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Edwige Diaz, députée Rassemblement national de Gironde

Elle est un des nouveaux visages du Rassemblement national dans les médias. Edwige Diaz s'est imposée en quelques années dans un territoire historiquement de gauche. Sa méthode: occuper le terrain sans relâche, pour s'imposer dans le paysage politique local.

Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !

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Transcription
00:00 -Elle est un des nouveaux visages du RN dans les médias.
00:03 Mon invité s'est imposé en quelques années
00:05 dans un territoire historiquement à gauche.
00:08 Sa méthode, occuper le terrain sans relâche
00:10 pour s'imposer dans le paysage politique local.
00:13 Musique intrigante
00:15 ...
00:27 Bonjour, Edwige Diaz.
00:29 -Merci pour votre invitation.
00:30 -Quand vous évoquez votre parcours politique,
00:33 vous expliquez que votre vie a basculé, en quelque sorte,
00:36 le 19 avril 2014, à l'occasion d'un meeting de Marine Le Pen.
00:40 C'était à Brive-la-Gaillarde, en Corrèze.
00:42 Expliquez-nous ce qui s'est passé pour vous.
00:44 -Ha ! Euh...
00:46 Bon, j'ai pas toujours voté pour le Front national.
00:50 -A l'époque, c'était encore le FN. -C'est ça.
00:53 J'ai voté en 2007 pour Nicolas Sarkozy,
00:57 et puis, en 2012, je ne voulais plus voter pour lui,
00:59 parce que, comme beaucoup de Français,
01:01 je m'étais sentie trahie. J'attendais le Karcher,
01:04 le Travaillé + pour gagner plus.
01:06 Donc, j'ai lu tous les programmes des candidats
01:09 à la présidentielle de 2012, et en lisant celui de Marine,
01:12 je me suis dit...
01:13 Donc, je vote pour Marine Le Pen en 2012.
01:16 -A partir de 2012. -Oui.
01:17 Mais je n'avais pas ma carte, à l'époque.
01:20 Et en 2014, à l'occasion de la campagne
01:22 des élections européennes,
01:24 Marine se déplace dans ma région, en Nouvelle-Aquitaine,
01:27 et précisément en Corrèze, et je me dis
01:29 "Tiens, je vais aller la voir en meeting".
01:32 Et oui, je confirme, quand elle est arrivée sur scène,
01:35 pourtant, je ne suis pas tellement d'un naturel émotif,
01:39 mais quand elle est arrivée sur scène,
01:41 oui, je le dis, j'ai eu les larmes aux yeux,
01:43 la chair de poule, les frissons,
01:45 et oui, ça a été une révélation.
01:47 Et je me suis dit "Bah ouais, il faut que je m'engage".
01:51 -Avoir les larmes aux yeux, la chair de poule
01:54 face à un homme ou une femme politique,
01:56 c'est étonnant, quand même.
01:58 Ca donne l'impression quasiment d'une révélation mystique ?
02:02 -Oui, ça a été une révélation,
02:04 et clairement, oui, en effet, ça a changé ma vie,
02:07 parce que j'ai eu l'occasion,
02:08 parce que je connaissais quelqu'un de la sécurité,
02:11 donc j'ai eu l'occasion de m'approcher d'elle.
02:14 Je ne savais pas quoi lui dire, je ne m'attendais pas à lui parler.
02:18 Vous avez déjà fait des meetings avec Marine.
02:20 -Oui, j'ai eu la chance de pouvoir l'approcher.
02:23 Je lui ai donné ma carte, je lui ai dit "Je suis de Gironde,
02:26 "si je peux faire quelque chose, je sais pas quoi,
02:29 "mais voici ma carte".
02:31 Trois semaines après, on m'a rappelée.
02:33 -C'est là que tout a commencé,
02:35 parce que dans la foulée de votre rencontre avec Marine Le Pen,
02:38 vous avez adhéré à la fédération FN, à l'époque, de Gironde.
02:42 On a l'impression que du jour au lendemain,
02:44 vous avez tout donné pour la politique.
02:47 -Oh, mais je suis du genre...
02:49 Quand je m'engage, je m'engage réellement.
02:51 Et donc oui, j'ai été très bien accueillie.
02:53 On était en pleine effervescence
02:55 de la campagne des élections européennes.
02:58 Et donc oui, je me suis engagée.
03:00 J'ai commencé par aller distribuer des tracts,
03:03 coller des affiches sur les marchés.
