Chaque année, le "Prix Amnesty Jeunes des droits humains" est décerné à un individu ou un groupe de moins de 35 ans en Belgique, salué par les jeunes pour leur engagement envers les droits humains, selon Amnesty International. Cette année, Wassim Allouka, 23 ans et originaire de Bruxelles, a été honoré. Il est co-fondateur du collectif "Solidarité judéo-arabe", qui lutte contre l'antisémitisme, l'islamophobie et le racisme dans le contexte du conflit israélo-palestinien
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Bonjour, bonjour à tous, tout de suite les principaux titres de votre carrefour de l'information.
00:08 La police fédérale a dévoilé ce matin son bilan annuel de 2023, une année une nouvelle fois marquée par la lutte contre la criminalité organisée.
00:17 Le point dans cette édition.
00:19 Et puis toute autre chose, notre invité dans quelques instants, Wassim Alouka, qui a croqué, croqué, pardon, le collectif de réconciliation et de solidarité
00:27 appelée Solidarité judéo-arabe et qui vient de recevoir le prix Amnesty Young des droits humains de cette année.
00:34 À l'international, le Proche-Orient, les pourparlers au caire prolongé de trois jours, la pression internationale, notamment celle des Etats-Unis,
00:41 obligerait Netanyahou à ne pas fermer la porte aux discussions autour du nouvel trêve.
00:46 Et puis nous irons au Maghreb, comme tous les jours en deuxième partie d'émission, notamment au Maroc, les services de streaming mondial dans le collimateur du fisc.
00:54 Désormais, ces entreprises seront tenues de se déclarer au Maroc, de rendre leurs chiffres d'affaires publiques et surtout de payer les taxes correspondantes.
01:02 Voilà pour l'essentiel du Carrefour de l'Info qui démarre tout de suite.
01:05 Le Carrefour de l'Info sur Arabel.
01:10 Et voilà, notre invité vient de nous rejoindre, Wassim Alouka, qui a créé le collectif de réconciliation et de solidarité appelé Solidarité judéo-arabe
01:22 et qui vient de recevoir le prix Amnesty Jeune des droits humains de cette année.
01:26 Wassim Alouka, bonjour.
01:28 Bonjour, monsieur Lahabi.
01:29 Merci d'être avec nous sur Arabel.
01:31 Alors tout d'abord, avant d'aller plus loin, on va faire un petit peu connaissance.
01:34 Je peux te tutoyer, si tu veux bien ?
01:36 Bien sûr.
01:37 Voilà, une petite carte de visite, te présenter un petit peu tes études et ton parcours.
01:40 Alors, je m'appelle Wassim Alouka, j'ai 23 ans, je suis étudiant en gestion de ressources humaines à l'Université libre de Bruxelles.
01:48 Je suis lauréat, comme vous le dites, du prix Amnesty Jeune 2024 et par ailleurs, responsable de projets à la Fédération de la jeunesse musulmane.
01:55 On y reviendra tout à l'heure en détail.
01:57 Alors, vous avez co-créé le collectif de réconciliation et de solidarité appelé Solidarité judéo-arabe.
02:04 Pourquoi, Wassim, une telle initiative ?
02:07 Cette initiative a été co-créée parce qu'il y a eu une répercussion de conflits et la polarisation de réaction
02:15 à travers les réseaux sociaux qu'on connaît, qui a créé une cristallisation et des tensions partout dans le monde,
02:24 y compris entre les communautés juives et les communautés musulmanes.
02:27 Et donc, il nous semblait important, il me semblait important de participer à cette initiative.
02:32 Donc, j'ai participé à la co-création du collectif Solidarité judéo-arabe pour créer un espace de discussion
02:38 entre ces deux communautés qui ne se parlent que très peu, qui restent dans les organisations communautaires,
02:44 qui restent dans l'entre-soi, pour justement ouvrir une brèche et ouvrir le dialogue entre ces deux communautés.
02:50 Alors, vous voulez parler d'espace de discussion. Justement, comment se passe cette discussion entre les deux communautés ?
02:57 En fait, il n'y a pas de conflits en tant que tel, il n'y a pas de guerre en Belgique, mais ils ou elles ne se connaissent pas
03:06 parce que, comme je vous l'ai dit, il n'y a pas d'espace où se rencontrer généralement quand on grandit.
03:13 On grandit à travers des organisations communautaires, des mouvements de jeunesse communautaire et autres.
03:20 Et donc, ça fait qu'on ne se connaît pas et on ne connaît pas l'autre.
