C'est une démission qui ne passe pas inaperçue sur l'île singulière.
Celle d'un conseiller municipal d'opposition sétois, Sébastien Denaja, qui vient d'annoncer qu'il allait rendre son tablier d'ici cet été.
Il a décidé de démissioner pour dénoncer ce qu'il appelle "les pratiques andi-démocratiques" de l'actuelle majorité.
Il dénonce aussi des pressions, des actes d'intimidation et des menaces sur sa personne ou son entourage.
Celle d'un conseiller municipal d'opposition sétois, Sébastien Denaja, qui vient d'annoncer qu'il allait rendre son tablier d'ici cet été.
Il a décidé de démissioner pour dénoncer ce qu'il appelle "les pratiques andi-démocratiques" de l'actuelle majorité.
Il dénonce aussi des pressions, des actes d'intimidation et des menaces sur sa personne ou son entourage.
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00:00 Vous avez choisi France, Bleu et Rond, et France 3 Occitanie pour commencer ce mercredi.
00:04 Guillaume Rouland, nous sommes avec Sébastien Denaja, conseiller municipal d'opposition à Sète.
00:08 Et pas que conseiller régional, ancien député, aussi sous la mandature François Hollande,
00:14 enfin non ce n'était pas François Hollande à l'époque c'était Jean-Marc Ayrault le Premier ministre,
00:17 Manuel Valls derrière.
00:19 Aujourd'hui vous décidez de quitter votre fonction de conseiller municipal d'opposition à Sète.
00:24 Sébastien Denaja, c'est quoi ? C'est un gros coup de colère ? Un gros coup de ras-le-bol ? C'est quoi en fait ?
00:28 Je veux interpeller mes concitoyens, c'est sûr, à Sète c'est leur dire un truc simple,
00:32 on est des citoyens, libres, on n'est pas les sujets d'un baron.
00:35 Et vous savez le pouvoir, on a tendance à en abuser quand on reste trop longtemps dans son fauteuil.
00:40 Donc je pense qu'à Sète comme ailleurs, le problème de base c'est que quelqu'un qui occupe
00:44 depuis plus de 20 ans un mandat, il a tendance à finir par en abuser.
00:48 Le baron en l'occurrence, c'est pas la peine de tourner autour du pot,
00:52 il s'agit de François Commègne, maire de Sète, confortablement réélu,
00:55 il faut quand même le dire, en 2020 vous vous aviez fait tiquer avec Véronique Calueba,
01:00 avec qui vous formiez, j'en parle au passé, désormais ce tandem d'opposants à François Commègne,
01:05 en même temps il a été légitimement réélu.
01:07 - Oui, mais son pouvoir est légitime, il n'a pas été confortablement réélu,
01:11 il avait fait 47%, mais il y a un problème... - Au premier tour ?
01:14 - Non, non, au second tour. - Au second tour, pardon, autant pour moi alors.
01:17 - Oui, mais il y a un problème de base qui s'applique à Sète comme partout ailleurs,
01:20 il y a un problème démocratique.
01:22 En 82 on a réformé le système électoral municipal, c'était un progrès,
01:25 aujourd'hui c'est un problème, c'est une anomalie.
01:28 Vous faites 47% des voix, comme effectivement l'actuel maire de Sète,
01:31 vous êtes élu et vous avez d'entrée 50% des sièges et le reste.
01:35 Bref, aujourd'hui ce maire, il représente 25% des citoyens,
01:39 mais il a 75% des sièges, donc à la fin vous finissez par perdre un peu les repères,
01:44 et vous finissez par un peu...
01:46 crabouiller souvent votre opposition, mais c'est le système presque juridique qui le permet.
01:50 - Cela dit Sébastien Denagev, si vous quittez vos fonctions aujourd'hui,
01:53 c'est pas que parce que François Comeyne gouverne avec les outils réglementaires
02:00 et l'ego constitutionnel qu'on lui offre,
02:03 c'est parce que vous vous dites, parfois c'est allé ou c'est en train d'aller beaucoup trop loin.
02:08 - Oui, bon, moi je ne veux pas embêter vos auditeurs qui sont...
02:12 - Vous avez fait des déclarations dans les colonnes de Noix de Bourg-Camus,
02:14 - Oui, oui, mais je peux les assumer, voilà.
02:16 - Qui vont très loin quand même.
