Le chapitre de la statue de Mahé de La Bourdonnais n’est pas clos pour tout le monde. Deux associations attendent du tribunal administratif qu’il caractérise l'urgence ou non de suspendre l'arrêté municipal autorisant les travaux dans le square de la discorde quand bien même la statue s'est déjà envolée. L'avocat de l'une des associations requérantes et Jean-Jacques Morel, en tant que résident dionysien, livrent leur argumentation.
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00:00 C'est une décision à la base de permis de construire. La mémoire, on en discutera
00:05 éventuellement autrement dans le débat politique, dans la salle historique, en conseil municipal.
00:09 Là, il s'agit d'une décision de permis de construire pour restaurer une oeuvre et la
00:14 procédure prévue pour restaurer les oeuvres d'art, les immeubles, les édifices classés
00:18 historiques, donc un permis de construire, de travaux, de restauration a été utilisé
00:23 pour faire une dépose. C'est illégal, c'est un détournement de procédure. C'est tout.
00:26 C'est pas plus compliqué que ça. Après, libre à Madame Marais, je dois organiser
00:31 un débat sur la vision de la ville à terme. Il n'y a aucune difficulté à ce qu'on puisse
00:36 considérer qu'un espace public doit changer de configuration. Mais on utilise au moins
00:40 les procédures qui sont faites pour ça. Et pour enlever la statue, il faut d'abord
00:43 demander à la commission qui a procédé à son classement si elle considère qu'il
00:46 y a un intérêt particulier à démolir. Après, l'autorité administrative peut considérer
00:50 que la vie de cette commission qui est faite d'historiens, de gens qui pratiquent la matière,
00:53 qui ont fait toute leur vie, étudient l'histoire. Moi, je fais du droit, je n'étudie pas l'histoire.
00:56 C'est pour ça qu'il y a des commissions et des historiens. Si ces gens-là viennent
00:59 dire qu'il n'y a aucune utilité de la garder, le préfet ou le maire peut prendre cet avis
01:03 en considération dans le cadre de la procédure. Il peut même prendre une décision contraire,
01:07 qui à ce moment-là est à nouveau soumise au tribunal. Mais on n'utilise pas le détournement
01:11 de procédure. C'est ça qui est scandaleux au niveau de la gestion de la mairie de cette
01:15 affaire, c'est qu'elle a détourné la procédure de son objet. Si elle voulait démonter la
01:19 statue, il faut d'abord qu'elle demande au ministre si finalement elle ne la classera
01:23 pas. Ensuite, qu'elle retourne voir le préfet en disant qu'on voudrait un déclassement,
01:27 qu'elle ne soit plus inscrite, qu'elle ne soit plus aminable, qu'il y ait à nouveau
01:30 des statues. Il faut qu'elle fasse délibérer son conseil municipal pour savoir ce qu'on
01:33 fait de cette œuvre d'art une fois qu'elle est redevenue immobilière. Il faut qu'elle
01:37 saisisse le ministre de la Culture, parce que le ministre de la Culture va être concerné
01:40 sur les biens culturels des communes. Vous imaginez la ville de Paris qui vendrait le
01:43 Louvre ? Qui vendrait l'hôtel de Paris ? Il y a la mairie qui vient de vous dire « maintenant
01:47 on va faire une piscine ». Le ministre de la Culture, il va se prononcer. C'est un
01:50 bien culturel de la commune de Paris, la ville de Paris. Donc voilà toutes ces procédures,
01:56 mais elles prendront deux ou trois ans ces procédures. Et dans chacune de ces procédures,
02:00 il y a des actes administratifs qui seront susceptibles d'être défaits de l'aujure
02:04 pour voir si la loi a été correctement appliquée. Donc rien n'est figé. Mme Marèche, elle
02:09 va aller au bout de son objectif. La loi n'est pas faite pour l'empêcher de transformer
02:13 les villes. Toutes les villes ont été transformées. La ville de Nîmes, autour des arènes de
02:18 Nîmes, sont deux mille ans d'histoire. Il y a des bâtiments modernes, il y a des hôtels
02:21 modernes. C'est pas que si les villes peuvent se transformer, mais vous le faites en respectant
02:26 toutes les procédures qui sont prévues pour ça. Et le code du patrimoine qui est interdit
02:30 dans ce dossier, c'est ça l'élément le plus essentiel. Le code du patrimoine c'est
02:34 quoi ? C'est un code qui est destiné pour préserver et conserver. Ça dit bien ce que
02:38 ça veut dire. Vous avez une belle maison, l'endroit où nous sommes aujourd'hui, le
02:42 tribunal est une ancienne maison esclavagiste, que je sache. Puisqu'il date de 1841, il
02:47 n'y avait pas. Donc sans doute que les ouvriers qui ont fait l'emmarchement, qui ont fait
02:51 la construction, ils étaient esclaves. Et aujourd'hui on en a fait un tribunal. Les
02:55 choses ne sont pas restées figées. Et quand vous regardez, c'était tout inscrit sur
02:58 la plaque à l'entrée du tribunal, l'entrée de la maison était de l'autre côté. Parce
03:02 qu'il y avait un jardin qui venait de faire la même chaleur de clair. Elle a été retournée.
