[#REPORTAGE] Gabon : déclaration des tenanciers de boîtes de nuit paupérisés par le couvre-feu
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00:00 Bonjour et merci à toutes celles et ceux qui sont présents aujourd'hui,
00:04 la presse, les collègues du métier et tous ceux qui sont là par solidarité.
00:09 Je suis Ralph Sambouni, acteur de la nuit parmi d'autres,
00:13 et solidaire de tous les corps impactés par la crise que nous vivons actuellement,
00:18 qui dure depuis un petit moment.
00:20 Je précise ici que c'est une initiative de peu de gens,
00:23 mais d'un intérêt supérieur de représenter le plus grand monde.
00:27 Nous ne voulons pas représenter tout le monde,
00:30 ceux qui se sont exclu ou ceux qui ne se sont pas concernés,
00:33 nous ne parlons pas pour eux, nous ne parlons que pour ceux qui adhèrent à la démarche.
00:37 Je vais commencer avec le propos officiel que nous avons fait par le groupe.
00:43 Mesdames et messieurs de la presse, mesdames et messieurs les membres du gouvernement,
00:47 chers officiers supérieurs du comité pour la transition et la restauration des institutions,
00:52 Monsieur le président de la transition, président de la République,
00:55 chef de l'État, permettez-moi de vous raconter l'histoire vraie et réelle de Laura, d'Alexis et de Yves,
01:01 pour illustrer de façon concrète la substance de notre déclaration.
01:05 Nous sommes le 10 mars 2020.
01:07 Laura, une jeune gabonaise de 25 ans, mère célibataire d'un adorable garçon prénommé Noah,
01:12 qui a 6 ans, travaille comme caissière dans un établissement de Laplace.
01:16 Le propriétaire est un jeune entrepreneur gabonais, que nous appellerons ici Alexis, par discrétion.
01:22 Elle tient la caisse, mais elle sert aussi les clients du bar, ce qui lui vaut les pourvoirs,
01:26 avec son salaire de 200 000 francs CFA et ses pourvoirs journaliers.
01:29 Elle parvient à cumuler plus de 300 000 francs de salaire par mois.
01:32 Elle peut payer sa chambre américaine, nourrir son fils,
01:36 aider à payer l'école de sa soeur cadette qui garde son fils pendant les heures de travail,
01:41 et... excusez-moi, je me suis perdu...
01:44 nourrir son fils, qu'elle aime, et même participer à une continue mensuelle de 50 000 francs par mois,
01:49 qui lui perdra plus tard, dans le caissier, 500 000 francs d'impôt.
01:52 Laura a arrêté les études à 19 ans, lorsqu'elle tombe ancienne de Noah.
01:56 Sa famille, en désaccord avec ses choix de vie, l'a abandonnée à elle-même. Le père a déserté.
02:01 Pour prendre soin de Noah, il a fallu travailler tout de suite.
02:04 Tout n'est pas rose, mais Laura tient bon et s'occupe de ce petit ange venu du ciel.
02:07 Le 13 mars 2020, c'est le basculement. Entrée formelle de la Covid-19 sur le sol gabonais,
02:13 fermeture des frontières et des lieux accueillant le public, et donc, débât.
02:17 Laura est désormais au chômage technique. N'ayant pas de parents et en raison de son faible revenu,
02:22 Laura doit quitter la chambre américaine qu'elle loue. Pour nourrir son fils et payer l'école,
02:26 elle en est réduite à quémander l'aide de sa famille, qu'il a pourtant rejetée.
02:29 Parfois, elle doit accepter les amendes d'un homme peu attrayant. Après tout, il faut bien nourrir son fils.
02:35 Toute l'économie est en berne. De nombreux secteurs d'activité, où elle peut exercer en raison de son bas niveau de qualification,
02:42 sont à l'arrêt, ou en baisse drastique d'activité.
02:45 Laura va rester au chômage technique près de 18 mois. Un drame social.
02:50 Le bar où elle travaillait a dû fermer boutique. Le bailleur exigeait, en dépit de la crise,
02:54 le paiement scrupuleux de son loyer à l'échéance. Au bout de 6 mois, faute d'une perspective de redressement,
02:59 c'est la fermeture. Ce jeune entrepreneur gabonais y a émis toutes ses économies.
03:03 Lui qui n'a guère généré près de 20 millions de chiffres d'affaires mensuels et une marge nette confortable,
03:08 Alexis vient de perdre le plus de 12 ans de travail comme cadre salarié.