03:05 Une vraie vide militante, que j'ai toujours.
03:07 -Avec une ascension très rapide.
03:09 Quand je dis "tout donné pour la politique",
03:12 c'est qu'en un mois, je crois que vous avez rapporté
03:15 20 nouveaux adhérents à la fédération de Gironde.
03:18 Trois ans après, vous avez pris la présidence de la fédération.
03:21 Vous avez succédé à Jacques Colombier.
03:24 Je lisais les témoignages des gens qui travaillent avec vous.
03:27 Ils disent que vous envoyez vos premiers mails
03:30 vers 5h30 après avoir fait votre sport en lisant la presse.
03:33 C'est vrai, ça ?
03:34 -Pas tous les matins, mais très souvent.
03:36 -Vous vous accordez deux jours de repos par mois, pas plus.
03:41 Le journal "Le Monde" vous a surnommé
03:43 le moine-soldat du RN.
03:45 Sans être indiscret,
03:47 vous arrivez à avoir une vie en dehors de la politique ?
03:49 -Oui, c'est une question d'organisation.
03:52 Bien sûr, j'ai une petite famille,
03:54 mais j'ai une famille, donc j'arrive à leur consacrer du temps.
03:58 J'ai des chats, je leur consacre beaucoup de temps,
04:00 j'ai le temps de faire du sport.
04:02 J'ai des loisirs, mais mon premier loisir, c'est mon métier.
04:06 -Vous le vivez comme un loisir ? -Comme ma passion.
04:10 Ma passion, dans la vie, c'est la politique.
04:13 Mon souhait, c'est de m'engager au service de la cause
04:16 que je défends et au service de Marine Le Pen
04:19 et de Jordan Bardella.
04:20 Je fais partie de ces personnes qui ont la chance
04:23 de se réveiller tous les matins en se disant
04:26 "Je vais faire quelque chose que j'aime."
04:28 -L'autre trait qui vous caractérise,
04:30 c'est l'importance que vous accordez au terrain.
04:33 Vous avez été candidate en 2017, qualifiée pour le second tour,
04:37 vous avez fait plus de 40 %, ce qui était déjà pas mal,
04:40 vu votre territoire.
04:41 A partir de 2017, vous avez occupé le terrain sans relâche,
04:45 vous êtes imposée dans ce paysage politique
04:47 et historiquement à gauche.
04:49 Nos équipes ont eu un aperçu de la méthode Diaz
04:52 en vous suivant pendant la campagne des législatives.
04:55 On va regarder un extrait de ce reportage.
04:57 -Bonjour. -Bonjour.
04:59 -Et salut. -Ca va ?
05:00 -Comme à chaque visite de terrain,
05:02 la candidate donne l'image d'un nouveau RN,
05:05 glamour et avenant.
05:06 -J'adore votre haut, j'ai presque le même, en vert kaki.
05:10 -Voilà. -Il faut faire attention au genou.
05:12 -Là, ça va.
05:14 En plus, c'est la sortie à ma robe.
05:15 -Vous êtes superbe. -C'est gentil.
05:18 -On est un parti tout à fait banalisé,
05:21 dans le sens où il y a une majorité, du coup,
05:24 sur le secteur de personnes qui votent pour nous.
05:27 Les gens d'ici sont des gens tout à fait normaux aussi.
05:30 Ici, on mange pas d'enfants la nuit.
05:32 Tout le monde a voté Rassemblement national,
05:35 personne n'a eu sa main qui a pris feu.
05:37 -Pendant 5 ans, vous avez pas raté une fête de village,
05:40 vous avez fait toutes les inaugurations,
05:43 les commémorations, les vides greniers.
05:45 C'est comme ça que vous avez réussi à banaliser le RN
05:48 dans votre territoire.
05:49 Je dis banaliser, car c'est le mot que vous employez.
05:52 -Et même à l'institutionnaliser,
05:54 puisque nous avons présenté un certain nombre de listes
05:57 aux élections municipales de 2020.
05:59 Notre territoire est riche d'élus municipaux,
06:02 de conseillers régionaux également,
06:04 et puis nous entretenons de très bons rapports
06:07 avec des élus locaux, que ce soit des maires,
06:10 des conseils municipaux, des adjoints...
06:12 -Pas tous, parce qu'il y en a un dont j'ai retrouvé
06:15 le témoignage, qui vous a surnommé "le coucou",
06:18 parce que vous vous incrustez dans toutes les cérémonies locales.
