Le Bourgeois Gentilhomme : Une Comédie Classique Intemporelle!

  • il y a 8 mois
Synopsis:

Le Bourgeois Gentilhomme est une comédie-ballet en cinq actes de Molière, créée en 1670. La pièce raconte l'histoire de Monsieur Jourdain, un riche bourgeois qui aspire à devenir noble. Il s'entoure de maîtres de musique, de danse et de philosophie, et dépense des sommes folles pour apprendre les manières des gens de qualité. Mais ses efforts sont vains, et il finit par être ridiculisé par tous.

Une satire sociale:

Le Bourgeois Gentilhomme est une satire sociale qui met en lumière les travers de la bourgeoisie de l'époque. Molière s'attaque à la vanité, à l'hypocrisie et à la soif de respectabilité de Monsieur Jourdain.

Une pièce comique:

Le Bourgeois Gentilhomme est une pièce très comique. Les situations ridicules dans lesquelles se retrouve Monsieur Jourdain, ainsi que les personnages secondaires truculents, font rire le public depuis des siècles.

Un classique intemporel:

Le Bourgeois Gentilhomme est un classique intemporel qui continue d'être joué et apprécié aujourd'hui. La pièce explore des thèmes universels tels que la vanité, l'ambition et la quête de l'identité.

Informations complémentaires:

Le Bourgeois Gentilhomme est l'une des pièces les plus connues de Molière.
Elle a été traduite dans de nombreuses langues et a été adaptée au cinéma et à la télévision.
La pièce est souvent jouée dans les théâtres du monde entier.
Transcription
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00:00:59 -Allez !
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00:01:16 -Oh !
00:01:19 (musique)
00:01:45 -Je vous ai fait un peu attendre.
00:01:48 -Je me suis habillé comme les gens de qualité.
00:01:50 Mon tailleur m'a envoyé des bas de soie que je n'ai pas mis.
00:01:53 -Nous ne sommes ici que pour attendre votre loisir.
00:01:56 -Je vous prie de ne pas en aller avant qu'on me met à porter mon habit.
00:02:01 -Tout ce qu'il vous plaira.
00:02:03 Vous me verrez équipé depuis les pieds jusqu'à la tête.
00:02:06 -Nous n'en doutons point.
00:02:08 -Je me suis fait faire cette indienne-ci.
00:02:10 -Oh ! Elle est fort belle.
00:02:12 -Mon tailleur m'a dit que les gens de qualité étaient comme cela le matin.
00:02:15 -Cela vous sied à merveille.
00:02:17 -Lackey ! Ah là, mes deux lackeys !
00:02:18 -Que voulez-vous, monsieur ?
00:02:20 -Rien. C'est pour voir si vous m'entendez bien.
00:02:22 -Que dites-vous de mes livrets ?
00:02:25 -Ils sont magnifiques.
00:02:27 -Et voici encore un petit...
00:02:29 -Ah ! Un petit déshabillé pour faire le matin mes exercices.
00:02:34 -Il est galant.
00:02:36 -Lackey !
00:02:38 -Non, l'autre Lackey.
00:02:40 -Monsieur ?
00:02:42 -Tenez ma robe.
00:02:46 -Mais me trouvez-vous bien comme cela ?
00:02:47 -Fort bien. On ne peut pas mieux.
00:02:49 -Eh bien, messieurs, me ferez-vous voir votre petite drôlerie ?
00:02:51 -Comment ? Quelle petite drôlerie ?
00:02:53 -Je voudrais bien auparavant vous faire entendre un air
00:02:56 qu'il vient de composer pour la sérénade que vous m'avez demandé.
00:02:59 C'est un de mes écoliers qui a pour ces sortes de choses un talent admirable.
00:03:03 -Il ne fallait pas faire ça par un écolier.
00:03:05 Vous n'étiez pas trop bon vous-même pour cette besogne-là ?
00:03:08 -Il ne faut pas, monsieur, que le nom d'écolier vous abuse.
00:03:11 Ces sortes d'écoliers en savent autant que les plus grands maîtres.
00:03:15 C'est aussi beau qu'ils s'en puissent faire. Écoutez seulement.
00:03:17 -Donnez-moi ma robe, pour mieux entendre.
00:03:20 -Attendez !
00:03:29 -Non, je crois que je serais mieux sans robe.
00:03:31 -Non, non, non, non, non, non. Redonnez-la-moi. Ça ira mieux.
00:03:41 Ça ira mieux.
00:03:42 -Eh bien !
00:03:51 ...
00:04:12 ...
00:04:41 ...
00:04:43 -Cette chanson me semble un peu lugubre. Elle endort.
00:04:47 -Je voudrais que vous la puissiez un peu regaillardir par-ci, par-là.
00:04:51 -Il faut, monsieur, que l'air soit accommodé aux paroles.
00:04:55 -Ah oui. On m'en a appris un tout à fait joli il y a quelque temps.
00:04:58 Oui, attendez.
00:05:00 Comment est-ce qu'il dit ?
00:05:02 -Par ma foi, je ne sais. -Il y a du mouton dedans.
00:05:04 -Du mouton ? -Oui. Ah, voilà.
00:05:07 Jeanneton.
00:05:10 Je croyais Jeanneton aussi douce que belle.
00:05:14 Je croyais Jeanneton plus douce qu'un mouton.
00:05:17 Hélas, hélas,
00:05:20 elle est cent fois, mille fois plus cruelle
00:05:23 que ne l'est le tigre au bois.
00:05:26 -Mais n'est-il pas joli ?
00:05:29 -Le plus joli du monde. -Vous le chantez bien.
00:05:32 -Et c'est sans avoir appris la musique.
00:05:34 -Vous devriez l'apprendre, monsieur, comme vous faites la danse.
00:05:38 Ce sont deux arts qui ont une étroite liaison ensemble.
00:05:40 -Et qui ouvrent l'esprit d'un homme au bel show.
00:05:42 -Les gens de qualité apprennent aussi la musique.
00:05:44 -Oui, monsieur. -Je l'apprendrai donc.
00:05:46 Mais je ne sais combien de temps je pourrai prendre,
00:05:48 car outre le maître d'armes qui me montre,
00:05:50 j'ai encore engagé un maître de philosophie qui doit commencer ce matin.
00:05:52 -La philosophie est quelque chose, mais la musique, monsieur. La musique.
00:05:55 -La musique et la danse. La musique et la danse.
00:05:58 C'est là tout ce qu'il faut. -Il n'y a rien qui soit si utile
00:06:00 dans un état que la musique. -Il n'y a rien qui soit si nécessaire
00:06:03 aux hommes que la danse. -Sans la musique,
00:06:06 un état ne peut subsister. -Sans la danse,
00:06:07 un homme ne saurait rien faire. -Tous les désordres
00:06:10 et toutes les guerres qu'on voit dans le monde
00:06:12 n'arrivent que pour n'apprendre pas la musique.
00:06:14 -Tous les malheurs des hommes, tous les revers finestes
00:06:16 dont les histoires sont remplies, les bévues des politiques
00:06:18 et les manquements des grands capitaines,
00:06:20 tout cela n'est venu que faute de savoir danser.
00:06:22 -Comment ça ? -La guerre,
00:06:24 ne vient-elle pas d'un manque d'union entre les hommes ?
00:06:27 -Cela est vrai. -Et si tous les hommes
00:06:29 apprenaient la musique, ne serait-ce pas là le moyen
00:06:31 de s'accorder ensemble et de voir dans le monde
00:06:35 la paix universelle ? -Vous avez raison.
00:06:36 -Lorsqu'un homme a commis un manque pendant sa conduite,
00:06:39 soit aux affaires de sa famille, au gouvernement d'un état
00:06:41 ou au commandement d'une armée, ne dit-on pas toujours
00:06:43 "Un tel a fait un mauvais pas dans une telle affaire" ?
00:06:46 -Oui, on dit cela. -Et faire un mauvais pas
00:06:49 peut-il procéder d'autre chose que de ne pas savoir danser ?
00:06:52 -Ah, cela est vrai. Vous avez raison, tous deux.
00:06:55 -C'est pour vous faire voir l'excellence
00:06:57 et l'utilité de la danse et de la musique.
00:06:59 -Je comprends cela à cette heure.
00:07:01 Voulez-vous voir notre affaire ? -Ah oui.
00:07:04 -Je vous l'ai déjà dit, c'est un petit essai
00:07:06 que j'ai fait autrefois des diverses passions
00:07:08 que peut exprimer la musique. -Fort bien.
00:07:11 -Aucun dans l'amour empire
00:07:26 De mille feux est toujours agité
00:07:32 La musique avec plaisir
00:07:34 Au languipan soupire
00:07:38 Mais quoi qu'on puisse dire
00:07:41 Il n'est rien de si doux
00:07:44 Que notre liberté
00:07:48 -Esto ? -Oui ?
00:08:00 -Je trouve cela bien troussé.
00:08:01 Et il y a là-dedans de petits dictons assez jolis.
00:08:04 -Quand la danse sera mêlée avec la musique,
00:08:06 cela fera plus d'effet encore.
00:08:08 Et vous verrez quelque chose de galant
00:08:10 dans le petit ballet que nous avons ajusté pour vous.
00:08:12 -C'est pour tantôt au moins.
00:08:14 La personne pour laquelle j'ai fait tout cela
00:08:16 me doit faire l'honneur de venir d'inéchéant.
00:08:18 -Tout est prêt. -Au reste, monsieur, ce n'est pas assez.
00:08:20 Il faut qu'une personne comme vous,
00:08:22 qui êtes magnifiques et qui avez de l'inclination
00:08:24 pour les belles choses,
00:08:26 ait un concert de musique chez soi tous les mercredis
00:08:29 -Est-ce que les gens de qualité en ont ?
00:08:31 -Oui, monsieur.
00:08:33 -J'en aurai donc.
00:08:35 Et cela sera-t-il beau ?
00:08:37 -Sans doute. Il vous faudra trois voix,
00:08:39 un dessus, une autre contre et une basse
00:08:41 qui seront accompagnées d'une basse de viol,
00:08:43 d'un théor et d'un clavecin pour les basses continues
00:08:45 avec deux dessus de violon pour jouer les ritournelles.
00:08:47 -Il y faudra mettre aussi une trompette marine.
00:08:49 La trompette marine est un instrument
00:08:51 qui me plaît et qui est harmonieux.
00:08:53 -Laissez-nous gouverner les choses.
00:08:55 -Au moins, n'oubliez pas tantôt
00:08:58 que vous avez des musiciens pour janter à table.
00:08:59 -Vous aurez tout ce qu'il vous faut.
00:09:01 -Et surtout, que le ballet soit beau.
00:09:03 -Vous en serez content.
00:09:05 Et entre autres, de certains menuets, que vous y verrez.
00:09:07 -Les menuets sont ma danse.
00:09:09 Je veux que vous me les voyez danser.
00:09:11 -Allons, mon maître.
00:09:13 (Musique)
00:09:15 -On t'attend, s'il vous plaît.
00:09:27 (Chante)
00:09:28 -La jambe croide, la la la.
00:09:30 Le menuet pointant les épaules, la la la.
00:09:37 -Vos deux bras sont estropiés.
00:09:44 -Haussez la tête.
00:09:49 Tournez la pointe du pied en dehors, en dehors.
00:09:55 Dressez votre corps, dressez votre corps.
00:09:57 -Voilà.
00:09:59 -Voilà qui est le mieux du monde.
00:10:01 -A propos, apprenez-moi comment il faut faire une révérence
00:10:03 pour saluer une marquise. J'en aurais besoin tantôt.
00:10:05 -Une révérence pour saluer une marquise ?
00:10:07 -Oui, une marquise qui s'appelle Dorimène.
00:10:09 -Donnez-moi la main.
00:10:11 -Non, vous n'avez qu'à faire, je la retiendrai bien.
00:10:13 -Un chapeau, s'il vous plaît.
00:10:15 Alors, si vous voulez la saluer avec beaucoup de respect,
00:10:19 il faut faire d'abord une révérence en arrière-plan.
00:10:21 -C'est ça.
00:10:23 -Faites d'abord une révérence en arrière,
00:10:24 puis avancez vers elle avec trois révérences en avant.
00:10:26 Et à la dernière, vous baissez jusqu'à ses genoux.
00:10:29 -Ah.
00:10:31 -Mais faites un peu...
00:10:33 -Un, deux, trois...
00:10:37 quatre, cinq, six...
00:10:41 sept, huit et neuf.
00:10:45 À vous.
00:10:51 Un, deux, trois...
00:10:53 quatre, cinq, six...
00:10:57 sept...
00:10:59 -Monsieur, voilà votre maître d'armes qui est là.
00:11:01 -Oh.
00:11:03 Je veux que vous me voyez faire.
00:11:05 -Nous avons trouvé ici un homme comme il nous le faut, à tous deux.
00:11:15 Ce nous a une douce rande que ce monsieur Jourdain.
00:11:19 Avec les visions de noblesse et de galanterie qu'il est allé se mettre en tête,
00:11:22 et votre danse, et ma musique,
00:11:25 aurait à souhaiter que tout le monde lui ressemblât.
00:11:28 Il les connaît mal, mais il les paye bien.
00:11:32 Et c'est de quoi maintenant nos arts ont plus besoin que tout autre chose.
00:11:36 -Pour moi, je l'avoue, je me repais un peu de gloire.
00:11:38 Les applaudissements me touchent.
00:11:40 Et je tiens que dans tous les beaux arts,
00:11:42 c'est un supplice assez fâcheux que de se produire à des sauts.
00:11:45 Il y a plaisir, ne m'en parlez point, à tous les jours.
00:11:48 -Pas plaisir, ne m'en parlez point.
00:11:49 Travaillez pour des personnes qui soient capables de sentir les délicatesses d'un art.
00:11:52 -Oui, la récompense la plus agréable que l'on puisse recevoir des choses que l'on fait,
00:11:57 c'est de les voir caresser d'un applaudissement qui vous honore.
00:12:00 Il n'y a rien, à mon avis, qui vous paye mieux que cela de toutes nos fatigues.
00:12:03 Et ce sont des douceurs exquises que des louanges éclairées.
00:12:06 -J'en demeure d'accord, et je les goûte tout comme vous.
00:12:08 Il n'y a rien, assurément, qui chatouille davantage que les applaudissements que vous dites.
00:12:12 Mais cet orsan ne fait pas vivre.
00:12:14 Des louanges d'eau pure ne mettent point un homme à son aise.
00:12:17 Il faut mêler du solide.
00:12:18 Et la meilleure façon de louer, c'est de louer avec les mains.
00:12:21 C'est un homme à la vérité dont les lumières sont petites.
00:12:27 Qui parle à tort et à travers de toute chose.
00:12:30 Et il n'applaudit qu'à contresens.
00:12:32 Mais son argent redresse les jugements de son esprit.
00:12:35 Il a du discernement dans sa bourse.
00:12:37 Ses louanges sont monnayées, et ce bourgeois ignore en nouveau mieux, comme vous voyez,
00:12:41 que le grand seigneur éclairé qui nous introduit ici.
00:12:45 Il y a quelque chose de vrai dans ce que vous dites.
