Le socialiste toulousain Didier Cujives démissionne de tous ses mandats
Transcript
00:00 - Bon réveil, merci d'avoir choisi France Bleu Occitanie, il est là, ça se passe en direct sur France Bleu et France 3 Occitanie.
00:06 Notre invité vient d'arriver dans le studio de la radio, vous en dites quoi les politiques, les élus, restent-ils trop longtemps en place ?
00:12 On va en parler avec lui, prenez le temps quand même de respirer, appelez-nous pour réagir.
00:16 05 34 43 31, votre invité Jeanne-Marie Marcot a décidé lui de tout quitter.
00:21 - Bonjour Didier Cuvive. - Bonjour.
00:23 - Vous avez donc surpris tout le monde fin janvier en annonçant démissionner de l'ensemble de vos mandats.
00:29 Votre mandat de maire socialiste de Pauillac, de conseiller départemental et la présidence du comité départemental du tourisme en Haute-Garonne.
00:37 35 ans de vie politique, qu'est-ce qui vous prend Didier Cuvive ?
00:42 - Pour moi c'est tout à fait naturel, je milite depuis plus de 40 ans, donc avant que je ne sois élu,
00:51 et j'ai toujours milité pour une nouvelle république, pour la 6ème république.
00:58 J'appartenais au parti socialiste, j'appartiens à un courant particulier qui a toujours milité pour justement limiter les mandats
01:08 et faire en sorte qu'il y ait un renouvellement naturel des générations.
01:13 - Mais pourquoi vous êtes-vous présenté à Pauillac ? Vous deviez être maire jusqu'en 2026, vous abandonnez votre commune ?
01:18 - Alors je n'abandonne pas ma commune parce que bien sûr il y a une équipe derrière moi,
01:23 et que je pense aussi que la transmission en cours de mandat est une bonne chose,
01:29 parce qu'elle permet justement à une nouvelle équipe de bien se préparer pour aborder le mandat à suivre.
01:36 - Et montrer l'exemple c'est de ne pas rester trop longtemps, c'est ça selon vous l'exemple ?
01:40 - Ah ben moi je pense qu'il n'y a que ce seul exemple, c'est celui justement de prendre et de faire ce que l'on dit,
01:50 parce que pendant des années si vous voulez c'est aussi ce qui gêne les citoyens,
01:58 qui entendent les élus dire des choses et faire le contraire des choses qu'ils ont annoncées.
02:03 - Et je suis sûr que ce que vous dites va faire réagir nos auditeurs au 05 34 43 31 31.
02:08 Si vous estimez vous aussi que les politiques restent parfois trop longtemps en place,
02:12 n'hésitez pas à appeler le standard de France Bleue, c'est Christine qui prend vos appels.
02:14 Didier Cugif vous fait écouter l'avis d'une albigeoise que Sandrine Morin a rencontrée,
02:19 elle s'appelle Sylvie et elle estime que les politiques se déconnectent très très vite de la réalité du terrain.
02:24 - Au bout d'un moment, pour en avoir fait un petit peu à l'échelle locale,
02:28 ces gens là se déconnectent très vite finalement de la base et de ce pourquoi ils ont été élus.
02:34 Il y a des codes à avoir, il y a des comportements à avoir, il y a une capacité de passer des deals aussi,
02:38 de se pervertir par moment, donc oui ça devient un métier à part entière.
02:42 - Vous répondez quoi à ça Didier Cugif ? 35 ans de vie politique derrière vous,
02:45 vous avez 65 ans il me semble aujourd'hui.
02:47 - Alors 64.
02:48 - 64, mes excuses, mes excuses.
02:50 - Non, l'âge de la retraite, j'ai l'âge de la retraite.
02:52 - Vous n'êtes plus dans le coup ?
02:54 - Ah écoutez, très sincèrement, moi j'estime que je suis encore dans le coup,
02:58 je suis en pleine santé, que j'ai toutes mes capacités intellectuelles,
03:02 que j'aurais pu en effet poursuivre, continuer encore longtemps,
03:06 mais je crois que l'éthique en politique c'est quelque chose qui est important,
03:10 il faut savoir à un moment donné d'y restopper et dire,
03:14 il faut laisser la place à de nouvelles générations, on a fait le temps
03:18 et déjà 35 ans c'est beaucoup.
03:20 - Sur votre santé justement, deux fois dans votre discours face aux habitants de Pauillac,
03:23 vous avez dit que vous n'étiez pas malade, c'est une question qu'on vous pose souvent ?
03:26 - Très souvent.
03:27 - Tout le temps ?
03:28 - Invariablement, c'est la seule question qu'on m'ait posée.
03:30 - Vous êtes malade ?
03:31 - Est-ce que vous êtes malade ? Ben non je ne suis pas malade,
03:33 je suis en pleine santé, d'ailleurs je vais pouvoir justement peut-être en profiter.
03:37 - On va en parler, vous souhaitez faire un tour du monde,
03:39 mais vous partez un petit peu défaitiste quand même,
03:41 vous dites que la démocratie est malade, qui est responsable de ça selon vous ?
03:45 - Je pense que les hommes et les femmes politiques pendant longtemps
03:50 expriment des positions, des idées, et dans la réalité on voit que
03:56 la parole donnée n'est pas toutes les fois respectée.
