• il y a 10 mois
Charles Sitzenstuhl, député Renaissance du Bas-Rhin

Son CV dresse le portrait d'un jeune homme à qui tout réussit. Élu local et conseiller politique de Bruno le Maire, Charles Sitzenstuhl a été élu député Renaissance à 33 ans.
Un parcours sans faute qui aurait pourtant pu dérailler dès l'enfance et qui a failli prendre fin en 2022.

Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !

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Transcription
00:00 -Son CV dresse le portrait d'un jeune homme à qui tout réussit,
00:03 un parcours sans faute qui aurait pourtant pu dérailler
00:07 dès le début et prendre fin en 2022.
00:09 Musique intrigante
00:11 ...
00:20 Bonjour, Charles-Hudson Stuhl. -Bonjour, Clément Meric.
00:23 -Le 26 décembre 2022, peu après votre élection,
00:26 vous avez dû vous absenter plusieurs mois
00:28 pour raison de santé. On va pas rentrer dans le détail
00:31 de ce qui vous est arrivé, mais on peut dire
00:33 que vous avez failli mourir.
00:35 -Oui, ça s'est joué à quelques minutes,
00:39 si ce n'est moins.
00:40 Le 26 décembre 2022, effectivement,
00:44 j'ai eu un accident de santé grave, inattendu,
00:47 et je me suis retrouvé deux semaines à l'hôpital,
00:50 dont plusieurs jours aux soins intensifs.
00:52 A 34 ans, c'est un choc.
00:54 -Jusqu'à ce 26 décembre 2022,
00:56 on peut dire que l'essentiel de votre vie tournait autour de la politique.
00:59 Est-ce que cet événement a changé votre rapport à la politique,
01:03 à l'engagement ? -Forcément, ça change beaucoup.
01:06 A 34 ans, bonne santé,
01:08 j'avais jamais eu aucun souci physique.
01:12 La vie politique est dense, elle est rythmée,
01:17 elle demande beaucoup d'efforts,
01:19 mais c'est vrai que quand tout ça vous percute si jeune,
01:23 ça fait voir les choses, le monde, le rapport à l'environnement,
01:27 aux autres, et donc à la politique,
01:29 à sa mission, à son travail.
01:31 -Qu'est-ce qui a changé concrètement ?
01:33 Que vous ne faites plus dans votre façon de vivre cet engagement ?
01:37 -J'ai compris de façon très simple qu'il fallait parfois
01:40 lever un peu le pied, qu'il fallait savoir se protéger,
01:45 qu'il fallait savoir récupérer,
01:48 qu'il fallait se donner vraiment du temps pour se reposer,
01:52 qu'il fallait, en quelque sorte,
01:55 être un peu plus prudent vis-à-vis de soi-même,
02:00 et c'est aussi comme ça qu'on exerce bien son mandat.
02:03 -Il vous arrive de refuser des sollicitations ?
02:05 -Oui, c'est très difficile quand on est député,
02:08 surtout quand on est jeune député,
02:10 premier mandat, de dire non,
02:12 mais c'est vrai qu'on arrive un peu plus à dire non,
02:15 on arrive un peu plus à dire
02:17 qu'on ne restera pas forcément jusqu'au bout,
02:21 on arrive un peu plus à dire qu'on peut peut-être faire ça
02:24 à ce rendez-vous à un autre moment s'il n'est pas nécessairement urgent,
02:28 donc c'est une gestion différente de l'agenda
02:30 pour être vraiment bon et opérationnel
02:32 quand on est dehors.
02:34 -Il y a quelque chose qui m'a marqué,
02:36 c'est que quand vous êtes revenu à l'Assemblée,
02:38 à deux reprises, sur deux sujets différents,
02:41 vous avez pris des positions qui n'étaient pas celles
02:44 du groupe Renaissance, de la majorité,
02:46 comme s'il y avait une forme d'émancipation,
02:49 comme Charles-Hitzenstuhl, qui s'affirmait.
02:51 -Charles-Hitzenstuhl, ça, je vous laisse le terme,
02:54 mais c'est vrai que quand on est passé
02:57 par les soins intensifs
02:59 et vraiment à quelques instants de la mort,
03:02 on se dit qu'en réalité, l'horloge tourne,
03:05 et on se pose souvent la question,
03:07 quand il y a des sujets importants qui arrivent,
03:10 est-ce qu'on a peut-être plus envie de dire ce qu'on a sur le coeur,
03:13 on a peut-être plus envie de dire ce qu'on pense
03:16 au fond de soi-même, et c'est vrai...
