Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, était l'invité de Benjamin Duhamel dans C'est pas tous les jours dimanche sur BFMTV.
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00:00 Bonsoir Jean-Luc Mélenchon.
00:01 Bonsoir.
00:02 Merci beaucoup d'être avec nous,
00:03 de nous accorder votre première interview à la télévision depuis la rentrée,
00:06 et notamment depuis le déclenchement de cette crise agricole
00:09 qui traverse le pays.
00:11 On est ensemble pendant près d'une heure,
00:13 on aura aussi l'occasion de parler de la décision du Conseil constitutionnel
00:15 sur la loi immigration, des premiers pas du gouvernement,
00:19 de Gabriel Attal, de la situation internationale aussi.
00:21 Mais d'abord, l'actualité la plus chaude, la plus brûlante,
00:24 la FNSEA du bassin parisien et des jeunes agriculteurs
00:27 ont donc annoncé vouloir entamer demain à 14h le siège de la capitale
00:31 pour une durée indéterminée.
00:34 D'autres grandes villes françaises pourraient également être bloquées.
00:37 Rungis est aussi visé.
00:39 Alors que l'on voit à l'instant en haut à droite de l'écran
00:42 les images de la cellule de crise où se sont rendus Gérald Darmanin,
00:46 le ministre de l'Intérieur, Marc Faino, le ministre de l'Agriculture.
00:49 Cellule de crise pour préparer ce qu'ils appellent un dispositif préventif.
00:54 Voilà, on voit les images, il y a carrément des blindés,
00:56 des véhicules blindés qui ont été déployés à Rungis.
01:00 Question simple pour commencer, Jean-Luc Mélenchon,
01:02 est-ce que vous soutenez ces initiatives de blocage ?
01:05 – D'une manière générale, les formes de l'action,
01:10 qu'on les soutienne ou pas, ça n'a pas d'influence sur elles.
01:13 Les formes de l'action en général présentent des inconvénients,
01:17 par exemple quand un syndicat de cheminots est en grève,
01:20 ben t'en circules pas, t'as des gens qui restent sur le quai.
01:22 Donc c'est pas inhabituel qu'une forme d'action ait un impact sur le grand public.
01:27 Alors après, ce qui se discute, c'est de savoir si ça vaut la peine de le faire ou pas,
01:31 c'est-à-dire si les revendications, on peut les partager ou pas.
01:35 Alors moi je vous dirais assez simplement, pas toutes dans le cas précis,
01:39 mais ce qui est extrêmement important à comprendre,
01:43 c'est que c'est peut-être une des crises finales de l'agriculture française.
01:47 Il n'y a déjà plus que 400 000 paysans,
01:49 ils étaient 7 millions il y a 50 ans,
01:53 un peu plus de 50 ans, pardon, on va pas le temps passer,
01:55 et maintenant ils sont 400 000,
01:57 il y a 3 millions d'étudiants dans notre pays,
01:59 pour qu'on se fasse une idée de la proportion.
02:02 Donc clairement il y a un projet qui se porte sur la paysannerie
02:06 comme sur tous les autres domaines d'activité économique,
02:08 c'est l'ancienne paysannerie familiale, c'est fini.
02:12 Maintenant place aux très très grandes surfaces,
02:15 avec des procédés totalement industriels,
02:18 et tout ce qui n'est pas dans la maille doit disparaître,
02:20 et pour y arriver, il y a la concurrence libre et non faussée.
02:23 Alors là les paysans se sont mis, les agriculteurs se sont mis en mouvement,
02:27 et ça, ça nous intéresse parce que si vous voulez une crise,
02:31 c'est toujours une impasse, parce qu'il y a une impasse, il y a une crise.
02:34 Toute crise peut être aussi l'occasion d'une sortie par le haut,
02:38 donc ce qui se passe en ce moment peut nous permettre,
02:40 alors on aura des buts différents les uns et les autres,
02:43 du point de vue du grand patronat financier,
02:45 c'est l'occasion où jamais de tordre le cou aux agriculteurs,
02:47 et puis pour nous, c'est l'occasion de faire passer l'idée
02:51 qu'on peut avoir une nouvelle agriculture,
02:53 une véritable transformation de l'agriculture française.
02:56 – Et on aura l'occasion de détailler notamment vos positions,
02:59 mais pardon de rester sur l'actualité la plus immédiate,
03:03 cette méthode qui consiste pour les agriculteurs du Grand Bassin parisien
03:07 de se placer sur les axes qui mènent à Paris pour bloquer,
03:11 est-ce que vous dites que c'est la bonne chose à faire,
03:14 quels que soient les désagréments que cela peut apporter
03:16 pour ceux qui vont travailler,
03:19 ceux qui doivent aller chercher leurs enfants à l'école ?
03:20 – Évidemment, les enfants à l'école, et puis les corbières qui passent,
03:24 et puis tout ça, parce qu'il faut y aller, il ne faut pas hésiter,
03:27 d'habitude vous dites que tout le monde est pris en otage,
03:29 – Non je n'ai pas dit ça, on va commencer cet entretien sur des bases saines et normales,
03:35 le fait est que cela va impacter la vie quotidienne des franciliens.
03:39 – Mais je voulais vous faciliter le travail,
03:41 d'habitude quand il y a une grève, on dit qu'on prend les gens en otage,
03:44 donc là on dit qu'il y a des problèmes, je préfère qu'on dise…
03:47 – Donc bloquer, pareil qu'avec des tracteurs.
03:49 – Il y a des problèmes, en effet, mais je voudrais juste attirer votre attention
03:53 sur le fait qu'aujourd'hui toutes les luttes savent que pour bloquer le capitalisme,
03:59 il faut bloquer les réseaux, voilà, tout le monde sait ça,
04:02 donc tous les syndicats, même ceux qui ne sont pas anticapitalistes,
04:05 comme c'est le cas de la FNSEA, ou ceux qui le sont un peu plus,
04:08 je ne les nommerai pas pour ne pas les mettre dans l'embarras,
04:11 savent que c'est en bloquant les réseaux qu'ils obligeront à aller au bout.
04:14 Ce qui m'intéresse moi, c'est qu'on soit obligé d'aller au bout.
04:17 – Donc c'est une première étape que vous félicitez.
04:21 – Mais écoutez, la preuve que ça marche, il y a deux jours,
04:24 M. Attal, le Premier ministre, a annoncé des mesures,
04:27 ils ont annoncé qu'ils bloquaient Rungis, et pardon les entrées dans Paris,
04:32 Rungis est plus ou moins visé, aussitôt…
04:35 – Rungis est visé par la coordination rurale du Lot-et-Garonne
04:37 qui veut à partir de demain matin bloquer Rungis.
04:39 – Voilà, aussitôt le Premier ministre a dit "oui,
04:42 je vais prendre d'autres mesures encore",
04:44 donc ça marche leur affaire, ils auraient tort d'arrêter.
04:46 – Il y a eu aussi des déblocages d'un certain nombre de points sur des autoroutes
04:50 après les annonces du Premier ministre vendredi soir.
04:52 – Oui, ça m'étonnerait que ça dure, mais c'est justement ce qui me fait craindre,
04:56 si vous permettez de le dire, c'est que, après avoir eu un certain nombre de bazars,
05:02 comme d'habitude, on finisse par s'arranger avec un petit truc,
05:06 on va baisser ici, on va verser un chèque là,
05:09 ce n'est pas ça dont on a besoin, on a besoin d'une transformation
05:12 profonde de l'agriculture et peut-être même d'avoir pour une fois
05:16 un débat qui servirait à quelque chose,
05:18 je pense à l'habitude qu'a pris M. Macron de convoquer des débats
05:21 pour tout et n'importe quoi, pour dire quelle agriculture on veut
05:24 et comment on s'y prend pour y arriver, donc moi c'est clair,
05:27 si mes amis gouvernaient ce pays ou si moi-même j'y participais,
05:32 nous sommes capables de régler le problème de l'agriculture en 5 ans,
05:36 en arrêtant de vider les campagnes, de vider les exploitations agricoles
05:40 en proposant un tout autre modèle.
05:41 – Oui mais Jean-Luc Mélenchon, je veux m'arrêter là-dessus une seconde
05:44 parce que vous dites, et d'ailleurs vous le disiez tout à l'heure,
05:47 je ne suis pas d'accord sur tout, ce qui est assez paradoxal dans la situation,
05:49 c'est que vous soutenez les méthodes, quand on regarde…
05:52 – Je n'ai pas dit ça, j'ai dit que je vous observe.
05:55 – Mais vous dites, il faut bloquer les axes, donc au fond c'est une façon
05:59 de mettre les uns et les autres devant la responsabilité, ce que vous avez dit.
06:02 – Oui mais je n'ai pas dit que je soutenais, j'ai dit que j'observais,
06:04 que je notais, que je m'étonnais de votre surprise.
06:06 – Et donc vous ne les soutenez pas ?
06:07 – Mais l'avis pour vous c'est noir-blanc, on soutient…
06:11 – Attendez, précédemment, pendant la réforme des retraites,
06:13 quand il y avait des grèves, vous les souteniez, donc là la question
06:15 elle est assez simple, il y a des tracteurs qui vont bloquer
06:17 un certain nombre d'axes avant d'aller à Paris, est-ce que vous les soutenez ?
06:19 – Ah oui, alors attendez, si c'est vu comme ça, c'est vrai que j'ai oublié
06:21 qu'il y a non seulement les paroles que je prononce,
06:23 mais celles que je ne prononce pas, donc comme je n'ai pas dit
06:25 que je condamnais, c'est que je soutiens, en effet je ne condamne pas.
06:28 Allez, ça va, comme ça, ça vous va comme deal ?
06:31 – Donc vous soutenez ces initiatives de blocage ?
06:33 – Voilà, tous les spectateurs entendent dire que le fait
06:36 de ne pas condamner revient à soutenir.
06:37 – Non, c'est juste d'essayer, et je comprends les téléspectateurs
06:39 et les témoins, d'avoir une sorte de message clair,
06:42 de savoir quel regard vous posez sur les méthodes des agriculteurs.
06:46 – Ah ben attendez, les méthodes, là vous m'avez parlé du blocage de Paris,
06:50 maintenant si vous allez plus loin sur les méthodes,
06:53 alors je vais être plus clair, je n'ai jamais accepté
06:56 qu'on s'en prenne au bâtiment de l'État comme ennemi,
07:00 j'ai toujours dit ça, le collectif, ce qui a la propriété collective,
07:04 ne peut pas être agressé, attaqué par l'un ou par l'autre,
07:07 j'en ai pris assez cher pour avoir dit qu'il ne fallait pas brûler
07:11 les gymnases et les bibliothèques et les écoles,
07:15 aussitôt vous avez M. Cazeneuve et les autres socialistes
07:17 qui ont commencé à dire "ah il appelle à brûler tout le reste",
07:19 avec la logique simple que vous venez de mettre en valeur.
07:22 Donc moi je dis clairement, je ne suis pas d'accord
07:25 pour qu'on fasse sauter un centre de l'État de contrôle de l'environnement,
07:30 je ne suis pas d'accord pour qu'on…
07:31 – Ah, vous parliez de ce qui s'est passé à Carcassonne,
07:33 où une direction de l'environnement a vu ses vitres les souffler.