00:12:47 Mais je trouve que vous appuyez un peu trop sur l'argent.
00:12:50 Et l'intérêt est quelque chose de si bas qu'il ne faut jamais qu'un honnête homme montre pour lui de l'attachement.
00:12:59 Vous recevez fort bien pourtant l'argent que notre homme vous donne.
00:13:02 Assurément, mais je n'en fais point de mon bonheur.
00:13:04 Je voudrais qu'avec son lien, il doit encore quelques bons goûts des choses.
00:13:07 Je le voudrais aussi, et c'est à quoi nous travaillons tous deux autant que nous pouvons.
00:13:10 Mais en tout cas, il nous donne les moyens de nous faire connaître dans le monde.
00:13:14 Et ce n'est pas pour les autres ce que les autres l'auront pour lui.
00:13:16 Allons, messieurs.
00:13:18 Arrivée Rance.
00:13:20 Votre corps droit, un peu penché sur la crisse gauche.
00:13:24 Les jambes pointant écartées, vos pieds sur une même ligne.
00:13:27 Votre poignée à l'opposite de votre hanche, la pointe de votre épée vis-à-vis de votre épaule.
00:13:32 Le bras pas tout à fait si étendu.
00:13:34 Mains gauches à la hauteur de l'œil, l'épaule gauche plus cartée, la tête droite.
00:13:38 Nos regards assurés.
00:13:40 Avancez, le corps ferme, touchez-moi les bains du corps, et achetez les mêmes.
00:13:43 Une, deux, remettez-vous. Redoublez les pieds fermes.
00:13:44 Une, deux, un saut en arrière.
00:13:46 Quand vous portez la botte, monsieur, il faut que l'épée parte la première et que le corps soit bien effacé.
00:13:50 Une, deux, remettez-vous. Redoublez les pieds fermes, un saut en arrière.
00:13:53 Une, deux, en garde, monsieur, en garde, en garde, en garde, en garde.
00:13:56 Vous faites des merveilles.
00:14:03 Je vous l'ai déjà dit, tout le secret des armes ne consiste qu'en deux choses.
00:14:08 À donner et à ne point recevoir.
00:14:11 Comme je vous fis voir l'autre jour par raison démonstrative,
00:14:13 il est impossible que vous receviez si vous savez détourner l'épée de votre ennemi de la ligne de votre corps.
00:14:18 Ce qui ne dépend seulement que d'un petit mouvement du poignet, ou en dedans ou en dehors.
00:14:22 De cette façon donc, un homme sans avoir de cœur est sûr de tuer son homme, et de n'être point tué.
00:14:28 Sans doute. N'envite-vous pas la démonstration ?
00:14:31 Ah oui.
00:14:33 Et c'est en quoi l'on voit de quelle considération nous autres nous devons être dans un état.
00:14:37 La science des armes l'emporte hautement sur toutes les autres sciences inutiles, comme la danse, la musique, la…
00:14:41 Tout bon, monsieur le maître d'armes, ne parlez de la danse qu'avec respect.
00:14:44 Apprenez, je vous prie, à mieux traiter l'excellence de la musique.
00:14:47 Vous êtes de plaisantes gens de vouloir comparer vos sciences à la mienne.
00:14:51 Vous voyez un peu l'homme d'importance.
00:14:53 Voilà un plaisant animal avec son plastron.
00:14:56 Mon petit maître à danser, je vous ferai danser comme il faut.
00:14:58 Et vous, mon petit musicien, je vous ferai chanter de la belle manière.
00:15:01 Monsieur le batteur de fer, je vous apprendrai votre métier.
00:15:04 Et de vous foudre la lécurélie, lui qui entend la tierce et la quarte, et qui sait tuer un homme par raison démonstrative.
00:15:08 Je me moque de sa raison démonstrative et de sa tierce et de sa carte.
00:15:11 Tout doux, vous dit.
00:15:13 Comment, petit impertinent ?
00:15:15 Non, mais mon maître d'armes.
00:15:17 Comment, grand cheval de carrosse ?
00:15:19 Non, mais mon maître à danser.
00:15:21 Et je me jette sur vous.
00:15:23 Ah, excuse-moi.
00:15:25 Je mets sur vous la main.
00:15:27 Ah, tout bon.
00:15:29 Je vous étrirai l'un air.
00:15:31 De grâce.
00:15:33 Comment peut-on mettre la paix entre ces personnes-ci ?
00:15:34 Qu'est-ce donc ? Qui est-il, messieurs ?
00:15:36 Ils se sont mis en colère pour la préférence de leur profession, jusqu'à se dire des injures et en vouloir venir aux mains.
00:15:41 Et quoi, messieurs, faut-il s'emporter de la sorte ?
00:15:44 Et n'avez-vous point lu le docte traité que Sénèque a composé de la colère ?
00:15:48 Y a-t-il rien de plus bas et de plus honteux que cette passion qui fait de l'homme une bête féroce ?
00:15:54 Et la raison ne doit-elle pas être maîtresse de tous nos mouvements ?
00:15:57 Comment, monsieur ? Il vient nous dire des injures à tout heure,
00:16:01 et il exerce la musique dont il fait profession.
00:16:03 Un homme sage est au-dessus de toutes les injures qu'on lui peut dire,
00:16:07 et la grande réponse qu'on doit faire aux outrages, c'est la modération et la patience.
00:16:11 Ils ont tout de l'audace de vouloir comparer leur profession à la mienne.
00:16:14 Faut-il que cela vous émeuve ?
00:16:16 Ce n'est pas de veines de gloire et de condition que les hommes doivent discuter entre eux,
00:16:19 et ce qui les distingue parfaitement les uns des autres, c'est la sagesse et la vertu.
00:16:23 Tu soulignes que la danse est une science à laquelle on peut faire assez d'honneur.
00:16:26 Moins que la musique en est une que tous les siècles ont révérée.
00:16:30 Je soutiens tous deux que la science de tirer des armes est la plus belle et la plus nécessaire de toutes les sciences.
00:16:34 Et que sera donc la philosophie ?
00:16:36 Je vous trouve tous trois bien répétitifs de parler devant moi avec cette arrogance,
00:16:41 et de donner impudemment le nom de science à des choses que l'on lui doit pas même honorer du nom d'art,
00:16:46 et qui ne peuvent être comprises que sous le nom de métiers misérables, de gladiateurs, de chanteurs et de baladins.
00:16:53 Allus philosophes de chiens !
00:16:55 Les bellicotes de pédants !
00:16:57 Les cuistres de bierfaits !
00:16:59 Comment ?
00:17:00 Marrant que vous êtes !
00:17:02 Monsieur le philosophe !
00:17:05 Un pave ! Un copain ! Un salaud !
00:17:08 Un bête ! Un animal !
00:17:10 Monsieur le philosophe !
00:17:12 Monsieur !
00:17:14 J'ai un peu besoin d'un baptême !
00:17:16 Monsieur !
00:17:18 Chiable !
00:17:20 Je suis un bon gars !
00:17:22 Monsieur le philosophe !
00:17:25 Monsieur le philosophe !
00:17:28 Monsieur le philosophe !
00:17:29 Bâtez-vous tant qu'il vous plaira !
00:17:31 Je ne lui saurais que faire !
00:17:33 Et je n'irai pas gâter ma robe pour vous séparer !
00:17:35 Il me faut bien d'aller me fourer parmi eux, pour savoir qu'il y a que le coup qui me ferait mal.
00:17:45 Hein ?
00:17:47 Hein ?
00:17:48 Hein ?
00:17:49 Ah !
00:17:50 Ah !
00:17:57 Ah !
00:17:59 Ah !
00:18:01 (Il chantonne.)
00:18:15 Oh !
00:18:18 Venons à notre leçon.
00:18:19 Oh ! Monsieur, je suis fâché des coups qu'ils vous ont donnés.
00:18:22 Cela n'est rien.
00:18:24 Un philosophe sait recevoir comme il faut les choses,
00:18:26 et je vais composer contre eux une satire du style juvénal qui les déchirera de la belle façon.
00:18:30 Et sans cela, que voulez-vous apprendre ?
00:18:32 À tout ce que je pourrais, car j'ai toutes les envies du monde d'être savant.
00:18:35 J'enrage que mon père et ma mère ne m'aient pas bien fait étudier dans toutes les sciences quand j'étais jeune.
00:18:39 Ce sentiment est raisonnable.
00:18:41 (Il lit.)
00:18:46 Vous entendez cela et vous savez le latin, sans doute.
00:18:48 Oui. Mais faites comme si je ne le savais pas, et expliquez-moi ce que cela veut dire.
00:18:52 Cela veut dire que sans la science, la vie est presque une image de la mort.
00:18:56 Ce latin-là a raison.
00:18:58 N'avez-vous point quelques principes, quelques commencements des sciences ?
00:19:02 Oui, je sais lire et crier.
00:19:04 Par où vous plaît-il que nous commencions ?
00:19:07 Voulez-vous que je vous apprenne la logique ?
00:19:09 Qu'est-ce que c'est que cette logique ?
00:19:11 C'est elle qui enseigne les trois opérations de l'esprit.
00:19:13 Et qui sont-elles, ces trois opérations ?
00:19:15 La première, la seconde et la troisième.
00:19:17 La première est de bien concevoir par le moyen des universaux.
00:19:21 La seconde, de bien juger par le moyen des catégories.
00:19:24 Et la troisième, de bien tirer une conséquence par le moyen des figures.
00:19:27 Barbara, c'est la reine Thédarie Ferriot, par Lipton et...
00:19:30 Oh, voilà des mots trop rébarbatifs.
00:19:32 Cette logique-là ne me revient point.
00:19:34 Apprenons autre chose qui soit plus jolie.
00:19:36 Voulez-vous apprendre la morale ?
00:19:38 La morale ?
00:19:39 Oui.
00:19:39 Qu'est-ce qu'elle dit, cette morale ?
00:19:41 Elle traite de la félicité.
00:19:44 Elle enseigne aux hommes à modérer leur passion.
00:19:45 Allez, récente-la.
00:19:47 Ah non, moi, je suis bilieux comme tous les diables.
00:19:49 Il n'y a morale qui est tienne. Je me veux mettre en colère.
00:19:51 Tout mon sou quand il m'en prend envie.
00:19:53 Est-ce la physique que vous voulez apprendre ?
00:19:55 Mais qu'est-ce qu'elle chante, cette physique ?
00:19:57 La physique est celle qui explique les principes des choses naturelles
00:20:00 et les propriétés du corps.
00:20:02 Qui discours de la nature, des éléments, des métaux, des minéraux,
00:20:06 des pierres, des plantes et des animaux.
00:20:08 Et qui nous enseigne les couves de tous les météores,
00:20:13 les lumières du ciel, les feux volants, les canettes, les éclairs,
00:20:15 le sonnerre, la pluie, la neige, la grêle, les vents et les tourbillons.
00:20:20 Mais il y a trop de teintes à barre là-dedans.
00:20:22 Il y a trop de bruit à mini.
00:20:24 Que voulez-vous donc que je vous apprenne ?
00:20:26 Prenez-moi l'orthographe.
00:20:28 Très volontiers.
00:20:30 Et après, vous m'apprendrez l'almana pour savoir quand il y a de la lune
00:20:32 et quand il n'y en a point.
00:20:34 Soit. Pour bien suivre votre pensée et traiter cette manière en philosophe,
00:20:36 il faut commencer selon l'ordre des choses,
00:20:38 par une connaissance exacte de la nature des lettres
00:20:42 et la différente manière de les prononcer toutes.
00:20:43 Et là-dessus, j'ai à vous dire que les lettres sont divisées en voyelles.
00:20:46 Ainsi dites voyelles, parce qu'elles expriment les voix.
00:20:49 Et en consonne, ainsi appelées consonne,
00:20:52 parce qu'elles sonnent avec les voyelles,
00:20:54 et ne font que marquer les diverses articulations des voix.
00:20:57 Il y a cinq voyelles ou voix.
00:20:59 A, E, I, O, U.
00:21:01 J'entends tout ça.
00:21:03 La voix se forme en ouvrant fort la bouche.
00:21:05 A.
00:21:07 A.
00:21:09 A.
00:21:11 La voix se forme en rapprochant la mâchoire d'en bas de celle d'en haut.
00:21:13 A. E.
00:21:15 A. E.
00:21:17 A. E.
00:21:19 Ah, mais ma foi, oui.
00:21:21 Que cela est beau.
00:21:23 Et la voix I, en rapprochant encore davantage les mâchoires
00:21:26 et en écartant les deux coins de la bouche vers les oreilles.
00:21:28 A. E. I.
00:21:31 A. E. I.
00:21:33 I. I. I.
00:21:35 Non, mais cela est vrai. Vive la science.
00:21:39 La voix O se forme en rouvrant les mâchoires
00:21:42 et en rapprochant les lèvres par les deux coins, le haut et le bas.
00:21:45 O. O. O.
00:21:47 Non, mais il n'y a rien de plus juste.
00:21:49 A. E. I. O.
00:21:51 Ah, là, ça, ça a été admirable.
00:21:53 I. O. I. O.
00:21:55 L'ouverture de la bouche, je veux dire,
00:21:57 c'est justement comme un petit rond qui représente un O.
00:21:59 O. O. O.
00:22:01 Vous avez raison.
00:22:03 La belle chose que de savoir quelque chose.
00:22:05 La voix U se forme en rapprochant les dents
00:22:08 sans les rejoindre entièrement,
00:22:09 allongeant les lèvres dehors,
00:22:11 les approchant ainsi l'une de l'autre
00:22:13 sans les joindre tout à fait.
00:22:15 U. U. U.
00:22:17 Il n'y a rien de plus véritable.
00:22:19 U.
00:22:21 Vos deux lèvres s'allongent comme si vous faisiez l'amour.
00:22:23 D'où vient que si vous la voulez faire à quelqu'un
00:22:25 et vous moquez de lui, vous ne sauriez lui dire que
00:22:27 U. U.
00:22:29 U. Oui, oui, ça, cela est vrai.
00:22:31 Ah, la queue de nez, j'ai dû dire plus tôt pour savoir tout cela.
00:22:34 Demain, nous verrons les autres lettres
00:22:37 qui sont les consonnes.
00:22:38 Est-ce qu'il y a des choses aussi curieuses qu'à celles-ci ?
00:22:40 Sans doute. La consonne D, par exemple,
00:22:42 se prononce en donnant du bout de la langue
00:22:44 au-dessus des dents d'en haut.
00:22:46 D. D. D.
00:22:48 Oui, ah, les belles choses, les belles choses.
00:22:51 L'F, en appuyant les dents d'en haut sur la lèvre de dessous.
00:22:54 F. F. F.
00:22:56 C'est la vérité.
00:22:58 Ah, mon père et ma mère, que je vous veux de mal.
00:23:00 L'air, en portant le bout de la langue jusqu'au haut du palais,
00:23:02 de sorte qu'étant frôlé par l'air qui sort avec force,
00:23:04 elle lui cède et revient,
00:23:06 toujours au même endroit,
00:23:07 faisant une manière de tremblement.
00:23:09 Rrrra. Rrrra. Rrrra. Rrrra. Rrrra.
