• il y a 6 mois
Invité de la rédaction - 05/04

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Transcription
00:00 Pour le moment, 8h22, conditions de travail infernales, trop d'enfants confiés par la justice.
00:05 Les agents de la maison de l'enfance à Orléans étaient en grève hier.
00:09 Ils réclament, on le rappelle, plus de moyens et de structures supplémentaires pour accueillir les enfants dans de bonnes conditions.
00:14 Antoine van den Riche, on en parle avec notre invité ce matin.
00:17 A nos côtés en direct, c'est Florence Gelsin, la vice-présidente du département du Loiret, en charge justement de la protection de l'enfance.
00:24 Bonjour madame.
00:25 Bonjour à tous.
00:26 Alors, il y avait 70 personnes hier, syndicats et associations à Orléans pour manifester à la maison de la protection de l'enfance.
00:32 Puis, devant le conseil départemental que vous représentez, avec ce constat, 162 enfants sont accueillis à la maison de l'enfance aujourd'hui pour 110 places.
00:41 Est-ce qu'on peut dire que plus que jamais, la situation est critique ?
00:44 La situation, elle est critique.
00:45 Elle est tendue depuis maintenant au moins le mois de septembre de l'année dernière, pour ne rien cacher,
00:50 avec un nombre d'enfants accueillis qui progresse de manière constante.
00:57 On est un peu plus de 2000 enfants placés au département aujourd'hui, là où on était l'année dernière à 1800 et à 1500 il y a quelques années.
01:07 Donc oui, le constat, on fait le même qu'il est partagé par à la fois les élus, le personnel.
01:13 On essaye de faire en sorte d'abaisser cette pression, mais je vous avoue que là, pour le moment, c'est compliqué.
01:19 Comment on explique justement cette augmentation ? Vous dites qu'elle est constante depuis quelques années. Pourquoi ?
01:24 Alors les causes, elles sont à mon sens multiples. On en discute avec nos travailleurs sociaux, avec les magistrats.
01:31 Il y a effectivement les violences intrafamiliales, mais pas que. Il y a ce qu'on appelle des négligences de parentalité,
01:39 où en fait les enfants ne sont pas suffisamment pris en charge. On en discute avec les médecins, notamment du CHR,
01:46 où on trouve aussi des enfants dans des conditions sanitaires qui sont compliquées, qui nécessitent un placement,
01:53 et on n'arrive pas à enrayer cette difficulté. Peut-être aussi parce que les dispositifs de signalement des violences vis-à-vis des enfants
02:02 ou de maltraitance sont quand même beaucoup plus connus et beaucoup plus efficaces.
02:06 Je pense notamment au 119, qui maintenant est connu de tous les professionnels,
02:11 à nos systèmes de détection de malveillance vis-à-vis des enfants, où probablement les maltraitances sont plus facilement dénoncées.
02:19 Donc c'est la justice qui fait de plus en plus d'appels à vous avec ces signalements par exemple ?
02:22 Oui, alors la justice et puis les professionnels de l'enseignement, l'éducation nationale, parfois les familles également,
02:30 et donc on se retrouve effectivement dans la situation dans laquelle on est aujourd'hui, oui.
02:33 Donc des situations de saturation, des maisons d'accueil pour les enfants, alors comment vous faites pour les prendre en charge dans ces cas-là ?
02:40 Quels sont les alternatives que vous avez en votre possession ?
02:43 Alors on a plusieurs alternatives. Pour les placements, il faut comprendre que la maison de l'enfance, c'est le placement d'urgence.
02:49 Et après, normalement, les enfants sont réorientés vers ce qu'on appelle des MECS, donc des maisons à caractère social,
02:55 qui sont pour la plupart gérées avec nos partenaires que sont les associations.
02:59 Je pense à la Fondation Enfance, à la DAEFI, enfin bon, à un certain nombre d'associations partenaires sur le territoire,
03:06 et les assistants familiaux, ce que l'on appelle, vous savez, les familles d'accueil.
03:11 Sur les familles d'accueil, on a une difficulté supplémentaire, c'est qu'on a une pyramide des âges qui nous est défavorable.
03:17 On a fait cette année par exemple 91 recrutements.
03:22 Bon, on a eu quelques départs, mais on a 51 départs à la retraite.
03:26 Ce qui souligne la problématique du manque d'effectifs aussi des professionnels, qui c'était une des revendications majeurières notamment.
03:32 Donc on essaye aussi de rendre attractifs ces métiers, mais je veux dire, ce n'est pas suffisant.
03:39 C'est-à-dire que si on stabilise nos effectifs, vous voyez bien que par rapport à l'augmentation des enfants placés, ce n'est pas suffisant.
03:45 Parallèlement, on a ouvert également 86 places supplémentaires d'accueil dans le département.
03:51 Il y en aura encore qui vont arriver en 2024, notamment avec l'ouverture d'un village d'enfants sur l'ouest du département.
03:59 Donc ça fera une soixantaine de places supplémentaires. Donc on essaye au fur et à mesure d'ouvrir ces places.
04:05 Et puis un dispositif qui va être nouveau, on en discutait hier avec les professionnels autour de la table ronde,
04:11 quand on les a reçus avec le président, c'est les relais parentaux, puisqu'on nous dit qu'il faut peut-être qu'on revienne encore plus fortement sur de la prévention.
04:19 Et les relais parentaux qu'on va implanter les quatre au quatre coins du département vont venir avec 20 places chacun,
04:26 accueillir des familles en prévention justement de défauts de parentalité pour essayer de ne pas arriver jusqu'au placement.
04:35 Et là aussi, on espère que ces quatre fois 20 places en parentalité permettront de desserrer un peu les taux des MDE.
04:42 Donc voilà, donc ça c'est un plan pour désengorger un petit peu les établissements et pour avoir plus d'effectifs.
04:48 Il y a aussi une autre revendication, et puis on va finir là-dessus, c'est les salaires.
04:51 Ça a été aussi une grosse revendication hier des syndicats et des associations.
04:55 Alors sur les salaires, on a quand même fait un effort le département, on a versé un certain nombre de primes,
05:02 six depuis 2020, deux encore l'année dernière qui représentent un peu plus de 3000 euros supplémentaires.
05:09 C'est pas suffisant, on en est bien conscients, sauf que le budget de la maison de l'enfant,
05:15 c'est rien que pour vous dire, on est passé de 4 millions en 2019 à 17 millions cette année.
05:19 Donc il nous reste des efforts à faire, on a entendu les professionnels,
05:23 on va leur faire des propositions et on espère qu'on pourra travailler de façon conjointe pour améliorer la situation.
05:28 Merci, Laurent Dandin, vous avez été notre invité ce matin.

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