02:18 - En tout cas j'ai conscience aussi que je ne vais pas embêter vos auditeurs
02:20 à l'histoire de corne-cul.
02:21 Mais il ne faut pas s'habituer effectivement à ce que j'ai subi pendant 10 ans,
02:25 comme apparemment plein d'autres élus,
02:27 des intimidations, en répétition peut-être de sympathisants incontrôlés,
02:30 je ne dis pas qu'ils sont forts.
02:31 - Alors c'est quoi ces intimidations ?
02:32 - Bah écoutez, je les ai dites dans les colonnes de votre confrère Midi Libre,
02:36 c'est effectivement "on va te casser les deux genoux", "on va te crever".
02:39 Bon, on s'habitue à ces paroles.
02:41 Autrefois, à Sète, on a toujours eu le verbe haut, c'était peut-être le folklore.
02:44 Moi je dis qu'aujourd'hui on ne peut pas s'habituer à ce que, en tout cas moi,
02:47 depuis 10 ans, je fasse l'objet effectivement d'intimidations,
02:50 qui sont parfois les plus loins, mais je ne veux pas rentrer dans le détail,
02:52 ce n'est pas le sujet.
02:53 - Non mais je vais le dire à votre place si vous ne voulez pas le dire,
02:54 "on va te casser les genoux", "on va te crever", c'est quoi ?
02:57 C'est verbal, c'est écrit ?
02:58 - Non non, ça c'est verbal, oui.
02:59 - Ou alors vous croisez quelqu'un, un homme qui vous montre une photo de vous
03:03 en train de manger un sandwich, et il vous dit "on sait ce que tu fais,
03:07 on sait où tu es".
03:09 - Oui voilà, c'est l'air de rien, j'étais avec ma compagne,
03:11 d'ailleurs sur la photo en réalité je suis avec ma compagne,
03:13 on mange un sandwich, je lui dis "mais c'est quoi cette photo ?"
03:15 "Ah mais c'est pour que tu saches qu'on sait ce que tu fais où tu es",
03:17 c'est délirant même en réalité.
03:19 Ma compagne a été vitrifiée, et moi aussi je me suis dit "mais qu'est-ce que ça veut dire ?"
03:24 Vous voyez, on m'a dit "pourquoi tu n'as pas porté plainte ?"
03:26 Parce qu'aller porter plainte pour un truc comme ça,
03:28 ce n'est pas suffisamment effectivement grave,
03:30 mais ça participe de cette espèce d'ambiance quand même
03:32 qui n'est pas celle du sud de la France, mais plutôt celle du sud de l'Italie.
03:35 Ça n'est jamais allé plus loin.
03:37 - Vous dénoncez un système mafieux quelque part.
03:39 - Non, je n'emploie pas ces mots-là,
03:41 parce qu'effectivement là pour le coup ce serait diffamatoire,
03:43 et je ne dis pas en plus que ces sympathisants-là
03:45 ne se soient pas cru autorisés tout seuls à faire ça.
03:47 Je ne dis pas que derrière il y a la main du maire.
03:49 Mais il y a des gens qui sont dans la dérive aussi
03:52 de ce que doit être normalement le débat démocratique.
03:55 - Vous parlez quand même Sébastien Denaja, pardon de reprendre encore vos propos
03:58 dans "Midi Libre" en début de semaine,
03:59 vous dites des petites frappes au service d'un système quand même.
04:02 C'est bien votre...
04:04 - Oui, des gens, des sympathisants en tout cas,
04:07 au service, croient-ils, d'une cause.
04:10 Ils la défendent très mal.
04:11 En tout cas ce n'est pas en allant menacer un élu.
04:13 À l'époque, notamment quand ça a commencé, j'étais député,
04:16 de lui casser les deux genoux pour faire valoir sa cause.
04:19 En tout cas ça on ne doit pas le tolérer,
04:21 parce que l'avouance verbale, parfois effectivement,
04:23 ça débouche sur l'avouance physique.
04:24 - Bon, ça c'est, j'ai envie de dire, la partie un peu la plus spectaculaire,
04:27 mais vous dénoncez aussi, au-delà de ça,
04:30 une gestion particulière du pouvoir,
04:33 la gouvernance cétoise, vous parlez alors de gestion opaque,
04:37 de conseil municipaux à huis clos.
04:40 - Tous les conseils municipaux, depuis le Covid,
04:42 en réalité se déroulent dans les conditions du Covid,
04:44 c'est-à-dire que c'est dans une petite salle,
04:45 où il n'y a pas le public, il n'y a pas la presse,
04:46 elle est dans un couloir.
