Grand témoin : Jean-Dominique Merchet, journaliste à « l'Opinion » et auteur de « Sommes-nous prêts pour la guerre ? » (Robert Laffont)
GRAND DÉBAT / François Bayrou : une claque pour Emmanuel Macron ?
« Le récap » par Bruno Donnet
Crise dans les rangs de la majorité ! Après avoir annoncé qu'il ne rentrerait pas au gouvernement, François Bayrou, fidèle allié d'Emmanuel Macron depuis 2017, a vertement critiqué la politique du Président de la République. Il a déploré « la rupture constante, continuelle, progressive et de plus en plus grave entre la base et les pouvoirs » et un exécutif qui « fait comme si la crise n'existait pas ». Lors d'un dîner, le Président du MoDem a même parlé d'« une démarche d'humiliation » envers son parti. Il a tout de même assuré que le Modem continuait à faire partie intégrante de la majorité. Dans le même temps, la situation personnelle de François Bayrou s'est brusquement compliquée puisque le Parquet a fait appel de la relaxe dans l'affaire des assistants parlementaires. Un nouveau procès devrait dont avoir lieu. Des représentants du Modem figurent-ils dans la liste des nouveaux ministres et secrétaires d'Etat nommés par le Président de la République et Gabriel Attal ?
Invités :
- Jean-Louis Bourlanges, député MoDem des Hauts-de-Seine,
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique à France Inter,
- Carole Barjon, grand reporter à L'Obs,
- Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste et politologue.
GRAND ENTRETIEN / Jean-Dominique Merchet : l'armée française vraiment à la ramasse ?
Et si la France était en guerre demain ? Un scénario longtemps ignoré mais d'avantage discuté depuis l'émergence de la guerre en Ukraine et à Gaza. Dans son livre « Sommes-nous prêts pour la guerre ? », Jean-Dominique Merchet fait le bilan d'une armée française en proie à de nombreux problèmes liés, entre autres, à la production d'armes, aux dépendances externes, à la complexité de la dissuasion nucléaire ou encore aux difficultés de recrutement. Selon lui, en cas de guerre, la France serait capable de tenir uniquement un front d'une longueur de 80 km. Face aux réalités de la guerre en Ukraine, le pronostic de Jean-Dominique Merchet est-il réellement tangible ?
Grand témoin : Jean-Dominique Merchet, journaliste à « l'Opinion » et auteur de « Sommes-nous prêts pour la guerre ? » (Robert Laffont)
LES AFFRANCHIS
- Thomas Lestavel, journaliste économique indépendant,
- Isabelle Lasserre, journaliste diplomatique au Figaro,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Suivez-nous sur les réseaux
GRAND DÉBAT / François Bayrou : une claque pour Emmanuel Macron ?
« Le récap » par Bruno Donnet
Crise dans les rangs de la majorité ! Après avoir annoncé qu'il ne rentrerait pas au gouvernement, François Bayrou, fidèle allié d'Emmanuel Macron depuis 2017, a vertement critiqué la politique du Président de la République. Il a déploré « la rupture constante, continuelle, progressive et de plus en plus grave entre la base et les pouvoirs » et un exécutif qui « fait comme si la crise n'existait pas ». Lors d'un dîner, le Président du MoDem a même parlé d'« une démarche d'humiliation » envers son parti. Il a tout de même assuré que le Modem continuait à faire partie intégrante de la majorité. Dans le même temps, la situation personnelle de François Bayrou s'est brusquement compliquée puisque le Parquet a fait appel de la relaxe dans l'affaire des assistants parlementaires. Un nouveau procès devrait dont avoir lieu. Des représentants du Modem figurent-ils dans la liste des nouveaux ministres et secrétaires d'Etat nommés par le Président de la République et Gabriel Attal ?
Invités :
- Jean-Louis Bourlanges, député MoDem des Hauts-de-Seine,
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique à France Inter,
- Carole Barjon, grand reporter à L'Obs,
- Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste et politologue.
GRAND ENTRETIEN / Jean-Dominique Merchet : l'armée française vraiment à la ramasse ?
Et si la France était en guerre demain ? Un scénario longtemps ignoré mais d'avantage discuté depuis l'émergence de la guerre en Ukraine et à Gaza. Dans son livre « Sommes-nous prêts pour la guerre ? », Jean-Dominique Merchet fait le bilan d'une armée française en proie à de nombreux problèmes liés, entre autres, à la production d'armes, aux dépendances externes, à la complexité de la dissuasion nucléaire ou encore aux difficultés de recrutement. Selon lui, en cas de guerre, la France serait capable de tenir uniquement un front d'une longueur de 80 km. Face aux réalités de la guerre en Ukraine, le pronostic de Jean-Dominique Merchet est-il réellement tangible ?
Grand témoin : Jean-Dominique Merchet, journaliste à « l'Opinion » et auteur de « Sommes-nous prêts pour la guerre ? » (Robert Laffont)
LES AFFRANCHIS
- Thomas Lestavel, journaliste économique indépendant,
- Isabelle Lasserre, journaliste diplomatique au Figaro,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Suivez-nous sur les réseaux
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:06 Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde".
00:10 Ce soir, sommes-nous prêts pour la guerre ?
00:12 C'est la question que vous posez dans votre dernier livre, Jean-Dominique Merchef.
00:16 Bonsoir.
00:17 Et merci d'être notre grand témoin ce soir, spécialiste des questions de défense,
00:21 journaliste à l'opinion et mauvaise nouvelle, vous démontrez dans cet ouvrage
00:25 que la France n'est pas prête à un engagement majeur et au retour de la guerre de haute
00:30 intensité comme en Ukraine, on est à un moment de bascule stratégique, on en parlera,
00:35 vous nous direz pourquoi.
00:36 Oui, on a quelques raisons de s'inquiéter.
00:38 Notre grand débat ce soir, à quoi joue François Bayrou ?
00:42 Alors que le remaniement est attendu dans les minutes qui viennent, le président du
00:46 Modem a renoncé à entrer au gouvernement, faute d'accords profonds avec la politique
00:50 de l'exécutif.
00:51 Qu'est-ce qu'il y a ? Une mésentente cordiale ou une véritable crise politique ?
00:56 Nous en débattons dans un tout petit instant avec mes invités, enfin nos approchés ce
01:00 soir, Regards sur le monde, Vincent Huges, le billet philo, Pierre-Henri Tavoyo et puis
01:04 Bourbon Express, bien sûr, l'histoire du jour à l'Assemblée signée Stéphanie Despierres.
01:09 Voilà pour le sommaire.
01:10 On y va Jean-Dominique Merchef ?
01:11 On y va.
01:12 Ça vous regarde ? Ça commence tout de suite.
01:13 Alors faut-il parler de crise politique ou de simple caprice ? En refusant d'entrer
01:30 au gouvernement, François Bayrou a donc fait vraiment bruyamment entendre sa différence
01:35 et son désaccord de fond, dit-il, avec la politique menée par l'exécutif.
01:39 Certes, ça n'est pas une première, mais cette fois, ce coup de sang pourrait bien
01:42 avoir des conséquences, affaiblir le tout jeune Premier ministre, Gabriel Attal, fraîchement
01:47 nommé.
01:48 Le remaniement devrait intervenir, je vous le disais, dans les minutes qui viennent.
01:51 On va attendre le communiqué officiel de l'Elysée pour vous donner tous les noms.
01:55 Bonsoir Jean-Louis Bourlange.
01:56 Bonsoir.
01:57 Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
02:00 Vous êtes député modem des Hauts-de-Seine, président de la Commission des affaires étrangères
02:03 à l'Assemblée nationale.
02:04 Et j'ose le dire, député en colère, agacé, on peut dire ça ce soir, contre François
02:10 Bayrou ?
02:11 Je n'ai pas encore...
02:13 J'ai, avec François Bayrou, une relation personnelle d'amitié et de confiance très
02:18 ancienne, mais je suis effectivement assez...
02:21 J'ai été assez choqué par la façon dont ont été conduites les négociations pour
02:30 entrer dans le gouvernement et la prise de position de François Bayrou.
02:34 Alors, on va y revenir.
02:35 À l'instant qu'il avait, comme vous l'avez rappelé, un désaccord de fond avec...
02:38 C'est dit.
02:39 -Je tiens le mot d'agacement pour vous présenter.
02:42 Bonsoir, Carole Barjon.
02:43 -Bonsoir.
02:44 -Merci d'être avec nous, grand reporter à l'Obs et chroniqueuse dans cette émission.
02:47 Bonsoir, Yael Ghos.
02:48 -Bonsoir.
02:49 -Ravie de vous avoir sur ce plateau, éditorialiste politique, chef du service politique de France
02:53 Inter, chroniqueur également dans Savourgarde.
02:55 Et bonsoir, Anne-Charlène Bézina.
02:57 -Bonsoir.
02:58 -Bienvenue.
02:59 Vous êtes constitutionnaliste et politologue.
03:00 Jean-Dominique Merchet, vous avez des petites infos sur le ministère des Armées.
03:04 On en parlera sans doute.
03:06 Sébastien Lecornu devrait rester aux manettes.
03:09 On va d'abord planter le décor Macron-Bayrou, le divorce ou pas ? C'est dans le récap
03:15 de Bruno Dedenck qu'on accueille tout de suite.
03:16 Et bonsoir, mon cher Bruno.
03:19 -Bonsoir, Myriam.
03:20 Bonsoir à tous.
03:21 -Alors, au menu de votre récap ce soir, vous nous proposez un rembobinage, mais également
03:25 une gifle.
03:26 -Oui, alors rembobinage d'abord, car pour comprendre le positionnement de François Bayrou
03:31 aujourd'hui, il faut revenir un tout petit peu en arrière.
03:34 Ça s'est passé lundi, au terme d'une longue procédure.
03:38 La justice a enfin rendu son verdict dans l'affaire des assistants parlementaires européens.
03:44 -Le tribunal a dit non seulement que je n'étais pas en cause dans cette affaire, mais qu'il
03:50 n'y avait pas de système, qu'il n'y avait pas d'enrichissement personnel.
