Emmanuel Macron a salué ce mercredi la mémoire des 42 Français tués par le Hamas en Israël le 7 octobre. Le chef de l’Etat a redit solidarité de la France à l’égard d’Israël, dressant un parallèle avec les attaques terroristes qui ont frappé l’Hexagone ces dernières années.
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NewsTranscription
00:00 (...)
00:07 -La cour des invalides est trop étroite.
00:10 4 mois, jour pour jour,
00:15 après.
00:17 Car nous sommes 68 millions de Français
00:22 endeuillés par les attaques terroristes
00:24 du 7 octobre dernier.
00:28 68 millions,
00:30 moins 40 de vies fauchées.
00:34 68 millions
00:37 dont 6 vies blessées.
00:41 68 millions
00:45 dont 4 vies à jamais meurtries par leur captivité.
00:50 68 millions
00:53 dont 3 vies sont encore prisonnières,
00:58 pour la libération desquelles nous luttons chaque jour.
01:01 Leurs chaises vides sont là.
01:04 Orion,
01:07 Aurade,
01:09 Ophir.
01:10 Les visages des suppliciés du 7 octobre
01:18 nous tendent un miroir
01:20 où se reflète un peu de nous dans chacun d'eux.
01:26 De ce que nous étions,
01:28 de ce que nous serons à leurs âges,
01:31 de ce qu'ils ne seront jamais.
01:34 Ils n'avaient pas 20 ans.
01:39 Noïa comme Nathan ne les auront jamais.
01:44 Leurs traits qui s'affirment,
01:47 leurs questions qui se bousculent,
01:49 Dieu, la vie, le monde.
01:52 Les hésitations et l'irrévérence
01:56 leur regard comme des interrogations,
01:58 leur sourire en forme de promesse.
02:02 Mémoire de nos propres adolescences.
02:04 Ils n'avaient pas 30 ans.
02:09 Avidane, Valentin ou Naomi ne les auront jamais.
02:14 Des rêves plein la tête,
02:18 des études de droit ou d'informatique,
02:21 un métier, un grand amour.
02:25 Des fiançailles,
02:27 la foi ou l'athéisme,
02:29 une guitare, une planche de surf
02:32 sur les vagues de la Méditerranée,
02:34 des idéaux dans la houle du monde.
02:36 Ils étaient dans la force de l'âge.
02:41 Céline, Marc, Elias ne vieilliront pas.
02:47 Leur chemin frayé a pris d'efforts,
02:51 peuplé de projets, d'amis, d'enfants parfois.
02:55 Et ce sourire qui n'aura pas eu le temps de marquer leur visage.
02:59 Ils avaient les tempes grises.
03:04 Pour Carmela, Jean-Paul et Afa,
03:07 elles ne blanchiront plus.
03:10 Leur voix résonne encore en hébreu comme en français,
03:14 leur voix qui se cassait par moments de tendresse
03:17 ou de puissance, de douleur, de douleur.
03:20 De tendresse ou de pudeur,
03:22 transmettant des récits puisés au fond des âges
03:26 que leur avaient livrés leurs propres grands-parents.
03:29 Leurs visages sont là
03:34 comme autant de vies interrompues.
03:38 Des histoires de familles où s'entrebâillait parfois
03:41 un gouffre indicible
03:43 et où, comme l'odeur de l'espérance,
03:46 le parfum des collines de Jérusalem
03:49 se mêlait à celui de sous-bois d'Ile-de-France
03:52 ou des ruelles du Vieux-Port.
03:55 Le 7 octobre dernier,
04:00 à l'aube,
04:02 l'indicible a ressurgi des profondeurs de l'histoire.
04:05 Il était 6h au Festival Nova,
04:12 à quelques kilomètres de la bande de Gaza,
04:15 où, sous les banderoles et le ciel qui palissait,
04:19 s'achevaient 24 heures de fêtes et de retrouvailles.
04:22 Les jeunes qui dansaient là ne savaient pas qu'ils étaient
04:27 dans la mâchoire de la mort déjà.
