• il y a 9 mois
Franz-Olivier Giesbert était ce matin sur CNews pour réagir à la décision du Conseil d'Etat de demander à l'Arcom de ficher les journalistes, chroniqueurs et invité de la chaîne du Groupe Canal Plus. Et le journaliste a eu une position très forte :
"Le problème de fond c'est le gouvernement des juges. De quoi se mêle le Conseil d'Etat ? On va avoir par exemple, Didier Barbelivien sur CNews. Est-il de droite ou de gauche ? Il était copain avec Sarkozy donc de droite, mais il a fait une superbe chanson sur Jean Ferrat donc il est de gauche ! C'est juste hallucinant de connerie.

Quand l'autorité se délite tout le monde tente de prendre son petit bout de pouvoir. Alors le Conseil d'Etat tente de prendre son petit bout de connerie. C'est très grave ce qu'on vit. Moi j'avoue que j'aime beaucoup le service public, je suis invité de partout. Mais, là il faut s'indigner.

On est en train de s'habituer à tout. C'est très grave ce qu'on est en train de vivre. Le conseil d'Etat a mis le doigt dans un engrenage infernal. Tout ça est terriblement orienté politiquement. Que le Conseil d'Etat retourne chez lui et fasse son travail ! Il y a quand même assez de boulot !"

