Le témoignage poignant de Laura Rapp, victime de violences conjugales et d'une tentative d'homicide par son ex-conjoint.
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00:00 En fait, les violences ne s'arrêtent pas aux portes de la prison.
00:03 Ce qu'il faut savoir, c'est qu'en avril 2018, c'est les voisins qui m'ont sauvé la vie.
00:07 Sinon, je serais dans un cimetière.
00:09 Donc, il a été mis en détention provisoire pour tentative de meurtre.
00:12 Il a été libéré le 14 février 2019.
00:14 Je n'ai pas été libérée, puisqu'on, à l'époque,
00:17 ne considérait vraiment pas du tout les victimes.
00:19 Il y a eu trois mois d'infraction en contre-judiciaire.
00:22 J'ai même dû engager un détective privé pour prouver qu'il ne vivait pas là où il vivait.
00:26 La juridiction n'a pas répondu une seule fois.
00:28 Au bout d'un moment, je me suis retrouvée née avec lui devant le domicile de chez mes parents.
00:33 Il avait mon père avec moi.
00:35 Ça l'a fait fuir.
00:36 À l'époque, je n'ai pu que déposer une main courante.
00:39 Je me suis dit que la seule chose qui le remettrait en détention provisoire,
00:42 c'est quand il m'aura tué.
00:43 C'est d'où j'ai tweeté à l'époque, le 14 mai 2019.
00:47 Une semaine après, il a été remis en détention provisoire pour les infractions qu'on dénonçait.
00:52 Mais personne ne l'a rendu compte.
00:54 Je pense que ça, c'est un véritable problème.
00:56 Tout ce qui touche aux violences faites aux femmes et aux enfants,
00:58 quasiment personne ne le rendait compte.
01:00 Ce n'est pas pour faire des condamnations, pour pointer telle ou telle personne,
01:04 mais c'est insupportable.
01:05 Il n'y a même pas 11 excuses.
01:06 Moi, ça a été un traumatisme sur un traumatisme.
01:09 Je n'aurais pas tweeté, je ne serais peut-être même plus là.
01:12 Depuis, il a été condamné pour tentative de meurtre en décembre 2019.
01:15 Ma fille, elle a été reconnue.
01:17 J'ai déposé deux plaintes depuis qu'il était en prison.
01:20 Victime, elle aussi, c'est ça ?
01:23 Oui, ma fille, en décembre 2019, a été reconnue par une cour d'assises.
01:26 Et ça, c'était très rare qu'un enfant témoin d'une tentative de meurtre
01:30 ait été victime.
01:31 On ne devrait même pas se poser la question.
01:32 La cour avait refusé le retrait d'autorité parentale
01:36 en prétextant qu'un homme qui essaie de tuer sa compagne,
01:38 ça ne remettait en aucun cas en cause ses qualités paternelles.
01:41 Je ne vais pas faire plus de commentaires sur ça.
01:43 On a fait appel de la décision avec le...
01:46 Comment ?
01:47 Aujourd'hui, qu'en est-il ?
01:48 Est-ce qu'aujourd'hui, vous avez moins ou plus peur ?
01:52 Ah non, je viens d'en faire.
01:54 J'ai déposé deux plaintes.
01:55 Une plainte pour cyberharcèlement avec 10 jours d'ITT.
01:58 La plainte a été classée en sens suite.
02:00 J'ai déménagé deux fois.
02:01 Il a retrouvé mon adresse et il n'a rien eu.
02:04 Voilà, juste son avocate a été recadrée par la juge d'application des peines.
02:08 Pareil, on ne compte pas de compte,
02:10 sa première demande d'aménagement de peine
02:12 a pu être faite au bout de trois ans sur huit ans.
02:15 Les sens... Enfin, quel est le sens de la peine ?
02:17 Il n'y en a pas.
02:19 Il a été libéré en mars de l'année dernière.
02:21 Donc, en ministre de la justice, les victimes sont prévenues.
02:24 Non, ce n'est pas vrai.
02:25 J'ai été prévenue une fois qu'il a été dehors.
02:27 Mais j'avais anticipé, puisque je connais ce système judiciaire.
02:30 Donc, encore une fois, c'est moi qui ai dû déménager.
02:32 Il a bénéficié d'une semi-liberté, mais pareil,
02:35 ça a été très difficile pour le savoir.
02:37 Et au mois d'août de l'année dernière,
02:39 il a bénéficié d'une libération conditionnelle.
02:42 Et la juge ne m'a pas prévenue, c'est un de mes proches,
02:45 puisque monsieur se vantait auprès de certaines personnes
02:48 et c'est revenu à mes oreilles qu'il n'avait plus de contrôle,
02:51 qu'il n'avait plus rien.
02:52 Et j'ai reçu six mois après, ses interdictions.
02:55 Et vous savez quoi ?
02:56 Puisque je peux le dire publiquement,
02:57 puisque on a une audience.
02:58 Il y a deux semaines,
02:59 cet homme est interdit dans certains départements
03:02 pour vous montrer l'impunité de cet agresseur.
03:04 Je ne vais pas dire quel département, ça n'a pas d'importance.
03:06 Ce n'est pas moi qui l'ai fait, c'est la juge d'application des peines.
03:08 Cet homme s'affiche sur LinkedIn, dans son travail, dans ce département.
