7 Minutes Chrono avec Cyrille Bonnefoy

  • il y a 6 mois
Alors que l'état vient d'étendre le nombre de "Quartiers Politique de la Ville" dans la Loire, le maire de La Ricamarie est sur TL7. Il évoque le rôle et le sens de ces QPV pour sa ville qui en compte deux.
Transcript
00:00 [Musique]
00:15 Bonjour à tous, bienvenue, 7 minutes chrono, chaque jour la parole aux personnalités du département de la Loire.
00:20 Et c'est Cyril Bonnefoy que j'accueille aujourd'hui, maire de l'Arrecamari, depuis 2018, réélu en 2020 pour un nouveau mandat.
00:27 Bonjour Cyril Bonnefoy. Bonjour, bienvenue dans cette émission.
00:30 Je voudrais que nous parlions des QPV dans une deuxième partie d'émission, ces quartiers politiques de la ville,
00:35 puisque depuis le 1er janvier 2024, la carte des quartiers prioritaires a évolué dans notre département.
00:41 Nous verrons quels sont les tenants et les aboutissants pour une commune comme la vôtre.
00:44 Auparavant, petit bilan, à mi-mandat, vous étiez attaqué à un vaste chantier de rénovation urbaine à l'Arrecamari, où en es-tu en ce début 2024 ?
00:53 Alors on est dans une dynamique très positive sur le plan de rénovation urbaine.
00:57 Je rappelle qu'on est dans une dynamique de travail très étroite avec Saint-Etienne Métropole,
01:01 qu'on a été éligible et qu'on a travaillé sur le plan partenariat d'aménagement,
01:05 et qu'aujourd'hui on envisage la ville de manière complètement cohérente, résonnée,
01:10 en faisant une forme de tracé et de coulée verte sur l'ensemble de la ville,
01:13 notamment avec la découverte de Londènes sur l'ensemble de l'Arrecamari.
01:18 Ce qui va irriguer la ville autrement et ce qui va mettre en évidence les écrins de nature qui entourent notre ville.
01:23 Parallèlement, on a continué à travailler sur les poches humaines en difficulté,
01:29 avec des marchands de sommeil, des espaces qui étaient dégradés,
01:33 pour faire en sorte de travailler sur le peuplement de la ville autrement.
01:36 Donc on est encore dans cette dynamique-là.
01:38 On est soumis quand même à quelques difficultés, à quelques tensions sur le logement,
01:42 notamment sur l'immobilier, avec des coûts de projet qui sont trop chers aujourd'hui,
01:48 des sorties de projets qui sont trop chers, et on ne trouverait pas d'acquéreur.
01:52 Du coup, on est obligé de différer, de faire des sortes de friches foncières
01:56 pour des projets qui viendront plus tardivement.
01:58 Mais ce n'est pas grave, on aura certainement d'autres intérêts.
02:01 Avec la Loasanne d'ailleurs, on espère que dans ces espaces-là,
02:04 on puisse penser avoir des investissements de l'extérieur qui viendront construire sur l'ancien.
02:11 Et du coup, avec une autre dynamique pour notre ville,
02:14 parce qu'il y a besoin d'équilibre territorial en matière de construction également.
02:18 Aujourd'hui, on parle évidemment des contraintes budgétaires
02:21 auxquelles font face l'ensemble des collectivités.
02:23 Est-ce que c'est le cas aussi à l'Arric à Marie ?
02:25 Est-ce qu'il faut revoir certains projets en fonction des coûts inévitables pour tous ?
02:29 Alors pour le moment, la ville de l'Arric à Marie, en matière d'investissement,
02:31 paradoxalement, alors qu'on travaille depuis très longtemps sur la rénovation urbaine,
02:35 nos équipements sont tout neufs.
02:37 On a plutôt une grosse présence de photovoltaïques.
02:41 Tous nos bâtiments sont pour la plupart isolés.
02:43 On n'a pas forcément un fort taux d'endettement.
02:46 Simplement, on a des coûts de fonctionnement qui ne cessent de croître
02:49 avec les mesures nouvelles légitimes en direction des salariés.
