Soir Info (Émission du 31/01/2024)

  • il y a 9 mois
Julien Pasquet et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité de la journée dans #SoirInfo

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Transcription
00:00:00 Bonsoir à tous, très heureux de vous retrouver donc en ce mercredi soir pour le coup d'envoi de SoirInfo.
00:00:06 Je vous accompagne jusqu'à minuit sans aucune interruption pour revenir essentiellement bien sûr sur cette crise des agriculteurs,
00:00:12 ces tracteurs qui se rapprochent de la capitale. On va en parler tous ensemble et se poser toutes les questions qui soulèvent des interrogations
00:00:19 avec notamment Amélie Robière ce soir. Bonsoir Madame, merci beaucoup d'être présente.
00:00:23 Vous serez notre grand témoin si je puis dire puisque vous êtes la vice-présidente nationale de la coordination rurale
00:00:28 et il y a beaucoup beaucoup de choses à dire ce soir particulièrement. Jean-Claude Dacier parmi nous,
00:00:33 bonsoir cher Jean-Claude, chroniqueur politique, bonsoir à Yoann Uzay, journaliste politique pour CNews.
00:00:38 De l'autre côté de la table bien sûr Karim Abri qui est présent de la rédaction de CNews,
00:00:42 Maxime Thiebaud également, bonsoir, avocat et Jean-Sébastien Ferjoux également directeur de la publication d'Atlantico.
00:00:49 Voilà pour les présentations. L'actualité nous emmène aux portes de la capitale.
00:00:54 Aujourd'hui donc la tension monte sur l'ensemble du territoire avec près de 100 points de blocage sur les routes
00:00:59 en raison des barrages des agriculteurs un petit peu partout sur le territoire.
00:01:02 Les policiers et gendarmes ont procédé à plusieurs interpellations d'agriculteurs.
00:01:06 On va y revenir aujourd'hui dans le secteur du marché de Rungis.
00:01:10 Rungis pourtant, ligne rouge à ne pas franchir pour le gouvernement.
00:01:13 On vient d'apercevoir Augustin Donadieu. On est sur plusieurs points stratégiques,
00:01:19 notamment avec vous cher Augustin, donc à Rungis, avant d'aller dans le Val-de-Marne aux alentours de Maisons-Alfort
00:01:25 où plus de 90 personnes sont gardées à vue ce soir. Un point avec vous à Rungis
00:01:30 qui est un petit peu le point névralgique de la contestation ces dernières 24 heures.
00:01:34 Donc ça a été très agité. Les forces de police sont toujours présentes pour empêcher de nouvelles intrusions à Rungis.
00:01:40 Tout simplement, quelle est la situation ce soir ? Le dispositif est-il maintenu ?
00:01:45 Et les agriculteurs sont-ils susceptibles de se rapprocher du marché d'intérêt national ce soir ?
00:01:53 Alors ce que je peux vous dire, cher Julien, c'est que ce soir le dispositif est maintenu,
00:02:00 je dirais presque même renforcé. Une certaine pression pèse sur ces forces de l'ordre présentes.
00:02:05 Vous le voyez, qui contrôlent instantanément toutes les voitures, les véhicules qui veulent pénétrer dans le marché de Rungis.
00:02:11 De plus en plus d'un an avant, les forces de l'ordre sur ce barrage sont équipées de stop-stick.
00:02:15 Vous savez, ce sont ces barres cloutées qui permettent de crever les pneus d'un éventuel véhicule qui souhaiterait forcer le passage.
00:02:22 À l'instant où je suis en train de vous parler, un hélicoptère vole en stationnaire au-dessus de ce marché international de Rungis.
00:02:29 Un dispositif maintenu avec deux véhicules blindés de la gendarmerie nationale,
00:02:34 avec des compagnies de CRS aux cinq entrées et sorties de ce marché international.
00:02:40 Les forces de l'ordre nous disent que depuis 20h, aucune intrusion, aucune tentative n'a été effectuée par des agriculteurs.
00:02:47 Nous étions il y a quelques minutes maintenant avec Fabrice Elsner derrière la caméra,
00:02:52 avec le convoi d'agriculteurs, vous savez, celui qui est venu d'Agin, qui est parti d'Agin lundi.
00:02:56 Son objectif était de rallier Rungis, là où nous sommes actuellement.
00:03:00 Ils ont été stoppés dans leurs courses cet après-midi par les forces de l'ordre à une quinzaine de kilomètres d'ici.
00:03:05 Et ils ont été reconduits vers la campagne direction, loin de Paris, ces agriculteurs qui nous ont dit que les 91 interpellations,
00:03:12 les 91 gardes à vue, les ont quelque peu refroidis.
00:03:16 Ils nous ont également dit que cet objectif d'atteindre Rungis avait été obtenu, atteint par leurs confrères.
00:03:24 Pour l'heure, ici à Rungis, rien n'a signalé, si ce n'est une attention toute particulière de la part des forces de l'ordre
00:03:29 à contrôler tous les véhicules qui entrent et qui sortent ici à Rungis.
00:03:32 Drôle d'ambiance autour de cet immense marché le plus grand au monde à Rungis, dans le sud de Paris.
00:03:39 On vous retrouvera tout au long de la soirée, Augustin, bien sûr.
00:03:41 On garde un oeil attentif à ce qui peut se passer à Rungis, avant de passer aux commentaires en plateau,
00:03:46 direction également Maison-Alfort, puisque c'est là que l'on retrouve Michel Dos Santos,
00:03:50 qui nous attend avec les équipes CNews.
00:03:52 Vous savez que 15 agriculteurs ont été placés en garde à vue ce matin.
00:03:56 Ils ont été entendus au commissariat de Créteil avant d'être relâchés.
00:03:59 En revanche, 91 autres agriculteurs, eux qui ont réussi à entrer dans un jus,
00:04:04 ont dû se rendre au commissariat de Maison-Alfort et sont actuellement sous le régime de garde à vue,
00:04:10 après une plainte de la direction du marché d'intérêt national.
00:04:14 Quelle est la situation, Michel Dos Santos ?
00:04:15 D'abord, quelle est la raison précise de cette mise en garde à vue de ces 91 agriculteurs aujourd'hui ?
00:04:24 Concernant la raison précise, je pense qu'il est plus légitime de poser la question à l'avocate qui est à mes côtés,
00:04:31 qui est Déborah Rouhaled, avocate de Karine Duc.
00:04:35 Karine Duc, c'est l'une des interpellées qui était là cet après-midi à Rungis,
00:04:39 lorsque des agriculteurs de la coordination rurale ont tenté de rentrer,
00:04:44 et sont rentrés d'ailleurs dans cette société de logistique.
00:04:47 Bonsoir maître, merci beaucoup d'être avec nous.
00:04:50 Est-ce que vous avez pu échanger avec votre cliente ?
00:04:53 Alors malheureusement non.
00:04:55 Contre toute attente, puisque tout droit d'un gardé à vue, c'est de voir son avocat quasiment immédiatement,
00:05:02 une fois qu'il a été placé en garde à vue,
00:05:05 et que l'avocat puisse avoir accès, alors pas à la procédure évidemment, mais à la notification des droits.
00:05:10 Ce soir, je me suis présentée, alors que ça faisait déjà 4 heures que ma cliente était en garde à vue,
00:05:14 et on me dit qu'il est impossible que je sois mise en présence de ma cliente,
00:05:19 et il est impossible également de me communiquer l'EPV de notification des droits.
00:05:23 Donc c'est une situation que je ne comprends absolument pas,
00:05:27 totalement injustifiée,
00:05:31 c'est-à-dire qu'aujourd'hui je ne sais même pas si ma cliente est gardée à vue dans un cadre légal.
00:05:37 Pour quel motif elle a été interpellée ?
00:05:39 Alors, je ne sais pas, c'est la presse qui a communiqué l'information,
00:05:46 parce que moi je n'ai pas pu corroborer cette information.
00:05:49 Elle aurait été placée en garde à vue pour dégradation de biens,
00:05:53 et pour association en vue de dégradation de biens.
00:05:58 Au vu des faits, est-ce que ce motif est légitime ?
00:06:02 Je ne sais absolument pas, j'ai eu d'autres sons de cloche,
00:06:05 de personnes qui m'ont dit qu'il n'y a absolument eu aucune dégradation,
00:06:09 et notamment des membres de la coordination rurale.
00:06:12 J'ai eu communication de vidéo qui ne montrait absolument aucune dégradation,
00:06:16 donc la première infraction a priori ne semble pas vraiment constituer.
00:06:20 Et quant à la deuxième, il faut l'intention d'aller détruire quelque chose.
00:06:24 Il peut tout à fait que ma cliente soit rentrée dans un gis,
00:06:28 uniquement pour dire qu'elle était là,
00:06:31 et qu'elle portait des revendications, c'est tout, sans aucun objectif de dégradation.
00:06:36 Donc à ce stade je ne sais pas du tout ce qui se passe.
00:06:39 Demain, il y aura à priori, on vient de me dire,
00:06:44 qu'il y aura des auditions à partir de 9h, j'en saurais peut-être plus, j'espère.
00:06:48 En tout cas, qu'on m'explique pourquoi je n'ai pas pu être mis en présence ce soir,
00:06:52 pourquoi je n'ai pas eu un PV de notification.
00:06:55 À ce stade, je considère que ma cliente est certainement à l'intérieur, sans cadre légal.
00:07:01 Voilà, 91 personnes interpellées cet après-midi à Rungis.
00:07:06 On le rappelle, une plainte a été déposée par le Mines pour dégradation.
00:07:10 C'est donc le motif de cette plainte.
00:07:13 Et pour le moment, effectivement, ces 91 personnes ont été interpellées,
00:07:16 placées en garde à vue dans différents commissariats du Val-de-Marne,
00:07:19 ici où l'on se trouve, mais aussi à Alfortville, à Créteil ou encore à la île des Roses.
00:07:23 Et bien sûr, un tout dernier mot, Michael, je sais que pour vous c'est compliqué de répondre à cette question,
00:07:27 mais il y a quand même une très grande chance ce soir,
00:07:29 pour que ces 91 interpellés passent la nuit derrière les barreaux,
00:07:33 dans les différents commissariats où ils se trouvent.
00:07:35 A priori, c'est le scénario qui est en train de se dessiner.
00:07:37 Je vous le confirme, effectivement, je vous le confirme,
00:07:42 avec bien sûr Maître qui est juste à côté de moi et qui va pouvoir nous le dire aussi,
00:07:46 les personnes vont bien passer leur nuit en garde à vue, jusqu'au minimum demain matin, on imagine ?
00:07:53 Tout à fait, tout à fait.
00:07:55 Et je n'ai encore pas la confirmation que demain matin, il y aura d'éventuelles auditions.
00:07:58 Je sais que ma cliente et les personnes qui ont...
00:08:04 On a un petit problème de son, je ne sais pas si on m'entend.
00:08:06 Ça, parce que l'OPJ est absent.
00:08:08 Voilà, effectivement, donc elle nous le confirme, les 91 personnes interpellées et placées en garde à vue
00:08:16 ont bien passé la nuit ici, car l'OPJ est absent.
00:08:19 Incroyable, incroyable.
00:08:21 Je ne sais même pas comment agir, parce que je ne m'attendais pas à ce type d'information.
00:08:25 Merci beaucoup, Michael Dos Santos, merci à l'avocate de Karine Duc,
00:08:28 co-présidente de la coordination rurale du 47, d'avoir répondu à vos questions.
00:08:34 Évidemment, Camille et Robière, je vais vous donner la parole en tout premier lieu.
00:08:37 Je voudrais juste que nos téléspectateurs voient cette séquence,
00:08:39 avant qu'on prenne tous la parole et qu'on commente ce qui se passe.
00:08:42 C'était un petit peu plus tôt aujourd'hui, ou plutôt en fin de journée.
00:08:46 Les 80-90 agriculteurs qui sont entrés dans l'enceinte de Rungis
00:08:52 apprennent qu'ils vont devoir monter dans des fourgons de police
00:08:54 et aller directement au commissariat en vue d'une notification de garde à vue.
00:08:57 C'est le président de la Chambre agricole du Lot-et-Garonne qui leur apprend.
00:09:01 Écoutez-moi, écoutez-moi. On va aller tranquillement au commissariat de Créteil.
00:09:09 Voilà. Il y a un dépôt de plainte du mine.
00:09:14 Et donc, on va aller au commissariat de Créteil, où on va être entendus.
00:09:19 Ça s'appelle de l'épuisement. Vous ne risquez rien, vous le savez.
00:09:23 Vous ne risquez rien. Ça s'appelle de l'affaiblissement et de l'épuisement.
00:09:29 S'ils ont que ça à nous proposer en réponse, vous inquiétez pas.
00:09:33 Un jour, on reviendra ici.
00:09:35 Restez tranquilles, n'ayez pas peur. Je vois dans vos visages,
00:09:39 certains qui n'ont pas l'habitude, tous les primos délinquants, là.
00:09:44 Les primos délinquants. Ne vous inquiétez pas. Rien de grave.
00:09:49 Voilà. Ils vous ont laissé les portables, ils vont vous les laisser.
00:09:53 Vous s'en étonnerez. On est bien d'accord ?
00:09:56 Donc ne vous inquiétez pas. Tranquille.
00:09:59 Vous montez dans les camions. Et je ne veux pas faire de comparaison.
00:10:05 Capito !
00:10:07 Amélie Robillard, quelle drôle de séquence les agriculteurs sont en train de vivre.
00:10:12 Je rappelle que vous êtes vice-présidente nationale de la coordination rurale.
00:10:15 La place de nos agriculteurs, c'est dans des fourgons de police
00:10:18 et en garde à vue pendant la nuit ?
00:10:20 Non, c'est lamentable. Mais rien ne m'étonne.
00:10:23 On avait acté dès le début qu'on ferait un convoi en toute tranquillité.
00:10:29 On devait nous laisser arriver à Rungis.
00:10:31 C'était plus le symbole que d'aller embêter les parisiens.
00:10:35 Il y a une plainte ?
00:10:36 Mais il y a une plainte.
00:10:38 Pour de longues détériorations, quelle est l'appellation exacte ?
00:10:42 D'accord, je vois que tout le monde sait.
00:10:45 On va dire exactement dégradation.
00:10:48 Moi je me suis.
00:10:49 Heureusement, c'est vous qui l'avez mieux placée en même temps.
00:10:51 Dégradation.
00:10:52 On devait laisser même quelques agriculteurs, surtout dans les jeunes,
00:10:57 qui avaient fait autant de kilomètres, rentrer à Rungis.
00:11:00 C'était l'aboutissement d'un voyage.
00:11:03 Et puis finalement, on est face à une énorme trahison.
00:11:06 Le ministre de l'Intérieur devait nous permettre de faire ça en toute tranquillité.
00:11:11 Vous avez bien vu que depuis le début, il n'y a aucune violence.
00:11:14 Elle a été énoncée cette ligne rouge de Rungis.
00:11:16 La ligne rouge a été énoncée par le ministre de l'Intérieur.
00:11:19 Et pas seulement aujourd'hui.
00:11:20 Ça fait 24, 48 heures, même peut-être trois jours,
00:11:23 que l'on sait que les grands aéroports, Rungis, sont des lignes rouges à ne pas franchir.
00:11:28 Et qu'en cas de franchissement de ces lignes, en effet, la réponse policière interviendra.
00:11:32 Vous ne pouvez pas plaider la surprise, madame.
00:11:34 Le problème, c'est qu'on était en négociation avec le directeur de Rungis
00:11:38 pour pouvoir rentrer en paix, tranquille.