07:35 – Absolument, je ne suis pas d'accord pour qu'on asperge de lisier
07:37 la préfecture, une sous-préfecture, je ne suis pas d'accord
07:40 pour qu'on attaque les bâtiments de l'État,
07:42 parce que je pense que c'est une erreur, et je dis aux paysans,
07:46 si vous voulez durcir votre action, allez attaquer,
07:49 si ça vous paraît indispensable d'attaquer quelqu'un,
07:52 allez devant la façade d'une banque plutôt que devant celle de l'État,
07:55 parce que le service de l'État, demain, si c'est nous qui dirigeons,
07:59 il servira à contrôler que les produits qui contiennent les glyphosates,
08:05 les pesticides que nous voulons empêcher de voir consommer en France,
08:08 nous on aura besoin des services de l'État pour les empêcher d'entrer.
08:12 C'est nous qui vérifierons qu'on ne fait pas rentrer du miel d'Ukraine
08:15 à 1,35€ alors que 1,35€ le pot, au lieu qu'il est chez nous à 6€.
08:22 C'est l'État qui le fera, parce que seul l'État est capable
08:26 d'administrer l'application de la loi d'une manière écoanime.
08:30 L'État ne doit pas changer, d'ailleurs j'en profite pour dire au passage
08:33 que l'autorité de l'État est complètement écroulée quand une semaine
08:37 vous dites "c'est insupportable, les jeunes qui font ci, qui font ça",
08:40 et puis la semaine d'après vous dites "ah ben les souffrances, on n'en voit pas le pire".
08:43 – Vous dites qu'il y a eu un deux poids deux mesures de la part du gouvernement
08:46 selon là d'où viennent des dégradations ou des développements.
08:49 – Écoutez, je n'utiliserai pas "deux poids deux mesures"
08:51 parce que c'est une expression que je réserve à d'autres situations.
08:55 Je dis que l'autorité de l'État sort diminuer quand elle ne s'exerce
08:59 que contre les uns et qu'elle ne dit rien à propos des autres.
09:02 Et attention, écoutez-moi bien pour qu'on m'entende,
09:04 pour qu'on comprenne tout très bien, vous pourriez tenter de simplifier.
09:09 Je ne suis pas en train de dire qu'il faut maltraiter les paysans
09:12 comme l'ont été les grévistes des retraites ou les jeunes gens des quartiers.
09:16 Je ne demande pas qu'on éborgne, au contraire je suis content
09:19 de voir que le ministre de l'Intérieur renonce aux méthodes de brutalité
09:23 qui ont été les siennes jusqu'à présent.
09:25 – Jean-Luc Mélenchon, vous dites qu'il y a un distingo selon les publics.
09:29 Est-ce qu'on peut vraiment faire un parallèle entre le fait d'aller à Sainte-Soline
09:32 avec des boules de pétanque pour s'en prendre aux policiers
09:34 ou pour mettre le feu à des camions de policiers et de gendarmes
09:38 et d'aller déverser du lisier devant une préfecture ?
09:41 – Bien sûr.
09:42 – Ce n'est pas exactement la même chose quand même, non ?
09:43 – Ce n'est jamais la même chose et deux boules de pétanque sont différentes.
09:48 Le minimum de matérialisme, vous la prendrez.
09:50 – Non mais est-ce qu'il n'y a pas une hypocrisie à dire au fond,
09:53 ils ne disent pas la même chose selon les publics, mais ce n'est pas pareil.
09:55 Quelle que soit d'ailleurs la condamnation qu'on puisse avoir
09:58 de déverser du lisier devant une préfecture.
10:00 – Je comprends que vous disiez ça, mais ça nous amènerait à un autre débat.
10:05 Quelle est la doctrine de maintien de l'ordre ?
10:09 Et alors c'est la même dans chaque cas.
10:11 La doctrine de maintien de l'ordre qui consiste à dire
10:14 "on n'envoie pas des CRS en face d'une souffrance" d'abord est une erreur.
10:18 On met des CRS, les CRS ne sont pas contre les gens,
10:21 ils sont là pour faire en sorte qu'on manifeste dans de bonnes conditions
10:24 et pour protéger des fois les manifestants.
10:27 Si les ronds-points bloqués avaient été mieux protégés,
10:30 il y aurait eu moins d'accidents pendant la période des Gilets jaunes.
10:33 Vous voyez, j'essaye de mettre à distance des choses peut-être plus récentes.
10:37 Je veux dire que la manière de maintenir l'ordre à Saint-Sauline
10:40 ne nécessitait pas qu'on envoie une grenade par manifestant.
10:46 C'est une doctrine folle.
10:47 – Non mais c'était des manifestants qui pour certains
10:48 s'en prenaient directement aux forces de l'ordre
10:50 et c'était mon point par rapport à ce qui s'est passé à la préfecture de Saint-Sauline.
10:53 Et je poursuis juste avant d'aller sur le fond de vos conclusions sur l'agriculture.
10:57 Il y a un instant vous disiez "je n'accepte pas qu'on s'en prenne
10:59 aux immeubles, aux symboles de l'autorité de l'État".
11:03 Je n'ai pas le souvenir d'avoir entendu ce zèle quand il s'agissait de Black Blocs
11:09 dans des manifestations contre les retraites qui s'en prenaient aux forces de l'ordre,
11:14 qui parfois mettaient le feu à des voitures de policiers.
11:18 C'est quoi ? C'est quand c'est les policiers là on peut,
11:20 mais par contre quand c'est le reste, ce symbole de l'autorité de l'État…
11:22 – Non, s'il vous plaît M. Duhamel, ne caricaturez pas.
11:25 Tâchons de garder une certaine hauteur de vue à notre éclatement.
11:27 – Mais ce discours sur le respect de l'autorité de l'État,
11:30 avouez que tout au long de l'année 2023,
11:32 je n'ai pas eu le sentiment de tout à fait toujours l'entendre,
11:34 notamment pendant la crise sociale.
11:35 – Je comprends, c'est que vous n'entendez que ce qui vous intéresse.
11:37 Et je vous demande d'y réfléchir M. Duhamel,
11:39 en ce moment même, vous faites une sale besogne.
11:42 Parce que que quelqu'un comme moi, qui suis connu comme un opposant,
11:45 et pas des plus tendres, et pas des plus mous,
11:49 viennent à la télévision et disent "je ne suis pas d'accord
11:52 pour qu'on s'attaque aux instruments de l'État".
11:54 Et que vous me répondiez "comme vous ne l'avez pas fait
11:57 dans telle ou telle circonstance, votre parole ne vaut rien".
11:59 – Non, c'est pas ce que je dis.
12:00 – Attendez, je commence par dire…
12:02 – Je souligne la différence.
12:03 – Non, vous êtes là en train de pousser au désordre.
12:05 – Non.
12:06 – Ah si, si, si, moi j'entends votre…
12:07 Écoutez, vous n'avez pas condamné, donc vous soutenez.
12:10 Vous voulez… eh bien oui, mais…
12:11 – Je vous posais des questions sur les méthodes,
12:13 sur les tracteurs, sur l'autoroute.
12:14 – Oui, oui, c'est ça, là vous êtes mal,
12:14 moi je vous invite à rester sur le fond du sujet.
12:17 Et le fond du sujet, c'est qu'une doctrine de maintien de l'ordre
12:20 doit être la même tout le temps.
12:21 Quant à moi, M. Duhamel, je n'ai jamais accepté
12:25 qu'on s'en prenne à tout ce qui concerne les instruments de l'État.
12:29 Jamais.
12:30 Alors oui, c'est vrai, quand déjà on a attaqué des banques,
12:33 excusez-moi, je n'étais pas dans les premiers à dire
12:35 "Ah, quel dommage, vous avez pété une banque".
12:37 Par contre, quand est descendue la façade d'un hôpital,
12:41 j'ai fait partie des premiers à dire "ça, c'est pas acceptable".
12:44 Et pourtant, vous alliez dramatiser,
12:46 on aurait cru qu'on avait battu les enfants qui étaient dedans.
12:48 Il y avait deux carreaux qui étaient descendus, et je dis "non".
12:51 Chaque fois qu'il s'agit du bien public, ce qui nous appartient à tous,
12:55 alors on est dans une autre situation.
12:57 Et figurez-vous que j'essaye de faire preuve de compréhension des situations,
13:01 de finesse des situations.
13:02 Quand des gens ont été éborgnés, comme ils l'ont été gratuitement et sauvagement,
13:08 et qu'aucune réparation n'est intervenue pour eux,
13:10 je comprends que d'autres, après, soient très énervés.
13:13 Et donc je fais toujours en sorte de doser.
13:15 Par exemple, quand je dis aux paysans "je comprends ce que vous êtes en train de faire,
13:19 mais je vous parle franchement,
13:21 si c'est que vous bloquez l'accès à Paris juste pour supprimer les jachères,
13:26 je ne suis pas d'accord avec vous.
13:27 Mais si vous êtes d'accord pour dire "on revoit de fond en comble
13:31 les règles du libre-échange des marchandises agricoles",
13:33 je suis le premier à courir devant.
13:35 – Vous me faites la transition sur là où je voulais aller.
13:38 Précisément quand on regarde les revendications de ces agriculteurs,
13:42 même si il faut reconnaître la diversité,
13:43 selon que vous êtes adhérent à la Confédération Paysanne ou à la FNSEA,
13:46 vous ne portez pas les mêmes mesures.
13:47 Mais ce qu'on entend beaucoup sur ces plateaux,
13:50 dans les reportages que l'on a pu faire, c'est l'excès de normes.
13:54 Les normes sont excessives, elles sont surtransposées.
13:58 On entend également que la contrainte écologique est excessive.
14:03 Vous parliez il y a un instant des questions notamment de la gestion de l'eau.
14:06 Quand on voit un des leaders de ce mouvement,
14:09 le patron de la FNSEA, monsieur Arnaud Rousseau,
14:11 qui est le patron d'un géant de l'agroalimentaire Avril
14:14 qui fait 9 milliards de chiffre d'affaires en 2022,
14:17 on se dit que là pour le coup, c'est juste totalement contradictoire
14:20 avec les idées que vous portez vous Jean-Luc Mélenchon.
14:22 – Alors vous êtes en train de découvrir que l'agriculture est diverse.
14:26 – Le discours sur les normes, il est honnêtement majoritaire.
14:30 – Non, je ne le crois pas.
14:31 Non, non, alors s'il est majoritaire, je vais dire pourquoi il se trompe.
14:34 Mais je commence d'abord par reconnaître la diversité de l'agriculture,
14:38 non seulement dans sa représentation syndicale,
14:42 mais dans ses idées politiques.
14:44 Il y a des agriculteurs de toutes les variétés
14:46 et il y a des agriculteurs insoumis, je vous en informe.
14:50 – Ce n'est pas ce qui existe, quand on a regardé les sondages en 2022
14:54 pour qui votait les agriculteurs,
14:57 vous arriviez derrière Emmanuel Macron, Marine Le Pen…
15:00 – Donc on ne compte pas ?
15:01 – Non pas du tout, mais c'est juste pour que…
15:02 – Non mais pourquoi vous dites ça ?
15:03 – Non mais c'est pour que…
15:03 – Pour que quoi ? Vous aussi vous arrivez derrière TF1,
15:06 vous arrivez derrière France 2, c'est là que je suis, oui ou non ?
15:09 – Je vous confirme et ça ne me pose pas de problème que vous le disiez.
15:12 – Ah, vous êtes trop bon, c'est vous qui m'avez invité.
15:14 – Et ça ne me pose pas de problème que vous le disiez.
15:16 – Il y a plein de gens qui nous écoutent,
15:17 que ça fait deux mois que vous m'envoyez des messages pour que je vienne là,
15:19 je suis venu.
