Quel est le problème avec le bio? BFMTV répond à vos questions
Chaque jour, Roselyne Dubois répond à vos questions sur BFMTV.
Transcript
00:00 - Roselyne, quel est le problème avec le bio ?
00:02 - C'est une bonne question. On va la poser à Philippe Camburet.
00:04 Bonjour, merci d'être en plateau avec nous.
00:06 Président de la Fédération Nationale d'Agriculture Biologique.
00:08 C'est vrai que sur le principe, tout le monde est pour manger bio de meilleure qualité,
00:12 sauf qu'on n'achète pas bio. Ça vient d'où le problème ?
00:15 C'est l'inflation ? On a fait des arbitrages et vous avez trinqué ?
00:18 - C'est aussi l'inflation, mais c'est surtout parce qu'on a oublié ce que c'est que le bio aujourd'hui.
00:23 L'agriculture biologique, c'est l'agriculture la plus contrôlée qui soit.
00:25 C'est l'agriculture qui respecte déjà toutes les normes et puis malheureusement, c'est l'agriculture qui n'est pas récompensée de tous ces efforts-là.
00:31 On le voit aujourd'hui, quand on respecte les normes, on ne gagne pas mieux sa vie.
00:35 On n'est pas spécialement mieux rémunéré.
00:38 Donc, c'est pour ça qu'aujourd'hui, on en profite pour demander enfin à l'État d'assumer ses choix.
00:43 Il a choisi de développer le bio, c'est très bien, mais enfin, il faut mettre les moyens en face.
00:47 Aujourd'hui, on a absolument besoin de 240 millions d'euros.
00:51 Ça a été voté par les députés. Malheureusement, ça a été retoqué par le 49-3.
00:54 Donc, on est reparti en arrière.
00:55 Aujourd'hui, moi, j'attends des annonces, des annonces concrètes sur un vrai plan de développement de l'agriculture biologique.
01:00 Et à ce moment-là, les produits bio vont devenir beaucoup plus visibles.
01:05 Vous pourrez en acheter beaucoup plus parce qu'on aura eu aussi des moyens pour dire ce que c'est que les produits bio.
01:10 On n'en achète pas parce que finalement, on ne les connaît pas assez.
01:12 Et ce qu'on privilégie en agriculture biologique, c'est ses rapports avec les consommateurs.
01:17 Quand on parle au consommateur, qu'on explique ce que c'est que l'agriculture biologique, en général, le consentement à payer, il est évidemment là.
01:22 Et puis, il y a eu l'inflation. Aujourd'hui, comment est-ce qu'on sait qui gagne de l'argent entre le producteur et le consommateur ?
01:29 C'est vrai aussi en bio, c'est vrai pour toutes les filières.
01:31 Donc, on a besoin de beaucoup plus de transparence sur la façon de faire les marges,
01:35 savoir qui s'engraisse finalement sur les produits bio entre le producteur et le consommateur.
01:41 Peut-être que les deux, il y en a un qui paye trop cher et l'autre qui n'est pas assez payé.
01:44 Justement, on a besoin absolument de renforcer ces mesures.
01:47 Donc, j'entends que M. Le Maire va commencer à s'intéresser avec un peu plus de contrôleurs et d'inspecteurs sur le sujet.
01:54 Mais franchement, on part de très, très loin. Est-ce qu'il fallait attendre ça pour commencer à se poser ces questions-là ?
02:00 Je ne crois pas. On a déjà beaucoup de retard. Donc, aujourd'hui, il nous faut ça.
02:02 Et il nous faut évidemment une politique agricole commune.
02:05 On a raté le coche. Celle qui vient de rentrer en vigueur, elle n'est pas du tout au rendez-vous pour ça.
02:09 Donc, il faut absolument la réformer très rapidement pour qu'enfin, on rémunère tous les gens qui font les efforts de respecter les normes environnementales.
02:16 Pourquoi on ne voit pas des producteurs bio sur les barrages en ce moment ?
02:20 Alors, tout simplement parce qu'on partage certaines choses, mais malheureusement, on ne partage pas tout.
02:24 Les normes, vous, vous en voulez plus au contraire ?
02:26 Ce n'est pas nous qui en voulons, c'est la nécessité. C'est la transition écologique.
02:29 On ne la fera pas sans normes. On en a besoin.
02:31 La qualité de l'eau, aujourd'hui, les algues vertes, si on laisse faire, on va encore continuer à avoir des plages complètement souillées.
02:39 La santé, aujourd'hui, c'est l'épidémie de cancer. On fait quoi ? On attend encore ? C'est ça ? On repousse à plus tard le problème ?
02:46 Non, il faut s'attaquer.
02:47 Qui serait lié aux insecticides, à tout ce qu'on ajoute ?
02:49 Évidemment. On a besoin des normes et on a surtout besoin d'être rémunéré quand on fait les efforts en face.
02:52 Et bien sûr, les produits qui ne respectent pas ces normes, peut-être qu'il faut effectivement que les consommateurs soient bien informés de ce que c'est
02:59 et puis qu'ils puissent les mettre de côté.
03:01 L'affichage environnemental qu'on doit avoir sur tous nos produits alimentaires, il faut aussi que l'État mette les moyens pour que ce soit clair pour les consommateurs,
03:08 pour qu'ils sachent vraiment ce qu'ils vont mettre dans leur caddie et ensuite dans leur assiette.
03:12 Pour moi, c'est ça la clé.
03:13 Du coup, vous vous inquiétez là que les producteurs qu'on entend haut et fort, qui réclament moins de normes, gagnent ?
03:19 À votre détriment, finalement ?
03:21 Ils vont se tirer une balle dans le pied s'ils exigent moins de normes, forcément, parce que ce sera...
03:26 Ils l'exigent, ça c'est sûr, ça fait partie de ce qu'ils réclament.
03:29 Et s'ils l'obtiennent, c'est plutôt ça.
03:30 S'ils l'obtiennent, voilà, on va faire machine arrière.
03:33 Et pour vous, ça veut dire quoi ?
03:34 Nous, sûrement la régression du nombre de fermes bio.
03:38 Parce que ça a commencé ?
03:39 Surtout, encore plus de gens qui auront de l'eau non potable aux robinets,
03:44 encore plus de cancers.
03:45 Et franchement, c'est pas ça qui fait envie.
03:47 Il y a 25% des gens qui veulent s'installer en agriculture qui veulent le faire en bio.
03:51 Est-ce qu'on leur donne ce signal-là ?
03:53 Est-ce qu'on leur dit "passez votre chemin, la bio, c'est pas pour vous" ?
03:56 Non, au contraire, ça donne envie d'être producteur en bio.
04:00 Eh bien, profitons-en, profitons-en, donnons enfin le bon signal.
04:03 C'est l'année du renouvellement des générations en agriculture.
04:06 Vous avez entendu parler de ça.
04:08 Si cette année-là, on leur dit que les produits bio, ça n'a pas la cote et ça n'a pas de sens,
04:13 franchement, on aura tout raté.