00:11:42 On montrait aux producteurs, justement Rungis,
00:11:47 parce que c'est quand même quelque chose à voir, qui est important.
00:11:50 Finalement, on a été trahis.
00:11:55 C'est la direction de Rungis qui vous a trahis ? C'est ça que vous dites ce soir ?
00:11:57 Oui, on était en pleine négociation.
00:11:59 Il n'y avait aucune violence. Il n'y avait aucun problème.
00:12:03 Mes collègues ont rencontré Gabriel Attal ce matin.
00:12:09 Et le problème, c'est qu'on leur avait dit pareil.
00:12:12 On leur avait dit "mais attendez, vous voyez bien que c'est une population qui n'est pas violente,
00:12:16 on n'a rien cassé, ça traite plus du symbolique qu'autre chose".
00:12:21 Là, il n'y avait aucune raison de les mettre en garde à vue.
00:12:23 Quand on voit en plus de quelle manière ils les mettent en garde à vue, c'est de l'intimidation.
00:12:27 Sauf que ce que le gouvernement n'a pas compris, c'est qu'en face de lui,
00:12:30 il a une population de guerriers. Je vous assure que la population agricole, c'est des guerriers.
00:12:35 Vous êtes en guerre ce soir, Mme Robière ?
00:12:37 Oui, on est en guerre.
00:12:39 Contre qui ? Contre quoi ?
00:12:41 On est en guerre contre les décisions que prennent le gouvernement et qui sont en train de nous tuer.
00:12:45 C'est l'ultime chance. Je ne sais pas si le gouvernement se rend bien compte,
00:12:50 mais il a en face de lui des gens qui n'ont plus rien à perdre.
00:12:54 Moi, je n'ai même plus de quoi payer une paire de lunettes à ma fille.
00:12:57 Je ne sais pas si vous vous rendez compte.
00:13:00 Bien sûr qu'on se rend compte, parce qu'on ne le vit pas et cette réalité, elle est la vôtre.
00:13:06 Mais on entend cette souffrance et on la comprend,
00:13:09 notamment sur cette antenne depuis des jours et des jours maintenant.
00:13:13 Jean-Claude, le pouvoir est en train de prendre un grand risque, je trouve.
00:13:17 C'est fort ce que vient de dire Mme Robière.
00:13:19 Ils sont en guerre, ils sont acculés, ils sont dos au mur.
00:13:23 Si cet incident qui est sérieux, 90 personnes en garde à vue qui vont y passer la nuit au minimum,
00:13:29 ce n'est pas négligeable. Est-ce qu'il y a eu des dégradations ou pas ?
00:13:32 Personne n'en sait rien. Vous n'en savez rien, moi non plus.
00:13:35 Les responsables de la coordination rurale parlent d'une porte qui a été forcée.
00:13:38 Je ne sais pas. On va y voir clair. J'espère qu'on y verra clair demain.
00:13:42 Et que s'il y a eu un excès de pouvoir de la part du ministère de l'Intérieur,
00:13:48 je pense que ce sera plutôt porté à son discrédit que l'inverse.
00:13:53 C'est au pouvoir ou à la direction de Rungis ?
00:13:55 La direction de Rungis n'était pas libre de décider ce qu'elle voulait faire.
00:13:59 On m'informe que la direction de Rungis a communiqué ce soir.
00:14:01 On va le découvrir ensemble ce que dit Rungis.
00:14:04 Bloquer Rungis, ce n'est pas Rungis qui communique, c'est la FRSEA, la Fédération Régionale.
00:14:11 Vous me dites Rungis ?
00:14:13 Ah oui, d'accord, et du mine, du marché également de Rungis.
00:14:17 C'est un communiqué conjoint, j'ai l'impression, de la FRSEA et du mine
00:14:22 qui dit en gros "Bloquer Rungis, c'est empêcher les agriculteurs de travailler, c'est signé"
00:14:27 Vous le voyez, de Benjamin Simono et Jean-Claude Guéhennec
00:14:30 qui sont respectivement présidents de l'AIDPFL et l'UPFL.
00:14:35 Je crois qu'il faut qu'on ait la prudence, Pascal, il faut qu'on ait la prudence
00:14:39 d'attendre demain pour savoir exactement ce qui s'est passé.
00:14:42 Moi ce qui me frappe quand même aussi, c'est que, bon c'est vrai qu'il y a un désaccord
00:14:47 entre la coordination rurale et les autres syndicats, ça me paraît clair.
00:14:50 J'ai été moi à l'inverse frappé, je dirais pas du bon climat,
00:14:55 mais de l'entente "cordiale" qu'il pouvait y avoir entre des responsables du service d'ordre
00:15:03 et puis les agriculteurs qui n'ont pas envie, on le voit sur cette photo,
00:15:08 ils ont avancé avec leur tracteur, ils sont pas allés jusqu'à l'affrontement et ils ne le souhaitent pas.
00:15:13 Mais encore une fois, moi ce qui me frappe, et je dirais même ce qui m'intéresse,
00:15:18 c'est qu'on a un vrai problème avec l'agriculture en France, c'est une évidence,
00:15:23 ça fait 15 jours qu'on en parle.
00:15:24 - Qu'il dit de vous.
00:15:25 - Mais c'est un problème qui est bien plus large que ça, qui est européen.
00:15:29 Et j'attends avec beaucoup d'impatience la journée de demain,
00:15:33 - Avec Emmanuel Macron, c'est clair monsieur.
00:15:35 - En effet, le président de la République est un fédéraliste,
00:15:38 qui est un homme qui au fond s'interroge sur ce qui se passe depuis 15 jours dans ce pays
00:15:43 et dans les autres pays européens.
00:15:45 Il y a l'Ukraine, il y a les Jachères, il y a beaucoup de choses.
00:15:50 - Jean-Claude, on va vraiment diviser cette émission en deux parties,
00:15:52 entre cette colère, les faits et en effet la réponse à la bosse de demain.
00:15:55 - C'est demain que ça va se passer et j'espère que cet incident regrettable des gardes à vue de ce soir
00:16:01 sera le plus grave, le plus...
00:16:03 - Mais il est terminé à se reproduire cet incident.
00:16:04 - Je ne le pense pas. J'espère que non.
00:16:05 - Moi je pense qu'il est terminé à se reproduire parce qu'ils sont en guerre,
00:16:07 comme madame Rovière vient de le dire.
00:16:09 Rungis, ils vont y retourner et le dispositif sera toujours là.
00:16:11 - Je ne crois pas tout ça.
00:16:13 - Avant que vous répondiez à Jean-Claude ou qu'on avance ensemble,
00:16:17 regardez cette ultime séquence à Rungis cet après-midi.
00:16:19 Je voudrais qu'on comprenne aussi à travers cette séquence
00:16:21 l'attitude des agriculteurs face aux forces de l'ordre.
00:16:23 Regardez.
00:16:24 - Vous allez faire un gilot, vous allez péter un câble.
00:16:27 - C'est le sketch.
00:16:28 - Vous allez péter un câble, sérieux.
00:16:30 - Les mères d'air !
00:16:31 - C'est pas les mêmes !
00:16:33 - On n'est pas massifs.
00:16:34 - Oui.
00:16:35 - On n'a pas les boules de pétanque dans les poches.
00:16:37 - Oui.
00:16:38 - On ne va pas vous taper.
00:16:39 - On ne va pas vous taper.
00:16:40 - On n'est pas les mêmes.
00:16:41 - C'est pas les mêmes que dans les 9.3.
00:16:43 - Vous savez ?
00:16:44 - Allons !
00:16:45 - C'est pas les mêmes.
00:16:48 - Vous n'avez pas de mesures.
00:16:49 - Ils ont l'AXA du sud.
00:16:50 - Ils sont pas méchants, ils sont pas violents.
00:16:53 - Vous regardez votre village.
00:16:54 - C'est mon concours.
00:16:55 - C'est pas les mêmes.
00:16:56 - C'est mon concours.
00:16:57 - C'est pas les mêmes, on entend,
00:16:58 parce qu'ils ont l'impression qu'on les prend pour des délinquants.
00:17:00 C'est ça l'impression que vous avez aussi ?
00:17:02 - Déjà, je voudrais juste revenir deux minutes sur le communiqué que vous avez montré.
00:17:07 C'est inadmissible.
00:17:09 - La FNSEA et du marché de Rungis.
00:17:11 - Un syndicat agricole se lie avec quelqu'un qui porte plainte
00:17:15 contre ses copains agriculteurs.
00:17:17 Vous vous rendez compte ?
00:17:18 La FNSEA, on sait tous...
00:17:21 - On a bien compris que vous n'aviez pas les mêmes méthodes d'action.
00:17:23 - Ça fait 50 ans qu'on se voit.
00:17:24 - Le blocage de Rungis, c'est un vrai point central de division entre vous.
00:17:28 - Non mais comment des agriculteurs peuvent taper sur d'autres agriculteurs
00:17:31 et cautionner une plainte comme ça contre des gamins,
00:17:34 des gamins qui ont 20 ans, qui veulent juste défendre leur métier ?
00:17:37 Je sais pas si on se rend bien compte de la situation.
00:17:40 On n'est pas là pour demander la semaine de 4 jours,
00:17:42 on n'est pas là pour demander des vacances,
00:17:44 pour demander d'être payé plus.
00:17:46 On est là pour demander de vivre de notre métier,
00:17:48 de pouvoir travailler en fait.
00:17:50 Donc je sais pas, c'est une population qui est saine,
00:17:53 qui n'est pas délinquante.
00:17:55 Quand on voit qu'on est capable de les mettre en garde à vue,
00:17:57 ils n'ont pas d'avocat, ils vont dormir en garde à vue,
00:18:00 enfin quand même, c'est pas des délinquants.
00:18:02 - Vous pensez qu'il y aura un avant et un après aujourd'hui,
00:18:04 cette étincelle qui vous a...
00:18:06 - Evidemment, des gamins ou même des agriculteurs
00:18:10 qui ont un respect des forces de l'ordre,
00:18:12 parce que c'est dans nos gènes.
00:18:14 En campagne, on a le respect des forces de l'ordre
00:18:18 et c'est ce qu'on inculque à nos enfants.
00:18:20 Donc quand on se fait traiter de la sorte,
00:18:22 bien sûr qu'il y aura des conséquences,
00:18:24 parce que c'est vécu comme une injustice.
00:18:26 Qu'est-ce qu'ils ont fait de mal ?
00:18:28 À part défendre leur métier
00:18:30 et demander de vivre dignement de leur métier.
00:18:32 - Maxime Thibault.
00:18:34 - Moi je suis vraiment choqué par ce qu'il se passe ce soir,
00:18:37 parce que qui dirige la politique pénale ?
00:18:40 La police judiciaire, pardon.
00:18:42 Qui dirige la police judiciaire ?
00:18:44 C'est le procureur de la République.
00:18:46 Qui aujourd'hui a décidé qu'on pouvait placer
00:18:48 91 personnes en garde à vue,
00:18:50 sur un motif qui me semble un petit peu,
00:18:53 je ne sais pas, a priori détérioration.
00:18:55 Mais la garde à vue, ce n'est pas une sanction.
00:18:57 La garde à vue, ce n'est pas une mesure de contrôle
00:18:59 de la liberté d'expression, de la liberté de manifestation.
00:19:02 La garde à vue, elle est là, dans un cadre légal
00:19:04 qui est très précis par le Code de procédure pénale.
00:19:06 Et en tout cas, qui n'est pas là pour venir priver
00:19:09 de l'exercice de liberté fondamentale.
00:19:11 Et ça, c'est ça qui me dérange un petit peu.
00:19:13 Et quand on dit qu'il y a un dépôt de plainte de Rungis,
00:19:15 mais moi je m'en fiche, Rungis, ce dépôt de plainte,
00:19:17 Rungis n'est pas à la direction d'une enquête judiciaire.
00:19:21 C'est le procureur de la République qui est à la direction
00:19:23 d'une enquête judiciaire.
00:19:24 Et moi, ce que je vois aujourd'hui, c'est que vous avez
00:19:26 91 personnes qui vont passer la nuit en garde à vue.
00:19:29 Et je peux vous dire que pour assister très souvent
00:19:31 des clients en garde à vue, une nuit en garde à vue,
00:19:33 c'est choquant.
00:19:34 L'odeur, la saleté, l'ambiance, le bruit,
00:19:37 c'est vraiment quelque chose de très compliqué,
00:19:39 humiliant.
00:19:40 - Parce qu'il y a beaucoup de jeunes agriculteurs,
00:19:42 comme l'a rappelé Mme Robière.
00:19:43 Il y a aussi, j'ai entendu, des gens de 60, 65 ans
00:19:46 qui vont passer la première nuit de leur vie
00:19:48 dans un local de police.
00:19:49 - C'est dégradant.
00:19:50 - Et moi, ce qui me choque, et ma conscience l'a bien expliqué
00:19:53 avec une retenue qui est excellente de sa part,
00:19:57 c'est que le droit le plus fondamental de pouvoir voir
00:20:01 un avocat, de pouvoir éventuellement voir un médecin,
00:20:04 parce que c'est aussi un droit pour le garder à vue,
00:20:06 ne me semble en l'espèce pas respecté.
00:20:08 Vous avez envie de voir votre client, vous avez le droit
00:20:10 de le voir pendant une demi-heure, à tout moment
00:20:12 de son placement de garde à vue, de voir la motivation
00:20:14 du placement de garde à vue pour pouvoir faire,
00:20:16 en qualité d'avocat, des observations par quai
00:20:18 si la garde à vue n'est pas justifiée en droit.
00:20:20 On prive 91 personnes aujourd'hui des droits fondamentaux
00:20:24 prévus par le Code de procédure pénale.
00:20:26 Toutes ces gardes à vue sont, à mon sens, en l'état,
00:20:29 complètement irrégulières et ne sont, en fait,
00:20:32 qu'une expression afin de contrôle politique.
00:20:34 Donc, effectivement, là où je suis d'accord avec vous,
00:20:36 c'est qu'on a en train de voir l'utilisation de la garde à vue
00:20:39 à des fins purement politiques.
00:20:41 Mais ça, on l'avait déjà vu pendant la crise au mois de juin.
00:20:44 Oui, parce qu'on l'avait vu au mois de juin,
00:20:45 vous aviez eu des jeunes britanniques qui avaient été
00:20:47 arrêtés, placés en garde à vue, et c'était le consulat
00:20:50 ou l'ambassade qui avait appelé en prévenant, en disant
00:20:52 il y a des jeunes de situation étrangère de notre pays
00:20:55 qui ont été placés en garde à vue, on ne sait pas pourquoi.
00:20:57 On se souvient, pendant les manifestations au mois de juin,
00:20:59 qu'il y avait eu des placements en garde à vue
00:21:00 pour venir contrôler les manifestations.
00:21:02 Ça, c'est une pratique qui s'est institutionnalisée,
00:21:04 qui est à proprement scandaleuse.
00:21:05 Et qui est illégale.
00:21:06 Et qui est complètement illégale, comme la masse.
00:21:08 Et pourtant, je ne suis pas quelqu'un de gauche,
00:21:10 je suis quelqu'un de droite, mais je suis attaché
00:21:11 aux libertés fondamentales et au respect des droits fondamentaux.
00:21:13 - Mais tu ne dois pas être droit à la liberté.
00:21:15 - Oui, mais ce qu'on est en train de voir ce soir,
00:21:17 c'est qu'on a une dérive qui s'installe en plus très rapidement.
00:21:19 Parce que, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:21:20 C'est 91 agriculteurs qui, plus ou moins,
00:21:22 avec un accord avec Rungis, je n'en sais rien,
00:21:23 je ne suis pas dans vos accords, je ne suis pas dans le secret
00:21:25 des lieux, mais 91 agriculteurs qui sont rentrés
00:21:29 dans un espace a priori sacré.
