'être entendus
00:46 et d'exprimer nos préoccupations le plus sereinement et le plus respectueusement possible,
00:52 mais ceci étant dit avec solennelité et gravité.
00:56 La priorité pour vous ?
00:58 J'aimais bien cette formule, les paysans ont autant besoin de considération que de revenus.
01:04 Je pense que pour un certain nombre de productions, en tout cas,
01:08 il y a un véritable problème de revenus, qui est depuis de trop nombreuses années,
01:13 pas en phase avec l'investissement nécessaire en moyens, en temps de présence,
01:22 en temps de travail, un problème de revenus.
01:27 On peut juger ce slogan un peu simpliste,
01:34 "arrêtez de nous emmerder, laissez-nous travailler",
01:39 mais je pense que dans cette formule, tout est dit.
01:42 Les agriculteurs sont des terriens, c'est des hommes et des femmes du vivant,
01:48 ils savent naturellement, intuitivement comment il faut conduire leur profession.
01:55 Il faut arrêter de la suradministrer,
01:58 et d'autant plus que cette suradministration finit par se traduire par des injonctions contradictoires
02:07 dont on ne comprend ni le sens, ni la direction, ni la cohérence,
02:13 et il y a une forme d'overdose, de réglementation qui finit par lasser, exaspérer,
02:21 et méfions-nous, qui finirait par dégoûter un certain nombre d'agriculteurs
02:27 dont pourtant on a besoin pour assurer d'une part l'alimentation dans ce pays,
02:31 la fameuse souveraineté alimentaire que chacun appelle de ses voeux,
02:36 mais aussi au-delà, l'entretien de tous ces paysages.
02:40 Prenons soin des derniers paysans de ce pays,
02:43 ne sacrifions pas ce secteur professionnel aussi essentiel à la nation.
02:49 On est dans le berceau de la race charolaise, une des races les plus connues au monde,
02:54 le péril il est aussi important pour les éleveurs ?
02:58 Je pense que les productions animales en règle générale sont très fragilisées,
03:06 et ces territoires de troupeaux de races à viande,
03:11 et dans ce grand bassin berceau de race charolaise, il y a un grand découragement.
03:18 On avait eu une embellie sur les tarifs il y a quelques deux ans,
03:22 c'est une embellie qui avait fait du bien,
03:25 malheureusement aujourd'hui l'inflation et la montée des charges
03:31 ruinent le bénéfice de cette revalorisation des prix.
03:35 L'année hantie et le découragement est grand.
03:39 Oui, c'est quand même une pratique, une typicité d'élevage profondément respectueuse de l'environnement,
03:47 très proche de ce que la société appelle de ses voeux,
03:51 très très proche de pratiques qui s'apparentent au bio,
03:57 et c'est aussi un secteur fragile et je le crains menacé.
04:03 Et j'ajoute à ça qu'il est inutile peut-être d'accentuer l'inquiétude,
04:11 les préoccupations des éleveurs en n'optant pas pour une attitude appropriée
04:19 par rapport à la prédation, qui s'invite quand même dans les territoires d'élevage
04:25 comme une problématique supplémentaire qui va peser plus lourd qu'on ne le pense
04:31 sur le moral des éleveurs si on n'a pas la sagesse de réguler
04:37 cette espèce qui désormais n'est plus une espèce en voie de disparition.
04:41 Elle vous inquiète ?
04:43 Beaucoup, beaucoup. Parce que je pense que, encore une fois,
04:49 il y a déjà trop de sources d'inquiétude, de perte de confiance,
04:57 et là on impose à des éleveurs la cohabitation avec un prédateur
05:02 dont tous les gens, toutes les personnes raisonnables,
05:05 savent très bien que c'est une cohabitation impossible.
05:09 C'est une vision de l'esprit que de croire que ces territoires
05:13 peuvent se barricader pour protéger les troupeaux contre le loup.
05:17 Donc soyons vigilants, faisons très attention.
05:22 Si on reste sur ce sujet dans l'excès et dans une forme de dogmatisme,
05:27 l'élevage et l'économie de l'élevage le paiera au prix fort,
05:31 au détriment des familles d'éleveurs et de l'économie qu'elles représentent.