03:13 Il avait démissionné trois ans plus tôt d'une multinationale implantée au Gabon pour poursuivre le rêve gabonais.
03:18 Au second semestre 2021, le gouvernement autorise la réouverture des bars avec un couvre-feu.
03:24 C'est un ouf de soulagement pour Laura. Elle retrouve du travail en juin 2021, cette fois-ci comme serveuse.
03:30 Elle va travailler au Petit Point Chaud, un bar-restaurant de la capitale,
03:33 tour jeu mené par un entrepreneur gabonais que nous avons appelé Yves.
03:37 Lui aussi employé d'une multinationale. C'est 150 000 francs par mois, mais les clients sont généreux.
03:43 Elle cumule jusqu'à 350 000 francs de salaire tous les mois avec les pourboires.
03:47 Elle reprend un logement et reprend sa dignité.
03:50 Les chiffres ne sont pas au rendez-vous pour Yves en raison du couvre-feu arrêté à 21h.
03:54 Bientôt, il va devoir mettre une partie de son personnel au chômage technique.
03:57 Laura est dans le lot. Huit mois seulement après avoir imposé une activité salariée, Laura se retrouve à nouveau brisé.
04:03 Cette situation va perdurer jusqu'à la fin du mois de mars 2022, où le gouvernement mettra à terre en mesure de couvre-feu.
04:09 En mai 2022, Laura va reprendre du service au Petit Point Chaud. La reprise est timide.
04:13 Les clients sont moins généreux, sortant eux aussi d'une récession économique difficile.
04:17 A force de résilience, Yves finit par faire remonter les chiffres de l'établissement.
04:21 Les clients reprennent le chemin de son bar et les pourboires de Laura repartent à Laos.
04:25 Mais cela n'en était que de quelques mois.
04:27 Au 30 août 2023, seulement après quelques mois après la reprise à Laos, entre joie de libération du pays et espérance pour le futur, les horreurs frappent à nouveau.
04:37 Laura va une fois de plus se retrouver au chômage technique.
04:39 Fermeture des bars, couvre-feu à 18h, puis à 22h, puis à minuit.
04:44 Si l'année des classiques progresse à mesure que l'heure du couvre-feu recule, les chiffres restent en berne.
04:49 Pour survivre à ce contexte qui perdure, Yves n'a pas d'autre choix. Il va devoir à nouveau alléger le personnel.
04:55 Laura se retrouve une troisième fois au chômage technique. Oui, une troisième fois.
05:00 Yves, sur-endetté, Alexis qui tire le diable par la queue depuis mars 2021, a divorcé de son épouse.
05:06 Le drame économique, le déchirement social.
05:09 Mesdames et messieurs de la presse, mesdames et messieurs les membres du gouvernement,
05:13 chers officiers supérieurs du Comité pour la transition et la restauration des institutions,
05:18 Monsieur le Président de la Transition, Président de la République, Chef de l'État,
05:22 le mentor de Laura, d'Alexis et de Yves est une histoire réelle.
05:25 Si les prénoms sont romancés pour l'anonymat, le drame économique de ces vies traduit le drame économique
05:29 de milliers de Gabonaises et Gabonais, de centraines d'entrepreneurs Gabonais sur toute l'étendue du territoire.
05:34 C'est pour trouver des solutions pérennes à ces drames économiques et sociaux
05:38 que nos établissements de type café, hôtel et restaurant y assimilent, y compris notamment les bars,
05:43 snack bars, bar lounge, boîtes de nuit portées par de nombreux collectifs,
05:46 notamment le collectif des établissements de nuit du Gabon,
05:49 le collectif des tenanciers des bars et snack bars du Gabon,
05:52 le collectif des employés du secteur nuit, le collectif des DJs, discomics,
05:56 excusez-moi de ne doubler personne, les collègues de Lambaréné et Port Gentil,
06:03 les collègues de Port Gentil prennent aujourd'hui la parole pour vous interpeller et lancer un cri d'alarme.
06:09 Notre secteur connaît depuis mars 2020, c'est-à-dire depuis 4 ans maintenant,
06:14 par raison de facteurs exogènes à son fonctionnement, des soubresauts qui se traduisent par de véritables drames humains.
06:20 Chômage de longue durée, de milliers de Gabonais, sur-indépendants, entrepreneurs,
06:24 déchirements familiaux, tentatives de suicide.
06:28 Monsieur le Président de la Transition, nous tenons tout d'abord à rassurer les populations.
06:32 Nous prenons fait et cause pour le coup de libération du pays du 30 août dernier.
