Au lendemain de la décision du Conseil constitutionnel sur la loi immigration, que les Sages ont censuré à hauteur de 40%, Gérald Darmanin s'exprime ce vendredi en exclusivité sur Europe 1. S'il se félicite pour la validation de cette "loi très ferme, celle que je voulais", le ministre de l'Intérieur est également revenu sur la bataille politique avec les députés de droite.
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00:00 - De 13h à 14h avec vous Céline Giraud.
00:02 - Et au lendemain de la décision du Conseil constitutionnel sur la loi immigration que les sages ont censuré à hauteur de 40%,
00:10 et bien le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est revenu sur la bataille politique avec les députés de droite.
00:17 Écoutez cette interview exclusive réalisée par notre reporter du service police-justice William Molinier.
00:24 - Monsieur le ministre, est-ce que cette loi, c'est la loi que vous souhaitiez ?
00:28 - Alors c'est une loi qui donne énormément de moyens au ministère de l'Intérieur puisque jamais la loi de la République n'a été aussi ferme,
00:34 aussi dure avec les étrangers délinquants puisque jusqu'à présent, je ne pouvais pas, les préfets ne pouvaient pas éloigner du territoire national
00:43 des personnes qui commettaient des crimes mais qui par exemple s'étaient mariées en France avec une Française ou un Français,
00:49 ou qui avaient des enfants en France ou qui étaient arrivées avant l'âge de 13 ans en France.
00:53 Et donc la loi aujourd'hui, validée intégralement par le Conseil constitutionnel, il y avait un doute,
00:58 nous permet, même si quelqu'un est arrivé à 6 mois sur le territoire national et qui commet un crime à 19 ans,
01:04 d'être expulsé et éloigné. Donc d'abord c'est une loi très ferme. Donc oui c'est celle que je voulais.
01:09 Deuxièmement, les dispositions par ailleurs de lutte contre l'immigration irrégulière sont très fortes,
01:13 contre les logements insalubres, contre les entreprises qui embauchent des personnes irrégulières,
01:17 contre le système d'auto-entrepreneurs qui créent des systèmes de régularisation sauvage,
01:23 par exemple on le voit bien avec les VTC ou on le voit bien avec les livreurs à domicile.
01:27 Cette loi va permettre de tarir cette source. Et puis troisièmement, beaucoup de mesures d'intégration et d'exigence.
01:34 Le fait de passer un examen de français et de devoir le réussir pour avoir un titre de séjour, c'est une révolution pour la France.
01:41 Et donc évidemment c'est aussi une mesure que j'attendais énormément.
01:44 – Il y a eu plusieurs amendements qui ont été déposés, censurés, notamment déposés par la droite.
01:49 Est-ce que sur le fond, parce qu'en fait le Conseil constitutionnel ne s'est pas prononcé sur le fond,
01:54 mais plutôt sur la forme, est-ce que sur le fond il y avait quelques amendements qui auraient eu du sens à vos yeux ?
02:02 – Alors d'abord on a toujours voulu travailler avec toutes les oppositions,
02:05 et singulièrement avec la droite républicaine.
02:07 Je constate d'ailleurs que si le projet de loi initiale du gouvernement comptait 26 articles
02:12 et qu'ils ont été validés par le Conseil constitutionnel, le Conseil constitutionnel a retenu 51 articles.
02:17 C'est-à-dire qu'on a quand même doublé le nombre d'articles dans le débat parlementaire
02:20 et que beaucoup d'amendements de la droite ont été retenus et qui vont être la loi de la République.
02:24 Je prends un exemple tout simple, aujourd'hui on ne conditionne pas le nombre de visas qu'on donne à un pays
02:31 en fonction des laissés-passés consulaires, c'est-à-dire du fait qu'ils reprennent les étrangers qu'on veut expulser.
02:37 Ça c'est un changement radical dans la poétique étrangère de notre pays, dans la poétique d'immigration.
02:41 Par exemple il y a un fichier des mineurs délinquants qui a été créé par la loi, par la droite.
02:46 Donc il y a beaucoup de mesures de droite qui ont été reprises dans ce texte, 51 articles c'est quand même beaucoup.
02:52 Alors oui il y avait des dispositions par ailleurs censurées par le Conseil constitutionnel
02:56 sur la forme qui nous auraient plu, bien évidemment, mais il y avait aussi beaucoup de choses
03:00 dont on avait dit au responsable politique, M.Marlex en premier,
03:04 que ce n'était pas raisonnable, que ce n'était pas bien fait, que la procédure n'était pas respectée.
03:10 Et moi je pense que les LR payent aujourd'hui leur volonté d'embêter le gouvernement en votant la motion de rejet.
03:17 Finalement il n'y a pas eu de débat parlementaire à l'Assemblée nationale, et ça sert le débat parlementaire,
03:20 ça sert à justement avoir des mesures qui sur la forme sont retenues par le Conseil constitutionnel.
03:25 Ils n'ont pas voulu jouer le jeu de la co-construction et ils le payent aujourd'hui
03:29 contre un peu l'intérêt général du pays.
03:31 – Ils disent que, ce sont leurs mots, qu'ils ont été roulés dans la farine.
03:35 Aujourd'hui ce que vous leur répondez, c'est vous-même qui vous êtes entraîné là-dedans ?
03:42 – Je pense qu'il y a un petit côté arroseur arrosé en effet,
03:45 mais moi je ne suis pas là pour faire de commentaire politique,
03:47 je suis ministre de l'Intérieur, je suis là pour protéger les Français.
03:49 Est-ce que ce texte, il fallait que nous l'ayons pour pouvoir lutter contre les étrangers délinquants,
03:53 lutter contre les personnes radicalisées, pour pouvoir mieux, beaucoup mieux intégrer,
03:57 avoir plus d'exigences d'intégration à les gens qui viennent chez nous ?
04:00 Ben oui, donc il a fallu aller vers le compromis politique dans des situations qui n'étaient pas simples.
04:05 Les LR auraient pu co-construire avec nous de manière raisonnable,
04:09 comme le fait un parti de gouvernement.
04:11 Ils ont choisi pour une partie d'entre eux,
04:13 parce que le Sénat a été très respectueux du gouvernement pour l'Assemblée,
04:16 de jouer avec la France insoumise en votant cette motion de rejet,
04:19 et puis ensuite d'écrire la loi en quelques heures.
04:21 On sait tous comment les choses se sont passées,
04:23 en quelques heures à Matignon on a écrit la loi.
04:26 Bon ben là le Conseil constitutionnel, logiquement,
04:28 et je pense qu'il faut arrêter de l'attaquer.
04:30 Le Conseil constitutionnel c'est l'arbitre du match parlementaire,
04:34 il ne faut pas attaquer l'arbitre,
04:36 parce que quand on attaque l'arbitre, ça veut dire qu'on n'a pas été très bon soi-même.
04:39 Donc c'est une institution voulue par le général De Gaulle,
04:42 avec des gens de droite, monsieur Juppé, des gens de gauche, monsieur Fabius,
04:44 c'est un arbitre neutre qu'il faut accepter.
04:47 Le Conseil constitutionnel, logiquement, a censuré la procédure,
04:50 la forme, que n'ont pas respecté les LR, plutôt que le Fonds.
04:53 Je rappelle que je l'ai moi-même dit plus de 15 fois à la tribune de l'Assemblée et du Sénat,
04:57 je regrette qu'il ne nous ait pas écoutés.
05:01 Gérald Darmanin au micro Europe 1 de William Molinier,
05:04 une interview exclusive à retrouver en intégralité sur notre site europe1.fr