• il y a 8 mois
Chaque vendredi, retrouvez le match du soir entre Pablo Pillaud-Vivien et Charles Consigny. Au programme, la mort de Robert Badinter 

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Transcription
00:00 C'était une vigie de la République, c'est-à-dire que sa voix, moi, quand je l'entendais à la radio ou à la télévision,
00:06 la vibration de sa voix était quelque chose qui déjà, en fait, me mettait en alerte et j'avais envie de l'écouter jusqu'au bout.
00:15 Il avait aussi une façon de déployer ses argumentaires qui étaient absolument incroyables.
00:21 Et jusqu'à la fin de sa vie, il a donné des interviews et c'est vrai que c'était assez extraordinaire.
00:27 Et c'est d'ailleurs une des raisons qui ont fait la qualité de son argumentaire au moment de l'abolition de la peine de mort en 81.
00:35 C'était très puissant et il a réussi à emporter une partie des députés et des sénateurs qui étaient présents au Parlement
00:43 pour faire voter cette loi si importante.
00:46 Intéressant d'ailleurs de rappeler le contexte de l'époque pour ce qui a abouti à l'abolition de la peine de mort.
00:55 Heureusement qu'à l'époque, les pouvoirs publics n'ont pas compté sur l'opinion publique.
01:02 Certains sondages faisaient à l'époque, en 1981, état de 60% des Français pour la peine de mort.
01:08 Mais vous savez combien il y en a maintenant ?
01:10 Il y en a 51% des Français qui sont pour la peine de mort.
01:13 Et ça fait 10 ans que sondage après sondage, vous avez 51% des Français qui sont pour la peine de mort.
01:18 Vous avez des candidats aux élections comme Éric Zemmour par exemple, qui sans se prononcer pour un rétablissement de la peine de mort,
01:26 disent qu'à titre personnel par exemple, ils sont favorables et que, à tout le moins, ce n'est pas exclu que ça puisse mériter un débat.
01:34 Donc c'est un combat sans doute qui doit continuer d'être porté.
01:39 Vous dites ça comme si ça n'était pas jamais acquis.
01:43 Non, regardez même aux États-Unis qui est une éminente démocratie, ils tuent des gens tous les ans.
01:50 Dans beaucoup de pays qui deviennent maintenant des hubs internationaux dans lesquels se pressent toutes nos entreprises et tous les hommes politiques,
01:58 je pense par exemple à l'Arabie Saoudite, vous avez des gens qui sont exécutés tous les ans par l'État.
02:04 Donc il ne faut pas croire que ce soit acquis.
02:06 Moi je suis favorable à ces règles que j'estime qui sont évidemment à mes yeux, mais ça devrait aller sans dire.
02:13 Mais bon, qui sont des progrès à mes yeux, mais je ne pense pas que ce soit partagé dans toute la société.
02:18 François, vous avez rappelé le contexte en 1981 où une majorité de Français étaient contre l'abolition de la peine de mort.
02:26 Charles a rappelé que c'est encore le cas aujourd'hui.
02:28 Mais en 1981, il faut rendre à César ce qui appartient à César, c'est pendant la campagne présidentielle de 1981,
02:34 le candidat Mitterrand qui, dans une interview, s'est prononcé pour l'abolition de la peine de mort.
02:43 Et c'est ça en fait qu'il y a.
02:44 En faisant ça, et c'est très intéressant, il s'est placé contre l'opinion publique,
02:48 mais il a posé un jalon qui était très important et c'est sur la base de cette première étape, de cette première déclaration,
02:58 que derrière, Badinter a mené le combat et a pu le mener.
03:02 Donc le courage, il est du côté de Mitterrand et du côté de Badinter.
03:06 Mais ce qui est intéressant, c'est que comme a dit Charles tout à l'heure,
03:10 c'est intéressant les déclarations d'amour à Robert Badinter,
03:14 mais c'est vrai que c'est aussi intéressant les preuves d'amour à ce qu'a fait Badinter.
03:18 Et aujourd'hui, moi je trouve ça particulièrement odieux pour quelqu'un qui a combattu le Front National pendant toute sa vie,
03:24 qui a combattu l'extrême droite, de voir que Emmanuel Macron, d'une part, a fait passer une loi
03:30 qui était absolument horrible, sous prétexte que, je parle de la loi de migration de décembre,
03:35 sous prétexte que l'opinion publique allait dans le sens de cette loi.
03:40 Donc il n'a pas fait comme Badinter en 1981, il ne s'est pas opposé à l'opinion publique,
03:45 il n'a pas posé un premier jalon.
03:47 Vous savez, quand le président de la République ou un candidat à l'élection présidentielle dit quelque chose,
03:50 en fait ça produit des effets dans la société.
03:53 C'est ce qu'a fait Mitterrand et c'est ce qu'a fait Badinter ensuite.
03:55 Et ensuite, aujourd'hui, Emmanuel Macron, la Macronie, c'est sorti dans des papiers,
04:01 a dit "on va discuter avec le Rassemblement National".
04:05 Vous vous rendez compte ? Le jour de la mort de Badinter, le pouvoir en place dit "on va discuter avec l'extrême droite".
04:11 Moi je trouve que ça, honnêtement, c'est sympa de faire des jolies déclarations.
04:15 Et la déclaration d'Emmanuel Macron, contrairement à ce que disait Charles, moi je l'ai trouvée très digne
04:19 et à la hauteur de l'événement, comme souvent Emmanuel Macron, c'était le cas aussi pour la commémoration des morts du 7 octobre.
04:25 Il est à la hauteur. Le seul problème c'est qu'on ne peut pas faire ça et derrière dire "on va discuter avec le Rassemblement National".
04:30 - Pour prolonger ce que dit Pablo, moi je pense qu'on rend d'autant plus hommage aujourd'hui à ces gens qui se tenaient,
04:39 Badinter, Simone Veil, ces gens qui avaient un vrai courage, qui avaient des valeurs.
04:47 - Il y en a encore. - Hein ?
04:48 - Il y en a encore. - Bah moins ? Bah qui, aujourd'hui ? Il y en a quand même beaucoup moins.
04:53 Et je trouve que, par exemple, au nom de la réelle politique aujourd'hui, quel courage on a sur la scène internationale ? Aucun.
05:01 Est-ce qu'on remet en cause la moindre dictature, le moindre massacre perpétré à l'étranger ?
05:07 Est-ce qu'on essaye de faire libérer le moindre prisonnier politique ? Jamais.
05:11 Parce qu'on explique qu'on a des intérêts économiques. Même à l'échelle de la France.
05:17 Qu'est-ce qu'on fait concrètement pour les gens qui dorment dans la rue ? En réalité pas grand-chose.
05:22 Les valeurs et la vertu, il faut pas que ça dégouline, il faut pas que ce soit la gauche caviar,
05:28 que pouvait avoir aussi Badinter, par certains aspects.
05:31 Moi je veux pas en faire un sein non plus. Comme je l'ai dit, maintenant on canonise les gens.
05:35 Mais la vertu, quand même, elle peut exister en politique.
05:40 Et je trouve que c'est quelque chose qui s'est beaucoup perdu dans une espèce de...
05:45 Pas de corruption généralisée, mais dans une espèce d'affaissement moral et intellectuel.

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