• il y a 10 mois
Après la colère des agriculteurs, les contrôles vont se multiplier en supermarchés pour lutter contre les appellations trompeuses "Origine France" en supermarché.

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00:00 Comment être certain de ce que j'achète ?
00:03 Comment être certain que j'achète français ?
00:05 Il y a des contrôles stricts qui sont en cours depuis la fin de la crise agricole
00:09 qui protestaient les agriculteurs notamment contre la concurrence déloyale
00:12 et les tictages parfois trompeurs des fausses origines France.
00:16 On voit un drapeau bleu blanc rouge et en fait ça vient pas de France.
00:19 Est-ce que ces contrôles de la DGCCRF sont vraiment fiables ?
00:23 On va vous poser la question dans un instant.
00:24 On va d'abord en Rayon avec Jean-Louis Bousset.
00:27 Déjà là il n'y a pas les tictages.
00:30 Karine Rosiet inspecte les stocks de ce supermarché en banlieue lilloise.
00:34 Objectif, vérifier l'authenticité des produits estampillés origines France.
00:39 Au rayon fruits et légumes, déjà une incohérence,
00:42 cette courge butternut labellisée eau de France mais cultivée en Normandie.
00:47 Le professionnel a l'obligation d'indiquer l'origine.
00:51 Dès lors qu'il mentionne une origine, là en l'occurrence eau de France,
00:57 celle-ci doit être juste.
01:00 Ces contrôles, le gouvernement veut les accentuer.
01:03 Ce, afin de répondre à la colère des agriculteurs
01:06 remontés contre la concurrence des produits étrangers.
01:09 Ces mêmes produits que l'on retrouve dans ce magasin,
01:12 question de compétitivité pour les distributeurs.
01:15 On a de l'approvisionnement, ça va peut-être être Espagne,
01:18 ça va peut-être être Maroc sur certains produits
01:22 parce qu'on n'a pas la disponibilité ou parce qu'on va aller chercher
01:26 le meilleur prix du moment.
01:28 Des produits étrangers moins chers et donc privilégiés par certains consommateurs.
01:33 Quand on voit des tomates d'Espagne à 2,85€,
01:36 acheter des tomates françaises, c'est le double de prix.
01:39 On en est tous conscients, mais aujourd'hui, il faut faire avec.
01:43 Je vais essayer d'acheter français tout simplement,
01:47 mais ce n'est pas quelque chose qui va me freiner non plus.
01:51 La répression des fraudes a annoncé avoir mené 10 000 contrôles
01:54 sur l'origine des produits en 2023.
01:57 Ces contrôles ont été renforcés, Olivier. Est-ce qu'ils sont fiables ?
02:01 Les contrôles, oui, bien sûr, ils sont fiables tout à fait.
02:04 Il faut rappeler que les services de la répression des fraudes,
02:07 la DGCCRF, ce sont des services d'État qui ont l'habitude de contrôler
02:11 non seulement les origines, mais tout un tas de mentions réglementaires
02:14 qui doivent figurer sur les emballages ou les étiquettes.
02:16 Mais qu'est-ce qui ne va pas, alors ?
02:18 Ce qui ne va pas, c'est le fait que l'on importe de plus en plus
02:22 de produits d'origine européenne ou extra-européenne,
02:26 qui évidemment met en danger les filières françaises.
02:29 Mais je crois qu'il y a quand même quelque chose qui est important
02:32 et qu'il faudrait dire à nos téléspectateurs, c'est qu'il y a fondamentalement
02:35 deux types de produits alimentaires.
02:37 Des produits alimentaires bruts et frais pour lesquels,
02:40 depuis longtemps, de longue date, il y a une obligation d'indiquer l'origine.
02:43 C'est-à-dire que vous mettez les fruits, les légumes,
02:45 c'est ce qu'on a vu tout à l'heure dans ce reportage,
02:47 où vous avez obligatoirement l'indication si c'est des tomates du Maroc,
02:51 d'Italie ou de France.
02:53 Ça, vous le saurez.
02:55 Vous le saurez également pour la viande fraîche, la volaille, le porc,
02:58 mais aussi le poisson.
03:00 Donc, il n'y a pas dans tout le monde...
03:02 - Là, c'est plutôt transparent.
03:03 - Il y a une transparence totale et c'est la raison pour laquelle
03:06 je ne pense pas que la répression des fraudes va trouver beaucoup de fraudes
03:09 à cet endroit, tout simplement parce que les grands distributeurs
03:12 ne vont pas se permettre de frauder.
03:14 C'est trop facile de contrôler.
03:15 Les seules petites fraudes que l'on peut voir,
03:18 mais qui ne sont pas très représentatives,
03:20 ce sont par exemple des petits opérateurs,
03:22 notamment sur les marchés, où là, effectivement,
03:24 ça peut être un peu facile de glisser une cassette
03:26 qui vient derrière en modifiant l'étiquette.
03:28 - Et donc, il y a le produit brut ou il y a le produit transformé.
03:30 Et en fait, c'est là que le bas blesse.
03:31 - Exactement.
03:32 Et ça, il faut savoir que les produits transformés,
03:34 les aliments industriels, ça représente maintenant
03:36 et de loin la très grande majorité des produits alimentaires que l'on mange.
