Invité de la rédaction - 1502

  • il y a 7 mois
Invité de la rédaction - 15/02
Transcript
00:00 - Il est 8h21, c'est l'heure, ensemble sur France Bleu Orléans, d'accueillir notre invité, Lydie Lahaie.
00:04 Ce matin, c'est Philippe Moreau, le maire de nos gens sur Vernissons.
00:07 - Bonjour Philippe Moreau. - Bonjour Lydie.
00:09 - Vous organisez ce soir dans votre commune une conférence sur les violences intrafamiliales,
00:14 la protection des enfants, des femmes et des enfants.
00:16 Pourquoi ce thème chez vous lors d'une réunion publique ?
00:19 Il y a urgence à en parler, à communiquer ?
00:22 - Oui, il y a urgence, et notamment sur la ruralité.
00:25 Aujourd'hui, le thème c'est bien en ruralité, on a bien le même mal que les grandes villes,
00:32 mais souvent on n'a pas les mêmes moyens.
00:34 Et il est urgent d'en parler, au niveau bien sûr local,
00:37 mais aussi au niveau national où je porte le message.
00:40 - Vous dites que c'est un fléau, ces violences conjugales et intrafamiliales.
00:43 - Oui, c'est un vrai fléau, parce qu'on a en France à peu près 250 000 plaintes qui sont portées.
00:49 Mais 250 000, ça veut dire peut-être 800 000 de plaintes non portées.
00:55 On a près de 100 féminicides.
00:57 Donc il y a des choses qui, malheureusement, et des drames qui se jouent au sein des familles.
01:03 Et bien souvent, on a un peu l'écho.
01:06 Soit on n'ose pas le dire, soit on n'ose pas le faire.
01:08 Et tout ça, il faut qu'on prenne nos responsabilités,
01:11 j'ai l'air tous et toutes, en tant que citoyen et bien sûr en tant qu'élu aussi.
01:16 - Le nombre de plaintes sur votre commune, sur Vernissons, c'est 2500 habitants.
01:20 Le nombre de plaintes a considérablement augmenté ?
01:23 - Oui, depuis 2017, on est à plus de 300%.
01:28 Les pourcentages, parfois, ne veulent pas dire grand-chose,
01:30 mais ça représente, sur cette commune, 25 cas l'année dernière.
01:35 Et depuis le début de l'année, on est déjà à 10 cas identifiés.
01:38 Donc on voit bien qu'il y a une croissance et on ne peut pas laisser faire.
01:41 - Vous dites aussi, nous, dans les petites communes, on manque de moyens.
01:45 Clairement, on manque de moyens.
01:46 - Oui.
01:47 - Pour agir, pour informer ?
01:49 - Et surtout pour encadrer.
01:52 Lorsqu'on a une situation qui se passe,
01:54 on travaille beaucoup avec la gendarmerie qui fait un travail formidable,
01:59 mais la gendarmerie vous appelle à 2h du matin,
02:02 et qu'est-ce qu'on fait de la personne ?
02:04 Et c'est pour ça qu'avec le conseil municipal,
02:06 on avait pris l'engagement de créer dans notre commune un logement d'urgence,
02:10 et quelle que soit la situation, quelle que soit l'heure,
02:12 on peut mettre en sécurité la famille,
02:15 c'est souvent les femmes,
02:18 et aussi, bien sûr, les enfants.
02:22 - Un logement d'urgence par commune, c'est ce qu'il faudrait ?
02:26 - Oui, c'est ma demande.
02:28 - Dans les petites communes rurales ?
02:29 - Oui, mais j'allais dire dans toutes les communes.
02:34 Moi, j'ai rencontré le président de la République,
02:36 je lui ai fait part de ce genre de choses,
02:38 et maintenant je travaille avec le cabinet du ministre de Dominique Faure,
02:41 et je dis qu'il faut que ce soit une cause nationale,
02:44 et on peut avoir des sollicitations,
02:47 le gouvernement peut nous proposer des appels à projets,
02:49 ou on peut réhabiliter un logement par commune.
02:53 Il ne faut pas laisser les élus seuls devant ces situations.
02:57 - Qui sera présent ce soir à la conférence, Philippe Moreau ?
03:00 Il y aura des représentants de la justice, des forces de l'ordre,
03:03 des associations de victimes ?
03:04 - Bien sûr, avant tout, c'est aussi la gendarmerie avec qui j'ai beaucoup travaillé,
03:09 notamment le travail de fourmi de l'assistante sociale de la gendarmerie,
03:14 mais on aura le sous-préfet, on aura le procureur,
03:17 on aura des parlementaires, on aura le député,
03:20 donc on sent bien qu'il y a vraiment une prise de conscience,
03:24 mais la prise de conscience, il faut toujours qu'elle se transforme en productivité des choses.
03:28 - Et tout ça pour pousser les victimes à parler,
03:31 et puis peut-être encourager des voisins aussi à ouvrir l'œil,
03:34 à écouter, voire à dénoncer des situations ?
03:38 - Oui, à ce jour, je pense qu'on est tous témoins, à un moment donné,
03:43 d'une situation où on n'y prête pas cas, c'est chez le voisin,
03:46 "Ah oui, mais qu'est-ce qu'on va dire ?" ou autre,
03:48 et il faut absolument libérer la parole, il faut absolument dénoncer ce genre de choses,
03:53 et il y a quand même des nouvelles choses qui se passent,
03:55 et notamment au niveau du procureur de la République,
03:57 qui peut poursuivre une personne qui a commis un délit
04:01 sans que la personne victime porte plainte,
04:03 et ça c'est vraiment très important, et c'est tout ce genre de choses
04:06 qu'on doit dire, qu'on doit informer,
04:08 parce que bien souvent il y a plein de procédés et de processus,
04:12 et on n'est pas au courant.
04:13 - Et donc, cette réunion publique, après la précédente à à peu près la même époque l'an passé,
04:18 et d'autres certainement à suivre, parce que vous dites,
04:20 "Voilà, ce n'est pas un épiphénomène,
04:23 il faut que ce soit récurrent ce genre de rendez-vous."
04:25 - Absolument, il faut que ce soit récurrent,
04:26 parce qu'on ne peut pas s'emparer du sujet juste sur une journée,
04:30 faire des émissions de radio ou autres qui sont nécessaires justement
04:33 pour promouvoir cette parole, mais on doit être dans la récurrence,
04:38 dans la continuité, et travailler, et travailler encore,
04:41 parce que ce n'est pas une fatalité, les violences,
04:44 et c'est encore moins une banalité.
04:46 - Merci beaucoup Philippe Moreau, maire de Nogent-sur-Vernisson,
04:49 d'avoir fait le trajet jusqu'ici ce matin,
04:51 pour être en direct dans nos studios.
04:53 - L'Est du Loiret fait partie du Loiret !
04:55 - Tout à fait, merci beaucoup, très bonne journée !