15:20 – Je vous invite Jean-Luc Mélenchon comme toute la classe politique
15:23 à qui j'envoie des messages pour qu'ils viennent sur mon plateau.
15:24 – Mais vous avez raison, je salue votre pignatreté parce que pour finir je suis là.
15:30 Mais donc c'est pour vous dire que la réponse que vous venez de me faire,
15:33 ce n'est pas au point, parce que vous vous volez un retour de volée
15:36 qui est quand même pas mal, vous dites "vous êtes les moins représentés",
15:39 peut-être, mais vous aussi, vous n'êtes pas les plus écoutés.
15:42 Donc vous voyez, restons sur le terrain qui nous occupe tous les deux.
15:44 – L'agriculture. – On essaye de réfléchir.
15:46 Alors l'agriculture est diverse, si vous voulez, pardon de le dire,
15:50 mais il n'y a rien de commun entre un vigneron et un éleveur de bovins.
15:54 Il y a peu de choses en commun entre un grand céréalier
15:58 et puis ceux qui font de l'élevage herbagé.
16:02 Ce n'est pas du tout les mêmes métiers, ce n'est pas les mêmes comportements,
16:05 ce n'est pas les mêmes choix.
16:06 Par conséquent, évitons d'assimiler toute une catégorie sociale
16:10 à quelques porte-parole, dont le président de la FNSEA,
16:13 qui fait partie des oppresseurs de la paysannerie
16:16 lorsqu'il met son chapeau de patron de l'agroalimentaire.
16:19 – Qui est le patron de ceux-là même qui vont bloquer demain
16:22 et à qui vous dites "si il n'y a pas d'autre choix, allez-y".
16:25 – Non, non, non, non, d'abord vous y allez un peu dur,
16:27 vous ne comprenez pas non plus comment est organisée la paysannerie,
16:31 y compris dans la FNSEA.
16:32 Dans la FNSEA, ça fonctionne un peu comme chez les Insoumis,
16:36 c'est les structures de base qui décident ce qu'elles font à la base.
16:39 – Chez les Insoumis, comment dire,
16:42 je pense qu'il y a peut-être un chef qui décide de beaucoup.
16:45 – Ah non, pas du tout, tout le monde est élu,
16:48 tout le monde est dans la contradiction,
16:49 ça c'est la propagande que vous êtes en train de nous faire.
16:51 – On en parlera un peu plus tard,
16:53 mais je ne suis pas certain que la comparaison soit tout à fait…
16:55 – Ah bon, pourquoi ?
16:57 Qu'est-ce que vous savez de l'organisation Insoumise, allez-y,
16:59 dites-le, quelque chose vous paraît ne pas convenir ?
17:02 – Non, pas du tout, mais d'expliquer que c'est un fonctionnement
17:04 totalement horizontal, ce n'est pas exactement ce qui…
17:07 – Mais vous êtes décidément très dur à… vous n'écoutez rien.
17:11 – Je vous dis que c'est le même système,
17:13 vous ne savez pas comment fonctionne le syndicalisme paysan,
17:15 ni même le syndicalisme ouvrier.
17:18 Le syndicalisme est souvent confédéral,
17:20 c'est le cas par exemple de la CGT ou de la CFDT ou de FO,
17:24 ça veut dire que vous avez les métallos, vous avez les égouttiers,
17:26 ce n'est pas le même syndicat,
17:28 et ils décident chacun dans leur domaine de l'action qu'ils mènent,
17:31 c'est la comparaison que je faisais avec nous.
17:32 À la FNSEA ça va encore plus loin,
17:34 et là nous aussi nous fonctionnons pareil,
17:37 c'est que les structures départementales et régionales
17:40 décident de leurs actions, devinez pourquoi ils font ça ?
17:43 Pas parce que c'est un rassemblement d'anarchistes,
17:45 mais parce qu'il se trouve que chaque région
17:47 a des productions agricoles différentes,
17:49 relève de marchés différents et donc ont des problèmes différents.
17:53 Autrement dit, cela confirme qu'ils agissent comme ça.
17:56 – Mais ils demandent moins de normes, à ça vous dites,
17:59 vous vous trompez, ce n'est pas un sujet de l'agriculture.
18:01 – J'espère que tout le monde a bien compris
18:03 que je viens d'abord de retoquer votre argument
18:04 d'après lequel je soutiendrai tout et n'importe quoi,
18:07 je vous dis qu'en région parisienne,
18:09 c'est intéressant, regardez, allons plus loin M. Duhamel,
18:12 on va tomber sur les céréaliers, d'accord ?
18:15 Alors eux, ils font partie de ceux qui disent
18:17 "Ah non non, les jachères c'est insupportable,
18:19 parce que 4% de nos terres réservées à la jachère,
18:22 c'est invraisemblable, nous on préfère y mettre du blé ou je ne sais quoi."
18:26 Alors, on peut raisonner et dire "c'est quoi la jachère ?"
18:29 Pour que vous le sachiez les gens,
18:31 la jachère ça compte sur une surface totale en étant,
18:34 hop, on le considère comme étant une terre non exploitée,
18:36 une haie, donc du point de vue de la biodiversité,
18:41 moi je défends la jachère dans la quantité qui est nécessaire.
18:45 Pour la biodiversité, c'est-à-dire pour qu'il y ait des oiseaux,
18:49 pour qu'il y ait des vers de terre,
18:50 il faut qu'un certain nombre de règles soient respectées.
18:53 – Mais sur la question des normes, Jean-Luc Mélenchon,
18:56 parce que ça revient beaucoup dans les discours
18:59 et je pense qu'il y a un certain nombre d'agriculteurs qui nous regardent,
19:02 là vous vous dites "ça c'est pas un sujet".
19:04 – C'est-à-dire que ça n'est pas comme vous le formulez,
19:07 parce que les normes, pourquoi ça arrange les répondeurs automatiques du capital
19:13 que sont toute une série d'émissions de télévision,
19:16 pas la vôtre où en effet règne l'esprit critique le plus aigu comme tout le monde le sait ?
19:20 Eh bien, pourquoi ?
19:22 Parce que si on fait dire aux paysans "ah ben les normes,
19:25 c'est tout bénef pour le capital financier",
19:28 parce que les normes sont nécessaires,
19:30 si nous avons, je vais vous en donner un exemple très simple,
19:33 si nous décidons "on ne veut plus de glyphosate",
19:38 il faut qu'on revienne sur cette affaire,
19:40 mais pour l'instant je le prends comme exemple,
19:42 "on ne veut plus de glyphosate, ah ben donc on va vérifier,
19:45 si vous mettez du glyphosate, ah ça ne va pas bien se passer pour vous",
19:48 mais le paysan à ce moment-là il vient dire un truc évident,
19:51 il dit "mais attendez, vous me dites à moi de ne pas mettre de glyphosate
19:54 mais vous laissez rentrer".
19:55 – Et il dit, il veut, cet agriculteur vous dira aussi "je n'ai pas d'alternative".
19:58 – Eh bien, vous êtes là pour rappeler que vous pouvez aller,
20:01 vous M. Duhamel, si vous voulez enlever la mauvaise herbe à la main,
20:03 mais je reviens…
20:04 – Non mais attendez, pardon, mais je dis ce que disent un certain nombre
20:08 d'agriculteurs quand on les interroge sur cette volonté,
20:10 qui est notamment la vôtre,
20:11 c'est dans votre programme d'interdire le glyphosate.
20:13 – Trop drôle, bon alors attendez,
20:14 après je vais venir sur la mauvaise herbe, le glyphosate et le reste.
20:18 Pour l'instant j'en suis aux normes, parce que paraît-il il y en a trop,
20:21 alors il y a des normes, alors en effet ça fait beaucoup de paperas,
20:24 ça casse la tête à tout le monde, nous sommes d'accord,
20:26 mais que voulez-vous, vous avez remarqué qu'avec le néolibéralisme,
20:29 tout le monde passe son temps à remplir des papiers, des projets,
20:32 puis ensuite des comptes rendus, des bilans d'étapes,
20:35 donc ils ont beaucoup de papiers à faire, mais la norme est nécessaire,
20:38 je termine mon exemple car je veux que tout le monde m'entende,
20:41 pour que tout le monde comprenne bien ce qui se passera
20:43 le jour où nous gouvernerons ce pays.
20:45 Si nous ne disons pas de glyphosate,
20:48 alors la conséquence c'est qu'on ne laissera pas entrer de produits
20:51 avec du glyphosate, donc c'est la norme qui va protéger le paysan,
20:55 et pas l'inverse.
20:56 Autrement dit, nous appliquerons,
20:58 et ce que je suis en train de dire est naturellement radical,
21:01 mais nous avons le droit de le faire, et nous avons le devoir de le faire,
21:05 je vais vous donner un exemple, M. Duhamel,
21:08 lorsque un gouvernement a décidé d'interdire un produit,
21:12 pardon le mot pour le prononcer, néonicotinoïde.
21:16 – Pour les betteraves.
21:17 – Attendez, d'abord au départ, les cerises qui étaient concernées,
21:20 c'est toujours les betteraves, pourquoi ?
21:22 Parce qu'il y avait trop de pucerons sur les betteraves,
21:25 donc on a dit "on en met partout", le gouvernement a dit
21:29 "vous en mettez partout, il y a un problème, vous tuez tout ce qui vit",
21:32 et donc ça a été interdit, et tout d'un coup, en 2018,
21:36 arrive le gouvernement de M. Macron qui dit "il y a quand même un problème,
21:39 donc on va rétablir ce pesticide",
21:42 nous on s'est battus comme des fous à l'Assemblée,
21:44 et on obtient un résultat, c'est une date limite, 2023,
21:50 la fin de cette année-là, normalement on doit pouvoir remettre
21:53 des néonicotinoïdes sur les betteraves,
21:56 là-dessus, la Cour de justice de l'Union européenne dit
22:00 "eh vous les français, vous avez interdit, vous n'avez pas le droit de rétablir",
22:03 ah bon, pourquoi ? Il y en a qui le font, que dit l'Europe ?
22:06 Que dit cette Cour de justice ?
22:08 Oui mais comme tout le monde ne le fait pas,
22:10 dorénavant on va vers l'interdiction, autrement dit,
22:13 tous ceux qui ont interdit localement, ont fait avancer l'idée
22:17 qu'il fallait interdire pour tout le monde.
22:18 – Mais Jean-Luc Mélenchon, donc si je résume,
22:22 les normes, ce n'est pas un sujet, elles sont nécessaires,
22:24 on veut interdire le glyphosate, on veut interdire ce qu'on appelle
22:30 par exemple les retenues collinaires, c'est-à-dire le fait de faire
22:33 du stockage d'eau, c'est une sorte de variante des mégabassines
22:36 que les agriculteurs soutiennent.
22:38 – Non, les agriculteurs arrêtez !
22:40 – Mais attendez, je pense qu'on n'entend pas les mêmes,
22:44 là, si vous étiez au pouvoir et que vous mettiez en œuvre ce programme-là,
22:47 mais ce serait dix fois la contestation qu'on voit aujourd'hui.
22:50 – Je ne crois pas, et je vais vous dire pourquoi,
22:52 d'abord parce que le temps qu'on arrive, c'est dans trois ans au minimum,
22:56 il y en aura déjà des dizaines de milliers de moins.
22:58 Monsieur, tous les ans, dans votre merveilleux système
23:03 qui protège la paysannerie, 10 000 entreprises ferment, d'accord ?
