Irène Tolleret, députée européen et viticultrice dans l'Hérault

  • il y a 9 mois
Même si les agriculteurs français sont très aidés par l'UE, notamment à travers la PAC dont ils sont les premiers bénéficiaires en Europe, ils ne ménagent pas leurs critiques à l'encontre de Bruxelles. Notamment en raison de l'importation de produits étrangers qui leur font beaucoup de concurrence.
L'agriculture française ET l'europe, on en parle ce matin avec Irène Tolleret, députée européen, ancien maire de Fontanes et ancienne conseillère départementale de l'Hérault.

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Transcription
00:00 - Vous exprimez sur l'appli France Bleu ici et sur la page Facebook.
00:04 Guillaume... - En voilà une bonne question !
00:06 - Ça donnait quoi sur toutes les réponses ?
00:08 - Vous êtes 257 à avoir voté jusqu'à présent.
00:11 Il vous reste peu de temps pour le faire, un petit quart d'heure.
00:13 Depuis 16h hier après-midi, 257 à avoir voté.
00:17 Vous êtes alors une petite majorité. 41% à répondre l'Europe,
00:21 39% à répondre le gouvernement français et 20% nous, les consommateurs.
00:27 0,467586000. Prenez la parole, dites-nous ce que vous en pensez,
00:30 quel est votre choix de réponse ?
00:32 Le gouvernement français, l'Europe, les consommateurs,
00:34 qui détient là où les solutions pour résoudre les problèmes des agriculteurs ?
00:37 Pour en parler ce matin, nous sommes avec l'eurodéputé
00:39 Irène Tolré, viticultrice aussi dans l'EuroGuillaume.
00:41 - Bonjour Irène Tolré, j'imagine que vous suivez de très très près
00:45 la crise agricole en ce moment pour deux raisons.
00:47 D'abord parce que vous êtes eurodéputée, puis surtout parce que vous êtes viticultrice également.
00:52 Tiens, on parlait de s'asseoir à moitié sur une chaise avec notre auditeur tout à l'heure.
00:56 Est-ce que vous avez l'impression, pardon pour l'expression,
00:58 d'être assise entre deux chaises quelque part, en tant qu'à la fois eurodéputée et viticultrice ?
01:07 - Bonjour Guillaume Rouland, non je n'ai pas du tout l'impression d'être assise entre deux chaises.
01:13 Je suis devant vous en tant qu'eurodéputée et je défends toute l'agriculture,
01:17 pas la viticulture plus ou moins. J'ai eu des choses sur le miel,
01:21 là avant, l'élevage pour les moutons, la prédation,
01:25 donc je défends toute notre bonne agriculture française et européenne.
01:29 - Alors on va rappeler à ceux qui nous écoutent qu'ils peuvent appeler,
01:31 c'est maintenant qu'ils doivent le faire pour nous donner leur avis
01:36 sur la question qu'on leur pose ce matin.
01:38 Le résultat de notre mini-sondage ce matin,
01:40 petite majorité de gens qui disent que c'est à l'Europe sans doute de régler le problème.
01:44 Ça vous surprend ?
01:46 - Pas du tout. En France, quand c'est compliqué, que ça va mal,
01:50 on arrive à dire que c'est la faute à l'Europe alors qu'on fait beaucoup de choses très très bien.
01:54 Mais là sur ce coup-là, je voudrais quand même dire aux auditeurs,
01:57 que le consommateur est le papa.
01:59 - La loi immigration, l'Europe n'a pas été trop mise en cause.
02:02 Là elle l'est véritablement parce qu'en matière agricole,
02:04 elle est quand même très impliquée, il faut le reconnaître.
02:06 - Je faisais un petit sourire, un petit joke.
02:10 En fait en vrai, bien sûr qu'on va parler de la chose européenne,
02:13 mais en vrai, là tout de suite maintenant, par rapport à la situation des agriculteurs,
02:17 il y a une solution que tout le monde peut faire,
02:19 c'est aller acheter des produits français ou européens,
02:23 faire cet effort-là, parce qu'ils en ont besoin.
02:26 - Donc quand il n'y a que 22% de nos auditeurs qui disent que c'est aux consommateurs d'agir,
02:32 ça veut dire qu'ils ne se sentent pas impliqués ?
02:35 - Je pense qu'ils n'ont pas la mesure des conséquences.