00:21:31 Je suis désolé, mais la réponse est disproportionnée,
00:21:34 elle est attentatoire à la liberté fondamentale
00:21:36 qui est celle des agriculteurs.
00:21:37 - Le préfet de police de Paris a réagi aujourd'hui
00:21:39 sur cette ligne rouge, sur cette action qui,
00:21:41 selon lui, n'était pas déclarée et devait être réprimandée.
00:21:45 Écoutez-le, on continue de discuter.
00:21:47 - Nous sommes dans une posture qui est une posture
00:21:49 très constructive. Modération, ça veut dire
00:21:53 d'encadrer le mouvement et d'éviter qu'il y ait
00:21:56 des débordements et des troubles à l'ordre public.
00:21:58 C'est la mission que j'ai assignée à l'ensemble
00:22:00 des forces de l'ordre pour l'ensemble de la région.
00:22:02 Île-de-France en tant que préfet de la zone de sécurité
00:22:05 d'Île-de-France, mais il n'en demeure pas moins,
00:22:10 évidemment, que nous ne saurions tolérer des troubles
00:22:13 à l'ordre public, des débordements et, évidemment,
00:22:16 d'éventuelles atteintes aux forces de l'ordre.
00:22:18 Troubles à l'ordre public, débordements,
00:22:19 c'est ce qui s'est passé aujourd'hui à Rungis,
00:22:23 où nous avons eu une tentative d'intrusion dans les locaux
00:22:27 du mine de Rungis par un groupe d'individus,
00:22:31 donc, qui ont été évidemment interpellés,
00:22:33 puisqu'il y a eu une tentative d'intrusion.
00:22:34 Des dégradations, d'ailleurs, ont été commises à cette occasion.
00:22:37 Le ministre de l'Intérieur avait rappelé que notre posture
00:22:40 très constructive, la posture très constructive
00:22:42 des forces de l'ordre n'était pas exclusive
00:22:45 d'un certain nombre de lignes rouges,
00:22:46 notamment de prévenir les troubles à l'ordre public,
00:22:49 d'éviter des dégradations, de ne pas se rendre, évidemment,
00:22:52 sur le marché de Rungis pour en perturber
00:22:54 le bon fonctionnement, de ne pas se rendre sur les aéroports
00:22:56 et de ne pas se rendre dans la plaque parisienne.
00:22:58 Bon, manifestement, cette ligne rouge a été franchie
00:23:01 en fin d'après-midi aujourd'hui, puisqu'un groupe de personnes
00:23:04 s'est livré à une tentative d'intrusion,
00:23:07 heureusement très rapidement déjouée
00:23:09 par les forces de sécurité intérieure.
00:23:10 Je le dis très clairement et très fermement en même temps,
00:23:13 si cela devait se reproduire demain,
00:23:15 nous interviendrons de la même façon.
00:23:16 C'est les instructions qu'on m'a données
00:23:18 le ministre de l'Intérieur, d'avoir une posture
00:23:20 à la fois constructive et défensive
00:23:21 s'il devait y avoir des débordements.
00:23:23 – Mais la vérité, c'est qu'ils n'ont rien anticipé
00:23:25 et qu'ils ont dû réagir un petit peu
00:23:28 face à cette arrivée massive sur Rungis comme ils pouvaient.
00:23:32 – Ce qui est vrai surtout, c'est que le gouvernement
00:23:34 avait quand même prévenu, la ligne rouge avait été franchie,
00:23:37 donc les agriculteurs savaient à quoi ils s'exposaient.
00:23:41 Néanmoins, même si je considère qu'il devait y avoir une réponse
00:23:45 à cette ligne rouge qui a été franchie,
00:23:47 il est vrai qu'elle me semble quand même aussi disproportionnée.
00:23:50 Le procureur de la République, il est placé, me semble-t-il,
00:23:53 sous l'autorité du garde d'Essoe ?
00:23:55 – Alors, pas directement pour les affaires.
00:23:57 Le procureur de la République, il est placé sous le contrôle
00:24:00 de l'avocat général, du procureur général,
00:24:02 mais le procureur de la République, il dirige la police judiciaire
00:24:05 dans le ressort qui est le sien.
00:24:06 Et effectivement, s'il voit que le code de procédure pénale
00:24:09 n'est pas scrupuleusement respecté, ça a l'uite d'assurer
00:24:11 le respect de ce droit.
00:24:12 Parce que derrière, ces personnes peuvent éventuellement
00:24:15 engager la responsabilité de l'État pour l'exercice
00:24:18 de l'autorité judiciaire qui serait illégale.
00:24:20 Et des indemnisations pourraient être demandées
00:24:22 si effectivement la garde à vue n'était pas justifiée.
00:24:24 – Alors, effectivement, qu'on ait pu interpeller ces personnes
00:24:26 parce qu'elles ne devaient pas se trouver là, ça ne me choque pas.
00:24:29 Mais on aurait pu les conduire au commissariat,
00:24:31 vérifier leur identité, les garder…
00:24:33 – Des agriculteurs qui entrent à Rungis paisiblement
00:24:36 pour voir comment le produit de leur travail est géré…
00:24:39 – Oui, mais il n'y a pas… Non mais, pardon, c'est interdit.
00:24:42 Il n'y a pas de débat là-dessus, c'est interdit.
00:24:43 Ils ont fait quelque chose…
00:24:44 – Non, c'est pas interdit d'aller à Rungis.
00:24:45 Le gouvernement a dit qu'il ne voulait pas
00:24:46 que les agriculteurs aillent à Rungis.
00:24:47 Mais ce n'est pas interdit d'aller à Rungis.
00:24:48 – Non, pardon, non, non, c'est une plainte du marché de Rungis.
00:24:50 Vous ne rentrez pas à Rungis comme vous rentrez dans un moulin.
00:24:53 C'est interdit.
00:24:54 Si vous n'avez pas l'autorisation de rentrer, vous ne pouvez pas entrer.
00:24:57 Donc, ils ont fait quelque chose qui est…
00:24:59 – Il n'y a que moi qui ai l'impression
00:25:01 qu'il y a un contexte un petit peu exceptionnel ou…
00:25:03 – Il faut savoir s'il y a une dégradation ou pas.
00:25:05 – Non, mais je me demande, est-ce qu'il y a que moi
00:25:06 qui vois que c'est un contexte un petit peu exceptionnel
00:25:08 et qu'il y a 88 agriculteurs en souffrance totale
00:25:10 qui veulent entrer à Rungis, on peut essayer de trouver un terrain d'entente ?
00:25:12 – J'entends bien, mais là, c'est une plainte privée, d'accord ?
00:25:14 – Très bien.
00:25:15 – C'est une plainte privée du marché de Rungis.
00:25:17 Ils auraient pu être conduits au commissariat, vérifier l'identité.
00:25:20 On les garde de trois heures, on les relâche.
00:25:22 Mais de là à leur faire passer la nuit
00:25:24 sans qu'ils puissent consulter un avocat, c'est une humiliation, c'est scandaleux.
00:25:28 Et c'est une volonté manifeste, me semble-t-il, de les décourager,
00:25:31 compte tenu de la souffrance qui est la leur depuis des années.
00:25:35 Je crois que c'est quelque chose qui n'est pas acceptable.
00:25:37 – Allez, Karima Charney et… Karima Charney, pardonnez-moi, je l'embrasse d'ailleurs,
00:25:41 mais Karima Brick surtout, et Jean-Sébastien Farju qui n'ont pas pris la parole encore.
00:25:45 Pardonnez-moi, Karima.
00:25:46 – Non, mais moi, ce que je vois, j'ai l'impression que du côté des forces de l'ordre,
00:25:50 du gouvernement, ils disent que c'est sous contrôle,
00:25:52 mais on dirait qu'on réagit un peu sous la panique.
00:25:55 Excusez-moi, mais moi, je ne trouve pas ça très rassurant.
00:25:57 Je suis d'accord, on va attendre de voir…
00:25:59 On parle de quelle dégradation ? De quoi on parle exactement ?
00:26:02 De dégradation, de tentative d'intrusion ?
00:26:04 Il y a 91 personnes qui vont dormir en prison.
00:26:07 Excusez-moi, mais moi, je trouve en termes de proportionnalité,
00:26:10 qu'on interpelle les gens, qu'ils se retrouvent au commissariat,
00:26:14 c'est une chose de passer la nuit.
00:26:16 Manifestement, on se dit qu'il faut que les charges soient sérieuses.
00:26:22 Donc, il faudra qu'il y ait une justification de ce qui s'est passé.
00:26:26 Sinon, il faudra une compensation,
00:26:29 c'est-à-dire que les forces de l'ordre devront répondre de ces actions.
00:26:33 On ne peut pas arriver comme ça et se dire
00:26:35 qu'on a une certaine liberté de manifester dans ce pays,
00:26:38 une certaine liberté d'expression.
00:26:40 Oui, il y a la ligne rouge, mais la ligne rouge,
00:26:42 c'était de ne pas bloquer Rungis et de ne pas entrer sur Paris
00:26:46 avec des tracteurs, ce qu'on peut comprendre, évidemment.
00:26:49 Il n'y a personne ici, je peux parler à tout le moins pour moi,
00:26:53 qui trouve que c'est une bonne idée d'aller perturber complètement
00:26:56 le marché de Rungis.
00:26:58 On sait que c'est le ventre de la France, même,
00:27:01 on peut le dire comme ça, à tout le moins de l'île de France,
00:27:03 mais beaucoup plus largement.
00:27:04 Un Français sur quatre se nourrit grâce au marché intérêt national.
00:27:07 Donc, il n'y a personne qui trouve que c'est une bonne idée,
00:27:09 mais je pense que pour une partie des agriculteurs,
00:27:13 c'était plutôt le symbole de dire, bon, on se rend là-bas,
00:27:15 on envoie le message et on verra pour la suite des choses.
00:27:19 Donc, il va falloir rapidement une justification de ce qui s'est passé,
00:27:22 parce que moi, il y a une autre image aussi qui m'a frappée,
00:27:25 qui m'a choquée, et en fait, j'ai un profond malaise
00:27:28 et même une tristesse quand j'ai vu cette image,
00:27:30 quand je vois les agriculteurs qui commencent à lever leurs mains comme ça
00:27:34 pour dire finalement, écoutez, non, on veut se faire entendre,
00:27:37 on n'est pas ici pour casser du flic.
00:27:39 - On n'est pas des émeutiers, en gros,
00:27:41 c'est ce qu'ils font comprendre à force de l'ordre.
00:27:44 - Mais bon, le gouvernement a voulu, je pense, envoyer,
00:27:46 casser, comme on dit, le mouvement dans l'oeuf tout de suite
00:27:49 pour éviter les débordements et d'envoyer,
00:27:51 mais finalement, vous envoyer une espèce de message,
00:27:54 un peu bombe, si vous voulez, pour contrôler les prochains jours.
00:27:57 - Jean-Sébastien, la vérité, c'est qu'ils sont en train
00:27:59 depuis une quinzaine de jours maintenant
00:28:01 de se faire totalement balader, les agriculteurs,
00:28:04 et que leur colère, ce ras-le-bol,
00:28:06 je reprends encore une fois les propos d'Amélie Robillard,
00:28:08 cette envie maintenant d'entrer en guerre contre le pouvoir,
00:28:11 je dirais à un moment, le gouvernement a joué avec le feu.
00:28:15 - Autant je comprends la colère des agriculteurs
00:28:18 et au-delà de la colère, d'ailleurs, l'angoisse par rapport à leur situation
00:28:24 et aussi l'incompréhension face au fait qu'on ne les ait pas écoutés,
00:28:28 mais ce ne sont pas que les agriculteurs,
00:28:30 d'ailleurs, parce que, et c'est bien, je pense,
00:28:32 ce qui explique l'attitude du gouvernement,
00:28:34 c'est qu'il réagit à la fois face à cette intrusion,
00:28:37 alors il est difficile d'avoir un avis sans comprendre exactement
00:28:40 ce qui a pu se passer, l'ampleur des détoriorations,
00:28:44 il faudra bien voir... - Détoriorations.
00:28:46 - Détoriorations, voilà. - Non, non, mais bravo.
00:28:48 - Il faudra bien voir... - C'est pas facile.
00:28:50 - Voilà. Mais il faudra bien voir...
00:28:52 Non, mais il faudra effectivement que ce soit éclairci.
00:28:54 Maintenant, je pense que le gouvernement, c'est surtout très révélateur
00:28:56 du fait qu'il vit dans la peur, mais pas seulement dans la...
00:28:58 - Vous imaginez une tournure plus violente, vous, dans ce conflit ?
00:29:01 Dans les jours, les semaines qui viennent ?
00:29:03 - Je crois que la colère, et ça s'est déjà vu dans d'autres moments de colère...
00:29:06 - Parce que pour l'instant, ils sont irréprochables, c'est ça, mes questions ?
00:29:08 Ils sont absolument irréprochables.
00:29:10 - Le dernier moment dans une manifestation, en France,
00:29:12 c'est dans une manifestation d'agriculteurs, alors ça remonte à 1974.
00:29:15 - Enfin, il y a deux personnes qui ont été tuées
00:29:17 quand le barrage a été forcé la semaine dernière, également, une agricultrice,
00:29:21 et sa petite fille de 12 ans. - Non, mais dans le cadre de la répression
00:29:23 de la manifestation, je ne parlais pas de personnes présentes dans une manifestation.
00:29:26 Mais surtout, ce que je voulais vous dire, c'est que le gouvernement vit dans la peur.
00:29:29 Il vit dans la peur, non seulement des agriculteurs, mais des Français.
00:29:32 Parce qu'il voit, il le sent un peu, qu'il y a un modèle qui est à bout de souffle.
00:29:36 Parce qu'il n'y a pas que les agriculteurs qui sont confrontés à la folie normative,
00:29:39 qui sont confrontés au contrôle tâtillon de l'administration,
00:29:42 qui sont confrontés à des fonctionnaires qui, bien souvent,
00:29:44 ne comprennent pas la réalité, je veux dire, le nombre de chefs d'entreprise dans ce pays.
00:29:48 Mais je ne vous parle pas du CAC 40, je vous parle de petites entreprises
00:29:51 qui, en permanence, sont confrontées à des postures du FISC,
00:29:54 à des postures de l'URSSAF, qui sont complètement délirantes
00:29:57 par rapport à la réalité de ce qu'ils vivent.
00:29:59 Et c'est ce modèle qui est à bout de souffle.
00:30:01 Parce que, bien sûr, qu'il y a l'enjeu à Bruxelles demain.
00:30:03 Et c'est là où, malgré tout, je pense que le gouvernement ne balade pas les agriculteurs.
00:30:07 C'est-à-dire que, pour déconstruire tout ça, ça ne peut pas se faire.
00:30:10 Ça ne peut pas se faire d'un coup de baguette magique.
00:30:14 Il y a... Non, mais il y a... La réalité, c'est aussi...
00:30:17 Regardez le nombre de fonctionnaires au ministère de l'Agriculture.
00:30:20 Il y en a quasiment autant qu'il y en avait en 1955.
00:30:22 Alors qu'il y avait infiniment plus d'agriculteurs en 1955.
00:30:25 - Il y avait infiniment moins de normes. - Il y a des sociologues.
00:30:27 Michel Crozier, le premier, disait que le nombre de fonctionnaires...
00:30:31 Au-dessus d'un certain seuil, l'administration n'a plus besoin du monde extérieur pour exister.
00:30:35 Et c'est ça aussi qui se joue.