03:55 -Le tribunal a relaxé François Bayrou.
03:59 Relaxé dans tous les sens du terme d'ailleurs.
04:01 Le patron du Modem qui attendait cette bonne nouvelle depuis 7 ans en a profité pour montrer
04:08 qu'il était là, toujours là, et qu'il avait très envie de revenir au cœur du chaudron
04:14 politique.
04:15 -Est-ce que cet relax vous ouvre les portes du ministère de l'Education nationale, que
04:18 vous connaissez bien ?
04:19 -Je n'écarte jamais rien.
04:21 Le principe, pour moi, précisément parce que vous êtes engagé, c'est de ne jamais
04:28 rien écarter.
04:30 -Voilà, François Bayrou voulait l'Education nationale, seulement voilà, il y a eu un
04:34 os.
04:35 Le patron du Modem n'a pas réussi à se mettre d'accord avec le président de la République
04:39 sur le type de politique qu'il convenait d'y conduire.
04:42 Alors, il a brusquement changé de ton.
04:45 -Et c'est donc maintenant, Bruno, que vous allez nous parler d'une gifle.
04:48 -Exactement.
04:49 Parce que la gifle, Myriam, c'est un peu la signature, la petite marque personnelle et
04:53 politique de François Bayrou.
04:55 Et pour bien comprendre, il faut revenir à la campagne présidentielle de 2007, le jour
05:00 où, à Strasbourg, il s'est passé ceci.
05:03 -Ecoutez, je vous explique.
05:06 -C'est pas les potes.
05:09 -C'est pas les potes.
05:12 -Depuis cet épisode, la gifle colle littéralement à la peau du centriste.
05:17 Libération y a d'ailleurs fait une très fine allusion aujourd'hui, pendant que le Figaro
05:22 et le Parisien évoquaient une crise.
05:24 Pourquoi une crise ? Et bien précisément parce que François Bayrou a rouvert toute
05:29 grande la fameuse boîte à gifle.
05:31 Pas content d'avoir été éconduit, il est allé coller une bonne trempe ce matin sur
05:37 France Info à Emmanuel Macron, coupable, selon lui, de mener une politique qui conduirait
05:42 la France à la dérive.
05:44 -Il s'agit de dire stop.
05:46 Il y a une dérive.
05:49 Le moment est venu de remettre les choses à l'endroit.
05:55 -Et puis, comme chez Bayrou, les claques se distribuent par paire, eh bien, il a annoncé
06:01 aussitôt, à mots à peine couverts, que puisque c'était comme ça, il serait candidat
06:05 en 2027.
06:06 -Et cette crise-là, il faut que 2027 et les années qui précèdent servent à montrer
06:14 un chemin pour en sortir.
06:15 -Et c'est vous qui allez le montrer en 2027 ?
06:17 -Je n'ai jamais renoncé à aucun des devoirs qui sont les miens.
06:22 -Allons bon.
06:24 Alors, le problème, c'est qu'au Modem, on n'a pas l'air du tout d'accord avec la brutalité
06:29 du patron.
06:30 Les 51 députés qui siègent ici, à l'Assemblée nationale, ont fait paraître cet après-midi
06:36 incommuniqués, dans lequel ils renouvellent leur soutien au Premier ministre.
06:41 Quant à vous, Jean-Louis Bourlange, vous vous êtes fendu d'un tweet dans lequel vous écrivez
06:46 que le comportement de François Bayrou est, je vous cite, "politiquement inept et moralement
06:52 dégradant".
06:53 Bonne ambiance au Modem.
06:54 -C'est pas le comportement de Bayrou.
06:55 -Au Modem, vous avez cru le dire tout de suite après.
06:57 -Si elle allait dans ce sens.
07:00 -Voilà.
07:01 Enfin, si j'ajoute à tout cela, Myriam, que cet après-midi, le parquet a décidé
07:05 de faire appel de la relax de François Bayrou, vous serez probablement d'accord avec moi
07:09 pour estimer qu'on peut se demander, ce soir, pour qui la gifle est finalement la plus cinglante.
07:16 -Merci beaucoup, Bruno.
07:18 Jean-Louis Bourlange, on va vous écouter en longueur.
07:20 On a bien compris que vous n'avez pas goûté l'attitude de François Bayrou, pourtant vous
07:25 le connaissez très bien et de très longue date.
07:28 Vous allez nous dire ce qui s'est passé exactement, mais est-ce que vous êtes fondamentalement
07:32 surpris par cette attitude ?
07:34 -La question n'est pas de savoir si je suis surpris, contrarié, agacé, et c'est même
07:39 pas une question à personnaliser.
07:41 La présentation très brillante a été faite autour de la personnalité de François Bayrou.
07:47 Je crois que ce qui est en cause, c'est quelque chose de plus objectif, de plus simple, qui
07:53 est le comportement qu'on doit avoir au sein d'une majorité.
07:57 Je suis de ceux qui pensent qu'il y a péril en la demeure, que la majorité est gravement
08:03 menacée sur ces deux flancs, le flanc de la droite extrême, de la droite profonde, et
08:09 le flanc de la gauche profonde.
08:11 Je pense qu'il y a un risque très précis d'une rupture dans quelques années qui se
08:17 produirait et qui menacerait vraiment les fondements, les fondements de solidarité
08:23 atlantique, de solidarité européenne.
08:25 -Et François Bayrou n'en a pas conscience de ce risque ?
08:28 -Il introduit au coeur de la...
08:32 Pour réussir, il faut que la majorité soit unie et je pense qu'il est essentiel que le
08:37 Premier ministre réussisse.
08:39 C'est pas facile, il va faire des fautes, il en a peut-être déjà fait, le président
08:45 de la République fait des erreurs également.
08:47 -Donc il le fragilise, François Bayrou, ça vous le reconnaissez.
08:50 -Et là, je crois qu'on ne peut pas ouvrir sur je ne sais quoi, parce que moi ce que
08:55 je constate, c'est que François Bayrou nous informe par Télégramme, sans vous prévenir
09:01 à aucun moment, nous informe qu'il y a un désaccord profond entre le MoDem, c'est-à-dire
09:06 le groupe et le parti dont je suis membre, et la majorité.
09:10 Je suis heureux de l'apprendre, parce que malgré tout, s'il y a un désaccord profond,
09:15 j'aurais pu m'en apercevoir, j'aurais pu en discuter, on aurait pu en discuter.
09:19 Ce désaccord profond, on ne sait pas sur quoi il est produit.
09:22 -Vous dites d'ailleurs qu'il invente ce qu'il considère comme inepte, c'est-à-dire une
09:26 forme de participation sans soutien.
09:28 -Oui, vous savez, la formule classique du soutien sans participation, par exemple, les
09:33 socialistes du temps de Madesfrance avaient soutenu Madesfrance sans participer, mais
09:37 là, on a inventé un schéma qui me paraît complètement étrange, qui est la participation,
09:44 puisqu'il semble bien dans le gouvernement dont on apprend la composition...
09:50 -Il y aura des ministres MoDem.
09:54 -Mais en même temps, le président nous dit, et ce n'est pas un choix personnel, il nous
09:58 dit qu'il y a une rupture de fond avec la majorité.
10:03 -Il y a une incohérence politique.
10:05 -Je ne comprends pas comment on peut à la fois reconnaître une rupture, un désaccord
10:13 de fond avec la majorité, pas des critiques, c'est normal qu'on dise qu'il faut corriger
10:18 telle chose, qu'il faut mener telle politique, autrement, ça, c'est la vie, mais un désaccord
10:23 de fond et qu'en même temps, on dit qu'on a un désaccord de fond, on va y aller et
10:27 on va rester fidèle à la parole de François Bayrou, qui nous dit qu'il y a un désaccord
10:32 de fond et on va rentrer dans le gouvernement de M. Attal.
10:35 -On essaie de le comprendre.
10:37 -C'est trop intelligent pour moi, je ne suis pas.
10:40 -C'est l'ego politique de François Bayrou qui pourrait peut-être expliquer ce mouvement
10:45 d'humeur.
10:46 -Je ne me personnalise pas, je ne me psychologise pas, je fais de la politique, j'ai un engagement
10:51 politique au service de la majorité et je voudrais qu'on soit cohérents.
10:54 -Pour vous, il n'y a pas de cohérence politique.
10:57 Yael Ghosn, l'Elysée et Matignon n'ont rien vu venir.
10:59 -C'est ça qui me frappe, parce qu'on peut disserter très longtemps sur le lion Bayrou
11:05 qui sort de sa cage, qui sort de son carcan judiciaire, qui est relaxé, débridé et
11:09 qui va à fond, mais comment tout cela n'a pas pu être anticipé avant, sachant qu'Emmanuel
11:14 Macron connaît son Bayrou depuis sept ans maintenant, que c'est l'allié historique,
11:18 que c'est grâce à lui qu'il a pu devenir président.
11:20 Est-ce qu'il n'y aurait pas pu y avoir une discussion avant le jugement pour dire
11:27 quelles sont nos hypothèses, François ? Est-ce que oui ou non, si t'es relaxé,
11:31 qu'est-ce qui se passe ? Si t'es parlaxé, comment on fait ? On a l'impression que tout
11:36 arrive au dernier moment, rien n'a été anticipé, d'ailleurs un petit peu comme
11:39 c'est 22 jours et demi pour solder le compte de 15 secrétaires d'Etat, ça paraît complètement
11:44 fou quand même, record sous la Ve République.
11:46 Il y a donc un problème de gestion des ressources humaines qui explique aussi ce délitement.
11:50 Maintenant, le moment dans lequel on est, est-ce que François Bayrou a lu le sondage
11:56 IFOP pour Valeurs Actuelles, où Marine Le Pen est donnée gagnante en 2027, elle n'a
12:01 jamais eu autant dans les sondages de premier tour, 36 % depuis qu'elle fait de la politique.