02:40 Par exemple, sur le lait, une rémunération qui permet aux agriculteurs
02:46 qui fabriquent du lait de vivre, pour un ménage,
02:49 l'impact annuel sur son budget c'est 2 euros.
02:52 Il y a des ménages qui ne les ont pas, il y a des ménages qui les ont.
02:56 Et donc il faut acheter des laits où il y a les rémunérations des agriculteurs
03:00 qui sont mis dessus pour garantir.
03:02 - Vous adressez en particulier à ceux qui ont les moyens d'acheter,
03:05 vous prenez l'exemple du lait, mais il n'y a pas que celui-là,
03:08 mais des produits plus chers, parce que c'est aussi la problématique aujourd'hui,
03:12 c'est que beaucoup de gens à cause de l'inflation achètent des produits moins chers
03:16 qui sont des produits d'importation.
03:18 Ce que l'Europe autorise d'ailleurs, on va y revenir.
03:21 - J'entends ce que vous dites, dans le même temps on a 30% de gâchis alimentaires,
03:25 donc il faut peut-être qu'on mange mieux.
03:27 C'est-à-dire qu'on achète sur certaines catégories de produits
03:31 qui sont en grande difficulté, en gros tout ce qui est l'élevage,
03:36 mais pas que, qu'on fasse cet effort d'acheter des produits locaux,
03:41 des produits français, des produits européens,
03:44 quitte à en acheter moins en quantité et à moins gâcher.
03:48 - Alors l'Europe est beaucoup pointée du doigt, Irène Tolré, pour plusieurs raisons.
03:52 D'abord ce que les agriculteurs appellent la sur-transposition,
03:58 c'est-à-dire des normes environnementales, notamment françaises,
04:02 qui se juxtaposent déjà à des normes européennes.
04:06 Il n'est pas normal qu'on achète des produits qui proviennent de pays
04:10 où les normes sont moins restrictives.
04:12 Pourquoi l'Europe n'a pas réglementé tout ça ?
04:15 - Alors en fait, il y a des règlements européens,
04:18 et en France on a une tradition qui vient de dizaines d'années dernières.
04:24 Ce n'est pas le gouvernement actuel ni le gouvernement précédent,
04:27 c'est une habitude nationale de rajouter des trucs.
04:30 Et donc en fait on se retrouve à avoir des règles françaises plus strictes,
04:35 alors même que le marché unique est unique.
04:38 - Et l'Europe ne peut pas régler ça ? Parce qu'elle impose à certains pays
04:41 de mettre en place des normes, mais elle ne peut pas aussi leur imposer
04:44 de ne pas non plus trop en faire ?
04:46 - Bah non. Sur ce sujet-là, sauf si on met en place un règlement,
04:50 ce qui était un petit peu l'objet de la bataille politique
04:54 que je mène au Parlement européen, c'est que dans la mesure du possible,
04:57 quand on a un bon texte français, parce qu'on a un bon texte français,
05:00 qu'on les européanise pour avoir les mêmes règles.
05:03 En revanche, ce qui est sûr, c'est 40% de notre économie nationale,
05:07 je ne parle pas que de l'agriculture, est liée au marché unique,
05:10 qui repose sur la libre circulation des biens et des personnes.
05:13 Et donc si on n'a pas les mêmes règles, on se met une balle dans le pied.
05:16 - Alors cette circulation des personnes et surtout des biens,
05:20 elle arrive à des situations totalement...
05:24 qui provoquent un vrai problème pour les agriculteurs,
05:28 c'est-à-dire la rémunération. Alors juste prix, un mot de la loi Egalim.
05:31 Est-ce que vous trouvez normal qu'il faille attendre que les agriculteurs
05:34 bloquent des péages pour que tout d'un coup, on ait un ministre de l'économie
05:37 en France, Bruno Le Maire, pour ne pas le citer, qui dise
05:39 "Ouh là là, cette fois-ci, maintenant je vais me fâcher".
05:41 Pourquoi il ne l'a pas fait avant ?
05:42 - Alors en fait, il y avait Egalim 1, et puis il y a eu Egalim 2,
05:45 avec une loi d'écrosailles qui est arrivée le 12 janvier 2023.