00:23:13 Ah, mais cela est vrai.
00:23:15 La bille homme que vous êtes et que j'ai perdu de temps.
00:23:17 Rrrra. Rrrra. Rrrra. Rrrra.
00:23:20 Je vous expliquerai à fond toutes ces curiosités.
00:23:22 Je vous en prie, au reste.
00:23:24 Il faut que je vous fasse une confidence.
00:23:26 Je suis amoureux d'une personne de grande qualité.
00:23:31 Et je souhaiterais que vous m'aidassiez
00:23:33 à écrire quelque chose dans un petit billet
00:23:35 que je vais laisser tomber à ses pieds.
00:23:36 - Oh bien. - Cela sera galant, oui.
00:23:38 Sans doute. Sont-ce des vers que vous voulez écrire ?
00:23:41 Non, non, non. Pas de vers. Non.
00:23:43 - Vous ne voulez que de la prose ? - Non.
00:23:45 Oh non. Ni prose, ni vers.
00:23:47 - Il faut bien que ce soit l'un ou l'autre. - Pourquoi ?
00:23:49 Par la raison, monsieur, que pour s'exprimer,
00:23:51 il n'y a que la prose ou les vers.
00:23:53 Il n'y a que la prose ou les vers ?
00:23:55 Non, monsieur. Tout ce qui n'est pas un prose est vert.
00:23:57 Et tout ce qui n'est pas un vert est prose.
00:23:59 Comme l'on parle, qu'est-ce donc que cela ?
00:24:01 - De la prose. - Quoi ?
00:24:04 Quand je dis, "Nicolas, portez-moi mes pantoufles
00:24:06 et me donnez mon bonnet de nuit", c'est de la prose ?
00:24:08 Oui, monsieur.
00:24:10 Oh, ma foi ! Il n'y a plus de 40 ans que je dis de la prose
00:24:12 sans que j'en suce rien.
00:24:14 Je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela.
00:24:16 Donc, je voudrais lui mettre dans un billet,
00:24:19 "Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour.
00:24:24 Mais je voudrais que cela fût mis de manière galante,
00:24:26 que cela fût tourné gentiment."
00:24:28 [Bruit de porte]
00:24:30 Maître, que les feux de ses yeux réduisent votre corps en cendres,
00:24:36 que vous souffrez nuit et jour pour elle les violences d'un...
00:24:39 Non, non, non, je ne vous pointe tout cela.
00:24:41 Je ne veux que ce que je vous ai dit.
00:24:43 "Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour."
00:24:47 Il faut bien étendre un peu la chose.
00:24:49 Non, non, non, je ne veux que ces mots-là, dans le billet,
00:24:51 mais tournés à la mode, bien arrangés comme il faut.
00:24:54 Je vous prie de me dire un peu pour voir les diverses manières
00:24:57 dont on les peut mettre.
00:24:58 On les peut mettre premièrement, comme vous avez dit,
00:25:01 "Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour."
00:25:04 Ou bien, "D'amour mourir me font, belle marquise, vos beaux yeux."
00:25:08 Ou bien, "Vos yeux beaux d'amour me font, belle marquise, mourir."
00:25:13 Ou bien, "Mourir vos beaux yeux, belle marquise d'amour me font."
00:25:18 Ou bien, "Me font vos yeux beaux mourir, belle marquise d'amour."
00:25:26 Oui, de toutes ces façons-là, laquelle est la meilleure ?
00:25:28 Celle que vous avez dite, "Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour."
00:25:33 Ah ! Cependant, je n'ai point étudié, j'ai fait cela tout du premier coup.
00:25:39 Je vous remercie de tout mon cœur et vous prie de venir demain de bonne heure.
00:25:47 Je n'y manquerai pas.
00:25:55 Comment ? Mon habit n'est point encore arrivé ?
00:25:57 Non, monsieur.
00:25:59 Ce petit tailleur ! Fais bien attendre pour un jour que j'ai tant d'affaires.
00:26:02 J'enrage que la fièvre cartelle puisse serrer bien fort le bourreau du tailleur.
00:26:06 Au diable le tailleur ! Que la peste étouffe le tailleur.
00:26:09 Si je le tenais, là maintenant, ce tailleur détestable, ce chien de tailleur, ce traître de tailleur.
00:26:15 Allez, allez, plus vite, plus vite.
00:26:22 Ah, vous voilà ! Je m'allais mettre en colère contre vous.
00:26:24 Je n'ai pas pu venir plus tôt et j'ai mis vingt garçons après votre habit.
00:26:27 Ah oui ? Vous m'avez envoyé des bâtes soies si étroites que j'ai eu toutes les peines du monde à les mettre.
00:26:31 Et il y a deux mailles de rompus.
00:26:33 Ils ne s'élargiront que trop.
00:26:35 Ah, ben oui, ça, si je romps toujours des mailles.
00:26:37 Et vous m'avez fait faire aussi les souliers qui me blessent furieusement.
00:26:39 Point du tout, monsieur.
00:26:41 Mais comment point du tout ?
00:26:43 Non, ils ne vous blessent pas.
00:26:45 Mais je vous dis qu'ils me blessent.
00:26:47 Vous imaginez cela.
00:26:50 Ah !
00:26:51 C'est un chef-d'œuvre que d'avoir inventé un habit sérieux qui ne fut pas noir.
00:27:11 Et je le donne en six coups aux tailleurs les plus éclairés.
00:27:14 Qu'est-ce que c'est que ceci ? Vous avez mis les fleurs en en bas ?
00:27:18 Vous ne m'aviez pas dit que vous les vouliez en en haut.
00:27:20 Mais est-ce qu'il faut dire cela ?
00:27:22 Oui, vraiment. Toutes les personnes de qualité les portent de la sorte.
00:27:25 Ah, les personnes de qualité portent les fleurs en en bas ?
00:27:28 Oui, monsieur.
00:27:30 Oui, voilà qui est donc bien.
00:27:32 Si vous voulez, je les mettrai en en haut.
00:27:34 Non, vous n'avez qu'à dire.
00:27:36 Non, mais j'ai bien fait, vous dis.
00:27:38 Croyez-vous que mon habit maille bien ?
00:27:40 Belle demande.
00:27:42 Je défie un peintre avec son pinceau de vous faire rien de plus juste.
00:27:46 J'ai chez moi un garçon qui, pour monter une reingrave, est le plus grand génie du monde.
00:27:49 Et un autre qui, pour assembler un pourpoint, est le héros de notre temps.
00:27:53 Mais la perruque et les plumes sont-elles comme il faut ?
00:27:55 Tout est bien.
00:27:57 Oh, monsieur le tailleur, mais voilà mon étoffe du dernier habit que vous m'avez fait. Je la reconnais bien.
00:28:04 C'est que l'étoffe me sembla si belle que j'ai voulu lever un habit pour moi.
00:28:08 Mais il ne fallait pas le lever avec le mien.
00:28:10 Voulez-vous mettre votre habit ?
00:28:12 Oui, donnez-le-moi.
00:28:15 Mais regardez, cela ne va pas comme cela. J'ai amené des gens pour vous habiller en cadence.
00:28:18 Et ces sortes d'habits se mettent avec cérémonie.
00:28:20 Voilà !
00:28:22 Mettez cet habit à monsieur de la manière que vous faites aux personnes de qualité.
00:28:26 Voilà !
00:28:27 [Musique]
00:28:56 [Musique]
00:29:09 Mon gentilhomme, donnez, s'il vous plaît, aux garçons quelque chose pour boire.
00:29:13 Comment vous m'appelez-vous ?
00:29:15 Mon gentilhomme.
00:29:17 Mon gentilhomme. Voilà ce que c'est que de se mettre en personne de qualité.
00:29:20 Allez-vous en toujours. Demeurez habillé en bourgeois et on ne vous dira point.
00:29:23 Mon gentilhomme.
00:29:25 Tenez, voilà pour mon gentilhomme.
00:29:27 Monseigneur, nous vous sommes bien obligés.
00:29:29 Monseigneur, ah ah ! Monseigneur.
00:29:32 Mais attendez mon ami, si Monseigneur mérite quelque chose.
00:29:34 Et Monseigneur n'est pas une petite parole.
00:29:36 Tenez, voilà ce que Monseigneur vous donne.
00:29:39 Monseigneur, nous allons boire tous à la santé de votre grandeur.
00:29:44 Votre grandeur, ah ah !
00:29:46 Votre... Attendez, nous en avons point.
00:29:48 Ah, votre grandeur à moi.
00:29:51 Ma foi, s'il va jusqu'à la Lutèce, il aura toute la bourse.
00:29:54 Tenez, voilà pour ma grandeur.
00:29:56 Oh, Monseigneur, nous la remercions très humblement de ses libéralités.
00:30:01 Il a bien fait.
00:30:03 Je lui allais tout donner.
00:30:05 Suivez-moi afin que j'aille un peu montrer mon avis par la ville.
00:30:31 Et surtout, elle est très belle.
00:30:34 Et surtout, ayez soin tous deux de marcher immédiatement sur mes pas
00:30:37 afin qu'on voit bien que vous êtes à moi.
00:30:39 Oui, monsieur.
00:30:41 Nicole.
00:30:43 Je l'ai-t-il ?
00:30:45 Oui, écoutez.
00:30:47 Qu'as-tu à rire ?
00:30:49 Non, mais que...
00:30:51 Que veut dire cette coquine-là ?
00:30:53 Ah ah ah !
00:30:55 Ah ah ah !
00:30:57 Ah ah ah !
00:30:59 Ah ah ah !
00:31:02 Comme vous voilà bâtie !
00:31:03 Comme on d'autre !
00:31:05 Ah ah ah !
00:31:07 Qu'est-ce que tu me parles, esclave ?
00:31:09 Que te moques-tu de moi ?
00:31:11 Non, non, monsieur, j'en serais bien fâchée.
00:31:13 Je te baillerais sur le nez si tu riais davantage.
00:31:15 Monsieur, je ne peux pas m'en empêcher.
00:31:17 Ne t'inquiète pas.
00:31:19 Je vous demande pardon.
00:31:21 Vous êtes si plaisant que je ne saurais me tenir de rire.
00:31:25 C'est moi qui t'ai insolente !
00:31:27 Ah ah ah ! Vous êtes un fait drôle comme cela.
00:31:31 Je ferais de m'excuser.
00:31:32 Si tu ries encore le moins du monde,
00:31:34 je te jure que je t'appliquerai sur la joue
00:31:36 le plus grand soufflé qui se soit jamais donné.
00:31:38 Eh bien, monsieur, voilà qui est fait.
00:31:40 Je ne rirai plus.
00:31:42 Prends-y bien garde.
00:31:44 Il faut pourtant tout que tu nettoies.
00:31:46 Ah ah ah !
00:31:48 Il faut que tu nettoies comme il faut.
00:31:50 Il faut se dire que tu nettoies le sang sale.
00:31:53 Tenez, monsieur, battez-moi plutôt et me laissez rire.
00:31:56 Tout mon seau, cela ne me fera plus de bien.
00:31:58 Rage !
00:32:00 Rage, monsieur, je vous prie de me laisser rire.
00:32:02 Mais si je te prends !
00:32:04 Je crèverai si je ne ris.
00:32:06 Vous avez vu une bandarde comme celle-là
00:32:08 qui me rit insolemment au nez au lieu de recevoir mes ordres ?
00:32:10 Que voulez-vous que je fasse, monsieur ?
00:32:13 Il faut que le coquille a préparé ma maison
00:32:15 pour la compagnie qui doit venir tantôt.
00:32:17 À part ma faute, je n'ai plus envie de rire.
00:32:20 Toutes vos compagnies font tant de désordre séant
00:32:22 que ce mot est assez pour me mettre en mauvaise humeur.
00:32:24 Le doigt chou, importe-toi, fermez ma porte à tout le monde.
00:32:27 Vous devriez au moins la fermer à certaines gens.
00:32:29 (musique)
00:32:53 Voici une nouvelle histoire.
00:32:59 Qu'est-ce donc, mon mari, que cet équipage-là ?
00:33:01 Vous moquez-vous du monde de vous être fait enharnacher de la sorte ?
00:33:06 Et avez-vous envie qu'on se raille partout de vous ?
00:33:09 Il n'y a que les sots et les sottes, ma femme, qui se railleront de moi.
00:33:12 Vraiment ? On n'a pas attendu jusqu'à cette heure.
00:33:15 Il y a longtemps que vos façons de faire donnent à rire à tout le monde.
00:33:19 Et quel est donc tout ce monde-là, s'il vous plaît ?
00:33:21 Tout ce monde-là est un monde qui a raison
00:33:24 et qui est plus sage que vous.
00:33:27 Moi, je suis scandalisée de la vie que vous menez.
00:33:29 Je ne sais plus ce que c'est que notre maison.
00:33:31 On dirait ses hancars imprenants tous les jours.
00:33:34 Et dès le matin, de peur, dimanche,
00:33:36 on y entend des vacarmes de violons et de chanteurs
00:33:39 dont notre voisinage se trouve accommodée.
00:33:41 Madame parle bien.
00:33:43 Je ne saurais plus voir mon ménage propre
00:33:45 avec cette atterraille de gens que vous faites venir chez vous.
00:33:47 Ils ont des pieds qui viennent chercher de la boue
00:33:49 dans tous les quartiers de la ville pour l'apporter ici.
00:33:51 Et la pauvre Françoise est presque sur les dents.
00:33:53 À frotter les planchers, que vos bons maîtres viennent crotter
00:33:56 régulièrement tous les jours.
00:33:57 Mais, notre servante Nicole,
00:33:59 vous avez le caquet bien affilé pour une paysanne.
00:34:01 Nicole a raison.
00:34:03 Et son son, c'est meilleur que le vôtre.
00:34:06 Je voudrais bien savoir ce que vous pensez faire
00:34:08 d'un maître à danser à l'âge que vous avez.
00:34:11 Et d'un grand maître tireur d'armes
00:34:13 qui vient avec ses battements de pieds branler toute la maison.
00:34:15 Taisez-vous, ma servante et ma femme.
00:34:17 Vous voulez apprendre à danser pour quand vous n'aurez plus de jambes ?
00:34:20 Est-ce que vous avez envie de tuer quelqu'un ?
00:34:22 Mais taisez-vous, vous dix !
00:34:25 Vous vous fâchez entre l'une et l'autre
00:34:26 et vous ne savez pas les privilèges de tout cela.
00:34:28 Vous devriez bien plutôt songer à marier votre fille
00:34:33 qui est en âge d'être pourvue.
00:34:35 Je songerai à marier ma fille quand il se présentera un parti pour elle.
00:34:38 Et je veux songer aussi à apprendre les belles choses.
00:34:41 J'ai encore vu dire, madame,
00:34:44 qu'il a pris aujourd'hui pour renfort de potage
00:34:46 un maître de philosophie.
00:34:48 C'est fort bien.
00:34:50 Je veux avoir de l'esprit et savoir raisonner des choses
00:34:52 parmi des honnêtes gens.
00:34:54 Vous voulez apprendre au collège,
00:34:55 vous faire donner le fouet à votre âge ?
00:34:57 Pourquoi non ?
