• il y a 9 mois
Witness vous emmène cette semaine aux côtés de Xavier et Flora, des agriculteurs qui ont rejoint les blocages, et attendent des actions du gouvernement.

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00:00 La France reste le premier producteur agricole en Europe, mais ses agriculteurs dénoncent
00:06 leurs conditions de travail.
00:07 Ils ont inversé les panneaux de circulation avec ce slogan "On marche sur la tête".
00:12 Il y a 30 ans, ils étaient 5 millions, contre 400 000 aujourd'hui.
00:16 On en vient même à se dire, demain qui va nous nourrir ? Parce qu'on n'est pas sûr
00:22 d'être encore là.
00:23 Les mots-clés de la colère, libre-échange, narcosour, pacte vert, bureaucratie.
00:30 C'est une fatigue générale sur une charge mentale très lourde.
00:34 Quelles sont les raisons d'une telle colère et d'une telle mobilisation ? C'est ce que
00:45 je vous raconte dans Witness.
00:50 L'élevage de flora compte sans brebis.
00:54 Son métier est en danger.
00:59 L'Union européenne vient de signer un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande
01:04 qui permet l'importation d'agneaux pour la moitié de sa valeur en France.
01:08 On va retrouver dans les magasins qui sont tout autour de la agneau de Nouvelle-Zélande
01:13 qui aura fait 18 000 km.
01:15 On parle d'écologie et ça touche nos voisins allemands, grecs, espagnols, ça touche vraiment
01:22 beaucoup de pays autour.
01:24 Ce n'est pas pour rien.
01:25 Donc à quand la remise à plat et la prise de recul ? Pourquoi est-ce qu'on ne veut pas
01:33 se remettre en cause ? Nous on se remet en cause tous les jours sur nos exploitations.
01:36 L'application du pacte vert européen, un ensemble de normes en faveur de la transition
01:42 écologique, est au cœur de la colère agricole.
01:44 Xavier, qui est éleveur et céréalier, se prépare à bloquer Paris.
01:50 Il y a quelques traiteurs qui sont rentrés dans Paris et ce qu'ils veulent c'est un
01:54 soutien aux abords de Paris.
01:56 J'aime bien manifester mais j'aime bien mon petit confort aussi.
01:58 Donc éventuellement, je n'ai pas trop envie de dormir à la belle étoile de ce temps-là.
02:03 On va emmener tout ce qu'il faut.
02:06 Pour Xavier, impossible de laisser l'exploitation seule.
02:09 Il va donc faire appel à l'ancien propriétaire, son père.
02:12 Tu me délétères pendant trois jours ? Trois jours ?
02:17 Qu'est-ce que je veux dire ? Je dis soir.
02:19 Tu me croyais qu'ils vont me laisser rouler comme ça ?
02:21 Tu as laissé les clés ? Oui, tu as envoyé une photo ?
02:29 Pas encore.
02:30 Je suis content d'avoir le soutien malgré tout.
02:36 Faute de pouvoir payer le salaire d'un ouvrier, les jeunes agriculteurs ont souvent recours
02:43 à leurs proches.
02:44 Ça fait 12 ans que je suis à la retraite.
02:46 Je ne peux pas m'empêcher de venir voir la ferme.
02:50 J'ai été pendant 40 ans à travailler ici.
02:52 C'est une obligation pour moi presque.
02:56 Je suis très fier parce qu'avant, comme l'ingénieur, elle travaillait dans le privé
03:01 et elle a tout laissé tomber pour pouvoir prendre une exploitation, prendre ses moutons.
03:06 Oui, je suis très fier.
03:08 Vous êtes inquiet aussi pour elle ? Très.
03:12 Parce qu'il fallait se gonfler.
03:14 A l'époque où on est, il fallait se gonfler pour s'y lancer.
03:18 On leur apprend des combines qu'on n'apprend pas à l'école et eux, ils nous apprennent
03:22 des trucs qu'on n'a pas appris de notre temps à l'école.
03:29 Le problème, c'est qu'on le vend.
03:36 Nous, vous achetez un kilo de mouton à 30 euros, nous on va le vendre à peine 8.
03:41 Ça fait trop.
03:42 Ça fait trop, c'est sûr.
03:45 C'est l'évidence.
03:46 Bien sûr, si on pouvait récolter le fruit de notre travail et pouvoir améliorer les
03:52 conditions de travail, déjà, dans un premier temps, on est plus isolé encore.
03:57 C'est-à-dire que moi, je me souviens quand j'étais petite, il y avait d'autres fermes
04:02 d'élevage dans le coin et je vous voyais toujours passer un coup de téléphone.
04:06 Alors que maintenant, ça n'existe plus.
04:09 Beaucoup moins.
04:10 Et puis, il n'y a personne, c'est ça.
04:14 Xavier est prêt à rejoindre l'un des 120 points de blocage.
04:17 Près de 6 000 tracteurs, dont celui de Xavier, vont se mobiliser dans les jours à venir.
04:24 Ils marqueront le plus fort de la mobilisation, soutenu par 8 Français sur 10.
04:30 Ce qu'on ressent sur celle-ci par rapport à avant, c'est le soutien des concitoyens,
04:38 de nos voisins.
04:40 À la base, c'était un problème européen, mais la France, l'État français, rajoute
04:52 des problèmes dessus.
04:53 Il se cache derrière une Europe en disant que c'est l'Europe le problème, mais je
04:58 pense qu'il est bien content de nous rajouter encore et de nous tenir par un système qu'il
05:01 appelle aide pour qu'on se taise.
