CRALIM 2023 - Les Anges Gardins - L'archipel nourricier et la MENADEL

  • il y a 7 mois
Lors du comité régional de l'alimentation Hauts-de-France 2023 qui s'est tenu le 12 octobre à Ennevelin (59), une vingtaine de porteurs de projet financés par le PNA et le Plan de relance ont présenté leurs initiatives sous forme de pitch. Découvrez ici les Anges Gardins qui présentent leur projet d'archipel fruitier de la cité des provinces.

Les Anges Gardins, une structure combinant éducation populaire, transmission autour de l'alimentation et insertion sociale, ont porté le projet MENADEL au sein du quartier de la Cité des Provinces à Lens. Ce projet offre des activités de jardinage, de cuisine et d'apprentissage alimentaire aux habitants. Un tiers lieu nourricier hors les murs a été créé pour répondre aux besoins de la communauté. Les participants sont récompensés par une monnaie locale (MANNE) échangeable contre des ateliers cuisine ou des paniers de légumes. Cette initiative, régulièrement présente sur le terrain, encourage l'engagement des habitants, les transformant de simples consommateurs en acteurs du projet. De plus, le projet inclut un HUB, connectant diverses communautés et acteurs sociaux, favorisant un projet alimentaire partagé et émancipé.


Contact : Célia POTDEVIN, Directrice adjointe, cpotdevin@angesgardins.fr


Plus d'informations :
https://menadel.fr/qui
Transcript
00:00 [Musique]
00:16 Célia Potvin, je suis la directrice adjointe des Anges Gardens,
00:20 une structure qui est présente dans le Pas-de-Calais depuis une quinzaine d'années,
00:24 qui est une structure d'éducation populaire autour des questions alimentaires,
00:28 de graines à l'assiette, et qui est adossée à un chantier d'insertion.
00:32 Dans le bassin minier, on est arrivé il y a six ans,
00:36 et on a mis en place un certain nombre de productions
00:41 sur des terrains qu'on a récupérés auprès de bailleurs sociaux, de collectivités,
00:44 ça s'appelle l'archipel nourricier.
00:46 Archipel, parce qu'il y a plein de petits terrains de petite taille.
00:49 Et il se trouve qu'au départ, nos salariés en insertion n'étaient pas assez nombreux
00:53 pour entretenir un certain nombre de ces terrains,
00:56 donc on a décidé de faire des choses avec les habitants dans les QPV.
01:00 Donc on a fait venir les gens pour faire des chantiers coopératifs,
01:03 pour nous aider à entretenir les terrains.
01:06 À côté de ça, on a un tiers-lieu nourricier dans lequel il y a des animations
01:09 sur l'éducation alimentaire, etc.
01:12 On distribue des paniers, et donc à la demande d'un bailleur social
01:16 dans la cité des provinces, on vient distribuer des paniers,
01:20 et on commence à avoir envie de faire des animations avec ces gens-là.
01:23 Et ces gens-là, ils ne viennent pas sur notre place à vivre,
01:27 donc le lieu en dur, le tiers-lieu nourricier,
01:30 pourtant ce n'est pas très très loin.
01:32 Il y a à peine un kilomètre et demi, on pourrait venir à pied,
01:35 on pourrait venir en bus, mais c'est compliqué de sortir de sa cité minière.
01:38 Donc nous, on décide d'aller vers eux, de faire un tiers-lieu hors les murs
01:42 sur un des trois terrains qu'on a dans cette cité des provinces.
01:49 Donc ça permet, on commence à faire des animations cuisine de rue, etc.
01:53 Ça fait venir du monde, ils nous voient dans le quartier faire des choses,
01:56 les enfants viennent goûter, et derrière les parents arrivent, etc.
02:00 Et puis, on se pose la question, ces terrains-là, il faut quand même les entretenir,
02:05 comment on pourrait récompenser les gens qui viennent s'engager à nos côtés
02:08 et nous aider ?
02:10 On a créé la manne, la monnaie d'une autre nature pour de nouveaux échanges,
02:14 qui est un billet, un joli billet.
02:17 Et à chaque fois qu'ils viennent passer deux heures avec nous pour des plantations,
02:21 faire du désherbage, etc., ils vont recevoir de la manne.
02:25 Et cette manne, ils vont l'échanger contre des contreparties.
02:28 Les premières contreparties qu'on a eues, c'était des paniers de légumes.