03:05 Les choses ont été changées. Mais l'État a suivi toutes les règles qu'il fallait
03:09 pour rétablir un bâtiment, un tribunal administratif dans un ancien monument historique. À l'époque
03:14 au Louvre, il y avait le ministère des Finances. Le Louvre avait été aménagé pour recevoir
03:18 le ministère des Finances. Après il a redéménagé, ils sont allés à Bercy. Les choses peuvent
03:22 changer. Mais on suit les procédures. Et les garde-fous qui sont mis sur ces procédures,
03:27 c'est pour empêcher les fous. Ceux qui en un instant, dogmatiques, considérant que
03:31 le soleil s'est levé pour eux le matin, décident que l'histoire c'est moi et c'est
03:34 moi qui décide comment je l'écris maintenant. C'est ce qu'elle vient de dire, réécrire
03:37 un mémoire. Mais si elle veut réécrire un mémoire qu'elle nous en parle à tous,
03:40 il n'y a pas que sa mémoire qui est concernée, il y a les nôtres. Et les nôtres, regardez
03:44 il y a des Prosperev qui étaient là ce matin, il y a quand même une certaine unité. On
03:47 n'est pas dans un débat identitaire, on n'est pas dans un débat spécialement idéologique.
03:51 On est sur le débat de la conservation des patrimoines réunionnaires. On n'en a pas
03:54 énormément. Mais qu'on prenne soin de ce qu'on a.
03:57 Moi je suis intervenu à cette procédure parce que j'estime que ce démolonnage est tout
04:01 à fait scandaleux. J'accuse les cabarets d'assassinats mémoriels. Non seulement contre
04:07 Maïd Labourdonnet mais aussi contre Sardar Gariga. Parce qu'on s'en prend à Maïd
04:13 Labourdonnet qui a été un immense homme d'État de l'époque avec les côtés sombres,
04:18 l'histoire elle est honteuse et glorieuse à la fois. Mais on s'en prend aussi à la
04:22 mémoire de Sardar Gariga parce que c'est à cet endroit même, au pied de ce statut,
04:27 que des milliers d'esclaves ont fêté leur liberté. Et ce crime mémoriel on ne peut
04:33 pas le laisser passer. Aujourd'hui la folie wokiste s'est emparée de la mairie de Saint-Denis.
04:39 On veut effacer l'histoire. On veut gommer l'histoire. On veut la réviser. Ne dit-on
04:44 pas que ceux qui ont pris l'histoire sont condamnés à la religion. Et je ne pouvais
04:50 pas donc rester le taisant car je suis un spectateur, un simple Tunisien, mais vous
04:55 savez aussi que je suis un spectateur engagé pour prendre la formule de Rémy Moiron. C'est
05:01 la raison pour laquelle j'ai souhaité m'associer à cette procédure qui vise de la part de
05:06 la mairie de Saint-Denis à manipuler l'opinion. C'est une dérive autoritaire pour enfermer
05:12 les consciences dans une prison que je ne peux pas accepter en tant que libre penseur,
05:18 en tant qu'amoureux de l'histoire de la Réunion et de l'histoire de mon pays, la France.
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