23:08 La population est tombée à 400 000, c'est la dernière partie cette fois-ci
23:12 et tout le monde le sait, si leur mouvement n'aboutit pas
23:15 à une remise en cause de ce qui est le plus important
23:18 et dont vous ne m'avez toujours pas parlé, c'est-à-dire le libre-échange.
23:22 Le libre-échange est l'ennemi de la paysannerie,
23:26 non seulement de la paysannerie mais de tous les citoyens.
23:28 – Et le gouvernement a dit "le Mercosur, c'est niette"
23:31 – C'est pas vrai, vous savez comme moi que c'est pas vrai.
23:33 – Ah, c'est ce qu'a dit le Premier ministre, vendredi soir.
23:36 – Non, mais il l'a dit, il l'a dit, mais vous, vous êtes journaliste,
23:37 vous ne vous contentez pas d'écouter et de dire "oui, il a raison".
23:39 – Alors, pour être très précis, en 2019, Emmanuel Macron s'y disait favorable,
23:43 c'était plutôt au début de l'année, je crois, et à partir du mois d'août,
23:46 il a commencé à dire qu'il y était défavorable,
23:48 et il y a eu toute une série de prises de parole de l'exécutif,
23:51 Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture,
23:52 dans le journal du dimanche la semaine dernière,
23:54 et Gabriel Attal vendredi, où ils disent "Mercosur, on n'en veut pas".
23:56 Qu'est-ce qu'il vous faut de plus sur ce traité de libre-échange ?
23:58 – Eh bien qu'on quitte la table, parce que, monsieur Duhamel,
24:02 pardon de vous prendre à revers de votre métier,
24:04 je l'ai eu fait il y a bien longtemps, mais normalement on vérifie.
24:06 Je veux dire, quand le gouvernement dit quelque chose et reface une autre,
24:09 c'est quand même pas en fait nouveau.
24:10 Or le gouvernement continue à négocier l'accord Mercosur,
24:14 et il est en train d'aboutir la négociation de Mercosur,
24:16 et nous sommes tous prévenus, c'est la raison pour laquelle…
24:19 – Vous ne croyez pas à l'engagement du gouvernement ?
24:21 – Non, je n'y crois pas, je n'y crois pas,
24:24 car nous avons échangé Mercosur contre d'autres choses.
24:27 Vous ne savez pas que les grandes branches de l'agroalimentaire
24:30 sont directement intéressées par les accords de libre-échange.
24:33 Quand les mêmes vous disent "nous n'appliquerons pas Mercosur,
24:36 mais votent l'accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande",
24:39 et qu'il se trouve seulement le groupe insoumis au Parlement,
24:43 l'ensemble du groupe de gauche que dirige Manon Oubry,
24:47 pour ne pas accepter l'accord avec la Nouvelle-Zélande,
24:50 le groupe de M. Macron, qui s'appelle "Renews",
24:52 je ne sais pas pourquoi il s'appelle en anglais, ceux-là,
24:54 ils s'appellent "Renews",
24:55 eh bien eux, ils ont voté l'accord de libre-échange,
24:57 et à la commission où passait l'accord de libre-échange avec le Chili,
25:01 ils ont voté cet accord de libre-échange,
25:03 tandis que d'autres étaient absents,
25:04 qui sont les grandes bouches de la prochaine élection européenne.
25:07 Par conséquent, ces gens mentent, ils mentent, pourquoi ?
25:11 Parce que l'organisation mondiale pousse aujourd'hui
25:14 à ce qu'un modèle économique domine.
25:16 – Donc vous pensez que la France va finir par accepter "in petto",
25:20 comme on dit, ce traité Mercosur-Union européenne ?
25:23 – Écoutez, on peut se dire "ah, il faut quand même faire confiance
25:28 à la parole, certaines fois", d'accord ?
25:30 C'est ce qu'on a fait pour l'accord avec le Canada.
25:33 On nous a dit sur tous les temps "ah, cette fois-ci non",
25:35 alors ça, jamais on signera ça, et pour finir on a signé.
25:40 Par conséquent, Mercosur, si les Français ne quittent pas la table,
25:44 s'appliquera, et on nous dira qu'on l'a échangé,
25:47 on ne nous dira pas contre quoi on l'a échangé.
25:49 Toute l'Europe l'aura échangé, contre le droit des voitures allemandes
25:52 à être vendues sans droit de douane au Brésil,
25:54 contre le droit d'un certain nombre d'activités,
25:57 y compris agroalimentaires françaises, de vendre des produits là-bas,
26:00 surtout si, là-bas, sur place, les multinationales françaises au Brésil
26:06 vont utiliser des produits brésiliens pour les ramener en France à moindre prix.
26:10 – Jean-Luc Mélenchon, pour avancer,
26:12 parce qu'il y a d'autres sujets intéressants, évidemment, à faire avec vous.
26:14 – C'est intéressant, mais on rentre dans les détails,
26:16 on ne peut pas faire autrement.
26:17 – Et on fait les choses dans le fond.
26:20 Est-ce que vous appelez à la convergence des luttes ?
26:23 – Alors ça, c'est le genre de truc qui ne sert à rien, d'appeler à ceci ou cela.
26:26 – Vous avez souvent, depuis 2017, appelé, je crois, à la dénégation,
26:29 convergence populaire, jonction des luttes.
26:31 – Oui, ça n'a pas trop réussi.
26:32 – J'allais vous le faire remarquer.
26:33 – Alors donc, on voit que ça dépend des conditions dans lesquelles ça se déroule.
26:37 Ce que j'ai écrit, c'est qu'il y a un intérêt commun.
26:39 Et je demande qu'on voie ça à ce moment.
26:42 Il faut que les agriculteurs, les ouvriers et la population,
26:48 le peuple d'une manière générale, aient une nouvelle relation.
26:51 Tout à l'heure, j'ai entendu un responsable de la FNSEA
26:54 parler d'une nouvelle confiance à établir.
26:57 Eh bien, je lui donne raison, on a besoin d'avoir une nouvelle conscience.
27:00 C'est pourquoi on s'aperçoit qu'on a des intérêts communs.
27:03 Les paysans ne veulent plus du libre-échange, nous non plus.
27:07 Et je vais vous dire, la preuve existe par l'expérience paysanne elle-même,
27:12 qu'on peut faire autrement.
27:13 Je vais vous donner l'exemple d'un des meilleurs fromages de France, le Comté.
27:18 Je dis "un des meilleurs" pour être sympa avec vous,
27:21 parce que vous préférez le Cantal, mais moi c'est le Comté.
27:23 Alors, le Comté, c'est l'interprofessionnel, écoutez ça,
27:27 tous ceux qui m'écoutent pour ne pas qu'ils croient que
27:29 je suis en train de défendre une idée comme ça qui m'est passée par la tête.
27:33 L'interprofessionnel, c'est-à-dire tout ce qui concerne la production du Comté,
27:36 se sont mis d'accord, écoutez bien, vous allez voir,
27:39 ils définissent la taille maximum d'une exploitation,
27:42 un jour ils ont dit "la plus grande, elle fait tant, personne ne dépassera ça".
27:45 La surface, la quantité qu'on produit, vous entendez ?
27:49 Y compris la quantité qu'ils produisent,
27:51 et même une chose formidable qui va permettre d'amener le mot que je veux amener,
27:55 ils ont décidé la distance maximum entre un lieu de production
27:59 et un lieu de transformation 25 km.
28:02 Autrement dit, alors qu'est-ce qui s'est passé ?
28:04 Les prix sont stables, ils ont augmenté leur part de marché.
28:07 – Ça c'est votre modèle.
28:08 – Attendez, ceux-là ce n'est pas des bolcheviques,
28:10 je ne sais même pas qui c'est pour eux.
28:12 – Pour terminer sur ce sujet, si je dois résumer,
28:14 c'est d'accord avec une partie des revendications sur le libre-échange,
28:18 pas sur le reste, donc c'est quoi ?
28:19 C'est une forme d'attentisme, de soutien sans participation ?
28:23 – Non, non, pas sur le reste, je n'ai pas dit pas le reste, tous discutent.
28:27 Mais moi je suis pour qu'on ait la discussion d'ensemble,
28:31 il faut faire une nouvelle agriculture en France,
28:33 sauf si vous acceptez que l'agroalimentaire continue
28:37 à se gaver sur le dos des paysans,
28:39 et ensuite s'arranger avec ses bons amis de la grande distribution
28:43 pour se gaver sur le dos des consommateurs.
28:45 Si les prix agricoles à la base baissent de 10% et qu'ils augmentent de 10%,
28:50 ça fait qu'au milieu ils ont pris 20%,
28:52 et comme l'a dit tout à l'heure quelqu'un sur votre propre plateau,
28:55 a dit "est-ce que vous savez que poser un litre de lait
28:57 dans un rayon de supermarché, ça rapporte plus à celui qui le fait
29:01 qu'à nous qui produisons le litre de lait".
29:03 C'est cette aberration à laquelle il faut mettre fin,
29:05 pour ça il faut un nouveau modèle agricole.
29:08 Écoutez-moi les paysans, pendant un temps ça se discutait,
29:11 ce sont les paysans qui ont inventé des mesures socialistes
29:14 qui n'ont pas existé ailleurs, par exemple les coopératives
29:17 pour avoir du matériel en commun.
29:19 Tous les paysans n'achètent pas autant de tracteurs qu'ils ont d'hectares,
29:23 pour prendre un exemple un peu caricatural.
29:25 De la même manière, ce sont les paysans qui ont mis au point
29:27 des structures comme les GAEC, ce sont des choses que j'ai eues à connaître,
29:30 puisqu'à l'époque où elles se mettaient en place,
29:32 moi j'étais journaliste, donc j'ai appris directement sur le terrain.
29:36 – Du temps a passé depuis.
29:37 – Oui le temps a passé bien sûr,
29:38 encore aujourd'hui regardez comme je suis bien meilleur aujourd'hui,
29:41 et je fais un métier plus honnête.
29:42 – Ça je ne suis pas sûr.
29:44 – Quoi, je suis retraité, vous avez quelque chose contre les retraités ?
29:46 – Non, non, mais vous qu'on connaît aujourd'hui.
29:48 – D'accord, mais quand même, bon, mais précisez.
29:50 Pour terminer avec de l'humour M. Duhamel,
29:53 j'apprécie que vous compreniez l'humour,
29:55 ce n'est pas toujours le cas de vos collègues,
29:57 mais bon, là on est sur le fait que ces modèles existent,
30:01 autrement dit que la catégorie sociale,
30:03 agriculteur est capable de faire autre chose,
30:05 mais je vous dis franchement, en les regardant dans les yeux,
30:07 si vous laissez faire, vous êtes mort,
30:10 si vous laissez faire l'agroalimentaire,
30:13 si vous laissez faire le capital financier, vous êtes mort.
30:16 Vous savez M. Duhamel, aujourd'hui à l'heure à laquelle on parle,
30:19 la prochaine récolte, elle est déjà vendue,
30:22 et elle changera de main 24 fois sur le marché mondial.
30:26 Le marché mondial, il faut négocier production par production,
30:30 à bas les accords mondiaux de liberté du commerce,
30:33 il faut des accords spécifiques de gré à gré, de nation à nation.
30:37 – Vous irez aussi dire ça aux viticulteurs qui eux exportent,
30:39 aux producteurs de lait qui exportent 50% de leur production.
30:42 – Vous avez raison, donc quand on arrive…
30:44 – Donc si on coupe tout, on pénalise aussi ceux qui exportent.