03:23 Et donc, il nous semblait important de pouvoir ouvrir justement cette initiative
03:30 pour permettre justement de favoriser de nouvelles rencontres entre des personnes qui n'auraient jamais pu se rencontrer ailleurs.
03:38 Vous dites qu'on ne se connaît pas. C'est peut-être aussi un déficit de l'information de part et d'autre, quelque part ?
03:44 Je pense, de part et d'autre, mais aussi le fait qu'à Bruxelles, il y a un immobilisme qu'on vit.
03:55 Quand on grandit dans une commune, généralement, on y reste. Qu'on vit à Saint-Gilles, à Hucle ou à Jette,
04:03 ça fait qu'il y a un immobilisme social qui fait qu'on ne s'en rencontre pas.
04:08 Et ce n'est pas forcément entre communautés juives et musulmanes, mais c'est entre toutes les communautés
04:12 qui fait que c'est difficile de pouvoir avoir une ascension sociale à travers les milieux sociaux.
04:19 Pour s'intéresser au travail de ce collectif de réconciliation et de solidarité appelé Solidarité judéo-arabe,
04:27 si je veux avoir des infos, est-ce qu'il y a un site, une adresse internet ?
04:31 On utilise beaucoup Instagram, parce que de nos jours, de plus en plus de personnes utilisent les réseaux sociaux.
04:40 Donc, ça a été la meilleure alternative de se lancer sur Instagram.
04:46 Et donc, il y a toutes les infos de nos événements passés et futurs et de ce qu'on a pu faire par ailleurs.
04:54 Vous parlez d'événements futurs, justement. Qu'est-ce qu'il y a en gestation, en projet ?
04:58 Alors, c'est en cours, mais il y a une projection, justement, où on avait été au Musée juif de Belgique,
05:06 justement, de la projection entre femmes israéliennes et palestiniennes, la semaine prochaine, vendredi 23 février à 18h, à la Tricoterie.
05:14 Parce qu'on pense que c'est une continuité d'avoir fait ça.
05:21 Et justement, on a pu faire des rassemblements par le passé, à laquelle j'ai pu participer.
05:27 Et on a participé à la manifestation contre l'antisémitisme l'année passée,
05:31 parce qu'il nous semblait important de pouvoir être dans cette convergence des luttes et dans la création de liens intercommunautaires.
05:36 Justement, ce collectif, d'après toi, Wassim, c'est une petite bouffée d'air dans ce contexte assez chargé et lourd au Proche-Orient ?
05:44 Je pense, oui. Comme je vous l'ai expliqué, comme il y a une répercussion de conflits telle qu'il se passe,
05:55 et aussi la polarisation des réactions qu'on voit sur les réseaux sociaux, ou même de par les interactions sociales,
06:04 il fallait justement retrouver cet espace de communion et de solidarité.
06:10 Et paradoxalement, les répercussions du conflit au Proche-Orient ont amené à la création de nouvelles initiatives semblables au collectif.
06:21 Il y en a une qui a été créée aux Pays-Bas, il y en a beaucoup en France, notamment avec les Guerrières pour la Paix.
06:27 Et donc, c'est justement, paradoxalement, c'est par le fait que ça a créé de nouvelles initiatives, qu'on peut retrouver un espoir de communion et de dialogue.
06:39 Alors, Wassim Alouka, je le disais tout à l'heure, vous avez reçu dernièrement le prix Amnesty International,
06:45 le prix Amnesty Jeune des Droits Humains, cette année. Tout d'abord, votre sentiment ?
06:49 Mon sentiment, j'ai un sentiment de reconnaissance envers toutes celles et ceux qui ont voté pour moi.
06:57 Donc, c'était les écoles secondaires des groupes Amnesty Jeune qui ont participé au vote.
07:03 Et donc, je suis très heureux de pouvoir inspirer une partie de la jeunesse, de la jeunesse belge francophone,
07:09 afin de pouvoir passer des messages comme quoi l'âge ne compte pas et qu'avec les moyens dont on dispose,
07:19 avec les réseaux sociaux et avec les gens qu'on connaît, on peut créer des initiatives qui peuvent avoir un tel impact sur la société.
07:26 Donc, je dis aux jeunes, ne lâchez rien.
07:28 Alors, vous pensez que c'est en quelque sorte une récompense, je dirais une récompense symbolique de votre travail au sein du collectif Solidarité Judeo-Arabe ?
07:37 Je pense que oui, effectivement. Il y a aussi le travail que j'ai pu mener avec mon cercle étudiant.