03:39 Et là, pour le coup, il n'y a rien à contrôler, tout simplement,
03:41 ou quasiment rien, parce qu'il n'y a pas d'obligation réglementaire.
03:44 Et c'est là où le bas blesse.
03:46 - Il y en avait avant, jusqu'en 2021.
03:47 - Effectivement.
03:48 Jusqu'en 2020, il y a eu une expérimentation
03:51 qui a été faite déjà à l'époque à la demande des syndicats agricoles,
03:54 mais aussi des associations de consommateurs, comme la nôtre.
03:57 Nous souhaitons de longue date, par souci de transparence,
03:59 par garantie de la traçabilité, que les industriels indiquent
04:02 l'origine de leurs ingrédients principaux.
04:04 Et à l'époque, on nous avait accordé l'origine du lait et de la viande
04:09 lorsqu'ils se sont utilisés comme ingrédients.
04:11 Et ça avait pas mal marché, mais depuis 2020,
04:14 le gouvernement français n'a pas reconduit, malheureusement,
04:16 cette expérimentation.
04:17 - À cause des lobbies ?
04:19 - Bien sûr. Je vais vous donner un chiffre.
04:21 Sur la viande bovine, par exemple,
04:23 lorsque vous achetez un steak de bœuf en rayon,
04:26 il y a l'obligation de mettre l'origine.
04:28 - On a presque le même nom de la vache, parfois.
04:30 - Absolument. Là, vous avez toute la transparence.
04:32 Et les consommateurs français jouent le jeu,
04:34 puisqu'ils achètent de manière ultra majoritaire du bœuf français,
04:37 puisqu'il y a seulement 5% d'importation.
04:39 En ce qui concerne, en revanche, les produits transformés
04:41 par les industriels, des raviolis au bœuf, par exemple,
04:43 là, vous avez déjà un tiers d'importation.
04:45 Et c'est encore pire sur d'autres produits.
04:47 - Et on ne le sait pas.
04:48 - Pardon ? - Et on ne le sait pas.
04:49 - Et vous ne le savez pas. Vous n'avez aucune indication.
04:51 - Parce que ce qui est trompeur, en plus, c'est que le produit
04:53 peut se prévaloir d'une origine France s'il a été transformé en France.
04:56 C'est-à-dire aussi bien la viande peut venir d'Irlande, non ?
04:59 - Alors, vous n'allez pas pouvoir mettre "origine France"
05:02 sur des raviolis qui sont transformés en France
05:04 avec de la viande bovine, par exemple, qui vient d'Inde.
05:07 - D'accord. - Ou qui vient du Brésil.
05:09 En revanche, vous pouvez, par exemple, dire
05:11 "transformé dans notre usine de Charente-Poitou".
05:13 Ça, c'est tout à fait légal.
05:15 - Là où c'est trompeur, c'est que parfois, c'est écrit
05:17 "viande d'origine Union européenne, principalement de France",
05:21 mais on sent que dans les appellations, dans les termes...
05:24 - Il y a du flou. - Il y a du flou.
05:26 - Vous avez raison. On a même vu certains industriels
05:30 qui utilisaient une faille de la réglementation de l'époque,
05:33 puisque malheureusement, elle est caduque,
05:35 qui leur permettait de mettre "origine Union européenne/non-Union européenne".
05:39 C'est-à-dire en clair que leur matière polaire...
05:41 - L'origine de l'Onde. - Voilà.
05:42 Elle provenait de quelque part de la Terre.
05:44 Mais je voudrais revenir sur les chiffres les plus inquiétants.
05:47 C'est, par exemple, sur le beurre ou la crème,
05:50 le pourcentage d'importation dans les produits industriels,
05:52 c'est de l'ordre de 60 %.
05:54 Sur la volaille, c'est entre 60 % et 75 % d'importation,
05:57 toujours parce qu'il y a cette opportunité
06:00 qui est offerte par l'opacité totale,
06:03 l'absence d'obligation d'information pour les consommateurs.
06:05 - Donc si on est sur un produit transformé poulet, avec du poulet,
06:09 on ne sait pas d'où il vient.
06:11 Ça peut être du Brésil, de l'Ukraine, tout ce que ça suppose.
06:14 - De l'Ukraine, effectivement.
06:15 C'est une origine qui est assez peu chère,
06:17 mais il y a encore moins cher dans le monde.
06:19 Il y a, par exemple, le poulet brésilien, le poulet thaïlandais,
06:21 alors même que l'on sait que les conditions de production,
06:24 aussi bien environnementales que sanitaires,
06:26 sont bien moindres que celles qui sont exigées en Europe et en France.
06:28 - Pas facile de s'y retrouver.
06:30 - Donc si le gouvernement a véritablement envie de soutenir les filières françaises,
06:33 mais aussi la transparence pour les consommateurs,
06:35 ce n'est pas des contrôles qu'il faut mettre en place,
06:37 c'est une obligation réglementaire d'indiquer l'origine des pays,
06:41 des principaux ingrédients utilisés dans l'industrie agroalimentaire.
06:44 - Et sur les produits transformés surtout.
06:46 - Évidemment.
06:47 - Merci d'être venu nous voir, Olivier.

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