30:46 – Et voilà, en avant, toujours dans la nuance,
30:48 ai-je dit on coupe tout ? Non, je dis nous sommes français,
30:50 nous autres les français, nous exportons du lait,
30:52 je viens vous voir vous, vous êtes un néo-zélandais,
30:55 alors vous allez me dire "M. le lait, nous on en produit beaucoup",
30:58 moi je vais vous dire "à votre avis, moi je pense que vous en faites beaucoup trop",
31:01 et on va échanger une quantité de lait que vous pouvez faire entrer,
31:05 en échange d'une quantité de vin à nous que vous laisserez entrer.
31:09 Il faut que ce soit de pays à pays, en fonction des besoins de chacun,
31:12 nous n'avons pas besoin du lait néo-zélandais,
31:15 M. nous n'avons pas besoin des carcasses de moutons néo-zélandais,
31:19 parce que les néo-zélandais ils élèvent des moutons,
31:21 pour quoi faire ? De la laine, et ils nous vendent la viande comme du sous-produit,
31:25 vous le savez ces choses ? Donc ça n'a aucun sens d'avoir une règle universelle,
31:29 ce qui vaut pour le vin, vaut pour le lait, ça n'a pas de sens.
31:32 – Parlons si vous le voulez bien de ce qui s'est passé jeudi dernier,
31:35 à savoir la décision du Conseil constitutionnel
31:36 qui a censuré plus d'un tiers des articles de la loi immigration,
31:39 ceux qui avaient été portés par la droite,
31:41 reste donc un texte proche de la copie initiale du gouvernement,
31:44 vous dites merci Laurent Fabius, merci le Conseil constitutionnel ?
31:48 – Oui d'une manière générale je dis merci à tout le monde, ainsi qu'au Père Noël,
31:52 et bon franchement, vous croyez réellement que je vais dire merci
31:57 à des gens qui ont laissé passer les deux tiers de la loi ?
32:00 – Ils ont jugé en droit, et le fait est que le texte est moins à droite
32:04 qu'il n'était au moment où il est entré…
32:06 – Ça c'est votre appréciation politique.
32:08 – Ça paraît assez factuel.
32:09 – Non, non, vous venez de faire la réponse vous-même, ils ont jugé en droit,
32:13 ils ont estimé que le tiers de la loi était anticonstitutionnel,
32:17 bravo les grands génies qui ont voté un truc pareil,
32:20 alors qu'on leur avait dit 100 fois que ce n'est pas constitutionnel,
32:22 ce qui expliquait d'ailleurs notre grande colère,
32:24 il reste une partie du texte qui est peut-être constitutionnel,
32:28 mais comme beaucoup de lois, nous ne sommes pas d'accord avec ce qu'il y a dedans,
32:31 autrement dit, ce n'est pas parce qu'un tiers est anticonstitutionnel
32:35 que 100% nous conviennent, non, ni même les restes,
32:38 nous sommes donc contre cette loi, elle est absurde, elle ne le comporte,
32:42 d'abord elle est part d'une idée aberrante,
32:44 l'idée aberrante c'est qu'il y a trop de monde,
32:46 c'est une idée aberrante parce qu'il n'y a pas assez de monde,
32:49 et dans le monde entier, les gens sont en train de s'en…
32:52 – L'idée c'est de pouvoir améliorer la reconduite
32:54 de ceux qui n'ont pas vocation à être sur le territoire,
32:55 quand il y a des délinquants qui sont frappés d'une obligation
32:58 de quitter le territoire français, ils vous parlaient…
33:01 – La loi doit s'appliquer, on l'a toujours dit.
33:02 – Ah ben ça a vocation, ce texte, à améliorer les reconduites ?
33:06 – Non, non, non, on n'améliorera rien du tout,
33:08 on va augmenter les brutalités,
33:10 on va rendre la vie encore plus pénible aux gens
33:12 avec des cartes de séjour de durée encore plus limitées, etc.
33:17 – Quand Laurent Wauquiez me dit, c'est un coup d'État de droit
33:19 qui a été fait par le Conseil constitutionnel ?
33:21 – Ben c'est souvent ce qui arrive, c'est que, si vous voulez,
33:24 il y a une discussion politique qui est aussi vieille que la politique et le droit,
33:27 c'est qu'on dit à la fin qui décide,
33:31 bon, mais M. Wauquiez il est bien pour la Ve République,
33:35 c'est lui qui a décidé toutes ces institutions.
33:37 – Est-ce que ça va trop loin de s'en prendre de cette façon-là aux institutions ?
33:40 – Il faut qu'on accepte une règle commune les uns ou les autres,
33:43 si on dit, le Conseil constitutionnel ne peut plus suspendre des décisions
33:48 parce qu'elles ont été décidées par l'Assemblée nationale,
33:50 ça se conçoit parfaitement.
33:52 – Vous n'avez pas votre avis ?
33:53 – J'ai connu un socialiste qui avait dit une fois dans un débat,
33:56 "vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire".
34:00 – Mais ce n'est pas votre avis le coup d'État de droit de Laurent Wauquiez ?
34:02 – Attendez, moi ça m'arrange, donc il y a moins de brutalité,
34:05 mais j'essaye de m'élever au-dessus de l'instant.
34:08 – Oui parce qu'au moment des retraites, vous disiez,
34:10 quand le Conseil constitutionnel a validé la réforme des retraites,
34:12 "la décision du Conseil montre qu'il est plus attentif aux besoins
34:15 de la monarchie présidentielle qu'à ceux du peuple souverain".
34:18 Donc au fond, Laurent Wauquiez il fait du Jean-Luc Mélenchon.
34:20 – Je ne sais pas, c'est à vous de lui dire et à lui de répondre,
34:22 moi ce que je sais c'est qu'il y a un débat,
34:24 et je ne me cacherai jamais de ce que je pense,
34:27 et je n'accepterai jamais de faire du Duhamel quoi,
34:30 c'est-à-dire si tu es contre un tiers, donc tu es pour 70%.
34:35 – Moi, Jean-Luc Mélenchon, je pose des questions.
34:38 – D'accord, mais vous me posez des questions.
34:40 – Non mais vous dites faire du Duhamel, moi je…
34:42 – Ah, ne vous sentez pas mal pris, vous m'avez bien dit.
34:45 Vous dites que M. Wauquiez fait du Mélenchon,
34:48 je ne considère pas ça comme un compliment, figurez-vous, et lui non plus.
34:50 – Non mais ce que je note c'est la convergence dans la volonté de contredire
34:55 ou de considérer que le Conseil constitutionnel
34:57 va à l'encontre d'une forme de souveraineté populaire.
34:59 – Non, c'est vrai que le problème existe,
35:02 on appelle ça des fois le gouvernement des juges,
35:04 mais quand une décision est prise, M. Duhamel, enfin quand même,
35:08 vous le savez comme moi, une décision prise,
35:11 la liberté de la discuter existe dans une démocratie, prenons un exemple.
35:14 – Oui mais de dire un coup d'État de droit…
35:16 – Ah non mais c'est lui qui parle, il dit ce qu'il veut,
35:18 moi j'ai dit que le Conseil était plus attentif à la monarchie constitutionnelle,
35:22 je n'ai pas dit c'est un coup d'État, j'ai dit que… pourquoi ?
35:25 Parce que les juges, ils sont comme tout le monde,
35:28 ils vivent dans la vie réelle, ils tâchent de juger en droit,
35:30 mais souvent ils ont une petite pente.
35:33 – Petite pente quoi ?
35:34 – Bon mon cher, si vous croyez, vous avez fait du droit,
35:36 vous avez été à Sciences Po donc ils vous ont appris ça,
35:39 donc une même règle, vous pouvez l'interpréter plutôt comme ça.
35:41 – Et pourquoi ils font de la politique ?
35:44 – Pas directement puisqu'ils font du droit,
35:47 mais ils ont une approche souvent qui est culturelle,
35:50 qui correspond à leur univers mental, donc on a le droit de les critiquer.
35:54 Monsieur Duhamel, vous comme moi, on respecte la loi,
35:58 ça ne nous fait pas toujours plaisir, mais parce qu'elle a été votée,
36:01 et pourtant c'est absurde, 51 qui ont raison contre 49,
36:04 on se demande bien pourquoi, mais on accepte la règle,
36:06 mais pour autant, ni vous ni moi, on va se taire après,
36:08 on va continuer à dire "on n'est pas d'accord",
36:10 moi je ne suis pas d'accord avec la loi immigration,
36:12 pourtant elle a été votée, je ne suis toujours pas d'accord.
36:15 Donc la démocratie, c'est une manière de prendre des décisions,
36:19 pas une manière de mettre tout le monde à genoux.
36:21 – Jean-Luc Mélenchon, je voudrais qu'on aborde la situation internationale,
36:23 ces derniers jours à la France Insoumise, on vous a beaucoup entendu
36:26 vous satisfaire de la décision de la Cour internationale de justice,
36:30 qui demande à l'État d'Israël de faire tout son possible pour,
36:33 je cite "empêcher tout acte de génocide dans la bande de Gaza",
36:37 on va revenir dans un instant sur le fond de cette décision,
36:40 mais d'abord sur la forme, depuis vendredi,
36:42 c'est là que la décision a été prise,
36:45 j'ai compté rien que sur votre compte Twitter,
36:47 dix tweets et retweets en plus d'une vidéo sur cette décision
36:51 dont vous vous félicitez, alors que dans la foulée des massacres du 7 octobre,
36:55 c'est surtout de votre part des appels au cessez-le-feu,
36:57 je suis allé revérifier, des critiques du,
36:59 je cite "gouvernement d'extrême droite israélien"
37:01 contre, je cite "le siège de la bande de Gaza",
37:03 c'est ce que vous disiez dans la foulée du 7 octobre,
37:05 pourquoi un tel décalage dans la force des messages,
37:10 selon qu'on est dans la foulée du 7 octobre et des pogroms du 7 octobre,
37:14 et dans la foulée de cette décision de la Cour internationale de justice ?
37:17 – Déjà on vous aura entendu qualifier de pogroms ce qui s'est passé le 7 octobre,
37:21 mais… – Pourquoi, vous n'êtes pas d'accord ?
37:23 – Ben non, le pogrom c'est une autre situation historique dans d'autres conditions, mais…
37:26 – Ah, c'était pas des pogroms le 7 octobre ?
37:28 – S'il vous plaît.
37:29 – C'était des massacres ? – Oui.
37:31 – Parce qu'ils étaient juifs ? – Oui.
37:33 – Donc c'est des pogroms, ça ressemble à des pogroms.
37:35 – D'accord, si c'est ça le raisonnement, d'accord.
37:37 Bon, si je peux permettre une petite correction, parce qu'ils étaient israéliens ?
37:43 – Ah, parce que les militants du Hamas, les terroristes du Hamas,
37:46 ne sont pas antisémites, c'était pas pour s'en prendre à des juifs ?
37:49 – Ah d'accord, bon, alors on va rester à votre première question.
37:53 Moi je ne sais pas, je ne peux pas répondre pour le Hamas,
37:54 mais vous apparemment vous pouvez répondre pour les israéliens.
37:56 – Je ne comprends pas, pensez sincèrement que ceux qui ont été massacrés le 7 octobre
38:01 ne l'étaient pas parce qu'ils étaient juifs ?
38:03 – Mais bien sûr que oui, d'autant que l'État israélien a eu cette mauvaise idée
38:08 de se déclarer État des Juifs alors qu'il s'agissait d'un État-Nation.
38:12 – Là ce n'est pas le débat, simplement je veux…
38:14 – Mais alors attendez, le débat ça ne peut pas être que ce qui vous arrange.
