La superstar américaine Taylor Swift a bien atterri hier nuit à Las Vegas à temps pour assister à la finale du Super Bowl, coupant court à un emballement médiatique peu commun.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dov-alfon-en-toute-subjectivite
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00:00 En toute subjectivité avec le directeur de la publication et de la rédaction du journal Libération.
00:05 Bonjour Dov Alfons.
00:06 Bonjour Simon.
00:07 La superstar américaine Taylor Swift, on est très soulagé, a bien atterri hier soir
00:13 à Las Vegas à temps pour assister à la finale du Super Bowl, le championnat de football
00:18 américain.
00:19 Vous revenez ce matin sur cet emballement médiatique peu commun, Dov.
00:23 Oui Simon, le psychodrame politique américain autour de la chanteuse a atteint son apogée
00:27 ces dernières 24 heures.
00:29 Hier, la chanteuse avait été le sujet de 8 articles du Washington Post.
00:33 Son possible trajet par jet privé de Tokyo à Las Vegas avait été disséqué par le
00:38 New York Times.
00:39 Et nombre de chaînes de télévision avaient dû expliquer à leur lecteur incrédule
00:43 comment un français nommé Jules Verne avait déjà prouvé que oui, il est possible de
00:48 décoller du Japon à minuit et d'arriver au Nevada 4 heures auparavant.
00:52 Rien que dans la presse française, Google dénombre plus de 200 articles d'opinion
00:57 sur Taylor Swift en une semaine.
00:59 Du journal Le Monde à Les Echos, en passant par 4 chroniques sur France Inter, y compris
01:04 une de Tanguy Pastureau qui a pris 3 minutes 50 pour dire qu'il n'en avait rien à
01:09 cirer de Taylor Swift.
01:10 Au cas où certains auditeurs auraient réussi à passer à côté de cette hystérie collective,
01:16 expliquons qu'une théorie complotiste particulièrement farfelue s'est développée autour de la
01:21 relation amoureuse entre Taylor Swift et Travis Kells, le capitaine de l'équipe
01:26 de football américain de Kansas City.
01:28 Selon laquelle le couple serait au centre d'une opération de guerre psychologique
01:32 ourdie par le Pentagone pour permettre à la chanteuse d'appeler en direct à réélire
01:37 le président Joe Biden.
01:39 Le Pentagone a dû démentir et du coup la presse a dû publier le démenti, récoltant
01:45 en route, elle aussi, les fruits de la fascination mondiale exercée par Taylor Swift.
01:49 Alors on se demande, Dov, si cela valait le coup de s'inquiéter à ce point ?
01:52 Probablement pas, Simon, mais que sont supposés faire les médias face à un non-événement
01:57 quand il est défini comme une information par le Pentagone, par le candidat à la Maison
02:02 Blanche Donald Trump et par les ministères du tourisme de 54 pays, sachant que la prochaine
02:07 tournée mondiale de Taylor Swift peut avoir une influence véritable sur leur PIB.
02:12 Autrement dit, que faire face à une information réelle basée sur une irréalité ?
02:16 Rappelons qu'en 1921 déjà, Henry Ford avait fait les gros titres de la presse américaine,
02:22 en expliquant que le jazz est une conspiration de la juiverie mondiale pour corrompre les
02:27 travailleurs américains.
02:28 Et qu'en 1966, le parti républicain américain avait mis sur son ordre du jour un débat
02:34 sur les possibles messages communistes secrets des chansons des Beatles.
02:38 Car si les modes musicals changent souvent, Simon, la bêtise humaine est là pour toujours.
02:44 Terminons donc par une citation d'une chanson de Taylor Swift.
02:47 On dit que tout est bien qui finit bien, mais je suis dans un nouvel enfer à chaque fois
02:52 que je pense à toi.