00:30:37 Donc, je pense que, nonobstant les obstacles qui se jouent là,
00:30:40 il faudra que le gouvernement... Enfin, ces obstacles de communication,
00:30:44 parce que là, il y a une vraie faute de communication, manifestement, ce soir.
00:30:47 Il faudra que le gouvernement arrive à reparler et à expliquer aussi
00:30:52 que les choses ne peuvent pas se régler d'un coup de baguette magique
00:30:54 et qu'il ne peut pas y avoir des annonces qui, instantanément,
00:30:57 déconstruisent 40 ans, 50 ans, 70 ans, parce que nous ne nous cachons pas derrière notre petit doigt.
00:31:02 C'est une maladie qui est extrêmement française.
00:31:04 Amélie Robéry, une réponse.
00:31:05 Alors, moi, je ne suis pas tout à fait d'accord.
00:31:07 D'abord, je vais revenir 30 secondes sur les garde-à-vue de mes collègues.
00:31:11 Ils ont peur de quoi, en plus ? Ils partent à la course,
00:31:13 ils partent à la cour avec leur tracteur.
00:31:15 Ils ont peur que ça se rassemble.
00:31:17 Laissez parler, s'il vous plaît.
00:31:18 Si ils ont besoin de vérifier leurs identités ou même de les emmener pour qu'ils témoignent,
00:31:23 ça vous les trouvez, quoi. Ils n'allaient pas partir à la course.
00:31:26 C'est du zèle, vous trouvez ?
00:31:27 Évidemment, un tracteur, vous pouvez le rattraper sans problème.
00:31:30 Après, pardon de vous poser cette question, Amélie Robéry,
00:31:32 mais est-ce que c'est vraiment essentiel de bloquer Euringis ?
00:31:34 Est-ce qu'en effet, pour entendre encore une fois la FNSEA notamment,
00:31:38 est-ce que ce n'est pas se tirer une balle dans le pied ?
00:31:40 Euringis vous fait travailler.
00:31:41 Est-ce que Euringis, quel est l'intérêt dans vos revendications
00:31:44 et dans le combat que vous menez de bloquer le marché d'Euringis ?
00:31:46 Je ne dis pas que le combat n'a pas d'intérêt.
00:31:48 Je parle de l'action précise du blocage d'Euringis.
00:31:50 Quel est l'intérêt, franchement ?
00:31:51 Alors là, ils n'ont pas bloqué Euringis.
00:31:53 Ils voulaient s'y rendre.
00:31:54 Non, mais c'était l'idée du début de bloquer Euringis.
00:31:56 Oui, évidemment, mais bon, ils s'y sont rendus.
00:31:58 Ils n'ont pas bloqué Euringis.
00:31:59 Après, c'est le symbole.
00:32:01 C'est nous qui alimentons Euringis.
00:32:03 Il ne faut pas l'oublier.
00:32:04 Et après, on a l'impression que tout le monde découvre qu'il y a une crise agricole.
00:32:08 Mais ça fait des années qu'il y a une crise agricole et que personne ne nous écoute.
00:32:12 Donc là, ils se sont dit, on va faire plusieurs centaines de kilomètres avec des tracteurs.
00:32:16 C'est pour ça que les placer en garde à vue,
00:32:18 quand on se fait 700 kilomètres en tracteur, vous croyez qu'on va partir comme ça ?
00:32:22 Donc déjà, je trouve ça inadmissible.
00:32:25 En plus, on était sur Rungis.
00:32:27 Ils les laissaient arriver à Rungis tranquillement.
00:32:29 On faisait, on posait nos revendications parce que c'était le but aussi.
00:32:33 C'était d'arriver à la capitale pour qu'on puisse nous écouter,
00:32:36 pour qu'on puisse donner nos revendications.
00:32:38 Après, où je ne suis pas d'accord avec vous, c'est pour les mesures immédiates.
00:32:42 Nous, on est très clair.
00:32:43 On a demandé, par exemple, une année blanche pour ce qui est des prêts et des cotisations MSA.
00:32:48 Rappelez-nous ce que sont les cotisations MSA.
00:32:50 C'est les cotisations obligatoires, c'est comme la Sécurité sociale pour vous.
00:32:54 Donc nous, c'est la MSA.
00:32:55 La MSA, c'est l'équivalent de la Sécurité sociale pour les agriculteurs.
00:32:57 Qui rappelle d'ailleurs la MSA que 31% de suicides en plus, je fais cette parenthèse,
00:33:01 pour rappeler à notre téléspectateur,
00:33:03 qu'il y a 31% de suicides en plus que dans le reste de la population chez les agriculteurs.
00:33:07 Par exemple, moi je donne 12 000 euros de MSA par an.
00:33:11 Je suis remboursée 9 centimes d'euro sur les lunettes de mes enfants.
00:33:14 Voilà.
00:33:15 Donc, c'est formidable.
00:33:17 Donc nous, on demande ça.
00:33:19 Une année blanche pour avoir un peu de trésorerie.
00:33:22 Parce qu'on ne peut même plus payer nos factures.
00:33:25 On ne peut même plus payer nos factures.
00:33:27 C'est-à-dire que quand on va à la boîte aux lettres le matin,
00:33:29 on se demande quelles factures on va devoir trier encore.
00:33:31 On reçoit des recommandés de la MSA et d'autres organismes parce qu'on ne peut plus payer.
00:33:35 Donc, concrètement, on demande un peu d'air, un peu de trésorerie.
00:33:39 Le gouvernement peut y accéder rapidement.
00:33:42 Donc on attend...
00:33:43 - Juste un instant, pardon.
00:33:45 - J'en sais la taille.
00:33:46 - Très vite, parce que je voudrais qu'on aille en expérience.
00:33:48 - Je pense, à mon sens, que le gouvernement a peur non pas des agriculteurs de vous,
00:33:51 là en particulier, ce soir.
00:33:53 Ils ont peur que la colère s'étende ailleurs chez les Français.
00:33:55 Parce que l'impact budgétaire, je vais y avoir à vous répondre.
00:33:58 Vu qu'on a vu un certain nombre d'autres professions qui sont excédées,
00:34:01 qui commencent justement à avoir le même degré d'exaspération,
00:34:05 ils savent très bien que les marges budgétaires n'existent pas à l'infini.
00:34:08 Donc c'est ça que je voulais vous dire.
00:34:09 - La RATP qui a posé un préavis jusqu'au mois de septembre.
00:34:11 - Pour les téléspectateurs qui nous rejoindraient un petit peu plus de 23h,
00:34:14 je rappelle que 15 personnes ont été placées en garde à vue un petit peu plus tôt dans la journée
00:34:18 et ont été relâchées en début de soirée.
00:34:20 En revanche, 91 autres qui ont réussi,
00:34:22 91 agriculteurs bien sûr, qui ont réussi à entrer dans l'enceinte du marché de Rungis,
00:34:27 ont dû se rendre en garde à vue.
00:34:30 Donc ont été conduits en garde à vue dans des fourgons de police,
00:34:32 dans plusieurs commissariats du sud de la région parisienne,
00:34:35 notamment Créteil ou encore Maison-Alfort.
00:34:37 C'est là que l'on retrouve notre reporter Michael Dos Santos.
00:34:41 On sait que notamment Karine Duc, qui est l'une des figures de la coordination Rural 47,
00:34:45 l'une des figures de ce mouvement, est dans ses locaux,
00:34:48 gardée à vue comme beaucoup d'autres agriculteurs.
00:34:50 Et une chose est sûre, ils passeront ce soir, la nuit, derrière les barreaux
00:34:54 de vulgaire délinquant Michael Dos Santos.
00:34:57 Oui, c'est une certitude effectivement, certains des gardés à vue,
00:35:04 certains de ces 91 agriculteurs interpellés cet après-midi à Rungis
00:35:09 sont bel et bien ici, dans ce commissariat de Maison-Alfort, dans le Val-de-Marne.
00:35:14 Et ils vont passer la nuit ici, derrière les barreaux, tout simplement.
00:35:18 Et c'est l'avocate de Karine Duc qui nous l'a confirmé il y a quelques minutes,
00:35:22 tout simplement parce que l'OPJ est absent.
00:35:25 Et donc, l'avocate n'a pas pu avoir accès à sa cliente,
00:35:29 n'a pas pu notamment savoir le motif, tout simplement, de ces interpellations.
00:35:34 Pour rappel, il était aux environs de 17h, cet après-midi,
00:35:37 quand certains membres de la coordination Rural ont pénétré dans Rungis,
00:35:42 ont essayé de pénétrer dans les locaux d'un centre de logistique.
00:35:47 Certains d'entre eux ont réussi, ils ont finalement été nassés
00:35:50 par les forces de l'ordre.
00:35:52 C'est là où on leur a indiqué qu'ils allaient tous être interpellés
00:35:56 et donc placés en garde à vue.
00:35:58 Ils sont actuellement dans différents commissariats du Val-de-Marne,
00:36:01 ici à Maison-Alfort, mais aussi à La Île-et-Rose, à Créteil
00:36:04 et dans d'autres commissariats du département.
00:36:08 Quand on a pu échanger avec ces agriculteurs, ils nous le disaient,
00:36:11 on ne comprend pas le motif de cette arrestation.
00:36:13 On est venu de manière pacifique.
00:36:15 Ils sont arrivés avec les mains levées.
00:36:17 Ils n'avaient aucunement envie de se battre avec la police
00:36:21 ou de dégrader.
00:36:22 C'est d'ailleurs là le litige, puisque les agriculteurs,
00:36:25 eux, sont sûrs de leurs faits.
00:36:27 Ils n'ont pas dégradé les locaux de ce centre de logistique.
00:36:30 Pourtant, une plainte a été déposée par le Mine pour dégradation.
00:36:35 - Merci beaucoup, Mika Dos Santos avec Thibaut Marcheteau
00:36:37 depuis le commissariat de Maison-Alfort dans le Val-de-Marne.
00:36:40 Nous partons pour Rungis désormais, avant de reprendre les discussions
00:36:43 en plateau.
00:36:44 Augustin Donadieu, on l'a bien compris, avec Fabrice Elsner
00:36:47 derrière la caméra.
00:36:48 Rungis, et c'est la volonté du gouvernement, affichée notamment
00:36:52 par le ministre de l'Intérieur, doit être une forteresse imprenable
00:36:55 ce soir.
00:36:56 La ligne rouge a été franchie par les manifestants aujourd'hui
00:36:58 et personne ne passera dans le marché d'intérêt national.
00:37:03 - En tous les cas, ce soir, oui, ça ne fait pas de doute,
00:37:07 personne ne passera.
00:37:08 Le dispositif est maintenu et la pression semble s'accentuer
00:37:11 sur les forces de l'ordre.
00:37:13 Avec Fabrice Elsner derrière la caméra, on voulait vous expliquer cela.
00:37:16 Ces derniers jours, on avait le droit, par exemple, d'entrer un petit peu
00:37:18 dans le dispositif pour montrer aux téléspectateurs ce qui avait été
00:37:21 mis en place.
00:37:22 Dorénavant, nous sommes parqués ici, à l'avant de ce dispositif.
00:37:26 Nous n'avons pas le droit d'aller au-delà.
00:37:28 Alors, la raison qui est évoquée, c'est qu'en cas d'attaque
00:37:31 d'une voiture-bellier, ce sont les forces de l'ordre qui nous ont dit ça,
00:37:34 ça nous permettrait d'être mis en sécurité, même si, en réalité,
00:37:36 ici, on est en première ligne, si jamais une voiture-bellier arrive.
00:37:39 Mais ce dispositif est maintenu avec des forces de l'ordre à l'affût
00:37:44 et qui contrôlent chaque camion, chaque camionnette, chaque voiture.
00:37:48 Les conducteurs doivent montrer leur carte professionnelle.
00:37:51 Et chose qu'il n'y avait pas ces derniers jours, c'est que ces fonctionnaires
00:37:54 sont équipés de stop-sticks.
00:37:56 Vous savez, ce sont ces barres métalliques avec, à l'intérieur,
00:37:59 des clous qui permettent d'arrêter un éventuel véhicule
00:38:02 qui souhaiterait forcer le barrage.
00:38:04 Donc, les stop-sticks sont à disposition de ces fonctionnaires
00:38:07 qui contrôlent, encore une fois, tous les véhicules.
00:38:09 Jusqu'à il y a quelques instants, un hélicoptère survolait
00:38:12 le marché international de Rungis de manière stationnaire.
00:38:16 Alors, est-ce qu'ils étaient en train de faire du repérage,
00:38:18 de suivre éventuellement des individus suspects ?
00:38:21 Nous ne le savons pas. Ce que l'on sait, c'est qu'un convoi,
00:38:24 celui provenant d'Agen, a tenté de s'approcher de ce marché international de Rungis.
00:38:30 Nous étions avec eux il y a à peu près une heure, avec Fabrice Elsner.
00:38:34 Ils ont été stoppés net dans leur course à une quinzaine de kilomètres d'ici.
00:38:37 Des forces de l'ordre, des BRAVEM, qui les ont raccompagnés dans la campagne
00:38:42 pour qu'ils passent la nuit dans une ferme à plusieurs dizaines de kilomètres de Paris.
00:38:46 Voilà le marché international de Rungis, et sous bonne surveillance ce soir,
00:38:50 avec, vous le voyez en fond derrière, deux véhicules blindés
00:38:53 de la gendarmerie nationale qui sont en position depuis maintenant plusieurs jours.
00:38:58 Et des forces de l'ordre, évidemment, très attentives au moindre mouvement,
00:39:02 ici devant l'une des cinq entrées du marché international de Rungis.
00:39:06 Amélie Robillard, vice-présidente nationale de la coordination rurale, est toujours avec nous.
00:39:10 Merci beaucoup, Augustin et Fabrice Elsner.
00:39:12 Augustin Donat, du blindé contre tracteur, policier contre agriculteur.
00:39:17 Ça m'apprendra à moquer Jean-Sébastien quand il bafouille.
00:39:20 Ça vous choque ?
00:39:21 Non, absolument.
00:39:22 Oui, oui, ça me choque.
00:39:25 On reconnaît un bon chef au discernement.
00:39:29 Et là, un petit chef, mauvais, mauvais, mauvais chef, le discernement n'y est pas.
00:39:35 On n'est pas des délinquants.
00:39:37 Je trouve que ce cordon, symboliquement, il marque,
00:39:42 et je ne sais pas si c'est votre sentiment, et là encore, on est dans ces deux Frances qui se regardent,
00:39:47 il marque une frontière symbolique entre les grandes villes, les métropoles
00:39:52 et la ruralité, les territoires que vous représentez.
00:39:55 C'est-à-dire qu'on a eu l'impression, quand les forces de l'ordre se sont renforcées un peu pour Rungis,
00:40:01 on a eu l'impression que la ligne rouge dont vous parliez tout à l'heure,
00:40:05 c'était dès qu'on touchait au confort des citadins, ça y est, c'était vent debout.
00:40:11 Attention, je me permets aussi, parce que le confort, Rungis qui alimente un quart des Français,
00:40:15 ce n'est pas juste du confort, de manger et de pouvoir se nourrir chaque jour.
00:40:19 Ce qu'on est venu dénoncer, c'est justement nos conditions de travail et le fait qu'on n'y arrive plus.
00:40:23 Donc quand on parle de confort et même au-delà, vous vous rendez bien compte
00:40:27 que c'est toute une profession qui est en train de mourir.
00:40:29 Et s'il y a autant de jeunes qui nous suivent, c'est parce qu'il n'y a plus d'avenir.
00:40:33 Moi j'ai un enfant qui est en lycée agricole pour reprendre l'exploitation derrière nous.
00:40:38 - Et bien il est courageux. Il est motivé ? - Oui.
