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Dans son édito du 15/02/2024, Florian Tardif revient sur la décision du Conseil d’État sommant l’Arcom de sévir contre CNews.

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Transcription
00:00 Oui Romain, et la décision la plus commentée est celle-ci,
00:03 que les chroniqueurs et les animateurs soient catalogués par courant de pensée,
00:06 suivant la logique actuelle de comptabilisation des temps de parole
00:10 des intervenants politiques et des invités politiques,
00:12 que CNews suit scrupuleusement.
00:14 Alors je précise que cette décision s'appliquera normalement
00:17 à l'ensemble des médias régulés par l'ARCOM,
00:19 c'est ce qu'on nous assure, soit,
00:21 mais comment parvenir Romain à comptabiliser le temps de parole des intervenants,
00:25 sinon en mettant en place un fichier des opinions politiques présumées,
00:30 donc des intervenants.
00:31 On en est là, un fichage des journalistes dans notre pays.
00:34 Je ne l'espère pas, car ce serait nous ramener
00:36 à ce qui a pu être la règle durant les pires heures de notre histoire.
00:40 Et pourtant, Reporters sans frontières devrait être le premier reposant de ces pratiques.
00:44 Oui, c'est ici qu'on voyage presque en absurdi.
00:46 Pourquoi ? Premièrement, et cela RSF devrait le savoir,
00:49 par expérience, la première cause d'atteinte à la liberté de la presse
00:53 et la contrainte exercée par qui, Romain ?
00:55 Eh bien, par les États eux-mêmes.
00:57 Or là, cette décision de justice est le fruit d'une demande de Reporters sans frontières,
01:01 à la plus haute juridiction de notre pays,
01:03 d'accentuer la pression sur l'ARCOM, qui régule les médias en France,
01:07 d'accentuer la pression sur CNews.
01:09 Bref, il demande à l'État d'accentuer la pression sur une rédaction,
01:12 et par ricochet, sur les rédactions de l'ensemble du pays.
01:16 Nous aurions préféré, par exemple, que RSF soit à nos côtés,
01:19 lorsque des journalistes, aussi talentueux soient-ils,
01:21 acceptent de céder parfois à la pression de personnalités politiques,
01:24 notamment durant des campagnes présidentielles.
01:26 J'en ai fait état hier.
01:28 Nous aurions préféré, par exemple, que RSF soit à nos côtés,
01:31 lorsque des journalistes sont bousculés, insultés,
01:33 lors de manifestations en France, etc.
01:36 Et que c'est une dérive dangereuse ?
01:37 Oui, cela est très dangereux, même, selon moi,
01:40 car cette décision permet de créer un embryon de commission de censure.
01:43 Imaginons que demain, un personnage autoritaire arrive à la tête de l'État,
01:47 il aura sous la main, eh bien écoutez, un outil précieux pour baïonner la presse.
01:51 Et je vous fais le pari qu'à ce moment-là,
01:53 les mêmes personnes qui se réjouissent aujourd'hui de cette décision du Conseil d'État
01:57 seront les premiers à protester demain,
02:00 et à juste titre, contre cette police de la pensée.
02:03 Mais Romain, il sera trop tard.
02:05 [Musique]
02:08 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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