02:32 Donc on travaillait à nos côtés et on pouvait l'échanger contre des paniers de légumes,
02:36 contre des bouteilles de soupe qu'on produit dans notre chantier d'insertion,
02:39 des pots de confiture, etc.
02:41 Voir des repas dans le tiers-lieu.
02:43 Puis, cette petite communauté, elle a envie d'autres contreparties.
02:52 Donc on les réunit régulièrement, on fait des groupes de discussion.
02:56 Et puis, on fait rentrer dans la boucle des contreparties des commerçants.
03:00 Donc nous, on va échanger la manne qu'ils vont collecter contre des euros.
03:05 Cet argent-là, on va le recevoir des collectivités, par exemple, ou de mécénats,
03:10 pour notre action sociale sur le quartier.
03:14 Donc les premières contreparties qu'il y a eues en commerçant,
03:17 ça a été la friterie du coin, ça a été le florist, etc.
03:20 Peu à peu, aussi, en faisant grandir cette communauté,
03:24 on se rend compte que dans la communauté, il y a des gens qui ont des talents.
03:27 Et on va essayer de mettre en avant ces talents,
03:29 et ces gens-là vont être des dispensateurs de leurs savoirs,
03:32 et eux-mêmes animer des ateliers.
03:35 On a une personne, par exemple, qui anime des visites en forêt,
03:41 où on écoute les oiseaux, parce que c'est son grand plaisir,
03:44 et puis sa connaissance, c'est les oiseaux.
03:46 Donc il est capable de reconnaître le chant des oiseaux,
03:48 de construire des nichoirs, de pouvoir vous expliquer des tas de choses dans les oiseaux.
03:53 Donc, pendant la discussion des adhérents, il sait faire ça,
03:57 on lui dit "ben, t'aurais pas envie de faire un chantier là-dessus,
04:00 enfin une petite animation ?"
04:02 Et les gens, quand ils s'inscrivent à cette animation,
04:04 ils vont lui donner de la manne, et lui-même, avec cette manne,
04:07 il va pouvoir acheter des légumes, les échanger contre un certain nombre de contreparties.
04:13 Au début, on peut se dire que ce sont des petites choses,
04:18 mais on ne se rend pas compte, sauf à interroger les gens,
04:22 de ce que ça recrée comme lien social dans la cité.
04:25 En fait, dans cette cité, vous avez des gens qui sont en accession à la propriété,
04:30 qui sont les communicateurs de la cité, des personnes âgées, des nouveaux arrivants, etc.
04:34 Et les personnes âgées, entre autres, elles disent "ben, il n'y a plus ce lien qu'il y avait dans les cités minières,
04:39 d'entraide, de lien social, etc."
04:42 Et quand elles viennent dans les chantiers COP, ces personnes-là,
04:45 elles ont l'occasion de créer des liens avec les nouveaux arrivants,
04:48 des personnes vers qui elles ne seraient pas allées naturellement,
04:50 parce qu'elles sont différentes d'elles,
04:52 ou plein d'a priori qu'on peut avoir sur les nouveaux arrivants dans un quartier.
04:56 Et donc on a quelques petites mamies qui viennent faire des chantiers COP.
05:00 Alors elles ne sont plus toutes jeunes, elles sont parfois assises pour faire du pralinage,
05:03 d'arbres flottis avant l'implantation,
05:05 mais elles le passent à des enfants, elles passent une après-midi avec des gens.
05:08 Et avec la manne qu'elles ont collectée, en fait, derrière,
05:11 elles se font un petit plaisir, elles viennent par exemple prendre un goûter
05:15 sur notre tiers lieu nourricier, au restaurant,
05:18 et elles se payent un goûter, quelque chose qu'elles ne pourraient pas faire dans la vraie vie.
05:21 Sortir de l'argent pour se payer un goûter, c'est du superflu pour elles.
05:25 Elles ont des toutes petites retraites.
05:27 Autre petit exemple, c'est un adhérent qui est un fleuriste dans les contreparties.
05:32 Pourquoi un fleuriste ? A priori, ce n'est pas nourricier, etc.
05:35 En fait, cette personne-là, elle a pu un jour acheter un bouquet pour la Saint-Valentin,
05:40 chose qu'elle n'avait jamais pu faire,
05:42 puisque un bouquet de fleurs, c'est vraiment du superflu.
05:46 Et là, en rentrant dans ce cercle, elle peut aussi changer des choses dans sa vie,
05:51 pouvoir accéder à des services qu'elle n'est pas capable d'avoir au départ.
05:55 La communauté a grandi, elle a mûri, et maintenant, elle a aussi exprimé des besoins.
