Anne Durand, maire de Viols le Fort, une commune ou les grande entreprises parrainnent de petits commerces

  • il y a 6 mois
On évoque souvent la disparition progressive des petits commerces ou commerces de proximité en milieu rural.
A Viols le Fort, on a peut-être trouvé la solution pour maintenir ces commerces et répondre ainsi aux besoins des habitants.
La commune assure le maintien de ces petits commerces grâce au mécénat. Et pas n'importe lequel. Le mécénat d'entreprises.
Et en particulier des grandes entreprises installées elles aussi sur le territoire de la commune.
Transcript
00:00 Est-ce le rôle d'une entreprise de subventionner le maintien du commerce en milieu rural ?
00:05 Question qu'on vous pose déjà depuis quelques heures sur les réseaux sociaux,
00:08 sur la page Facebook, sur l'appli France Bleu ici.
00:10 Au niveau des résultats, Guillaume, on jette un petit coup d'œil ?
00:13 Je vais vous dire un truc, je pense qu'elle est mal posée la question ce matin.
00:16 Je vais être très franc, c'est la première fois que je dis ça,
00:17 depuis qu'on en a à 300, je crois, questions.
00:20 Je vais vous dire pourquoi après.
00:22 Est-ce le rôle d'une entreprise de subventionner le maintien du commerce en milieu rural ?
00:25 Vous répondez non.
00:26 Ce n'est pas parce que c'est à 62%, ce n'est pas parce que c'est le résultat qui me déplaît.
00:30 Mais je pense que si on vous avait demandé,
00:32 est-ce que vous, si c'est une bonne ou une mauvaise idée
00:35 de proposer à une entreprise de soutenir financièrement le commerce de proximité,
00:39 je pense que là, vous auriez été une majorité sans doute à dire
00:41 « oui, c'est une bonne idée ».
00:42 Donc voilà, je ne suis pas très content de la façon dont on a posé la question ce matin.
00:47 Ben voilà, levez le doigt en réunion et de dire « je ne suis pas d'accord avec cette question,
00:50 il faudrait qu'on la tourne en ce moment ».
00:51 On y réfléchissant et en voyant le résultat, parce que je pense que quand même...
00:53 Alors justement, maintenant vous nous appelez, comme tous les matins,
00:57 pour dire ce que vous en pensez, si c'est une bonne ou une mauvaise chose.
00:59 - 0467 58 6000, prenez la parole donc ce matin, dites-nous ce que vous en pensez.
01:04 Nous sommes avec Anne Durand, maire de Violle-le-Fort,
01:06 une commune où les grandes entreprises parrainent de petits commerces, Guillaume.
01:10 - Bonjour madame le maire.
01:11 - Bonjour.
01:11 - Bonjour Anne Durand, merci d'être venue nous rejoindre en studio ce matin.
01:14 Vous étiez avec Vivian l'autre jour dans le cadre du Tour de l'Héros,
01:17 mais au téléphone, là cette fois-ci vous êtes avec nous en studio.
01:21 Violle-le-Fort, 1200 habitants.
01:23 - C'est ça.
01:23 - C'est ça.
01:24 Et vous, votre population elle augmente aussi, comme au Trier d'Eau ou pas ?
01:27 - Non, non, non, non, pas du tout.
01:29 Nous c'est très stable.
01:30 - C'est stable, mais vous avez mis un point d'honneur à défendre le commerce de proximité.
01:36 - C'est ça.
01:37 - D'où l'idée que vous avez eue.
01:39 - Voilà, c'est ça.
01:40 En fait, ce qui s'est passé, c'est qu'il restait sur la commune un local qui n'était pas repris.
01:46 Un monsieur était parti à la retraite et ce local, dans le centre du village,
01:49 n'avait pas été repris.
01:51 Et je voyais ce local vide, vide, et je me suis dit, il va falloir quand même essayer de trouver un commerçant,
02:00 parce que ça manque.
02:03 Et puis, m'est venue cette idée, je me suis dit, peut-être qu'on pourrait donner le petit coup de pouce,
02:08 parce que les aides, il y a les aides de la région, je le dis, il y a des aides,
02:14 il y a les aides de la région et les aides de l'État.
02:16 Nous, vous savez, c'est le petit coup de pouce supplémentaire.
02:21 - Oui, il y a l'aide de la commune, mais évidemment, qui reste modeste.
02:24 - Bien sûr, nous, c'est pour payer les quatre-cinq premiers loyers.
02:29 Parce que quand vous arrivez, quand vous reprenez un commerce, vous êtes un peu assommé.
02:34 Donc là, c'est le petit plus.