00:40:41 - Il a envie d'être agriculteur ? - Il a envie.
00:40:43 - Quand il voit la façon dont vous êtes traité, quand il voit combien vous gagnez par mois,
00:40:47 quand il voit la charge de travail qui est la vôtre, les soucis qui sont les vôtres ?
00:40:50 - Il ne s'est pas trop pris sur la marchandise. Il sait qu'on fait attention à ce qu'on gagne,
00:40:54 le peu qu'on gagne. Il sait que le dimanche, des fois, il faut aller ramasser les vaches qui sont sorties,
00:40:59 qu'il faut aller veller une vache. Le soir de Noël, quand une vache fait la matrice,
00:41:03 enfin un problème... - Fait la matrice ?
00:41:05 - Voilà, fait la matrice. - Je ne connais pas cette expression.
00:41:08 - Elle velle et puis bon... - Ah oui d'accord, fait la matrice.
00:41:11 - Voilà. - On n'ira pas plus loin.
00:41:13 - Voilà. - Ça y est, j'ai saisi.
00:41:15 - Ça peut être grave. Donc voilà, il connaît toutes les contraintes,
00:41:18 mais malgré tout, il veut s'installer parce que...
00:41:21 - Parce que c'est une passion. Mais j'ai l'impression que cette passion,
00:41:23 elle est en train de mourir avec les conditions de travail.
00:41:25 - C'est un mode de vie. Moi, je n'étais pas agricultrice.
00:41:28 Quand je me suis installée avec mon mari, je n'ai pas grandi en milieu rural,
00:41:31 j'ai grandi à Tours, en plein centre-ville, dans un milieu plutôt aisé.
00:41:35 Et puis je suis tombée amoureuse d'un agriculteur. Alors là, ça a été le début des emmerdes.
00:41:39 - Tu ne t'es pas passée par une émission de télé, rassure-moi.
00:41:41 - Non, mais j'ai pris en pleine face ce mode de vie.
00:41:45 Parce que moi, j'entendais dire que les agriculteurs se plaignaient,
00:41:48 la bouche pleine, qu'il y avait de primes.
00:41:50 Et en fait, quand on passe de l'autre côté de la barrière,
00:41:52 je peux vous assurer que ce n'est pas du tout ça.
00:41:54 Et j'ai un immense respect pour cette profession parce que je l'ai découverte.
00:41:57 Et c'est des gens qui travaillent dur, c'est des gens courageux, honnêtes.
00:42:02 C'est une France qu'on n'entend pas d'habitude.
00:42:05 On élève nos gamins dans le respect des forces de l'ordre
00:42:07 et des valeurs qu'on a l'habitude d'avoir en campagne.
00:42:10 Je vous assure que ce n'est vraiment pas la population sur laquelle il faut taper.
00:42:14 Le message qu'envoie le gouvernement en envoyant les forces de l'ordre en face
00:42:19 et en les mettant en garde à vue, ce n'est vraiment pas le message qu'il fallait envoyer.
00:42:23 - Vous êtes prête à aller jusqu'où ?
00:42:24 Yoann va prendre la parole juste après, mais je voudrais vous entendre là-dessus.
00:42:27 Est-ce qu'il y a des mesures qui pourraient venir à bout de votre colère profonde ?
00:42:30 Sinon, vous êtes prête à aller jusqu'où exactement ?
00:42:33 - Alors, on parle jusqu'au bout. Pas de violence.
00:42:37 Enfin, tout à l'heure, on parlait... Non, on n'est pas des cassos.
00:42:40 - Vous m'avez parlé de guerre, madame. La guerre, ça s'accompagne de la violence.
00:42:43 - Oui, mais il peut y avoir des guerres psychologiques aussi.
00:42:46 Non, non, non. Quand on parle de guerre, ce n'est pas de tout casser.
00:42:50 On n'est pas des voyous. On est tous solvables avec des enfants.
00:42:53 Donc, on a tout à perdre aussi là. Le peu qui nous reste, on risque de le perdre là.
00:42:57 Sauf que c'est la dernière chance. C'est un cri de survie, en fait.
00:43:00 C'est un cri de désespoir de la profession agricole.
00:43:04 Et ça, le gouvernement fait la sauvetage.
00:43:06 - C'est peut-être la dernière fois que vous manifestez.
00:43:08 C'est ce que l'agriculteur dirait il y a quelques jours également.
00:43:11 Parce qu'on est arrivé à un stade où c'est maintenant ou jamais, en fait.
00:43:14 - Voilà, c'est maintenant ou jamais.
00:43:15 Et je me dis, mes enfants, si on ne le fait pas pour eux maintenant, on ne le fera jamais.
00:43:21 Mon gamin ne pourra pas reprendre l'exploitation agricole qui a un héritage.
00:43:25 C'est notre terre. C'est notre héritage.
00:43:28 - Que pourrait vous dire le Premier ministre ou le Président de la République
00:43:30 qui, justement, apaiseraient cette colère ?
00:43:32 Parce qu'on a l'impression qu'il y a eu des gestes qui ont été faits
00:43:35 alors qu'ils vous paraissent cosmétiques, je l'entends bien.
00:43:37 Mais quelle annonce pourrait vous contenter de l'entendre ?
00:43:40 - Il entend nos revendications, comme l'année blanche.
00:43:42 - Il y a 140 revendications. Alors ça, c'est à côté de la FNSEA.
00:43:45 Mais je me dis qu'il y a autant de revendications que de particularités dans ce métier.
00:43:50 Tout le monde ne sera jamais contenté, Madame.
00:43:53 - Non, il y a des revendications qui sont plus importantes que d'autres.
00:43:56 L'année blanche, c'est une revendication bien plus importante
00:43:58 que celle qu'on a aussi mise sur le tapis avec le blaireau
00:44:01 qui doit être classé nuisible au lieu de gibier.
00:44:03 Vous voyez bien la nuance.
00:44:05 Mais il y a des réponses fortes qu'on attend.
00:44:08 Alors, au niveau de l'Europe, évidemment.
00:44:10 Mais il y a aussi des mesures qui peuvent être prises au niveau national.
00:44:13 Le GNR, on est revenu à la situation du mois de décembre.
00:44:18 En fait, c'est un rétro-pédalage qu'ils avaient déjà négocié avec la FNSEA
00:44:21 pour nous revendre leur biocarburant.
00:44:23 Donc là, il a rétro-pédalé.
00:44:25 Mais d'un autre côté, on n'a pas eu d'avancée, en fait.
00:44:27 On n'a pas eu d'avancée.
00:44:28 Donc pour le GNR, on demande qu'il soit entièrement détaxé
00:44:30 parce que c'est notre outil de travail.
00:44:32 On demande cette année blanche.
00:44:33 On demande des facilités aussi pour transmettre nos exploitations.
00:44:38 On demande à ce que les jeunes qui s'installent aient des prêts à taux préférentiels
00:44:42 parce que c'était le cas il y a quelques années et ce n'est plus le cas actuellement.
00:44:45 On demande pour la PAC qu'on soit honoré parce qu'on avait signé en bas d'une page
00:44:50 avec des contraintes.
00:44:51 On a mis les contraintes en place, mais on n'a pas ce qu'il y a au bout.
00:44:54 Les éco-régimes, par exemple, il nous manque 20 euros par hectare.
00:44:57 Vous pouvez faire le calcul, ça fait deux mois de salaire.
00:45:01 Ce qui est possible au niveau national, pourquoi est-ce que ça n'a pas déjà été fait ?
00:45:04 Pourquoi est-ce que la réponse du gouvernement met autant de temps à venir ?
00:45:08 Je parle de ce qui est négociable en France, parce qu'on a bien compris
00:45:13 que la considération européenne est aussi un autre nœud du problème.
00:45:16 Oui, parce que je crois que Jean-Sébastien Ferjou a bien répondu à la question.
00:45:19 Parce que si vous donnez ça aux agriculteurs, les chauffeurs de taxi vont demander ça.
00:45:23 Les autres professions vont demander ça.
00:45:25 Je ne sais pas, il y a trois jours, on nous a dit que l'agriculture passait au-dessus de tout.
00:45:27 J'entends bien, mais il y a beaucoup de professions qui souffrent.
00:45:29 La vôtre en particulier est sans doute plus que les autres.
00:45:32 J'ai beaucoup d'admiration pour vous ce soir, parce que vous dites quelque chose de très important
00:45:36 malgré votre souffrance qui est immense.
00:45:38 Je crois que dans ce pays, personne n'accepterait de travailler dans les conditions
00:45:41 dans lesquelles vous travaillez pour le salaire qui est le vôtre.
00:45:44 J'ai une grande admiration pour ce que vous avez dit.
00:45:47 On ira jusqu'au bout, mais sans violence.
00:45:50 Et ça, c'est quand même remarquable, parce que malgré votre souffrance, vous appelez au calme.
00:45:54 On a entendu à l'époque des Gilets jaunes, notamment certains dirent
00:45:57 "on va marcher sur l'Elysée", sous-entendu "on va renverser le pouvoir".
00:46:01 Ce n'est pas votre discours, je m'en félicite.
00:46:04 Et vraiment, j'ai beaucoup de respect et d'admiration pour ce que vous venez de dire.
00:46:07 Cela étant dit, je crois qu'il est urgent pour le gouvernement,
00:46:10 compte tenu de la situation de ce que vivent ces personnes, qui est inacceptable,
00:46:14 de répondre quand même à certaines de leurs revendications,
00:46:16 pour au moins les laisser un peu respirer.
00:46:19 Mais le gouvernement, vous avez dit tout à l'heure, Julien, on voit cette image là,
00:46:23 c'est vrai qu'il y a une image un peu particulière.
00:46:25 Vous avez dit "blindés contre tracteurs", ce n'est pas tout à fait ça.
00:46:28 C'est l'image sur le plateau. Merci beaucoup à Angers, on la voit beaucoup mieux là.
00:46:32 Il est normal quand même qu'il y ait des blindés de la gendarmerie pour empêcher...
00:46:35 Oui, mais c'est un symbole fou, Johan.
00:46:37 J'entends que ce soit un symbole fou, mais il est quand même normal
00:46:40 qu'il y ait des blindés de la gendarmerie pour empêcher les tracteurs
00:46:43 d'aller bloquer les aéroports d'Orly, de Roissy ou de Rungis,
00:46:46 sans quoi ce serait le chaos. Donc ça, c'est normal.
00:46:49 Le gouvernement a été quand même pour l'instant assez complaisant vis-à-vis des habitateurs.
00:46:53 Quand on retourne des panneaux et qu'on chante des chansons...
00:46:56 Julien, pardon.
00:46:58 On ne fait pas réagir grand monde. C'est ce qu'ils ont fait au début.
00:47:01 Non, mais le gouvernement jusqu'ici a été assez complaisant avec les agriculteurs
00:47:05 qui, dans ce pays, ont pu bloquer des autoroutes pendant plusieurs jours sans être délogés.
00:47:10 À part les agriculteurs, personne, le ministère de l'Intérieur,
00:47:13 les a laissés bloquer des autoroutes. Ça a perturbé des millions de Français.
00:47:17 Parce que ce n'est certainement pas légal, mais c'est légitime pour beaucoup.
00:47:20 Sans répondre. Donc le gouvernement a été jusqu'ici, me semble-t-il, plutôt très tolérant.
00:47:25 Amélie Robillard, je vous donne la parole juste dans une minute,
00:47:27 parce que je voudrais qu'on entende également Joël Reverdy, que vous connaissez peut-être d'ailleurs,
00:47:31 puisque lui aussi fait partie de la coordination rurale, mais dans le 47,
00:47:34 membre de la coordination rurale 47, agriculteur évidemment.
00:47:38 Bonsoir, monsieur. Merci de nous répondre.
00:47:40 Vous vous trouvez présentement à Linas, en Essonne.
00:47:44 Vous faites donc partie de ce grand groupement de la coordination rurale
00:47:47 qui était parti il y a plusieurs jours d'agents pour rejoindre Rungis.
00:47:51 Vous cherchiez dès aujourd'hui à atteindre Rungis, mais vous allez nous expliquer,
00:47:55 si vous le voulez bien, tout ne s'est pas passé comme prévu.
00:47:58 En l'occurrence, vous, vous n'êtes pas en garde à vue ce soir.
00:48:00 Est-ce que vous pouvez nous raconter les quelques dernières heures que vous avez vécues ?
00:48:04 Eh bien, nous étions en route vers Rungis.
00:48:07 Nous avons passé de nombreux barrages, contourné de nombreux barrages, par les champs.
00:48:12 Et puis après, en ville, la souricière s'est resserrée.
00:48:15 Nous avons été encerclés.
00:48:17 Nous n'avons pas pu atteindre Rungis, comme nos collègues,
00:48:20 qui sont en garde à vue maintenant.
00:48:22 Mais nous, évidemment, vu que nous n'y sommes pas arrivés, on nous a laissé tranquilles.
00:48:26 On nous a encerclés pendant trois heures quand même, avant de nous relâcher.
00:48:29 Mais on est toujours surveillés ce soir.
00:48:31 Donc là, vous êtes dans un endroit à Linas, où on vous a fait convoyer, là encore, vous me dites si je me trompe,
00:48:36 vous vous a fait convoyer vers une ferme.
00:48:37 Vous vous êtes supposé passer la nuit, et vous êtes entouré des forces de l'ordre qui vous surveillent.
00:48:42 Oui, ils sont devant la propriété pour ne pas nous empêcher de partir.
00:48:46 Donc, ils vont y passer la nuit, pour nous surveiller toute la nuit.
00:48:49 Et vous allez tenter de y retourner demain ? C'est quoi le projet ?
00:48:53 Le projet, on aurait bien aimé aller tous unis devant les portes de Rungis,
00:49:00 mais ça ne va pas se passer comme ça.
00:49:01 Nous avons décidé de rentrer.
00:49:03 De toute façon, nous sommes indésirables dans le département.
00:49:06 Nous devons quitter au plus tôt le département, demain matin.
00:49:08 Qui vous a dit que vous étiez indésirables dans le département ?
00:49:11 Qui vous a demandé de quitter le département ?
00:49:13 Le préfet du département a dit qu'il fallait quitter les lieux, et il ne voulait plus.
00:49:17 La police ne peut plus nous voir dans le département.
00:49:20 Et vous allez céder ?
00:49:21 Donc, oui, de toute façon, on a fait ce qu'on avait à faire.
00:49:27 Nous sommes rentrés dans Rungis, une équipe est rentrée.
00:49:30 C'était l'objectif, il a été atteint.
00:49:33 M. Darmanin nous a dit qu'on n'irait jamais à Rungis, nous y avons été.
00:49:37 Et donc, voilà, maintenant, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse de plus ?
00:49:41 On va rentrer tranquillement chez nous, et puis après, s'il faut...
00:49:44 Mais ça veut dire quoi, pardon M. ?
00:49:45 Ça veut dire quoi que le combat est terminé,
00:49:47 ou que vous allez le mener de façon plus sectorielle, chez vous, dans le 47 ?
00:49:52 Quelle est l'idée ?
00:49:53 Parce que le fait de retourner à Agen est un signal également d'une démission dans ce combat.
00:50:01 Mais non, ce n'est pas une démission.
00:50:04 On attend toujours les mesures de M. Attal et de son ministre de l'Agriculture.
00:50:08 On espère qu'elles viendront très prochainement.
00:50:11 Après, bon, eux, ils sont un peu, comment dire, coincés,
00:50:14 parce que plus ou moins beaucoup de choses se passent à Bruxelles.
00:50:17 Donc peut-être que la prochaine étape, ce sera d'aller voir ce qui se passe à Bruxelles.
