Il y a quelques mois, le film "Je verrai toujours vos visages" a fait découvrir le principe de la justice restaurative en France.
Un succès public, mais aussi un succès dans les tribunaux semble t'il. Puisque de plus en plus de départements s'y mettent.
Et notamment l'Hérault.
Hier, la cour d'appel de Montpellier, les services pénitentiaires et les associations de victimes ont signé la 1ère convention de partenariat qui va permettre de mettre en place des dispositifs de justice restaurative dans la région.
Un succès public, mais aussi un succès dans les tribunaux semble t'il. Puisque de plus en plus de départements s'y mettent.
Et notamment l'Hérault.
Hier, la cour d'appel de Montpellier, les services pénitentiaires et les associations de victimes ont signé la 1ère convention de partenariat qui va permettre de mettre en place des dispositifs de justice restaurative dans la région.
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00:00 - Des questions que l'on vous pose sur les réseaux sociaux, sur la page Facebook, sur l'appli France Bleu ici.
00:05 Que pensez-vous de ces rencontres entre personnes condamnées et victimes ?
00:09 Parce que c'est ça le principe de la justice restaurative, Guillaume.
00:11 - Oui, on en a beaucoup parlé, notamment au moment de la sortie du film "Je verrai toujours vos visages" il y a à peu près un an.
00:16 Film réalisé par Jeannery, avec Miu Miu, il y a qui d'autre ? Il y a Gilles Lelouch, une pléiade d'acteurs
00:25 qui véritablement nous font découvrir de manière très authentique, très vrai, ce principe de justice restaurative
00:33 pour lequel on vous demande votre avis ce matin.
00:35 Et alors vous êtes une majorité, 59%, presque 60%, à juger que c'est trop violent pour les victimes.
00:41 Vous êtes 29% à dire que c'est bien et utile, 8% à dire que vous êtes victime mais que vous ne vous sentez pas prêt ou pas prête à le faire éventuellement,
00:50 et 3% à dire que vous êtes victime et que vous seriez prêt à jouer le jeu. Vous continuez à voter et maintenant, bien évidemment, comme tous les jours, on attend vos appels.
00:58 - Au 04 67 58 6000, 04 67 58 6000, appelez-nous et dites-nous ce que vous en pensez, prenez la parole sur France Bleu et Rose.
01:06 Ce matin, nous sommes avec Roselyne Leplan-Duploy qui est présidente de l'association France Victime 34, Guillaume.
01:11 - Bonjour Roselyne Leplan-Duploy. - Bonjour.
01:13 - Merci d'être venue nous rejoindre. Vous avez participé hier au titre de votre association à la signature de cette convention à la cour d'appel de Montpellier
01:22 qui engage un certain nombre de partenaires pour développer la justice restaurative dans tous les départements qui sont du ressort de la cour d'appel de Montpellier.
01:30 Juste un mot par rapport à notre sondage, 60% de gens qui disent que, qui jugent que c'est trop violent pour les victimes,
01:36 peut-être pensent-ils que la justice restaurative consiste à mettre en relation des auteurs d'agressions ou d'infractions avec leurs victimes.
01:44 Or, ce n'est pas du tout ça, ce ne sont pas leurs victimes mais d'autres victimes, il faut le rappeler, c'est important.
01:48 - Absolument, alors je pense que la crainte qui est exprimée derrière le sondage doit être pour partie du haut fait que quand on parle de justice restaurative,
01:58 on n'a pas forcément les éléments d'information et d'appréciation.
02:02 - C'est quelque chose qu'on découvre encore aujourd'hui.
02:04 - Oui, oui, tout à fait, mais vous savez, en France, on a une organisation et un système qui fait que, assez souvent, on s'inspire du Canada, du Québec,
02:16 ou de la Belgique ou d'autres pays anglo-saxons pour venir importer des méthodes qui ont 10 ans, 20 ans, 30 ans d'expérience dans ces pays et que nous démarrons.
02:30 Donc, en France, c'est encore très expérimental, même si on en parle beaucoup, même si c'est inscrit dans le Code pénal,
02:36 parce que, voilà, effectivement, ça a fait l'objet de textes dans le Code pénal et de décrets qui ont été révisés en 2022 et 2023, s'offriront demain pas.
02:47 Mais je pense que le fait de craindre, c'est pour partie lié à la méconnaissance du dispositif.
02:53 - Alors, ça n'a pas commencé hier, notamment dans les Roses, ça existe depuis 8 ans, 2016 ?
02:59 - En 2016, oui. La première convention en mai 2016.
03:04 - Et j'ai envie de dire qu'en Occitanie, dans les Roses, on est un peu pilote et novateur, précisément parce que la justice restaurative a été introduite en France.