05:50 Donc en fait, depuis 2023, nous sommes un certain nombre
05:55 à être mobilisés, y compris au niveau européen,
05:58 pour que certaines pratiques des enseignes pour contourner la loi Egalim soient...
06:07 - Oui, mais ça n'a pas bougé. Du côté du gouvernement français,
06:09 vous le reconnaissez que ça n'a pas bougé à l'époque.
06:11 La loi n'était pas appliquée. Enfin, elles n'ont pas appris.
06:14 - Il y a des personnes qui ont fait des pratiques pour détourner la loi Egalim.
06:20 Donc avant d'aller vers du juridique, il y a un moment donné
06:24 où il y a une discussion, surtout en période d'inflation,
06:27 pour demander aux distributeurs qu'ils prennent leurs responsabilités.
06:30 Je pense que c'est ce qu'a fait le gouvernement.
06:32 Les enseignes en question n'ont pas bougé.
06:35 Bon ben là, on passe sur la phase contrôle et punition.
06:39 C'est logique, quand on a une nouvelle loi qui s'applique depuis janvier 2023,
06:43 d'avoir une première phase où on discute avec les donneurs d'ordre,
06:47 que sont les grandes enseignes, en disant "là, vous êtes en dehors des clous,
06:50 corrigez le tir". Là, au moment où on en est maintenant,
06:54 on est sur contrôle, sanctions, et il va falloir qu'il y ait des sanctions
06:58 financières qui soient émises, parce que je crois que tant qu'ils ne les auront pas,
07:02 ils ne bougeront pas, et puis qu'on avance tous ensemble
07:07 pour sortir par le haut de cette crise.
07:08 - On vous pose une question ce matin, selon vous,
07:10 qui détient là où les solutions pour résoudre les problèmes des agriculteurs ?
07:13 Le gouvernement français, l'Europe ou les consommateurs ?
07:16 04 67 58 6000, Pierre est avec nous, Pierre de Montpellier.
07:19 Bonjour Pierre.
07:20 - Bonjour.
07:21 - Vous en pensez quoi, vous ?
07:23 - Écoutez, moi je pense que...
07:25 C'est les deux mon capitaine, si je puis dire.
07:28 Mais moi ce que j'ai envie de poser comme question à madame la députée européenne,
07:33 c'est est-ce que Gabriel Attal n'a pas fait un pas positif
07:37 par rapport aux agriculteurs, et est-ce que votre rôle de député européen,
07:41 aujourd'hui, quelles que soient vos opinions politiques, personnelles,
07:45 ou normales, si je puis dire,
07:47 est-ce que votre rôle n'est pas d'accompagner et d'enrichir
07:50 les positions de Gabriel Attal ?
07:53 - Alors, je trouve que les propositions qu'a fait le gouvernement
07:58 à travers Gabriel Attal vont dans le bon sens.
08:01 - Sauf qu'il ne suffit pas d'éteindre la colère, on est bien d'accord.
08:03 - Alors, il faut voir ce qui s'est passé.
08:05 On parle d'un mouvement qui est parti de personnes qui étaient hors syndicats.
08:10 Et donc après, débrouillez-vous quand vous êtes un gouvernement
08:14 pour essayer de comprendre ce que veulent des tas d'individus partout.
08:17 Et donc à un moment donné, c'est là où les syndicats...
08:19 - On est d'accord que c'est un mouvement protéiforme,
08:21 mais les revendications sont communes à un peu tout le monde.
08:23 - Alors là, d'après ce que j'ai compris, la FNSEA au niveau national
08:26 porte 122 propositions, demandes.
08:30 Quand moi j'ai été à Carbone et j'ai passé 4 heures à Carbone,
08:33 j'ai entendu 3 demandes.
08:35 Et ces 3 demandes-là, elles ont été traitées dans le plan d'urgence.
08:37 Après, il y a des choses qui ne peuvent pas trouver de solution
08:41 de manière immédiate.
08:43 Donc le gouvernement a dit, sur le choc de simplification,
08:45 il y a le salon, l'agriculture, on travaille ensemble
08:47 pour avoir des vraies propositions.
08:49 Et puis il y a le sujet européen, où il faut qu'on embarque
08:51 un certain nombre de modifications de textes européens.
08:56 - Merci Pierre pour votre question.
08:58 Il y a Magali qui est à Montpellier aussi avec nous ce matin.
09:00 Bonjour Magali.
