Invitée 8H15 : Martine RICO

  • il y a 8 mois
Martine RICO

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Transcription
00:00 *Générique*
00:02 Lady Lae, nous accueillons notre invitée à 8h21 ce matin, c'est Martine Récaud, la présidente régionale de la FCPE, la Fédération des parents d'élèves.
00:09 Bonjour Martine Récaud.
00:10 Bonjour.
00:11 C'est l'actualité sociale aujourd'hui, à côté de la crise agricole, il y a donc grève dans l'éducation nationale.
00:16 Les écoles, les collèges, les lycées, des appels à manifester pour les salaires, pour les conditions de travail.
00:22 Vous, parents, vous comprenez les raisons de la colère et vous soutenez pleinement ce mouvement ?
00:27 Non seulement on soutient, mais on comprend aussi bien sûr, les parents ont à souffrir de ces différentes décisions, réorganisations.
00:36 Ce sont autant de choses que subissent les élèves et que doivent affronter les parents et s'organiser.
00:43 Gabriel Attal a parlé de l'éducation dans son discours de politique générale avant-hier.
00:47 Emmanuel Macron en avait énormément parlé lors de sa conférence de presse, 15 jours auparavant.
00:53 L'école au cœur de la République, c'est grand slogan, ça fait plaisir, mais c'est pas suffisant.
00:58 Ça fait trop longtemps qu'on nous dit des choses, voilà, on n'est pas dans la pub, on est dans l'action.
01:05 Il faut pouvoir faire des choses et qu'on en mesure les choses.
01:08 Aujourd'hui on est un nombre d'organisations, réorganisations, lois contre lois, on évalue rien et paf on change.
01:16 Moi j'ai l'habitude de dire que quand un boulanger change la recette, il peut rater sa fournée de baguettes.
01:21 La cohorte d'élèves qui subit une réforme et l'année d'après on rechange.
01:26 Enfin voyez bien, le bac, les enseignements de spécialité, on a rechangé les dates et tout.
01:30 Tous ceux qui se sont fait des petits pains l'année dernière à cause de la date, qui n'allaient pas y arriver, cette année on rechange.
01:36 Non mais on ne peut pas imaginer que les élèves subissent surtout sans évaluer.
01:40 - Il faut arrêter de multiplier la réforme, c'est ça que vous dites. Annoncer des mesures un matin, d'autres trois jours plus tard.
01:45 - Oui et puis il n'y a rien de cohérent, c'est des choses qui s'empilent.
01:48 Travailler en petits groupes, la FCPE a toujours dit qu'il faut diminuer les effectifs de classe.
01:53 Il faut des petits groupes. On sait qu'on réussit quand c'est comme ça, que les élèves vont prendre le temps de s'occuper d'eux et tout.
01:59 Pour autant, il ne faut pas que ce soit des groupes qui se baladent, il ne faut pas que ce soit des groupes aujourd'hui c'est le A,
02:03 demain c'est le B et on ne sait pas pourquoi. Et puis que ça finit que ça stigmatise.
02:07 Non, non, je pense qu'il faut arrêter, il faut se fixer un cap et le tenir.
02:13 On verra dans un an, deux ans ce que ça donne, mais pas là où on change sans arrêt.
02:17 - Ces groupes de niveau, on l'évoquait dans le journal tout à l'heure à 8h avec un enseignant du Montargois,
02:22 en 6ème et 5ème, lui il disait que ce n'est pas forcément la bonne recette non plus pour la cohésion des élèves, pour la progression.
02:30 - Non, ce n'est pas forcément la bonne recette et puis moi je voudrais savoir comment on va pouvoir faire ça sans effectifs qui augmentent.
02:36 Parce que quand même, quand on nous dit qu'on rend, alors évidemment on ne licencie pas, on n'en est pas là.
02:42 Mais les postes qui partent par mobilité, par départ en retraite ou autre, et qui fait qu'on ne les remplace pas, parce qu'on en rend.
