Reportage avec l’équipe du 115, la ligne saturée du Samu Social
Les écoutants du Samu social de Paris croulent sous les demandes d'hébergement d'urgence de personnes en détresse et doivent faire face à une pénurie de places disponibles. Comment évaluer l'urgence de chaque demande ? Comment annoncer à des familles avec des bébés qu'elles dormiront dehors ? Ils nous racontent.
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00:00 Si je pouvais l'aider, je le ferais.
00:01 Je suis sûre qu'il n'y a vraiment pas de place.
00:03 Du tout, du tout, du tout.
00:04 115 de Paris, bonjour.
00:10 Bonjour madame.
00:11 Je regarde un petit peu votre dossier.
00:16 D'accord.
00:18 Je ne suis vraiment pas sûre qu'on ait de la place.
00:23 Je pense qu'on n'en a plus.
00:24 Mais je vais aller regarder quand même.
00:27 Je vais aller regarder, mais je crois qu'il n'y a plus de chambre à l'hôtel.
00:30 Et là, du coup, on peut même aller voir plus près.
00:35 Il n'y a pas de place.
00:36 Les chambres pour les familles, c'est que ça.
00:39 Et là, elles sont toutes complètes, à part celle-ci qui est pour quatre personnes et eux, ils sont trois.
00:46 Il y a vraiment très, très, très, très peu de place.
00:53 Pour tout Paris, oui.
00:55 À part pour les familles avec des bébés de moins de trois mois.
00:58 Comme là, l'enfant, il est petit.
01:00 Je vais essayer qu'il soit pris en charge de la même manière que dans les familles où il y a des bébés de moins de trois mois.
01:08 Mais ce n'est pas sûr que ça fonctionne.
01:10 Je vais leur dire qu'il n'y a pas de place.
01:12 Et après, je vais essayer de voir, faire un mail à côté.
01:14 Mais franchement, la plupart du temps, ça ne donne rien.
01:19 Et puis, s'ils ont une place, ce sera pour ce soir.
01:20 De toute façon, ce n'est pas pour très longtemps.
01:24 Allô madame, vous m'entendez ?
01:26 Oui, malheureusement, on n'a pas de place pour ce soir.
01:29 J'aimerais vraiment, vraiment, si j'avais de la place, je vous en donnerais.
01:33 J'aimerais vraiment pouvoir vous aider là tout de suite.
01:35 On n'en a pas.
01:36 Si à un moment, on a des solutions, on vous contactera.
01:40 C'est difficile de trier les priorités parce que toutes les situations, elles sont super prioritaires.
01:48 Il y a eu une réduction du nombre de places énorme.
01:50 Mais du coup, des places, il n'y en a quasiment pas.
01:52 Donc c'est vrai que moi, avant de travailler au 115, ce qui n'était il n'y a pas très longtemps,
01:55 j'étais sûre que les familles n'étaient plus hébergées.
01:57 Je me disais, il y a quand même des familles avec des enfants, etc.
01:59 Et ce n'est pas le cas.
02:00 115 de Paris, bonjour.
02:13 Oui, madame, j'ai bien entendu, merci.
02:15 Alors, ne quittez pas, je regarde votre dossier.
02:17 Donc, vous me disiez que vous aviez un travail et que vous êtes actuellement en période d'essai.
02:22 C'est bien ça ?
02:23 Est-ce que vous pensez que dans votre réseau, si vous cherchez bien,
02:28 il y a forcément une personne qui pourra vous héberger pour la nuit ?
02:31 Ou vraiment là, vous n'avez plus de solution ?
02:34 Le 115 de Paris est saturé.
02:37 Saturé, c'est ce qui signifie qu'il y a plus de demandes que de possibilités de notre côté.
02:41 On n'a pas beaucoup de places.
02:43 Et là, actuellement, on n'a vraiment plus de places à vous proposer.
02:47 Je peux que vous souhaiter beaucoup de courage, madame.
02:49 Bonne soirée, au revoir.
02:51 Bonne soirée.
02:52 Actuellement, il n'y a plus de places.
03:01 Donc, on ne peut rien lui proposer.
03:02 Mais également, il y a le fait que madame, elle a la possibilité de se faire héberger par ses amis.
03:08 Tandis que je sais que dans les prochains appels, une femme sera à la rue sans entourage.
03:13 Donc, je préfère, si il me restait une seule place,
03:16 je préfère garder cette place pour la personne qui n'a pas d'entourage pour l'héberger
03:20 parce qu'elle est son solution.
03:22 Surtout pour les femmes, on a très peu de places au début du métier.
03:25 Et on ne sait pas faire la différence entre quelqu'un qui est vraiment dans une détresse
03:30 et quelqu'un qui est vraiment, vraiment dans une détresse.
03:34 Parce qu'ils sont tous en détresse.
03:36 Mais on apprend à juger le plus grave des plus graves.
03:40 Alors qu'on n'a pas ce recul au début de la carrière.
03:42 Pour nous, tout est grave.
03:44 On veut donner des places à tout le monde.
03:45 Mais malheureusement, on ne peut pas.
03:47 [Musique]