09:01 - Oui bonjour. Bonjour Madame la députée.
09:04 Moi je pense qu'il faut...
09:06 Il y a surtout des paroles, là, il n'y a pas des actes.
09:08 Et vous savez parfaitement, vous en faites partie,
09:11 du système de l'agro-industrie qui écrase complètement
09:14 le revenu des agriculteurs. Vous le savez ça.
09:16 Vous savez qu'il faut changer de modèle agricole
09:18 face au réchauffement climatique.
09:20 Il n'y a rien qui se fait...
09:22 D'autres pays européens prennent les choses en main
09:24 et aident les agriculteurs.
09:26 Comment vous voulez comprendre qu'un agriculteur bio
09:28 doive payer pour prouver qu'il est propre
09:31 alors qu'on ne demande rien aux autres ?
09:33 Par exemple, vous voyez, vous savez parfaitement,
09:35 tout ça vous êtes dans le système.
09:37 Et Aaron Rousseau de la FNSA, il est dans ce système.
09:41 On sait que les circuits courts,
09:43 ce n'est pas les consommateurs qui doivent aller les chercher.
09:45 C'est l'État qui doit valoriser les circuits courts
09:48 et valoriser la production de bonne alimentation.
09:51 - Merci Magali d'avoir posé cette question
09:53 parce que c'est la question avec laquelle je voulais terminer.
09:55 Est-ce que, parce que la PAC, on sait bien que la PAC,
09:57 80% des crédits de la PAC en France,
10:01 ce sont 20% seulement des agriculteurs qui en profitent
10:04 et a priori les agriculteurs qui sont plutôt dans un modèle
10:07 productiviste. Est-ce qu'il n'y a pas tout ?
10:09 C'est un peu ce que dit Magali ce matin.
10:11 Est-ce que ce n'est pas tout le modèle agricole
10:13 qu'il faut rechanger, y compris par rapport
10:15 à ce que l'Europe soutient aujourd'hui ?
10:17 - Alors je voudrais d'abord remercier Magali pour sa question
10:22 et lui rappeler que le gouvernement,
10:24 notamment avec le plan de relance, a accompagné
10:26 les développements de projets alimentaires territoriaux,
10:28 donc apporté financièrement le développement de circuits courts.
10:32 Sur le fait qu'on aide moins que d'autres pays européens,
10:35 c'est factuellement faux.
10:36 La France est le pays qui a le plus d'États
10:38 qui accompagnent les agriculteurs.
10:40 - Mais en France, ce sont plutôt de gros agriculteurs
10:42 qui bénéficient de la PAC, on est bien d'accord avec ça ?
10:44 - On a des aides plus importantes pour les plus petits agriculteurs.
10:47 Maintenant, sur la partie des aides qui sont à la surface,
10:49 plus on a de surface, plus on a d'aide.
10:51 Donc ce sont des choses qu'il faut revoir.
10:53 - Il faut revoir le modèle ou pas, Irène Toléré ?
10:55 On va devoir conclure. Il faut revoir notre modèle.
10:57 - Il faut qu'on travaille tous ensemble pour garder
10:59 ce qui fonctionne dans le modèle et corriger
11:01 ce qui ne va pas dans le modèle.
11:02 Mais on ne peut pas dire que tout le modèle
11:03 est à jeter à la poubelle. Non.
11:05 - Merci en tout cas d'être venue ce matin
11:07 pour nous parler effectivement du rôle
11:09 que l'Europe joue et devra jouer
11:11 dans les jours ou dans les semaines qui viennent
11:13 par rapport à cette crise. Merci Irène Toléré.
11:15 - Merci beaucoup. - Bonne journée.
11:16 - Et vous retrouvez cette interview sur francebleu.fr.
11:18 Dans un instant, les infos de 8h.
11:20 L'avenir de l'arbre en ville.
11:22 On va en parler dans quelques minutes.
11:24 C'est le thème en tout cas d'une conférence
11:26 ce soir à 18h30 à Montferrier-sur-Leze.
11:28 Conférence organisée par l'association Non au béton
11:31 et à laquelle va participer une architecte paysagiste
11:33 spécialisée dans l'urbanisme végétal
11:35 et qui sera avec nous juste après les infos d'8h,
11:37 c'est-à-dire dans 5 grosses minutes.
11:39 grosse minute.

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