• il y a 9 mois
La rémunération sur facture de Tony Estanguet, président du comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, fait polémique. Léonidas Kalogeropoulos, entrepreneur et essayiste, regrette la difficulté de coopération qu’il y a entre les secteurs publics et privés. Pour lui, la liberté d’entreprendre n’est pas encore reconnue comme une réponse à une problématique d'intérêt général.

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Transcription
00:00 (Générique)
00:05 Donc on repart avec Léonidas Calogiropoulos.
00:07 Salut Léonidas !
00:08 Bonjour.
00:09 Impatigable combattant des relations entre les entrepreneurs et l'intérêt général.
00:14 Je vais aller très vite parce que le temps tourne très vite.
00:16 Qu'est-ce qui fait que tu es là Léonidas ?
00:18 C'est que j'ai été scandalisé par le procès fait à Tony Estanguet.
00:22 Et scandalisé d'une manière particulière.
00:25 Je ne juge pas de l'opportunité ou pas d'ouvrir une information.
00:27 Le Parquet National Financier, ce n'est pas mon sujet.
00:29 Mon sujet c'est les commentaires.
00:31 Et c'est quoi ? Il n'est pas salarié.
00:34 Il a monté une société et il est rémunéré sur facture par le comité d'organisation des Jeux Olympiques.
00:40 C'est un... La phrase... La phrase "c'est un..."
00:44 C'est une tentation permanente de conflit d'intérêt.
00:50 C'est facilement...
00:52 La liberté est par définition suspecte.
00:57 Suspecte d'abord et avant tout suspecte.
01:00 Et d'ailleurs ça rebondit sur la difficulté que l'on a à chaque fois qu'une entreprise apporte une réponse
01:09 dans les services à la personne, la dépendance, l'éducation, la sécurité, tout ce qu'on veut.
01:14 Une problématique d'intérêt général.
01:16 Et j'ai des exemples mais par dizaines.
01:18 La collectivité publique dit "ah oui, je ne veux pas m'emmener de partenariat avec vous, vous êtes une entreprise".
01:23 Par définition, vous avez un but lucratif. Lucratif.
01:27 Et vous servez un intérêt particulier.
01:29 Un intérêt particulier. Alors, une association, pas de problème.
01:32 Salarié, pas de problème.
01:34 Quelque chose qui soit de l'ordre de la fondation.
01:38 Mais l'entreprise, non. L'entrepreneur, la liberté d'entreprendre n'a pas été dans les esprits reconnue
01:46 comme étant une source, alors que c'est la première, de réponse à des problématiques d'intérêt général.
01:51 Pour ce qui est du tennis tanguay, il oeuvre tous les jours avec talent la préparation de ses Jeux Olympiques.
01:58 La plus importante oeuvre d'intérêt général de France dans les 6 mois qui viennent.
02:02 Absolument, il n'y a pas de débats. Et non, parce que c'est un entrepreneur, ça ne collerait pas.
02:06 Donc voilà, et ça colle parfaitement avec ce que tu écris.
02:08 Les créateurs d'entreprises sont les fers de lance de la démocratie par leur capacité à apporter des réponses concrètes aux besoins collectifs.
02:14 Ok, mais tu vas plus loin. Et c'est là que je veux des explications.
02:17 Il est temps de considérer les entrepreneurs comme des porteurs de solutions et non plus de simples représentants d'intérêt
02:24 et de leur offrir en conséquence un accès aisé et immédiat aux interlocuteurs publics nécessaires.
02:32 Qu'est-ce que ça veut dire ça, Léonidas ?
02:34 Ça veut dire qu'on doit quasiment tout le temps s'excuser lorsque l'on dit "il y a un problème d'eau, on a une solution pour économiser de l'eau".
02:43 Vous êtes qui ? Je suis l'entreprise, moi ça. Ah oui, mais non, vous êtes dans le lucratif. Donc on l'écarte.
02:51 Moi j'ai une boîte sur Entrepreneur pour la République.
02:53 Ils ont accès à ce moment-là !