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Transcription
00:00 C'est honteux et c'est très grave. C'est-à-dire, je pense vraiment, c'est la liberté d'expression qui est en question.
00:06 Le problème de fond, c'est... Vous avez raison, bon, il y a au départ, il y a la plainte de Reporters sans frontières, mais le problème de fond, c'est le gouvernement des juges.
00:15 On est en train d'aller peu à peu, en France, vers un gouvernement des juges. Le Conseil d'État, de quoi il se mêle ?
00:22 C'est juste hallucinant, comme vous lisez, le pluralisme ne se limite pas au temps de parole des personnalités politiques.
00:28 Alors comment on va... On va voir qu'est-ce que c'est. C'est ça, c'est dans l'or. Décision, le pluralisme ne se limite pas au temps de parole des personnalités politiques.
00:35 Donc, on va voir, par exemple, je sais pas, Didier Barbeau-Livien, est-ce qu'il est de gauche, est-ce qu'il est de droite ?
00:40 Oui, il présente une émission. Est-ce qu'il est de gauche, est-ce qu'il est de droite ? Oui, il était copain avec Sarkozy, mais il a fait une belle chanson à la gloire de Jean Ferrat, qui est communiste.
00:49 Enfin, bon, c'est... Non, mais vous voyez un peu vers quoi on va.
00:52 Et les animateurs, c'est pour pas dire les journalistes, en clair.
00:54 Oui, bien sûr. C'est juste hallucinant de connerie. Et je veux dire, il y a une phrase, vous savez, de Mitterrand, toujours, Mitterrand, qui avait beaucoup de recul,
01:04 et oui, qui avait une culture historique, ce qui n'est pas toujours le cas de nos présidents, et il disait "Faut se méfier, méfiez-vous des juges, parce qu'ils ont tué la monarchie, ils vont tuer la République".
01:15 Et si vous voulez, quand on regarde les décisions du Conseil d'État depuis quelques années, vous savez, c'est lui, par exemple, qui s'est arrogé la politique de l'immigration.
01:24 C'est lui qui a réintroduit le rapprochement familial que Giscard et Barr avaient tenté de supprimer.
01:32 C'est lui, par exemple, encore récemment, qui a pris des décisions parce que le gouvernement ne s'occupait pas suffisamment de la qualité de l'air.
01:41 Allez, hop, paf, on lui file une amende de 20 millions qui vont dans la poche d'organisations gaucho-écologistes, quoi.
01:49 Et c'est ça, comme ça, tout le temps. Et puis c'est lui aussi qui va dire "Ah bah non, on va pas faire ce nouveau mode de calcul pour les assurances chômage, parce que la situation du marché de l'emploi est incertaine".
02:00 Non mais de quoi je me mêle ? C'est-à-dire, là, vous voyez, pourquoi ça se passe comme ça ?
02:04 Parce que oui, très bien, c'est ce que je raconte dans le bouquin, c'est le délitement de l'autorité.
02:10 Et quand l'autorité se délite, tout le monde essaie de prendre son petit bout de pouvoir.
02:15 Et là, aujourd'hui, vous avez effectivement le Conseil d'État qui a décidé "Voilà, moi j'existe".
02:19 Attention, ça vient après les décisions du Conseil constitutionnel du 25 février.
02:24 On en a parlé d'ailleurs la semaine dernière.
02:27 Quand même, le Conseil constitutionnel s'est assis, ça c'est un autre sujet aussi, s'est assis sur la Constitution, qu'il est censé sauvegarder.
02:37 L'amendement 45, c'est "Tout amendement est recevable en première lecture".
02:42 - Sur le projet de loi immigration, oui.
02:44 - Oui, sur le projet de loi immigration. Il y a plein d'articles qui ont été censurés, parce que c'était des amendements qui venaient du Sénat.
02:51 Et pourtant, vous lisez l'article 45, "Tout amendement est recevable en première lecture dès lors qu'il présente un lien, même indirect, avec un texte déposé au Transsib".
03:00 Non mais vous vous rendez compte ? C'est-à-dire, on s'assoit sur le droit, rien à foutre.
03:04 Non mais c'est très grave ce qu'on vit. Moi, franchement, dans cette affaire, je ne suis pas engagé.
03:09 J'aime beaucoup le service public, je suis invité partout, j'aime beaucoup Berger, LCI, je reste un esprit libre.
03:15 Mais quand on voit ça, et le fait aussi qu'on finit par s'habituer finalement.
03:20 Moi, je pense qu'il faut être indigné, là. C'est grave, parce que le Conseil d'État a mis le doigt dans un eau-grenage infernal.
03:30 - Ils veulent ficher politiquement les journalistes et les animateurs. Mais pourquoi ils ne parlent que de ces news ?
03:37 Pourquoi s'attaquer qu'à ces news ? Quel est le problème ?
03:39 - C'est très intéressant, vous savez pourquoi ? Parce qu'en 2022, il y a eu un phénomène que je trouvais tout à fait révélateur, d'ailleurs, de l'état de certains médias.
03:48 Il y avait un temps de parole pendant la campagne des législatives, je ne sais pas si vous vous souvenez,
03:53 il y avait un temps de parole de la NUPES, et notamment de LFI, c'était 70% pendant deux mois de campagne.
04:01 L'Arc-com n'a pas réagi, tout le monde avait l'air de trouver ça normal, le Conseil d'État n'a pas bougé.
04:08 C'est-à-dire que là, je répète, on met le doigt dans un eau-grenage affreux.
04:14 - Ça veut dire que quand ça va être le 13 à gauche, ça ne gêne personne, quand il y en a pour tout le monde, là ça commence à gêner ?
04:20 - Oui, je pense qu'on peut dire les choses comme ça. C'est-à-dire que tout ça est terriblement orienté, politique.
04:27 Je pense qu'il faut que chacun retourne à la maison. Le Conseil d'État retourne chez lui et fait son travail, il y a assez de boulot en France.
04:34 Et le Conseil constitutionnel n'a pas besoin de prendre des décisions en se moquant littéralement de la Constitution,
04:41 puisque même dans son arrêt, il fait référence à cet article 45.
04:47 - Oui, là c'est le Conseil constitutionnel. - Non, mais c'est intéressant, parce que c'est la même chose.
04:51 Et puis derrière, vous avez également les juges au niveau européen, la Cour de justice européenne, la Cour des droits de l'homme européenne,
04:59 qui prennent des décisions, par exemple en matière d'immigration, pour littéralement faire voler en éclat toute politique migratoire des différents États européens.
05:09 Ce que je disais tout à l'heure, ça touche à la liberté d'expression. Ce n'est pas rien la liberté d'expression.
05:13 Est-ce qu'il faut que le gouvernement tape du poing sur la table ? Est-ce qu'il faut que le président de la République en dise un mot, s'en émeuve ?
05:22 Est-ce qu'il faut que les politiques s'en émeuvent ?
05:25 - Évidemment. C'est toujours un peu... - On ne peut pas museler un média, je pense.
05:32 - J'ai envie d'en parler, parce que je ne veux pas faire de procès d'intention, mais je n'ai pas l'impression que ça préoccupe beaucoup Emmanuel Macron de ce genre d'histoire.
05:40 - Je vous répète la question, parce que j'ai la même impression que vous en regardant...
05:43 - J'ai le sentiment que, pour lui, c'est vrai que c'est un empièdement à son propre pouvoir, au pouvoir politique.
05:50 Mais bon, je n'ai pas le sentiment... Et d'ailleurs, j'ai le sentiment un peu que dans l'opinion, je ne dis pas qu'on s'en fout, mais ce n'est pas considéré comme quelque chose d'important.
05:59 Simplement, on met le doigt, je le répète et on ne le dira jamais assez, dans un engrenage.
06:05 Et on ne sait pas comment cette histoire va finir. Parce que le Conseil d'État, je veux dire, il commence à s'immiscer là-dedans, demain d'ailleurs, pourquoi pas dans la presse écrite, pendant qu'on y est.
06:14 Et vous voyez, en demandant à chacun, oui, qu'est-ce que vous pensez...
06:17 - Ils veulent peut-être venir s'occuper de la conférence de rédaction qu'on fait tous les matins à 2h et 2h du matin.
06:21 - Pourquoi ? Ils vont envoyer peut-être qu'un jour...
06:23 - Ils vont venir nous dire "Bah tiens, il va falloir parler de ça, mais pas de ça".
06:26 Parce que c'est exactement ça. Parler de tel sujet, tout à l'heure on a eu un monsieur qui n'en peut plus du trafic de drogue dans son quartier, alors ça, il ne faut pas en parler.
06:33 - Mais c'est ça l'idée, bien sûr.
06:36 - Si on va à la quintessence de cette décision, c'est ça.
06:38 - D'ordinaire, dans les démocraties normales, il y a souvent la tentation du pouvoir politique de mettre la main sur les médias.
06:47 D'ailleurs, ça a été beaucoup reproché dans le passé au pouvoir politique.
06:51 Aujourd'hui, le pouvoir politique est devenu faible, il est fragile.
06:55 Et les juges sont en train de tenter, parce que ce n'est pas la première fois, de mettre la main sur toute une partie de l'appareil législatif.
07:06 Et là, effectivement, vous avez raison, c'est la liberté d'expression, c'est-à-dire notre liberté à tous, qui est en danger.
07:13 Et c'est pour ça, je pense qu'il faut vraiment tirer la sonnette d'alarme et dire "Alte là".
07:17 Il faut que la profession réagisse.

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