00:50:21 Bien sûr.
00:50:22 Jean-Claude Assiet, je vous entends des réagir.
00:50:24 Non, mais je partage tout à fait le sentiment de ce monsieur.
00:50:27 Je pense que la parole, maintenant, n'est pas à la violence.
00:50:30 Et d'ailleurs, je partage ô combien le malaise agricole, il est gigantesque dans ce pays.
00:50:36 Et pas seulement en France.
00:50:37 La preuve en est que toute l'Europe est en difficulté.
00:50:40 Maintenant, ça fait plus de 15 jours qu'on est sur le terrain,
00:50:44 qu'il y a eu un jeu de chat et de souris avec les forces de l'ordre qui ont évité le plus grave.
00:50:50 Et si le plus grave, c'est la mise en examen, enfin, je n'ose même pas envisager la mise en examen,
00:50:56 la mise en garde à vue de ces 90 membres, auxquels je ne crois pas, ce sera le moins grave.
00:51:02 Et ce sera, on aura, face à l'ampleur d'une manifestation comme la vôtre,
00:51:06 on aura à peu près sauvé l'essentiel.
00:51:09 La parole, maintenant, pardonnez-moi, elle est à la discussion, à la négociation,
00:51:14 aux accords dont j'espère qu'ils vous donneront le plus fréquemment possible satisfaction.
00:51:20 Le mode de vie que vous nous décrivez,
00:51:22 la façon dont la petite agriculture française vit n'est pas acceptable
00:51:27 et n'est évidemment probablement pas transmissible.
00:51:30 Il faut moderniser, il faut probablement prendre une ampleur
00:51:35 qu'une partie de l'agriculture française n'a pas encore.
00:51:38 Bref, il y a beaucoup de choses à faire et notamment au niveau européen.
00:51:42 Je compte beaucoup, beaucoup peut-être, suis-je trop naïf,
00:51:46 et je le regretterai demain s'il ne se passe rien sur l'Ukraine,
00:51:50 s'il ne se passe rien sur la transmission, s'il ne se passe rien sur les jachères.
00:51:54 J'espère, j'espère que vous aurez satisfaction car vous le méritez,
00:51:59 mais encore une fois, ça ne doit pas nous épargner une vraie réflexion
00:52:04 sur l'avenir de l'agriculture française.
00:52:06 Joël Reverdy, je vais vous remercier et vous souhaiter bon courage,
00:52:09 mais j'aurais peut-être une dernière question.
00:52:11 Vous avez fait quoi ? De Agen à jusque là où vous êtes arrivé, il y a quoi ?
00:52:16 700, 800 kilomètres ? On est d'accord ? Vous avez mis combien de jours ?
00:52:19 700. Combien ? Nous sommes partis lundi matin 9h et nous avons fait 730 kilomètres.
00:52:24 Qu'est-ce que vous retenez de ces jours sur votre tracteur à traverser la France du Sud-Nord ?
00:52:29 D'abord une belle aventure humaine, une expédition comme on n'en avait jamais vue,
00:52:35 une motivation de tous les agriculteurs, autres que le syndicat de la CR,
00:52:41 mais aussi de tous les agriculteurs de France dont beaucoup se sont joints à nous,
00:52:45 la solidarité de la population des villages traversés, exceptionnelle solidarité,
00:52:50 vraiment des hôlas dans tous les villages, applaudis dans tous les villages.
00:52:54 C'est fantastique le soutien de la population française.
00:52:56 On n'aurait jamais vu ça, jamais cru ça. On n'a jamais vu.
00:52:59 Ça fait du bien à entendre. Oui, pardon, je vous ai coupé, excusez-moi.
00:53:04 Ils sont avec nous à 100% et vraiment, on a été ravitaillés ce soir
00:53:08 quand on était barrés par les gendarmes.
00:53:11 Ils nous ont portés à manger, à boire, vraiment, on a été très bien accueillis,
00:53:16 même par la population parisienne, qu'on croit très déconnectée de la ruralité.
00:53:21 En fait, on a senti quand même un élan de solidarité impressionnant.
00:53:25 Si on a pu réconcilier à travers cette crise les Parisiens et certains agriculteurs,
00:53:29 c'est déjà une belle chose de fait. Merci. Ça fait du bien de sourire un tout petit peu.
00:53:34 Merci beaucoup Joël Reverdy. Néanmoins, bien sûr.
00:53:36 On est un peu fatigués aussi.
00:53:37 Bien sûr, et on prend en compte votre souffrance et ces jours passés sur le tracteur.
00:53:41 Et j'imagine que le retour, vous le faites dans le même sens, avec le tracteur aussi.
00:53:44 Donc, vous n'êtes pas encore à juin.
00:53:46 Oui, on va faire le retour, mais ce sera plus calme.
00:53:49 On ne sait pas si on sera escortés, mais au moins, ce sera plus tranquille.
00:53:53 Joël Reverdy, agriculteur et membre de la coordination rurale 47.
00:53:56 Merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous répondre et de tâcher de vous reposer
00:54:00 ces prochaines heures avant de reprendre la route.
00:54:03 Carima, c'est vrai que c'est assez émouvant d'entendre, notamment,
00:54:07 cette dernière réponse sur la solidarité indéfectible des Français
00:54:10 à chaque fois qu'ils ont vu passer ces différents agriculteurs.
00:54:13 Moi, je suis très touchée par ce mouvement, par ces gens qui,
00:54:17 habituellement, sont invisibles, mais qui sont ô combien essentiels,
00:54:22 finalement, pour les Français, pour le pays.
00:54:25 C'est vraiment le symbole de l'enracinement, le symbole, oui, d'une identité aussi,
00:54:30 un terroir, un paysage, le travail.
00:54:33 Donc, des gens, finalement, qui ont envie d'être connus pour le travail qu'ils font,
00:54:37 qui rejettent l'assistanat, l'oisiveté, qui ont cette valeur travail.
00:54:42 D'ailleurs, quand Gabriel Attal en parlait dans son discours,
00:54:45 qu'il voulait remettre en avant la valeur travail, justement,
00:54:49 s'il y a bien des gens qui l'incarnent, ce sont les agriculteurs.
00:54:52 Et cette image, il parlait, ce monsieur, cet agriculteur...
00:54:57 - Gabriel Roverdi. - Voilà. Donc, de cette expédition,
00:55:00 de cette aventure humaine, donc cette image de ces agriculteurs
00:55:04 qui descendent en tracteur sur des centaines et des centaines de kilomètres,
00:55:08 moi, je trouve que ça a été vraiment un moment aussi où on les a vus,
00:55:12 on a pu les entendre. Je trouve que c'est important.
00:55:15 - Et vous avez le français, hein?
00:55:17 - Et ensuite, sur le deuxième aspect, donc, ce qu'on a vu à Rungis et tout ça,
00:55:21 c'était la recherche d'un symbole. Est-ce que c'était la bonne cible?
00:55:24 Probablement pas, comme on dit, probablement pas.
00:55:27 Bon, est-ce que c'était la bonne cible?
00:55:29 Et le rapport de force, et c'est peut-être là-dessus,
00:55:32 je peux terminer là-dessus, sur le rapport de force avec le gouvernement,
00:55:35 je pense que le gouvernement a voulu dire
00:55:37 qu'on va passer tout de suite la possibilité d'excès, c'est un peu ça,
00:55:41 et de dire oui, on peut vous entendre, on peut vous écouter,
00:55:44 mais la fameuse ligne rouge, elle est là.
00:55:47 Alors maintenant, quelle sera la stratégie pour la suite des choses?
00:55:50 Il faut quand même qu'il y ait des mesures très précises.
00:55:52 - Vous avez parlé des métiers en tension,
00:55:54 il y a des filières en tension en agriculture,
00:55:56 est-ce qu'il y a des mesures d'urgence qu'on ne peut pas faire
00:55:58 sur ces fameuses filières en tension?
00:56:00 - Vous en trouverez la... - Ça serait déjà une première étape.
00:56:02 - Vous en trouverez la porte des réponses politiques,
00:56:04 et justement, le temps passe, je voudrais qu'on avance et améliore bien.
00:56:07 Alors juste un petit mot, parce que là, ce soir, vous êtes l'invité...
00:56:10 - Vedette. - Vedette, donc vous avez tous les droits.
00:56:12 Je vois que vous voulez dire un petit mot avant que je lance Gabriel Attal, je vous écoute.
00:56:15 - Oui, alors un des grands mots de l'agriculture quand même en France,
00:56:19 c'est l'isolement, quoi.
00:56:21 Et là, on a vu avec ce cortège, et nous avec les manifestations qu'on a pu faire,
00:56:25 quand on voit la solidarité de la population, ça fait un bien fou.
00:56:30 - Vous en doutiez? Par quoi?
00:56:32 - Oui, on en doutait.
00:56:34 Parce qu'on parle beaucoup d'agribashing, c'est un mot à la mode,
00:56:37 mais on se sent tellement indésirés, indésirables...
00:56:43 - Vous savez, les bobos, ils sont très visibles,
00:56:45 mais ils ne sont pas la majorité des Français, je pense que vous l'avez compris.
00:56:48 On vit des pressions quand même aussi dans les campagnes, malgré tout,
00:56:51 et c'est vrai que ça fait du bien, ça fait vraiment, vraiment, vraiment du bien
00:56:56 de se sentir un peu épaulé, quoi.
00:56:58 - La réponse politique d'un point de vue européen, on va en parler dans 5 minutes,
00:57:01 avec cette rencontre entre Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron demain à Bruxelles.
00:57:06 La réponse d'abord franco-française,
00:57:09 elle doit passer par un geste fort de la part du Premier ministre,
00:57:12 qui s'exprimait au Sénat aujourd'hui, justement, sur la cause agricole. Écoutez-le.
00:57:16 - Nos agriculteurs croulent sous les normes.
00:57:18 Chacune de leurs initiatives peut relever du parcours du combattant.
00:57:21 Chacune de leurs actions est réglementée et surréglementée.
00:57:24 Alors oui, chacun de nos concitoyens partage leur volonté de respirer,
00:57:29 de se débarrasser de procédures inutiles,
00:57:31 de voir leurs initiatives libérées de la bureaucratie.
00:57:35 Nos agriculteurs s'interrogent sur le fonctionnement de l'Union européenne.
00:57:38 Ils savent ce que la PAC leur apporte,
00:57:40 mais n'acceptent pas, plus que nous, certaines de ces lourdeurs.
00:57:44 Alors oui, nos compatriotes s'identifient à cette interrogation.
00:57:47 Nos compatriotes qui savent très bien que nous sommes plus forts grâce à l'Europe,
00:57:51 mais exigent que l'Union européenne soit plus proche,
00:57:54 plus efficace et plus protectrice.
00:57:57 - Le babelès, je trouve, ces derniers jours, c'est que,
00:57:59 je ne sais pas si vous vous souvenez, Maxime Thiebaud,
00:58:01 la veille du discours de politique générale de Gabriel Attal,
00:58:04 vous aviez la porte-parole Priska Thévenot,
00:58:06 qui avait, en conférence de presse, promis des annonces lors du discours.
00:58:09 Rien n'a été dit.
00:58:11 Les agriculteurs, je trouve, ont cette impression,
00:58:15 qui tente à se vérifier ces derniers temps,
00:58:17 que le gouvernement cherche un peu à faire pourrir la situation.
00:58:20 Et de voir, notamment, ce monsieur et ses agriculteurs encerclés,
00:58:23 l'INAS, à qui on va demander gentiment de quitter le département,
00:58:26 j'ai l'impression qu'ils ont leur plan en tête.
00:58:28 On va les faire dégager, ils ont fait leur cinéma,
00:58:30 et ça va s'éteindre un peu à la façon des Gilets jaunes,
00:58:34 où on a parié dans un premier temps sur le pourrissement.
00:58:36 J'ai l'impression que c'est le pari gouvernemental en ce moment.
00:58:38 - Oui, mais la seule différence, c'est que les Gilets jaunes,
00:58:40 c'était un bout de libulga de personnes en colère,
00:58:42 alors que là, les agriculteurs, ce sont des personnes
00:58:44 qui ont les pieds dans le réel,
00:58:46 et qui savent pertinemment les solutions qui doivent être prises.
00:58:48 - Mais tous les jours, on leur dit "vous aurez des annonces demain".
00:58:50 - Oui, mais les annonces, elles devraient arriver,
00:58:52 mais le problème, c'est que les annonces demanderaient
00:58:54 de la part du gouvernement de changer complètement de logiciel.
00:58:56 Ça fait 40 ans qu'on a supprimé la politique agricole française,
00:58:59 pour la remplacer par une politique agricole commune,
00:59:01 qui s'avérait en fait à être commune
00:59:03 aux grands groupes industriels et financiers internationaux,
00:59:05 et non pas commune aux Etats européens et aux agriculteurs européens.
00:59:09 On a transformé l'agriculture en une place du marché,
00:59:12 où la bourse s'exerce, à la place d'une agriculture
00:59:15 qui doit être celle de l'agriculteur qui, le matin, se lève,
00:59:18 et sait s'il peut aller labourer son terrain,
00:59:20 ou s'il peut aller cultiver ses terres,
00:59:22 ou s'il peut faire telle ou telle chose avec ses animaux,
00:59:24 parce qu'il connaît son métier.
00:59:25 Et c'est ça le problème.
00:59:26 Et on n'a pas su protéger le savoir-faire agricole européen,
00:59:28 et en premier lieu, le savoir-faire agricole français,
00:59:31 parce qu'on a préféré boursicoter à partir de la production agricole,
00:59:35 qui n'est par définition la seule chose
00:59:37 sur laquelle on ne peut pas boursicoter.
00:59:39 Et en 40 ans, malheureusement, petit à petit,
00:59:41 s'est installée la destruction de l'agriculture française.
00:59:44 Alors on a eu, on a le Mercosur qui doit arriver,
00:59:46 mais on a eu le CETA juste avant,
00:59:48 et il y avait eu beaucoup d'opposants contre le CETA,
00:59:50 un autre accord international.
00:59:52 Donc, effectivement, comment voulez-vous qu'un gouvernement
00:59:55 qui est le produit et qui est dans la continuité d'un système
00:59:58 qu'il a mis en place, puisse comme ça, du jour au lendemain,
01:00:01 entendre raison sur quelque chose
01:00:03 qui malheureusement est l'expression d'une vérité
01:00:05 et d'une menthe douloureuse.
01:00:07 Donc c'est ça le problème.
01:00:08 Mais parce qu'il faut des débats démocratiques, pardon,
01:00:10 mais les traités de libre-échange ont permis à l'Europe
01:00:12 de dégager des excédents commerciaux majeurs
01:00:14 alors qu'elle était en déficit structurel.
01:00:16 Mais non, non, mais vous rigolez, hein !
01:00:18 Combien de, combien de...
01:00:20 Alors, pas tous en même temps !
01:00:21 Ce sont les faits, ne confondons pas les problèmes.
01:00:23 Quand vous avez...
01:00:24 Pas tous en même temps !
01:00:25 Qui ont pu étrangler l'agriculture française.
01:00:27 Non, non, alors je ne vous permets pas, monsieur Delphier,
01:00:28 de dire que c'est n'importe quoi,
01:00:29 pour la simple et bonne raison.
01:00:30 Alors, on va laisser Maxime Delphier peut-être se justifier.
01:00:32 Vous avez eu un dumping...
01:00:33 Je me suis dégrabé avec l'Union européenne,
01:00:35 pas avec le reste du monde.
01:00:36 Eh bien c'est ce que je suis en train de dire !