12:05 Est-ce que ça, ça a été intégré ? Est-ce que les autres, Edouard Philippe, Gérald
12:12 Darmanin demain, Bruno Le Maire demain peut-être, Xavier Bertrand sur le flanc de la droite
12:17 sociale, est-ce que tous ces gens-là ont conscience, et là je rejoins ce que vous
12:21 dites Jean-Louis Bourlange, ont conscience du risque de cet espace central-centre-droit
12:26 où la compétition de l'après Macron démarre prématurément et donne du grain à moudre
12:31 évidemment à l'extrême droite ?
12:33 Mais il faut quand même essayer de mettre un mot sur ce à quoi on a assisté.
12:37 Est-ce que c'est une crise ? Est-ce que c'est un mouvement d'humeur ? Alors évidemment,
12:41 on va voir le remaniement et si à l'arrivée il y a beaucoup de ministres modem, peut-être
12:47 que politiquement il y aurait un gain à cette attitude.
12:50 Mais c'est un caprice, c'est un psychodrame personnel ? Quels mots on met sur le coup
12:55 de sang, moi j'appelle ça, de François Bayrou ?
12:57 Je ne sais pas si c'est un caprice, c'est peut-être un coup de sang, mais je ne parlerais
13:05 pas de caprice.
13:06 On a beaucoup entendu ce terme-là depuis quelques jours, mais ça c'est un peu les
13:10 éléments de langage de l'Elysée et de Matignon.
13:14 Coup de sang, oui, certainement, parce qu'il s'aperçoit qu'au fond, il n'y a pas de
13:19 place pour lui.
13:20 Gabriel Attal ne veut pas de lui au ministère de l'Education, c'est tout à fait clair.
13:26 Il ne veut même sans doute pas de lui du tout dans le gouvernement, puisqu'on a aussi
13:31 parlé pour François Bayrou à un moment donné d'un grand ministère de la réforme
13:36 de l'Etat, par exemple.
13:37 Il voulait l'éducation ou la cohésion des territoires parce qu'il fustige aussi une
13:42 forme de divorce Paris-Province.
13:44 Maintenant, là où je rejoins, enfin je suis un peu d'accord avec ce qu'a dit Jean-Loup
13:49 Bélanger, c'est qu'il ouvre une crise dans la majorité, il ouvre aussi une crise dans
13:53 son propre parti, voilà.
13:55 On le constate.
13:57 C'est assez clair.
13:58 C'est un peu solitaire, dans ce sujet.
14:01 Et c'est vrai qu'il s'est un peu emmêlé les pinceaux, parce qu'honnêtement, dans
14:06 le communiqué qu'il a fait parvenir à l'AFP hier soir...
14:10 Non, avant hier soir.
14:11 Avant hier soir.
14:12 Non, hier soir, pardon.
14:13 -Hier soir, oui.
14:14 -Oui, oui.
14:15 Donc, il parle de désaccord de fond à un moment donné, et puis dans un deuxième paragraphe,
14:23 il parle de divergence sur la méthode.
14:26 Et ça, ça n'a rien à voir, c'est très différent.
14:29 Le désaccord de fond, c'est sur la politique, on peut le comprendre comme un désaccord sur
14:34 la politique générale que mènent ce gouvernement et le président de la République, alors
14:38 que la divergence sur la méthode, on comprend que c'est plus sur l'éducation, la manière
14:44 de gérer...
14:45 -Il parle aussi de décision personnelle, donc ça n'engagerait que lui, et à cause
14:50 d'une rupture de fond avec les valeurs du mouvement.
14:53 -Oui, j'entends bien.
14:54 -On a un passage permanent du personnel au collectif, qui est très troublant pour les
14:57 membres du mouvement.
14:58 Maintenant, je suis d'accord avec ce qu'a dit Yael Ghos tout à l'heure, c'est pas la
15:04 première fois qu'on a l'impression et qu'on se demande comment ce gouvernement, où Macron
15:09 n'a pas anticipé telle crise, alors qu'il y avait des signes avant-coureurs, etc., et
15:15 qu'on connaît Bayrou par coeur.
15:17 -C'est parce qu'il traite que la crise arrive, en fait.
15:20 -Non, mais d'accord, je veux dire, voilà, je suis donc...
15:24 Je viens de me dire qu'il avait été assez incohérent, maintenant je vais prendre un
15:27 peu sa défense quand même, parce que voilà quelqu'un qui a quand même démissionné
15:33 et qui a, au fond, fait cet empurgatoire, quand même.
15:36 -Terrible, un purgatoire terrible, injustifié, et la décision d'appel du parquet est vraiment
15:43 troublante.
15:44 -Très troublante, je suis d'accord.
15:45 -Voilà quelqu'un qui est cassé dans sa carrière politique.
15:47 -C'est un autre sujet.
15:48 -Attendez, c'est important quand même, parce que le parquet, on l'a appris en fin d'après-midi.
15:52 -Je suis très indigné de ce point de vue.
15:53 -Jean-Louis Ourlange, qu'est-ce que vous dites, "troublante", parce que le parquet a
15:56 décidé de faire appel de la Rolex de François Bayrou aujourd'hui ?
15:59 -Oui, je trouve ça...
16:00 -C'est quoi, c'est un hasard de calendrier douteux ?
16:01 -Ça fait sept ans que la justice, pour un problème qui devrait se régler, très simplement,
16:07 quel que soit, ça fait sept ans qu'elle a mis au frigidaire la carrière de François
16:13 Bayrou et que là, on recommence.
16:15 Alors évidemment, sur le plan juridique, c'est une mesure assez habituelle, mais quand
16:20 on voit de quoi il s'agit, je rappelle qu'il n'y a rien, rien qui mette en cause l'approbité
16:26 du modèle.
16:27 -Anne-Charlene Bézina, ça, c'est important.
16:28 -Et là, paf, on remet une pièce au jukebox.
16:29 -Séparation des pouvoirs oblige.
16:30 Bon, le parquet, il faut le rappeler, c'est le ministère public.
16:31 La tutelle, c'est le ministère de la Justice.
16:32 Mais est-ce que vous, ça vous interroge, cette coïncidence de calendrier ?
16:33 -Alors, c'est important qu'on redise quand même que, voilà, outre la séparation des
16:34 pouvoirs, le parquet est un organisme indépendant, c'est lui qui va porter la requête, donc
16:39 il n'y a pas, si vous voulez, de démarche d'Etat derrière ça, c'est important de le
16:55 dire à l'intention de ceux qui nous écoutent.
16:57 Néanmoins, c'est vrai qu'il y a de toute façon, dans notre Ve République, une cohabitation
17:01 très difficile entre justice et politique qui ont fait que François Bayrou, pour des
17:05 raisons de moralisation qu'il a portées personnellement, a donc choisi de mettre fin à un mandat en
17:09 démissionnant pour ce motif.
17:11 Maintenant que l'enquête est terminée, on avait le sentiment que, justement, politiquement,
17:14 un nouvel avenir s'offrait à lui, cette décision de l'appel revient à nouveau un petit peu
17:19 brouiller tout cela.
17:20 Sur la question de savoir si on est sur un coup de sang, sur une crise, sur quelque chose
17:23 de personnel, je pense que c'est un peu tout cela à la fois, mais une crise certainement.
17:27 Parce que ce qu'il faut avoir en tête, c'est que peut-être que cette attitude personnelle
17:31 de François Bayrou vient d'un profond dénigrement aussi de la part d'Emmanuel Macron, au moment
17:36 où il nomme Gabriel Attal, de vouloir s'affranchir en quelque sorte de sa propre majorité.
17:41 C'est-à-dire que je crois qu'il a omis qu'un gouvernement sous la Ve République
17:45 suit la coloration de la majorité à l'Assemblée nationale.
17:50 Et donc, au fond, avoir un équilibre gouvernemental totalement propre, avec cette idée du 15
17:56 de France dont on nous a parlé pour un gouvernement d'efficacité resserré, etc., autour de
18:00 ce jeune Gabriel Attal, c'était oublier aussi ses attaches.
18:03 On parle souvent des éléphants, un peu, de la Ve République et c'est vrai que la
18:07 place du modem est quand même centrale à ce niveau-là.
18:09 Donc, il y a peut-être un retour de Manivelle à ce point.
18:13 Moi, ce que j'aimerais dire aussi, c'est qu'aujourd'hui, les dindons de la farce,
18:17 ce sont un peu les Français qui se retrouvent finalement face à non seulement une deuxième
18:21 composition, c'est-à-dire une suite de gouvernements, mais à un remaniement, puisqu'on apprend
18:25 qu'une des ministres perd son poste, et un remaniement qui, en fait, n'emporte même
18:30 pas le nom.
18:31 On a eu un Premier ministre qui s'est engagé auprès de l'Assemblée nationale à présenter
18:34 son programme sans avoir son gouvernement dans son intégralité.
18:38 Donc, on est vraiment dans un système institutionnel qui n'a plus vraiment de sens.
18:41 On a fait passer la communication avant la politique et avant même le sens de la continuité
18:47 de la politique.
18:48 On est donc les Français spectateurs d'un spectacle politique qui n'est pas au niveau
18:51 pour nous.
18:52 Jean-Louis Bourlange voulait intervenir, il y a Elgose juste après.
18:55 Moi, je suis entièrement d'accord avec ce que vous dites sur le fait que le gouvernement
18:59 tel qu'il a été constitué dans sa première partie était tout à fait déséquilibré
19:03 au détriment du madame.
19:04 Je l'ai dit.
19:05 Il y avait un ministre issu du madame qui est M. Feneau, le ministre de l'Agriculture,
19:09 et huit ministres qui, à titre ou à un autre, étaient issus de LR à un moment ou à un
19:15 autre.
19:16 Je trouve ça très bien.
19:17 Avec quelques prises sarkozystes.
19:18 C'est tout à fait...
19:19 Donny Truant.
19:20 Et là, j'ai dit à ce moment-là, clairement, j'ai fait des publications en disant "le
19:26 compte n'y est pas".
19:27 Le compte n'y est pas, mais j'ai suggéré qu'on pouvait faire un soutien sans participation.
19:32 Si on ne veut pas de nous à une juste place dans le gouvernement, on soutient sans participation.