03:12 J'ai oublié son nom, vous allez nous le rappeler. - Robert Carillo.
03:15 - C'est ça, qui était un Toulousain, qui importe cette méthode depuis le monde anglo-saxon, notamment le Canada.
03:21 Mais le Roses est un des premiers départements de France à le faire.
03:25 - Oui, alors, sous le prisme de la Fédération France Victime, qui regroupe les 130 associations nationales et outre-mer,
03:35 l'Hérault a été, avec 4 ou 5 autres associations en France, précurseur sur le domaine.
03:43 Je peux expliquer l'origine, le pourquoi, mais précurseur.
03:48 C'est-à-dire qu'on a démarré assez tôt, 2 ans après.
03:51 2 ans, c'est juste le temps de rencontrer Robert Carillo, de connaître le dispositif, de s'acclimater un petit peu, avant de faire le choix de démarrer.
04:00 - Alors, on va rappeler quel est le principe, comment ça fonctionne.
04:02 Si vous avez vu le film "Je verrai toujours vos visages", vous savez de quoi il s'agit.
04:07 Si vous ne l'avez pas vu, très rapidement, on rappelle que ce sont des rencontres organisées dans le cadre de la prison, le plus souvent, toujours même.
04:15 Généralement, non ? - Non.
04:17 - Ça peut se faire à l'extérieur aussi ? - Oui, il y a plusieurs. En réalité, il y a 4 déclinaisons de la justice en pratique.
04:24 4 déclinaisons de la justice restaurative.
04:26 On a les rencontres, effectivement, détenues victimes.
04:30 Ce sont des auteurs encore en détention.
04:34 - Condamnés ? - Toujours condamnés.
04:36 - Toujours condamnés. Il faut toujours qu'il y ait une peine qui ait été prononcée.
04:40 C'est la règle universelle.
04:43 Il y a ces rencontres détenues victimes.
04:47 On a animé dans "L'Héros" aussi beaucoup de rencontres auteurs victimes, à savoir que ce sont des auteurs sortis de prison,
04:55 connus et accompagnés par le service pénitentiaire d'insertion et de probation, le SPIP de "L'Héros",
05:03 et des victimes connues par France Victime.
05:07 Sachant qu'à ce niveau-là, tant en détention que hors détention, les auteurs et les victimes ne sont pas l'auteur et la victime d'une infraction.
05:17 - En tout cas, il y a toujours ce volet rencontre qui est important.
05:20 Confrontation, non, le mot n'est peut-être pas approprié.
05:23 Rencontre, échange, dialogue.
05:25 Ça se fait un peu au long cours. C'est un programme qui dure plusieurs semaines.
05:29 - 5 semaines. - 5 semaines, oui.
05:32 Régulières, dans lesquelles tout le monde s'engage.
05:35 - Oui. - Et alors la question que souvent on se pose, c'est comment ça se passe ?
05:39 Est-ce que ce sont les personnes condamnées qui font acte de candidature ?
05:45 Est-ce qu'on leur impose ? Et du côté des victimes, c'est pareil.
05:48 Et vous, quel rôle vous jouez, l'association France Victime, par rapport à ça ?
05:52 - Alors, le montage dans "L'Héros", SPIP, dont "Service pénitentiaire d'insertion et de probation"
05:59 et France Victime 34, n'est pas original en soi, puisqu'il y en a d'autres.
06:04 Mais c'était vraiment le fait d'avoir un service qui connaissait les auteurs, potentiellement,
06:10 les auteurs en termes de population, les auteurs,
06:13 et une association qui connaissait, de son côté, les victimes, qui les accompagnait.
06:17 - Donc c'est vous qui êtes force de proposition, là, en l'occurrence ?
06:19 - Pardon ? - C'est vous qui êtes force de proposition, là, en l'occurrence ?
06:23 - Oui, oui, oui. Il y a un comité de pilotage qui est mis en place,
06:27 et un groupe projet, entre les deux partenaires et les différentes composantes de la justice restaurative.
06:34 Mais, quand vous parliez de sélection, moi je ne parle pas de sélection,
06:37 je parle de repérage par l'un ou l'autre des services, des auteurs d'une part, des victimes d'autre part.
06:43 - Qui seraient susceptibles de pouvoir jouer le jeu, parce qu'il faut quand même un profil.
06:46 - Voilà. On a un compagnon, dont on connaît le parcours,
06:48 qui serait susceptible, d'abord, qui entre dans le cadre de l'infraction qui est choisie,
06:52 qui serait susceptible d'être intéressé, et après on va à leur rencontre.
06:56 Il y a des entretiens, enfin, je veux dire, c'est vraiment un travail de...
07:00 Jusqu'au moment où on a la quasi-certitude de l'accord éclairé de la part de l'auteur ou de la victime.