01:00:37 Vous avez l'Union européenne qui a permis,
01:00:39 par les accords de libre-échange,
01:00:41 un dumping social et environnemental
01:00:43 qui fait qu'aujourd'hui,
01:00:44 vous avez dans l'assiette de nos gamins de la merde
01:00:46 qui a été produite dans des États
01:00:48 qui ne respectent aucune norme sociale et environnementale.
01:00:50 Mais c'est faux, on ne peut pas...
01:00:51 Mais c'est vrai !
01:00:52 Mais non, un traité, mais pardon,
01:00:53 un traité de libre-échange, vous êtes juriste,
01:00:55 allez en lire, hein, allez en lire, hein.
01:00:56 La méthyprocité n'a jamais été la ronde.
01:00:58 C'est pas celui qui parlera le plus fort, les amis.
01:00:59 Écoutez-vous.
01:01:00 Un traité de libre-échange prévoit
01:01:01 que les produits importés en Europe
01:01:03 respectent les normes sanitaires européennes.
01:01:04 On sait que la méthyprocité n'a jamais été respectée,
01:01:06 que les contrôles ne sont pas faits.
01:01:08 Mais c'est faux, il manque de contrôles.
01:01:10 On a d'autres problèmes.
01:01:11 On a des problèmes qui sont aussi nos problèmes
01:01:14 au sein de la société française.
01:01:15 Je ne parle pas de l'agriculture.
01:01:16 Le principe de précaution,
01:01:18 quand on instruit le principe de précaution
01:01:20 dans la Constitution, un exemple très simple,
01:01:22 parce que c'est dans tous les domaines,
01:01:23 c'est pas seulement sur l'environnemental,
01:01:24 c'est par exemple sur le financier.
01:01:25 Vous parliez des banques, madame.
01:01:27 Qu'est-ce qui se passe, BAL 3 ?
01:01:29 Parce qu'on a eu peur que la crise de 2008 revienne.
01:01:32 BAL 3, mais si, je vais aller au bout.
01:01:34 Tu prends la production de 500 millions.
01:01:35 Non mais les amis, vous n'êtes pas tous les deux
01:01:36 sur le plateau seulement.
01:01:37 On va conclure, là, s'il vous plaît.
01:01:39 Pour aller au bout, oui, mais sinon,
01:01:40 ça n'a aucun sens de faire des débuts de frappe
01:01:41 parce que vous perdez encore plus de temps.
01:01:42 Oui, mais alors là, vous nous faites encore perdre.
01:01:44 Oui, ben justement.
01:01:45 Allez-y.
01:01:46 BAL 3, c'est quoi ?
01:01:47 Ça met des tas de critères financiers
01:01:49 qui font que vous ne pouvez plus accorder,
01:01:51 par exemple, des prêts.
01:01:52 Si le banquier, avant, il connaissait, madame,
01:01:53 il savait que peut-être, techniquement,
01:01:55 elle ne répond pas aux critères pour avoir un emprunt.
01:01:58 Mais il sait que c'est une famille
01:01:59 qui a toujours tout payé rubis sur l'ongle.
01:02:01 Avant, le banquier, il pouvait donner le prêt.
01:02:03 Maintenant, à cause de ce principe de précaution,
01:02:05 mais ça, c'est la société tout entière
01:02:07 qui veut ce principe de précaution,
01:02:08 il ne peut plus accorder l'emprunt.
01:02:10 Et des exemples comme ça, on peut en avoir...
01:02:11 Je ne vois pas le rapport avec un client
01:02:13 où tu l'achètes 2 euros en Argentine,
01:02:16 là où il coûte 6 euros à produire en France.
01:02:18 La concurrence n'est pas possible.
01:02:20 En fait, pour l'agriculteur français,
01:02:22 dont le coût de production ici est...
01:02:24 - Il n'a pas raison. - C'est pas possible.
01:02:25 La concurrence est complètement déloyale.
01:02:26 - C'est pas pour les agriculteurs.
01:02:27 - Regardez les chiffres.
01:02:28 - C'est ça l'annuel pour les agriculteurs.
01:02:29 - Les agriculteurs qui, aujourd'hui,
01:02:30 n'arrivent pas à vendre,
01:02:31 n'arrivent pas à vendre
01:02:32 parce qu'ils sont dans une condition...
01:02:33 - Avec le RENAC, on a un problème.
01:02:35 - S'il vous plaît, je pense que les gens
01:02:37 qui nous regardent ont mal au crâne.
01:02:38 - Amélie Robière, qu'est-ce que vous concluez
01:02:40 de ce que vous venez d'entendre ?
01:02:42 Et après, on retrouvera sur nos pieds
01:02:43 avec ce qui a été obtenu
01:02:44 et ce qui pourrait arriver demain depuis Bruxelles.
01:02:46 Allez-y.
01:02:47 - Je vais vous dire déjà qu'on n'a pas le temps
01:02:49 de regarder les chiffres
01:02:50 et de s'occuper des banques et compagnie.
01:02:52 Enfin, bon, c'est bon,
01:02:53 on a assez à faire dans nos exploitations.
01:02:55 Je vais vous donner un exemple très concret.
01:02:57 On a manifesté à Paris l'an dernier
01:02:59 à propos des ventes de noix
01:03:01 qui ne se faisaient plus en France.
01:03:03 Donc, en Corée, ils ont produit des noix.
01:03:05 On s'est rendu compte que le Chili
01:03:07 et la Californie inondaient le marché.
01:03:09 Donc, bien sûr,
01:03:10 sans respecter du tout les mêmes normes.
01:03:12 Ils ont inondé le marché de noix,
01:03:15 ce qui fait que nos petits producteurs locaux
01:03:18 ne pouvaient pas écouler leur production.
01:03:20 C'est-à-dire qu'au début,
01:03:21 au lieu de passer de 3 euros le kilo,
01:03:23 ils sont passés à 50 centimes.
01:03:24 Et après, ils ont brûlé les noix.
01:03:26 Ils ont brûlé les noix
01:03:27 parce que le Chili et la Californie
01:03:30 ont inondé le marché.
01:03:31 Donc, ça va faire exactement comme pour la moutarde.
01:03:34 C'est-à-dire que là, on inonde le marché,
01:03:36 on fait mourir les petits producteurs locaux.
01:03:38 Après, on a le monopole et on fait ce qu'on veut.
01:03:41 Et c'est ce qui est arrivé au Canada avec la moutarde.
01:03:43 C'est-à-dire que pourquoi il y a eu
01:03:45 une pénurie de moutarde dans les magasins ?
01:03:47 Parce qu'il n'y avait plus de producteurs locaux en France.
01:03:50 Il y a eu une grosse sécheresse au Canada.
01:03:52 Plus de moutarde.
01:03:53 Et là, les consommateurs se réveillent en disant
01:03:55 « Ah, ben, il n'y a plus de moutarde. »
01:03:57 Ben, ouais, mais enfin,
01:03:58 il n'y avait plus de producteurs en France.
01:03:59 On ne les a pas protégés,
01:04:00 ce qui fait qu'ils se sont fait engloutir
01:04:02 par les pays hors Union européenne.
01:04:04 Donc, moi, je veux bien qu'on discute pendant une heure
01:04:07 sur les banques, sur ceci, sur cela.
01:04:09 Moi, je vais vous dire clairement, on s'en fout, quoi.
01:04:12 On s'en fout, nous, tout ce qu'on voit.
01:04:14 Moi, ce que je vois du fond de mon étable,
01:04:15 c'est que je ne lis pas de mon métier.
01:04:17 Il y a une journée déterminante, donc, demain,
01:04:19 à Bruxelles, cher Jean-Claude et cher Sous.
01:04:21 C'est ça qu'il faut changer, en effet.
01:04:23 C'est ce mode de vie-là qui n'est plus acceptable aujourd'hui.
01:04:26 Et la France doit faire plier.
01:04:29 La France doit faire plier.
01:04:30 On ne peut pas garder ce système-là.
01:04:31 On doit montrer qu'elle est un poids lourd dans cette Europe
01:04:33 à partir de demain.
01:04:34 - On ne peut pas regarder s'il fait beau ou pas beau,
01:04:36 à savoir si on s'occupe du champ ou si on s'occupe des animaux.
01:04:39 Et là, c'est un peu plus compliqué que ça.
01:04:40 - Bien sûr.
01:04:41 On va en continuer d'en parler dans un instant.
01:04:43 Je voudrais juste qu'on revienne avec nos reporters
01:04:45 sur le terrain, sur l'actualité principale de cette soirée,
01:04:47 à savoir que 91 agriculteurs vont passer la nuit
01:04:50 derrière les barreaux aux différents commissariats
01:04:53 du Val-de-Marne, puisqu'ils ont été, les 91,
01:04:55 répartis dans différents commissariats du département.
01:04:58 Vous êtes à Maison-Alfort, cher Michael Dos Santos,
01:05:01 où on sait que notamment Karine Duc est placée,
01:05:03 à savoir la coprésidente de la coordination rurale 47.
01:05:07 On confirme donc que près de 100 agriculteurs,
01:05:09 parce qu'ils ont voulu entrer dans ce lieu hautement symbolique,
01:05:12 aujourd'hui vont dormir en prison ce soir,
01:05:14 enfin en prison, au commissariat derrière les barreaux.
01:05:16 - Oui, effectivement, ils ont été interpellés
01:05:22 après cette action menée cet après-midi à Rungis,
01:05:27 dans un centre de logistique.
01:05:29 Pour certains d'entre eux, ils ont réussi à pénétrer
01:05:32 dans ce centre de logistique, mais ils ont été vite sortis
01:05:36 par les forces de l'ordre qui étaient présentes sur place.
01:05:39 C'est à ce moment-là, je vous le rappelle,
01:05:41 qu'ils ont été nassés par les forces de l'ordre
01:05:43 et interpellés.
01:05:45 Toutes les personnes présentes, les 91 personnes présentes,
01:05:47 ont été interpellées et placées en garde à vue.
01:05:51 Karine Duc, vice-présidente de la coordination rurale du 47,
01:05:55 se trouve effectivement dans ce commissariat,
01:05:57 à Maisons-Alfort, dans le Val-de-Marne.
01:05:59 Son avocate était avec nous il y a quelques minutes
01:06:02 et elle n'a pas pu échanger avec sa cliente,
01:06:05 tout simplement car, je le rappelle,
01:06:07 le PJ était absent, l'officier de police judiciaire,
01:06:09 et donc elle n'a pas pu avoir accès à sa cliente,
01:06:11 ni d'ailleurs au dossier.
01:06:13 Elle ne connaît pour le moment pas le motif
01:06:15 de cette arrestation.
01:06:17 Tout ce que l'on peut vous dire, c'est que cet après-midi,
01:06:19 une plainte a été déposée par Le Min,
01:06:22 une plainte pour dégradation.
01:06:24 Les informations que l'on a pu glaner sur place,
01:06:27 on nous a dit qu'une porte avait été endommagée.
01:06:30 Tout cela, bien sûr, reste à confirmer.
01:06:32 Mais pour le moment, tout cela reste assez flou.
01:06:34 Il y a la version des agriculteurs qui nous disent
01:06:36 "non, on est venu ici de manière pacifique".
01:06:38 Ils nous l'ont dit, ils l'ont clamé à travers des slogans
01:06:40 "on n'est pas venu ici pour casser ou affronter les forces de l'ordre".
01:06:43 Et ils nous confirment qu'ils n'ont rien dégradé.
01:06:45 Et puis, il y a la version du Min qui dit
01:06:48 qu'il y a eu dégradation, et ce qui justifie
01:06:51 ces interpellations, ces 91 interpellations.
01:06:55 Des auditions auront alors lieu dès demain matin,
01:06:59 à partir de 8h.
01:07:00 - Merci beaucoup, Michel Dos Santos,
01:07:02 à Maison-Alfort, avec Thibault Marcheux,
01:07:05 ces 91 agriculteurs qui se trouvent
01:07:08 dans différents commissariats du Val-de-Marne.
01:07:10 Pourquoi ? Parce qu'ils ont tenté de pénétrer
01:07:12 dans un lieu imprenable, Augustin Donadieu.
01:07:14 C'est la ligne rouge qu'il ne fallait pas franchir.
01:07:16 Et les forces de l'ordre l'ont bien fait comprendre
01:07:18 aujourd'hui, à l'heure où l'on se parle.
01:07:20 Évidemment que Rungis est toujours une forteresse
01:07:22 parfaitement gardée.
01:07:24 - Effectivement, une forteresse plus que jamais sécurisée,
01:07:29 ce soir, avec des forces de l'ordre
01:07:31 qui semblent avoir une pression accentuée
01:07:33 sur leurs épaules.
01:07:34 Vous le voyez, un dispositif policier
01:07:36 et de gendarmes maintenu,
01:07:38 à l'entrée de cette...
01:07:41 l'une de ces cinq entrées du marché de Rungis.
01:07:44 Un barrage avec les automobilistes,
01:07:46 les conducteurs qui doivent s'arrêter,
01:07:47 montrer leur carte professionnelle.
01:07:49 Les policiers équipés de stop-stick.
01:07:51 Vous savez, ce sont ces barres cloutées
01:07:53 qui permettent de crever les pneus d'un véhicule
01:07:55 si ce dernier venait à forcer le barrage.
01:07:58 Un petit peu plus loin à l'entrée,
01:07:59 sur ces images de Fabrice Elsner,
01:08:01 vous avez deux véhicules blindés
01:08:03 de la gendarmerie nationale.
01:08:04 Des véhicules en place depuis maintenant
01:08:06 plusieurs jours.
01:08:07 Ils sont là, évidemment, pour dissuader
01:08:09 d'éventuelles personnes qui souhaiteraient
01:08:11 s'introduire de manière illégale
01:08:13 dans le marché de Rungis.
01:08:14 C'est des compagnies républicaines de sécurité
01:08:16 qui tournent toute la journée,
01:08:18 toute la nuit.
01:08:19 Celle-ci est arrivée aux alentours de 20h.
01:08:20 Ils nous ont dit que depuis 20h,
01:08:21 tout est très calme.
01:08:22 Aucune tentative d'intrusion.
01:08:24 Et voilà, en direct, regardez par exemple,
01:08:26 ce chauffeur routier qui arrive,
01:08:27 tend sa carte professionnelle par la fenêtre.
01:08:29 Un rapide contrôle des forces de l'ordre.
01:08:31 Et ce camion peut avancer.
01:08:33 Pareil pour ce van.
01:08:35 Vous allez le voir,
01:08:36 des policiers qui vont regarder à l'intérieur.
01:08:38 Ils vont avec leur lampe-torche,
01:08:39 regarder s'il n'y a pas des passagers
01:08:41 qui se cacheraient à l'intérieur.
01:08:42 C'est comme ça que ça se passe maintenant,
01:08:44 ici, au marché international de Rungis.
01:08:46 C'était un hélicoptère qui volait au-dessus de ce marché,
01:08:50 de manière stationnaire,
01:08:52 peut-être pour vérifier ce qui pouvait s'y passer.
01:08:54 Nous étions tout à l'heure avec Fabrice Lesner,
01:08:57 avec des agriculteurs qui venaient d'Agen.
01:08:58 Ils ont été stoppés par les forces de l'ordre
01:09:01 qui leur ont demandé d'aller beaucoup plus loin,
01:09:03 qui les ont raccompagnés plus loin,
01:09:04 à plusieurs dizaines de kilomètres de la capitale.
01:09:06 Et ces agriculteurs nous ont dit
01:09:08 que ce qui était arrivé à leurs collègues
01:09:10 les avait un petit peu refroidis,
01:09:11 et que l'objectif d'atteindre Rungis
01:09:13 avait été atteint par ses collègues, justement.