19:38 Mais là où la chose a été différente, et ce qui m'a choqué hier, c'est qu'on a fait
19:44 porter le désaccord sur les valeurs, et les valeurs sur le fondement, sur les orientations
19:49 politiques profondes.
19:50 Et là, je demande à voir, si on a un désaccord, je voudrais savoir sur quoi.
19:53 Est-ce que c'est sur la politique européenne, la politique...
19:55 Ou est-ce que c'est sur la méthode ? Parce que c'est vrai que sur le désaccord, il est
19:58 toujours un petit peu difficile à suivre.
20:00 Je suis entièrement d'accord aussi avec le fait que cette affaire a été conduite
20:03 par le président de la République de façon assez étrange, et notamment ce gouvernement
20:07 en deux morceaux, c'est quelque chose que je ne crois pas.
20:09 Donc vous êtes d'accord que Bayrou n'est pas l'unique responsable ? Le président l'est
20:12 aussi.
20:13 -Je continue sur mes DRH qui ont fait la mauvaise gestion des ressources humaines récemment,
20:17 Attal et Macron.
20:18 Est-ce qu'ils connaissent leur histoire politique ? Est-ce qu'ils ont lu François Bayrou en
20:23 2009, son pamphlet "Abus de pouvoir", très violent, très virulent, contre Nicolas Sarkozy,
20:28 100 000 exemplaires, je crois ? Si on ne connaît pas François Bayrou, si on ne connaît pas
20:32 son allergie viscérale à Sarkozy, est-ce qu'il a représenté au sarkozysme ? Et qu'est-ce
20:37 qui porte la marque du nouveau gouvernement du 15 de France, au départ, là ? C'est
20:42 évidemment le néo-sarkozysme, à la fois dans le positionnement, dans les mots, dans
20:46 le choix de Catherine Vautrin, dans le retour de Rachida Dati.
20:49 Ça, ne pas avoir anticipé que ça pourrait fortement irriter François Bayrou et plus
20:55 largement le Modem, c'est méconnaître ses alliés politiques et ne pas respecter sa
20:59 majorité.
21:00 -Il faut que le Modem ne participe pas.
21:01 -La question est quand même...
21:02 Pardon, pardon.
21:03 Parce que moi, je me pose la même question, c'est-à-dire, Myriam vous disait "à quoi
21:06 joue Bayrou", moi, je voudrais dire aussi "à quoi joue Macron".
21:09 -Oui, bien sûr.
21:10 -Et de ce point de vue-là, est-ce qu'on peut tout à fait exclure qu'au fond, Emmanuel
21:17 Macron, qui est certainement extrêmement reconnaissant à François Bayrou, de l'avoir
21:21 appelé à faire ce pacte en 2017, qui lui a permis de regagner les points qu'il avait
21:26 un peu perdus, etc., et donc qui a contribué à sa victoire.
21:29 On sait très bien qu'Emmanuel Macron n'aime pas beaucoup de voir quoi que ce soit à quiconque.
21:36 Donc, est-ce qu'on peut tout à fait exclure qu'au fond, et on a bien vu qu'au fil des
21:42 années, François Bayrou, pas seulement à cause de sa condamnation et du fait que...
21:48 Enfin, pardon, de l'instruction qui était en cours et qu'il était un peu sur le côté,
21:53 mais on a senti quand même qu'il était marginalisé, qu'il agaçait, etc.
21:58 Donc, est-ce qu'au fond, Attal et Macron ne sont pas si mécontents de leur débarrassement
22:05 d'agacer de quelqu'un dont tout le monde dit qu'il est un poids lourd et qu'eux considèrent
22:11 un peu comme un dinosaure ?
22:12 On va juger ça aussi au nombre de ministres, mais c'est clair que politiquement, on sent
22:15 qu'il largue les amarres, peut-être dans le but aussi de pouvoir faire battre Marine
22:22 Le Pen avec le successeur de Macron.
22:24 C'est Macron qui est au Qatar.
22:26 Dans la prise de décision, c'est quand même le président de la République.
22:29 Alors, Jean-Dominique Merchet, peut-être que vous vouliez intervenir, quand même sur
22:33 les justifications de François Bayrou, qui refuse le ministère des Armées.
22:37 Il y a bien un ministère régalien, c'est celui-là, mais en disant, après tout, c'est
22:41 le seul qui marche, donc on n'a pas besoin de moi, je vais être utile.
22:44 -C'est une histoire un peu parallèle à l'histoire principale dont on vient de parler.
22:48 Oui, il a été proposé hier à François Bayrou de prendre à défaut des ministères
22:56 qu'il souhaitait, c'est-à-dire l'éducation et l'aménagement du territoire.
22:59 On lui a dit, finalement, si tu veux, prends les armées.
23:03 Alors, ça, c'est très, très mal passé dans la communauté de défense en général,
23:10 et je pense chez Sébastien Lecornu aussi.
23:13 Ca veut dire quoi, ça ? Ca veut dire que, quand même, on oublie un petit détail, il
23:17 y a eu une guerre en Europe, il y a eu une guerre à Gaza.
23:19 Tous les jours, le président dit "le réarmement", le machin, et on dit "bon, c'est pas grave".
23:24 Pour un poste aussi capital que le ministère des Armées, on dit "ça peut être un lot
23:30 de consolation", alors même que tout le monde sait, de droite à gauche, et au centre encore
23:36 plus, je pense, que Sébastien Lecornu est réellement un bon ministre, il fait le boulot.
23:41 Je n'entends pas de critique contre Sébastien Lecornu.
23:44 -Donc, c'est lui faire une mauvaise manière que d'envoyer publiquement au signal qu'il
23:48 était remplacé.
23:49 -Lui, il veut rester au ministère des Armées, il fait du bon boulot, et on lui dit "bon,
23:55 c'est pas grave, tu vas céder ta place pour ne pas fâcher Bayrou".
24:01 Bayrou a eu, je pense, l'élégance de le refuser et d'expliquer pourquoi en disant
24:09 justement "ben non, c'est un ministère qui marche, en plus il n'y connaît rien, la défense".
24:15 -C'est intéressant, ce problème de la défense, car je suis d'accord avec vous, c'est un
24:19 ministère absolument central dans la conjoncture actuelle, non seulement avec la question immédiate
24:27 de la guerre, même de la guerre dans l'océan Indien, mais le problème de l'avenir de l'ensemble
24:34 du système de défense français et européen dans la perspective de changement de président
24:41 aux Etats-Unis, c'est un problème vital.
24:43 Simplement, je crois qu'effectivement, François Bayrou sait que dans ces domaines-là, tout
24:48 est verrouillé par le président de la République.
24:50 -On attend toujours le communiqué officiel.
24:52 -Il n'a pas une ambition de faire valoir, à être à faire valoir, et je crois que là,
24:58 il a raison.
24:59 -Il est 20h moins 3 minutes, on n'a toujours pas le communiqué officiel, on vous dira quand
25:05 même les noms qui reviennent avec quasi-certitude dans un tout petit instant, mais les conséquences
25:10 à l'Assemblée, les conséquences au sein des 50 députés Modem, parce que quand même,
25:16 quand je regarde le communiqué du Modem, il est plus clément que le vôtre.
25:19 -Il est tout à fait clément, ils acceptent volontiers de participer.
25:24 Je pose un problème, je dis est-ce qu'on peut critiquer au fond la majorité et faire
25:30 partie du gouvernement ? Mes collègues apparemment trouvent que c'est gérable.
25:34 -Ils rappellent la justice sociale, la solidarité territoriale, la transition écologique comme
25:39 étant les fondamentaux du Modem, l'humanisme du Modem, sa fibre sociale.
25:44 Ils vont se sentir autorisés à voter contre ou s'abstenir texte par texte davantage ?
25:51 -Je pense qu'il faut retenir de cet épisode, c'est justement pas tellement la grogne de
25:56 François Bayrou, mais la conséquence que ça implique sur la vie parlementaire qui
26:02 est déjà très fracturée au sein de l'Assemblée nationale et au sein du Sénat.
26:06 Il faut savoir aujourd'hui que les oppositions s'en sont donné à cœur joie sur le fait
26:09 qu'on était en fin de règne, que précisément ça serait difficile de gouverner, et c'est
26:13 la vérité, les coalitions ne s'apportent pas trop au bonheur sous la Ve République
26:17 et nous avons une majorité de coalitions, des oppositions de coalitions, donc ça va
26:21 être très difficile de savoir comment on va gouverner.
26:23 J'ajoute que, je vous rejoins là-dessus, on quitte finalement ce communiqué avec le
26:28 sentiment qu'une fracture française existe entre les représentants et les représentés,
26:32 ce sont les termes qu'a utilisés François Bayrou, et qu'on ne sait pas si précisément
26:36 les nouveaux ministres entrants, si les députés vont être en charge ou non de la résorber
26:41 cette fracture.
26:42 Cette question a juste été dégainée à ce moment-là pour expliquer un désaccord
26:46 personnel, ou est-ce qu'à l'avenir, à l'Assemblée nationale, ce sont des questions
26:50 qui seront posées par ces députés modèles ? Est-ce qu'on va vraiment avoir une solution
26:54 à tout ça ?
26:55 D'un mot, parce qu'on va passer au non.
26:56 En tout cas, si les 50 disent non, c'est la dissolution précipitée.
26:59 Mais les 50 ne diront pas non.
27:02 Non, non, ce serait le cas.
27:03 Au cas par cas.
27:04 Sur quoi ça va marcher ?
27:05 Tout ça à condition que le Parlement et que l'Assemblée aient encore une utilité
27:08 dans les six mois qui viennent, parce qu'il y a une pause clairement qui est mise sur
27:12 l'activité parlementaire, sur les grands textes.
27:14 Rien de très intéressant, de très fort.
27:16 Avant le 9 juin, date des élections européennes, pas de vague, pas de 49.3.
27:21 Si possible, pas de motion de censure.
27:23 Voilà, donc le problème des cinq prochains mois, c'est comment gérer l'ennui aussi
27:28 sur les bancs de l'Assemblée.
27:29 Alors on y vient sur les nons.
