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00:00Ici Occitanie, le réveil 100% local, ici matin.
00:04Y a-t-il un médecin dans la salle ? Oui, nous, on a.
00:06C'est le début de notre quart d'heure toulousain.
00:08Faut-il obliger ces médecins généralistes à consulter dans les déserts médicaux ?
00:12C'est la question qu'on vous pose ce matin.
00:14Venez participer à ce quart d'heure toulousain, si vous le souhaitez.
00:1605 34 43 31 31.
00:18Des médecins qui sont en grève illimitée depuis hier, France,
00:22et qui prévoient de manifester cet après-midi,
00:24depuis la fac de médecine des Allées Jules Guède à Toulouse.
00:26Bonjour Agathe Lechevalier.
00:28Bonjour.
00:28Vous avez 37 ans, vous êtes vice-présidente du syndicat de jeunes médecins
00:33mi-pagir en Médipiranais et médecin salarié dans un centre de santé associatif
00:38du quartier des Amidonis à Toulouse.
00:40Vous avez donc fait le choix de ne pas aller à la campagne,
00:43de ne pas aller dans un désert médical ?
00:45Oui, en effet, parce que tout simplement, j'ai mon conjoint qui est fonctionnaire territorial,
00:49qui lui est posté à Toulouse, je suis mère de famille,
00:52et du coup, je n'ai pas forcément eu le choix du lieu de vie que je voulais.
00:56D'accord. La loi Garot, qui va être débattue à l'Assemblée nationale la semaine prochaine,
01:01prévoit notamment de réguler l'installation des médecins.
01:04Il faudra le tampon de l'Agence régionale de santé pour s'installer,
01:07comme pour les pharmaciens, comme pour les kinés.
01:09Pourquoi vous êtes contre ?
01:11Oui, en effet, c'est l'article 1 de la proposition de loi de Guillaume Garot
01:13qui empêcherait toute nouvelle installation,
01:16sauf s'il y a un départ qui se fait.
01:17Mais on pense que ça peut être contre-productif,
01:20parce qu'actuellement, les installations qui se font souvent en transition
01:24sur un départ qui se fait progressivement,
01:28avec un médecin qui commence son activité
01:30pendant que le médecin qui part part à la retraite petit à petit.
01:34Et en fait, le postulat de départ, on pense qu'il est faux,
01:37parce que l'idée, ce serait qu'on penserait qu'il y ait des zones surdotées,
01:41contrairement à des zones sous-dotées.
01:42Actuellement, ce n'est pas le cas.
01:43Il y a 87% du territoire qui est une zone dite sous-dotée.
01:47Il n'y a pas de ville aujourd'hui qui peut dire
01:49« moi, j'ai trop de médecins ».
01:50Actuellement, si la mesure est acceptée,
01:52ça veut dire qu'il n'y a plus de nouveaux médecins
01:53qui s'installeront à Toulouse et dans la métropole,
01:56alors qu'on sait qu'il y a une croissance démographique
01:57de plus de 5 000 personnes par an.
02:00C'est vrai et faux ce que vous dites.
02:01Il y a des quartiers toulousains où il y a plusieurs médecins,
02:035, 6, 7 médecins généralistes,
02:05et des communes plus rurales qui ont zéro généraliste tout de même.
02:09Oui, alors on sait que maintenant,
02:11l'organisation des médecins, c'est plus sur des maisons de santé
02:14où il y a plusieurs professionnels
02:16parce qu'on sait que ça permet à la fois
02:18une meilleure qualité de travail pour les médecins
02:19et aussi une meilleure qualité de soins pour les gens
02:21parce que ça permet qu'il y ait médecins, infirmiers,
02:24sages, femmes, éventuellement kinés, pharmaciens
02:27qui puissent se coordonner autour des soins du patient.
02:30Mais vous, vous auriez pu dire que votre conjoint,
02:33allez, on s'installe à 15 kilomètres de Toulouse,
02:35on fait un petit peu de route le matin
02:36et moi, mon médecin, je vais pouvoir soigner ces gens
02:40qui n'ont pas de médecins généralistes.