02:54 Ils ont accès. D'abord, c'est d'abord, avant d'avoir accès, excuse-moi, mais le métier que je fais,
03:00 et qui est la raison d'ailleurs pour laquelle j'ai créé Entrepreneur pour la République, c'est que je veux bien travailler 2-3 ans.
03:06 Donc toi tu es lobbyiste.
03:07 Je suis lobbyiste. Je veux bien travailler 2-3 ans à faire évoluer des textes qui sont complexes, parce qu'il faut changer des lois,
03:15 des mesures fiscales, interconnecter des systèmes d'information. Là, on a besoin de mon expertise.
03:21 Mais pour aller dire au ministère de l'Environnement que si on utilise un procédé qui permet de remplacer la chaleur par de l'ozone
03:29 dans les 150 000 laveries industrielles en France, et bien on fait 300 millions d'euros d'économie,
03:35 et que c'est important pour l'économie de l'eau et l'économie d'énergie, mais ça devrait être immédiat.
03:40 Le dialogue devrait se faire de manière instantanée.
03:42 Or quand on va à la rencontre des autorités publiques, "Ah ouais, mais vous êtes quand même une entreprise, ouais, mais bon il y a peut-être..."
03:50 Avant même de mettre le projet à l'étude.
03:51 Mais même ! C'est d'abord suspect. C'est d'abord vous venez vendre votre soupe.
03:57 Moi, comment j'ai créé "Entrepreneurs pour la République". J'avais inventé, parce que moi-même je travaille dans un bureau,
04:04 un sous-main qui se surélève et qui me permet de travailler debout.
04:08 Puis j'ai dit, j'en ai besoin pour moi, ça doit être utile à plein d'autres personnes.
04:11 Je l'ai développé, je l'ai créé, et j'ai vu la direction générale du travail.
04:14 J'ai dit, vous avez tout un service qui étudie les postures et le bien-être au travail.
04:20 Je vous le laisse, vous verrez, si c'est utile, vous pourrez en parler.
04:23 Nous ne sommes pas des représentants de commerce, moi, de répondre.
04:26 Et je trouvais que c'était...
04:28 Mais ce qui n'est pas faux, Léonidas, on en a déjà beaucoup parlé.
04:30 Ce n'est pas faux. Comment faire le tri entre les milliers d'initiatives que proposent les entrepreneurs dans ce cas-là ?
04:36 Mais, pardon Stéphane, d'abord, il y a quelque chose qui est fascinant, c'est que notre démocratie a été organisée
04:44 pour globalement permettre de centraliser toutes les idées, tous les projets de réglementation, de changement de loi.
04:54 Notre démocratie est faite pour ça, pour permettre de faire évoluer les textes qui réglementent.
05:00 Mais quand on a une solution à apporter, il n'y a aucune institution qui permet de normaliser l'accès des solutions d'entrepreneurs aux représentants de l'intérêt général.
05:12 Et juste pour aller au bout de cette réflexion, parce qu'elle est assez illustrative,
05:16 moi, je veux bien qu'on fasse des lois et des réglementations.
05:19 On a en ce moment des rapports et des reportages sur les normes qui étouffent nos entreprises et même les collectivités locales.
05:28 Mais quand on veut faire des économies d'énergie, avant de réglementer, pour dire que c'est la faute du voisin si on dilapide l'énergie,
05:35 parce qu'une réglementation c'est toujours restreindre et corsetter la liberté de quelqu'un, toujours,
05:41 on pourrait déjà se dire est-ce qu'il y a des projets pour économiser l'énergie ? Où sont-ils ? Et faire un guichet ?
05:47 Tout ça s'organise.
05:49 - Alors tu dis "Cela suppose le développement d'une compétence nouvelle de nos autorités publiques,
05:53 consistant davantage à mobiliser des relais d'action dans tout le pays qu'à légiférer et réglementer de manière systématique."
06:01 - Je vais te donner un exemple.
06:03 - En gros, tu appelles à la création d'une sorte de compétence de business angel d'intérêt général, de business angel public.
06:13 - Alors si tu veux, je vais te donner une illustration parce que tout ça est documenté si tu veux.
06:18 Tu as une loi qui s'appelle la loi GEC qui permet de centraliser tous les biodéchets des restaurateurs pour faire une collecte groupée et faire du biocarburant.