03:18 -C'était sur des questions,
03:20 à la fois sur l'immigration et en réaction
03:23 à une prise de position de Papendiae
03:25 sur Vincent Bolloré, de mémoire.
03:27 -Effectivement, c'est vrai que moi,
03:29 sur l'aide médicale d'Etat,
03:31 au sein de la majorité, je suis plutôt minoritaire.
03:34 Je pense qu'il faut qu'on puisse retravailler,
03:36 non pas supprimer la ME, mais qu'on puisse la retravailler.
03:40 Les propos de l'ancien ministre de l'Education nationale,
03:43 qui avait attaqué des médias, moi, à titre personnel,
03:46 je me suis dit que c'était pas dans mes principes,
03:49 c'est pas comme ça qu'on fait de la politique.
03:51 Je me suis dit que je ne vais pas mentir à moi-même,
03:54 et si un journaliste me pose la question,
03:57 je ne dirai pas l'inverse.
03:58 -Sauf qu'à l'époque, vous veniez d'être nommé
04:01 porte-parole du groupe Renaissance.
04:03 Vous avez renoncé à vos fonctions peu après ces déclarations
04:07 que vous aviez faites sur ces deux sujets-là.
04:09 Est-ce qu'on vous a fait payer ça ou est-ce que c'est votre décision,
04:13 là aussi, pour être plus libre, plus indépendant ?
04:16 -Les portes-parole d'un groupe, ce sont des missions
04:19 qu'on fait pendant un temps très court,
04:21 donc ça, on m'avait prévenu à l'avance.
04:24 Ensuite, c'est une expérience qui m'a beaucoup appris,
04:27 mais je considère aussi que, comme député,
04:29 il est important de garder une liberté de parole.
04:32 Je suis un macroniste, un soutien total
04:34 au président de la République et à sa politique,
04:37 et je pense que sur certains sujets importants,
04:39 quand on a des convictions personnelles
04:42 qui sont perturbées, comme député,
04:44 parfois, il faut pouvoir un peu faire valoir
04:47 une tonalité qui est propre.
04:49 -Vous n'êtes pas arrivé à l'Assemblée par hasard,
04:52 vous avez commencé à vous intéresser à la politique
04:54 dès le collège, vers l'âge de 13 ans,
04:57 vous vous êtes tourné vers votre professeur de mathématiques
05:00 pour mieux comprendre l'engagement politique.
05:03 On vous voit en photo avec Marcel Bauer,
05:05 c'est lui qui vous a mis le pied à l'étrier ?
05:07 -Oui, c'est lui qui m'a mis le pied à l'étrier.
05:10 Il est toujours maire de Célestat,
05:12 une ville au centre de l'Alsace où je suis né,
05:15 où je vis et dont je suis député.
05:17 -Vous avez été membre du conseil municipal.
05:19 -Pendant huit ans, j'étais adjoint au finance pendant deux ans,
05:23 et puis Marcel Bauer avait été élu maire de Célestat en 2001,
05:27 et en fait, à ce moment, le hasard voulait
05:30 que j'étais en cinquième au collège Mantel,
05:32 et c'était mon prof de mathématiques.
05:35 Quelques mois plus tard, la politique a commencé
05:37 à m'intéresser, et je suis retourné le voir
05:40 au collège, et puis je lui ai dit,
05:42 "Monsieur Bauer, j'aimerais bien faire de la politique,
05:45 "comment est-ce qu'il faut faire ?"
05:47 -Il vous a répondu ?
05:49 -Alors, il m'a dit, "Tu vas rencontrer, de ma part,
05:53 "mon directeur de cabinet",
05:55 donc son jeune directeur de cabinet de l'époque,
05:57 qui s'appelle Nicolas Ernst,
05:59 qui a continué une carrière dans la justice,
06:02 m'a reçu à la mairie, dans son bureau,
06:04 quelques minutes. -Tout à 13-14 ans.
06:06 -J'avais 13-14 ans, donc j'étais un peu...
06:09 Je ne savais pas trop quoi dire, j'étais un peu intimidé
06:12 d'être reçu par le directeur de cabinet du maire de Célestat,
06:15 et c'est comme ça que ça a continué.
06:17 -A 17 ans, vous avez créé votre propre blog politique,
06:20 qui a eu un certain succès dans la presse locale,
06:23 et vous êtes engagé au sein des jeunes pop,
06:26 le mouvement des jeunes de l'UMP.