27:31 Vous l'avez compris, le communiqué n'est toujours pas officiel, il n'est pas tombé,
27:35 il devrait intervenir dans les minutes qui viennent, mais il y a quand même un certain
27:37 nombre de quasi-certitudes ce soir.
27:41 Amélie Oudéa Castera quitterait l'éducation nationale, mais garderait le sport.
27:46 Elle serait remplacée, rue de Grenelle, par Nicole Belloubet.
27:50 Autre entrant, Frédéric Valtoux, ministre délégué à la Santé, sous l'autorité
27:56 de Catherine Vautrin.
27:57 C'est un député horizon, proche d'Edouard Philippe.
28:00 Agnès Pannier-Runacher deviendrait ministre des Solidarités après avoir été aux commandes
28:04 de la transition énergétique.
28:06 Guillaume Casmarian, député Renaissance, prendrait le portefeuille du logement.
28:11 Marie Guevenoux arriverait aux Outre-mer.
28:13 La députée Modem, Marina Ferrari, prendrait en charge les affaires européennes.
28:19 Sabrina Agresti-Roubach, maintenue à la ville, à la citoyenneté, et elle hériterait en
28:24 plus de l'intégration.
28:26 Dominique Faure, du Parti radical, serait maintenue à la ruralité et aux collectivités
28:30 territoriales.
28:31 Olivia Grégoire reste au gouvernement en charge des entreprises du tourisme et de la consommation.
28:36 Sarah Al-Aheri, ministre Modem, en charge de l'enfance et des familles.
28:42 Jean-Noël Barraud, vous l'avez ?
28:43 Pour l'instant, on n'a pas le nom.
28:45 Ça vous inquiète ?
28:46 Moi, ça m'inquiète, c'est un ami très...
28:48 De toute façon, parce que vous êtes quand même sensible.
28:50 Il m'a mis une très grande action dans le domaine du numérique et vraiment, c'est
28:53 quelqu'un dont je croyais que la carrière...
28:56 Allez, le plus important, c'est Amélie Oudéa Kastéra.
28:59 Ça, c'est une quasi-certitude.
29:01 Elle quitte l'Education nationale.
29:03 C'était le seul abcès de fixation à crever dans ce gouvernement, puisqu'il y avait vraiment,
29:09 là aussi, D.H.
29:10 Macron, D.H.
29:11 Attal, laissé pourrir une situation pendant 10 jours, 15 jours, avec un supplice quotidien
29:18 d'une ministre qui n'est pas du tout adoubée par les personnels de l'Education nationale
29:22 qui vont travailler avec elle.
29:24 Comment ça pouvait continuer ? Ça ne pouvait pas continuer.
29:26 Mais le supplice aura duré 15 jours.
29:28 Nicole Belloubet, vous qui suivez les questions d'éducation, une ancienne rectrice, ancienne
29:32 rectrice de la justice, femme de gauche.
29:34 Elle a été militante au Parti socialiste.
29:37 Elle sera femme de la situation avec les syndicats ?
29:41 Oui, mais c'est quand même un peu étrange, franchement.
29:43 Pardon.
29:44 Sans mettre du tout en question les qualités de Mme Belloubet, mais elle avait pris des
29:51 positions il y a quelques années.
29:54 Contre l'uniforme, notamment.
29:55 Contre l'uniforme.
29:56 Elle avait traité de faribole toutes ces histoires de rétablissement de l'autorité.
30:03 C'est absolument exactement le contraire de tout ce qu'a annoncé Gabriel Attal et qui,
30:08 au passage, était quand même plébiscité par les Français, toutes ces mesures.
30:13 C'est l'antistan quoi.
30:14 L'antistanisme.
30:15 Non, mais c'est complètement...
30:16 Là, moi, je dois dire, je tombe devant l'armoire.
30:20 Pardon.
30:21 Val Thou, Frédéric Val Thou à la santé, l'ancien président de la Fédération des
30:26 Hospitaux de France.
30:27 Oui, bonsoir.
30:28 Moi, je ne vais pas commenter les personnes.
30:29 Ce que je constate pour Mme Moudéa, c'est qu'au bout du compte, elle perd la tête,
30:34 elle garde les jambes.
30:35 Ah, c'est quand même...
30:36 Il est taquin, ce soir, Jean-Louis Bourlange.
30:39 Insuffisant.
30:40 On a dit qu'il y a une question.
30:41 Mme Charlabelle, il a duré, et surtout pour cette solution-là, pour arriver à ce que
30:45 finalement, au bout de 22 jours, on la démette de sa fonction, est-ce que c'était vraiment
30:49 utile de faire continuer cela ? Et est-ce que finalement, l'idée de retronquer ce ministère
30:55 en deux ne prouve pas finalement qu'on a un petit peu joué avec nos administrations
30:59 comme des appellations ? Et ça, je crois que c'est un petit peu dangereux de faire
31:03 de la politique spectacle avec nos plus grands ministères.
31:06 Cette idée d'avoir des ministres un peu partout avec des ministres délégués qui
31:09 sont plénipotentiaires ou pas, ça va être quand même un vrai casse-tête.
31:11 Vraiment d'un mot.
31:12 Alors, pour terminer...
31:13 Ça donne quand même vraiment l'impression du n'importe quoi.
31:15 Allez, boum, terminé.
31:16 Je crois aussi.
31:17 Du n'importe quoi.
31:18 Du n'importe quoi ?
31:19 Franchement, je crois.
31:20 C'est le citoyen qui parle.
31:21 Le modem, effectivement, va être présent, alors qu'on dit qu'il y en a un désaccord.
31:30 L'éducation nationale, on change du tout au tout.
31:33 Ça fait quand même le troisième changement avu.
31:36 On a eu Blanquer, le contraire de Blanquer, le contraire du contraire de Blanquer, et
31:41 maintenant, le contraire du contraire du contraire de Blanquer.
31:43 Allez, le mot de la fin, c'est le barge à velle.
31:44 Je trouve, pardon, c'est vrai que je suis un peu passionnée par les questions de l'école,
31:48 ce que je trouve très révélateur, c'est qu'on a autant de mal à trouver quelqu'un
31:52 pour occuper.
31:53 Le banc de touche est bien vide.
31:54 La fonction qui est celle, en principe, de la mer, de toutes les batailles.
31:59 Oui, oui.
32:00 Voilà pour un deuxième quinquennat qui devait être relancé.
32:02 Il faut savoir ce qu'on veut faire.
32:04 A peine commencé.
32:05 Merci beaucoup.
32:06 On s'arrête là.
32:07 On va regarder de près, se communiquer.
32:08 On reviendra demain, bien sûr, sur les équilibres politiques et même géographiques, cher
32:12 François Bayrou.
32:13 Merci à vous.
32:14 Merci d'être venu débattre sur LCP.
32:15 Vous restez avec moi, Jean-Dominique Merchet.
32:17 Dans une dizaine de minutes, Vincent Hugeot va revenir sur la crise politique au Sénégal.
32:22 Pierre-Henri Tavoyau sur la votation parisienne sur les SUV.
32:26 Gare aux gadgets démocratiques.
32:27 Et puis, quel est le menu de Bourbon Express ce soir, Stéphanie Lépierre ?
32:31 L'agenda de l'Assemblée nationale qui reste désespérément vide.
32:34 A tout à l'heure, les affranchis pour vos partis pris.
32:37 Mais d'abord, sommes-nous prêts pour la guerre ?
32:39 C'est la question un peu angoissante, j'ose le dire, de votre dernier livre.
32:44 Jean-Dominique Merchet à vous lire.
32:45 Si on vous invite, Jean-Dominique Merchet, c'est parce que le monde s'embrase à Gaza
33:06 et en Ukraine.
33:07 Pour la première fois depuis plusieurs décennies, l'Europe est confrontée, à ses portes, à
33:13 une guerre de haute intensité.
33:15 Face à la Russie de Vladimir Poutine, l'Occident vit un tournant historique, la fin de son
33:21 hégémonie.
33:22 Ce qui oblige les pays européens à revoir et à moderniser leurs industries militaires.
33:27 Alors, qu'en est-il de notre pays, la France ? Est-elle encore une puissance mondiale ?
33:34 Sommes-nous, Jean-Dominique Merchet, prêts pour la guerre ?
33:38 C'est d'ailleurs le titre de votre dernier ouvrage.
33:41 On a une petite armée qui permet de faire plein de choses différentes, plutôt bien,
33:46 parce que c'est une armée réellement professionnelle, mais pas beaucoup et pas longtemps.
33:52 Or, ce qu'on voit ressurgir, c'est la nécessité d'être en masse et d'être en masse longtemps.
33:58 Jean-Dominique Merchet, vous êtes journaliste à l'opinion, expert des questions militaires
34:03 et stratégiques, auteur de nombreux ouvrages.
34:07 Voici donc votre dernier livre, 216 pages pour dresser un état des lieux alarmant
34:12 de notre défense.
34:14 Pour vous, la France vit dans l'illusion de son statut de grande puissance, face aux
34:19 nouvelles menaces, que vaut notre armée, dotée de l'arsenal nucléaire et membre de
34:25 l'OTAN ? Elle est, dites-vous, à la ramasse, en dépit des moyens considérables mis sur
34:30 la table.
34:31 Nos militaires se battent au péril de leur vie pour défendre notre pays et notre République.
34:38 Et dans le cadre de la loi de programmation militaire, nous tiendrons nos engagements
34:43 vis-à-vis d'eux.
34:44 En deux quinquennats, nous aurons doublé le budget du ministère de la Défense.
34:48 Une petite armée, dites-vous, une armée bonsaï incapable de tenir 80 km de front terrestre,
34:55 mais qui peut se déployer dans tous les domaines.
34:58 N'est-ce pas là, finalement, Jean-Dominique Merchet, notre véritable force ?
35:03 Voilà, une armée polyvalente, petite, mais est-ce qu'elle est costaude, au moins dans
35:09 son domaine, dans ses différents domaines ?
35:11 Oui, on a une bonne armée, il n'y a aucun doute là-dessus, une armée professionnelle.
35:16 Les gars, quand ils font des choses, ils les font bien.
35:18 C'est donc pas une critique du fonctionnement de l'armée, c'est une critique du modèle.