06:35 Nous saluons unanimement l'action, le courage et le patriotisme des forces de sécurité et de défense.
06:41 Nous savons une fois certaines ont des lendemains économiques meilleurs qu'en autre pays,
06:44 sur la fois de vos actions et réformes engagées.
06:46 Mais comme le disait le célèbre économiste John Maynard Keynes, à long terme, nous sommes tous morts.
06:51 Sans actions fortes aujourd'hui, les drames économiques, sociaux et familiaux sont fortement présents,
06:55 mais silencieux vont perdurer.
06:57 C'est pour donner l'amour à toutes les loras, tous les anexis et tous les huit de ce pays,
07:01 Monsieur le Président, que nous parlons aujourd'hui, nous disons qu'il vous faut réagir.
07:06 Nous savons l'attachement que vous avez au bien-être des populations gabonaises,
07:10 véritable leitmotiv de votre action.
07:12 Mais la première condition du bien-être, c'est la dignité par l'emploi,
07:15 c'est la dignité par le travail, l'entrepreneuriat et la réalisation de soi.
07:19 Or, le maintien du couvre-feu depuis bientôt six mois contribue de manière directe et brutale
07:23 à fragiliser une part importante du tissu social et une part non négligeable de notre économie.
07:28 Oui, en effet, Monsieur le Président, la transition, ce ne sont pas les multinationales qui sont impactées,
07:33 ce ne sont pas les cadres et les hauts cadres des entreprises privées de l'administration
07:37 qui sont directement touchées, ce sont les bas niveaux de qualification.
07:39 C'est le petit peuple qui a créé victoire au matin du 30 août 2023, qui est lourdement et directement impacté.
07:47 Aussi, compte tenu de ce qui précède, nous en appelons à votre ambition première,
07:51 celle de redonner aux Gabonais leur dignité.
07:53 Nous en appelons au sens de la responsabilité du gouvernement,
07:55 afin de prendre des mesures d'allégement du couvre-feu et des mesures compensatoires
07:59 pour aider au regressement de notre secteur et redonner de la dignité aux moins nantis.
08:03 C'est dans cet esprit que nous proposons les mesures suivantes.
08:06 Mettre un terme au couvre-feu, moyennant le renforcement multiforme du dispositif sécuritaire du pays
08:11 au rang stratégique, les frontières, les limites entre les villes.
08:14 Permettre le redressement des établissements CHR et assimilés, fragilisés depuis quatre ans
08:19 par des mesures compensatoires et le soutien, notamment une baisse de la pression fiscale
08:23 se traduisant par la dispense de TVA à l'achat pour tous les admissions affiliées jusqu'au 31 décembre 2025,
08:29 l'exonération des impôts professionnels et des impôts locaux pour tous les admissions affiliées jusqu'au 31 décembre 2025,
08:35 l'interdiction de coupure d'électricité par l'ASG pour les établissements affiliés débiteurs jusqu'au 31 décembre 2024.
08:42 Vous voudrez bien noter, M. le Président de la Transition, qu'il s'agit ici de propositions fortes
08:47 pour permettre d'une part la survie de tout un secteur d'activité et le retour à l'emploi de milliers de gabonais,
08:52 mais aussi de redresser le dissecteur après quatre années de marasme économique
08:58 dû à des facteurs exogènes totalement indépendants de sa volonté.
09:01 Nous attendons donc d'être conviés par les ministres compétents que vous désignerez pour la mise en œuvre de ces mesures
09:06 ou d'autres mesures d'effet équivalent.
09:08 En outre, nous lançons un appel cette fois-ci à tous les tenanciers d'établissement de type CHR et assimilés à travers l'ensemble du pays.
09:16 Notre secteur est sous-endousculé au gré des circonstances naturelles, sociales et politiques indépendantes de notre volonté.
09:21 Pour suivre, il nous faut une corporation forte et largement augmentative,
09:26 une corporation formalisée, professionnalisée et compétente.
09:29 C'est pourquoi nous invitons tous les tenanciers à rejoindre les collectifs existants
09:33 et les invitons à prendre part à l'Assemblée Générale Constitutive du Fédération,
09:36 l'IFFédération CHR et Assimilés du Gabon, en abrégé FCHRAG,
09:42 qui se tiendra le samedi 24 février prochain à Loxy, à Livreville, à 11h précise,
09:47 et ce, parce que des milliers de vies en dépendent.
09:50 Honneur et fidélité à la patrie, c'est enfin notre sort à faire la félicité.
09:54 Je vous remercie.
09:56 (Applaudissements)
09:59 (Générique)
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