03:12 Donc, en fait, finalement, c'est lui qui est interdit de ce département.
03:16 Mais c'est moi qui ai dû quitter ce département,
03:18 parce que je savais que je connais le système judiciaire,
03:20 je connais cet homme.
03:21 Je savais qu'il allait vivre pas loin de mon ancien domicile,
03:24 puisqu'il se trouvait une femme, il s'est marié,
03:26 qu'il tient une boutique d'alcool à côté de mon ancien domicile,
03:28 alors que monsieur est quand même dangereux d'un point de vue criminologique
03:31 avec des boissons alcoolisées.
03:32 Donc, en fait, je ne sais pas s'il faut rire, s'il faut pleurer.
03:35 Je vis un enfer.
03:36 Il n'y a quasiment aucun soin pour ces hommes, aucun suivi.
03:39 Moi, j'estime que quand ils rentrent en prison,
03:41 on devrait les faire travailler, en fait,
03:42 si vous voulez, sur le pourquoi, du comment, ils en arrivent là.
03:44 Mais non, ils ne se passent rien.
03:45 J'ai l'impression que plus ils sont dangereux,
03:46 plus ils sont lâchés dans la nature.
03:48 Cet homme, vous savez ce qu'il a fait ?
03:49 Il a déposé une plainte contre moi, puisqu'il a un peu d'argent, ce monsieur,
03:53 et contre la maison d'édition,
03:54 il a fait une constitution de partie civile en diffamation contre mon livre.
03:58 Et en fait, ce qu'il faut savoir,
03:59 c'est qu'on est quasiment automatiquement mis en examen
04:03 et renvoyé devant un tribunal correctionnel.
04:05 Donc, j'ai été mise en examen.
04:07 Vous vous rendez compte ?
04:08 Par celui qui a essayé de me tuer,
04:10 qui m'a fait vivre des années de violence conjugale.
04:12 J'ai vu une juste instruction.
04:13 Même des victimes de viol, parfois, n'ont même pas d'instruction.
04:17 Alors que la justice, elle est en faillite.
04:20 Moi, ce monsieur a mis 50 propos.
04:23 J'ai mis bourreau, tortionnaire,
04:24 pour qu'on m'explique comment j'aurais dû désigner cet homme.
04:27 Petit cœur, petit chaton.
04:28 Et là, il y a un procès qui s'est tenu le 2 février au tribunal de Paris.
04:32 Une de mes journées a été monopolisée pour entendre,
04:36 je ne sais même pas comment décrire, cet homme,
04:38 qui ne présente aucune humanité, se faire passer pour une victime.
04:41 Voilà, donc je me suis sentie humiliée.
04:44 Je ne souhaite à personne de vivre ce que je vis.
04:47 Et il y a deux ans, je vous le dis publiquement,
04:50 puisque tout est fait pour pousser au suicide des victimes,
04:52 et c'est ce qu'il a essayé de faire,
04:53 j'ai pensé à mettre fin à mes jours.
04:55 Et en fait, la juge d'instruction,
04:57 parce que je ne veux pas les mettre tous dans le même panier,
04:59 a fait preuve d'une telle humanité.
05:00 Elle a eu les mots.
05:01 Et je pense que si elle n'avait pas eu ces mots,
05:03 j'aurais mis fin à mes jours après.
05:05 C'est un enfer.
05:06 Je vis plus d'années de violence antiséminale
05:08 que lui a fait d'années de prison.
05:10 Moi, je demande juste que les lois soient appliquées,
05:13 que cet homme me laisse tranquille.
05:15 Ça fait deux courriers que mon avocat envoie à la juge de l'application des peines
05:19 en dénonçant qu'il en fera une interdiction.
05:23 On n'a pas de réponse.
05:24 Mais vous vous rendez compte le message d'impunité,
05:27 et moi, ce que ça me renvoie,
05:28 il a des interdictions jusqu'au 26 mars.
05:31 Je ne sais même pas si ça va être reconduit.
05:34 Franchement, honnêtement,
05:36 on me dit d'aller sur les réseaux sociaux,
05:38 mais j'en ai marre, je suis fatiguée.
05:39 J'ai déménagé loin pour protéger ma fille.
05:43 Les professionnels me disent par derrière,
05:45 c'est ce qu'ils disent à de nombreuses victimes,
05:47 en fait, la France ne protège pas les victimes.
05:49 Il faut quitter la France.
05:50 Mais si on quitte tout le navire,
05:53 en fait, qui va protéger nos enfants,
05:57 les futures générations ?
05:58 Moi, j'ai fait le choix de me battre,
06:00 de dénoncer,
06:01 mais franchement, j'en paye le prix fort.
06:03 Ce qu'il faut savoir à l'audience du 2 février,
06:05 la procura a quand même recadré mon ex-compagnon.
06:08 Elle lui a dit ce qu'il était,
06:10 que la victime, c'était moi.
06:12 Elle a demandé ma relâche,
06:13 et celle de la maison d'édition.
06:14 Et que si elle avait eu le pouvoir,
06:16 elle lui aurait mis une amende significative.
06:18 Mais c'est la loi qui est faite par des politiques
06:20 et pour des politiques qui permet ça.
06:22 Je suis désolée,
06:23 mais au bout d'un moment,
06:24 ce qui se passe sur le terrain, c'est dramatique.
06:25 Moi, j'en peux plus.