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Transcription
00:00 On accueille notre invitée, c'est vous ce soir, Angel Dikongue Atanga.
00:03 Bonsoir à vous, vous êtes la représentante du Haut Commissariat pour les réfugiés en République démocratique du Congo.
00:08 Le sujet de Léo Péchard vient de poser cette situation et ces milliers de civils jetés sur les routes de l'exil.
00:16 Vous avez vous-même, je crois, pu recueillir certains témoignages, notamment déplacés entre Saqué et Goma.
00:21 Quel récit vous ont livré ces civils ?
00:28 Le récit que m'ont livré les déplacés est véritablement pathétique, c'est poignant.
00:36 Ce sont des gens qui sont déjà en errance depuis des décennies.
00:42 Et depuis deux années, c'est-à-dire mars 2022, c'est sans discontinuer que ces populations sont sans arrêt jetées dans les places,
00:55 sans savoir où aller. Au moment où nous vous parlons, nous pensons que 135 000 personnes sont en train de se diriger vers Goma,
01:05 qui accueille déjà plus de 700 000 personnes qui ont été déplacées depuis deux années.
01:15 La ville de Goma, si rien n'est fait, elle va se retenir, elle est saturée, elle est exempte, elle n'est plus capable d'accueillir qui que ce soit.
01:27 Et face à cette urgence, face à cette urgence, à Delde, à Conguey, à Tangué, à ces 700 000 déplacés à Goma,
01:33 qui gère cette urgence ? Quel dispositif, si tant est possible, mettre en place un dispositif humanitaire ? Quel est-il sur place ?
01:42 Les agences du système des Nations unies, avec les agences humanitaires locales et internationales, sont organisées autour de ce que nous appelons l'équipe humanitaire pays,
01:57 avec des démembrements dans les provinces, et notamment dans la province de Nord-Kivu, où nous nous sommes organisés en groupe sectoriel.
02:07 L'OSR, pour sa part, dirige trois groupes sectoriels. Le groupe sur la protection, le groupe sur les abris et les denrées de première nécessité, ainsi que le groupe...
02:22 On ne vous entend plus, je crois. Angel Di Conguey, à Tanga, représentant du commissariat pour la République démocratique du Congo.
02:35 Ah, la connexion est réétablie. La connexion est, je crois, très difficile avec vous. Merci aussi de votre patience.
02:41 Vous nous expliquez à l'instant la manière dont étaient organisées les équipes en plusieurs secteurs, celles en charge des abris et des denrées humanitaires.
02:49 Justement, ces aides humanitaires, ces colis essentiels pour ces civils, est-ce qu'ils arrivent jusqu'à ces populations déplacées ?
02:56 Selon plusieurs sources sécuritaires, les routes sont coupées, l'approvisionnement est rendu impossible.
03:01 Justement, nous plaidons en faveur de l'accès humanitaire. Le conflit qui est en cours déferle une violence inouïe.
03:13 Et comme je le disais, les populations souffrent déjà de trop. Alors l'accès humanitaire est problématique.
03:21 Parce que, évidemment, la sécurité ne permet pas que les humanitaires puissent arriver à leur destination.
03:29 Qui menace leur sécurité, pour être clair ? Les rebelles du M23 ?
03:33 Il y a des affrontements entre les rebelles du M23 et les FRDC, qui sont les forces loyalistes, les forces du gouvernement du Congo, qui sont aidées par d'autres patriotes.
03:49 Et, évidemment, dans un tel conflit, il y a beaucoup de dommages collatéraux.
03:55 Il y a des civils qui sont en train de mourir, il y a des déplacements forcés, comme je vous le disais.
04:01 C'est un conflit qui dure, c'est une série de conflits, je dois dire, qui dure depuis près de 30 ans.
04:09 Aujourd'hui, si l'on fait le compte de tous ceux qui sont décédés, il y a au moins 10 millions de morts.
04:16 Et ma question véritable est, combien de morts faudra-t-il pour que la communauté internationale résolve, décrète la paix dans cette partie ?
04:28 Vous pensez, Angele Dikongué-Atanga, que les choses ne bougent pas suffisamment ? Il y a quoi, une forme de silence et d'indifférence ?
04:35 Je ne sais pas si vous avez vu cette image de l'équipe nationale congolaise lors du match face à l'Afrique du Sud,
04:40 avoir cette position, la main sur les tempes et la main sur la bouche, cette scénographie très symbolique pour exprimer ce sentiment d'indifférence face à ce qui se passe en RDC.
04:50 C'est aussi votre ressenti ?
04:52 Tout à fait. Je travaille aux Nations Unies, cela va faire 30 ans cette année, effectivement.
04:58 J'ai commencé dans le voisinage et depuis ce temps-là, j'ai vu cette partie du Congo toujours en déchirement, toujours en proie aux violences, aux conflits sans nom.
05:11 Avec des violences, non seulement des tuées, des déplacées, mais aussi des femmes violées, des enfants qui sont complètement laissés à l'abandon, qui n'ont plus de futur.
05:21 Il va falloir que ça s'arrête, sinon c'est complètement inacceptable.
05:26 L'humanité n'a plus de sens dans cette partie-là du pays, du monde.
05:32 Et d'un mot très rapidement, en quelques secondes, il y a le rôle de la communauté internationale, le rôle premier aussi des autorités congolaises, du président, notamment. Est-ce que suffisamment est fait ?
05:42 Je pense que la partie nationale fait l'essentiel pour pouvoir y arriver.
05:51 Mais vous savez, ce sont des conflits qui sont beaucoup trop complexes en termes de causes.
05:59 Il y a des causes profondes, mais vraiment nationales, locales, mais aussi sous-régionales et bien plus loin.
06:08 Donc le Congo, je pense pouvoir le dire, et ce n'est pas un secret pour qui que ce soit, est victime aussi de sa richesse.
06:17 Et malheureusement, il faut que le monde, le monde entier, l'humanité, s'entende avec le Congo pour qu'il y ait la paix.
06:25 Parce que nous pensons, nous autres humanitaires, que cela sera le bénéfice commun de l'humanité.
06:31 La paix au Congo, ce sera la paix pour cette sous-région, ce sera la paix pour ce gouvernement, ce sera la paix pour l'humanité.
06:39 Et en attendant que la paix prévaille, il va falloir que l'accès humanitaire soit garanti et que les parties bénéficiaires respectent le droit international humanitaire.
06:51 Parce que ce n'est pas le cas. Les cibles civiles, les humanitaires que nous sommes, les personnes déplacées ne sont pas à l'abri des bombardements tous azimuts.
07:02 Il va falloir que cela cesse parce que sinon c'est l'humanité même qui est en danger, et l'humanité avec grand H, je pense.
07:09 Et votre message a été entendu. Merci beaucoup, Angele Dikongué Atonga. Merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions sur France 24.

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