07:45 Mais c'est aussi le fait que je pense que la jeunesse a trouvé en mon implication un symbole d'espoir et de solidarité
07:59 tel qu'on n'avait jamais trouvé ou tel qu'on avait peu trouvé auparavant.
08:04 Et donc, le fait que j'ai pu participer à cette belle initiative a fait en sorte qu'il y a eu pas mal de jeunes qui se sont dit sûrement
08:16 "Ah tiens, lui, en l'espace de quelque temps, il a pu créer quelque chose, alors moi aussi je peux le faire".
08:21 Wassim Alouka, 23 ans, une autre de vos casquettes à présent.
08:25 Vous êtes aussi membre de la Fédération de la Jeunesse Musulmane. Peut-être nous présenter la fédération ?
08:30 Alors, il faut tout d'abord retracer l'origine. Il faut savoir que c'est Ahmed Abdi, que vous le connaissez sans doute,
08:38 qui est fondateur du Cercle de la Jeunesse Musulmane et qui a créé un premier cercle en septembre 2019 à Louvain-la-Neuve.
08:45 Et par la suite, ça a pris avec l'engouement qu'il y a eu autour de la jeunesse musulmane,
08:51 puisqu'il y a un déficit dans l'associatif. Il y en a au niveau religieux, mais il y en a très peu dans le niveau associatif, il faut le dire.
08:59 Et donc, il y en a eu petit à petit à Namur, à Louvain-la-Neuve, dans d'autres contrées en Wallonie,
09:07 et surtout en région Bruxelles-Capital, où vraiment je suis le responsable de projet, dans la zone Bruxelles.
09:14 Et suite au Covid et à la crise sanitaire, il s'est passé qu'il y a eu un stop, et que l'engouement a augmenté,
09:23 et qu'il y avait une demande de pouvoir créer une union pour pouvoir faciliter la représentativité de la jeunesse musulmane.
09:29 Et donc, c'est pour ça qu'en mars 2021, la Fédération de la Jeunesse Musulmane a vu le jour,
09:35 pour justement être l'interlocuteur légitime entre la jeunesse musulmane et la société civile,
09:41 qu'elle soit politique, culturelle, artistique et autre.
09:44 Nous ne sommes pas une organisation religieuse, nous nous définissons comme une organisation pluraliste,
09:49 qui fait qu'on veut parler à tout le monde, et on veut être justement l'entremetteur entre la jeunesse musulmane,
10:00 entre la communauté et la société civile.
10:03 Et donc, on déploie ce message qu'on peut être jeune, on peut être musulman, et on peut entreprendre plein de choses.
10:09 – Alors, après le Covid, aujourd'hui, un petit peu le travail, les missions, les objectifs de la Fédération,
10:15 notamment, je pense, aux étudiants ?
10:18 – Oui, tout d'abord, le travail de la Fédération de la Jeunesse Musulmane,
10:22 elle sert à répondre aux besoins spécifiques de la jeunesse musulmane, des étudiants musulmans,
10:28 que ce soit au niveau de la formation, de l'éducation, de l'enseignement,
10:33 de l'intégration des primo-arrivants qui viennent des pays maghrébins,
10:39 tels que le Maroc, l'Algérie et la Tunisie.
10:42 Et ça nous permet justement de pouvoir créer un lien et de rapprocher toutes les communautés musulmanes,
10:49 parce qu'il y a des communautés musulmanes, mais qui sont dispersées,
10:53 et donc le fait de pouvoir rassembler les personnes issues des pays du Maghreb,
10:59 les personnes des pays subsahariens, des pays balkaniques et autres,
11:05 ça permet de regrouper toutes les diasporas musulmanes
11:07 pour pouvoir se connaître et se rencontrer.
11:09 – Alors, que répondez-vous à certains qui sont un petit peu frileux
11:14 lorsqu'on entend le mot "musulman" dans une fédération de jeunesse,
11:18 sachant qu'il existe des cercles pour les jeunes juifs et les jeunes catholiques et chrétiens ?
11:23 – Je pense qu'il ne faut pas tomber dans cette frilosité,
11:26 effectivement, comme c'est la première organisation de la jeunesse musulmane,
11:32 ça fait que forcément on peut arriver à déranger certains,
11:36 alors que notre but c'est d'avoir une représentativité,
11:40 d'être dans un esprit de dialogue, d'ouverture à l'autre.