02:36 - Donc vous avez cette idée quand vous arrivez à la mairie, en 2020, dans les dernières élections,
02:42 ce premier commerçant que vous voulez aider, vous vous rendez compte.
02:45 Alors, c'est quoi l'idée ? C'est d'aller frapper à des portes,
02:48 notamment aux portes de ceux qui ont des sous, on va dire.
02:51 - Suite au Covid, en fait, il y a des sociétés qui ont assez bien fonctionné.
02:58 Et je me suis dit, bon, je vais aller les voir.
03:02 De toute façon, je n'avais rien à perdre.
03:03 Je vais aller les voir et je vais leur parler de mon projet.
03:06 Et ils m'ont dit, pourquoi pas ?
03:09 Pas systématiquement, mais pourquoi pas ?
03:13 - Et il fallait que ça passe par la mairie. Ça, c'est important.
03:15 - Oui, parce que je ne voulais pas que l'argent public serve des fonds privés.
03:19 Parce qu'on peut s'interroger et dire, attendez...
03:22 - Et ce que ça aurait pu se passer entre l'entreprise mécène et le commerçant ?
03:27 - Oui.
03:27 - Or, vous avez tenu à ce que ça passe par la mairie.
03:29 - Oui, parce que nous, on valide ça en commission.
03:34 On s'est dit, il ne faut pas que ça parte un peu dans tous les sens.
03:39 Parce que, par exemple, sont exclus toutes les professions médicales, paramédicales.
03:50 Puis nous, on s'est dit, on veut vraiment sélectionner tout ce qui va être pour l'intérêt général.
03:56 - La santé, c'est autre chose.
03:59 Alors techniquement, ça se passe comment ?
04:01 L'entreprise vous verse quoi ? Une enveloppe de 4 000 euros ?
04:04 - Non, non, non. Elle verse ce qu'elle veut.
04:07 - Un impôt commun.
04:08 - Voilà, on met tout ça sur un compte mécénat.
04:14 - Et après...
04:15 - Les 4 000 euros, c'est vous qui les reversez après.
04:17 - Voilà. Nous, on reverse 4 000 euros.
04:20 Et après, on a des demandes qui nous arrivent.
04:24 On a une commission dédiée et qui statue.
04:29 Qui dit, bon, ça rentre dans le...
04:32 On a toute une convention.
04:35 Enfin voilà, on met, il faut qu'il y ait un commerce qui soit ouvert 5 jours sur 7.
04:40 Il faut que le commerce rende un service à la population.
04:45 Il faut que ce soit un commerce sur Viole le Fort.
04:47 Voilà, il y a tout un tas de conditions.
04:48 Si vous rentrez dans les conditions, il faut que ce soit une reprise ou une première installation.
04:54 Si vous rentrez dans les conditions, on vous reverse ces 4 000 euros.
05:00 - Anne Durand, je vous présente Annie.
05:03 - Je vais y arriver, je me mélange un peu.
05:05 Qui est la première à nous appeler.
05:08 - En 0467 58 6 000.
05:10 Je rappelle la question, est-ce le rôle d'une entreprise de subventionner le maintien du commerce en milieu rural ?
05:15 Vous pouvez prendre la parole sur France Bleu et Raud.
05:17 N'hésitez pas à nous appeler.
05:18 Ce qu'a fait donc Annie.
05:19 - Bonjour Annie.
05:20 - Oui, bonjour.
05:22 Bonjour et bravo Madame le maire de votre initiative.
05:25 Voilà, parce que si on continue à dire,
05:27 "Ah, c'est pas aux entreprises les grosses, c'est pas aux petites."
05:30 Notre monde rural va partir à une sucette comme c'est le cas dans beaucoup de villages.
05:34 Donc bravo et merci.
05:35 Moi je dis que tout le monde devrait mettre la main à la pâte.
05:39 Les gros, les petits, les moyens et même les individus.
05:42 - Les petits, ils n'ont pas forcément les moyens Annie.
05:44 - Les petits mettent un sou, peu importe.
05:47 C'est le geste qui compte.
05:48 Les villages vivent, c'est ça le problème.
05:52 Donc moi je suis pour que les gros, les moyens et tous ceux qui peuvent et qui ont envie,
05:57 mettent la main à la pâte pour que vivent nos villages.
06:00 - Même si c'est pas leur rôle premier.
06:02 - Non, même si c'est bien sûr que non.
06:05 - C'est quand même une bonne idée.
06:06 - Évidemment.
06:07 - Merci.
06:08 - C'est une excellente idée.
06:09 - Merci.
06:09 - Merci Annie, bonne journée à vous.
06:11 Alors, ça a plutôt bien marché cette histoire puisque depuis 2020,
06:16 vous avez aidé à l'installation de plusieurs commerçants dans votre commune.