04:47 Bon voilà, ça ce n'est pas le monde normal de tenue d'un conseil municipal.
04:51 Normalement il y a le public, y compris la presse,
04:54 qui est dans la même salle.
04:55 Ce n'est pas grand-chose, mais c'est quand même le signe,
04:57 effectivement, d'une démocratie qui ne fonctionne pas bien.
05:00 L'opacité, elle est propre à Asset,
05:02 parce que je pense qu'elle est renforcée pour un certain nombre de raisons,
05:04 mais c'est le système aussi, aujourd'hui, qui le fait.
05:07 Le pouvoir, dans toutes les villes, et Asset en particulier,
05:10 en réalité, il n'est pas exercé au conseil municipal,
05:12 il est exercé dans les sociétés publiques locales,
05:14 celles qui gèrent l'aménagement, l'urbanisme, le foncier, les gros sous.
05:17 Mais là, il n'y a pas l'opposition.
05:19 Il y a un conseil d'administration,
05:21 où tout se décide sur des sujets très lourds,
05:23 un parking à 8 millions d'euros,
05:25 une zone d'aménagement concertée.
05:27 - C'est la place Aristide-Briand.
05:29 - Oui, mais la place Aristide-Briand, en réalité, c'est la ville,
05:31 mais les gens ne savent pas, en réalité,
05:33 c'est une société publique locale qui est derrière.
05:35 Et ça, nous, on n'a aucun moyen de contrôler
05:37 exactement ce qui s'y passe, etc.
05:39 Donc, c'est un sujet qui est renforcé, Asset, je pense,
05:42 par, justement, un comportement, à mon avis,
05:45 qui est vraiment, en plus, lui-même, à la dérive,
05:47 et puis parce que le système, il permet ça, aujourd'hui.
05:49 Ça, il faut le réformer.
05:51 - Alors, justement, vous proposez quoi ?
05:53 Parce que réformer le système, ça veut dire réformer le système électoral
05:56 dans son ensemble.
05:58 Vous vous dites, par exemple, la règle de la moitié des élus acquis,
06:01 déjà, à la liste, qui arrivent en tête au premier tour.
06:04 Il faut arrêter avec ça, parce que ça crée des majorités...
06:06 - Écrasantes.
06:08 - Écrasantes. - Le beau système, il faut être raisonnable.
06:10 Il faut des majorités qui puissent gouverner.
06:12 C'est normal, il faut de la stabilité.
06:14 - On voit bien ce que ça donne à l'Assemblée, en ce moment.
06:16 Je veux dire, vous avez été député, vous connaissez encore mieux
06:18 que quiconque, les parlementaires, mais une majorité,
06:20 à un moment donné, ils en font une pour gouverner, quand même.
06:22 - Évidemment, parce que sinon, regardez, c'est le 49-3.
06:24 Et ça, c'est jamais satisfaisant.
06:26 Mais pour revenir au système municipal,
06:28 moi, je pense qu'il faut l'aligner sur le système régional.
06:30 Ça veut dire que vous donnez à celui qui gagne,
06:32 non pas 50% des sièges, mais 25% des sièges.
06:35 Il pourra gouverner, et en même temps,
06:37 il sera quand même amené à respecter une opposition
06:39 qui respectera plus fidèlement ce qu'on dit les électeurs dans les urnes.
06:43 Parce que vous savez, il ne faut pas s'étonner qu'en ce moment,
06:45 les agriculteurs, ils finissent par mettre le feu
06:48 à des balleaux de paille dans les ronds-points.
06:50 - Je suis en collègue avec eux ce week-end.
06:52 Le problème, c'est le même, c'est un problème démocratique.
06:54 Parce qu'au niveau européen, on est dans une dérive technocratique.
06:57 Et en réalité, la démocratie, elle va mal à peu près à tous les échelons.
07:00 Au niveau municipal, derrière le vernis, patelin et tout,
07:03 ça ne fonctionne pas bien, je viens de l'expliquer.
07:05 Au niveau national, il n'y a qu'à regarder ce qui se passe à l'Assemblée nationale.
07:09 Le Premier Ministre, hier, il est obligé de faire un buzz,
07:12 ou une punchline toutes les secondes, pour espérer être entendu.