11:44 Moi-même j'ai pu collaborer avec la jeunesse juive, la jeunesse afrodescendante,
11:51 et nous nous sommes rendus compte que c'est par le biais de ces collaborations
11:55 et par le biais de ces projets qu'on peut fructifier notre travail
12:01 et qu'on peut favoriser le dialogue entre la jeunesse musulmane
12:08 et les autres jeunesses et la société civile en général, qui n'est pas musulmane.
12:13 Et donc pour le coup, il ne faut pas tomber dans ces amalgames.
12:17 On peut être étudiant musulman, mais on n'est pas que,
12:23 on est aussi des entrepreneurs, il y a des chercheurs,
12:26 il y a des personnes qui tentent d'être dans le chemin de la communion,
12:30 et je pense qu'il y a du talent, mais qu'on n'arrive pas à le mettre en avant
12:36 et c'est donc ce qu'on veut faire et c'est pour ça qu'on a pour ambition
12:41 que cette organisation soit la première à être reconnue par la Fédération Alenis Bruxelles.
12:45 Et combattre tous ensemble aussi le racisme, on en parlait tout à l'heure en off,
12:49 vous êtes rentré en studio, vous voulez réagir à propos de la création
12:53 du conseil consultatif bruxellois pour l'élimination du racisme.
12:56 Hier nous avons eu en ligne ici sur cette même antenne
12:58 la secrétaire d'Etat Nawal Benaoumou et ensuite la réaction de Mustapha Chéry,
13:03 administrateur du CIB, le CIB qui n'a pas été retenu.
13:06 On trouve cette décision regrettable de la part du gouvernement bruxellois
13:13 parce que s'il est important de lutter contre toute forme de racisme,
13:17 elle ne peut se faire sans la communauté musulmane
13:20 ou sans aucune autre communauté potentiellement discriminée.
13:23 Et donc nous trouvons ça regrettable et nous tenons à interpeller,
13:27 la Fédération de la jeunesse musulmane tient à interpeller le gouvernement bruxellois
13:31 quant à l'absence remarquée du collectif pour l'inclusion contre l'islamophobie en Belgique
13:36 qui est notre partenaire, notamment pour les formations, contre les discriminations,
13:40 au conseil bruxellois pour l'élimination du racisme.
13:43 Et donc nous espérons avoir une clarification et une reconsidération
13:47 de la décision de la part du gouvernement bruxellois.
13:51 Voilà, je pense que le message est passé.
13:54 Avant de nous quitter, peut-être Wassim Alouka, le message justement,
13:58 le mot de la fin si tu as un conseil à donner à tous ces jeunes
14:02 pour être plus actifs dans la société civile par exemple.
14:06 Oui, tout à fait.
14:08 Alors par le biais de mon expérience au cercle, à la Fédération de la jeunesse musulmane,
14:14 je tiens à dire qu'elle m'a énormément apporté, qu'elle m'a apporté beaucoup d'expérience.
14:18 J'ai été par ailleurs l'année passée coordinateur du cercle de la jeunesse musulmane à ULB.
14:22 J'ai pu à travers les collaborations, à travers plein d'activités,
14:28 pu engranger de l'expérience plus rapidement qu'en quatre années à l'université.
14:33 Et donc ce que j'aimerais dire aux jeunes, c'est d'avoir de l'ambition, comme moi j'en ai,
14:39 de ne pas se mettre des limites, d'enlever ces fausses croyances qu'on ne peut pas y arriver.
14:44 Parce que oui, la jeunesse, elle est souvent négligée par la société civile.
14:48 Mais si vous me voyez actuellement justement à cette position-là,
14:54 c'est grâce à mon entourage familial que je tiens à remercier.
14:59 Grâce évidemment à la Fédération de la Jeunesse Musulmane et à Ahmed Abdi qui m'a beaucoup aidé.
15:04 Et à tous les autres justement qui m'ont permis d'être là où j'en suis.
15:07 Donc ne lâchez rien et il faut vivre ses rêves et ne pas rêver toute la vie.
15:17 C'était donc la conclusion de Wassim Alouka.
15:20 Je rappelle que tu as 23 ans, que tu as co-créé le collectif de réconciliation et de solidarité
15:25 appelé Solidarité Judéo-Arabe et que tu as reçu récemment aussi le prix Amnesty Jeune des droits humains cette année.
15:32 Merci d'avoir été avec nous.
15:34 Merci beaucoup M. Lahabi.
15:35 On se retrouve dans quelques instants pour la suite de votre Cafo de l'Info.
15:37 de la fou.