06:28 Globalement une filière de 55 000 salariés si on la développe.
06:33 La loi a été écrite. Elle est rentrée en application le 1er janvier. Elle en est où la loi ?
06:39 Nous pensons que la loi a été écrite, elle s'applique.
06:42 - On a des poubelles, on nous a donné des nouvelles poubelles.
06:44 - D'accord, tu peux te remballer dans Paris, faire 500 mètres avec ta poubelle.
06:48 - On a tous reçu pour pouvoir faire des nouvelles poubelles.
06:51 - Alors la collecte, elle doit en principe se faire en collecte pour faire de la massification.
06:55 Et pour arriver à ce que tout le monde travaille ensemble, il faut tout simplement qu'une autorité se dise "je vais mettre tout le monde ensemble".
07:01 Pas une loi qui s'applique, pas un pistolet sur la table, je vais faire travailler tout le monde ensemble.
07:06 - Il n'existe pas cette autorité ?
07:08 - Mais non, il n'y en a pas.
07:10 - Donc qu'est-ce qu'on fait les élus ?
07:12 - Dans les préfectures ? Dans les groupements d'intérêt économique ?
07:15 - Stéphane, si quelqu'un veut le faire, il le fait, mais si il ne veut pas le faire, il ne le fait pas.
07:19 - Il n'y a pas le bureau de la mise en oeuvre économique ?
07:24 - Mais il n'y a pas le bureau de la mise en oeuvre.
07:26 - Il y a les initiatives disponibles ?
07:27 - Il n'y a pas la mise en oeuvre, il y a le fait que si une collectivité n'a rien fait, ou si personne n'a rien fait, la loi peut tomber,
07:33 on peut aller devant les tribunaux. Et donc qu'est-ce qu'on fait les collectivités ?
07:36 - Les collectivités sont réparpillées de ci, de là, des points de collecte que personne n'utilise,
07:40 donc elles ont coché la case, j'ai appliqué la loi, et rien ne se passe.
07:44 Parce que tous les entrepreneurs du monde savent que si on veut entreprendre,
07:49 il faut mettre à un moment donné les mains dans le comité, il faut faire travailler les gens ensemble,
07:53 il faut à un moment donné faire les choses, et pas simplement imaginer qu'il y aurait un pouvoir réificateur de la loi.
07:59 Or nous avons des institutions dont le métier consiste en quoi ?
08:03 Les législateurs, ils légifèrent, les réglementeurs, ils réglementent.
08:07 Tout l'intérêt général est confié à des gens dont le métier est de faire des lois, des décrets, des circulaires et des normes.
08:15 Et le résultat, c'est qu'on croule sous les lois, les circulaires et les normes.
08:19 Il est temps de s'ouvrir un tout petit peu les esprits sur une réalité concrète,
08:26 c'est qu'avant de commencer à légiférer sur n'importe quel sujet, l'énergie, l'eau, l'environnement, les engrais, les engrais.
08:34 Il faut bien qu'on légifère sur les engrais, qu'on interdise tel engrais,
08:38 qu'on mette tous les agriculteurs du pays à la rue parce qu'ils n'ont plus rien pour les protéger des pucerons.
08:45 Il s'avère qu'il y a des gens qui ont inventé les parfums,
08:49 qui avec la puissance olfactive des parfums repoussent toutes les typologies d'insectes.
08:54 Et bien ils le développent, c'est lent parce qu'ils n'ont pas d'interlocuteur public qui les écoute.
08:59 Mais ils ont développé toute une gamme de solutions parfaitement efficaces,
09:04 et c'est totalement documenté, mais le problème qui est le leur, c'est qu'on ne nous écoute pas.
09:09 On est, et d'ailleurs pardon pour aller au bout...
09:11 Je connais un tout petit peu le sujet, moins bien que toi, mais je connais un tout petit peu le sujet.
09:14 Une rencontre avec une entrepreneuse formidable, qui m'a dit d'ailleurs que le meilleur désherbant au quotidien,
09:19 je ne parle pas de... mais le meilleur désherbant c'était un tiers de liquide vaisselle, un tiers de vinaigre, un tiers de vodka.