35:24 Le modèle, il est un modèle de vouloir faire comme les Américains, c'est-à-dire d'être
35:31 présent partout, dans tous les domaines, dans le Pacifique, l'Afrique, de l'Europe à l'Amérique
35:39 latine, de l'espace, les forces spéciales, le cyber, le nucléaire, les porte-avions,
35:45 les chars, d'avoir une armée complète.
35:47 Donc on est aussi performant, mais beaucoup plus petit, c'est ça ?
35:50 Mais nous ne sommes pas les Etats-Unis, et qui plus est, nous avons 3 000 milliards
35:53 d'endettements.
35:54 Et donc nous avons ce que j'ai appelé une armée "bonsai", c'est-à-dire c'est l'armée
35:58 américaine en tout petit.
36:00 Alors ça a des avantages, ça permet effectivement de faire des choses, de les faire bien, aller
36:04 chercher des ressortissants au Soudan, comme l'année dernière, de participer à des clubs,
36:09 comme aiment le dire les militaires, on fait partie du club des puissances nucléaires,
36:13 du club des puissances aéronavales, du club des puissances spatiales, mais dès lors qu'on
36:17 rentre dans le vif du sujet...
36:18 -Ce qui frappe le grand public, justement...
36:20 -Évidemment, dès lors qu'on rentre dans le vif du sujet...
36:22 -La montée en puissance.
36:23 -On ne les fait pas, on fait les choses, on ne les fait pas beaucoup et on ne les fait
36:26 pas longtemps, parce qu'on n'a pas la masse et l'épaisseur.
36:29 -C'est 80 kilomètres, je rappelle que le front ukrainien, c'est 1 000 kilomètres,
36:34 c'est pas un chiffre secret, mais c'est pas un chiffre qui aurait dû sortir.
36:38 Au fond, ça fait pas plaisir aux officiels.
36:40 D'abord, d'où vient précisément ce chiffre ?
36:41 -Alors, je suis invité à un colloque, comme il y a des centaines, enfin des dizaines
36:46 de colloques, tous les ans, organisés par les militaires, et là, on nous présente,
36:50 on a aussi de l'armée, ceci, cela, etc. Et à un moment, il y a un officier qui dit
36:53 "Voilà, bah nous, notre capacité de déploiement, c'est 25 000 hommes, et puis le modèle de
37:02 l'OTAN, ce qui est le nôtre, c'est tant d'hommes par kilomètre des brigades déployées,
37:08 et donc je fais simplement le calcul, je dis 25 000 hommes, c'est 80 kilomètres,
37:13 donc oui, oui, c'est ça, c'est ce qu'on pourrait tenir dans le cadre d'une opération
37:17 majeure de l'OTAN.
37:18 -Mais il faut bien comprendre, 25 000 hommes, c'est la capacité maximale des soldats
37:21 opérationnels au sol.
37:23 -De projection de l'armée française.
37:25 -En cas d'attaque.
37:26 -En cas de vraie guerre, dans l'OTAN.
37:28 -C'est peu, pourtant, on a beaucoup plus de soldats que ça.
37:30 -Oui, mais parce que les autres...
37:32 -Comment vous expliquez ça ?
37:34 -Les autres sont ailleurs.
37:35 -Voilà.
37:36 -Les autres, on a une armée, en gros, de 200, 250 000 hommes. Vous avez l'aviation,
37:40 les bains, vous avez des gens qui sont dans le Pacifique, vous avez des gens qui sont
37:43 en Afrique, vous avez des gens qui sont dans différents services et puis vous avez des
37:48 gens qui sont dans l'armée de l'air, dans la marée.
37:50 -Et donc, pour la guerre à l'ukrainienne...
37:52 -Une guerre à l'ukrainienne, nous mettons dans l'alliance, c'est ça.
37:57 -C'est parfaitement clair. Alors, cette armée échantillonnaire, cette armée bonsaï,
38:02 elle coûte en plus très très cher. C'est ça qui est aussi le paradoxe de nos choix.
38:06 Les satellites, le cyber, les sous-marins, ça pèse très lourd. En fait, vous nous
38:10 dites qu'on n'a pas su faire suffisamment de choix, on n'a pas concentré nos efforts
38:15 budgétaires suffisamment sur quoi précisément ? Pourtant, les budgets sont là, ils ont doublé.
38:20 -Alors ça, c'est un choix politique dont il faut débattre. Est-ce qu'il faut continuer
38:25 à éparpiller les choses comme on le fait dans tous les domaines ? Ça, ça coûte de plus en plus
38:30 cher parce qu'il y a de plus en plus de domaines, il y a le spatial, il y a le cyber, il y a maintenant
38:35 les fonds sous-marins, avec par exemple l'attaque de Nord Stream, on a vu ce que ça signifiait.
38:39 Et puis, dans toute la géographie, c'est-à-dire qu'il faut rester présent dans le Pacifique,
38:44 sous prétexte que nous avons trois îles et deux archipels, etc. Donc, il faut se poser la question
38:51 où est-ce qu'on fait ce que le Maréchal Fauche, le vainqueur de la Première Guerre mondiale,
38:55 conseillait de faire dans ses traités sur l'art de la guerre, qui était de dire "il faut concentrer
39:01 ses moyens". L'art de la guerre, c'est de concentrer ses moyens. -Alors, Sébastien Lecornu,
39:06 avec qui vous avez forcément un dialogue sur ces sujets, pourrait vous dire "mais attendez,
39:10 l'attaque à la Russe n'arrivera jamais chez nous, on a une dissuasion nucléaire, on est dans l'OTAN,
39:18 on a aussi des avions de chasse qui, à la minute où on serait attaqué, iraient bombarder l'ennemi".
39:23 Et donc, l'hypothèse même d'une guerre au sol n'existe pas. -C'est mon premier chapitre,
39:30 je pose le premier chapitre, je dis "est-ce qu'on doit se préparer à une guerre comme en Ukraine ?"
39:33 La réponse est non, nous ne sommes pas en Ukraine pour ces raisons-là, parce que nous avons l'arme
39:38 nucléaire, parce que nous sommes membres de l'Alliance Atlantique. Mais, on voit bien que la
39:47 situation de l'Europe a profondément changé depuis 2022 avec l'attaque russe, et que ça, ça va durer.
39:55 Et que si on s'inscrit, comme le fait le président de la République, dans un projet d'union européenne,
40:01 d'union de plus en plus étroite, toujours plus étroite des Européens, qui est ma conviction
40:06 personnelle, là, il faut se concentrer sur ce nouvel ordre de l'Europe. Et ce nouvel ordre de l'Europe,
40:13 ce qui s'est passé avec l'invasion de l'Ukraine, c'est aussi important que la chute du mur de Berlin.
40:17 -Bien sûr. -Donc, il faut qu'on soit proche de nos amis et de nos alliés.
40:21 -Alors, justement, là, on est alliés, mais ça tarde à venir, et c'est peut-être d'ailleurs à cause de ça,
40:27 l'absence de livraison d'armes en quantité suffisante, que les Ukrainiens peuvent,
40:33 je dis bien, c'est une hypothèse, perdre cette guerre. Gros problème de stock, révélé par la guerre en Ukraine.
40:39 Nos canons César, nos chars Leclerc ont tardé à être livrés parce qu'on n'en a pas assez.
40:45 -Quand on pense à la défense, on pense à l'armée, mais en fait, on oublie l'autre élément
40:51 qui est aussi essentiel qu'est l'industrie de défense. Une défense, ça repose sur des militaires,
40:57 sur une armée, mais ça repose aussi sur des capacités de production et des capacités technologiques.
41:02 Et effectivement, nous n'avons pas, et c'est certainement aujourd'hui le plus gros problème que nous avons à supporter,
41:11 c'est que nous n'avons pas la capacité de remonter en puissance cette industrie.
41:15 -Malgré, on va dire, le retour de la souveraineté industrielle ?
41:19 -Vous imaginez que pour fabriquer un missile antiaérien comparable aux Patriots, par exemple,
41:24 l'Aster, il faut au moins trois ans. Au moins trois ans.
41:30 Entre le moment où vous dites "je l'achète" et le moment où il vous est livré.
41:35 Même chose pour un avion Rafale.
41:36 -Alors là, vous parlez de nos fleurons technologiques, mais même pour les munitions.
41:40 -Mais même pour les munitions. -On s'est rendu compte qu'il fallait refaire partir à plein les chutes d'encre.
41:44 -Pour les munitions, il n'y a plus d'industrie en France.
41:46 Tout ça a été démantelé dans le cadre de la désindustrialisation du pays,
41:52 qui a touché moins la défense que d'autres secteurs, mais qui a quand même touché la défense.
41:57 On sait, par exemple, qu'on ne produit plus de fusils d'assaut français.
42:01 C'est la première fois depuis Louis XIV. C'est peut-être pas grave.
42:04 Les Allemands font de très bons, mais il faut s'entendre, alors.
42:08 Si on achète des choses aux Allemands, il faut que les Allemands, en compensation,
42:12 s'achètent des choses. -L'erreur stratégique depuis l'Ukraine,
42:16 c'est de ne pas avoir les capacités de monter en puissance,
42:19 sur l'Ukraine, aujourd'hui.
42:20 Est-ce que vous avez l'impression qu'Emmanuel Macron,
42:24 qui s'est engagé dans la livraison d'armes apportantes,
42:27 on est passé des chars aux avions, et à chaque fois, on monte davantage,
42:30 mais est-ce que vous avez l'impression qu'il a pris conscience de l'enjeu,
42:34 que si l'Ukraine perdait cette guerre, c'est toute l'Europe qui serait affaiblie ?
42:39 -Je pense qu'il est toujours dans une forme d'hésitation,
42:42 non pas sur le fait que la Russie ne doit pas gagner la guerre,
42:47 il le dit, mais il ne dit jamais que la Russie doit perdre la guerre.
42:52 -Toujours pas. -Pourtant, c'est de ça
42:54 dont il s'agit. Il faut que la Russie perde cette guerre,
42:58 c'est la sécurité du continent européen qui est en jeu.