01:09:15 Ils ne savent pas si demain ils vont retenter
01:09:18 l'expérience d'atteindre la capitale et les portes de Rungis,
01:09:20 qui, vous le voyez, est sous très haute protection ce soir.
01:09:23 - Merci, merci beaucoup, Augustin Donatieux,
01:09:26 avec Fabrice Lesner,
01:09:27 depuis, j'allais dire, depuis le checkpoint de Rungis.
01:09:30 On en est là, mais franchement,
01:09:31 j'ai l'impression d'être sur un théâtre de guerre,
01:09:33 avec les herses, les blindés, les contrôles,
01:09:36 on ouvre les coffres,
01:09:37 je ne sais pas s'il n'y a pas les miroirs aussi,
01:09:38 vous savez, sous les caisses.
01:09:40 C'est hallucinant.
01:09:41 Retournons donc pour ces dernières minutes d'émission
01:09:43 à une question essentielle,
01:09:45 puisque demain, le président de la République
01:09:47 sera à Bruxelles pour rencontrer Ursula von der Leyen.
01:09:50 On va voir ce que pourrait lâcher Bruxelles,
01:09:52 mais ce qui est important, ce qu'on voulait voir ensemble,
01:09:54 Johan, avant de parler de ça, c'est, jusqu'à présent,
01:09:56 qu'est-ce qui a été obtenu au niveau national ou européen
01:09:59 par les agriculteurs,
01:10:01 et qu'est-ce qui pourrait être obtenu
01:10:03 à partir de demain à Bruxelles,
01:10:04 qu'on comprenne bien que nos téléspectateurs
01:10:06 aient bien en tête également la problématique.
01:10:08 - Oui, parce que les tractations ont évidemment été intenses jusqu'ici,
01:10:11 des responsables de la coordination rurale
01:10:13 et de la confédération paysanne
01:10:14 ont été reçus par le Premier ministre aujourd'hui.
01:10:17 Hier, Gabriel Attal a longuement reçu la FNSEA
01:10:20 et Matignon a déjà fait plusieurs concessions
01:10:22 concernant le gazole non routier,
01:10:24 le fameux GNR.
01:10:25 Le gouvernement a abandonné la hausse de la taxe
01:10:28 initialement prévue sur ce carburant nécessaire aux tracteurs.
01:10:32 Le Premier ministre a promis dix mesures immédiates
01:10:34 de simplification administrative.
01:10:37 On sait que les agriculteurs se plaignent beaucoup
01:10:39 des normes trop exigeantes et de la bureaucratie
01:10:42 qui occupent une bonne partie de leur temps
01:10:44 qu'ils ne passent donc pas dans leur champ.
01:10:46 Le ministre de l'économie Bruno Le Maire
01:10:48 a annoncé ce matin sur CNews
01:10:50 qu'il renforcerait les contrôles
01:10:52 sur les centrales d'achat européennes
01:10:54 et qu'il allait doubler les contrôles
01:10:56 concernant les distributeurs.
01:10:58 L'objectif, mieux faire respecter la loi EGalim,
01:11:01 censée préserver les revenus des agriculteurs.
01:11:05 On écoute Bruno Le Maire invité ce matin de Sonia Mabrouk.
01:11:09 Je suis attaché au respect de la règle de droit pour tous.
01:11:11 Il y a une procédure, des injonctions,
01:11:14 ensuite des contrôles, puis des sanctions.
01:11:16 Donc j'ai lancé hier quatre pré-injonctions,
01:11:19 c'est le terme réglementaire,
01:11:21 à quatre groupes industriels
01:11:23 qui ne respecteraient pas les dispositions de la loi EGalim.
01:11:26 Et s'il apparaît que c'est nous qui avons raison,
01:11:28 les contrôleurs de la DGCCRF,
01:11:30 dans ce cas-là ils seront lourdement sanctionnés
01:11:32 jusqu'à 2% du chiffre d'affaires.
01:11:34 Ensuite il y a les distributeurs.
01:11:36 Donc sur les distributeurs, je vais lancer 500 contrôles
01:11:39 sur les cinq grands distributeurs.
01:11:41 500 contrôles c'est beaucoup,
01:11:43 parce que quand on contrôle les dispositions de la loi EGalim,
01:11:46 c'est des contrats qui peuvent faire 100, 150, 200 pages.
01:11:50 Et puis les agriculteurs qui n'ont pas encore reçu le solde
01:11:53 des aides de la PAC pour l'année 2023
01:11:55 seront payés avant le 15 mars prochain.
01:11:59 La grogne qui remonte également
01:12:01 jusqu'à Bruxelles, où le ministre de l'Agriculture,
01:12:04 Marc Fesneau, était en déplacement aujourd'hui.
01:12:06 Il sera rejoint demain par Emmanuel Macron
01:12:09 pour un conseil européen.
01:12:10 Le président de la République a promis
01:12:12 de défendre plusieurs revendications des agriculteurs.
01:12:15 Mais déjà la Commission européenne
01:12:18 a fait une première concession
01:12:20 sur une revendication importante des céréaliers.
01:12:22 Elle concerne les jachères.
01:12:24 La commission assure également qu'elle introduira
01:12:26 des mesures de sauvegarde
01:12:28 concernant notamment les volailles ukrainiennes.
01:12:30 L'objectif, c'est bien éviter que l'exemption
01:12:33 des droits de douane dont bénéficient
01:12:35 certains de ces produits agricoles ukrainiens
01:12:37 viennent perturber le marché européen.
01:12:40 Le ministre de l'Economie a également assuré
01:12:43 aujourd'hui que la France n'hésiterait pas
01:12:45 à engager un bras de fer
01:12:47 lors des négociations à Bruxelles
01:12:49 pour que l'accord entre l'Union européenne
01:12:51 et le Mercosur, tel qu'il est aujourd'hui,
01:12:53 ne soit pas signé.
01:12:55 Bruno Le Maire chez Sonia Mabrouk ce matin à nouveau.
01:12:57 Il y aura un bras de fer
01:12:59 et la France fera tout le nécessaire
01:13:01 pour que le Mercosur, tel qu'il est aujourd'hui,
01:13:03 ne soit pas signé.
01:13:04 Croyez-moi, quand la France veut quelque chose en Europe,
01:13:07 elle a suffisamment de poids pour l'imposer.
01:13:09 C'est ce que fait le président de la République.
01:13:11 C'est grâce au président de la République.
01:13:13 Et uniquement grâce à lui que cet accord n'est pas signé.
01:13:15 Aujourd'hui, cet accord Mercosur tel qu'il est,
01:13:17 il n'est pas bon pour nos éleveurs.
01:13:19 Il ne peut pas, il ne doit pas être signé en l'Etat.
01:13:21 Il ne sera pas signé en l'Etat.
01:13:23 Merci Yoann. Amélie Robière.
01:13:25 Emmanuel Macron va s'entretenir avec Ursula von der Leyen
01:13:28 demain, l'agriculture est sauvée.
01:13:30 C'est une vraie question.
01:13:32 Qu'est-ce qui vous fait rire ?
01:13:33 Je vais mieux dormir cette nuit.
01:13:35 Vous attendez quoi plus sérieusement de cette rencontre ?
01:13:41 On sait, c'est à Bruxelles que tout se joue.
01:13:43 En revanche, on sait aussi que pour avoir des accords,
01:13:46 il faut qu'il y ait les 27 qui se mettent d'accord justement.
01:13:48 Et que ça ne se fait pas en une heure.
01:13:50 On n'attend rien du tout d'un président qui est déjà très pro-européen.
01:13:54 Vous allez avoir du stérincé des sur les jachères.
01:13:56 Ça c'est quasiment acquis.
01:13:57 Vous allez avoir sur l'Ukraine les dérogations
01:13:59 aux droits de douane qui vont être supprimées.
01:14:01 Vous avez le traité du Mercosur, il vient d'en parler Bruno Le Maire.
01:14:03 Ils ne veulent rien lâcher là-dessus.
01:14:05 Non, Bruno Le Maire a dit que le traité du Mercosur
01:14:07 ne sera pas signé en l'état.
01:14:09 Alors on n'est pas débiles, chaque mot compte.
01:14:12 Donc en l'état, ça veut dire que rien n'est rayé pour l'instant.
01:14:17 C'est encore en négociation.
01:14:18 Mais parce qu'il y a des choses qui sont bonnes dans ce traité par exemple.
01:14:20 Les jachères et l'Ukraine, ça ne vous satisfait pas ?
01:14:22 Si, si, mais heureusement déjà qu'on va faire attention
01:14:26 à ce qu'on importe de l'Ukraine.
01:14:28 Les jachères, c'était la moindre des choses.
01:14:30 Après, quand on demande, moi j'étais à Bruxelles il y a une semaine.
01:14:34 On était en train de parler justement avec les autres pays européens
01:14:36 qui n'en peuvent plus.
01:14:38 Parce que ça aussi, je peux vous dire, ça vous remonte le moral.
01:14:40 Parce que vous vous rendez compte que vous n'êtes pas tout seul
01:14:42 non plus en Europe à souffrir de cette Europe.
01:14:44 Et les autres pays européens sont dans la même galère que nous
01:14:46 et ont les mêmes revendications que nous
01:14:48 par rapport au traité de libre-échange notamment.
01:14:50 Et on était en train de discuter tous ensemble autour de la table
01:14:52 en train de dire il ne faut plus de traité de libre-échange.
01:14:54 Et en même temps, un traité de libre-échange avec le Chili
01:14:57 se signait...
01:14:59 On n'a pas dit ça.
01:15:01 Ce n'est pas ce qu'on a dit.
01:15:03 Parce que les traités de libre-échange sont parfois extrêmement bénéfiques à la France.
01:15:06 Il y a des choses qu'il faut revoir, des choses qui ne vont pas.
01:15:09 Dans le Mercosur notamment.
01:15:11 Mais dans le traité du Mercosur, il y a des choses qui sont extrêmement favorables à l'Union européenne.
01:15:15 Je vous parle d'un traité avec le Chili, déjà qui est complètement défavorable à nous,
01:15:18 pour la volaille notamment.
01:15:20 Après, le traité de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande.
01:15:22 Importer du lait et de l'agneau.
01:15:24 Importer du lait de l'opposé de la planète.
01:15:27 En quoi c'est vertueux au niveau écologique, parce qu'on nous parle sans arrêt d'écologie à nous en France.
01:15:31 Mais en quoi c'est vertueux de faire venir de l'opposé de la planète, du lait qu'on peut produire en France.
01:15:37 En plus, vous imaginez bien que...
01:15:38 - C'est 20 000 km la Nouvelle-Zélande.
01:15:39 - Quand on a un industriel en face de nous, c'est pour ça aussi qu'on est contre ces traités de libre-échange.
01:15:43 Parce que quand on a un industriel en face de nous,
01:15:46 qui peut importer pour moins cher la même production que nous, on lui propose.
01:15:51 On lui dit "bah non, tu nous payes pas assez cher la viande ou le lait".
01:15:54 Il nous dit "bah moi je m'en fous, je le fais venir de Nouvelle-Zélande pour moins cher".
01:15:57 Comment voulez-vous qu'on ait un moyen de pression pour reprendre la main sur nos traités de libre-échange ?
01:16:01 - Alors, non, s'il vous plaît, je voudrais que Jean-Claude dise un mot.
01:16:03 Est-ce que Bruxelles doit lâcher plus de mains ?
01:16:05 Est-ce que cette rencontre, selon vous, avec Ursula von der Leyen va suffire ?
01:16:08 - Moi, je ne sais pas.
01:16:09 Mais je pense qu'il ne faudrait pas, pour une fois, éviter ou hésiter à faire le bras de fer avec l'Europe si ça ne va pas.
01:16:16 - C'est toute la question.
01:16:17 - Je sais.
01:16:18 - C'est la seule question. Est-ce qu'Emmanuel Macron va vouloir aller au bras de fer ?
01:16:21 - Je pense qu'Emmanuel Macron n'a pas la vie.
01:16:24 - Mais pour aller au bras de fer, il faudrait qu'il renie sa politique.
01:16:26 - Soyons humains.
01:16:27 - Il faudrait qu'il se renie lui-même pour aller au bras de fer.
01:16:28 - Oui, mais cher ami, ce ne serait pas la première fois.
01:16:31 D'abord, on peut se tromper sur le nucléaire, il s'est complètement planté.
01:16:34 - Ce n'est pas une partition politique auquel on est en train ?
01:16:36 - Là, il y a l'Ukraine, on a oublié, mais l'Ukraine c'est le grenier, c'était le grenier de l'Europe.
01:16:43 Vous savez combien sont les salaires moyens en Ukraine ?
01:16:46 200 euros. Comment voulez-vous que nos amis ici puissent rivaliser, être dans la compétition avec les...
01:16:53 Vous savez comment ça marche la volaille en Ukraine ?
01:16:56 C'est un homme, un milliardaire, le roi de la volaille en Ukraine, qui gagne des centaines de millions.
01:17:03 Si on ne décide pas, et si le président de la République ne décide pas d'être d'une extrême fermeté,
01:17:10 notamment sur l'Ukraine, mais pas seulement, on verra bien.
01:17:13 - Il y a eu une décision uniquement, et sur l'Ukraine, c'est important de le rappeler,
01:17:17 ça n'était absolument pas dans un traité, c'était une décision uniquement politique par rapport à la situation de l'Ukraine.
01:17:23 Ça a été une erreur majeure de l'Union Européenne, parce qu'en plus on n'a absolument rien contrôlé.
01:17:28 - Il n'y a beaucoup à dire sur l'Union Européenne.
01:17:31 - Je crois quand même, ne nous trompons pas totalement d'ennemi, parce que le problème de l'agriculture française aussi,
01:17:35 c'est la difficulté d'avoir des marges, que ce soit pour les agriculteurs, que ce soit pour les distributeurs.
01:17:40 Mais ça c'est aussi lié au poids de l'État, parce que structurellement,
01:17:44 toutes les entreprises françaises, à tous les échelons de la chaîne, ont de la difficulté à gagner de l'argent à cause du poids de l'État.
01:17:50 - La crise est loin, il faut qu'on rende l'antenne les amis, je suis désolé, on pourrait évidemment rester des heures,
01:17:55 parce que là notamment sur le volet Bruxelles, mais on en reparlera beaucoup plus longuement demain,
01:17:59 une fois que cette rencontre aura eu lieu en haut lieu à Bruxelles.
01:18:03 - Tiens Maxime, j'ai noté, vous l'avez dit tout à l'heure, Maxime Thiebaud, ça vient du patois bourguignon,
01:18:08 Thieu-Abo, qui veut dire "au cul des vaches".
01:18:12 - Vous avez entendu Amélie ? Son nom ça veut dire "le cul des vaches" à Maxime Thiebaud.
01:18:15 - Non, ça vient du bourgon Thieu-Abo, qui veut dire "au cul des vaches".
01:18:21 - Eh bien bravo à vous, bravo, félicitations, c'était une très belle localisation.
01:18:25 Merci à Maxime Feyer qui a préparé cette émission avec Brio, Coralie Deleplez qui nous a aidé également.
01:18:32 Merci à tous les six, merci madame.
01:18:34 Merci pour votre combat, courage pour la suite. Je sais que vous en avez gros sur la patate pour parler trivialement.
01:18:41 Les français sont avec vous, vous le constatez au quotidien.
01:18:43 On espère que les réponses viendront et que les agriculteurs seront honorés à leur juste valeur.
01:18:47 Merci beaucoup, merci à vous de nous avoir suivi.
01:18:49 L'édition de la nuit dans une poignée de secondes avec Maureen Vidal.
01:18:52 Je vous dis à demain pour un nouveau numéro de Soir Info.
01:18:54 [Musique]

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