00:34:59 Tu es à l'oeuvre de l'avoir tout à l'heure, le fouet, devant tout le monde
00:35:01 et savoir ce qu'on apprend au collège.
00:35:03 Oui, ma foi, cela vous rendrait l'agent bien mieux fait.
00:35:05 Sans doute.
00:35:07 Et tout cela est fort nécessaire pour conduire votre maison.
00:35:09 Assurément.
00:35:11 Mais vous parlez comme deux bêtes.
00:35:13 J'ai honte de votre ignorance.
00:35:15 Par exemple, savez-vous ce que c'est que vous dites à cette heure ?
00:35:17 Oui, et je sais que ce que je dis est fort bien dit
00:35:19 et que vous devriez songer à vivre d'autres sortes.
00:35:21 Je ne parle pas de ça.
00:35:23 Vous parlez des paroles bien sensées
00:35:24 et votre conduite ne les guère.
00:35:26 Non, je ne parle pas de ça, je vous demande.
00:35:28 Ce que je parle avec vous, ce que je dis ici,
00:35:30 qu'est-ce que c'est ?
00:35:32 Des chansons.
00:35:34 Non, ce n'est pas cela.
00:35:36 Non, ce que nous nous disons tous les deux,
00:35:38 le langage que nous parlons à cette heure.
00:35:40 Eh bien ?
00:35:42 Comment est-ce que cela s'appelle ?
00:35:44 Ça s'appelle comme on veut l'appeler.
00:35:46 C'est de la prose, ignorante.
00:35:48 De la prose, de la prose.
00:35:50 Oui, et tout ce qui est prose n'est point vert
00:35:52 n'est point prose.
00:35:53 Et voilà, ce que c'est que d'étudier.
00:35:56 Et toi, sais-tu bien comment il faut faire pour dire "u" ?
00:36:01 Comment ?
00:36:03 Mais qu'est-ce que tu fais quand tu dis "u" ?
00:36:05 Quoi ?
00:36:07 Dis un peu "u" pour voir.
00:36:09 Eh bien, "u".
00:36:11 Qu'est-ce que tu fais ?
00:36:13 Je dis "u".
00:36:15 Oui, mais quand tu dis "u", qu'est-ce que tu fais ?
00:36:17 Je fais ce que vous me dites.
00:36:19 L'étrange chose que d'avoir affaire à des bêtes.
00:36:21 Tu allonges les lèvres en dehors et approches la mâchoire d'en bas de celle d'en haut.
00:36:23 "U", vois-tu, "u", vois-tu, je fais l'amour.
00:36:26 Oui, cela est pio.
00:36:28 Voilà qu'elle est admirable.
00:36:32 Et c'est bien autre chose.
00:36:34 Si vous aviez pu voir "o" et "da", "da" et "fa", "fa".
00:36:39 Mais qu'est-ce donc que tout ce galimatial là ?
00:36:42 De quoi est-ce que tout cela guérit ?
00:36:44 J'enrage quand je vois des femmes ignorantes.
00:36:46 Allez, vous devriez envoyer promener tous ces gens-là avec leurs fariboles.
00:36:50 Surtout ce grand escogriffe de maître d'armes, qui remplit de poussière tout mon ménage.
00:36:53 Non, mais oui, ce maître d'armes vous tient bien au cœur.
00:36:56 Et je veux te faire voir ton impertinence tout à l'heure.
00:36:59 Tiens !
00:37:01 Raison démonstrative.
00:37:03 La ligne du corps, quand on pousse en quarte, on n'a qu'à faire cela.
00:37:07 Et quand on pousse en tierce, on n'a qu'à faire cela.
00:37:09 Voilà le moyen de n'être jamais tué.
00:37:11 Cela n'est-il pas beau d'être assuré de son fait quand on se bat contre quelqu'un ?
00:37:14 Tiens, pousse-moi un peu pour voir.
00:37:16 Pousse-moi !
00:37:18 [Rire]
00:37:19 [Claquement de doigts]
00:37:22 Ah ! Non, mais ah ! Doucement, tout beau !
00:37:25 Tiens, entre-sois la coquine !
00:37:27 Vous me dites de pousser !
00:37:29 Oui, mais tu me pousses en tierce avant que de pousser en quarte, et tu n'as pas la patience que je pars.
00:37:32 Vous êtes fou, mon mari, avec vos fantaisies.
00:37:35 Et cela vous est venu, depuis que vous vous mêlez,
00:37:40 de hanter la noblesse.
00:37:43 [Musique]
00:37:52 Et lorsque je hante la noblesse, je fais paraître mon intelligence.
00:37:55 Et cela est plus beau que de hanter votre bourgeoisie.
00:37:58 Ah, ça non, vraiment !
00:38:00 Il y a fort à gagner à fréquenter vos nobles.
00:38:02 Et vous avez bien opéré, avec ce beau monsieur le comte dont vous vous êtes embéguiné.
00:38:07 Paix ! Fongez à ce que vous dites !
00:38:09 Savez-vous bien, ma femme, que vous ne savez pas de qui vous parlez quand vous parlez de lui ?
00:38:12 C'est un homme d'importance plus que vous le pensez.
00:38:14 C'est un seigneur que l'on respecte, à la cour,
00:38:17 et qui parle au roi tout comme je vous parle.
00:38:20 Et n'est-ce pas une chose qui m'est tout à fait honorable ?
00:38:25 Que l'on me voie venir chez moi si souvent, un homme de cette qualité,
00:38:28 qui m'appelle son cher ami, et qui me traite comme si j'étais son égal.
00:38:31 Il a pour moi des bontés qu'on ne devinerait jamais,
00:38:34 et devant tout le monde me fait des caresses dont je suis moi-même confus.
00:38:37 Oui, il a des bontés pour vous et vous fait des caresses,
00:38:41 mais il vous emprunte votre argent.
00:38:43 Taisez-vous, je vous dis !
00:38:45 Et n'est-ce pas de l'honneur de prêter de l'argent à un homme de cette condition-là ?
00:38:52 Et puis je fais rien pour un seigneur qui m'appelle son cher ami !
00:38:55 Et ce seigneur, que fait-il pour vous ?
00:38:58 Oh, des choses dont on serait étonné si on les savait.
00:39:01 Et quoi ?
00:39:03 Baffe ! Je ne puis pas m'expliquer.
00:39:05 Il suffit que si je lui ai prêté de l'argent, il me le rendra bien avant qu'il soit peu.
00:39:08 Oui, attendez-vous à cela.
00:39:10 Bien sûr, il ne m'a-t-il pas dit ?
00:39:11 Oui, oui, il ne manquera pas d'y faillir.
00:39:14 Il m'a juré sa voix de chantillon.
00:39:16 Chanson !
00:39:18 Oh, ma femme, vous êtes bien obstinée. Je vous dis qu'il me tiendra parole, j'en suis sûr.
00:39:22 Eh bien, moi, je vous jure que non,
00:39:24 et que toutes les caresses qu'il vous fait ne sont que pour vous enjôler.
00:39:28 Peut-être vient-il encore vous faire quelques emprunts.
00:39:30 Il me semble que j'ai dîné quand je le vois.
00:39:33 Taisez-vous !
00:39:35 [Musique]
00:39:42 Mon cher ami, Monsieur Jourdain, comment vous portez-vous ?
00:39:46 Fort bien, Monsieur, pour vous rendre mes petits services.
00:39:49 Et Madame Jourdain que voilà ! Comment se porte-t-elle ?
00:39:53 Madame Jourdain se porte comme elle peut.
00:39:55 Comment ?
00:39:57 Monsieur Jourdain, vous voilà le plus propre du monde.
00:40:02 Vous voyez ? Vous avez tout à fait bon air avec cet habit.
00:40:05 Et nous n'avons point de jeunes gens à la cour qui soient mieux faits que vous.
00:40:08 Ah ! Ah !
00:40:10 Il le gratte par où il se démange.
00:40:13 Tournez-vous.
00:40:15 Oui, cela est tout à fait galant.
00:40:18 Oui, aussi sur par derrière que par devant.
00:40:21 Ma foi, Monsieur Jourdain, j'avais une impatience étrange de vous voir.
00:40:25 Vous êtes l'homme du monde que j'estime le plus.
00:40:27 Et je parlais de vous encore ce matin dans la chambre du roi.
00:40:31 Monsieur, c'est trop d'honneur que vous me faites dans la chambre du roi.
00:40:33 Allons, mettez.
00:40:35 Ah ! Monsieur, je sais le respect que je vous dois.
00:40:37 Bon, tu mettes, point de cérémonie entre nous, je vous prie.
00:40:39 Monsieur.
00:40:41 Mettez, vous dis-je, Monsieur Jourdain.
00:40:43 Vous êtes mon ami.
00:40:45 Monsieur, je suis votre serviteur.
00:40:47 Je ne me couvrirai point si vous ne vous couvrez.
00:40:49 J'aime mieux être un civil qu'un portain.
00:40:52 Je suis votre débiteur, comme vous le savez.
00:40:56 Oui, nous ne le savons que trop.
00:40:59 Vous m'avez généreusement prêté de l'argent en plusieurs occasions
00:41:01 et m'avez obligé de la meilleure grâce du monde, assurément.
00:41:03 Monsieur, vous vous moquez.
00:41:05 Mais je sais rendre ce qu'on me prête et reconnaître les plaisirs qu'on me fait.
00:41:08 Monsieur, je n'en doute point.
00:41:10 Je veux sortir d'affaires avec vous et je viens ici pour faire nos comptes ensemble.
00:41:13 Vous voyez, ma femme, votre impertinence.
00:41:18 Je suis homme qui aime à m'acquitter le plus tôt que je puis.
00:41:21 Je vous le disais bien.
00:41:23 Voyons un peu ce que je vous dois.
00:41:25 Vous voilà avec vos soupçons ridicules.
00:41:28 Vous vous souvenez bien de tout l'argent que vous m'avez prêté ?
00:41:30 Je crois, oui. J'en ai fait un petit mémoire.
00:41:33 Le voici.
00:41:45 Et donnez à vous une fois 200 louis.
00:41:49 Cela est vrai.
00:41:51 Une autre fois 620.
00:41:53 Et une autre fois 140.
00:41:55 Vous avez raison.
00:41:57 Ce sont 460 louis qui valent 5060 livres.
00:41:59 Le compte est fort bon.
00:42:02 5060 livres.
00:42:04 1832 livres à votre plumassier.
00:42:06 Justement.
00:42:08 2780 livres à votre tailleur.
00:42:11 Il est vrai.
00:42:13 4379 livres, 12 sols et 8 deniers à votre marchand.
00:42:18 Fort bien. 12 sols, 8 deniers. Le compte est juste.
00:42:23 Et 1748 livres, 7 sols, 4 deniers à votre scellier.
00:42:27 Tout cela est véritable.
00:42:29 Qu'est-ce que cela fait ?
00:42:31 Somme totale, 15800 livres.
00:42:34 Somme totale est juste.
00:42:36 15800 livres.
00:42:39 Mettez encore 200 pistoles que vous m'allez donner.
00:42:44 Cela fera justement 18000 francs que je vous paierai au premier jour.
00:42:49 Je ne l'avais pas bien deviné.
00:42:51 Cela vous incommodera-t-il de me donner ce que je vous dis ?
00:42:54 - Cet homme-là fait de vous une vache à lèvres. - Taisez-vous.
00:42:57 Vous n'avez qu'à me le dire si cela vous embarrasse.
00:42:59 - J'en irai chercher ailleurs. - Non, monsieur.
00:43:01 Il ne sera pas content qu'il ne vous ait ruiné.
00:43:04 Vous n'avez qu'à me le dire si cela vous embarrasse.
00:43:07 - Au point. - Monsieur.
00:43:09 - C'est un vrai enjauleux. - Taisez-vous.
00:43:11 - Il vous sucera jusqu'au dernier souffle. - Mais vous tirez où ?
00:43:14 - Vous ne me le direz pas. - Vous me le direz.
00:43:17 - Mais vous tirez où ? - J'ai force Jean qui m'en prêterait avec joie.
00:43:19 Mais comme vous êtes mon meilleur ami, j'ai cru que je vous ferais tort si j'en allais demander ailleurs.
00:43:22 Monsieur, c'est trop d'honneur que vous me faites. Je m'en vais guérir votre affaire.
00:43:25 Quoi ? Vous allez encore lui donner cela ?
00:43:28 Mais que faire-je ? Je refuse un homme de cette condition-là qui a parlé ce matin de moi dans la chambre du roi.
00:43:32 Allez, vous êtes une vraie dupe.
00:43:46 Vous me semblez toute mélancolique. Qu'avez-vous, madame Jourdain ?
00:43:49 J'ai la tête plus grosse que le poing et pourtant elle n'est pas enflée.
00:43:54 Mademoiselle, votre fille, où est-elle que je ne la vois point ?
00:43:57 Mademoiselle, ma fille est bien où elle est.
00:44:00 - Comment se porte-t-elle ? - Elle se porte sur ses deux jambes.
00:44:03 Ne voulez-vous point de ces jours venir voir avec elle le ballet et la comédie que l'on fait chez le roi ?
00:44:07 Vraiment ? Nous avons forte envie de rire. Forte envie de rire, nous avons.
00:44:14 Je pense, madame Jourdain, que vous avez eu bien des amants dans votre jeune âge.
00:44:17 Belles et d'agréable humeur comme vous étiez.
00:44:20 Très d'âme, monsieur.
00:44:22 Est-ce que madame Jourdain est décrépite ? Et la tête lui grouille-t-elle déjà ?
00:44:28 Ma foi, madame Jourdain, je vous demande pardon. Je ne songeais pas que vous êtes jeune et je rêve le plus souvent.
00:44:33 Je vous prie d'excuser mon impertinence.
00:44:43 Je sens Louis bien compter.
00:44:44 Je vous assure, monsieur Jourdain, que je suis tout à vous et je brûle de vous rendre service à la cour.
00:44:50 Je vous suis trop obligé.
00:44:52 Si madame Jourdain veut voir le divertissement royal, je lui ferai donner les meilleures places de la salle.
00:44:55 Oh, madame Jourdain, vous baisez les mains.
00:44:58 Notre belle marquise, comme je vous ai demandé par mon billet, viendra tantôt ici pour le repas.
00:45:11 Je vous fais consentir enfin au divertissement que vous lui voulez donner.
00:45:13 Retirons-nous un peu plus loin pour causer.
00:45:15 Il y a huit jours que je ne vous ai vu et je ne vous ai point donné de nouvelles du diamant que vous me mittez entre les mains pour lui en faire présente votre parmé.
00:45:25 C'est que j'ai eu toutes les peines du monde à vaincre, sans scrupuler.
00:45:28 Ce n'est que d'aujourd'hui qu'elle s'est résolue à l'accepter.
00:45:30 Mais comment l'a-t-elle trouvé ?
00:45:32 Merveilleux. Et je me trompe fort où la beauté de ce diamant fera pour vous, sur son esprit, un effet admirable.
00:45:38 Oh, putain de ciel !
00:45:40 Quand il est une fois avec lui, il ne peut le quitter.
00:45:43 Je lui ai fait valoir comme il faut la richesse de ce présent et la grandeur de votre amour.
