Hervé Mattéi, directeur de la Banque de France en Bretagne, invité de France Bleu Armorique, ce jeudi 8 février.
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00:00 - Comment se porte l'activité économique en Bretagne avec l'invité de la rédaction ce matin ?
00:04 On s'intéresse au bilan de l'année écoulée et aux perspectives aussi à venir pour 2024, Valentin.
00:09 - Et on en parle avec le directeur de la Banque de France en Bretagne. Bonjour Hervé Matéi.
00:12 - Bonjour.
00:13 - Tout d'abord, parce que c'est loin d'être évident pour tout le monde,
00:16 quelles sont les missions, rappelez-nous, de la Banque de France dans les régions ?
00:19 - Je vais essayer d'être très simple. C'est suivre l'économie pour permettre au gouverneur de la Banque de France
00:25 de préparer les décisions de politique monétaire.
00:28 C'est d'attribuer une note aux entreprises, ça sert dans le cadre du refinancement des banques,
00:33 je vais pas être trop compliqué.
00:35 - D'accompagner les acteurs économiques aussi.
00:37 - Voilà, accompagner les acteurs économiques.
00:39 C'est de veiller à la stabilité financière, de surveiller le système financier.
00:43 Et c'est d'accompagner les particuliers,
00:46 au travers d'un dispositif qui est bien connu, le sur-endettement,
00:48 mais il y a d'autres services, accompagner les entreprises.
00:50 On a beaucoup de métiers, on est 170 pour faire ça en région Bretagne.
00:54 - C'est expliqué d'ailleurs sur votre site, je suis allé faire un tour hier dans des vidéos assez ludiques.
00:58 Vous avez fait une enquête auprès de plus de 950 entreprises bretonnes
01:01 représentant plus de 130 000 emplois dans trois secteurs, l'industrie, la construction et les services.
01:06 Et le constat que vous faites, c'est qu'il y a un ralentissement de l'économie bretonne.
01:09 - Tout à fait. Alors si vous vous souvenez, on a traversé une crise sanitaire,
01:13 ensuite il y a eu une reprise très forte de l'économie qu'on n'attendait pas.
01:17 Effectivement, après cette reprise très forte, un ralentissement de l'économie,
01:21 avec en même temps un reflux de l'inflation,
01:23 puis cette reprise très forte de l'activité avait entraîné effectivement une inflation.
01:28 Donc aujourd'hui on est dans un scénario où l'inflation reflue,
01:32 et effectivement on est dans un ralentissement de l'économie.
01:35 Je ne vais pas faire trop de technique, mais on essaie d'équilibrer l'offre et la demande.
01:39 Donc en Bretagne, on est dans ce scénario, l'économie bretonne en 2023,
01:44 elle a ralenti, il n'y a pas de récession, elle a ralenti.
01:47 On a eu quelques créations d'emplois,
01:50 on a eu des investissements, mais effectivement on est dans un scénario de...
01:53 On a vu des résultats des entreprises, donc en ralentissement par rapport à 2022.
01:58 - C'est une mauvaise nouvelle de voir l'économie ralentir ?
02:01 - Ce n'est pas une mauvaise nouvelle si le ralentissement est limité,
02:04 puisque ça permet de rééquilibrer l'offre et la demande.
02:08 - Ce qui est le cas en ce moment. - Et donc ça permet de faire refluer l'inflation.
02:12 Donc notre scénario est pour fin 2024-2025,
02:16 mais là c'est un scénario dans nos prévisions nationales,
02:19 c'est qu'on aura une reprise, une fois cette inflation refluée,
02:23 on aura une reprise progressive de la croissance économique.
02:25 - Hervé Mathieu, vous qui êtes directeur régional de la Banque de France en Bretagne,
02:29 ce ralentissement il est général ou certains secteurs sont davantage touchés que d'autres ?
02:32 - Alors le ralentissement il est général,
02:35 dans l'industrie, dans le bâtiment, dans les services.
02:38 Alors ce qu'on appelle les services pour les non-initiés, c'est le transport,
02:41 le nettoyage, l'hébergement-restauration, pour qualifier.
02:45 Donc il est général.
02:48 Tous les secteurs de l'économie sont touchés.
02:50 - Ça implique des conséquences sur l'emploi, sur les embauches ?
02:53 - Alors pour cette année, pour 2023,
02:57 on a encore une progression du nombre d'emplois, les entreprises ont recruté,
03:01 même si le taux de chômage en Bretagne a un petit peu augmenté,
03:03 mais de manière très faible, puisqu'on est
03:06 toujours une région où le taux de chômage est très bas.
03:08 Par contre, alors si on commence à parler 2024, en 2024,
03:11 ce ralentissement va se poursuivre,
03:14 c'est ce que nous indiquent les chers entreprises, et là l'emploi va un peu diminuer.
03:17 Donc c'est essentiellement des intérimaires qui ne vont pas être reconduits dans les entreprises.
03:21 - Dans le secteur de la construction, l'année commence avec un ralentissement, là aussi,
03:25 vous le disiez, le bâtiment a tout de même des motifs d'espoir pour cette année ?
03:29 - Alors effectivement, pour 2024,
03:32 on s'attend à une croissance assez faible dans l'industrie et dans les services,
03:35 mais le seul secteur qui va être en recul, c'est le bâtiment.
03:39 C'est lié effectivement, entre autres, à la montée des taux d'intérêt,
03:43 qui a contribué à ralentir l'activité, la construction.
03:47 Après, ce qu'il faut se rappeler, c'est qu'on sort d'années
03:51 où l'activité a été en surchauffe,
03:54 où pratiquement on avait beaucoup plus...
03:57 Les carnets de commandes étaient remplis pour 2-3 ans,
04:00 effectivement, donc on va se stabiliser, on va avoir un ralentissement,
04:04 et avec une reprise de l'économie,
04:06 le temps que le marché s'ajuste, ça demande 1 an, 18 mois,
04:09 on devrait avoir une reprise de l'activité dans la construction.
04:12 Après, dans la construction, il y a différents secteurs.
04:14 La seconde oeuvre, c'est-à-dire la rénovation des bâtiments, des maisons,
04:17 se porte très bien, c'est plutôt le gros oeuvre,
04:20 c'est-à-dire la construction au départ, qui se porte moins bien.
04:24 - Une sorte de retour à l'équilibre ?
04:26 - Voilà, il faut revenir à... On normalise...
04:28 En fait, on a un scénario de normalisation de l'économie.
04:31 - Qui est parfois difficile à comprendre à notre échelle.
04:33 Merci beaucoup Hervé Matéi,
04:35 directeur de la Banque de France en Bretagne,
04:37 d'être venu ce matin à France Le Monde.
04:38 - Bonne journée. - Je vous en prie, bonne journée.