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Transcription
00:00 Et au délai, Ykwessan, bonjour, merci infiniment d'être avec nous sur France 24.
00:04 Je le rappelle, vous êtes sprinteuse française, vice-championne de France du 100 mètres,
00:08 vice-championne d'Europe du relais 4x100 en 2014.
00:12 Vous êtes donc sportive de haut niveau, je le précise, vous êtes aussi conseillère en transformation des entreprises,
00:17 un emploi je crois au 4/5e, adjointe également au maire du 18e arrondissement de Paris,
00:22 en charge de la santé et accessoirement maman de deux enfants en bas âge.
00:25 Tout d'abord, avant de revenir sur les questions soulevées par ce reportage sur la place du sport en France,
00:31 d'abord comment vous faites alors que vous vous réparez au Jio, c'est dans six mois, comment vous faites pour cumuler tout ça ?
00:38 - C'est beaucoup d'organisation, en fait je fais, et ça a un peu été dit dans le reportage, les contraintes,
00:43 c'est-à-dire qu'aujourd'hui et par le passé, le sport ne m'a jamais permis d'en vivre,
00:48 donc voilà, il y a la réalité économique, celle où je suis donc dans l'obligation de travailler,
00:54 et ce que j'essaye de faire, c'est de faire un métier qui me plaît, donc c'est plus facile après de jongler dans ma semaine,
00:59 mais voilà, je suis aussi entourée, j'ai des proches à proximité,
01:03 j'essaye d'optimiser aussi mon temps de déplacement pour aller aux entraînements,
01:07 donc mes semaines sont très chargées, je m'entraîne 7 à 8 fois par semaine,
01:11 en plus du travail, en plus de mon mandat d'élu et le fait d'être maman,
01:15 donc voilà, c'est beaucoup beaucoup d'organisation, c'est pas mal de fatigue,
01:19 c'est pas le contexte idéal pour préparer les Jeux Olympiques, mais c'est le contexte que j'ai
01:24 et que finalement beaucoup d'athlètes aussi ont malheureusement, et on en parlera peut-être,
01:29 mais il y a beaucoup de cagnottes en ce moment qui ressortent, ou en tout cas beaucoup de sportifs
01:33 qui prennent la parole pour raconter la réalité de leur quotidien,
01:36 et ce quotidien-là, celui que je vis, est malheureusement un quotidien qu'on peut retrouver chez pas mal de sportifs et d'athlètes.
01:44 Et d'autant plus difficile pour vous personnellement, puisque vous êtes arrêtée pendant 5 ans justement pour avoir vos enfants,
01:49 vous êtes aussi âgée de 38 ans, ce qui est relativement âgé en tout cas pour un sportif de haut niveau,
01:55 je suis plus âgée que vous, je précise,
01:58 est-ce que c'est plus difficile pour vous de vous préparer à ces Jeux Olympiques cette année,
02:02 plutôt que les années précédentes ?
02:05 Oui, c'est plus dur dans le sens où effectivement moi je reviens de deux arrêts de maternité,
02:11 c'était aussi un gros challenge de repartir sur le chemin du haut niveau avec tout ce que ça nécessite,
02:18 donc du coup au départ c'est vrai que quand j'ai annoncé que je reprenais ma carrière sportive,
02:22 j'ai eu quand même beaucoup de personnes qui étaient assez surprises par ce challenge,
02:28 moi ce que je pense qui est intéressant et ce qui est important c'est de dire qu'en fait j'ai toujours voulu arrêter ma carrière,
02:35 parce que j'avais envie d'arrêter, mais pas parce que j'étais maman,
02:39 et je trouve que c'est important aussi de changer un peu les mentalités,
02:42 de se dire que la maternité ne signifie pas une fin de carrière,
02:45 parce que c'est important aussi de le dire, et donc c'est vraiment plutôt travailler sur tout ce qui est autour de l'accompagnement
02:50 avant la maternité et puis après la maternité pour faciliter ce chemin aux athlètes.
02:55 Et justement est-ce que vous avez l'impression que l'État français accompagne suffisamment les champions comme vous ?
03:00 Alors je dirais que pas suffisamment, réellement ça dépend beaucoup des fédérations,
03:06 mais concrètement moi mon retour de maternité je le fais avec mon argent,
03:13 c'est pour ça que je travaille à 4/5e encore,
03:16 donc pour moi non pas suffisamment, pas suffisamment aussi de visibilité des sportifs tout simplement,
03:22 parce que plus on est visible et plus c'est facile aussi d'avoir des sponsors,
03:26 et plus on a des sponsors et plus on a des moyens.
03:28 Pour les sponsors vous devez vous débrouiller tout seul ?
03:30 C'est ça, sans sponsor il faut qu'on achète son matériel, il faut tout financer tout seul,
03:35 et donc c'est des coûts, ça veut dire les entraînements, le matériel, les déplacements en compétition,
03:40 les déplacements en stage d'entraînement, tout ça doit être financé,
03:43 et quand on n'a pas de sponsor ça veut dire qu'il faut le financer soi-même.
03:46 Et ce manque d'accompagnement de l'État français que vous décrivez, ça se ressent aussi sur les performances du coup ?
03:51 Oui ça se ressent notamment sur le fait que dans certaines épreuves et dans certains sports,
03:56 on a de moins en moins d'athlètes qui font du haut niveau,
03:59 et voilà moi je viens d'un sport qui nécessite qu'on s'entraîne quasiment tous les jours,
04:04 et donc plus on monte vers le haut niveau et plus on a des personnes qui arrêtent prématurément,
04:09 parce que c'est tout un système aussi qu'il faut interroger,
04:12 dans le reportage on parle du rapport sport et études, comment est-ce qu'on peut faire les deux en même temps,
04:18 quand on n'est pas accompagné ou qu'on n'a pas de dispositif à proximité pour pouvoir faire les deux,
04:22 c'est plus compliqué, donc les athlètes se retrouvent à devoir faire des choix.