00:45:47 Ce sont là des bontés qui m'accablent.
00:45:50 Je suis dans la confusion la plus grande du monde.
00:45:53 De voir un homme de votre qualité s'assabaisser pour moi, ce que vous faites.
00:45:56 Vous moquez-vous ?
00:45:58 Est-ce qu'entre amis on s'arrête à ces sortes de scrupules ?
00:46:01 Et ne feriez-vous pas pour moi la même chose si l'occasion s'en offrait ?
00:46:03 Oh, assurément ! Et de très bonnes choses.
00:46:07 Sa présence me pèse sur les épaules.
00:46:09 Pour moi, je ne regarde rien quand il faut servir un ami.
00:46:12 Et lorsque vous me fiez de confidence de l'ardeur que vous aviez prise pour cette marquise, agréable,
00:46:17 chez qui j'avais commerce, vous vide que d'abord je m'offris de moi-même à servir votre amour.
00:46:22 Il est vrai, ce sont des bontés qui me confondent.
00:46:25 Est-ce qu'il ne s'en ira point ? Ils se trouvent bien ensemble.
00:46:30 Vous avez pris le bon biais pour toucher son cœur.
00:46:32 Les femmes aiment surtout les amoureuses.
00:46:35 Les femmes aiment surtout les dépenses qu'on fait pour elles.
00:46:37 Et vos fréquentes sérénades, et vos bouquets continuels.
00:46:40 Ce superbe feu d'artifice qu'elle trouva sur l'eau.
00:46:43 Le diamant qu'elle a reçu de votre part.
00:46:45 Et cette fête que vous lui avez préparée.
00:46:47 Tout cela lui parle bien mieux en faveur de votre amour
00:46:50 que toutes les paroles que vous auriez pu lui dire vous-même.
00:46:52 Il n'y a point de dépenses que je ne fie si par là je pouvais trouver le chemin de son cœur.
00:46:57 Non, non, mais la femme de qualité a pour moi des charmeurs ravissants.
00:47:02 Et c'est un honneur que j'achèterais le prix de toute chose.
00:47:05 Que peuvent-ils t'en dire ensemble ?
00:47:07 Va-t'en un peu tout doucement près de l'oreille.
00:47:10 C'est tantôt que vous jouirez à votre air le plaisir de sa vue.
00:47:13 Et vos yeux auront tout le temps de se satisfaire.
00:47:15 Pour être en pleine liberté, j'ai fait en sorte que ma femme ait à dîner chez sa sœur.
00:47:19 Et il passera tout l'après-dîner.
00:47:24 Vous avez fait prudemment et votre femme aurait pu nous embarrasser.
00:47:28 J'ai donné pour vous l'ordre qu'il faut cuisiner à toutes les choses qui sont nécessaires pour le divertissement.
00:47:32 Il est de mon invention et pourvu que l'exécution puisse répondre à l'idée, je suis sûr qu'il sera trouvé.
00:47:38 Mais voyez l'impertinent !
00:47:42 Non, sortons s'il vous plaît.
00:47:45 Ma foi, madame, la curiosité m'a coûté quelque chose, mais je crois qu'il y a quelque anguille sous roche.
00:47:49 Il parle de quelque affaire où il ne veut pas que vous soyez.
00:47:52 Ce n'est pas d'aujourd'hui, Nicole, que j'ai conçu les soupçons de mon mari.
00:47:57 Je ne suis pas une femme de la vie.
00:47:59 Je suis une femme de la vie.
00:48:01 Je suis une femme de la vie.
00:48:03 Je suis une femme de la vie.
00:48:05 Je suis une femme de la vie.
00:48:07 Je suis une femme de la vie.
00:48:09 Je suis une femme de la vie.
00:48:12 Ce n'est pas d'aujourd'hui, Nicole, que j'ai conçu les soupçons de mon mari.
00:48:14 Je suis la plus trompée du monde où il y a quelque amour en campagne, et je travaille à découvrir ce que ce peut être.
00:48:20 Mais sans Jean, ma fille...
00:48:23 Tu sais l'amour que Cléon a pour elle.
00:48:30 C'est un homme qui me revient.
00:48:32 Je veux aider sa cour, et lui donner Lucille, si je le puis.
00:48:38 En vérité, madame, je suis la plus ravie du monde de vous voir dans ces sentiments, car si le maître vous revient, le valet ne me revient pas moins.
00:48:45 Et je souhaiterais que notre mariage puisse se faire à l'ombre du leur.
00:48:48 Va-t'en lui en parler de ma part, et lui dire que tout à l'heure il me vient de trouver, pour faire ensemble, à mon mari, la demande de ma fille.
00:48:55 J'y cours, madame, avec joie.
00:48:57 Je ne pouvais pas recevoir une commission plus agréable.
00:49:00 Je vais, je pense, bien réjouir les gens.
00:49:02 [Musique]
00:49:10 [Bruit de porte qui s'ouvre]
00:49:12 Ah ! Vous voilà ! Je suis une ambassadrice de joie, et je viens...
00:49:26 Retire-toi, perfide, et ne me viens pas amuser avec tes très très paroles.
00:49:29 Mais sans ci, que vous...
00:49:31 Retire-toi, te dis-je, et va-t'en dire de ce pas ton infidèle maîtresse, qu'elle n'abusera de sa vie le trop simple cléante.
00:49:36 Quelle caprice à ce don-là ! Mon pauvre coviel, dis-moi un peu ce que cela veut dire.
00:49:40 Mon pauvre coviel, petite scélérate, allons vite, ôte-toi de mes yeux, vilaine, et me laisse en repos.
00:49:45 Quoi ? Tu reviens, toi ?
00:49:47 Ôte-toi de mes yeux, te dis-je, et ne me parle de ta vie.
00:49:49 Ouais, quelle mouche les a piqués, tous deux.
00:49:57 Allons de cette belle histoire informer ma maîtresse.
00:50:00 Quoi ? Traiter un amant de la sorte ? Un amant le plus fidèle et le plus passionné de tous les amants ?
00:50:09 C'est une chose épouvantable, ce qu'on nous fait à tous deux.
00:50:12 Je vais voir pour une personne toute l'ardeur et toute la tendresse qu'on peut imaginer.
00:50:15 Je n'aime rien au monde qu'elle, je n'ai qu'elle dans l'esprit.
00:50:18 Elle fait tous mes soins, tous mes désirs, toute ma joie.
00:50:21 Je ne parle que d'elle, je ne pense qu'à elle, je ne fais des songes que d'elle, je ne respire que par elle.
00:50:26 Mon cœur vit tout en elle.
00:50:28 Et voilà de tant d'amitié, la digne récompense.
00:50:31 Je suis deux jours sans la voir, qui sont pour moi deux siècles effroyables.
00:50:35 Je la rencontre par hasard.
00:50:37 Mon cœur et cette vue se sont tous transportés, la joie éclate sur mon visage.
00:50:41 Je vole avec ravissement vers elle, et l'infidèle détourne de moi ses regards et passe brusquement comme si de sa vie elle ne m'avait vue.
00:50:47 Je dis les mêmes choses que vous.
00:50:49 Peut-on rien voir d'égal qu'aux vies elle a cette perfidie de l'ingrate Lucille ?
00:50:52 Et à celle, monsieur, de la pandarde de Nicole ?
00:50:56 Après tant de sacrifices ardents, de soupirs et de vœux que j'ai faits à ses charmes.
00:50:58 Après tant d'assis du hommage, de soins et de services que je lui ai rendus dans sa cuisine.
00:51:02 Tant de larmes que j'ai versées à ses genoux.
00:51:04 Tant de saut d'eau que j'ai tirées au puits pour elle.
00:51:05 Tant d'ardeur que j'ai fait paraître à la chérir plus que moi-même.
00:51:08 Tant de chaleur que j'ai soufferte à tourner la broche à sa place.
00:51:10 Elle me fuit avec mépris.
00:51:12 Elle me tourne le dos avec effronterie.
00:51:13 C'est une perfidie digne des plus grands châtiments.
00:51:16 C'est une trahison à mériter mille soufflets.
00:51:18 Ne t'avise pas, je te prie, de ne parler jamais pour elle.
00:51:20 Moi, monsieur, n'ayez pas peur.
00:51:21 Ne viens pas m'excuser l'action de cette infidèle.
00:51:23 Dieu m'en garde.
00:51:24 N'envoie-tu tous tes discours pour la défendre, ne serviront de rien.
00:51:26 Qui songe à cela ?
00:51:29 Je veux contre elle conserver mon ressentiment et rompre ensemble tout commerce.
00:51:33 J'y consomme.
00:51:34 Ce monsieur le comte qui va chez elle lui donne peut-être dans la vue.
00:51:37 Et son esprit, je le vois bien se laisser glouir à la qualité.
00:51:40 Mais il me faut pour mon honneur prévenir l'éclat de son inconstance.
00:51:43 Je veux faire autant de paquets le changement où je la vois courir.
00:51:46 Et ne lui laissez pas toute la gloire de me quitter.
00:51:48 Fort bien dit.
00:51:49 Et j'entre pour mon comte dans tous vos sentiments.
00:51:51 Donne la main, mon dépit,
00:51:57 et soutiens ma résolution contre tous les restes d'amour qui me pourraient parler pour elle.
00:52:01 Dimanche, je t'en conjure tout le mal que tu pourras.
00:52:04 Fais-moi de sa personne une peinture qui me la rende méprisable.
00:52:07 Et marque-moi bien, pour m'en dégoûter, tous les défauts que tu peux voir en elle.
00:52:11 Elle, monsieur ?
00:52:15 Voilà une belle mijaurée.
00:52:16 Une aguicheuse bien bâtie pour vous donner tant d'amour.
00:52:20 Je ne lui vois rien que de très médiocre.
00:52:23 Et vous trouverez cent personnes qui seront plus dignes de vous.
00:52:27 Premièrement,
00:52:28 elle a les yeux petits.
00:52:30 Cela est vrai, elle a les yeux petits, oui.
00:52:33 Mais elle les a plein de feu.
00:52:35 Les plus brillants, les plus perçants du monde, et les plus touchants qu'on puisse voir.
00:52:39 Elle a la bouche grande.
00:52:40 Ouais.
00:52:42 Mais on y voit des grâces qu'on ne voit point aux autres bouches.
00:52:44 Et cette bouche, en la voyant, inspire des désirs.
00:52:46 Et la plus attrayante et la plus amoureuse du monde.
00:52:49 Pour sa taille, elle n'est pas grande.
00:52:51 Non.
00:52:52 Mais elle est aisée et bien prise.
00:52:54 Puisque cela va comme cela, je vois bien que vous avez envie de l'aimer toujours.
00:53:00 Moi ?
00:53:01 J'aimerais mieux mourir.
00:53:03 Et je vais la haïr autant que je l'ai aimée.
00:53:05 Le moyen, si vous la trouvez si parfaite.
00:53:11 Pour moi, j'en étais toute scandalisée.
00:53:13 Ce ne peut être, Nicole, que ce que je dis.
00:53:15 C'est en quoi ma vengeance sera plus éclatante.
00:53:19 En quoi je veux faire mieux voir la force de mon cœur.
00:53:21 A la haïr, à la quitter.
00:53:23 Toute belle, toute pleine d'attrait, toute aimable que je la trouve.
00:53:26 Je ne sais pas.
00:53:34 Je ne sais pas.
00:53:37 Je ne sais pas.
00:53:38 Vous ne voulez pas seulement lui parler ?
00:53:42 Je veux vous imiter.
00:53:43 Qu'est-ce donc, les hontes, qu'avez-vous ?
00:53:45 Qu'as-tu donc, Ovielle ?
00:53:46 Quel chagrin vous possède ?
00:53:48 Quelle mauvaise humeur te tient ?
00:53:49 Êtes-vous le muet, les hontes ?
00:53:51 As-tu perdu la parole, Ovielle ?
00:53:53 Ah, que voilà qui est scélérat.
00:54:00 Cela est Judas.
00:54:02 Je vois bien que la rencontre de tantôt a troublé votre esprit.
00:54:06 On voit ce qu'on a fait.
00:54:07 Notre accueil de ce matin t'a fait prendre la chèvre.
00:54:10 On a deviné la blessure.
00:54:11 N'est-il pas vrai, Cléon, ce que c'est là le sujet de votre dépit ?
00:54:15 Oui, pérfide, ce l'est, puisqu'il faut parler.
00:54:17 Et j'avoue dire que vous ne triompherez pas comme vous pensez de votre infidélité.
00:54:20 Que je vais être le premier à rompre avec vous et que vous n'aurez pas l'avantage de me chasser.
00:54:24 J'aurai de la peine, sans doute, à vaincre l'amour que j'ai pour vous.
00:54:27 Cela me causera des chagrins, je souffrirai un temps,
00:54:30 mais j'en viendrai à bout.
00:54:32 Et je me persuaderai plutôt le cœur que d'avoir la faiblesse de retourner à vous.
00:54:35 Que si, que mis.
00:54:36 Voilà bien du bruit pour un rien.
00:54:38 Je veux vous dire, Cléonte, le sujet qui m'a fait ce matin éviter votre abord.
00:54:41 Non, je ne veux rien écouter.
00:54:43 Je te veux apprendre la cause qui nous a fait passer si vite.
00:54:49 Je ne veux rien entendre.
00:54:50 Sachez que ce matin...
00:54:52 Non, vous dis-je.
00:54:53 Apprends que...
00:54:54 Non, traîtresse.
00:54:55 Écoutez...
00:54:56 Pas d'affaires.
00:54:57 Laisse-moi dire...
00:54:58 Je suis sourd.
00:54:59 Cléonte...
00:55:00 Non.
00:55:01 Toi.
00:55:02 Arrêtez.
00:55:03 Chanson.
00:55:04 Entends-moi.
00:55:06 Baguette.
00:55:07 Un moment.
00:55:10 Point du tout.
00:55:11 Un peu de patience.
00:55:13 Taratata.
00:55:14 Deux paroles.
00:55:18 Non, sans effet.
00:55:19 Un mot.
00:55:20 Plus de commerce.
00:55:21 Eh bien, puisque vous ne voulez pas m'écouter,
00:55:23 de nourrir dans votre pensée et faites ce qui vous plaira.
00:55:25 Puisque tu fais comme cela, prends le tout comme tu voudras.
00:55:31 Sachant donc le sujet d'un si bel accueil.
00:55:33 Il ne me plaît plus de le dire.
00:55:36 Apprends-nous un peu cette histoire.
00:55:38 Je ne veux plus, moi, te la prendre.
00:55:39 Dites-moi.
00:55:40 Non, je ne veux rien dire.
00:55:41 Conte-moi.
00:55:42 Non, je ne compte rien.
00:55:43 De grâce.
00:55:44 Non, vous dis-je.
00:55:45 Par charité.
00:55:46 Point d'affaires.
00:55:47 Je vous en prie.
00:55:48 Laissez-moi.
00:55:49 Je t'en conjure.
00:55:50 Hôte-toi de là.
00:55:51 Lucille.
00:55:52 Non.
00:55:53 Nicole.
00:55:54 Point.
00:55:55 Au nom des dieux.