38:17 – Non, vous contestiez l'utilisation du mot "pogrom",
38:19 je vous redis que le 7 octobre…
38:20 – Très bien, très bien, très bien, je ne vous le…
38:22 – C'est un pogrom. – Je ne vous le conteste pas.
38:23 – Donc revenons à la question. – Non, non, non, dites ce que vous voulez,
38:26 ça m'écale.
38:26 – Pourquoi un tel décalage entre vos messages politiques
38:29 dans la foulée de la décision de la Cour internationale de justice
38:32 et vos messages dans la foulée du 7 octobre ?
38:34 – Bon, alors il y a au moins une raison matérielle,
38:36 c'est que je n'étais pas en France et je rentrais,
38:38 mais il n'y a pas de décalage, je ne vous permets pas de dire
38:42 qu'il y a un décalage, parce que c'est une manipulation à mon sujet,
38:46 c'est une manière de faire croire que je suis indifférent
38:50 à la souffrance des civils combattants.
38:52 – Non, pas du tout, je vous dis que vous allez regarder vos tweets et vos réactions.
38:54 – Non, monsieur, je peux répondre s'il vous plaît ?
38:56 Parce qu'il y a une limite à ce qu'on peut supporter comme homme,
38:59 des accusations qui sont portées contre soi, il y a une limite,
39:02 je n'ai jamais accepté aucune forme d'acte terroriste, jamais,
39:08 vous m'entendez ? Et pas plus cette fois-là qu'une autre.
39:10 Et c'est la raison pour laquelle mon premier tweet dit "cessez le feu",
39:14 parce qu'immédiatement on savait tout ce qui était en train de se produire,
39:18 j'ai dit que j'étais plein de compassion pour les populations civiles
39:22 qui subissent tout ça, elles n'y peuvent rien.
39:23 – Et vous n'avez pas voulu qualifier le Hamas de mouvement terroriste,
39:25 on ne va pas refaire le débat ici. – Alors ne le refaites pas !
39:28 – Non mais je précise et je vous rappelle… – Oui, oui, non,
39:30 vous ne précisez rien du tout, vous diffamez !
39:32 – Non, Jean-Luc Mélenchon, attendez, Jean-Luc Mélenchon,
39:35 je pose des questions, on est sur des sujets sérieux, droit international…
39:38 – Oui, alors ne vous évitez les caricatures grotesques.
39:40 – Ce n'est pas une caricature. – Est-ce que je peux répondre à votre question ?
39:41 – Vous pouvez répondre, mais je rappelle que dans la foulée du 7 octobre,
39:44 vous n'avez pas souhaité qualifier le Hamas de mouvement terroriste,
39:47 est-ce que je me trompe ?
39:48 – Écoutez, est-ce qu'on peut répondre à votre question ?
39:50 – Est-ce que je me trompe ? – Est-ce que je peux répondre à votre question ?
39:52 – Allez-y, répondez, allez-y.
39:54 – Je ne veux pas de débat dans lequel il s'agit de faire le procès des gens.
39:59 Voyez-vous, la situation est terrible, il y a un massacre ininterrompu
40:04 depuis plus de 100 jours, il y a une menace sur la frontière sud du Liban,
40:07 nous sommes en train de parler d'un risque de guerre généralisée,
40:10 je ne mets pas en cause l'État d'Israël,
40:12 je mets en cause le gouvernement de M. Netanyahou,
40:15 je ne mets pas en cause la judéité, comment pourrais-je le faire ?
40:19 On m'aime quoi ? Qu'est-ce qui me prendrait tout d'un coup ?
40:21 Moi qui partage une partie de ma famille avec eux,
40:24 alors qu'est-ce que ça veut dire tout ça ?
40:26 Il faut partir des faits, essayer d'y répondre avec intelligence.
40:30 Pourquoi la Cour internationale de justice est si importante ?
40:33 Parce que c'est une cour de justice, pas une guerre.
40:36 Et vous avez dans la salle, d'un côté l'Afrique du Sud qui porte plainte,
40:40 elle est partie prenant à l'accord,
40:41 et de l'autre côté les représentants d'Israël qui sont là.
40:45 Et on se comporte comme des êtres humains,
40:47 il y a d'un côté des avocats, de l'autre côté des avocats.
40:50 Il y a un accord, même les gens qui sont dans les tribunes,
40:52 le nombre est limité par les deux.
40:55 Donc c'est ça qui est beau, mieux vaut le droit que la force.
40:59 Et quand la Cour intervient et elle dit, qu'est-ce qu'elle a dit ?
41:01 Il ne faut pas lui faire dire des choses qu'elle n'a pas dit.
41:03 Elle a dit "il y a un risque génocidaire", pas "il y a un génocide",
41:07 cette affaire-là continue la discussion.
41:09 – Alors Jean-Luc Mélenchon, je me permets juste,
41:11 pour ceux qui nous regardent, vous disiez vous,
41:13 c'était dans un entretien à Orient 21, à Gaza,
41:17 "ce n'est pas de la légitime défense mais un génocide",
41:19 ce n'est pas ce que dit la Cour internationale de justice.
41:21 – En effet, la Cour dit qu'il y a un risque,
41:25 mais qu'elle va trancher sur le génocide.
41:27 Moi je cautionne pas ce que vous avez cité, peut-être que ce n'est pas vrai.
41:30 – Ah si, alors là j'invite plus rien de ceux qui nous regardent,
41:32 et par ailleurs Thomas Porte, voilà.
41:34 – Ah oui d'accord.
41:35 – "Ce n'est pas de la légitime défense mais un génocide".
41:37 – Oui d'accord, non parce que je contestais le mot "légitime défense",
41:42 tirer sur tout le monde, tuer tout le monde, ce n'est pas de la légitime défense.
41:44 – Mais si c'est un génocide, ce n'est pas ce que la Cour a dit.
41:47 – Oui, oui, parce que dans la définition que je connais,
41:49 parce que je me suis intéressé aux droits,
41:51 je ne suis pas comme vous, je n'ai pas fait d'études dessus,
41:52 mais j'ai demandé comment on définit,
41:55 et on m'a dit "il y a 5 points qui font un génocide",
41:58 et comme je trouvais que les 5 points étaient réunis dans le combat à Gaza,
42:02 j'en ai déduit que c'était un génocide,
42:04 et d'ailleurs la Cour de la Haie dit que sur 5 points,
42:08 il y en a 4 qui convergent dans la direction du génocide,
42:12 mais personnellement, je m'en tiens à ce qu'a dit la Cour,
42:15 par respect pour ceux qui ne sont pas d'accord avec la Cour,
42:18 et pourtant c'est dur pour moi,
42:19 je ne lui fais pas dire ce qu'elle n'a pas dit,
42:22 la Cour n'a pas dit que c'était un génocide,
42:23 mais elle propose des mesures de prévention,
42:27 ces mesures de prévention ne sont pas un droit de la partie plaignante,
42:32 c'est un devoir pour tous les autres,
42:34 et comme nous les Français, nous avons signé cette convention,
42:37 nous avons aussi un devoir,
42:39 c'est pourquoi, suite à la décision de la Cour,
42:42 et c'est ça toute son importance,
42:43 nous devons participer aux mesures de prévention,
42:46 c'est-à-dire par exemple cesser de vendre des armes,
42:48 c'est-à-dire par exemple refuser de commercer avec tout ce qui représente…
42:53 – Israël retient que la Cour ne demande pas un cessez-le-feu,
42:56 ce qui est votre regard.
42:57 – Mais ce n'est pas son rôle.
42:58 – Ah si, l'Afrique du Sud le demandait.
43:00 – Peut-être que l'Afrique du Sud demandait,
43:02 mais comme l'a parfaitement fait la Cour,
43:04 ce que je vais vous dire va vous horrifier,
43:05 enfin horrifier un certain nombre de gens qui nous écoutent.
43:08 Voilà, le droit international n'interdit pas la guerre,
43:13 vous ou moi on peut dire "ah on ne comprend pas, on préférait…"
43:15 – Mais elle fixe des règles.
43:17 – Elle fixe des règles à la guerre,
43:19 et par conséquent une Cour de Justice ne peut pas intervenir,
43:26 du moment qu'elle n'a pas dit que c'était un génocide,
43:28 elle ne doit donc pas dire "je vous ordonne de cesser les combats",
43:32 parce que ça c'est une décision politique,
43:33 c'est la raison pour laquelle, d'un point de vue juridique,
43:36 il n'entrait pas dans ses compétences, ni de dire "cesser le feu",
43:39 ni M. Duhamel ce qu'on pourrait dire,
43:41 "mais comment ça se fait que la Cour ne dit rien sur le Hamas ?"
43:44 La Cour a déjà répondu, elle dit "mais le Hamas ce n'est pas un État",
43:47 donc je ne peux pas me prononcer, il y a des limites et il faut les comprendre,
43:51 surtout nous qui demandons à s'appuyer sur le droit international,
43:54 il y a bien des fois où on enrage, on dit "il pourrait quand même aller plus loin",
43:57 moi aussi j'aurais préféré qu'ils disent "cesser le feu"
43:59 et je ne cesserai de dire encore ce soir
44:01 que la solution de tout le problème c'est le cesser le feu immédiat,
44:05 et encore une fois, je ne confonds pas mon attaque contre une politique colonialiste
44:10 qui est celle de M. Netanyahou,
44:12 avec une critique de l'existence d'Israël que je ne ferai pas, d'accord ?
44:17 Et que ce soit bien clair.
44:18 – Vous n'êtes pas anti-sioniste ?
44:20 – Comment ça ?
44:21 – Non c'est une question, est-ce que vous êtes anti-sioniste ?
44:24 – Je m'en fous, ce n'est pas le sujet pour moi.
44:26 – Non mais…
44:27 – Je ne suis pas d'accord, je ne suis pas le premier,
44:29 il y a eu des débats interminables, y compris dans la communauté,
44:32 sur est-ce que le sionisme c'est la doctrine obligatoire
44:36 de tous ceux qui veulent protéger le droit pour les juifs
44:40 de vivre comme tout le monde et de ne pas être assassinés,
44:43 de ne pas être pogromisés, etc.
44:45 Parce que nous les Français, avant de donner des leçons,
44:47 on ferait bien de se souvenir que dans ce pays,
44:49 on a expulsé 11 fois les juifs,
44:51 que ceux qui ont inventé le premier signe distinctif des juifs,
44:55 dans la rue, c'est Saint-Louis, figurez-vous,
44:56 Charles IX dont la statue énorme est dans l'hémicycle du Sénat.
45:00 – Alors justement, vous parlez de ça,
45:01 je voulais juste vous interroger sur la hausse des actes antisémites,
45:04 on a appris la semaine dernière, plus 1000% depuis le 7 octobre,
45:08 comment est-ce que vous expliquez cette hausse vertigineuse ?
45:12 – Je ne l'explique pas mais je le condamne,
45:14 et je condamne les actes aussi islamophobes, ce qui serait bien.
45:18 – Bien sûr vous les condamnez mais en termes de quantité…
45:23 – Ah voilà…
45:24 – Non mais attendez, je comprends…
45:26 – 1000 injures ne valent pas un mort.
45:28 – Attendez, on peut poser les choses sans caricature, je vous dis juste…
45:33 – Donc vous condamnez l'attaque, la tentative d'incendie
45:36 contre une mosquée aussi, comme moi.
