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Pascal Lebrun, producteur de lait dans le Calvados et président de la branche lait de la Coopérative agricole et de La Coopération Laitière, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils se penchent sur les nombreuses difficultés des producteurs de lait et sur l'incohérence du prix du lait dans la grande distribution.
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00:00 - Europ1, il est 6h42. - Dimitri, vous le disiez il y a un instant, effectivement les négociations entre les producteurs et la grande distribution
00:07 prennent fin demain soir et dans tout cela la filière du lait est en première ligne. Alors ces négociations sont déjà terminées pour les petites exploitations.
00:14 Les producteurs de lait estiment dans tous les cas ne pas être
00:19 rémunérés à la hauteur de leur travail. - Nous vous en parlais avec votre invité ce matin, Alexandre Lemaire, sur Europ1, Pascal Lebrun,
00:25 président de la coopération Laetitière. - Bonjour Pascal Lebrun.
00:29 - Oui bonjour. - Vous représentez une fédération de 240 coopératives laitières en France, vous êtes vous-même
00:35 producteur de lait dans le Calvados. Elles en sont où les discussions avec la grande distribution alors ? Est-ce que vous avez obtenu des hausses de prix ?
00:42 - Oui tout à fait, donc je vais déjà vous rappeler la coopération Laetitière, ce que sont les coopératives laitières. Donc les coopératives laitières sur le territoire
00:50 collectent 55% du lait et transforment 42% du lait. Donc les coopératives déjà ce sont des entreprises
00:59 toujours bon de se le rappeler, des entreprises qui sont pour logement, j'ai envie de dire de l'exploitation,
01:05 de nos exploitations et qui nous appartiennent à nous producteurs. La première mission forcément c'est de collecter,
01:10 transformer et de valoriser ces produits. Donc à travers la grande distribution mais pas seulement. Donc où on en est aujourd'hui ?
01:17 Donc forcément les négociations commerciales se sont terminées pour les petites et moyennes entreprises, comme vous le savez donc il y avait une première
01:25 ronde j'ai envie de dire qui s'est terminée le 15 janvier et pour nous qui n'est pas au rendez-vous.
01:31 Qui n'est pas au rendez-vous puisqu'on n'a pas obtenu les grosses qui étaient demandées.
01:35 - Alors qu'est-ce que vous réclamiez ? Qu'est-ce que vous réclamez toujours et qu'est-ce que vous avez obtenu, Pascal Lebrun, très clairement ? Est-ce que vous avez des chiffres ?
01:41 - Donc oui tout à fait on a des chiffres. Donc nous,
01:44 entreprise laitière, nous étions partis pour aller chercher entre 2 et 4% de hausses auprès de la grande distribution
01:51 et aujourd'hui le compte n'y est pas puisqu'on est plutôt sur une stabilité voire une déflation. Donc pour nous
01:57 ça met en risque la filière et nos coopératives laitières et forcément donc en conséquence nos exploitations laitières.
02:04 - Vous demandez à être payé combien le litre de lait, Pascal Lebrun ?
02:07 - Donc déjà pour rappeler, il est toujours bon de se rappeler quelques chiffres. Donc la hausse des matières premières au niveau de nos entreprises laitières, de
02:16 la consommation ne cesse d'augmenter. Je vais vous rappeler quelques chiffres. Les charges industrielles, pour nous cette année c'est encore plus 4%.
02:24 Donc l'énergie continue d'augmenter quoi qu'on en dise, puisqu'il faut savoir que bon nombre d'entreprises se couvrent sur une longueur plus ou moins
02:31 déterminée, mais ces contrats, j'ai envie de dire, s'épuisent au fil du temps. Nous avons aussi tous les ingrédients quand on prend admettons
02:40 l'ultra frais, les yaourts, donc le sucre,
02:44 les fruits continuent d'augmenter et ça représente encore 4% de hausse pour cette année. Donc il était nécessaire de passer ces hausses pour
02:51 forcément payer
02:52 nous producteurs à travers la matière première à école, qui est le lait, et forcément en conséquence aussi les matières premières industrielles.
02:59 - Pour répondre à ma question, quel est votre seuil de rentabilité à partir de quand vous commencez à gagner de l'argent sur un litre de lait ?
03:06 Combien vous demandez ?
03:08 - Donc pour un producteur c'est variable. Les prix de revient pour un producteur,
03:12 il y a forcément comme dans tout modèle, il y a une hétérogénéité, mais il faut au moins avoir un prix du lait qui soit à hauteur
03:19 de, j'ai envie de dire, 430 à 450 euros payés aux producteurs.