00:55:56 Je ne veux pas.
00:55:57 Parle-moi.
00:55:58 Point du tout.
00:55:59 Puisque vous vous souciez si peu de me tirer de peine
00:56:01 et de vous justifier du traitement indigne que vous avez fait à ma flamme,
00:56:04 vous me voyez ingrate pour la dernière fois.
00:56:06 Je vais loin de vous mourir de douleur et d'amour.
00:56:08 Et moi, je vais suivre ses pas.
00:56:11 Cléonte !
00:56:14 Coviel !
00:56:15 C'est-il.
00:56:16 Où allez-vous ?
00:56:18 Où je vous ai dit ?
00:56:20 Nous allons mourir.
00:56:22 Vous allez mourir, Cléonte.
00:56:23 Oui, Cruelle.
00:56:24 Puisque vous le voulez.
00:56:25 Moi, je veux que vous mouriez.
00:56:27 Oui, vous le voulez.
00:56:28 Qui vous le dit ?
00:56:29 N'est-ce pas le vouloir que de ne vouloir pas éclaircir mes soupçons ?
00:56:32 Est-ce ma faute ?
00:56:42 Si vous aviez voulu m'écouter, ne vous aurais-je pas dit
00:56:44 que l'aventure dont vous vous plaignez a été causée ce matin,
00:56:47 en la présence d'une vieille tante,
00:56:49 qui veut à toute force que la seule approche d'un homme déshonnere une fille,
00:56:52 qui perpétuellement nous sermonne sur son chapitre,
00:56:54 et nous figure tous les hommes comme des diables qu'il faut fuir.
00:56:57 Voilà le secret de l'affaire.
00:56:58 Ne me trompez-vous point, Lucille.
00:57:00 Ne m'en donnes-tu point, gardé ?
00:57:02 Il n'est rien de plus vrai.
00:57:03 C'est la chose comme elle est.
00:57:04 Nous rendrons-nous à cela ?
00:57:06 Ah, Lucille, qu'avec un mot de votre bouche,
00:57:10 vous savez apaiser deux choses dans mon cœur.
00:57:12 Que facilement se laisse persuader aux personnes qu'on est.
00:57:15 Qu'on est tes aimants amadoués, par ces diantres d'animaux.
00:57:20 [Rires]
00:57:22 Cléonte !
00:57:29 Je suis bien aise de vous voir.
00:57:33 Et vous voilà toutes à propos.
00:57:36 Mon mari vient.
00:57:38 Prenez vite votre temps pour lui demander Lucille en mariage.
00:57:41 Ah, madame, que cette parole m'aie douce, et qu'elle flotte mes désirs.
00:57:45 Pouvais-je recevoir un ordre plus charmant, une faveur plus précieuse ?
00:57:49 Monsieur ?
00:57:50 Je n'ai voulu prendre personne pour vous faire une demande que je médite il y a longtemps.
00:57:59 Elle me touche assez pour m'en charger moi-même.
00:58:02 Et sans autre détour, je vous dirais que l'honneur d'être votre gendre est une faveur glorieuse que je vous prie de m'accorder.
00:58:08 Avant que de vous rendre en réponse, monsieur, je vous prie de me dire si vous êtes gentil, homme.
00:58:11 Monsieur, la plupart des gens sur cette question n'hésitent pas beaucoup.
00:58:16 On tranche le mot aisément. Ce nom ne fait aucun scrupule à prendre, et l'usage d'aujourd'hui semble en autoriser le vol.
00:58:20 Je trouve que toute imposture est indigne d'un honnête homme.
00:58:23 Qu'il y a de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait naître.
00:58:27 Je suis né de parents sans doute qui ont tenu des charges honorables.
00:58:32 Je me suis acquis dans les armes l'honneur de six ans de service.
00:58:35 Et je me trouve assez de bien pour tenir dans le monde un rang assez passable.
00:58:39 Mais avec tout cela, je ne veux pas me donner un nom où d'autres à ma place croiraient pouvoir prétendre.
00:58:44 Et je vous dirai franchement que je ne suis point gentil, homme.
00:58:46 Touchez-la, monsieur. Ma fille n'est pas pour vous.
00:58:51 Comment ?
00:58:53 Si vous n'êtes point gentil, vous n'aurez pas ma fille.
00:58:55 Mais que voulez-vous donc dire avec votre gentilhomme ?
00:59:03 Est-ce que nous sommes nous autres de la côte de Saint-Louis ?
00:59:06 Taisez-vous, ma femme, je vous vois venir.
00:59:08 Descendons-nous, tous deux.
00:59:10 Que de bonnes bourgeoisies.
00:59:12 Voilà pas le coup de langue.
00:59:14 Et votre père, n'était-il pas marchand aussi bien que le mien ?
00:59:16 La peste soit de la femme, elle n'y a jamais manqué.
00:59:18 Alors si votre père a été marchand, tant pis pour lui.
00:59:20 Pour ce qui est du mien, ce sont des malavisés qui disent cela.
00:59:22 Tout ce que j'ai à vous dire, moi, c'est que je veux avoir un gendre gentilhomme.
00:59:25 Il faut à votre fille un mari qui lui soit propre.
00:59:28 Et il vaut mieux pour elle un honnête homme, riche et bien fait,
00:59:31 qu'un gentilhomme gueux et mal bâti.
00:59:34 Cela est vrai.
00:59:36 Et vous, vous êtes un homme bien fait.
00:59:38 Un homme bien fait, riche et bien fait.
00:59:40 Un homme bien fait, riche et bien fait.
00:59:42 Un homme bien fait, riche et bien fait.
00:59:44 Un homme bien fait, riche et bien fait.
00:59:46 Un homme bien fait, riche et bien fait.
00:59:48 Un homme bien fait, riche et bien fait.
00:59:50 Un homme bien fait, riche et bien fait.
00:59:52 Un homme bien fait, riche et bien fait.
00:59:54 Un homme bien fait, riche et bien fait.
00:59:56 Un homme bien fait, riche et bien fait.
00:59:58 Un homme bien fait, riche et bien fait.
01:00:00 Un homme bien fait, riche et bien fait.
01:00:02 Un homme bien fait, riche et bien fait.
01:00:04 Un homme bien fait, riche et bien fait.
01:00:06 Je ne veux point d'un gendre qui puisse à ma fille reprocher ses parents,
01:00:10 et qu'elle ait des enfants qui ont de m'appeler leur grand-maman.
01:00:13 Et s'il fallait qu'elle me vînt visiter en équipage de grande âme,
01:00:17 et que, par mégarde, elle manquât à saluer quelqu'un du quartier,
01:00:20 on ne manquerait pas aussitôt de dire sans bêtise.
01:00:23 Voyez-vous, dirait-on, cette madame la marquise là,
01:00:28 qui fait tant sa glorieuse,
01:00:30 c'est la fille de monsieur Jourdain,
01:00:32 qui était trop heureuse, étant petite,
01:00:34 de jouir à la madame avec nous.
01:00:36 Mais elle n'a pas toujours été si prétentieuse que la voilà.
01:00:39 Ses deux grands-pères vendaient du drap auprès de la porte sainte innocente.
01:00:44 Ils ont amassé du bien à leurs enfants,
01:00:47 qu'ils payent maintenant peut-être encore bien cher en l'autre monde.
01:00:51 Et l'on ne devient guère si riche en étant honnête gens.
01:00:54 Je ne veux point tous ces caquets.
01:00:56 Et je veux en un mot un homme qui met obligation de ma fille,
01:01:00 et à qui je puisse dire,
01:01:02 mettez-vous là mon gendre, et dînez avec moi.
01:01:04 Voilà bien les sentiments d'un petit esprit,
01:01:07 de toujours vouloir demeurer dans la bassesse.
01:01:09 Alors ne me répliquez pas davantage.
01:01:11 Ma fille sera marquise en dépit de tout le monde.
01:01:13 Et si vous me mettez en colère, je la ferai du chesse.
01:01:16 Mais on te...
01:01:20 On va faire des points courage encore.
01:01:22 Vous avez fait de belles affaires avec vos beaux sentiments.
01:01:29 Que veux-tu ?
01:01:30 J'ai un scrupule là-dessus que l'exemple ne saurait vaincre.
01:01:32 Moquez-vous de le prendre sérieusement avec un homme comme cela.
01:01:35 Ne voyez-vous pas qu'il est fou ?
01:01:38 Et vous coûtez-il quelque chose de vous accommoder à ses chimères ?
01:01:42 Tu as raison, mais je ne croyais pas qu'il fallait faire ses preuves de noblesse
01:01:45 pour être gendre de M. Jourdain.
01:01:47 De quoi ris-tu ?
01:01:56 D'une pensée qui me vient pour jouer notre homme.
01:01:59 Et vous faire obtenir ce que vous souhaitez.
01:02:01 Comment ?
01:02:02 L'idée est tout à fait plaisante.
01:02:05 Quoi donc ?
01:02:06 Il s'est fait depuis peu une certaine mascarade qui convient le mieux du monde ici.
01:02:10 Et que je prétends faire entrer dans une farce que je veux faire à notre ridicule.
01:02:13 Tout cela sent un peu sa comédie, mais...
01:02:15 Avec lui, on peut hasarder toute chose.
01:02:17 Il n'y faut point chercher tant de façons, mais d'être homme.
01:02:20 A y jouer son rôle à merveille, à donner les aimants dans toutes les fariboles qu'on s'avisera de lui raconter.
01:02:25 J'ai les acteurs, j'ai les amis tout près.
01:02:28 Laissez-moi faire seulement.
01:02:30 Apprends-moi !
01:02:31 Je vais vous instruire de tout.
01:02:55 Monsieur, monsieur le comte et une dame qui le mènent par la main voudraient voir monsieur.
01:02:58 Je suis quelque sorte en train de donner des... Dis-leur que je vais venir tout à l'heure.
01:03:01 Il n'y a rien que les grands seigneurs à me reprocher.
01:03:04 Belle marquise.
01:03:06 Et moi je dis qu'il n'y a rien de plus beau que de hanter des grands seigneurs.
01:03:10 Belle marquise.
01:03:12 Avec eux, il n'y a qu'honneur et civilité.
01:03:15 Belle marquise.
01:03:17 Et je voudrais qu'ils m'en aient coûté deux doigts de la main, être né comte ou marquis.
01:03:20 Belle marquise.
01:03:24 [Musique]
01:03:37 Monsieur ?
01:03:38 Monsieur dit comme cela qu'il va venir ici tout à l'heure.
01:03:41 Voilà qui est bien.
01:03:43 Je ne sais pas, Doran. Je fais encore ici une étrange démarche de me laisser amener par vous dans une maison où je ne connais personne.
01:03:52 Quel lieu voulez-vous donc, Madame, que mon amour choisisse pour vous régaler, puisque pour fuir le scandale, vous ne voulez ni votre maison, ni la mienne.
01:03:57 Mais vous ne dites pas que je m'engage insensiblement chaque jour à recevoir de trop grands témoignages de votre passion.
01:04:03 J'ai beau me défendre des choses, vous fatiguez ma résistance.
01:04:08 Et vous avez une civile opiniâtreté qui me fait venir doucement à tout ce qui vous plaît.
01:04:16 Les visites fréquentes ont commencé.
01:04:22 Les déclarations sont venues ensuite, qui ont entraîné derrière elles les sérénades et les divertissements que les présents ont suivis.
01:04:32 Je me suis opposée à tout cela.
01:04:34 Mais vous ne vous rebutez point.
01:04:37 Et pied à pied, vous gagnez mes résolutions.
01:04:42 Pour moi, je ne peux plus répondre de rien et je crois qu'à la fin, vous me ferez venir au mariage dont je me suis tant éloignée.
01:04:48 Ma foi, madame, vous y devriez déjà être, vous êtes veuve et ne dépendez que de vous.
01:04:52 Je suis maître de moi et vous aime plus que ma vie.
01:04:54 À quoi tient-il que dès aujourd'hui, vous ne fassiez tout mon bonheur ?
01:04:57 Mon Dieu, Doron, il faut des deux parts bien déqualité pour vivre heureusement ensemble.
01:05:04 Et les deux plus raisonnables personnes au monde ont souvent peine à composer une union dont ils soient satisfaits.
01:05:09 Vous vous moquez, madame, de vous y figurer tant de difficultés.
01:05:12 Et l'expérience que vous avez faite ne conclut rien pour tous les autres.
01:05:15 Enfin, j'en reviens toujours là.
01:05:18 Les dépenses que je vous vois faire pour moi m'inquiètent par deux raisons.
01:05:22 L'une, qu'elles m'engagent plus que je ne le voudrais.
01:05:25 Et l'autre, que je suis sûre, sans vous déplaire, que vous ne les faites point, que vous ne vous incommodiez.
01:05:31 Et je ne veux point cela.
01:05:32 Non, madame, ce sont des bagatelles et ce n'est pas par là...
01:05:35 Je sais ce que je dis.
01:05:37 Et entre autres, le diamant que vous m'avez forcé à prendre est d'un prix.
01:05:43 Mais madame, de grâce, ne faites point en valoir une chose que mon amour trouve indigne de vous et...
01:05:47 Voici le maître du logis.
01:05:55 Un peu plus loin, madame.
01:06:03 Comment ?
01:06:04 Un pas, s'il vous plaît.
01:06:06 Quoi donc ?
01:06:07 Reculez un peu pour la troisième.
01:06:09 Madame, monsieur Jourdain sait son monde.
01:06:13 Oh...
01:06:14 Madame, ce m'est une gloire bien grande de me voir assez fortuné pour être si heureux,
01:06:24 que d'avoir le bonheur que vous ayez eu, la bonté de m'accorder la grâce,
01:06:28 de me faire l'honneur d'être honoré de la faveur de votre présence.
01:06:33 Et si j'avais aussi le mérite pour mériter un mérite comme le vôtre,
01:06:37 et que le ciel, envieux de mon bien, m'eût accordé l'avantage de me voir digne...
01:06:44 Monsieur Jourdain, en voilà assez.
01:06:47 Madame n'aime pas les grands compliments, et elle sait que vous êtes homme d'esprit.
01:06:54 C'est un bonbonjou assez ridicule, comme vous le voyez dans toutes ses manières.
01:06:58 Il est pas mal aisé de s'en apercevoir.
01:07:00 Madame, voilà le meilleur de mes amis.
01:07:03 C'est trop d'odeurs que vous me faites.
01:07:05 Galant homme tout à fait.
01:07:07 J'ai beaucoup d'estime pour lui.
01:07:10 Je n'ai encore rien fait, madame, pour mériter cette grâce.
01:07:13 Garde au moins à ne lui point parler du diamant que vous lui avez donné.
01:07:16 Ne pourrais-je pas seulement lui demander comment elle le trouve ?
01:07:18 Gardez-vous en bien. Cela serait vilain à vous.
01:07:21 Et pour agir en galant homme, il faut que vous fassiez comme si ce n'était pas vous qui lui eussiez fait ce présent.
01:07:26 Madame, Monsieur Jourdain dit qu'il est ravi de vous voir chez lui.
01:07:29 Il m'honore beaucoup.
01:07:33 Que je vous suis obligé, Monsieur, de lui parler ainsi pour moi.