43:01 Si la Russie ne perd pas cette guerre,
43:03 si elle n'a pas l'impression de perdre cette guerre,
43:06 si elle ne dit pas un jour "bon, c'est bon, c'est au-dessus de mes moyens,
43:10 "je vais faire ce que je veux",
43:11 nous en prenons pour des années et des années,
43:14 peut-être 30, 40, 50 ans, comme pour la guerre froide.
43:17 C'est pas la question des Ukrainiens, c'est notre...
43:20 -C'est notre guerre. -Guerre à tous.
43:22 -Mais quel est votre sentiment sur l'avenir ?
43:25 -Il est moins pessimiste que ce qu'on entend.
43:27 -On s'apprête à fêter, arriver aux deux ans de la guerre.
43:30 -Je pense que les Ukrainiens...
43:32 Le front terrestre est bloqué depuis plus d'un an.
43:36 Les avancées, les reculs, les Ukrainiens ont échoué,
43:40 ont raté leur offensive d'été, c'est évident,
43:43 mais ils sont en train de marquer des points très importants
43:46 dans une campagne stratégique,
43:48 et notamment, ils reprennent peu à peu le contrôle de la mer Noire
43:52 et ils rendent de plus en plus invivable
43:55 la situation des Russes en Crimée.
43:57 -Grâce aux livraisons, notamment des Européens.
44:00 -Il faut qu'elles se poursuivent.
44:02 Ils n'ont pas perdu la guerre. -Merci beaucoup.
44:04 -Merci, Jean-Dominique Merchet.
44:06 "Sommes-nous prêts pour la guerre ?"
44:08 réponse largement en demi-teinte, mais qui ouvre un débat public
44:12 dont les citoyens doivent s'emparer, parce que c'est nous.
44:15 C'est notre armée et c'est notre avenir.
44:17 -C'est notre argent et peut-être nos vies.
44:20 -Merci, c'est Robert Laffont.
44:22 C'est l'heure d'accueillir nos affranchis.
44:24 On les accueille tout de suite.
44:26 Le grand reporter Vincent Hugeux,
44:29 qui nous parle de la situation au Sénégal ce soir,
44:32 et la journaliste et journaliste,
44:34 pour la philosophie, bienvenue à tous les deux.
44:37 On commence par Bourbon Express.
44:39 L'histoire du jour à l'Assemblée, c'est Stéphanie Despierre.
44:42 -Bonsoir.
44:43 Je vous raconte l'histoire d'une assemblée au chômage technique.
44:47 Après une année 2023 avec un hémicycle en surchauffe,
44:50 des semaines à rallonge, des séances la nuit, le week-end,
44:53 l'ordre du jour s'est subitement vidé
44:56 depuis début janvier et l'ennui guette.
44:58 -Est-ce qu'on s'ennuie quand on est députée ?
45:00 -Non, on ne s'ennuie pas,
45:02 car je prépare ma proposition de loi
45:04 pour lutter contre les pénuries de médicaments.
45:07 Je fais une quinzaine d'auditions.
45:09 Mais il est vrai que l'agenda de l'Assemblée nationale
45:12 est assez léger en ce moment.
45:13 -On est jeudi, la prochaine séance n'aura lieu que mardi.
45:17 Le jeudi n'est pas la journée la plus chargée,
45:19 car les députés sont sur le terrain.
45:21 Mais là, le Palais-Bourbon est quasiment désert,
45:24 les couloirs bien silencieux.
45:26 Soyez enfranc, il n'a pas été facile
45:28 de trouver des députés à portée de micro.
45:30 Plusieurs épisodes gèlent le travail parlementaire.
45:33 Pas de texte majeur, pas de grande réforme,
45:36 l'agenda des députés est presque vide.
45:38 Cette semaine, l'Assemblée n'a siégé que mardi et mercredi.
45:41 Seuls deux textes ont été examinés.
45:43 La semaine prochaine, ce sera le même tarif.
45:46 Les députés ont carrément le blouse en toute franchise.
45:49 -Vous avez l'impression que vous servez encore à quelque chose ?
45:52 -J'ose encore l'espérer.
45:54 Mais je ne vais pas vous mentir, parfois je me pose la question.
45:57 -La majorité relative avait redonné de l'enjeu
46:00 au débat dans l'hémicycle,
46:01 mais comme beaucoup de textes sont adoptés par 49.3,
46:04 quand on est député de l'opposition,
46:06 c'est encore plus difficile de faire entendre sa voix,
46:09 surtout quand l'Assemblée ne siège pas.
46:11 Et ça ne devrait pas s'arranger,
46:13 puisque lors d'un conseil des ministres mi-janvier,
46:16 le président de la République a dit qu'il voulait moins de lois,
46:19 forcément, dans les couloirs.
46:21 On s'inquiète, voire on s'agace.
46:23 -Le vrai sujet, c'est que quand on ne passe pas
46:25 par l'Assemblée, on ne passe pas par ceux qui représentent le peuple
46:29 et qui font la loi.
46:30 C'est ça, le fond du sujet.
46:31 Je pense que c'est une situation grave
46:33 à laquelle on s'habitue.
46:35 Un court-circuitage continu de ceux qui font la loi.
46:38 On va faire comment ?
46:39 Des aspects réglementaires, des décisions ministérielles,
46:42 une espèce de divertissement permanent.
46:44 C'est ici que les choses doivent se faire,
46:46 non pas pour occuper les députés,
46:48 mais parce que les seuls représentants du peuple
46:51 dans une démocratie parlementaire, ce sont les députés.
46:54 -Elle devrait s'arrêter vite, cette période de flottement,
46:57 ça devrait s'améliorer.
46:59 Les affaires parlementaires devraient reprendre en mars.
47:02 Il y aura un congrès à Versailles pour inscrire le droit à l'IVG
47:05 dans la Constitution.
47:06 Une nouvelle loi agricole est en préparation pour fin février,
47:10 une sur la fin de vie avant l'été, mais le calendrier reste flou.
47:13 On en saura peut-être un peu plus dans les prochains jours.
47:16 -Et le séminaire gouvernemental devrait fixer
47:19 la fameuse feuille de route dans les prochains jours.
47:22 -C'est plus autisme que Bourbon Express.
47:24 -Elle est bonne, celle-là.
47:26 -C'est stupéfiant d'un mot.
47:27 -Je suis stupéfait.
47:28 J'imagine ce qui se dit dans les bistrots,
47:31 et pas que dans les bistrots, mais dans les beaux salons aussi,
47:34 en disant que les députés...
47:36 Et loin de moi de faire de l'antiparlementarisme,
47:39 surtout sur cette chaîne,
47:40 mais on vient de comprendre que les députés,
47:43 si t'accordais 300 euros d'augmentation,
47:45 et on nous explique qu'ils travaillent de moins en moins...
47:49 -Ca peut nourrir le populisme.
47:50 -Faute de texte, il faut le préciser.
47:52 Du gouvernement.
47:54 -C'est le gouvernement qui ne fait pas son travail.
47:56 -C'est incroyable.
47:57 -On enchaîne avec... Qui veut commencer ?
48:00 Normalement, c'est Pierre-Henri.
48:02 On me dit "Pierre-Henri dans l'oreillette".
48:04 Vous vouliez revenir sur les SUV, la votation d'Anne Hidalgo.
48:08 Et vous nous avertissez, attention,
48:11 attention aux gadgets démocratiques.
48:13 -Il faut rappeler les résultats.
48:15 54,55 % ont répondu à cette question.
48:18 "Voulez-vous un tarif spécifique
48:20 "pour le stationnement des voitures individuelles
48:23 "qui sont élevées, élevantes et polluantes ?"
48:26 Une participation de moins de 6 %,
48:28 donc, en effet, est-ce que c'est une réussite ?
48:30 On peut en douter.
48:31 Ce genre de consultation a trois objectifs.
48:34 Il faut créer un débat,
48:35 il faut arriver à organiser un consensus,
48:38 du moins une majorité,
48:39 et aider à la décision.
48:41 Ca permet de favoriser la décision.
48:43 De ce point de vue, les trois objectifs
48:45 ne sont pas du tout atteints.
48:47 Il n'y a pas eu de débat,
48:48 la question a été très partiale.
48:50 Il n'y a pas eu de consensus,
48:52 les résultats sont complètement éclatés,
48:55 des arrondissements très pour et très contre.
48:57 Il n'y a pas d'aide à la décision.
48:59 Si le Conseil municipal suit la consultation,
49:02 on lui dira "vous avez eu la participation",
49:04 s'il ne le suit pas, on lui dit "vous avez trahi l'expression".
49:08 -Ah oui, inutile, l'exercice.
49:10 -Et je vais même plus loin, c'est nocif.
49:12 C'est une insulte faite à l'impartialité des délibérations
49:15 et même à la responsabilité politique.
49:18 Je ne suis pas favorable à cette décision,
49:20 le maire de Lyon lui a pris la décision
49:23 d'augmenter le stationnement.
49:25 Il s'est dit "c'est ma responsabilité,
49:27 "je n'ai pas besoin de consulter".
49:29 Si les Lyonnais ne sont pas d'accord,
49:31 ils le diront la prochaine fois.
49:33 Mais de façon plus générale, ça pose le problème
49:36 de cette démocratie participative dont on fait la panacée
49:39 avec notre crise de la démocratie représentative.
49:41 C'est quand même une appellation très peu contrôlée,
49:45 cette démocratie participative.
49:46 En fond, participation de qui et à quoi ?
49:49 Il faut bien reconnaître qu'en général,
49:51 c'est les gens qui ont le temps, qui n'ont rien d'autre à faire,
49:55 ou alors les militants ou les lobbys en tout genre.
49:57 C'est une usurpation du peuple, souvent.
50:00 Par ailleurs, à quoi ?
50:01 Il y a plusieurs moments, les élections,
50:03 la délibération, la décision, la reddition de comptes.
50:06 Oui, il faut dire à quoi ça sert.