45:37 – Mais pourquoi Jean-Luc Mélenchon, quand je vous interroge
45:39 sur la hausse des actes antisémites, tout de suite les actes islamophobes…
45:42 – Pourquoi vous m'interrogez à moi sur la hausse des actes antisémites ?
45:45 – Parce qu'on est en train de parler, vous me dites à l'instant,
45:47 en France on a expulsé 11 fois les juifs, donc je vous pose une question là-dessus.
45:50 – Oui, et alors ? Quelle est la question ?
45:53 – La question c'était comment est-ce que vous expliquez
45:54 cette progression vertigineuse avec les antisémites ?
45:58 – Je trouve ça lamentable et je suis pour que soit puni ceux qui les commettent.
46:02 Mais je suis obligé de noter que les actes doivent être tous mesurés,
46:06 pour être crédibles, M. Duhamel, pour que les gens, la France, toute la France…
46:11 – Vous considérez qu'il y a quelque chose de pas crédible dans les…
46:15 – Quand il y a un incendie contre une mosquée à l'heure de la prière
46:18 et qu'on dit que ce n'est pas terroriste, il y a peut-être un problème, non ?
46:21 Il y a peut-être un problème.
46:22 Quand on augmente de 10 000 % les actes anti-insoumis dans le pays,
46:27 quand on nous brûle notre maison, quand on nous attaque,
46:30 quand on nous frappe, quand je suis menacé de mort,
46:32 quand deux personnes sont… il y a un problème.
46:34 Donc il ne faut pas donner l'impression que, en quelque sorte,
46:38 la France serait un pays antisémite.
46:39 La France n'est pas antisémite, il y a une bande d'énergumènes antisémites,
46:43 ce n'est pas pareil.
46:44 Et je les récuse, ça peut être mes compatriotes,
46:47 je ne peux pas être d'accord avec ce type de comportement.
46:49 L'antisémitisme est une absurdité, ça n'a aucun sens,
46:53 pas plus que le reste du racisme.
46:55 Haïr les Noirs, haïr les Arabes, haïr l'Islam,
46:59 haïr le judaïsme n'a pas de sens.
47:01 Ce sont des choses qui procèdent de l'existence
47:04 dans laquelle nous prenons notre place,
47:05 je veux dire l'existence de religions,
47:08 l'existence de couleurs de peau différentes.
47:09 Et nous autres Français, nous sommes la première nation
47:12 à avoir posé comme principe politique
47:15 la sémilitude absolue des êtres humains
47:17 et la fin des persécutions religieuses,
47:19 grâce à notre grande révolution de 1789.
47:22 – Un dernier mot sur ce sujet avant quelques questions politiques.
47:24 L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens
47:26 est très déstabilisée après le licenciement
47:28 de plusieurs de ses salariés,
47:29 accusés d'avoir été impliqués dans l'attaque du 7 octobre.
47:31 Les États-Unis, l'Italie, le Canada, la Grande-Bretagne notamment,
47:34 ont annoncé suspendre leur financement.
47:35 La France, elle, est dans une position d'attente,
47:37 je cite le Quai d'Orsay,
47:38 "La France n'a pas prévu de nouveaux versements
47:40 au premier semestre 2024 et décidera le moment venu
47:42 de la conduite à tenir en lien avec les Nations Unies".
47:45 Pas de suspension mais une attente d'éclaircissement,
47:47 est-ce que la position française vous convient ?
47:48 – Comme c'est fait là, d'abord il faut que tout le monde comprenne
47:51 parce que si on se contente de lire la dépêche de l'AFP,
47:53 on ne peut pas le comprendre.
47:54 Il se trouve que la France a payé sa cote parcours.
47:56 – Oui, elle a déjà payé donc il n'y a plus rien à payer.
47:58 – Il n'y a plus rien à payer donc…
48:00 Mais ce qui ne va pas c'est de dire,
48:01 donc la France a décidé de s'associer.
48:03 Non, la France a dit qu'elle attend la conclusion de l'enquête
48:07 parce que si en effet des membres des Nations Unies
48:10 ont pris part d'une manière ou d'une autre au combat,
48:13 c'est un sérieux problème et en particulier
48:15 à un acte comme celui du 7 octobre.
48:17 – Et là ça justifiera selon vous de couper les financements à l'agence de l'ONU ?
48:20 – Mais je ne veux pas, on donne l'impression
48:22 que cette agence était en quelque sorte une bande armée.
48:25 Je voudrais que par respect pour les membres de l'ONU,
48:28 60 sites de l'ONU ont été détruits, 100 personnes de l'ONU ont été tuées
48:33 et Israël, ou plus exactement le gouvernement de M. Netanyahou
48:37 n'a pas encore donné une seule démonstration
48:40 de la culpabilité de ces personnes.
48:42 Israël, le gouvernement de M. Netanyahou a attaqué,
48:46 c'est tout, sans prouver.
48:47 Alors nous verrons, il y a une enquête.
48:48 J'admire l'agence qui a immédiatement suspendu 7 personnes
48:52 sur le simple doute qu'elles y aient participé.
48:54 Et j'espère, parce qu'il faut quand même dire les choses comme elles sont,
48:57 ceci pourrait être, je sais qu'en guerre c'est un grand moment d'objectivité,
49:01 mais pourrait être une manière de continuer la guerre par d'autres moyens
49:05 en interdisant à cette agence d'agir, d'avoir des moyens,
49:08 non pas pour commettre des massacres mais pour apporter
49:11 la seule aide que reçoivent aujourd'hui les Palestiniens.
49:13 Donc la France a raison de dire, on ne peut pas accepter
49:17 qu'une agence de l'ONU participe à des actions que nous réprouvons.
49:20 Mais pendant qu'on dit, M. Duhamel, rappelez que nous avons 60,
49:24 nous avons 700 Français sous casque bleu au Liban.
49:27 Donc on ferait bien de poser ce qu'on raconte.
49:30 – Quelques questions politiques pour finir.
49:31 Jean-Luc Mélenchon, vous ne vous êtes pas exprimé depuis la nomination
49:33 de Gabriel Attal, plus jeune Premier ministre de la Ve République,
49:35 est-ce que ça ringardise une partie de la classe politique
49:37 ou est-ce que la jeunesse ça ne compte pas ?
49:39 – Ça c'est une belle alternative.
49:42 Alors, ringardise la classe politique, comme moi-même j'ai 72 ans…
49:46 – Vous n'êtes pas le seul dans la classe politique à ne pas être un premier.
49:49 – Je ne sais pas, mais je suis responsable de quelque chose
49:52 dont je ne suis pas responsable, parce que soit dit par parenthèse,
49:54 vous n'êtes pas responsable de votre âge et moi non plus.
49:56 – Vous comprenez.
49:56 – Alors là je présente des inconvénients,
49:58 je pense qu'il faut que cette formule soit rappelée ici,
50:01 quelques-uns, et puis présente aussi des avantages
50:04 sur lesquels je ne m'étendrai pas.
50:05 Mais un de ces avantages a aussi des fois un intérêt pour la chose publique,
50:09 c'est l'expérience accumulée, je ne dis pas que ce soit décisif,
50:12 mais disons que ça aide, moi en tout cas, je dois vous dire que ça m'aide,
50:15 j'ai connu le monde de Yalta, j'ai connu la décolonisation de l'Algérie…
50:19 – Pourquoi il y a un manque d'expérience du nouveau Premier ministre ?
50:22 – Non, il est très expérimenté, nous le savons tous,
50:25 puisque à son âge il est normal tous les événements qu'il a vécu.
50:28 Non, puisque vous me posez une alternative du diable,
50:30 dans les deux cas j'ai tort,
50:32 ou bien je décrédibilise tous ceux qui sont comme mon âge,
50:35 ou bien je décrédibilise les jeunes, alors ce n'est pas non plus une trouvaille.
50:39 Non, je pense que je connais les verres de Corneille,
50:42 la valeur n'attend point le nombre des années,
50:44 bon dans le CIDE, quand même, ce n'est pas rien,
50:46 je ne vais pas dire le contraire, je suis trop lettré pour ça,
50:49 mais disons qu'on peut légitimement avoir, non pas un doute,
50:53 mais dire "attention, il faut qu'il soit vraiment bien entouré de conseils",
50:56 et sans doute son art à lui est d'entendre.
50:58 – Mais vous dénonciez souvent Elisabeth Borne, tous ces 49.3,
51:00 est-ce qu'à minima, vous dites là, on a en face de nous un politique
51:02 qui parle la même langue que vous ?
51:04 – Non, non, nous ne parlons pas la même langue,
51:06 et surtout nous ne parlons moins imprudemment qu'il ne l'a fait,
51:10 par exemple tout à l'heure, sur votre chaîne, je l'ai entendu,
51:13 répondre à un agriculteur "non mais ce n'est pas possible
51:16 qu'on vous impose des choses sans vous donner de contrepartie",
51:19 alors pas de bol, il se trouve que la question des pesticides sur les betteraves
51:24 revient en 2024, qu'est-ce qu'il est en train de dire ?
51:27 Comme son ministre des Affaires étrangères qui avait dit
51:30 "si jamais on va à la cour de la Haye, c'est franchir une ligne rouge",
51:33 est-ce qu'il s'apprête à annoncer qu'il va autoriser les néonicotinoïdes
51:38 sur les betteraves, parce que les pauvres betteraviers
51:40 auraient du mal avec cette histoire ?
51:42 Vous voyez, il faut réfléchir, c'est pour ça des fois moi-même
51:44 j'ai parlé trop, et j'en ai tiré des leçons pour moi-même,
51:47 il devrait le faire, il faut réfléchir exactement au monde miné
51:51 dans lequel on vit, vous devriez l'inviter plus souvent
51:53 puisqu'il se méfierait de vous comme ça.
51:54 – Je continue Jean-Luc Mélenchon, dans moins de 5 mois
51:56 auront lieu les élections européennes, votre tête de liste
51:59 n'est pas officiellement désignée, même si on parle de Manon Aubry,
52:02 est-ce que vous-même vous pourriez décider de mener cette liste européenne ?
52:05 – Et pour quoi faire ?
52:06 – Parce que…
52:07 – Alors mais attendez, il faut que je mette de l'ordre dans ma manière d'être,
52:12 mon opération "je me mets en retrait" est complètement ratée,
52:15 parce qu'immédiatement le nombre des problèmes où on a eu besoin de moi
52:18 a fait que j'ai dû revenir beaucoup trop sur la scène,
52:21 moi je veux faire autre chose,
52:23 ma manière de participer au combat doit être différente,
52:26 j'ai écrit un livre, j'espère qu'on a montré cette belle première page,
52:30 j'ai travaillé très sérieusement et à fond,
52:32 tout en étant impliqué dans la bataille des reflets.
52:34 – Donc tête de liste, pas question.
52:35 – Attendez, non mais je veux bien dire les choses,
52:38 nous avons d'abord un personnage formidable, qui est Manon Aubry,
52:42 c'est la plus jeune présidente de groupe au Parlement européen qu'il y ait jamais eu,
52:46 elle dirige un groupe dans lequel il y a des partis
52:49 qui commencent par des communistes et à l'autre bout
52:51 on a le Schienfein d'Irlande, d'accord, c'est pour vous dire,
52:54 cette femme a cette capacité,
52:56 elle a tenu bon dans des débats d'une complexité terrible
52:59 et des fois contre sa propre opinion, quoiqu'elle m'en ait raconté,
53:02 parce que je sais qu'elle prend sur elle,
53:03 c'est donc un personnage expérimenté, c'est une femme et elle sait mener ses affaires,
53:08 donc je ne vois pas de raison pour que nous en changions,
53:11 mais si nous décidions autrement, nous déciderons autrement.