03:24 - Payés aux producteurs, donc par les distributeurs en l'occurrence.
03:27 - C'est-à-dire que nous,
03:30 distributeurs, enfin quand on négocie avec la grande distribution,
03:33 forcément nous la rémunération du producteur, elle se fait à travers la matière première à école, qui est le lait, et aussi les matières premières
03:40 industrielles, puisque pour nous coopérative, les deux vont de pair pour pouvoir rémunérer le producteur à ce juste remunération
03:47 pour pouvoir passer si haut ce qui soit nécessaire. Donc c'est pour ça qu'on était parti
03:50 entre 2 et 4 % auprès de la grande distribution.
03:53 - Pascal Lebrun, quel est le revenu d'un producteur de lait aujourd'hui ? J'imagine que c'est variable également, mais si on prend une exploitation moyenne,
03:59 est-ce qu'on peut avoir une idée ?
04:01 - C'est très variable, c'est très variable en fonction de la performance de l'exploitation, en fonction de son histoire, en fonction...
04:08 enfin il y a beaucoup de facteurs qui vont en ligne de compte, mais
04:11 la rémunération d'un producteur de lait moyenne, elle est entre 1 et 2 SMIC.
04:17 - Entre 1 et 2 SMIC, bon sauf que on parle de 1 à 2 SMIC, mais là c'est pas les 35 heures, c'est en réalité beaucoup plus.
04:23 - Complètement, ramené à l'horaire de travail,
04:27 c'est largement insuffisant, mais on est autour de ça, autour d'aujourd'hui, c'est pour ça que de toute façon
04:35 le problème de la rémunération est vital pour pouvoir
04:37 répondre aux enjeux qui sont les nôtres, c'est-à-dire l'activité et le renouvellement des générations.
04:43 - Et la souveraineté alimentaire, parce que
04:45 l'évolution des chiffres nous montre que la collecte de lait diminue, Pascal Lebrun, vous pouvez nous le confirmer, au point que
04:52 si on continue sur la même lignée, nous devrons importer du lait à partir de 2027, nous ne serons plus autosuffisants en lait en France.
05:01 - C'est pour ça qu'il est urgent, et c'est pour ça de toute façon qu'on reste forcément déterminé.
05:06 On a vraiment des enjeux qui sont importants devant nous,
05:10 comme je viens de vous le dire, l'attractivité, le renouvellement des générations, c'est vital. Un producteur de lait sur deux, d'ici
05:17 7 ans, vont quitter le métier. Donc il est important de pouvoir renouveler, et justement pour pouvoir continuer à être
05:24 autosuffisant en lait en France. L'année dernière, sur l'année 2023, la collecte laitière a diminué de 2,7%.
05:31 Ce qui est considérable. On a perdu en France un milliard de litres de lait en trois ans.
05:35 - C'est un métier qui attire plus les jeunes ? Il n'est plus assez rémunérateur ? On en revient toujours au nerf de la guerre, ils préfèrent se tourner vers les céréales s'ils choisissent le métier d'agriculteur.
05:43 - On ne peut pas, et nous, notre volonté, ce n'est pas celle-ci.
05:47 Notre volonté, c'est de pouvoir justement attirer des jeunes. Le métier de laitier, c'est un très beau métier.
05:52 Je vous rappelle, et je ne vous l'ai pas dit dans mon introduction, mais nous,
05:57 producteurs de lait et la production laitière, on est à travers le territoire national.
06:01 On apporte forcément de la vie économique à travers le territoire, mais pas seulement. On apporte aussi
06:07 forcément des paysages, etc. On apporte beaucoup de choses. Et le métier d'éleveur laitier reste un très beau métier.
06:14 Et notre enjeu, c'est de pouvoir
06:16 renouveler et d'attirer des jeunes. Et on a des jeunes, il ne faut pas dire qu'on n'a pas de jeunes.
06:20 - Il y a qu'on a des jeunes.
06:23 C'est un métier de passionné, mais pour faire récolte à ce slogan qu'on voit beaucoup sur les points de barrage
06:28 des tracteurs, on aime notre métier, mais on aimerait simplement en vivre. Et c'est le message
06:33 que vous nous faites passer, bien logique, ce matin également, Pascal Lebrun. Merci. Je rappelle que vous êtes président de la coopération laitière
06:40 producteur de lait, vous-même, dans le Calvados. Merci à vous.
06:43 [Musique]

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