07:15 Et à Bruxelles, le citoyen, il n'est pas entendu.
07:18 Donc, je sais bien qu'aujourd'hui, le problème, c'est le plein d'essence,
07:21 c'est la facture de chauffage, etc.
07:23 Et on y est tous confrontés.
07:25 Mais la démocratie, elle est malade, et il faut que nous, les citoyens, on se réveille.
07:28 - À la région, la parole de l'opposant, elle est écoutée et entendue.
07:31 Je vous pose cette question, parce que vous restez conseiller régional,
07:33 vous êtes aux côtés de Carole Delga, vous l'assumez,
07:36 et vous avez tenu à conserver votre poste.
07:38 Mais est-ce qu'on écoute les opposants à la région aussi ?
07:41 - Non seulement à la région, on écoute les opposants, dans leur esprit.
07:44 Carole Delga, c'est quelqu'un qui fait en sorte que toutes nos séances,
07:47 elles soient tenues avec une haute exigence de respect de nos concitoyens.
07:50 Et puis nous, surtout, on fait aussi bien d'autres choses,
07:52 c'est écouter le citoyen plus directement, avec la démocratie participative à tous les étages.
07:57 Pour un certain nombre de budgets participatifs,
07:59 le nom même de la région, c'est les citoyens qui l'ont choisi.
08:01 Ça vous donne la marque, Carole Delga.
08:03 - Ça reste un symbole.
08:05 - C'est un symbole, non, mais il n'y a pas que ça.
08:06 Il y a des budgets participatifs dans à peu près toutes les politiques publiques qu'on fait.
08:09 Et Delga, voilà, Carole Delga, c'est quelqu'un qui, elle,
08:11 elle y est dans les ronds-points aux côtés des agriculteurs.
08:13 Donc la démocratie directe, elle est, voilà, c'est quelqu'un qui est les pieds sur terre.
08:17 - Deux questions rapidement pour terminer, Sébastien Denagella.
08:20 La première, ceux qui vont vous dire,
08:21 "C'est pas en pratiquant la politique de la chaise vide que vous allez faire avancer les choses."
08:24 Répondez-moi à ça.
08:25 - Alors, c'est pas une chaise vide, parce que je suis conseiller régional,
08:27 je suis président du conseil...
08:28 - Oui, mais en tout cas, au tout cas, à Sète, au conseil municipal.
08:31 - Oui, ben, je serai plus, effectivement, dans une...
08:33 acheté sur une chaise où je suis pas utile,
08:35 parce qu'en réalité, depuis dix ans,
08:36 même quand on fait une proposition constructive au maire de Sète,
08:38 il la retient pas.
08:39 Ça aussi, c'est un problème français.
08:41 C'est pas possible que, tout jamais, on retienne une seule proposition
08:44 d'un type de l'opposition qui, des fois, dit pas que des conneries.
08:47 Bon, voilà.
08:48 Et c'est pareil au niveau national.
08:49 J'ai été député, l'opposition, elle est systématiquement écrabouillée.
08:53 Alors, je dis pas qu'on va devenir des Scandinaves ou des Canadiens,
08:55 mais quand même.
08:56 - Et dernière chose, la prochaine échéance électorale, c'est 2026.
09:00 Vous vous inscrivez dans cette perspective ?
09:02 - Ah oui, ben, alors, 2026...
09:04 - À Sète, je parle.
09:05 - Mais 2026, moi, je serai, de toute façon,
09:08 conseiller régional encore, je serai un citoyen très engagé
09:11 pour qu'effectivement, il y ait un changement.
09:12 - De candidat, de nouveau, comme vous l'étiez en 2020 ?
09:14 - Mais je serai peut-être dernier d'une liste, ou premier, ou...
09:17 - Et pourquoi vous voulez y retourner ?
09:18 - Non, mais je serai engagé dans le combat municipal
09:21 pour qu'il y ait un changement d'air, et d'air, voyez, voilà.
09:24 On a besoin de respirer à Sète, la démocratie a besoin de respirer.
09:26 Et si je suis dernier d'une liste, ou même absent d'une liste,
09:29 je serai quand même engagé dans le combat à tracter dans les ronds-points.
09:33 - Merci Sébastien Denagey d'être venu dans le 6-9 ce matin.
09:36 - Merci à vous.
09:37 - A re-écouter sur notre site internet, francebleu.fr.
09:40 Il est 8h20, on va accueillir Roger Dupont.