04:02 Et donc moi j'ai essayé pendant ces 35 ans d'être en conformité
04:08 simplement avec mes engagements, et mon engagement ça a été celui de dire
04:14 qu'un jour je quitterai.
04:16 - Et vous encouragez votre fils Romain Cugive qui est dans l'opposition à Toulouse
04:19 à persévérer en politique, à être pourquoi pas, ça vous ferait plaisir,
04:23 vous seriez heureux de le voir maire de Toulouse par exemple ?
04:26 - Je crois qu'il en a tout à fait les capacités.
04:28 Dans tous les cas, puisque vous en parlez,
04:31 vous savez, mon fils cette année va fêter ses 40 ans,
04:35 et quand j'ai été élu, il avait 4 ans.
04:39 Donc ça a été aussi pour moi une prise de conscience.
04:43 - Et la suite pour vous c'est donc un tour du monde avec votre compagne Hélène ?
04:46 - Oui absolument ! - Et Ulysse, le camion ?
04:49 - Voilà c'est la troisième personne.
04:52 Oui oui tout à fait. - Partez-vous, faites-nous rêver !
04:55 - On part en Amérique du Sud, je vais quitter mes mandats le 30 avril,
05:00 et le 7 mai je vais amener à Anvers en Belgique
05:06 le camion qui va traverser l'Atlantique,
05:09 on va le rejoindre à Montevideo en Uruguay,
05:12 et là on va commencer, on va débuter un tour du monde
05:16 avec le souci justement d'être attentif à cette planète qui est bien malade,
05:21 qui en a besoin, à la rencontre des peuples premiers,
05:24 et réaliser en fait des actions enthousiasmantes,
05:30 parce que pendant longtemps j'ai eu une vie très active,
05:34 et je ne pouvais pas envisager de regarder Netflix dans mon canapé.
05:39 - Est-ce que vous croyez qu'on a une réaction au standard de la radio ?
05:42 - Oui, de Gilbert à Villeneuve-sur-Lotte, bonjour Gilbert !
05:45 - A l'ichasse madame Emond, à l'ichasse !
05:47 - 05 34 43 31 31, vous avez un message pour monsieur le maire je crois ?
05:52 - Oui j'ai un message, moi je suis non à la démission,
05:55 je pense que les politiques doivent rester en place,
05:58 ce n'est pas parce qu'ils ont pris des décisions et que dans le temps
06:01 ils sont obligés de modifier, c'est en assurant justement sur le terrain
06:05 que l'on peut modifier ses positions et c'est sur le long terme.
06:08 - C'est sur le long terme, 35 ans de vie politique,
06:10 je pense que Didier Cugive peut vous dire qu'il a défendu certains projets,
06:14 un projet notamment je pense à la 69,
06:17 vous êtes farouchement Didier Cugive opposé à la 69,
06:20 la future autoroute entre Toulouse et Castre,
06:22 ce combat-là vous l'abandonnez ?
06:23 - Alors je ne l'abandonne pas parce que bien sûr il y a des militants,
06:26 il y a du monde, mais en tout cas je le soutiens,
06:28 j'ai le soutien comme j'ai soutenu il y a quelques années en arrière,
06:32 c'était il y a 20 ans, vous voyez c'est presque au Moyen-Âge,
06:35 le combat contre le second aéroport ici à Toulouse
06:40 qui avait mobilisé des milliers et des milliers de personnes,
06:42 on a gagné ce combat, j'en ai été très fier, je l'avais conduit,
06:46 à cette époque-là j'étais jeune maire,
06:49 je le termine avec un combat aussi pour la planète,
06:52 pour la protection de la planète,
06:54 ce projet est complètement ridicule et inutile,
06:57 il faut le combattre et je continuerai de le combattre,
07:00 on n'a pas toujours besoin de mandat pour mener un combat.
07:03 - Bonne journée Gilbert dans le Lot-et-Garonne à Villeneuve-sur-Lot,
07:06 bonne journée à vous.
07:07 - Vous êtes fier de votre parcours politique ?
07:09 - Très sincèrement, oui je le suis,
07:13 je le suis parce qu'il a été très multiple,
07:16 j'ai été conseiller régional,
07:17 j'ai exercé toutes les fonctions de mandat locaux,
07:21 puisque j'ai été conseiller régional,
07:23 j'ai eu en charge le développement économique de la région à l'époque midi-pyrénées,
07:28 puis j'ai été en charge des affaires européennes à la région midi-pyrénées,
07:34 maintenant au département responsable du tourisme,
07:39 de la coopération internationale, la mairie, le territoire du pays.
07:44 - Donc il y a de l'émotion aussi j'imagine de quitter tous ces mandats ?
07:46 - Ah oui parce que j'adore ce que je fais,
07:48 c'est-à-dire que je quitte quelque chose que j'aime.
07:50 - Pour autre chose que vous allez aimer puisque vous allez faire un tour du monde,
07:53 merci beaucoup d'être venu nous voir une dernière fois en tant que politique,
07:56 Didier Cugive, si ça vous va, on se quitte en musique ?
07:59 - Avec plaisir !
08:01 (Musique)
08:05 - Bonne voyage Didier Cugive, on espère qu'il vous enverra les photos.
08:09 - Merci, je ne manquerai pas !
08:12 - Merci d'avoir choisi France Bleu Occitanie,
08:14 le débat continue si vous le souhaitez sur les réseaux sociaux.