53:15 – Ah, donc il y a une possibilité ?
53:17 – Mais…
53:17 – Il y a une astérisque en bas du contrat ?
53:19 – Non, vous pourriez tomber raide mort dans une seconde.
53:22 – Oui, j'espère pas.
53:22 – Ben moi non plus, il ne manquerait plus que ça, ça vauterait mon émission,
53:26 donc non, je ne vous le souhaite pas et vous ne me le souhaitez pas non plus,
53:30 vous souhaitez longue vie.
53:31 – Absolument.
53:32 – Et bien voilà, déjà mes adversaires vont vous en vouloir.
53:35 Donc je veux dire que…
53:36 – Non mais ce n'est pas totalement exclu ?
53:38 – Mais bien sûr que si, notre intérêt, écoutez-moi M. Duhamel,
53:42 notre intérêt est qu'elle soit en situation de faire le meilleur score possible,
53:47 c'est notre intérêt donc on va tout faire pour ça.
53:49 – Alors je change, qu'est-ce qui pourrait vous pousser
53:51 à finir par mener cette liste aux européennes ?
53:53 – Non, moi ? Ah écoutez alors, vraiment, il faudra qu'un palan m'y emmene,
53:57 parce que je n'ai pas envie, ça compte beaucoup l'envie,
54:00 donc que ces choses-là soient bien établies.
54:02 Mais ce qui est intéressant, c'est que je veux que tout le monde comprenne
54:06 que nous sommes investis à fond, ce n'est pas une élection comme une autre,
54:09 c'est en quelque sorte le premier tour de l'élection présidentielle,
54:13 parce que personne ne croit que l'Europe puisse changer
54:16 à la fin d'un vote sur les européennes.
54:18 – Et en l'état dans les sondages, vous êtes derrière Raphaël Luxman,
54:20 dont on dit qu'il est en dynamique.
54:23 – Voilà, très bien, parfait, il est en dynamique, il est passé de 11 à 9,
54:26 c'est une dynamique qui nous convient.
54:28 Alors, restons sûrs, mais quand bien même tous seraient-ils devant nous,
54:31 M. Duhamel, écoutez-moi bien, quand bien même tous seraient devant nous,
54:36 nous ne cesserions pas le combat, parce que nous n'avons pas toujours été devant,
54:39 mais si nous avons été devant à deux reprises,
54:42 c'est parce qu'on n'a jamais cessé le combat.
54:44 Et donc là, ce que nous voulons, avec Manon Aubry,
54:48 c'est faire une liste qui soit une liste de tous ceux
54:51 qui sont alliés aux élections législatives.
54:53 Car nous avions signé un accord sur les européennes et les élections législatives.
54:58 – Jean-Luc Mélenchon, juste parce que l'actualité se fait en direct,
54:59 on me signale à l'instant que sur 20 minutes, Manon Aubry
55:01 propose sa candidature pour mener la liste de l'Union Populaire.
55:04 – Eh bien, elle fait très bien.
55:04 – Et donc vous lui dites "bon coup".
55:06 – Eh bien moi, je lui dis "bravo" comme beaucoup d'autres,
55:08 il n'y a pas que moi qui vais dire ça.
55:10 Je pense que tout le mouvement insoumis va le dire,
55:12 parce que nous avons du respect pour son travail,
55:14 nous l'admirons et en plus on l'aime, si ça a terminé le tableau.
55:18 – Deux questions rapides, la première,
55:20 dans des confidences à nos confrères du Figaro,
55:21 vous dites la chose suivante sur ceux qu'on appelle
55:22 les frondeurs de la France Insoumise,
55:24 de ceux qui ne sont d'accord sur rien et vous voient comme un tyran,
55:27 devraient quitter le mouvement.
55:28 Donc c'est quoi la porte sortie à Alexis Corbière, Raquel Garrido, Clémentine Autain ?
55:33 – Non, non, non, non, non, non,
55:35 j'ai quand même été suffisamment piqué sans réagir pour avoir le droit de temps à autre,
55:39 en plus je vous signale que c'était un des trucs que vous adorez,
55:42 vous les journalistes, c'est les déjeuners de presse,
55:44 alors on tchatche, et alors ce qui est une tchatche
55:46 se transforme en une information, moi j'ai dit écoutez,
55:49 en tout cas ils m'embêtaient comme vous, à me dire "oui mais, mais, mais"
55:52 alors j'ai dit "écoutez moi ça me saoule, ça ne m'intéresse pas,
55:55 je ne peux pas mieux vous le dire, bon ça ne m'intéresse pas,
55:57 ce qui m'intéresse c'est par exemple de voir mon camarade François Urbuffin
56:01 qui lui gagne des voix pour le mouvement insoumis.
56:04 – Oui, lui pour le ménager, on sent que…
56:06 – Parce que c'est sérieux.
56:07 – Parce que Alexis Corbière, Raquel Garrido, Clémentine Autain,
56:10 c'est pas sérieux ?
56:11 – Je ne veux pas dire ça, ce sont des gens très intéressants,
56:13 certains ont eu, peut-être, des mots un peu vifs à mon égard,
56:18 en disant que je suis nuisible par exemple,
56:20 on a le droit de le penser que je suis nuisible,
56:22 mais mieux vaut le faire à l'extérieur de la tente que dedans.
56:26 – D'accord, une toute dernière question.
56:27 – C'est tout, ça ne va pas pouvoir m'attender.
56:29 – Non mais juste une dernière question.
56:30 – Tout le monde est bienvenu et je ne chasse personne.
56:32 – Une dernière question Jean-Luc Mélenchon,
56:33 on dit que le mois de janvier de chaque année est le mois des bonnes résolutions,
56:36 est-ce que l'une d'entre elles pour vous pourrait être d'assumer
56:38 enfin que vous serez candidat à l'élection présidentielle de 2027 ?
56:41 – Voilà, dis donc pourquoi je ferais ça ?
56:44 – Pour dire les choses, tout le monde se dit que comme que
56:48 cette mise en retrait, vous le disiez vous-même, n'a pas franchement fonctionné,
56:51 vous continuez à être un acteur du débat public.
56:52 – Je vais essayer de faire mieux pour me mettre en retrait.
56:54 – Donc, est-ce que ce ne serait pas plus simple de dire les choses ?
56:57 – Et voilà.
56:58 – Je serais candidat en 2020.
56:58 – Et en plus là, dimanche soir, le mois de janvier, à BFM,
57:02 avec M. Duhamel qui aurait aussitôt droit à une prime.
57:05 Si c'est pour la prime, je dirais ce que vous voulez.
57:07 – Non, je ne pense pas, mais pour la beauté du geste.
57:08 – Ah oui, pour la beauté du geste, si je faisais ça, je serais un bel imbécile, pourquoi ?
57:11 Parce que, je vais vous dire quel est mon devoir,
57:14 je serai au poste où on me dira d'aller,
57:16 mais je ne veux pas que tout ce que nous avons construit en 20 ans
57:21 soit ramené à une personne, donc nous sommes en train de créer
57:24 les conditions d'émergent de plusieurs dirigeants
57:27 à niveau d'une élection présidentielle,
57:30 il n'y a que nous qui avons ça dans nos rangs,
57:31 les autres n'ont pas ça dans leur rang,
57:33 voyez-vous M. Bardella n'est pas capable d'être un candidat
57:36 à l'élection présidentielle en 2027.
57:38 – A eux-mêmes c'est un ticket, Marine Le Pen à l'Élysée,
57:39 Jordan Bardella à Matignon.
57:40 – Voilà, c'est déjà, il parle de l'Élysée,
57:42 eux-mêmes conviennent qu'il ne fait pas le niveau,
57:44 bon, de la même manière, personne ne s'imagine
57:46 que M. Glucksmann va devenir tout d'un coup
57:49 un candidat à la présidentielle.
57:50 – Ah bon, pourquoi ?
57:51 – Parce que Ford, pour l'instant, est lui-même candidat,
57:54 donc ils sont déjà deux.
57:55 – Il ne le dit pas.
57:56 – Ah, il ne le dit pas, alors lui, vous ne lui demandez pas de le dire.
57:58 – Si, mais enfin disons que c'est plus plausible vous concernant
58:02 que concernant Olivier Faure.
58:02 – Je termine de dire que tout le monde…
58:05 là, je vais faire l'aveu de ma stratégie profonde,
58:08 j'ai décidé de ne plus être candidat à l'Assemblée nationale
58:12 de manière à ce que les talents de l'Assemblée nationale
58:15 ne soient pas gênés par la présence permanente du vieux.
58:18 – Mais vous dites "je serai à la place",
58:20 je le dirai là où on me demande d'aller,
58:21 donc ça peut être, s'il n'y a pas mieux, à la candidature à l'élection présidentielle.
58:24 – Non, mais ce n'est pas comme ça que je vois les choses,
58:26 je vois qu'il y a des candidats qui sont là, qui sont valables,
58:30 vous avez Mme Pannot qui est une brillantissime
58:33 chef de groupe parlementaire qui a fait ses preuves.
58:35 – Qui pourrait être candidate à l'élection présidentielle.
58:36 – Bien évidemment, vous avez un gars comme Emmanuel Bompard,
58:40 qui est comme Emmanuel Bompard, qui est l'homme qui a dirigé
58:43 deux campagnes présidentielles et trois européennes,
58:45 et qui a… bon, c'est une tête, tout le monde le sait, ça en fait deux,
58:49 vous avez François Ruffin qui en est un troisième,
58:52 bon, au moins il y en a trois, et puis je pourrais, moi,
58:54 citer si j'allais jusqu'au bout de mon panel,
58:57 je citerais Clémence Guété qui dirige la mise au point du programme,
59:01 depuis maintenant, deux campagnes présidentielles.
59:03 – Mais vous avez un préféré ou une préférée pour 2027 ?
59:04 – Je n'ai pas le droit, c'est… non, non.
59:06 – Mais au fond de vous, vous en avez une préférence,
59:08 mais vous n'allez pas me le dire.
59:09 – Mais si c'est au fond de moi, ça ne vous regarde pas,
59:10 parce qu'il y a un tas de trucs qui ne sont pas si présentables que ça.
59:12 – Mais vous n'allez pas me le dire.
59:13 – Mais non, et puis surtout, je vais vous dire pourquoi,
59:15 j'ai assisté à une erreur de cette nature,
59:17 j'ai vu François Mitterrand nous imposer un candidat,
59:20 c'est celui-là, et nous, comme on suivait, le vieux avait dit, donc on faisait.
59:24 Résultat, on s'est tapé 10 ans de guerre civile,
59:26 et on s'est affronté bêtement à Lionel Jospin,
59:28 qui était quand même, et de loin, le meilleur des nôtres.
59:31 – Merci beaucoup Jean-Luc Mélenchon d'avoir été là.
59:33 – Merci, ça va, on n'a pas trop monté le ton,
59:34 je n'ai pas été trop désagréable pour vous.
59:36 – Parce que les téléspectateurs jugeront.
59:37 – Non, ne me demandez pas si vous êtes condamné.
59:39 – On a parlé des sujets, sans concession, et on fait du fond.
59:43 – Oui, c'est vrai, on a très bien parlé, j'espère que tout le monde a compris,
59:46 je suis contre le libre-échange, et que donc ça me fait ami des paysans.
59:49 – Merci beaucoup Jean-Luc Mélenchon d'avoir été l'héritier de BFM TV
59:52 et de "C'est pas tous les jours dimanche".