• il y a 8 mois
Transcription
00:00 On accueille dans notre studio aujourd'hui Céline Tellier, la ministre Wallonne de l'Environnement. Bonjour.
00:04 Bonjour.
00:05 Alors on ne peut pas, évidemment, ne pas parler des agriculteurs.
00:09 Madame Tellier, est-ce que vous vous êtes sentie menacée quand vous les avez rencontrés à Dossouïa, il y a une dizaine de jours ?
00:14 Disons que la soirée s'est passée un peu en deux temps.
00:18 Donc d'abord un échange, forcément, dans ce genre de manifestation un peu vocale, mais je veux dire qui a été tout à fait respectueux.
00:28 Et puis effectivement ça s'est un petit peu échauffé au moment où les directs télé ont démarré et donc là les choses ont été un petit peu plus tendues.
00:36 Mais surtout ce qui était important pour moi c'est le lendemain de pouvoir rencontrer à nouveau les syndicats agricoles au niveau de mon cabinet
00:44 puisque j'ai rencontré l'ensemble des syndicats le lendemain pour avoir un dialogue beaucoup plus apaisé et surtout pouvoir discuter du fond parce que c'est vraiment ça qui était important.
00:52 Et justement vous les avez rencontrés donc le dialogue n'est pas du tout rompu suite à cet épisode.
00:56 Et est-ce qu'il y a déjà des avancées ? Vous en tant que ministre Wallonne, quel est votre pouvoir d'action par rapport à tout ça ?
01:02 Donc oui le dialogue évidemment continue, il n'a d'ailleurs jamais cessé depuis le début de la législature.
01:06 C'est vrai que j'ai longuement discuté avec les agriculteurs dans beaucoup de dossiers.
01:11 Ici leur demande elle est assez claire, elle est de mettre fin à une concurrence déloyale qu'ils subissent avec d'autres pays du monde.
01:19 On sait qu'aujourd'hui on importe dans notre région, dans notre pays et en Europe de façon plus large toute une série de produits qui ne sont pas soumis aux mêmes normes environnementales,
01:29 aux mêmes normes sociales aussi dans des conditions de travail parfois beaucoup plus difficiles encore en Amérique latine par exemple ou ailleurs.
01:35 Et donc on peut comprendre leur demande de dire si vous nous imposez des améliorations au niveau environnemental ou social,
01:43 c'est aussi important qu'on arrête de nous mettre en concurrence avec ce type d'aliments.
01:48 Et ça je pense qu'on peut tout à fait l'entendre et c'est clair que moi je plaide très fortement pour que on puisse imposer aussi aux frontières de l'Europe ce type de normes
01:56 et arrêter d'importer des produits qui ne respectent pas un minimum d'avancée.
02:01 Une autre de leur demande qui ne me concerne plus directement c'est aussi travailler à la simplification administrative.
02:07 C'est clair que nos agriculteurs, il faut le reconnaître, subissent énormément de charges administratives alors que leur propre de leur travail c'est évidemment pas de remplir des papiers.
02:15 De l'administrative pour faire quoi alors ?
02:17 De l'administratif, alors notamment imposé par l'Europe, c'est vrai à travers ce qu'on appelle la politique agricole commune pour avoir accès à toute une série d'aides.
02:25 Donc ça, ça concerne plutôt le ministre de l'agriculture.
02:28 Et puis parfois pour certains éléments environnementaux, c'est vrai qu'il y a des contrôles sur le terrain qui sont importants avec pas mal d'administratifs à remplir.
02:36 Et donc moi j'ai pris l'engagement devant eux de pouvoir travailler et on a mis en place au niveau du gouvernement un groupe de travail qui est en train de lister justement précisément
02:45 chacune de ces surcharges administratives pour essayer d'alléger au maximum celles-ci et leur permettre de se concentrer sur l'essentiel de leur travail qui est de nous nourrir bien sûr.
02:55 On entend quand même parfois des critiques directes par rapport aux normes environnementales qu'ils considèrent parfois trop strictes.
03:00 Est-ce que ça en tant qu'écologiste, vous comprenez leur mécontentement à cet égard ?
03:04 Alors ça fait partie des échanges que j'ai eus bien sûr avec eux.
03:08 Et je pense que les discours sont plus nuancés qu'on ne le pense.
03:11 C'est-à-dire que dans beaucoup de syndicats agricoles, ils nous disent mais en fait nous on ne demande pas d'arrêter le Green Deal européen ou d'arrêter les normes environnementales.
03:19 On demande simplement que sur la manière dont on doit les respecter, ce soit plus effectivement facile d'accès, plus facile aussi notamment sur le plan administratif d'entrer dans cette transition environnementale qu'on nous demande.
03:32 Et moi ma conviction la plus profonde c'est qu'on doit faire en sorte que ce qui est plus vert est aussi plus simple à suivre pour nos agriculteurs mais ça vaut aussi pour les entreprises, pour les citoyens, etc.
03:43 Et c'est vrai qu'aujourd'hui le système majoritaire n'est pas nécessairement celui-là donc on doit vraiment y travailler.
03:48 Mais je ne souhaite pas évidemment réduire la protection de la santé de la population ou de notre environnement.