07:08 - Bien sûr. Qu'est-ce que vous en pensez, vous, de la justice restaurative ?
07:12 Quel est votre point de vue là-dessus ?
07:14 Ces rencontres entre personnes condamnées et victimes, est-ce que c'est bien ?
07:17 Est-ce que c'est utile ? Est-ce que c'est trop violent ?
07:19 Dites-nous, en tout cas, ce que vous en pensez au 04-67-58-6000.
07:22 - Alors, évidemment, la question qu'on se pose, Roselyne, le plan du pluie,
07:25 est-ce que vraiment c'est efficace ?
07:27 Est-ce qu'on a suffisamment de recul d'ailleurs pour pouvoir répondre à cette question ?
07:30 Parce que d'un côté, on sait que l'intérêt pour les auteurs,
07:33 c'est de prendre conscience des conséquences de leurs actes.
07:35 De l'autre, pour les victimes, c'est peut-être de se reconstruire,
07:38 de se restaurer, on va dire. Est-ce que ça marche ?
07:41 - Alors, moi, qui accompagne l'équipe de France Victime,
07:45 parce que les salariés sont formés à la justice restaurative,
07:48 on n'arrive pas... on ne s'improvise pas animateur, dans ce genre de rencontres.
07:54 Moi, de mon point de vue, oui, je suis persuadée,
07:58 parce qu'on est dans la relation individuelle avec les victimes,
08:01 donc on a le retour que peut-être on ne peut pas mesurer autrement.
08:04 On pourrait penser qu'après 8 ans, on a suffisamment de recul
08:09 pour avoir un avis et répondre précisément à la question que vous me posez.
08:13 Or, ce qui pêche dans le dispositif, ce n'est pas son organisation,
08:17 sa préparation, les exigences en termes de formation,
08:21 en termes d'organisation, en termes de délai et de rencontres,
08:24 mais c'est qu'on manque d'outils d'évaluation.
08:27 - Donc on ne peut pas encore vraiment... - Alors, on a eu Anne Bonseil,
08:31 qui est enseignante-chercheure à la fac de droit
08:35 et qui est ma vice-présidente à France Victime,
08:37 a fait une évaluation en 2019-2020,
08:44 sauf erreur de ma part,
08:46 qui a porté sur les auteurs et victimes des trois premières rencontres
08:50 - Et ça décoiffe ?
08:52 - Le retour est assez positif de part et d'autre,
08:57 sachant qu'après coup, c'est parfois difficile de rencontrer,
09:01 quand on n'a pas été partie prenante,
09:03 puisqu'elle n'était pas partie prenante des actions,
09:05 c'est assez difficile de rencontrer les victimes et les auteurs.
09:09 Le retour est assez positif, globalement positif,
09:12 sur le ressenti, l'apaisement, surtout l'apaisement des personnes,
09:17 d'avoir pu mettre en mots ce qui leur a fait mal à un moment donné.
09:21 Mais, je ne vais pas dire qu'on a des retours négatifs,
09:27 on a des retours qui nous amènent à envisager des perspectives,
09:31 perspectives qu'on évoquera lors d'un colloque qui sera organisé le 8 octobre sur Montpellier.
09:38 - Oui, en sacla la justice restaurative.
09:40 - Sur la justice restaurative.
09:41 - On en parlera à ce moment-là.
09:42 Donc, dernière chose, c'est-à-dire que ce qu'on voit dans le film,
09:44 je reviens au film, parce que c'est quand même une référence,
09:46 je verrai toujours vos visages,
09:48 cette espèce de happy end, c'est pas que du tinoche,
09:51 souvent ça se termine aussi comme ça.
09:53 - C'est vrai.
09:54 - Oui.
09:55 - Ce sont des acteurs et des actrices.
09:58 - Oui, évidemment.
09:59 - Mais, non, non, les histoires sont vraies, c'est effectivement ça qui se passe.
10:03 Moi, personnellement, je ne participe pas, bien évidemment,
10:06 de par mon statut, mais les retours que j'ai des professionnels,
10:12 ça me renvoie une émotion dingue.
10:16 - Et partagée.
10:17 - Et quand ils expliquent, comme dans le film,
10:18 tout le processus entre la méfiance, le risque d'agressivité,
10:24 qui est toujours présent, et la fin où on se parle,
10:29 on se touche la main, c'est vraiment la réalité,
10:33 c'est pas que le film.
10:35 - Merci Roselyne Leplan-Dupuis, présidente de l'association France Victime 34.
10:39 On en reparlera au mois d'octobre.
10:41 - D'accord, bien volontiers.
10:43 Je vous enverrai la programmation.
10:45 - Pas de soucis, on attend ça.
10:47 Merci de vous être venue.
10:48 - Merci.