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00:00 Les enseignants sont en grève aujourd'hui, l'intersyndicale les appelle à se mobiliser pour de meilleurs salaires et plus de postes.
00:06 Et on en parle ce matin avec le co-secrétaire départemental du syndicat SNES-FSU.
00:10 Il est notre invité, il répond à vos questions, Louis de Bergevoir.
00:13 Bonjour Jérémy Destenave.
00:14 Bonjour.
00:15 Alors déjà une question plus générale, on l'a entendu les agriculteurs qui manifestent depuis plus d'une semaine.
00:21 Vous pourriez les rejoindre dans leur mouvement de blocage pour vous faire entendre aussi ?
00:26 Alors on est sensible à leur revendication, à leur détresse même.
00:31 Nous syndicalement on rejoint les positions de la Confédération Paysanne.
00:35 Donc sur ces questions-là, sur leur revendication à eux, on pourrait tout à fait les rejoindre ou les soutenir par un moyen ou un autre.
00:44 L'augmentation des salaires c'est notamment une de leurs revendications, c'est la même pour vous ?
00:48 Ça c'est quelque chose sur lequel il y a une convergence ?
00:50 Oui tout à fait, et puis une agriculture respectueuse de la nature et de la biodiversité également.
00:56 Ça permet quand il y a convergence de donner plus de poids finalement aux deux mouvements,
01:01 ça permettrait peut-être de faire entendre encore plus votre voix et celle des agriculteurs ?
01:06 Oui, oui, globalement le gouvernement joue avec le feu avec pas mal de professions
01:13 et donc ça permettrait d'envoyer un message clair à Emmanuel Macron sur son action.
01:19 Aujourd'hui ce que vous demandez, pourquoi vous manifestez,
01:22 on l'a dit l'augmentation des salaires, mais plus de postes, plus de recrutement, vous n'êtes pas assez, notamment en Dordogne ?
01:29 Oui tout à fait, il y a la question salariale et les conditions de travail qui sont nos revendications pour cette grève.
01:38 Pour vous donner un exemple, en 20 ans, par rapport aux enseignants que moi j'ai eus en tant qu'élève,
01:44 j'ai 15 à 25% de pouvoir d'achat en moins.
01:47 Voilà, tout simplement.
01:49 Et ça, ça se sent dans les concours de recrutement.
01:53 On a 24% de candidats en moins pour être professeur des écoles.
01:57 Les salaires, c'est la principale question pour ces problèmes de recrutement ?
02:01 C'est une grosse partie, oui. L'attractivité du métier passe par les salaires.
02:05 7h49 sur France Bleu Périgordée et France 3, notre invité ce matin c'est Jérémy Desteneuf,
02:10 co-secrétaire départemental du syndicat SNES-FSU, il répond à vos questions, Louis de Bergevin.
02:14 Une des principales mesures annoncées par Gabriel Attal en décembre,
02:17 il était encore ministre de l'éducation sur la réforme du collège,
02:20 c'est la création de groupes de niveaux en maths et en français.
02:23 Ça, vous vous y opposez ?
02:25 Oui, tout à fait. Pour des raisons pédagogiques et techniques d'organisation des enseignements.
02:30 Technique, ça veut dire toujours pas assez d'enseignants pour faire ces groupes de niveaux, c'est ça ?
02:34 Oui, notamment, mais pas que.
02:38 Je pourrais vous prendre rapidement un exemple,
02:40 mais prenons un petit collège de Dordogne avec 2 classes et 44 élèves.
02:46 Voilà, sur la 6ème, classiquement on ferait 2 classes de 22 élèves.
02:50 Là, on va être obligé de faire un groupe avec 14-15 élèves,
02:54 et un autre groupe avec 29-30 élèves.
02:56 Est-ce que vous pensez que l'élève moyen va mieux réussir dans la deuxième situation,
03:01 dans une classe très chargée, qu'avec les groupes de niveaux ?
03:05 Et sur le fond de ces groupes de niveaux aussi,
03:07 vous dites que ce n'est pas efficace de mettre les moins bons élèves ensemble et les meilleurs ensemble ?
03:12 Tout à fait, toutes les recherches en pédagogie montrent que
03:16 le fait de cantonner les élèves à un groupe de tortue,
03:21 parce que pour parler poliment on emploie ce terme-là,
03:24 n'est pas efficace.
03:26 Ça creuse les inégalités.
03:28 En fait, les groupes de niveaux, c'est une forme de tri social, c'est renoncé au collège unique.
03:32 Il faut faire quoi alors pour remonter le niveau des élèves
03:35 qui est souvent pointé en France aujourd'hui ?
03:38 Alors, il faut maintenir l'amnixité en termes de classe,
03:41 et il faut proposer aux élèves en difficulté,
03:43 ponctuellement, sur certaines compétences,
03:45 du soutien et des aides en plus de la part des enseignants.
03:49 Donc, c'est bien d'avoir les élèves en petits groupes pour les aider,
03:53 mais il ne faut pas qu'ils soient cantonnés et enfermés dans ces groupes-là.
03:58 Donc, une aide sur un trimestre,
04:00 sur une compétence qu'ils ne maîtrisent pas, ça c'est efficace.
04:03 En Dordogne, des postes d'enseignants seront supprimés à la rentrée 2024,
04:07 dans le primaire et dans le secondaire.
04:09 On imagine que ça vous inquiète aussi. Vous savez combien exactement ?
04:11 Alors, pour l'instant, les comités qui officialisent ces suppressions
04:16 n'ont pas eu lieu encore, mais on a les chiffres.
04:18 Il y aura 9 postes en moins dans le premier degré,
04:20 et 19 postes en moins dans le second degré.
04:23 Donc, des conditions de travail pour les élèves et les collègues dégradés.
04:28 Une dernière question sur la ministre de l'Éducation, Amélie Oudea Kassera,
04:31 qui est au cœur de la polémique depuis sa nomination.
04:34 Qu'est-ce qui se dit dans les salles des profs ?
04:37 On a envie qu'elle démissionne ?
04:39 - On a l'impression d'avoir reçu un crachat au visage de sa part, tout simplement.
04:44 Donc, il y a une exaspération très très forte vis-à-vis de la ministre,
04:50 alors qu'elle n'a finalement assez peu agi pour l'instant.
04:54 - Elle doit démissionner ?
04:56 - Oui, clairement, elle est plus crédible.
04:59 On ne peut pas demander à des enseignants de respecter la mixité,
05:03 de promouvoir l'égalité fille/garçon,
05:07 et en même temps scolariser ses propres enfants dans des classes non-mixtes.
05:11 Il y a un écart entre son action personnelle et le discours qu'elle porte.
05:17 Il faut avoir des supérieurs crédibles pour qu'une administration fonctionne.
05:22 - Merci beaucoup Jérémy Desteneuve, membre du syndicat SNES-FSU,
05:26 professeur aussi de SVT, et vous appelez à un rassemblement aujourd'hui
05:30 à 10h30 au Palais de Justice de Périgueux.