03:54 Il n'y a pas de retour en arrière possible ?
03:55 Non, je pense que ça et personne ne le demande d'ailleurs de revenir en arrière. L'idée n'est pas de niveler par le bas évidemment notre alimentation à nous.
04:03 On a une alimentation de qualité effectivement avec des contrôles stricts au niveau environnemental.
04:08 On doit continuer évidemment à promouvoir ça.
04:11 C'est aussi une façon de soutenir nos producteurs pour la qualité de leur production plutôt que de niveler par le bas et de s'aligner sur des normes environnementales qui sont beaucoup moins avancées et une protection qui est beaucoup moins avancée dans d'autres régions.
04:24 Sur ce dossier on voit clairement un choc entre les écolos d'un côté et le MR de l'autre.
04:29 En tout cas plus on se rapproche de l'échéance électorale, plus les critiques fusent d'un côté et de l'autre.
04:34 Au gouvernement Wallon vous êtes avec le MR.
04:36 Ça se passe comment là au niveau des discussions, des relations entre les deux partenaires ?
04:40 Je pense qu'on se rejoint sur la nécessité d'alléger cette surcharge administrative.
04:45 Donc on a vraiment mis en place ce groupe de travail conjoint au niveau des différents ministères pour alléger cela.
04:52 Alors il est clair que sur le plan du fond on n'a pas la même vision des choses.
04:56 Le MR défend très clairement plutôt cette approche libérale de libre-échange aussi.
05:01 D'ouvrir à l'extérieur.
05:03 Même si j'ai été ravie d'entendre que sur le Mercosur effectivement il y avait une volonté partagée au niveau de l'ensemble du gouvernement de ne pas signer cet accord.
05:12 J'espère que cette position...
05:13 Pas en l'état en tout cas.
05:14 Au niveau du gouvernement la démarche était assez claire.
05:17 Au niveau du gouvernement fédéral on verra si le MR tient la même position.
05:21 Mais en tout cas il est clair que le modèle de dire on veut produire toujours plus pour augmenter effectivement le revenu me semble à bout de souffle aujourd'hui.
05:32 On voit que c'est ce qu'on demande aux agriculteurs depuis plus de 20 ans maintenant.
05:35 On l'avait déjà vécu avec la crise du lait il y a de nombreuses années.
05:39 Aujourd'hui je pense qu'on doit surtout proposer aux agriculteurs de vendre mieux leur production à un prix qui soit correct,
05:46 qui leur permet d'être rémunéré plutôt que de s'épuiser à travailler 80 heures semaine pour être payé des clopinettes.
05:52 Et ça c'est possible aussi en comparaison avec le pouvoir d'achat qui est de plus en plus soumis à pression aussi pour le consommateur ?
05:58 Oui c'est clair qu'on a cette tension entre permettre à tous d'avoir une alimentation qui soit accessible, de bonne qualité et qui reste financièrement effectivement accessible,
06:10 et en même temps de ne pas brader non plus la valeur de notre alimentation.
06:14 Aujourd'hui on sait que la part du revenu consacré à l'alimentation est plus basse que jamais.
06:20 Et donc c'est aussi un choix de société de dire dans quoi est-ce qu'on met les priorités dans un budget effectivement.
06:27 Mais il est clair que tout le monde n'a pas la possibilité de manger de la nourriture de qualité.
06:33 C'est pour ça qu'on travaille aussi au niveau du gouvernement et dans le cadre de mes compétences,
06:37 notamment sur les cantines de collectivité, c'est-à-dire les écoles, les homes, les hôpitaux, les entreprises,
06:44 qui sont des lieux où forcément les gens se nourrissent sur le temps de midi.
06:47 Et on doit permettre à chacun d'avoir accès à une alimentation de qualité.
06:50 Comment à ce moment-là il puisse avoir une alimentation de qualité ?
06:52 Oui, donc on a financé un soutien très important à plusieurs centaines aujourd'hui de cantines qui s'inscrivent dans cette démarche,
06:59 pour d'une part permettre cette alimentation de qualité.
07:03 On intervient aussi financièrement pour payer les surcoûts éventuels au niveau des écoles, des hôpitaux, etc.
07:10 Ça permet que nos enfants, nos aînés aient accès à cette alimentation de qualité.
07:14 Et en même temps, on demande aux cantines de se fournir en produits locaux.
07:18 Et ça je pense que c'est aussi une solution qui est gagnante-gagnante pour tous les publics,
07:22 puisqu'on permet aussi à nos producteurs locaux, notamment à nos agriculteurs, d'avoir une demande qui soit suffisante.
07:28 Parce qu'aujourd'hui, notamment sur le bio par exemple, des producteurs bio nous disent
07:33 "Moi aujourd'hui je produis bio et effectivement j'en tire un revenu qui est plus intéressant souvent,
07:38 mais il faut que la demande suive".
07:40 Et c'est vrai que c'est un des enjeux aujourd'hui, c'est de permettre à nos agriculteurs, à nos producteurs d'avoir une demande suffisamment stable.
07:47 En travaillant sur ces cantines, c'est un levier très fort et très concret qui permet d'y arriver.

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