Colère agricole: la faute au libre-échange?

  • il y a 8 mois
Les accords entre la France et d'autres nations agricoles sont souvent citées parmi les coupables de la rémunération insuffisante des agriculteurs français, à cause d'une concurrence déloyale. Mais la réalité est un peu plus complexe.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Parmi les raisons de la colère, Nicolas, les agriculteurs dénoncent notamment le libre-échange. Est-ce qu'ils ont raison ?
00:04 Dans la mesure où le libre-échange ça fait de la concurrence, oui. Mais c'est pas une histoire d'accord du libre-échange ou pas.
00:09 Tout le monde dit il faut dénoncer l'accord avec le Mercosur entre l'Europe et le Mercosur. Il n'existe pas cet accord.
00:13 Il y a 20 ans qu'il est négocié, il n'est toujours pas ratifié. Il n'y a pas d'accord de libre-échange avec l'Amérique latine.
00:18 Et pourtant elle est là la concurrence de l'Amérique latine. Pas la peine d'avoir un accord.
00:21 Quand vous avez des pays où la manœuvre est beaucoup moins chère, où il n'y a pas de contraintes vertes,
00:25 où on peut utiliser tous les pesticides qu'on veut, comment voulez-vous que l'agriculteur français puisse rivaliser ?
00:29 L'empreinte carbone de la viande bovine qui vient de l'Amérique latine, c'est trois fois l'empreinte carbone de la viande européenne.
00:34 Mais c'est pas la peine d'aller au bout du monde. On apporte 200 000 tonnes de pommes, principalement de Pologne.
00:39 En Pologne, on utilise un pesticide contre les nuisibles interdit en France.
00:44 On surtranspose les règles en France parce qu'on a une maladie autour de ça, la moralité.
00:47 Les viticulteurs de l'héros n'ont pas les mêmes contraintes que les viticulteurs espagnols.
00:52 Vous prenez un ouvrier pour ramasser des fruits et légumes en Allemagne, il coûte 5 euros de l'heure.
00:56 Vous prenez les mêmes en France, c'est le double. Il ne faut pas arrêter de voir que le libre-échange, c'est beaucoup plus basique.
01:01 – C'est dommage qu'il ne soit pas ratifié parce que le but de ces accords de libre-échange,
01:04 c'est justement d'éviter ces phénomènes de concurrence déloyale ou de guerre économique pour être plus général.
01:12 – Oui, c'est ça. L'idée, c'est d'arriver à un équilibre global entre les deux parties.
01:15 Mais cet équilibre global, il fera toujours des gagnants et des perdants.
01:18 Dans le cas du Mercosur, on sait très bien qui sont les gagnants.
01:21 Automobile, service, vin, fromage.
01:24 Qui sont les perdants ? On le sait déjà, c'est un géant agricole le Mercosur.
01:27 Volaille, viande bovine, sucre, céréales, éthanol.
01:30 Il y a des perdants, il y a des gagnants dans un équilibre global.
01:33 C'est ça l'idée d'un accord de libre-échange.
01:35 – Est-ce qu'il faut tourner le dos aux accords de libre-échange ?
01:37 – On n'aura pas le dos à des accords qui ont été signés au niveau européen.
01:40 Mais encore une fois, il ne faut pas complètement blâmer le libre-échange.
01:43 On l'a fait tout seul le Green Deal en Europe.
01:45 C'est pas un accord de libre-échange qui a dit "J'achère, engrais, pesticides interdits".
01:50 Ben oui, la production agricole chute, c'est logique.
01:52 Et bien évidemment, la souveraineté alimentaire de l'Europe recule.
01:54 C'est logique puisqu'on fait tout pour. Et on l'a fait tout seul.
01:58 Quelques exemples. 40 millions de tonnes de céréales importées en 2023.
02:02 C'est deux fois plus qu'en 2022.
02:03 Il y a un poulet sur deux consommé en France qui est importé.
02:06 En 2000, c'était un sur quatre.
02:07 Les importations agroalimentaires ont doublé entre 2000 et 2019.
02:10 Comme on fait tout pour que ça arrive, c'est marrant, ça arrive.
02:13 Vous mettez de l'eau, ça mouille. Vous mettez du feu, ça brûle.
02:16 Vous bloquez une filière par une volonté politique,
02:19 ça bloque la filière.
02:20 Après, ce n'est pas le libre-échange qui explique la folie normative à la française.
02:24 On n'est pas obligé toujours de surtransposer les normes européennes,
02:26 déjà assez contraignantes.
02:28 Et puis, l'un des avantages du libre-échange, c'est les prix bas.
02:31 Alors quand on est consommateur, et qu'on soutient ces agriculteurs,
02:35 et qu'on est pour le mouvement, il ne faut pas que ça se voit que dans les sondages.
02:38 Il faut que ça se voit aussi dans l'acte d'achat et ça suppose de payer plus cher.
02:41 Merci Nicolas.

Recommandée