06:00 Par exemple, il y a un club de couture, un club de crochet, etc., des choses assez classiques.
06:05 Et on a fait un accompagnement sur les habitants autour du bien-être.
06:10 Et puis, elles ont manifesté l'idée, en fait, nous, c'est bien,
06:14 on a fait un atelier sur le bien-être, mais moi, je ne peux pas me payer de séances esthéticiennes.
06:18 Est-on capable de trouver une esthéticienne pour entrer dans le Système Man ?
06:22 On a trouvé une esthéticienne pour entrer dans le Système Man.
06:25 Nous, on passe derrière lui donner des euros,
06:28 mais ça permet justement, par toute cette boucle vertueuse d'engagement, d'émancipation,
06:34 de pouvoir aussi accéder à autre chose, de grandir autrement.
06:37 Et maintenant, la communauté, on essaye de la pluguer au sein d'un hub à d'autres communautés,
06:42 la communauté de producteurs, la communauté d'acteurs du social, la communauté de distributeurs.
06:47 Et là, le but du jeu, c'est qu'à terme, cette communauté,
06:51 elle soit aussi capable de comprendre le monde dans lequel elle vit,
06:54 d'avoir des choix alimentaires en conscience.
06:57 Donc, on les accompagne à travers des animations.
07:01 On a dans la communauté, par exemple, une dame, en discutant avec elle,
07:04 on se rend compte qu'elle est tout à fait en capacité de mener des ateliers cuisine.
07:09 Elle sait faire des tas de choses sur la conserve domestique.
07:12 Autant la mettre en avant et qu'elle le fasse.
07:14 Et elle, ça la sent en fait de sa posture de personne aidée, en aidant les autres,
07:20 de sa posture de personne accompagnée en personne qui, en sachant.
07:25 Donc, ça crée vraiment une émancipation des gens au sein de ce quartier.
07:30 Deuxième chose, c'est qu'après l'avoir testé en milieu QPV dans le Bassin-Millet,
07:37 on est allé le tester en milieu rural, donc à Auderic, dans la communauté de région d'Auderic,
07:43 donc milieu rural, avec des distances beaucoup plus longues à franchir.
07:48 Est-ce qu'on est en capacité de le faire là-bas ? On a commencé.
07:51 Et là, on a à peu près 250 à 300 adhérents dans la communauté sur l'os Vendin.
07:58 Et sur le littoral, on a déjà une cinquantaine de personnes.
08:03 Et on a déjà des personnes pour qui il y a eu un révélateur de talent.
08:08 Donc, une personne qui fait un atelier vinerie, une autre qui vient de faire un atelier crochée.
08:11 On a des gens qui viennent régulièrement aux ateliers cuisine,
08:14 qui commencent à se dire « moi, je pourrais peut-être entretenir le jardin pédagogique », etc.
08:18 Donc, en fait, on crée des boucles d'émancipation des gens et d'engagement des gens.
08:23 Et ça, ce sont des belles histoires.
08:25 Et petite cerise sur le gâteau, c'est que sur le territoire rural,
08:31 certaines personnes qui viennent pour les chantiers coopératifs, ce ne sont pas des individus,
08:36 ce sont des associations.
08:38 Et donc, on a eu l'AFAPI, qui est un foyer logement pour adultes handicapés,
08:43 qui s'est inscrit à un chantier coopératif.
08:45 Donc, nous, le but du jeu, ce n'était pas de leur faire un chantier coopératif pour eux tous seuls,
08:49 on les a inclus avec d'autres personnes, des habitants du coin.
08:54 Et ça permet à des adultes handicapés de rencontrer des gens comme tout le monde,
08:59 de travailler avec tout le monde, de faire la même chose,
09:02 d'être traités exactement de la même façon.
09:05 Et ils ont eu aussi de la manne.
09:08 De la manne, ça ne sert à rien à quelqu'un qui est dans une structure accompagnée,
09:11 où il a ses repas, etc.
09:13 Si, ça sert, c'est très, très utile.
09:15 En fait, à chaque fin, ils mettent leur manne en commun,
09:18 et ils se sont achetés un repas au restaurant avec la manne.
09:23 Et on a reçu un petit message des parents, nous disant,
09:26 ils ont fait pour une fois, ils ont été traités comme tout le monde,
09:28 ils ont vécu à une expérience comme tout le monde, en passant à la caisse, etc.
09:32 - Vous avez le temps. - Merci.
09:35 Merci.
09:36 Merci.
09:37 ♪ ♪ ♪
09:42 [Musique]

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