02:41Mais c'est un choix que vous n'avez pas fait.
02:43Alors, 15 kilomètres de Toulouse,
02:45on est encore dans la zone dite surdotée.
02:48Donc, on ne serait pas, en fait,
02:50je n'aurais pas la possibilité de m'installer
02:52de nouveau dans ces zones.
02:54Donc, j'ai été voir les personnes de Colomiers,
02:56par exemple, qui, eux, seraient concernées par la mesure
02:58et qui sont désespérées de voir qu'il n'y aurait pas
02:59de nouveaux médecins chez eux.
03:00Le Premier ministre François Bayrou veut instaurer
03:03une solidarité territoriale.
03:05Donc, demander à tous les médecins de consulter
03:07un ou deux jours par mois dans un désert médical.
03:09Êtes-vous prête à le faire ?
03:11Alors, pourquoi pas ?
03:12Ça peut être intéressant.
03:13Et c'est quelque chose, en fait,
03:14qui est déjà mis en place par le dispositif
03:16qui s'appelle Médecins Solidaires,
03:17qui permet justement aux médecins,
03:18sur la base du volontariat,
03:20de faire quelques jours dans des zones
03:22qui sont les plus sous-dotées.
03:23Et c'est quelque chose qui marche.
03:25Alors, par contre, il faut une organisation derrière.
03:26Ça veut dire qu'il faut un local,
03:28il faut un secrétariat,
03:30il faut un logiciel.
03:31Et ça, c'est quelque chose qu'il faut réfléchir
03:32parce que ce n'est pas juste.
03:34On arrive et puis on fait des soins.
03:36Et le dispositif qui existe actuellement,
03:38vous ne l'utilisez pas, vous, pour l'instant ?
03:40Alors, si, c'est un dispositif
03:41qui est utilisé par plein de jeunes médecins
03:43et notamment les remplaçants
03:44qui s'investissent beaucoup,
03:46que ce soit sur ce dispositif
03:48ou aussi dans la permanence des soins
03:49parce qu'on sait qu'ils participent beaucoup
03:50au système de garde les soirs et les week-ends.
03:52Est-ce que vous, aujourd'hui,
03:53jeune médecin généraliste,
03:55vous êtes en capacité d'accueillir de nouveaux patients ?
03:57On le fait encore ponctuellement,
03:59mais c'est très compliqué.
03:59Moi, quand je suis arrivée,
04:01il y avait deux médecins
04:01qui venaient de partir à la retraite.
04:03Il y en a quatre qui sont partis ensuite
04:04à la retraite une fois que j'étais là.
04:07Donc, c'est pas...
04:08Alors, on sait qu'il y a des territoires
04:09où c'est encore plus compliqué.
04:10Mais, Toulouse,
04:11il y a une densité de médecins généralistes
04:13qui est moins importante
04:14que dans le reste de la Haute-Gare.
04:15Il ne faut pas l'oublier.
04:16Votre agenda est complet, j'imagine.
04:18Comment on pourrait décharger
04:19les médecins généralistes actuellement ?
04:22Quelles tâches on pourrait vous enlever ?
04:24Il y a des choses qui sont très concrètes
04:25et qu'on pourrait faire dès maintenant.
04:26C'est-à-dire,
04:27toutes les consultations
04:28qui sont faites pour des certificats,
04:29que ce soit les arrêts de travail
04:30de moins de trois jours.
04:31Ça, on sait qu'il n'y a pas forcément
04:32besoin d'une expertise médicale
04:34et que ça pourrait très bien
04:35se faire en autodéclaration.
04:37Ça a été fait pendant le Covid.
04:38En autodéclaration,
04:39on dirait qu'on ne peut pas aller travailler ?
04:41Ça s'est fait pendant le Covid.
04:42C'est quelque chose qui fonctionne,
04:43qui fonctionne aussi dans d'autres pays
04:44et qui pourrait très bien
04:46être mis en place.
