Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Est-ce que c'est plus facile aujourd'hui de parler du cancer alors que le roi Charles III lui-même avoue être atteint d'un cancer ?
00:06 Est-ce que vous pensez que la maladie est moins taboue ou pas du tout ?
00:09 Et bien c'est vous qui avez la parole comme chaque matin sur France Blancs.
00:12 Mori, qu'on vous attend au 02 99 67 35 35.
00:17 Et on en parle alors que la Ligue contre le cancer d'Ille-et-Vilaine organise un colloque aujourd'hui et demain au couvent des Jacobins à Rennes
00:23 donc pour parler de recherche et de ses avancées.
00:26 On reçoit le président de cette Ligue contre le cancer d'Ille-et-Vilaine.
00:31 Bonjour Patrick Bourguet.
00:32 Bonjour à vous.
00:33 Alors déjà Buckingham Palace qui annonce que le roi Charles III est atteint d'une forme de cancer.
00:38 Est-ce que ça montre effectivement que c'est moins tabou de parler de cancer aujourd'hui selon vous ?
00:43 C'est sûr qu'on a progressé depuis l'époque de François Mitterrand où les hommes politiques ont l'habitude de cacher leurs problèmes de santé peut-être pour ne pas effrayer la population.
00:54 Buckingham donne l'information à moitié simplement.
00:57 Il parle d'une forme de cancer, je ne sais pas trop ce que ça veut dire.
00:59 Ah bon, a priori on peut penser qu'il a un cancer.
01:01 Donc plus sérieusement, ça a beaucoup changé effectivement aujourd'hui dans la population générale en tout cas.
01:07 On parle de cancer beaucoup plus librement et de façon assez simple puisque en fait finalement en 30 ans ça a beaucoup progressé.
01:14 On a proposé des traitements qui sont très efficaces et un accompagnement qui est aussi tout à fait complet.
01:20 Ce qui fait qu'un grand nombre de patients qui sont atteints de cancer vont guérir et d'autres vont vivre très longtemps dans de très bonnes conditions.
01:26 Donc à partir du moment où on peut proposer ce qu'on appelle un schéma thérapeutique satisfaisant, pas de raison de ne pas en parler.
01:33 Voilà, c'est parce qu'avant le cancer ça signifiait la mort et aujourd'hui c'est de moins en moins vrai ?
01:40 En tout à fait, je pense qu'il y a 40 ans dans l'esprit de l'entendement général c'était malheureusement un peu le sens de cette maladie.
01:47 Aujourd'hui non c'est plus vrai, ça devient une maladie chronique en fait pour la plupart du temps.
01:51 Il faut bien comprendre aussi que c'est important que les patients eux-mêmes, enfin les malades eux-mêmes prennent en charge leur maladie.
01:57 On sait maintenant que l'accompagnement à la fois par les proches mais aussi par les malades eux-mêmes contribue à la guérison et évite la rechute.
02:03 Donc en parler voilà c'est aussi permettre cet accompagnement personnel au delà de l'accompagnement médical.
02:07 Tout à fait, c'est absolument fondamental.
02:09 Mais est-ce qu'il n'y a pas tout de même un risque à banaliser, j'aime pas trop ce mot, mais le cancer, ces maladies ?
02:16 Alors le cancer n'est pas une maladie banale, c'est une maladie qui est liée à la nature humaine, c'est clair.
02:21 On sait qu'elle est d'origine génétique au départ, c'est les mutations d'hygiène qui entraînent le cancer.
02:26 Donc on peut pas la banaliser, c'est pas une maladie ordinaire.
02:29 Par contre on peut la rendre ordinaire au sens où elle est commune, beaucoup de patients sont touchés
02:34 et puis c'est une maladie avec laquelle on va vivre pendant longtemps donc il faut pouvoir en parler de façon très librement.
02:39 Alors on le disait Patrick Bourguet, vous qui êtes président de la Ligue contre le cancer en ile et vilaine,
02:44 vous organisez aujourd'hui et demain un grand colloque au couvent des Jacobins à Rennes pour parler déjà des avancées sur les traitements.
02:53 Quel genre d'avancées on a aujourd'hui ?
02:56 Alors tout d'abord on organise un colloque pour la Ligue Nationale, c'est l'ensemble des adhérents, des chercheurs que l'on soutient
03:02 de la France entière qui vont se retrouver à Rennes.
03:05 Alors aujourd'hui les progrès sont majoritairement dans le domaine de la biologie si j'ose dire.
03:10 La radiothérapie a déjà fait des progrès énormes ces dernières années,
03:12 la chirurgie notamment robotisée, parfaitement installée.
03:15 Donc les grands progrès portent en fait sur les traitements.