06:21 -Je fais mon travail.
06:23 Je pense savoir... Il y a assez peu de maires,
06:25 mais vraiment très peu, ça se compte sur les doigts d'une main
06:29 des maires sur ma circonscription, composée de plus de 80 communes,
06:32 qui refusent de manière tout à fait sectaire
06:35 de me serrer la main,
06:36 mais ça n'empêche pas qu'on réalise des scores très importants
06:41 dans ces communes.
06:43 -C'est une image d'une cérémonie du 8 mai,
06:45 pendant les législatives.
06:47 J'ai lu que ce jour-là, vous êtes allée assister
06:49 à six cérémonies différentes dans six communes.
06:52 -Oui, c'est vrai. Je le fais tout le temps.
06:55 On regarde le journal, on regarde les horaires des cérémonies,
07:00 et on essaie de participer au plus grand nombre.
07:03 -C'est cette idée d'occuper le terrain,
07:05 et qui vous a permis, vous le disiez,
07:07 de sympathiser avec des élus locaux,
07:09 majoritairement de droite, souverainistes,
07:12 avec qui vous avez créé une association
07:14 qui s'appelle Pour la France, la France Unie.
07:17 Vous avez fait en quelque sorte l'union des droites localement,
07:20 sans attendre que vos partis respectifs
07:23 la fassent au niveau national.
07:24 Ca a même été surnommé le laboratoire,
07:27 votre association.
07:28 Pensez-vous qu'aujourd'hui,
07:30 il y a des convergences idéologiques suffisantes
07:33 avec le parti des Républicains
07:35 pour envisager une union à court terme
07:38 sur le plan national ?
07:39 -A l'issue de l'élection législative de 2017,
07:42 nous nous sommes réunis avec un certain nombre d'élus locaux
07:45 de ma circonscription qui étaient opposés
07:48 à la politique d'Emmanuel Macron,
07:50 aussi bien des élus de droite que des élus de gauche,
07:53 des élus qui étaient sans étiquette.
07:55 Nous, ce qu'on voulait, c'était rassembler les patriotes,
07:58 une union des patriotes plutôt qu'une union des droites,
08:01 pour nous opposer à la politique d'Emmanuel Macron.
08:04 Cette association Pour la France, la France Unie
08:07 qui, comme toujours, conserve cette vocation-là
08:09 et du coup, fonctionne plutôt bien.
08:12 -L'ORN a visiblement apprécié le travail que vous avez fait
08:15 sur le terrain, puisqu'il vous a nommé vice-présidente
08:18 en charge de l'implantation locale.
08:20 Vous êtes un modèle pour les autres,
08:22 vous faites des formations d'élus ou de futurs candidats
08:26 d'ORN un peu partout en France ?
08:27 -Oui, je suis très impliquée
08:30 dans les instances de ma famille politique
08:33 et environ une fois par trimestre,
08:35 je suis allée à Mont-Mont avec d'autres cadres du parti,
08:38 les nouveaux délégués départementaux,
08:40 de manière à leur donner les codes,
08:42 de manière à ce qu'ils soient de bons préfets,
08:45 de bons ambassadeurs dans leur département.
08:48 -Vous employez cette expression ? -Oui, parce que ce sont des relais
08:51 à l'échelle départementale de la politique
08:54 que nous devons mener au niveau national.
08:56 C'est pas évident d'être délégué départemental.
08:59 Il faut connaître les codes de la vie politique,
09:02 donc avec les journalistes aussi, tout ça s'apprend.
09:05 -C'est quoi la méthode Diaz ?
09:07 Quels sont les principes que vous enseignez ?
09:09 -Déjà, c'est la sincérité, le dévouement,
09:13 l'attachement au travail, le respect de ses collègues,
09:17 le respect des institutions,
09:18 et surtout, on oublie jamais que les Français nous attendent.
09:23 Et donc, nous devons performer systématiquement
09:26 de manière à faire en sorte qu'un maximum de Français
09:30 nous fassent confiance en vue de l'élection présidentielle de 2027,
09:33 où nous souhaitons que Marine Le Pen devienne présidente
09:37 de la République et Jordan Bardella, Premier ministre.
09:40 -Marine Le Pen vous a nommée porte-parole
09:42 pendant sa campagne. Le jour de la rentrée parlementaire,
09:45 vous figurez à sa gauche sur la photo du groupe des députés RN,
09:49 on vous voit avec la veste blanche sur cette photo,
09:52 où vous êtes très présente dans les médias,
09:55 sauf qu'à l'Assemblée, vous êtes restée discrète
09:58 depuis le début de la législature. Vous vous êtes moins à l'aise
10:02 dans le travail à l'Assemblée que sur le terrain ?
