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00:00 Je suis un personnage public, je suis comme l'a dit Alain Jérôme, une star.
00:05 C'est souvent difficile d'être le fils d'une star parce qu'on voudrait exister par soi-même,
00:09 on voudrait s'affirmer.
00:11 Peut-être une dernière question, mais d'abord vous dire, cette phrase d'une retraitée,
00:18 bravo Alain Delon pour son cœur, sa sincérité et sa franchise.
00:22 Cet autre qui, semble-t-il, fait de l'art dramatique,
00:25 "Restez comme vous êtes, vous êtes tellement simple".
00:28 Et puis ce dernier, il y a eu beaucoup d'autres questions le concernant,
00:31 vous avez commencé l'antenne, ce débat de ce soir,
00:35 en parlant d'un personnage qui vous tient à cœur, c'est votre fils,
00:38 et en parlant notamment de la peur qu'il avait du générique des dossiers de l'écran.
00:41 Et beaucoup de téléspectateurs me disent, pourquoi est-il brouillé avec lui,
00:45 et beaucoup souhaiteraient vous voir un jour réconciliés,
00:48 ne serait-ce qu'à travers le cinéma, vous voir un jour réunis sur les écrans.
00:54 Réunis sur les écrans, ce n'est pas une question de souhait,
00:57 c'est une question de sujet, de scénario, que nous saurons sûrement trouver un jour ou l'autre.
01:01 Réunis dans la vie, vous nous verrez, c'est une question de temps,
01:05 c'est une question de situation.
01:07 Vous savez, il ne faut pas mettre les choses à une place qui n'est pas la leur.
01:11 Les rapports entre Alain Delon et son fils,
01:13 sont les rapports de chaque père avec un enfant.
01:15 A ceci près, avec une toute petite pointe de différence,
01:18 c'est que je suis un personnage public, je suis, comme l'a dit Alain Jérôme, une star.
01:23 C'est souvent difficile d'être le fils d'une star,
01:25 parce qu'on voudrait exister par soi-même, on voudrait s'affirmer, on voudrait se réaliser.
01:29 On peut être quelques fois fatigué ou lassé d'entendre les gens vous dire,
01:33 "Ah bah dis donc Anthony, c'est le fils de Delon",
01:35 "Ah bah oui parce que..."
01:36 Et c'est une chose qui peut excéder un enfant.
01:38 Et ça fait que des rapports peuvent être tendus et peuvent être difficiles.
01:41 Mais pas plus qu'entre tous les pères et tous les fils,
01:44 ou toutes les mères et toutes les filles du monde, je vous l'affirme.
01:47 - Ça va bien.
01:49 - Ça ira bien.
01:50 - Ça ira bien.
01:51 - C'est une question de temps.
01:53 Le seul problème, si vous voulez, qui moi me blesse, me gêne, m'attriste,
01:57 c'est qu'il a plus de temps que moi.
01:59 Moi il me reste beaucoup moins que lui.
02:02 - Justement, vous venez de fêter votre anniversaire au mois de novembre.
02:05 - Oui, le 8.
02:06 - 8 novembre. Scorpion, le deuxième décan.
02:09 Et vous entrez dans un nouvel âge, si je puis dire.
02:13 Peut-être dans la décade qui mène vers les 60 ans, par exemple.
02:17 Comment vous vivez ça ? Mal, peut-être ? Non ?
02:19 - Non, je le vis mieux maintenant. Je l'ai vécu très mal à 50 ans.
02:22 Pendant quelques années, ça a été très dur, très pénible.
02:25 J'ai eu un passage où j'ai perdu confiance en moi,
02:28 j'ai douté de moi-même, douté des autres, douté de tout le monde.
02:31 Mais ça suivait aussi une certaine époque assez mouvementée et bouleversée de ma vie,
02:35 où j'avais beaucoup souffert.
02:37 Parce que ça me fait penser à une phrase que j'avais dans un film
02:41 de ce merveilleux scénariste Audiard, dans un film de Gabin,
02:43 où il disait « La loi des hommes est la même pour tout le monde ».
02:46 Et Gabin répondait « Mais le désespoir, non ».
02:48 Et donc, on a le droit. C'est pas parce qu'on est Pernod Delon ou parce qu'on est X
02:52 qu'on souffre moins que les autres. Le désespoir est tout à fait différent pour chacun.
02:56 Et donc, j'ai eu un virage de vie très difficile et j'ai beaucoup souffert.
03:01 Voilà, c'est tout. Mais on s'en remet.
03:03 Et puis maintenant, ça va mieux parce que la vie est belle.