01:07:36 J'ai eu une peine effroyable à la faire venir ici.
01:07:38 Je ne sais quelle grâce vous en rendre.
01:07:40 Il dit, madame, qu'il vous trouve la plus belle personne du monde.
01:07:43 C'est bien de la grâce qu'il me fait.
01:07:46 Madame, c'est vous qui faites les grâces.
01:07:48 Songeons à manger ?
01:07:50 Tout est prêt, Monsieur.
01:07:53 Allons-donc nous mettre à table et qu'on fasse venir les musiciens.
01:07:58 Commandorante, mais voilà un repas tout à fait magnifique.
01:08:01 Madame, vous vous moquez. Je voudrais qu'il fût plus digne de vous être offert.
01:08:05 Monsieur Jourdain a raison, madame, de parler de la sorte.
01:08:08 Et il m'oblige de vous faire si bien les honneurs de chez lui,
01:08:11 je demeure d'accord avec lui que le repas n'est pas digne de vous.
01:08:15 Comme c'est moi qui l'ai ordonné et que je n'ai pas sur cette matière les lumières de nos amis,
01:08:19 vous n'avez pas le droit de me dire ce que vous voulez.
01:08:22 Comme c'est moi qui l'ai ordonné et que je n'ai pas sur cette matière les lumières de nos amis,
01:08:27 vous n'avez pas ici un repas fort savant.
01:08:29 Et vous y trouverez des incongruités de bonne chair et des barbarismes de bon goût.
01:08:33 Si d'amis, notre ami, s'en étaient mêlés, tout serait dans les règles.
01:08:39 Il y aurait partout de l'élégance et de l'érudition.
01:08:42 Il ne manquerait pas de vous exagérer lui-même toutes les pièces du repas qu'il vous donnerait
01:08:47 et de vous faire tomber d'accord de sa haute capacité dans la science des bons morceaux.
01:08:51 De vous parler d'un pain de rive à biseau doré,
01:08:53 relevé de croûte partout, croquant tendrement sous la dent,
01:08:57 d'un carré de mouton gourmandé de persil, d'une perderie relevée d'un fumet surprenant.
01:09:03 Et pour son opéra, d'une soupe à bouillon perlé,
01:09:07 soutenue d'un jeune gros dindon cantonné de pigeonneaux
01:09:10 et couronné d'oignons blancs, marié avec la chicorée.
01:09:14 Mais pour moi, je vous avoue mon ignorance,
01:09:18 et comme M. Jourdain a fort bien dit, je voudrais que le repas fût plus digne de vous être offert.
01:09:23 Je ne réponds à ce compliment qu'en mangeant comme je fais.
01:09:29 Oh, que voilà de belles mains !
01:09:32 Les mains sont médiocres, M. Jourdain, mais vous voulez sans doute parler du diamant qui est fort beau.
01:09:38 Oh, moi, madame, tu me gardes de vouloir en parler, cela ne serait pas agir en galantome,
01:09:44 et le diamant est fort peu de choses.
01:09:47 Vous êtes bien écouté.
01:09:48 Vous avez trop de bonté.
01:09:50 Allons, qu'on donne du vin à M. Jourdain et à ces messieurs et à ces dames
01:09:54 qui nous feront la grâce de nous chanter un air à boire.
01:09:57 C'est merveilleusement assaisonné la bonne chair que dit mêler la musique,
01:10:01 et je me vois ici admirablement régalée.
01:10:04 Madame, ce n'est pas...
01:10:05 M. Jourdain, prêtons silence à ces messieurs et à ces dames.
01:10:08 Ce qu'ils nous diront vaudra mieux que tout ce que nous pourrions dire.
01:10:12 [Musique]
01:10:23 Buvons, chers amis, buvons, le temps qui fuit nous y convient,
01:10:28 pour reputons de la vie autant que nous pouvons.
01:10:32 Quand on a passé l'endemoire, adieu de bon vin, nos amours,
01:10:37 dépêchons-nous, dépêchons-nous de boire.
01:10:39 Dépêchons-nous, dépêchons-nous de boire.
01:10:42 On ne boit pas toujours.
01:10:44 Si, si, du vin, du vin partout, du vin partout.
01:10:47 Versez, garçons, versez, versez, versez toujours tant qu'on vous dise assez.
01:10:51 Versez, versez, versez toujours, versez, versez toujours, versez toujours
01:10:55 tant qu'on vous dise assez.
01:10:57 Versez toujours, versez toujours, versez toujours tant qu'on vous dise assez.
01:11:03 [Applaudissements]
01:11:06 Je ne crois pas qu'on puisse mieux chanter, et cela est tout à fait beau.
01:11:10 Je vois encore ici, Madame, quelque chose de plus beau.
01:11:14 Ouais, Monsieur Jourdain est galant plus que je ne le pensais.
01:11:19 Comment ! Pour qui prenez-vous Monsieur Jourdain ?
01:11:22 Je voudrais qu'elle me prie pour ce que je lui dirai.
01:11:25 Encore ?
01:11:26 Vous ne le connaissez pas.
01:11:28 Elle me le connaîtra quand il lui plaira.
01:11:30 J'abandonne.
01:11:32 Il est homme qui a toujours la riposte en main.
01:11:35 Mais, vous ne voyez pas que Monsieur Jourdain, Madame, mange tous les morceaux que vous avez touchés ?
01:11:41 Monsieur Jourdain est un homme qui me ravit.
01:11:45 Si je pouvais ravir votre cœur, je serais...
01:11:48 [Rires]
01:11:50 Je trouve ici bonne compagnie.
01:11:58 Je vois bien qu'on ne m'y attendait pas.
01:12:01 C'est donc pour cette belle affaire-ci, Monsieur Montmarry, que vous avez eu tant d'empressements à m'envoyer dîner chez ma sœur ?
01:12:08 Je viens de voir un théâtre, là-bas. Je vois ici un banquet à faire noces.
01:12:14 Voilà comme vous dépensez votre bien.
01:12:16 Ainsi que vous festinez les dames en mon absence, que vous leur donnez la musique, la comédie,
01:12:22 tandis que vous m'envoyez promener...
01:12:24 Que voulez-vous dire, Madame Jourdain ?
01:12:26 Et quelles fantaisies sont les vôtres d'aller vous mettre en tête que Monsieur votre mari dépense son bien,
01:12:33 et que c'est lui qui donne ce régal à Madame ?
01:12:36 Apprenez que c'est moi, je vous prie, qu'il ne fait seulement que me prêter sa maison,
01:12:41 et que vous devriez un peu mieux regarder aux choses que vous dites.
01:12:45 Oui, impertinente ! C'est M. Comte qui donne tout ceci à Madame, qui est une personne de qualité.
01:12:50 Il me fait l'honneur de prendre ma maison, et de vouloir que je sois avec lui.
01:12:55 Ce ne sont que chansons, et je sais ce que je sais.
01:13:01 Prenez, Madame Jourdain, prenez de meilleures lunettes.
01:13:05 Je n'ai que faire de lunettes, Monsieur, et je vois assez clair.
01:13:09 Il y a longtemps que je sens les choses, et je ne suis pas une bête.
01:13:13 Et cela est fort vilain à vous, pour un grand seigneur, de prêter la main comme vous le faites au sotis de mon mari.
01:13:19 Et vous, Madame, pour une grande dame, ce n'est ni beau ni honnête à vous de mettre de la dissension dans un ménage,
01:13:26 et de souffrir que mon mari soit amoureux de vous.
01:13:29 Que veut donc dire tout ceci ?
01:13:31 Allez donc, rendez-vous, vous moquez de m'exposer aux sottes visions de cette extravagante...
01:13:35 Oh là, Madame ! Oh là ! Mais où courez-vous ainsi ?
01:13:39 Oh ! Madame ! Monsieur le Comte !
01:13:42 Faites-lui excuse, et tâchez de la ramener.
01:13:45 Impertinente que vous êtes ! Voilà de vous bouffer,
01:13:49 de me venir faire affront devant tout le monde, et de chasser chez moi des personnes de qualité.
01:13:52 Je me moque de leur qualité.
01:13:54 Oh ! je le sais qui me tient, maudite !
01:13:56 Je vous fende la tête avec les pièces du repas que vous venez de troubler.
01:13:59 Je me moque de tout cela. Je défends mes droits, et j'aurai pour moi toutes les fables.
01:14:04 Vous faites bien d'éviter ma colère.
01:14:06 Oh ! j'étais arrivé là bien malheureusement.
01:14:09 J'étais d'humeur à dire de jolies choses.
01:14:12 Jamais je ne m'étais senti tant d'esprit.
01:14:40 Qu'est-ce que c'est que cela ?
01:14:43 Monsieur, je ne sais pas si j'ai l'honneur d'être connu de vous.
01:15:08 Non, monsieur, non.
01:15:10 Je vous ai vu que vous n'étiez pas plus grand que cela.
01:15:14 Moi ?
01:15:15 Oui. Vous étiez le plus bel enfant du monde,
01:15:18 et toutes les dames vous prenaient dans leurs bras pour vous baiser.
01:15:21 Pour me baiser ?
01:15:22 Oui. J'étais grand ami de feu monsieur votre père.
01:15:26 De feu monsieur mon père ?
01:15:28 Oui. C'était un fort honnête gentilhomme.
01:15:33 Comment dites-vous ?
01:15:35 Je vous ai dit que c'était un fort honnête gentilhomme.
01:15:38 Mon père ?
01:15:39 Oui.
01:15:40 Vous l'avez fort connu ?
01:15:42 Assurément.
01:15:43 Et vous l'avez connu pour un gentilhomme ?
01:15:45 Sans doute.
01:15:46 Oh ! Je ne sais donc pas comment le monde est fait.
01:15:49 Comment ?
01:15:50 De sorte que les gens me veulent dire qu'il a été marchand.
01:15:52 Lui ?
01:15:53 Marchand, c'est pur médisance. Il ne l'a jamais été.
01:15:57 Tout ce qu'il faisait c'est qu'il était fort obligé, fort serviable.
01:16:00 Et comme il se connaissait fort bien en étoffe,
01:16:02 il en allait choisir de tous les côtés, les faisait apporter chez lui,
01:16:05 en donnait à ses amis pour de l'argent.
01:16:09 Je suis ravi de vous connaître.
01:16:11 Afin que vous rendiez ce témoignage-là, que mon père était gentilhomme.
01:16:15 Je le soutiendrai devant tout le monde.
01:16:17 Vous m'obligerez.
01:16:18 Quel sujet vous amène ?
01:16:20 Depuis avoir connu feu monsieur votre père,
01:16:23 honnête gentilhomme comme je vous ai dit,
01:16:26 j'ai voyagé par tout le monde.
01:16:28 Par tout le monde ?
01:16:30 Oui, je pense qu'il y a bien loin ce pays-là.
01:16:32 Rassurez-moi.
01:16:33 Je ne suis revenu de tous mes longs voyages que depuis quatre jours.
01:16:36 Et par l'intérêt que je prends à tout ce qui vous touche,
01:16:40 je viens vous annoncer la meilleure nouvelle du monde.
01:16:43 Quelle ?
01:16:44 Vous savez que le fils du grand Turc est ici ?
01:16:47 Moi non.
01:16:48 Comment ? Il a un train tout à fait magnifique.
01:16:52 Tout le monde le va voir.
01:16:53 Et il a été reçu en ce pays comme un seigneur d'importance.
01:16:57 Par ma foi, je ne savais pas cela.
01:17:00 Ce qu'il y a d'avantageux pour vous,
01:17:06 c'est qu'il est amoureux de votre fille.
01:17:08 Le fils du grand Turc ?
01:17:09 Oui.
01:17:10 Et il veut être votre gendre.
01:17:13 Mon gendre ?
01:17:14 Le fils du grand Turc.
01:17:15 Le fils du grand Turc.
01:17:17 Votre gendre.
01:17:18 Comme je l'ai vu voir, et que j'entends parfaitement sa langue,
01:17:22 il s'entretient avec moi et après quelques autres discours,
01:17:24 il me dit "Achem kreksele ruchal mustaf gidelum manahem varayni usere karbulat".
01:17:31 C'est-à-dire, n'as-tu point vu une jeune, belle personne
01:17:36 qui est la fille de monsieur Jourdain, gentilhomme parisien ?
01:17:42 Le fils du grand Turc dit cela de moi ?
01:17:46 Comme je lui ai répondu que je vous connaissais particulièrement
01:17:49 et que j'avais vu votre fille.
01:17:52 "Achem" me dit-il.
01:17:54 "Marhababasahem".
01:17:57 C'est-à-dire, "Ah, que je suis amoureux d'elle".
01:18:04 "Marhababasahem" veut dire "Ah, que je suis amoureux d'elle".
01:18:07 Oui.
01:18:08 Ah bah, par ma foi.
01:18:09 Vous faites bien de me le dire, parce que je n'aurais jamais cru
01:18:11 que "Marhababasahem" eût voulu dire "Ah, que je suis amoureux d'elle".
01:18:15 Voilà une langue admirable que ce Turc.
01:18:17 Plus admirable qu'on ne peut croire.
01:18:18 Savez-vous bien ce que veut dire "Kakaraka Moushen" ?
01:18:22 "Kakaraka Moushen" ? Non.
01:18:25 C'est-à-dire "Ma chère âme".
01:18:29 "Kakaraka Moushen" veut dire "Ma chère âme".
01:18:32 Oui.
01:18:33 Ah bah, voilà qui est merveilleux.
01:18:35 "Kakaraka Moushen", "Ma chère âme".
01:18:38 Ah là là, direst-on jamais cela ?
01:18:42 C'est voilà qui me confond.
01:18:44 Pour assefer mon ambassade, il vient vous demander votre fille en mariage.
01:18:50 Et pour avoir un beau-père qui soit digne de lui,
01:18:53 il veut vous faire "Mamamouchi",
01:18:55 qui est une certaine grande dignité de son pays.
01:18:58 "Mamamouchi" ?
01:18:59 Oui, "Mamamouchi".
01:19:02 C'est-à-dire en notre langue, "Paladin".
01:19:05 "Paladin", ce sont de ces anciens...
01:19:08 "Paladin", enfin !
01:19:10 Il n'y a rien de plus noble que cela dans le monde,
01:19:13 et vous irez de pair avec les plus grands seigneurs de la Terre.
01:19:16 Le fils du grand-Dieu me norme beaucoup.
01:19:18 Je vous prie de me mener chez lui pour lui faire mes remerciements.
01:19:21 Comment, le voilà qui va venir ici.
01:19:23 Venir ici ?
01:19:24 Oui, et il amène toute chose pour la cérémonie de votre dignité.
01:19:28 Voilà qui est bien prompt.
01:19:29 Son amour ne peut souffrir aucun retardement.
01:19:32 Tout ce qui m'embarrasse ici, c'est que ma fille est une pignâtre.
01:19:35 Elle s'est mis dans la tête un certain Cléonte
01:19:37 et jure de n'épouser personne d'autre que celui-là.
01:19:40 Elle changera de sentiment quand elle verra le fils du grand Turc.