09:24 Tu mélanges tout ça...
09:26 Je referme la parenthèse, il y a un vrai sujet de passage à l'échelle.
09:29 Sur l'ensemble de ces dispositifs "nouveaux pesticides", on va dire ça comme ça,
09:34 il y a un sujet industriel et un sujet de passage à l'échelle et un sujet de CAPEX qui aujourd'hui n'est pas résolu.
09:39 Je voudrais te donner un exemple de passage à l'échelle.
09:42 Encore une fois, je peux faire de la théorie toute la journée, mais je voudrais juste passer à l'échelle.
09:46 Le temps passe super vite, moi je veux savoir institutionnellement, qu'est-ce que tu voudrais,
09:50 tu vois, quand tu dis "cela suppose le développement d'une compétence nouvelle de nos autorités publiques".
09:54 Je veux greffer "Entrepreneurs pour la République" avec l'ensemble des autorités publiques.
09:59 Je veux qu'on ne se prive pas, dans tous les ministères, dans toutes les commissions parlementaires,
10:08 de se dire "je prends un sujet, le transport urbain, le..."
10:15 Et je mets deux ou trois entrepreneurs dans la commission de manière systématique et obligatoire.
10:19 Je regarde, qu'est-ce que... Je peux lancer d'ailleurs "inondation dans le nord, sécheresse dans le sud".
10:25 Je le lance sur la plateforme "est-ce qu'il y a des entrepreneurs qui ont des solutions".
10:29 Et bien il y en a. Un sujet à propos de massification.
10:33 Si on met des bâches...
10:35 - On revient au même problème. Il y en a des centaines qui ont des solutions à ce moment-là, Léonidas.
10:39 - Et bien toutes les semaines et tous les mois, on peut avoir...
10:42 Tous les parlementaires qui, une fois qu'ils ont légiféré à Paris, c'est bien de légiférer,
10:47 mais c'est extraordinaire, les représentants de la nation,
10:50 ils sont d'abord et avant tout représentants de la nation avant d'être législateurs.
10:54 Représentants de la nation, ils peuvent dialoguer avec la nation.
10:56 C'est pas parce qu'il y a des représentants que la nation s'efface.
10:58 Et bien prenons un exemple, parce qu'il est très parlant,
11:02 le fait de couvrir les bassins de lysiers avec des bâches qui permettent de récupérer le métal et de faire de l'énergie.
11:06 Il s'avère qu'il y en a 70 000 en France.
11:08 Tu les fais toutes, c'est l'équivalent de la production d'énergie de la moitié d'une tranche de centrale EPR.
11:15 Et bien tous les élus, tous les parlementaires peuvent aller dans leurs réconscriptions,
11:20 rassembler les parties prenantes, et ça se fait.
11:22 Même pas besoin de mettre la pistolet sur la tente d'une personne.
11:25 Il faut juste rassembler la nation, bâtir ensemble.
11:29 Donc c'est un changement d'état d'esprit ?
11:32 Oui, mais c'est un changement d'état d'esprit.
11:34 Tu le fais inlassablement depuis 15 ans.
11:36 Alors avec peut-être des textes qui peuvent changer.
11:40 50 secondes, 50 secondes, il nous reste.
11:42 Lorsqu'on refuse à des gens qui ont des services à la personne, à ceux qui ont des solutions de sécurité,
11:48 on leur dit "on peut pas conventionner avec vous parce que vous êtes une entreprise à but lucratif".
11:53 Refuser un partenariat, une autorisation, une collaboration à un entrepreneur au seul prétexte qu'il est privé,
12:00 c'est une atteinte à la liberté d'entreprendre.
12:02 Manifestement, c'est une réalité qui a besoin d'être appelée dans l'ensemble de nos autorités publiques.
12:07 Merci Léonidas !
12:09 Le combat continue et tu sais très bien que Bismarck sera toujours à tes côtés pour ce combat-là.
12:14 Comme dit l'autre, "Viva la libertà, cabrone !"
12:18 On se retrouve la semaine prochaine !
12:21 Ciao !
12:22 [Musique]

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