02:52 Des coûts de fonctionnement qui sont de plus en plus lourds.
02:54 Donc on essaye de tenir un équilibre fragile et des recettes
02:57 qui sont essentiellement et qui reposent essentiellement sur l'État,
03:00 notamment dans des villes comme les nôtres où il y a 56% de logements sociaux
03:04 où donc du coup il y a peu de propriétaires.
03:06 On essaye de faire en sorte que notre équilibre se tient,
03:09 mais ça se tient plutôt bien.
03:10 Mais on reste inquiet, on reste prudent pour les années futures
03:13 parce qu'effectivement, on risque d'être empêché dans nos réalisations
03:16 par des défauts de capitaux et des défauts en matière de crédit.
03:21 – Donc prudence et vigilance.
03:22 – Prudence, vigilance, mais aussi optimisme parce qu'on n'a pas d'endettement.
03:25 On a une ville qui est plutôt…
03:26 – Avec de grosses capacités d'investissement.
03:28 – Voilà, d'investissement encore.
03:29 – Je voudrais que nous parlions des QPV, un acronyme que le grand public connaît peu.
03:32 Pourtant on parle de politique de la ville, des quartiers politiques de la ville.
03:35 Depuis le 1er janvier 2024, je le disais,
03:37 l'État a décidé de revoir un petit peu la cartographie.
03:40 Aujourd'hui, 24 quartiers prioritaires dans le département,
03:43 5 de plus qu'auparavant, 57 300 habitants vivent dans ces quartiers politiques de la ville.
03:48 Il y en a deux à l'Arrêt Camarille, le Mont-Sel et le Centre-Ville,
03:51 des quartiers qui ont été revus à la hausse en termes de superficie.
03:56 L'idée, il s'agit de résorber les inégalités avec le reste du territoire.
04:00 C'est ce qu'on dit officiellement autour de ces QPV.
04:03 Qu'est-ce que c'est qu'un QPV pour vous, Cyril Bonnefoy, élu à l'Arrêt Camarille ?
04:06 – Alors le QPV, c'est à mon avis, ça devrait être une forme de république sociale.
04:12 De faire en sorte que les quartiers qui ont moins de moyens,
04:14 aient une forme de rééquilibrage social, économique, qui se fasse en ces directions-là.
04:18 Je rappelle que dans les quartiers politiques de la ville,
04:20 c'est des endroits où au niveau démographique, ça explose.
04:23 Au niveau de ceux qui construiront la société de demain,
04:26 qui construisent la société d'aujourd'hui.
04:28 – Oui, une population très jeune.
04:30 – On a une population très jeune, on a une population aussi
04:33 où sont situés les premiers de corvée, non pas les premiers de cordée,
04:36 mais les premiers de corvée, qui sont ceux qui construisent,
04:39 pendant le confinement, qui étaient là et qui étaient à la labeur.
04:42 Donc qui travaillent dans les hôpitaux, qui sont des agents de service,
04:46 qui sont des accompagnateurs à domicile.
04:49 Toutes ces personnes ou des super-êtres,
04:53 des gens qui travaillent dans les commerces.
04:58 On a vraiment les premiers de corvée qui sont sur nos territoires,
05:02 on a une explosion démographique, on a peu d'argent, peu de recettes.
05:06 On est une ville qui, au niveau des minima sociaux,
05:08 qui est aussi très marquée, et en même temps,
05:11 on est ceux qui avons moins de moyens.
05:13 Donc il y a une forme de déséquilibre.
05:14 – D'essayer de mobiliser les moyens de l'État envers ces quartiers.
05:17 – Pour faire une péréquation en direction des quartiers les plus fragiles.
05:21 Et c'est ça, en premier lieu,
05:24 c'est ça l'ambition des quartiers politiques de la ville.
05:26 C'est une forme de recréer une république sociale
05:29 qui est en rupture sur notre territoire aujourd'hui.
05:31 – Mais est-ce que ça fonctionne ?
05:32 C'est-à-dire qu'on mobilise les moyens en matière fiscale,
05:34 en matière d'emploi, d'insertion, développement économique.