01:19:44 Et puis, il se rencontre ici une aventure merveilleuse,
01:19:47 c'est que le fils du grand Turc ressemble à ce Cléonte.
01:19:51 À peu de choses près, je viens de le voir, on me l'a montré,
01:19:54 et l'amour qu'elle a pour l'un pourra passer aisément à l'autre,
01:19:58 et...
01:19:59 Ah, ah, ah !
01:20:01 En m'ai-le-moi !
01:20:02 [Rire]
01:20:04 [Bruits de pas]
01:20:07 [Bruits de pas]
01:20:10 [Bruits de pas]
01:20:13 [Bruits de pas]
01:20:16 [Bruits de pas]
01:20:19 [Bruits de pas]
01:20:22 [Musique]
01:20:25 [Musique]
01:20:28 [Musique]
01:20:31 ...
01:20:41 ...
01:21:01 ...
01:21:12 ...
01:21:19 ...
01:21:31 ...
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01:21:49 ...
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01:22:08 ...
01:22:10 ...
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01:22:26 ...
01:22:36 ...
01:22:38 ...
01:22:45 ...
01:22:56 ...
01:23:06 ...
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01:27:02 ...
01:27:11 ...
01:27:18 ...
01:27:25 ...
01:27:46 ...
01:28:08 ...
01:28:25 - Mon Dieu, miséricorde !
01:28:27 Qu'est-ce que c'est donc que cela ?
01:28:31 ...
01:28:40 Quelle figure !
01:28:42 Est-ce un moment que vous allez porter ?
01:28:44 Est-il temps d'aller en masque ?
01:28:46 Parlez donc !
01:28:48 Qu'est-ce que c'est que ceci ?
01:28:50 Qui vous a fagoté comme cela ?
01:28:52 Ah, voyez l'impertinente de parler de la sorte à un mamamouchi !
01:28:55 Comment donc ?
01:28:57 Oui, il me faut porter respect maintenant, et l'on vient de me faire mamamouchi !
01:29:01 Que voulez-vous dire avec votre mamamouchi ?
01:29:03 Mamamouchi, vous dit, je suis mamamouchi.
01:29:06 Quelle bête est-ce-là ?
01:29:08 Mamamouchi, c'est-à-dire en notre langue, paladin.
01:29:10 Baladin !
01:29:12 Êtes-vous en âge de danser des balais ?
01:29:15 Non mais quelle ignorante ! Je dis paladin !
01:29:18 C'est une dignité dont on vient de me faire la cérémonie.
01:29:21 Mais quelle cérémonie donc ?
01:29:22 Ma ametha periordina.
01:29:24 Mais qu'est-ce que cela veut dire ?
01:29:26 Jordina, c'est-à-dire Jourdin.
01:29:28 Eh bien quoi, Jourdin ?
01:29:29 Voler faire un paladina déjordina.
01:29:32 Comment ?
01:29:34 D'Arthur Bontacon galera.
01:29:36 Mais qu'est-ce que cela veut dire ?
01:29:38 Per defender palestinien.
01:29:40 Mais que voulez-vous donc dire ?
01:29:42 Dara, dara, bastin, dara.
01:29:44 Mais qu'est-ce donc ce jargon-là ?
01:29:46 Non, de nehondak, ou est-ce-à-star, l'ultima, ponta.
01:29:50 Mais qu'est-ce donc que tout cela ?
01:29:51 Oulabababalachoubaladabalabaa.
01:29:55 Lâche-moi Dieu, mon mari est devenu fou.
01:29:57 Oh, mes peines ! Selon portes et respect à monsieur le mamamouchi.
01:30:01 Avez-vous donc perdu l'esprit ?
01:30:04 Je ne sais pas.
01:30:06 Je ne sais pas.
01:30:08 Je ne sais pas.
01:30:10 Je ne sais pas.
01:30:12 Je ne sais pas.
01:30:14 Je ne sais pas.
01:30:16 Je ne sais pas.
01:30:18 Je ne sais pas.
01:30:20 Je ne sais pas.
01:30:22 Je ne sais pas.
01:30:24 Je ne sais pas.
01:30:26 Je ne sais pas.
01:30:28 Je ne sais pas.
01:30:30 Je ne sais pas.
01:30:32 Je ne sais pas.
01:30:34 Je ne sais pas.
01:30:36 Je ne sais pas.
01:30:38 Je ne sais pas.
01:30:40 Je ne sais pas.
01:30:42 Je ne sais pas.
01:30:44 Je ne sais pas.
01:30:46 Je ne sais pas.
01:30:48 Je ne sais pas.
01:30:50 Je ne sais pas.
01:30:52 Je ne sais pas.
01:30:54 Je ne sais pas.
01:30:56 Je ne sais pas.
01:30:58 Je ne sais pas.
01:31:00 J'ai été bien aise, monsieur, d'être des premières à venir vous féliciter
01:31:04 du haut degré de gloire où vous êtes montée.
01:31:06 Je vous souhaite, madame, toute l'année votre rosier fleuri.
01:31:09 Et vous suis infiniment obligé de prendre part aux honneurs qui m'arrivent.
01:31:13 Et j'ai beaucoup de joie à vous voir revenir ici
01:31:16 pour vous faire les très humbles excuses de l'extravagance de ma femme.
01:31:19 Cela n'est rien. J'excuse en elle un pareil mouvement.
01:31:22 Votre coeur, lui, doit être précieux.
01:31:25 Et il n'est pas étrange que la possession d'un homme tel que vous
01:31:28 puisse inspirer quelques larmes.
01:31:30 La possession de mon coeur est une chose qui vous est toute acquise.
01:31:33 Madame, vous voyez que monsieur Jourdain n'est pas de ces gens
01:31:36 que la prospérité aveugle.
01:31:38 Et il sait dans sa gloire connaître encore ses amis.
01:31:41 C'est la marque d'une âme tout à fait généreuse.
01:31:44 Où est donc son altesture que nous voudrions, comme vos amis,
01:31:47 lui rendre nos devoirs ?
01:31:49 Ah, le voilà qui vient.
01:31:51 J'ai envoyé guérir ma fille pour lui donner la main.
01:31:54 [Musique]
01:31:56 Monsieur, nous venons faire la révérence à votre Altesse
01:32:03 et, comme ami de monsieur, votre beau-père,
01:32:06 l'assurer de nos très humbles services.
01:32:09 Mais où est l'interprète ?
01:32:13 Pour lui dire qui vous êtes et lui faire entendre ce que vous dites.
01:32:16 Vous verrez comme il va répondre. Il parle turc à merveille.
01:32:23 Mais où d'autre est-il allé ?
01:32:24 Strif, strof, straf, strof.
01:32:27 Monsieur est un grande seigneur.
01:32:30 Grande seigneur.
01:32:32 Et madame, une grande dame.
01:32:35 Grande dame.
01:32:38 Lui, monsieur, lui, Mamamouchi français.
01:32:43 Et madame, Mamamouchi e française.
01:32:46 Je ne peux pas parler plus clairement.
01:32:49 [Musique]
01:32:51 Dites-lui un peu que monsieur et madame sont des personnes de grande qualité
01:33:07 qui lui viennent faire la révérence comme mes amis
01:33:09 et l'assurer de leurs services.
01:33:11 Vous verrez comme il va répondre.
01:33:13 [Parle en turc]
01:33:17 [Parle en turc]
01:33:19 Voyez-vous.
01:33:26 Il dit que la pluie des prospérités arrose en tout temps le jardin de votre famille.
01:33:30 Je vous le disais bien qu'il parle turc.
01:33:32 Cela est admirable.
01:33:34 Venez ma fille, approchez.
01:33:37 Venez.
01:33:39 Donnez votre main à monsieur qui vous fait l'honneur de vous demander en mariage.
01:33:42 Comment mon père, comme vous voilà fait ?
01:33:45 C'est une comédie que vous jouez ?
01:33:47 Non, ce n'est pas une comédie.
01:33:49 C'est une affaire fort sérieuse et la plus pleine d'honneur pour vous qui se peut souhaiter.
01:33:52 Voilà le mari que je vous donne.
01:33:54 À moi mon père ?
01:33:57 Oui, à vous.
01:33:58 Allons, je vous dis, mettez-le dans la main et rendez grâce au ciel de votre bonheur.
01:34:02 Je ne veux pas me marier.
01:34:04 Je le veux moi qui suis votre père.
01:34:06 Je n'en ferai rien.
01:34:07 Que de bruit. Allons, je vous dis ça, votre main.
01:34:10 Non mon père, je vous l'ai dit.
01:34:12 Il n'est point de pouvoir qu'il me puisse obliger à prendre un autre mari que Cléonte.
01:34:15 Et je me résoudrai plutôt...
01:34:17 Il est vrai que vous êtes mon père.
01:34:20 Je vous dois un tiers obéissance.
01:34:22 C'est à vous de disposer de moi selon vos volontés.
01:34:24 Je suis ravi de voir que vous reveniez si promptement à votre devoir.
01:34:27 Voilà qui me plaît d'avoir une fille obéissante.
01:34:30 Comment donc ?
01:34:32 Qu'est-ce que c'est que ceci ?
01:34:34 On me dit que vous voulez donner votre fille en mariage à un carême prenant.
01:34:37 Mais voulez-vous vous taire impertinente ?
01:34:39 Il faut toujours que vous mêliez vos extravagances à toute chose.
01:34:41 Il n'y a pas moyen de vous apprendre à être irraisonnable.
01:34:43 C'est vous qui n'y a pas moyen de rendre sage.
01:34:45 Et vous allez de folie en folie.
01:34:47 Quel est votre dessein ? Et que voulez-vous faire avec cet assemblage ?
01:34:49 Je veux marier notre fille avec le fils du Grand Turc.
01:34:51 Le fils du Grand Turc ?
01:34:53 Oui, faites-lui faire vos compliments par l'interprète que voilà.
01:34:55 Mais je n'ai que faire de l'interprète.
01:34:57 Et je lui dirai bien même à ma sonner qu'il n'aura pas ma fille.
01:35:00 Mais voulez-vous vous taire encore une fois ?
01:35:02 Comment Madame Jourdain ? Vous vous opposez à un bonheur comme celui-là ?
01:35:04 Vous refusez son altesse turque pour gendre.
01:35:06 Mon Dieu monsieur, mêlez-vous de vos affaires.
01:35:08 C'est une grande gloire qui n'est pas à rejeter.
01:35:11 Madame, je vous prie aussi de ne vous point embarrasser de choses qui ne vous touchent pas.
01:35:15 C'est l'amitié que nous avons pour vous qui nous fait intéresser dans vos avantages.
01:35:18 Je me passerai bien de votre amitié.
01:35:20 Voilà votre fille qui consent aux volontés de son père.
01:35:22 Ma fille consente à épouser un Turc ?
01:35:24 Sans doute.
01:35:25 Elle ne peut oublier que les hontes.
01:35:27 Que ne fait-on pas pour être grande dame ?
01:35:29 Mais je les tranglerai de mes mains si elle est faite un coup comme celui-là.
01:35:31 Bon, elle a bien du caca, je vous dis que ce mariage-là se fera.
01:35:33 Et bien, je vous dis qu'il ne se fera point.
01:35:35 Que de bruit !
01:35:36 Mais mêlez-vous, vous êtes une coquine.
01:35:38 Quoi ? Vous la corrélez de ce qu'elle m'obéit ?
01:35:40 Oui, elle est à moi aussi bien qu'à vous.
01:35:42 Madame.
01:35:43 Que voulez-vous compter, vous ?
01:35:45 Un mot.
01:35:46 Je n'ai que faire de votre mot.
01:35:47 Monsieur, si elle veut écouter une parole en particulier, je vous promets de la faire consentir à ce que vous voulez.
01:35:51 Je n'y consentirai point.
01:35:53 Écoutez-moi seulement.
01:35:55 Non.
01:35:56 Écoutez-le.
01:35:57 Je ne l'écouterai pas.
01:35:58 Il vous dira.
01:35:59 Je ne veux point qu'il ne me dise rien.
01:36:01 Oh, voilà la grande obstination de femme. Cela vous fera-t-il mal de l'entendre ?
01:36:04 Le fait que m'écoutez vous fera après ce qu'il vous plaira.
01:36:08 Eh bien, quoi ?
01:36:10 Il y a une heure, madame, que nous vous faisons signe.
01:36:19 Ne voyez-vous pas bien que tout ceci n'est fait que pour nous ajuster aux visions de votre mari ?
01:36:23 Que nous l'abusons sous ce déguisement.
01:36:25 Que c'est Cléonte lui-même qui est le fils du grand Turc.
01:36:28 Et moi, Covielle, qui suis l'interprète.
01:36:30 Oh, mais comme c'est la gemeuron !
01:36:32 Ne faites pas semblant de rien.
01:36:34 Oui.
01:36:35 Voilà qui est fait. Je consens au mariage.
01:36:39 Allons, tout le monde est raisonnable.
01:36:42 Vous ne vouliez pas l'écouter,
01:36:43 mais je savais bien qu'il vous expliquerait ce que c'est que le fils du grand Turc.
01:36:46 Il me l'a expliqué comme il faut.
01:36:48 J'en suis satisfaite.
01:36:49 Et envoyons quérir un notaire.
01:36:51 C'est fort bien dit.
01:36:52 Et afin, madame Jourdain, que vous puissiez avoir l'esprit tout à fait content
01:36:55 et que vous perdiez aujourd'hui toute la jalousie
01:36:57 que vous pourriez avoir conçue de monsieur votre mari,
01:37:00 c'est que nous nous servirons du coup.
01:37:03 C'est que nous nous servirons du même notaire,
01:37:04 madame et moi, pour nous marier.
01:37:06 Je consens aussi à cela.
01:37:08 C'est pour lui faire croire.
01:37:12 Il faut bien l'amuser avec cette fin.
01:37:13 Ah bon, bon.
01:37:14 Qu'on aille vite quérir le notaire.
01:37:15 Tandis qu'il viendra et qu'il dressera les contrats,
01:37:17 voyons notre ballet et donnons-en le divertissement à son Altesse turque.
01:37:21 Ah, cela est fort avisé. Allons prendre nos places.
01:37:23 Et Nicole ?
01:37:24 Je la donne à l'interprète.
01:37:26 Et ma femme à qui il la voudra.
01:37:27 Monsieur, je vous remercie.
01:37:30 Vous n'êtes pas gentille, vous n'aurez pas ma fille.
01:37:32 Voilà qui est admirable.
01:37:34 Par la fois, je n'ai plus envie de rire.
01:37:36 Ce sont des bagatelles.
01:37:38 Je ne veux pas.
01:37:39 Qui sont juste là ?
01:37:41 Comment ?
01:37:43 Est-ce ma faute ?
01:37:45 Mourir, belle marquise.
01:37:47 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:37:49 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:37:51 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:37:53 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:37:55 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:37:57 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:37:59 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:01 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:03 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:05 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:07 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:09 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:11 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:13 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:15 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:17 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:19 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:21 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:23 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:25 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:27 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:29 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:31 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:33 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:35 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:37 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:39 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:41 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:43 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:45 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:47 - Prudence ! - Allez, allez, allez.
01:38:49 - Prudence ! - Allez, allez, allez.

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