04:25 On va revenir sur la situation des enfants et le sport à l'école et dans les collèges,
04:32 mais qu'est-ce qui pourrait faire la différence pour ce qui est des athlètes de haut niveau ?
04:35 Plus d'aide notamment sur le double parcours, sport et études, plus de visibilité,
04:41 plus de médiatisation, plus de moyens financiers à la fois pour les clubs, à la fois pour les sportifs,
04:46 plus aussi d'accompagnement dans le monde de l'entreprise,
04:49 parce que les entreprises ont un rôle à jouer en accompagnant mieux les sportifs,
04:53 donc pas seulement avoir des sportifs avec des contrats d'image,
04:57 mais aussi en faisant en sorte de faciliter l'intégration d'un sportif dans une entreprise,
05:02 et en lui libérant du temps pour qu'il puisse aussi se consacrer à ses entraînements, à la récupération.
05:07 Donc c'est aussi tout un système à construire ou à en faire évoluer
05:12 pour que justement on ne se retrouve pas systématiquement avant des Jeux Olympiques,
05:16 avant des grands événements sportifs, à parler de la précarité des athlètes,
05:20 qui malheureusement est toujours un sujet aujourd'hui.
05:22 De manière plus générale cette fois, votre regard peut-être sur la place du sport dans la société française ?
05:29 Pour moi la place du sport dans la société française,
05:31 aujourd'hui on a toujours espéré en tout cas que les Jeux Olympiques allaient créer une espèce d'électrochoc,
05:36 en réalité on se rend compte qu'on est toujours dans ces mêmes débats
05:40 de la place du sport et de quel intérêt on devrait donner au sport dans notre société.
05:44 Moi je pense qu'aujourd'hui malheureusement le sport a une place qui est trop minime en tout cas dans notre société,
05:50 et là les débats qu'on peut avoir, que ce soit du sport à l'école,
05:54 c'est bien de demander, ou en tout cas de mettre en place plus de sport à l'école,
06:00 c'est important et on voit que les enfants sont contents.
06:04 Donc ça, ça fait partie des nouvelles mesures annoncées par Emmanuel Macron
06:09 dans le cadre de son annonce du sport aux grandes causes du quinquennat, en tout cas pour l'année 2024.
06:15 Donc concrètement c'est 30 minutes de plus par jour,
06:21 et qui permet normalement à tous les petits enfants, les écoliers, de pouvoir faire du sport tous les jours.
06:27 C'est assez ça ?
06:28 C'est assez, je dirais que c'est un début.
06:31 Après la question elle est plus sur la mise en œuvre.
06:34 Aujourd'hui ce dispositif, comme ça a été dit, il s'appuie sur des sportifs de haut niveau
06:38 qui viennent dans des écoles, voilà, accompagner ces 30 minutes,
06:42 c'est pas des professeurs d'EPS, et donc moi je pense que la conclusion c'est de voir que les enfants
06:48 ils sont hyper intéressés, qu'ils sont contents et que c'est important,
06:51 et que du coup on devrait plus avoir ce débat de l'utilité finalement d'avoir ces minutes supplémentaires
06:56 parce que les retours sont positifs.
06:57 Par contre on pourrait aller plus loin dans le sens où il faut associer l'éducation nationale,
07:02 il faut associer les professeurs d'éducation physique dans cette démarche pour que ce soit pérennisé dans le temps.
07:07 Il faut pas que ce soit une mesure qui...
07:09 La direction aussi.
07:10 Voilà, la direction.
07:11 Il faut pas que cette mesure s'arrête aux Jeux Olympiques.
07:14 Si on veut que cette mesure s'inscrive dans le temps, il faut associer toutes les personnes qui oeuvrent dans ce domaine,
07:20 donc à la fois l'éducation nationale, les directions, les professeurs d'EPS,
07:23 et aussi les associations sportives pour que justement, adresser ce sujet et pour que ça puisse être efficace.
07:29 Vous avez le sentiment qu'au sein des établissements scolaires, le sport est un peu le mal aimé de l'enseignement ?
07:37 J'en prends le terme de Stéphane Diagana, si je ne me trompe pas.
07:41 Je pense que malheureusement aujourd'hui, quand on parle du sport ou de l'EPS,
07:46 on considère que c'est un peu la dernière épreuve, la dernière matière,
07:50 et finalement, bon, ça n'a pas tellement d'enjeu dans notre parcours.
07:53 Et je pense que c'est aussi ça qu'il faut réinterroger.
07:57 C'est-à-dire que le sport, ça a été dit, c'est des valeurs,
08:01 mais au-delà de ça, il y a aussi énormément de choses qu'on développe autour de l'EPS.
08:05 Et donc je pense qu'il y a aussi ce sujet des moyens qu'on donne au sport.
08:08 Et des infrastructures aussi.
08:09 Des infrastructures, parce que c'est un vrai sujet.
08:11 Pour faire plus d'EPS, il faut aussi avoir des infrastructures à proximité.
08:15 Et donc les moyens, recruter aussi plus de profs d'EPS,
08:18 et puis valoriser un peu plus ce parcours.
08:21 Merci beaucoup à Ayodele Kweisson d'être intervenue sur notre antenne.
08:25 À six mois, donc, des Jeux Olympiques, pour lesquels on vous souhaite évidemment tout le meilleur,
08:29 et on suivra vos performances.

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