02:49 - Ou par une démographie scolaire qui baisse, ça sera le cas dans notre département.
02:52 - Mais la démographie scolaire, puisqu'elle baisse, au contraire préservons les postes pour diminuer le nombre d'élèves par classe.
02:58 Au contraire, c'est plutôt quelque chose qu'on devrait faire. Alors on en rend.
03:03 On n'imagine pas comment on va arriver à faire, il y a des manques de profs partout.
03:07 Que ce soit le 41, le 37, le 45, vous pouvez aller voir à Voltaire ce qu'il se passe là.
03:12 Enfin, c'est infernal. C'est des mois sans heures.
03:16 - Les enseignants, Martine Rico, on le dit tous, on le reconnaît, on les aime, on sait qu'on a besoin d'eux, qui sont indispensables.
03:22 Mais là ça y est, ça suffit, il faut vraiment, il faut des actes concrets.
03:27 Si on fait le parallèle avec la crise agricole, est-ce qu'il n'y a pas dans cette profession aussi, dans les deux d'ailleurs, un sentiment aujourd'hui très fort de déclassement ?
03:35 On entend, voilà, on se mobilise pour nos salaires, pour les conditions de travail.
03:40 Est-ce que, économiquement, socialement, les profs comme les agriculteurs n'ont pas l'impression d'être les dernières roues du carrosse ?
03:47 - Je ne sais pas si c'est la dernière ou l'avant-dernière.
03:50 Parce que vu le nombre de salariés en difficulté aujourd'hui et de gens qui vivent les choses difficilement,
03:56 ce qui est important c'est que, pourquoi on pose un concours et que les postes au concours ne sont pas remplis ?
04:02 C'est que les jeunes, quand ils sont sortis d'études, quand ils ont des diplômes, ne se présentent pas au concours.
04:08 Ou quand ils ont le concours, ils restent un an, deux ans et ils vont ailleurs.
04:11 C'est quand même un signe de quelque chose.
04:13 C'est pas que la paye, c'est aussi comment je m'épanouis de mon travail.
04:17 Qu'est-ce que j'en attends ? Qu'est-ce qu'on me promet ? Qu'est-ce que je peux imaginer comme carrière ?
04:22 Si on n'a pas ça derrière, on ne trouve pas l'intérêt quoi. Autant aller faire autre chose.
04:27 C'est la première grève de la nouvelle ministre Amélie Oudouaï-Casterat, qui depuis sa nomination s'est mis le corps enseignant véritablement à dos.
04:35 On se souvient, trop de profs absents, pas remplacés dans le public.
04:38 Elle a mis ses enfants dans le privé, elle a choqué, elle s'est excusée.
04:41 Vous dites quoi aujourd'hui ? La page, il faut la tourner, il faut arriver à travailler ensemble.
04:45 Moi je dis que quand on nous dit qu'on va mettre une tenue unique, avec des pullovers et des pantalons tous les mêmes,
04:51 pour gommer les inégalités, on voit bien qu'on ne gommera pas ces inégalités-là.
04:56 C'est-à-dire ceux qui passent par les portes d'à côté pour avoir la place qu'ils ont envie,
05:00 ceux qui vont dans l'école où on peut payer, c'est ça l'inégalité.
05:04 Or le costume ne gommera pas tout ça.
05:06 Sur la polémique Amélie Oudouaï-Casterat, son travail avec les syndicats, c'est possible ? Elle est encore légitime aujourd'hui ?
05:13 Moi je trouve que c'est douteux quand même. L'école de la République, c'est quand même l'école publique.
05:19 Si on veut arriver à ce que l'école publique travaille, qu'elle réussisse, qu'elle emmène nos enfants très loin,
05:25 c'est au minimum que ceux qui sont dedans y croient. Or quand on va ailleurs, c'est qu'on n'y croit plus.
05:30 Merci beaucoup Martine Rico, présidente régionale de l'AFCPE, la Fédération des parents d'élèves.
05:34 Merci à vous d'être venu ce matin. Bonne journée.
05:36 Merci. Merci bien.

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