06:28 Cette photo est intéressante, on vous voit au fond,
06:31 avec le T-shirt rayé en rouge et bleu,
06:33 et il y a deux autres parlementaires.
06:35 -C'est une photo de mémoire en 2009,
06:38 dans un chalet des Vosges,
06:40 alsacienne, en Alsace,
06:43 et on avait fait un week-end, voilà, politique,
06:46 mais au fait, très amical et très festif,
06:48 comme vous voyez, des bouteilles de vin d'Alsace,
06:51 et donc, moi-même qui suis au fond,
06:54 et puis vous avez, donc, en robe noire,
06:57 au premier plan, Elsa Schalk... -Qui est sénatrice.
07:00 -Qui est désormais sénatrice du barin,
07:02 et puis, au fond, avec un autre T-shirt blanc
07:05 et des cheveux un peu longs et des lunettes de soleil,
07:08 vous avez Raphaël Schellenberger, député du Haut-Rhin.
07:11 -Un beau vivier venu des jeunes populaires.
07:13 Le soir de votre élection à l'Assemblée nationale,
07:16 vous avez déclaré que c'était pour vous un rêve d'enfant
07:19 qui se réalisait. Est-ce que vous diriez
07:21 qu'aujourd'hui, ce mandat de député est à la hauteur
07:24 de votre rêve d'enfant ? -Alors, effectivement,
07:27 c'était un rêve d'enfant. J'ai toujours voulu être député,
07:30 je sais pas pourquoi, mais c'est un mandat
07:33 qui m'a impressionné, peut-être parce que je regardais
07:36 les questions d'actualité quand j'étais gamin,
07:38 et puis, l'arrivée en 2022, oui, elle est conforme,
07:41 globalement, à ce que je pensais du mandat de député.
07:44 En même temps, cette législature, tous les Français le voient,
07:48 est très particulière. On a une majorité relative
07:51 qui complique beaucoup les choses pour la majorité
07:53 à laquelle j'appartiens, donc il y a des négociations
07:57 permanentes qui sont obligatoires, et puis, il y a beaucoup
08:00 de gens qui sont en retard de l'hémicycle
08:02 depuis un an et demi, et c'est vrai que cette violence
08:05 qui vient des extrêmes, elle est parfois assez pesante,
08:09 et donc, c'est vrai que c'est quand même un rythme
08:12 qui est parfois un peu épuisant, notamment du point de vue moral.
08:16 -Vos rêves d'enfant ne tournaient pas seulement autour de la politique,
08:20 il y avait aussi le handball, joué au club de Celesta,
08:23 qui est assez connu, dont Thierry Omeyer,
08:26 ancien gardien d'Equipe de France.
08:28 -Depuis son départ l'été dernier pour le club de Montpellier,
08:31 Thierry Omeyer n'était pas revenu dans cette salle
08:34 du COSEC de Lille à Celesta. -Je suis venu
08:37 pour voir Thierry Omeyer. -Pourquoi ?
08:39 -Parce que je l'adore, il m'a donné son maillot,
08:42 c'est un super mec. -Le petit gars de 12 ans,
08:44 là, qu'on vient de voir, c'était vous.
08:46 -Oui, effectivement. -Le sport a tenu
08:49 une place importante dans votre vie ? -Oui, le sport a été important
08:52 pour moi, j'ai longtemps fait de l'athlétisme,
08:55 j'ai fait de l'handball longtemps,
08:57 et puis la chance a fait que je viens de Celesta,
09:00 et en fait, Celesta est une des capitales
09:02 du handball français, qui a formé beaucoup de champions,
09:06 dont Thierry Omeyer, donc j'ai eu la chance, jeune,
09:08 de jouer dans un club de niveau important,
09:11 de pouvoir côtoyer des jeunes qui, parfois,
09:13 ont fait de très belles carrières, et puis de voir des stars mondiales.
09:17 Tous les week-ends au COSEC de Celesta,
09:20 on avait des internationaux, des champions du monde,
09:23 des champions olympiques, c'est incroyable.
09:25 -La joie du jeune garçon qu'on vient de voir
09:28 cache aussi une réalité beaucoup plus sombre,
09:30 que vous avez racontée dans un roman autobiographique
09:34 publié chez Gallimard en 2019, intitulé "La golfe blanche".
09:37 Vous y racontez l'histoire d'un père violent
09:39 qui, pendant des années, a terrorisé sa femme et ses deux enfants.
09:43 Pourquoi ce titre, "La golfe blanche" ?