05:04 Et là, je pense que c'est terminé.
05:06 Le but, c'est de se retrouver de plus en plus nombreux et d'affluer.
05:10 On est venus sur Paris tout ensemble, en nombre.
05:16 L'Europe a d'abord protégé les agriculteurs, mais en 1992, avec la politique agricole
05:22 commune, elle a aligné leurs tarifs sur ceux du marché global et a instauré un système
05:27 de compensation qui leur maintient tout juste la tête hors de l'eau.
05:30 Le père de Xavier est aussi conscient de la situation actuelle.
05:34 C'est une satisfaction.
05:37 On voit son fils continuer à grandir.
05:39 On le voit évoluer.
05:41 C'est bien.
05:42 Des crises, on en a vécues au niveau revenu.
05:47 De toute façon, oui, ce n'est pas nouveau.
05:48 Ce qui est pire, c'est les contraintes administratives, les règlements.
05:53 Ça, c'est à dormir debout.
05:56 De toute façon, c'est vrai qu'on marche sur la tête parce qu'il y a des trucs aberrants.
05:58 Avant de rejoindre le blocage, Flora doit s'acquitter des tâches administratives qui
06:04 lui prennent une heure de son temps par jour.
06:06 Ça, c'est la traçabilité, le suivi des naissances.
06:11 Ce sont des choses qui vont toujours se cumuler, qui se répètent, qu'il faut encore fournir
06:19 soit l'administration ou alors ça n'a pas été pris en charge, donc il faut renvoyer
06:23 un autre document.
06:24 C'est le lot quotidien des agriculteurs.
06:27 J'ai demandé à Flora ce qu'elle pensait de l'écologie.
06:30 Comment on peut travailler du vivant en étant contre l'écologie ?
06:35 C'est se tirer une balle dans le pied.
06:37 Voilà, c'est facile politiquement d'aller monter les uns contre les autres.
06:40 Mais en tout cas, il n'y a pas ce clivage écologie et agriculture, pas du tout.
06:46 En plus, là, il y a même l'eau, l'eau avec le chauffeur.
06:56 S'il vous plaît, là, on peut tenir un siège.
06:59 Ils ne sont pas prêts de nous faire partir.
07:00 Face à la pression sur la région parisienne, le gouvernement prévoit de nouvelles annonces.
07:08 Les agriculteurs se relaient pour tenir le coup.
07:11 Moi, je suis bien en voiture.
07:12 J'ai rejoint le convoi là en milieu d'après-midi.
07:18 J'ai des années l'âge en ce moment.
07:21 J'ai laissé mes brebis temporairement quelques heures pour venir rejoindre le mouvement.
07:27 Pour moi, c'est important d'être là et de continuer à soutenir tout le monde.
07:30 C'était long, mais on a fini par y arriver.
07:38 Et puis maintenant, il n'y a plus qu'à rester.
07:41 On va essayer de rester jusqu'à ce qu'il annonce quelque chose de convenant.
07:48 Au-delà d'une promesse de simplification administrative, le gouvernement s'engage
07:53 à reculer sur la réduction des pesticides, à maintenir les aides fiscales sur le GNR,
07:58 le carburant des agriculteurs, et affirme ne pas vouloir du traité européen de libre
08:02 échange avec l'Amérique latine, le Mercosur.
08:05 Les principaux syndicats agricoles décident de lever le camp au troisième jour de blocage.
08:09 On est en train de repartir.
08:10 On laisse un petit souvenir quand même important.
08:19 Sur leur dernière position, il nous a été impossible de rejoindre Xavier.
08:23 Nous lui avons téléphoné à 400 mètres de distance.
08:26 L'état d'esprit est mitigé.
08:29 On ne va pas dire qu'il est plus apaisé.
08:34 Il est mitigé.
08:35 Moi, pour ma part, je trouve que les annonces, les dernières annonces, l'intonation de
08:39 voix a été quand même complètement différente.
08:41 La volonté de travailler a été beaucoup plus...
08:43 Il a été beaucoup plus démonstratif, en fait, sur la volonté de travailler avec la
08:48 profession pour trouver des solutions.
08:50 Je veux dire aux agriculteurs ce matin qu'avec mes ministres, nous voulons avancer pour eux
08:55 et nous allons leur annoncer de nouvelles mesures.
08:57 On est escorté.
08:58 Pourquoi que je rate de gauche ? On s'appelle.
09:01 Ça marche.
09:02 Bonne route, Xavier.
09:04 Le gouvernement continuera de multiplier les annonces.
09:07 Les agriculteurs lèvent les blocages mais ne baissent pas la garde.
09:11 On va encore attendre les nouvelles annonces.
09:14 Mais honnêtement, il y a de la déception.
09:17 Hier soir, il y avait de la déception dans le groupe.
09:21 C'est une histoire de politique, une histoire de gros sous derrière.
09:26 Voilà ce qui se passe.
09:28 Alors on ne pèse pas, d'accord.
09:30 Mais ça veut dire que c'est une poignée qui dirige le monde à leur merci et qui impose
09:35 un modèle.
09:36 Tout le monde doit suivre.
09:37 On n'est pas des moutons là pour le coup.
09:40 C'est écœurant.
09:44 C'est écœurant.
09:45 C'est écœurant.
09:47 C'est écœurant.
09:49 C'est écœurant.
09:51 C'est écœurant.
09:52 C'est écœurant.
09:53 C'est écœurant.
09:54 C'est écœurant.
09:55 C'est écœurant.
09:56 C'est écœurant.
09:57 C'est écœurant.
09:58 C'est écœurant.

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