05:37 Est-ce que ça fonctionne aujourd'hui ?
05:38 Et est-ce que vous attendez plus, vous, maire de l'Arrée Canarie ?
05:41 – Alors, moi je rappelle simplement que ce dont on a besoin,
05:45 ce n'est pas forcément de QPV.
05:46 Ce dont on a besoin, c'est une présence des services publics.
05:49 Le service public et le patrimoine de ceux qui n'en ont pas
05:52 devraient être davantage présents dans ces territoires.
05:54 Or, la Cour des comptes met en évidence l'inverse.
05:56 Il y a moins de services publics, il y a moins de médecins aussi,
05:59 il y a moins de services à la personne.
06:01 Donc à un moment donné, il faudra se poser les bonnes questions.
06:03 Au-delà des QPV, il faudra poser la question
06:05 de la présence du service public dans les territoires
06:07 les plus marqués socialement, mais aussi les territoires d'avenir,
06:10 là où ça explose au niveau démographique.
06:12 Là où la jeunesse de demain,
06:13 qui seront ceux qui construiront notre société,
06:15 est en train de grandir.
06:17 Donc il faut regarder nos quartiers bien autrement
06:19 que ce qui se vit et ce qui se dit aujourd'hui.
06:22 Il faut concerner la jeunesse dans la vie municipale un peu plus, ou pas ?
06:27 Bien évidemment qu'il faut la concerner, mais pour la concerner...
06:30 L'attachement à un territoire, disons.
06:32 Il faut la concerner, mais il ne faut surtout pas ne pas créer de ruptures.
06:35 Et les ruptures, elles sont à plein d'endroits aujourd'hui.
06:37 Elles sont sur un plan culturel, elles sont sur un plan scolaire.
06:41 Les inégalités, elles ne cessent de s'accroître.
06:44 Et à un moment donné, il faudra bien que ces QPV, s'ils existent,
06:48 s'ils ont cette vertu de recréer une république sociale,
06:51 réduisent ces inégalités sociales.
06:53 Et ça n'est pas le cas.
06:54 On fragilise les territoires aujourd'hui.
06:56 Et puis j'en veux pour preuve récemment la loi immigration,
06:58 qui pour moi est une aberration.
07:00 Nous dans notre ville, on est dans une situation
07:02 de "no man's land" administrative,
07:04 où il y a plein de gens qui sont là depuis 10-12 ans en France
07:06 et qui n'arrivent pas à avoir leur papier,
07:08 et qui nécessitent du coup un accompagnement social
07:10 bien plus prégnant que les autres,
07:11 qui épuisent nos équipes,
07:12 alors qu'ils pourraient totalement apporter à notre société.
07:15 Cette loi pour moi était une aberration,
07:17 et ça va fragiliser encore mieux les quartiers.
07:19 Il y a une inquiétude ou pas ?
07:20 Ou un optimisme quant à l'avenir, si j'ai le bon choix ?
07:23 L'optimisme ne peut naître que la jeunesse.
07:26 On est des quartiers jeunes, on est des villes jeunes,
07:28 donc on a intérêt de travailler à cette république sociale.
07:31 Je le redis, une république, c'est une table à trois pieds.
07:34 Un pied égalité, qui est un peu négligé.
07:37 Un pied liberté, qui est proéminent.
07:39 Et un pied fraternité, qui l'est de moins en moins.
07:41 On est une table, on est une république qui se fragilise.
07:44 On a intérêt de vraiment se questionner sur cette société
07:47 et sur cette réduction d'inégalité sociale,
07:49 qui est indispensable pour notre société et pour notre république.
07:52 En faisant confiance au terrain ?
07:53 Bien évidemment, le terrain, c'est de là que naîtrant les solutions, bien évidemment.
07:58 Merci beaucoup Cyril Bonnefoy d'être venu nous parler de QPV, de l'arricamarine.
08:01 C'était très court évidemment, ça pourrait mériter des heures et des heures d'émission.
08:04 Merci de nous avoir suivis, on se retrouve demain sur TL7.
08:07 A demain.
08:08 [Musique]

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