03:06 - Et vous souriez. - Et je souriais.
03:08 - Georges Baume. - Oui.
03:10 - Georges Baume, qui fut longtemps votre agent et votre ami aussi.
03:13 - Il est le parrain de mon fils, oui. - Voilà.
03:15 - Il est... - Il est l'agent de mon fils aussi.
03:17 - Alain a tous les dons, sauf celui du bonheur.
03:21 Est-ce qu'il a raison aujourd'hui ? Non ?
03:25 - Il a eu raison jusqu'à aujourd'hui.
03:27 Il a eu raison peut-être jusque demain, mais il aura tort après-demain.
03:31 Et très souvent, jusqu'à aujourd'hui, c'est vrai que j'ai souvent eu l'envie ou l'idée
03:36 de faire passer une petite annonce en disant « Effectivement, j'ai tous les dons,
03:39 sauf celui du bonheur. » Et changerai volontiers quelques dons contre un peu de bonheur.
03:43 Mais je crois que maintenant, il aura tort dans très peu de temps.
03:47 Très, très peu.
03:48 - Si vous aviez... Pardonnez-moi de parler de cela, mais c'est vous qui l'avez évoqué tout à l'heure.
03:53 Si vous aviez à faire graver votre épitaphe, qu'est-ce que vous aimeriez qu'on y taisse comme trace ?
04:00 - C'est très simple. Alors là, je t'apprends dans Musset.
04:03 Une phrase qui m'a toujours beaucoup touché, beaucoup bouleversé,
04:06 parce que je pense que c'est peut-être l'épitaphe qui me ressemblera le plus,
04:12 ce qui se collera le plus à moi.
04:15 C'est tout simple, c'est ceci.
04:17 « J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois, mais j'ai aimé.
04:24 C'est moi qui ai vécu, et pas cet être factice créé par mon orgueil,
04:31 et pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »
04:34 Voilà. « J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois,
04:36 c'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »
04:41 Voilà ce que j'aimerais promettre.
04:43 - Qu'est-ce que vous allez faire pour Noël, pour les fêtes ?
04:46 - Rien. Je vais le passer chez moi, à la campagne.
04:49 - Seul ? - Non, pas seul.
04:52 Je ne suis jamais seul. De toute façon, je ne suis jamais seul avec moi-même,
04:55 parce que je m'entends tellement bien avec moi-même, je suis jamais seul.
04:57 - Avec des chiens ? - Non, non.
04:59 Je le passerai avec des êtres que j'aime, des êtres qui me sont chers,
05:02 des êtres qui partagent ma vie, et puis aussi avec des chiens.
05:06 Et puis, simplement parce que là aussi, on rejoint un peu les larmes de la petite enfance,
05:10 parce que je n'ai jamais vraiment apprécié Noël, parce que je n'aime pas vraiment Noël,
05:13 parce que je n'en ai pas beaucoup eu, et que Noël n'a jamais été pour moi un grand souvenir.
05:19 Je n'aime pas vraiment les fêtes.
05:21 Comme disait si bien Edith Piaf, « Je vais les dimanches, moi je vais les fêtes ».
05:25 - Parce que là, on a parlé de beaucoup de choses, mais qu'on n'a pas parlé de long chanteur.
05:30 Ça a été une expérience.
05:32 - C'est une telle péripétie mineure dans ma vie, minime.
05:36 Je me suis amusé, j'ai décidé un jour de me faire plaisir.
05:38 Vous savez, je n'ai pas attendu l'année dernière pour faire cette chanson au cinéma.
05:42 Je m'étais amusé.
05:44 - Ça fait comme au cinéma.
05:45 - Comme au cinéma.
05:46 J'avais donné déjà la réplique à Dalida dans une de ses chansons.
05:49 J'avais chanté avec Shirley Bassey.
05:50 J'avais fait une chanson surtout pour Parole de flic qui s'appelait « I don't know ».
05:54 Et puis, la semaine dernière, l'année dernière, enfin il y a deux ans,
05:57 on est venu me proposer de chansons que je trouvais assez intéressantes,
05:59 parce que j'avais la possibilité de m'exprimer, de dire des choses que j'ai travaillées,
06:03 que j'ai remis moi-même dans ma bouche, et que j'ai un texte que j'ai refait,
06:06 que vous allez peut-être entendre, je crois,
06:08 et qui est assez intéressant à entendre,
06:10 parce que là aussi, c'est le reflet un petit peu de ce que je pense, de ce que je suis,
06:14 de ce que je serai toujours.
06:16 [Musique]
06:24 [SILENCE]

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