04:30 Des voitures, des motos hérissées d'armes
04:35 allaient fondre sur eux.
04:38 Il était 6h,
04:42 et le Hamas lança par surprise
04:46 l'attaque massive et odieuse,
04:49 le plus grand massacre antisémite de notre siècle.
04:52 Et dans les notes de musique d'un lieu de fête
04:58 ont éclaté les tambours de l'enfer.
05:02 Et les téléphones de nos enfants qui jusque-là
05:05 filmaient les joies de leur vie
05:08 sont devenus les boîtes noires de l'horreur.
05:11 Elles nous entreront, ces images,
05:15 dans les villes.
05:18 Les brigades infernales qui écument le festival
05:21 se répandent dans les plaines, puis dans les villages,
05:24 fracassent les portes, font irruption dans les foyers,
05:27 dans les chambres, sous les lits.
05:30 Les déflagrations, les cris de "Massacrons les Juifs",
05:34 les grenades, les hurlements, les pleurs,
05:37 puis le silence,
05:40 comme un linceul.
05:44 Le silence
05:47 face à l'indicible,
05:50 la sidération
05:54 face à la sauvagerie,
05:57 les larmes
06:00 face à la barbarie.
06:03 La barbarie.
06:06 Celle qui brûle et qui brise, qui abuse et qui tue,
06:10 celle qui déchire les familles,
06:13 abatte une petite fille parce qu'elle ralentit la colonne,
06:16 hape sur son chemin un enfant en pyjama, en tue un autre,
06:19 au creux même des bras de son père.
06:22 Celle qui nie la joie, l'art,
06:26 la culture, la liberté de la fête.
06:29 Et nos cœurs se serrent aux échos
06:32 du Bataclan, de Nice ou de Strasbourg.
06:35 La barbarie.
06:38 Celle qui fauche cette jeunesse à peine éclose,
06:42 qui ravage ses kiboutes, souvent fort de convictions pacifistes,
06:45 prêts à entendre la souffrance palestinienne
06:48 que les terroristes ont piétinée en prétendant la défendre.
06:51 La barbarie.
06:54 Celle qui se nourrit d'antisémitisme
06:58 et qui le propage.
07:01 Celle qui veut annihiler, détruire
07:04 et qui, pourtant, ne peut empêcher
07:07 des rayons de lumière au milieu de la nuit.
07:11 Les messages d'adieu
07:14 de ces jeunes qui savent qu'ils vont mourir
07:17 et qui envoient à leurs parents une dernière expression
07:20 d'amour et de gratitude.
07:23 Cet homme qui s'interpose entre l'explosion d'une grenade
07:26 et ses 2 enfants, sauvant leur vie au prix de la sienne.
07:30 Et le sacrifice de cet autre père
07:33 qui n'était pas sur les lieux de l'attaque
07:36 et qui, quand il a reçu l'appel de sa fille,
07:39 pris sous le feu des tirs à Nova,
07:42 a sauté dans sa voiture pour aller la chercher
07:46 allant au-devant de la mort.
07:49 La barbarie est nos lumières.
07:52 Car ceux qui tuent par haine
07:58 trouveront toujours face à eux
08:01 ceux qui sont prêts à mourir par amour.
08:04 Et toujours, ils verront s'élever contre notre pays
08:08 qui, ce 7 octobre, a été touché dans sa chair.
08:11 De Montpellier à Tel Aviv,
08:14 de Bordeaux au Neuguev,
08:17 les morts français du 7 octobre
08:20 n'étaient pas tous nés sur le sol de France.
08:24 Ils ne sont pas tombés sous le ciel de France,
08:27 mais ils étaient de France.
08:30 De France parce qu'ils la portaient en eux
08:33 et que nos enfants,
08:37 en eux, et que notre pays était partout où ils étaient.
08:40 De France parce qu'ils avaient l'exigence de l'idéal,
08:43 le goût de l'universel.
08:46 De France parce qu'ils aimaient notre pays
08:49 avec la force ardente de ceux qui, en apprenant sa langue,
08:52 se plongeant dans sa culture, le quittent jamais.