10:04 -Non, parce que je fais partie des députés
10:07 les plus actifs de l'Assemblée nationale.
10:09 Je crois même que je suis en matière d'assiduité
10:12 dans le top 10 des députés les plus assidus.
10:15 -Peut-être moins visible dans les prises de parole ?
10:18 -Non, je pense pas. Je suis intervenue plusieurs fois
10:21 à la tribune, j'ai déposé plusieurs questions au gouvernement.
10:25 Et puis, surtout, j'ai eu la chance d'hériter
10:28 d'un très gros texte, qui était le texte "Immigration".
10:32 Donc il est tout à fait normal que d'autres textes
10:35 aient été confiés à certains autres de mes collègues,
10:38 étant donné que depuis le début de la législature...
10:41 -Vous avez beaucoup travaillé sur ce texte avec Johan Gillet.
10:44 Vous étiez les deux responsables au sein de votre groupe
10:47 pour ce texte important pour le RN.
10:49 Sauf que le débat a été écourté par cette motion de rejet.
10:53 Il n'y a pas eu de débat parlementaire.
10:55 Est-ce que c'était frustrant d'avoir consacré autant de temps,
10:59 autant d'énergie en amont de ce projet de loi ?
11:01 -Pas du tout, parce qu'en fait, nous, on se bat
11:04 dans l'intérêt des Français, et là, l'intérêt des Français
11:07 exigeait que nous votions en faveur de cette motion de rejet,
11:11 et l'intérêt des Français exigeait que nous votions aussi
11:14 en faveur de ce texte à la fin. Il y a eu 45 heures de débat
11:17 en commission, où là aussi, nous étions très assidues
11:21 et nous avons fait partie prenante au débat.
11:23 J'ai eu l'honneur de siéger en tant que suppléante
11:26 à la commission mixte paritaire. Vos confrères ont relevé
11:29 que j'avais fait partie des députés qui avaient le plus pris la parole.
11:33 -On va terminer par notre petit quiz.
11:35 Vous allez devoir compléter les phrases que je vais vous proposer.
11:39 C'est parti. "Je reçois les miss de ma région
11:41 "à l'Assemblée car..." -Car elles incarnent le courage,
11:45 le féminisme, comme je l'entends. -Le féminisme.
11:48 Oui, tout à fait, parce que ce sont des femmes
11:51 qui font des études, qui travaillent, qui s'assument,
11:55 qui sont des femmes fières et indépendantes.
11:58 C'est la définition que j'ai du féminisme.
12:00 -Vous êtes une ancienne miss ? -Oui.
12:02 -Vous avez lu ça ? -Il y a très longtemps.
12:05 -Ne pas boire d'alcool quand on est élu dans une terre de vignerons.
12:08 -Alors, moi, j'en bois un petit peu, maintenant.
12:11 -Vous y êtes mise ? -Oui.
12:13 Je bois, évidemment, parce que je suis très attachée
12:16 à ma région. Je bois un peu de côte de bourg et de côte de blaï.
12:19 Par plaisir, je bois aussi un peu de sauterne,
12:22 un excellent vin. -C'est un geste politique.
12:24 C'est compliqué de ne pas boire ?
12:26 -Après, à titre personnel, je supporte assez mal l'alcool,
12:29 c'est un secret pour personne, mais au regard de la crise
12:33 subie par la viticulture à l'heure actuelle, oui, je considère...
12:36 -C'est un secteur important ? -Oui, et surtout,
12:39 très touché par la crise, donc je considère que, voilà,
12:42 boire un canon, c'est sauver un vigneron.
12:45 -D'accord. Enfin, contrairement aux hommes, les chats...
12:48 -Les chats, je sais pas.
12:52 -Non ? -Je sais pas.
12:53 -Je en ai beaucoup.
12:54 -Vous êtes passionnée par les chats.
12:57 -Oui, c'est ça, voilà, c'est ça, c'est mon chat, il s'appelle Momo.
13:00 Non, ben, les chats sont mes bébés.
13:04 -Très bien. Merci beaucoup.
13:06 Merci beaucoup, Edwige Diaz, d'être venue dans "La Politique".
13:09 -Merci à vous.
13:10 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
13:14 ...
13:26 [SILENCE]

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