Une discussion secrète entre officiers allemands concernant la guerre en Ukraine a fuité vendredi dans les médias russes, ce qui n'a pas surpris Dov Alfon.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dov-alfon-en-toute-subjectivite
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00:00 En toute subjectivité avec le directeur de la publication et de la rédaction du quotidien Libération, Dov Alfons, bonjour !
00:07 Bonjour Nicolas !
00:08 Dov, une discussion secrète entre officiers allemands concernant la guerre en Ukraine a fuité vendredi dans les médias russes et vous n'êtes pas tout à fait surpris !
00:17 Oui Nicolas, il s'agit d'une affaire très grave, a annoncé le chancelier Olaf Scholz, très grave mais malheureusement pas surprenante.
00:24 Berlin a confirmé ce week-end l'ouverture d'une enquête officielle après la publication d'un enregistrement d'officiers de l'armée allemande discutant d'éléments confidentiels concernant la guerre en Ukraine, y compris les fameux missiles allemands Taurus.
00:38 Comment le média pro-Poutine Arte s'est-il procuré cet enregistrement de 30 minutes ?
00:44 Assez simplement, puisque d'après les premiers éléments, la conversation a eu lieu par visioconférence sur un logiciel non crypté, Webex, et non sur un réseau militaire sécurisé.
00:54 Dans cette réunion à laquelle participait le commandant-chef de l'armée de l'ère allemande, que je ne félicite pas, un des participants s'est même connecté avec son téléphone portable depuis une chambre d'hôtel à Singapour.
01:05 Bref, les propos auraient été tenus plus secrets s'ils avaient été criés sur les toits de Moscou, et non via satellite, câbles sous-marins et réseaux wifi de grands hôtels, infrastructures ouvertes espionnées, criblées et enregistrées 24h/24 par les Russes.
01:20 Lundi dernier, Emmanuel Macron demandait à sa manière si l'Europe était prête à affronter Vladimir Poutine.
01:26 La condamnation pratiquement unanime de ces propos, qui laissait planer l'envoi de troupes occidentales en Ukraine, tenait essentiellement sur la forme.
01:35 Mais sur le fond, la question du président était tout à fait pertinente, et Poutine y a donc répondu avec cet enregistrement.
01:41 « Dove, la France est-elle mieux préparée que l'Allemagne ? »
01:44 Non Nicolas, ne nous faisons pas d'illusions, si les Français paniquent dans une phobie collective de punaise de lit orchestrée de Moscou, qu'est-ce qui nous attend quand les services secrets russes sortiront l'artillerie lourde ?
01:55 Mais il y a même des pays encore moins prêts que la France.
01:58 Prenons par exemple la Suède, la nouvelle recrue de l'OTAN.
02:01 Différents incidents des mois derniers, parus dans la presse suédoise, ont été recensés par le Guardian.
02:06 Il démontre que les Suédois n'ont pas encore changé de mentalité.
02:09 En vrac quelques exemples.
02:11 Sur une base militaire à Linköping, les hélicoptères ne sont pas autorisés à s'entraîner après 15h, car les habitants se plaignent du bruit.
02:19 L'armée n'arrive pas à mettre en place des consignes d'urgence en cas de sabotage des voies ferrées, car le réseau ferroviaire suédois est exploité par 60 sociétés privées différentes.
02:29 Le ministère de l'Intérieur a acheté des drones, mais ne peut pas les tester en plein air à cause de régulations.
02:35 La construction du nouveau centre de cybersécurité a été gelée par les autorités locales, qui craignent que la clôture entourant le bâtiment ne nécessite l'abattage de 5 arbres.
02:46 Et voici donc Nicolas, pourquoi il nous faut espérer que l'Ukraine tienne bon.