03:18 Et les grandes nouveautés après les thérapies ciblées donc avec les anticorps notamment il y a quelques années
03:23 qui sont utilisés maintenant de façon quotidienne,
03:26 c'est l'arrivée de l'immunothérapie dans le champ des traitements qui révolutionne complètement la population.
03:31 Qu'est-ce que ça veut dire pour ceux qui ne comprennent pas ?
03:33 Bien en fait de façon très simple si vous voulez,
03:35 le corps humain est constitué de telle sorte qu'il est capable de rejeter ce qui lui est étranger.
03:40 Si vous faites une infection, vous avez un germe et votre système immunitaire est capable de reconnaître le germe
03:45 et en gros de le tuer.
03:46 Et bien c'est la même chose avec les cellules.
03:48 Le corps est capable de reconnaître les cellules qui sont anormales et en particulier les cellules cancéreuses.
03:53 Donc tout le monde a des cellules cancéreuses et le système immunitaire normal les élimine.
03:57 Donc vous ne le voyez pas.
03:58 Mais à un moment donné le système immunitaire est dépassé en quelque sorte
04:02 et les cellules prolifèrent pour elles-mêmes.
04:03 Et toute l'astuce si j'ose dire du traitement actuel,
04:07 c'est de remettre le patient dans son système immunitaire complet.
04:09 Donc il faut réactiver le système immunitaire pour qu'il soit capable lui-même de tuer les cellules cancéreuses.
04:14 - Et justement Patrick Bourguet, pour les patients, on sait que c'est des traitements lourds avec beaucoup d'effets secondaires.
04:20 Là aussi il y a des avancées, une meilleure prise en compte finalement ?
04:23 - Alors ce ne sont pas des traitements lourds au sens où on l'entend.
04:26 Des effets secondaires il y en a toujours dans les traitements.
04:28 Mais probablement moins qu'avec les chimiothérapies classiques qu'on avait autrefois
04:33 qui finalement étaient peu spécifiques et étaient toxiques pour tout.
04:36 Là on a des traitements qui sont effectivement très efficaces
04:39 et clairement on cible maintenant des populations tout à fait déterminées
04:43 avec des succès qui sont parfois des guérisons complètes dans des cancers qui n'étaient pas traités il y a quelques années.
04:48 Il y a des effets secondaires qu'il faut savoir contrôler.
04:50 Tout le monde ne réagit pas de la même façon.
04:52 Mais globalement quand même, aujourd'hui on va vraiment vers une situation où on va utiliser
04:56 les thérapies ciblées et l'immunothérapie couplées dans les traitements même initiaux.
05:01 - Donc on a compris Patrick Bourguet que la recherche, les traitements,
05:05 il y avait beaucoup d'avancées. Est-ce que vous diriez la même chose pour ce qui est de la prévention des cancers ?
05:10 - Alors ça c'est le problème français classique.
05:12 Nous on est toujours en retard sur la prévention.
05:14 Ce qui est certain c'est que pendant des années on a bricolé sur la prévention
05:18 autour du tabac, du soleil et de l'alcool.
05:21 Aujourd'hui il y a une prise de conscience quand même au niveau de l'État par exemple.
05:24 - Quand vous dites bricolé, c'est-à-dire qu'on n'a pas dit assez,
05:26 fumer ça tue et ça apporte des cancers ?
05:28 - On l'a dit, on l'a dit. Si si on l'a dit mais je veux dire...
05:32 On a beaucoup fait d'interdiction. Typiquement on a monté le prix du paquet de tabac,
05:36 on a fait des zones sans tabac mais on a fait moins d'éducation.
05:39 Et le vrai problème il est là en fait.
05:41 L'éducation pour la santé c'est quelque chose qui est beaucoup plus large que les préventions des cancers.
05:45 C'est vraiment apprendre aux jeunes à prendre en charge leur propre santé,
05:48 à être conscients des risques et finalement à vivre de façon correcte.
05:51 Et très clairement aujourd'hui, après le tabac et l'alcool qu'on a peut-être traité
05:55 mais pas complètement, c'est le problème de la nutrition qui est sur le devant de la scène.
06:00 La malbouffe comme on dit et l'obésité sont des facteurs énormes de cancérisation.
06:06 Les gens n'en ont pas conscience et ça je pense dans la population générale,
06:08 les gens n'en ont pas conscience de ce problème là.
06:10 Et là il y a un vrai problème de société qu'il va falloir prendre en charge.
06:13 - Merci beaucoup Patrick Bourguet d'avoir été l'invité de France Blanc-Amérique ce matin,
06:16 président de la Ligue contre le cancer en Ille-et-Vilaine,
06:19 ligue qui organise donc ce colloque aujourd'hui et demain au couvent des Jacobins à Rennes.
06:23 On peut s'inscrire en allant sur internet sur votre site LigueCancer35.fr