50:08 De ce point de vue-là, les budgets participatifs,
50:11 l'expérience des budgets participatifs,
50:13 dans la plupart du temps, ce sont pas mal d'argent public
50:16 qui est confié au vote d'une poignée de bobos
50:19 qui vont choisir des projets innovants et créatifs.
50:22 Mais franchement, ça frise la démagogie.
50:24 Alors, est-ce que l'idée de démocratie participative
50:27 est illusoire ? -Oui.
50:28 -Je pense pas. On peut la défendre,
50:30 mais il faut vraiment, là-dessus, être très rigoureux.
50:33 Un, il faut qu'elle complète la démocratie représentative
50:36 et non pas qu'elle la remplace ou même la concurrence,
50:39 sinon ça crée un choc de représentation très grave.
50:42 Deuxièmement, il faut qu'on lui garantisse
50:45 l'impartialité contre l'entrisme militant.
50:47 Troisièmement, il faut qu'on en use sans en abuser,
50:50 rarement, sinon ça sert à rien.
50:52 Et puis enfin, l'objectif principal, au fond,
50:54 je crois que c'est un objectif de convivialité.
50:57 Il faut, grâce à cette démocratie représentative,
51:00 mettre de la convivialité dans la démocratie locale
51:03 qui, autrement, n'en a pas.
51:04 Et sinon, effectivement, la démocratie participative,
51:07 ça sera une dictature d'un nouveau genre,
51:10 de ceux qui ont le temps ou des militants.
51:12 - D'ailleurs, quand on voit les taux de participation,
51:15 j'aime bien l'idée de la convivialité
51:17 dans la démocratie participative.
51:19 Merci beaucoup.
51:20 Je vais vous faire réagir,
51:22 je garde un peu de temps pour Vincent Eugée,
51:24 parce qu'elle est un peu pour vous, cette chronique, ce soir.
51:28 - Le Sénégal se prévaut à bon droit
51:30 de sa longue tradition pluraliste
51:32 et de ses alternances plus ou moins apaisées,
51:34 au point de revendiquer le statut d'exception vertueuse
51:37 dans l'espace subsaharien.
51:39 Autant dire que les convulsions qui secouent le pays
51:42 en Qatar, l'hospitalité, en Wolof, ont de quoi troubler.
51:45 C'est le 3 février que l'orage éclate dans le ciel de Dakar,
51:48 un ciel obscurci depuis deux ans par de lourds nuages.
51:51 Ce jour-là, le chef de l'Etat, Macky Sall,
51:53 annonce avoir abrogé le décret de convocation du coeur électoral
51:57 pour le 25 de ce mois, date du premier tour de la présidentielle.
52:00 Motif invoqué, le conflit survenu
52:02 quant au processus de validation des candidatures
52:05 entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel,
52:08 Conseil dont l'un des prétendants recalés,
52:10 M. Karimoua, d'exilé au Qatar depuis 2016,
52:12 accuse deux des juges d'avoir été corrompus.
52:15 Les députés de son parti adoptent alors,
52:17 avec l'appui décisif de leurs collègues de la majorité,
52:19 une résolution créant une commission d'enquête parlementaire,
52:22 d'où la nécessité, invoquée par Macky Sall,
52:24 de tout remettre à plat.
52:26 L'épisode suivant de ce thriller date de lundi soir.
52:28 Au terme d'une séance électrique,
52:30 l'Assemblée vote à la cravache une loi
52:32 visant à différer le scrutin de dix mois,
52:34 donc à proroger d'autant, et au mépris du droit,
52:37 le mandat du sortant.
52:38 On a quand même vu à cette occasion
52:40 une escouade de gendarmes casqués,
52:42 expulsés manu militari de l'hémicycle,
52:44 les élus qui s'échignaient à enrayer la manœuvre.
52:47 - Manœuvre, c'est-à-dire ?
52:49 C'est un coup de théâtre qui résulte d'un calcul politique ?
52:52 - C'est en tout cas rudement bien imité,
52:54 car la bataille, prédendument juridique,
52:56 masque mal un pacte en apparence contre nature,
52:59 celui scellé par le clan présidentiel
53:01 et l'ennemi juridiaire,
53:02 à savoir le fils de l'ancien président,
53:04 Abdullah Iwad.
53:05 Disons-le tout net,
53:06 c'est à contre-cœur que Maki a renoncé l'été dernier
53:09 à briguer un troisième bail.
53:10 C'est à Rokulon qu'il a intronisé en septembre,
53:13 dans le rôle de l'héritier, son Premier ministre,
53:15 Ahmad Douba,
53:16 lequel est en but depuis lors,
53:17 au travail de sape de rivaux dépités,
53:19 prompt à lui savonner la planche.
53:21 Il faut dire que la campagne du dauphin,
53:23 par défaut, peine à décoller,
53:25 au point que l'on doute,
53:26 au sein de la coalition présidentielle,
53:28 profondément divisée,
53:29 de sa capacité à terrasser le candidat du PASTEF,
53:32 une formation souverainiste radicale,
53:34 un candidat qui ne risque pas d'enchaîner
53:36 au demeurant les meetings.
53:37 Il est en prison,
53:38 tout comme son leader, Ousmane Sonko.
53:40 À la veille du dénouement
53:41 de la Coupe d'Afrique des Nations de football,
53:43 la tentation d'étirer le temps additionnel
53:45 du quinquennat finissant a donc emporté.
53:48 - Et les réactions, alors, au Sénégal et ailleurs ?
53:50 - Disons qu'il y a du carton jaune dans l'air, pour le coup.
53:52 La société civile locale s'insurge,
53:54 les dignaires religieux aussi.
53:55 Washington juge le report de l'échéance illégitime.
53:58 L'Union européenne appelle au rétablissement
54:00 du calendrier électoral initial,
54:02 tout comme la CDO, la communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest.
54:05 Peine perdue à en juger par la réponse de Dakar,
54:08 où l'on soutient que seul ce glissement calendaire
54:10 permettra la tenue d'un scrutin libre,
54:12 inclusif et transparent.
54:14 À propos de transparence,
54:15 nul doute que d'inquiétantes fissures
54:17 fragilisent désormais la vitrine sénégalaise.
54:19 Cette séquence conforte en outre un avarant constat.
54:22 Aucune nation n'est à l'abri du vent de régressions autocratiques
54:25 qui balayent d'est en ouest le continent,
54:27 pas même le Sénégal de Léopold Sédar Senghor et d'Abdou Diouf.
54:30 Ce pays qui, une rareté sous ses latitudes,
54:33 n'a jamais connu le moindre putsch militaire,
54:35 mais semble s'engager sur le chemin miné
54:37 du coup d'Etat institutionnel.
54:39 - Merci beaucoup, Vincent.
54:41 C'est vrai que le Sénégal fait la figure d'exemple
54:43 de démocratie en Afrique.
54:45 C'est un espoir perdu.
54:47 - Je demanderais à Vincent, qui connaît ça
54:49 100 fois mieux que moi,
54:51 ce que ça signifie pour la présence française,
54:53 qui est importante au Sénégal,
54:55 l'influence de la France au Sénégal,
54:57 et notamment sa présence militaire.
54:59 On est en train de remettre en cause
55:02 les bases françaises en Afrique.
55:04 Pour toi, comment...
55:06 - Là-dessus, en deux mots.
55:08 Il y a eu déjà une réduction de voilure significative
55:11 de la présence militaire française.
55:13 Les éléments français du Sénégal,
55:15 le ZFS, c'est aujourd'hui 350 hommes.
55:17 Par ailleurs, j'ai la conviction aujourd'hui
55:19 qu'à moyen terme, il restera
55:21 une implantation militaire significative,
55:23 celle de Djibouti, corne de l'Afrique.
55:25 Peut-être à la marge, un peu au Tchad,
55:27 s'il n'y a pas de basculement politique.
55:29 Mais il y a un autre chiffre qu'il faut avoir à l'esprit.
55:32 Le Sénégal, c'est, bas mot,
55:34 25 000 ressortissants français,
55:36 25 000 de nos concitoyens.
55:38 Or, il se trouve que même au sein
55:40 de l'intelligentsia dakaroise,
55:42 toute la rhétorique anti-impérialiste,
55:44 néo-souverainiste, pour reprendre l'expression
55:46 de l'universitaire Camerouné Achille Bembé,
55:48 fait floresse également.
55:50 - Contre les Français,
55:52 contre la France et les Français.
55:54 - Contre la politique de l'Etat français.
55:56 Et notamment contre ce qui apparaît
55:58 comme le deux poids, deux mesures
56:00 d'Emmanuel Macron, on s'en souvient,
56:02 condamner les putschs sahéliens
56:04 et se précipiter à N'Djaména
56:06 pour adouber une succession inconstitutionnelle
56:08 et dynastique.
56:10 - On s'arrête là.
56:12 Merci infiniment.
56:14 Merci à vous, Vincent Eugeux,
56:16 Pierre-Henri Tavoyo, merci à vous,
56:18 Jean Domic, merci, Stéphanie Despierre.
56:20 Allez, le Communiqué, il me reste
56:22 une toute petite minute pour vous donner
56:24 au fond les noms que l'on connaissait,
56:26 mais ils sont désormais officiels.
56:28 C'est Nicole Belloubet
56:30 qui remplace Amélie Oudéa-Casterat.
56:32 Guillaume Casbarian, député Renaissance,
56:34 est au logement.
56:36 Je peux vous donner aussi
56:38 le nom de Patrice Vergrit,
56:40 qui va aller au transport.
56:42 Et puis, Jean-Noël Barraud,
56:44 à l'Europe.
56:46 C'est bien ça.
56:48 On me dit tout dans l'oreillette.
56:50 Merci.
56:52 On aura sans doute plaisir à un certain
56:54 Jean-Louis Bourlange qui était tout à l'heure
56:56 parmi nous.
56:58 Très belle soirée à vous.
57:00 Documentaire aussi qui commence avec Jean-Pierre Gracien.
57:02 "Sommes-nous prêts pour la guerre ?"
57:04 Robert Laffont, Jean-Dominique Merchet
57:06 dans toutes les bonnes librairies.
57:08 A demain, bien sûr, même lieu, même heure.
57:10 ...