04:48Il y a d'autres papiers sur lesquels...
04:50Un certificat médical pour aller faire du sport,
04:52c'est un médecin qui travaille correctement,
04:54il fait un vrai test à l'effort,
04:55donc c'est une vraie compétence médicale.
04:57Oui et non,
04:58parce qu'il y a certains sports
05:00pour lesquels on fait des certificats,
05:01on se demande pourquoi on les fait.
05:03Il y a des certificats qui sont faits
05:04pour faire des échecs,
05:05des certificats qui sont demandés
05:06pour faire de l'éducation physique
05:07et sportive à l'école,
05:09qui sont complètement aberrants.
05:10Et on sait que de toute façon,
05:11on n'arrive pas à enlever 100% du risque,
05:15donc on essaye de faire au mieux.
05:16Mais il y a aussi des certificats
05:18pour les absences en formes malades.
05:19Il y a aussi tous les certificats
05:20qui nous sont demandés pour les assurances,
05:22alors qu'il y en a beaucoup
05:23qui se sont demandés de façon illégale.
05:25Mais ça nous prend du temps,
05:26nous, en consultation.
05:27Ces tâches-là,
05:27elles pourraient aussi être menées
05:29par les infirmières, infirmiers ?
05:30Alors, il y a des délégations de tâches
05:32qui sont possibles pour les infirmiers,
05:34qui sont déjà en place,
05:35mais ils ne sont pas très connus,
05:36notamment avec les infirmières
05:36de pratiques avancées,
05:37qui permet pour les patients
05:39qui ont du diabète ou de l'hypertension
05:41de faire leur renouvellement
05:42sans avoir besoin du médecin.
05:43Le problème de fond,
05:44c'est qu'on n'a pas assez
05:44de médecins tout court en France.
05:46On a fait sauter le numerus clausus,
05:49le nombre d'étudiants admis
05:50chaque année en deuxième année de médecine.
05:52On n'en ressent toujours pas les effets ?
05:54Actuellement, on a une démographie médicale
05:55qui est un peu en sablier,
05:57c'est-à-dire qu'on a 30% des médecins
05:58qui ont plus de 60 ans
05:59et on a un gros creux après
06:01sur les médecins entre 40 et 60 ans
06:03qui sont les actifs d'aujourd'hui
06:04parce que dans les années 70,
06:06on s'est dit qu'on allait former
06:07deux fois moins de médecins.
06:08Et aujourd'hui, on en ressent les effets.
06:10Alors, on sait qu'on va avoir encore
06:11cinq, peut-être dix années compliquées
06:13où on va avoir ce problème
06:14de démographie médicale,
06:15ça va s'arranger.
06:16Mais nous, surtout, ce qu'on veut,
06:18c'est que ça ne s'aggrave pas.
06:19On sait que sur les médecins généralistes
06:21qui se forment,
06:2215 ans après, il y en a 10%
06:23qui arrêtent d'exercer.
06:24Ce n'est pas qu'ils vont travailler ailleurs,
06:26c'est qu'ils arrêtent.
06:27Ils ne sont plus inscrits à l'ordre.
06:28Et nous, on a peur qu'on dégoûte
06:30encore plus les médecins
06:31qui voudraient faire du soin,
06:32qui voudraient s'installer
06:33et qu'on aggrave le problème
06:34de démographie médicale.
06:35Et en les obligeant notamment
06:36à s'installer dans des déserts médicaux,
06:39c'est la proposition de loi
06:40contre laquelle vous allez manifester.
06:42Ça se passe à partir de 16h30,
06:44c'est ça, sur les allées Jules Guède
06:45de Toulouse,
06:46avec des étudiants en médecine,
06:48mais également des médecins généralistes
06:49dont vous faites partie.
06:50Merci beaucoup, docteur Agathe Lechevalier,
06:53vice-présidente du syndicat
06:54de jeunes médecins MIP,
06:55Agir en Midi-Pyrénées.
06:56Merci.

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