06:21 Coiffeuse, boucher, libraire, c'est ça ?
06:23 - Oui, le boucher c'est une reprise.
06:25 - Le boucher c'est une reprise.
06:27 Donc ça s'est passé comment en l'occurrence ?
06:28 Libraire, il n'y avait pas de libraire.
06:30 - Non, il n'y avait pas.
06:31 - Donc là c'est vraiment pour le coup une création.
06:33 - Oui, là c'est une création.
06:34 - Le salon de coiffure aussi.
06:35 - C'est une création aussi.
06:36 - Et alors ils sont contents les commerçants ?
06:38 - Très.
06:39 - Oui.
06:40 - Oui.
06:41 Enfin voilà, quand vous êtes dans l'hésitation,
06:44 si vous savez que vous allez être aidé, c'est quand même...
06:48 Voilà, ça vous aide à faire vos premiers pas.
06:53 - Et cette année, en 2024, vous avez comme projet
06:57 d'aider à l'installation de deux nouveaux commerçants.
07:00 Vous pouvez nous en dire plus ou pas ?
07:01 - Ah, elle veut pas.
07:02 - Suspense.
07:03 - Je m'en doute.
07:04 - Deux, voire trois.
07:05 - Oui, ça peut être même.
07:06 - Oui, voilà.
07:07 - Enfin il y a des choses qui sont dans les tuyaux, comme on dit.
07:10 - C'est ça.
07:11 - Et sans cette aide, ils ne seraient pas venus ?
07:14 Est-ce qu'ils vous l'ont dit ça ?
07:15 - Le boucher, l'affaire était en cours, donc voilà.
07:21 La librairie, c'était aussi en cours.
07:27 Et je pense que la coiffeuse, ça l'a un peu fait démarrer.
07:31 - Ça a été vraiment le petit truc qui a fait avancer les choses.
07:34 On entendait un reportage tout à l'heure dans le journal,
07:37 donc à Violle-le-Fort, vous avez notamment l'entreprise Focus.
07:39 - C'est ça.
07:40 - On rappelle ce que c'est, Focus en deux mots, comme entreprise ?
07:42 - C'est un fabricant de cheminées sur Violle-le-Fort
07:46 qui est là depuis plus de 50 ans et qui rayonne mondialement.
07:50 - Oui, grosse entreprise.
07:51 - C'est ça, une très très grosse entreprise.
07:53 - Donc eux, ils participent à ce dispositif, ils ne sont pas les seuls peut-être ?
07:56 - Il y a les carriers aussi, une carrière du Pics-en-Loup et une carrière sur Argelies.
08:02 - Est-ce qu'il y a d'autres entreprises qui ne participent pas encore
08:05 mais qui se disent intéressées ?
08:06 Est-ce que ça peut aller au-delà des frontières de la commune ?
08:09 - Bien sûr, je fais un appel !
08:11 - L'intercommunalité, par exemple, une entreprise présente dans une autre commune
08:16 appartenant à la même intercommunalité que vous ?
08:18 - Après, elle peut verser l'intercommunalité aussi.
08:20 - Voilà, elle peut choisir de verser l'intercommunalité.
08:23 - Et vous êtes vraiment la seule commune dans les Roses à faire ça ?
08:25 - Je pense, oui.
08:26 - Peut-être pas en France mais en tout cas dans les Roses.
08:28 - Après, ce n'est pas une obligation.
08:30 Je veux dire, les entreprises, c'est au bon vouloir.
08:36 Je veux dire, je ne vais pas les raqueter tous les ans en leur demandant de l'argent.
08:40 - Il faut qu'il y ait de la volonté.
08:42 - Et puis c'est déductible des impôts, c'est quand même un don qui est déductible.
08:46 - Est-ce qu'un particulier peut le faire ?
08:48 - Aussi.
08:49 - Du moment que c'est reconnu comme du mécénat, il met au tronc commun, comme on dit.
08:54 - Voilà, c'est ça.
08:55 - Ils ont bien fait de le faire de toute façon puisqu'on a parlé d'eux du coup.
08:57 - Exactement.
08:58 - Donc voilà.
08:59 - Merci Anne Durand, maire de Violle-le-Fort, d'être venue dans ce studio ce matin pour
09:02 nous en parler.
09:03 Merci à vous.
09:04 - Merci à vous.
09:05 - Vous pouvez réécouter cette interview en allant sur francebleu.fr.
09:07 Comme à chaque fois, toutes les interviews, vous pouvez les retrouver, les réécouter
09:10 sur notre site internet.
09:11 Dans un instant, les infos de 8h, juste après, Francis Cabrel.
09:14 Les murs de poussière dans le 6/9 de France.

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