08:56 Et en cette cour,
08:59 sur notre sol que certains n'avaient jamais foulé,
09:02 leur vainqueur,
09:05 leur visage sont là,
09:08 rappelant l'évidence de leur vie,
09:12 la trace ineffaçable
09:15 qu'ils laissent dans les nôtres,
09:18 notre viatique pour l'éternité.
09:21 Leur destin ne sont pas les seuls
09:24 que le déchirement du Moyen-Orient continue de broyer
09:28 dans cette tornade de souffrance qu'est la guerre.
09:31 Leur destin ne sont pas les seuls
09:34 que le déchirement du Moyen-Orient continue de broyer
09:37 dans cette tornade de souffrance qu'est la guerre.
09:40 Et toutes les vies se valent inestimables
09:44 aux yeux de la France.
09:47 Et les vies que nous honorons aujourd'hui sont tombées,
09:50 victimes d'un terrorisme que nous combattons
09:53 sous toutes ses formes
09:56 et qui nous a frappés en plein coeur.
10:00 La France recueillant ses enfants
10:03 et les séparations comme les divisions,
10:06 refusant l'esprit de mort, de chaos et de clivage
10:09 que nourrissent précisément les terroristes.
10:12 Jamais en nous,
10:16 nous ne laisserons prospérer l'esprit de revanche.
10:19 Et dans ces moments de deuil,
10:22 dans les épreuves du temps,
10:25 rien, jamais, ne doit nous diviser.
10:28 La France restera unie
10:32 pour elle-même et pour les autres.
10:35 Unie pour se tenir au-delà des destins et des différences
10:38 au sein de notre nation.
10:41 Unie dans ces moments de souffrance
10:44 pour les Israéliens et les Palestiniens
10:48 afin d'oeuvrer sans relâche pour répondre aux aspirations
10:51 à la paix et à la sécurité de tous au Proche-Orient.
10:54 "Beta Rahim",
10:57 dit-on en Israël.
11:01 Pour désigner les cimetières.
11:04 La maison de la vie.
11:07 Car pour ceux qui restent,
11:10 leur vie sera faite
11:13 de ces absences.
11:16 Une vie différente,
11:20 un monde différent
11:23 à l'aune du souvenir.
11:26 Et nous avons dès lors
11:29 à habiter ce deuil.
11:32 Non pas comme une victoire de la mort,
11:36 mais comme une invitation
11:39 à leur trouver une place dans nos vies.
11:42 Et ils sont là, chacune et chacun,
11:45 pour nous rappeler que nos vies,
11:48 leur vie, méritent sans relâche
11:52 de nous battre contre les idées de haine,
11:55 de ne rien céder à un antisémitisme rampant,
11:58 de ne rien céder ici comme là-bas,
12:01 car rien ne le justifie, rien.
12:04 Car rien ne saurait justifier ni excuser ce terrorisme, rien.
12:08 Alors nous nous tenons là,
12:11 4 mois après,
12:14 devant ces visages et ces chaises vides.
12:17 Bouleversés de tristesse,
12:20 aux côtés des familles
12:24 de ceux qui ne sont plus.
12:27 Chargés d'affection
12:30 aux côtés de ceux qui soignent leurs blessures.
12:33 Et ne cédant rien
12:36 pour ramener ceux qui sont encore là-bas.
12:40 Sentiment mêlé
12:43 que nous vivons ensemble, debout.
12:46 Car regardant ces visages,
12:49 nous savons
12:52 que nous sommes tous là-bas.
12:56 Nous savons que nous ne sommes pas juste
12:59 68 millions en ce jour.
13:02 Nous sommes beaucoup plus.
13:05 Un peuple
13:08 épris de liberté,
13:12 de fraternité,
13:15 de dignité.
13:18 Un peuple
13:21 qui ne les oubliera jamais.
13:25 Vive la République.
13:28 Vive la France.
13:31 ...
13:34 ...
13:37 [Musique]