09:45 -Il y avait un besoin de sortir ces années d'enfance
09:49 très difficiles, avec un environnement familial,
09:52 violent, toxique,
09:54 et "La golfe blanche", en fait, ça fait référence
09:57 à la voiture du père,
09:59 qui, parfois, enfin, même souvent,
10:02 roulait très vite, de façon complètement excessive,
10:06 pour faire peur aux enfants et à la famille.
10:09 Voilà, donc le titre était le résumé.
10:12 -Votre témoignage et votre parcours politique
10:15 sont un message d'espoir pour les enfants
10:17 qui peuvent vivre ce que vous avez vécu par le passé,
10:20 mais vous semblez pas vouloir vous emparer politiquement
10:23 de ce sujet des violences intraféminiles,
10:26 en tout cas, pour l'instant. Pourquoi ?
10:28 -C'est un sujet auquel je suis sensible,
10:30 puisque je l'ai vécu personnellement étant enfant.
10:33 Pour le moment, la législature n'a pas trop donné prise
10:36 à ce genre de thématiques.
10:38 Je travaille à la Commission des Finances
10:40 et des Affaires européennes,
10:42 pas à la Commission des Affaires sociales
10:44 ou culturelles, donc c'est un point de vue
10:46 sur le travail de l'Assemblée.
10:48 Sur ces sujets, j'ai des convictions quand même bien armées
10:52 et qui viennent notamment de mon expérience familiale.
10:55 -On a évoqué le rôle joué par votre prof de maths
10:58 dans votre éveil à la politique.
11:00 Par la suite, dans votre parcours,
11:02 il y a un homme qui a beaucoup compté, Bruno Le Maire.
11:05 Vous êtes engagé dès sa première campagne
11:08 pour la présidence de l'UMP en 2012.
11:10 Vous vous êtes demandé de devenir son conseiller politique
11:13 à Bercy, au ministère de l'Economie et des Finances.
11:16 On le voit sur cette photo.
11:18 Vous l'avez conseillé dans plein de sommets européens,
11:21 d'Assemblée des Générales, de la Banque mondiale, du FMI.
11:25 Comment vous décririez votre relation à Bruno Le Maire,
11:29 à la fois intellectuelle et politique ?
11:31 -C'est une relation politique et ça a été longtemps
11:34 une relation professionnelle.
11:36 Je suis devenu député de l'Union au gouvernement,
11:39 on est chacun de notre colonne
11:40 au niveau de la séparation des pouvoirs,
11:43 mais c'est une relation politique forte.
11:45 Moi, je l'ai rejoint, j'étais jeune étudiant,
11:48 jeune thésard en 2012.
11:51 Il était un des quadras qui commençait à émerger
11:54 et on s'est lancé dans cette folle aventure,
11:57 présidence de l'UMP, primaire,
11:59 et ensuite, nous avons rejoint Emmanuel Macron en 2017.
12:02 L'aventure continue,
12:04 et donc c'est une relation politique très forte,
12:07 parce que les valeurs qui sont les siennes
12:09 sont aussi à peu près les miennes.
12:11 -On va passer à notre quiz à présent.
12:14 Je vous explique le principe,
12:15 vous allez devoir compléter les phrases que je vais vous proposer.
12:19 A chaque fois qu'on écorche mon nom...
12:22 -Je souris et je me dis,
12:23 il est triste que vous ne soyez pas né alsacien.
12:26 -Ca arrive souvent, j'imagine.
12:28 -Oui, effectivement, ça arrive souvent en dehors de l'Alsace.
12:32 -Contrairement aux représentants du Bundestag,
12:34 les députés français...
12:36 -Parle français.
12:37 -En fait, je fais référence à ce député RN
12:40 qui vous avait qualifié d'ambassadeur
12:42 du Bundestag dans l'hémicycle.
12:44 -Tout à fait, c'était au tout début, à l'été 2022,
12:47 ça avait été un épisode déplorable,
12:49 sur un fond de xénophobie et de germanophobie très clair.
12:54 -Enfin, mon prochain roman parlera de...
12:56 -Ah ! Mystère. -Il y en aura un.
12:58 -Il y en aura certainement un.
13:00 -Vous travaillez dessus ? -De temps.
13:02 Il y a eu beaucoup de campagnes électorales,
13:05 le mandat de député est aussi très prenant,
13:07 mais j'espère qu'il y en aura un.
13:09 Je travaille, j'ai des idées là-dessus.
13:12 -Merci, Charles-Etzien Schtoulle, d'être venu.
13:14 -Merci.
13:16 (Générique)
13:19 ---

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