• il y a 10 mois
Trouver un logement est de plus en plus difficile. Trouver un logement sain, encore plus. Passoires énergétiques, pollution, moisissures... Les maux liés à l'habitat sont variés et peuvent avoir des conséquences graves. La mauvaise qualité de l'air intérieur entraîne des problèmes respiratoires, des allergies ou de l'asthme. Souffrir du froid ou de la chaleur chez soi expose à des maladies cardiovasculaires ou des troubles du sommeil. Ainsi, selon l'OMS, près de 130 000 décès sont attribuables à l'insalubrité des logements, chaque année, en Europe. Ces risques liés à l'habitat sont-ils suffisamment pris au sérieux ? Comment permettre aux Français de vivre dans un logement qui ne nuise pas à leur santé ? Nous poserons ces questions à notre invitée Stéphanie Vandentorren, épidémiologiste à Santé Publique France.

La santé figure au premier rang des préoccupations des Français et au coeur de tous les grands débats politiques et sociétaux.
L'organisation des soins, le service public hospitalier, mais aussi le mal de dos, les allergies, la bioéthique ou encore la nutrition... Sur LCP-Assemblée nationale, Elizabeth Martichoux explore chaque mois un thème de santé publique.
Entre reportages, interviews de professionnels de santé, de personnalités politiques mais aussi de patients, ce rendez-vous aborde tous les maux d'une problématique de santé, ses enjeux, les avancées et les nouveaux défis pour mieux vivre demain !

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Transcription
00:00 ...
00:11 ...
00:38 Musique intrigante
00:40 -Plus de 14 millions de personnes sont fragilisées
00:43 par la crise du logement en France, d'après la fondation Abbé Pierre.
00:46 Et pour une partie d'entre elles, cela ressemble à ça,
00:50 des habitations vétustes, humides et difficiles à chauffer.
00:54 -Là, je vais nettoyer.
00:56 Ca va revenir le lendemain ou le surlendemain.
00:59 Y a pas photos, c'est comme ça tout le temps.
01:01 -Moisissure, pollution de l'air intérieur, surpopulation.
01:05 Vivre dans un logement insalubre peut avoir des conséquences graves
01:08 sur la santé physique, mais aussi mentale.
01:11 -Je ne dors même plus, à force d'être dedans.
01:14 Parce que je me dis, aujourd'hui, c'est les factures.
01:17 Demain, ça peut être la santé des enfants,
01:20 retour à l'hôpital.
01:22 -Mais les Français ne font pas toujours le lien
01:25 entre leur logement et leurs symptômes,
01:28 notamment lorsque la menace est invisible,
01:30 comme la présence de composés volatiles dans l'air.
01:34 Alors, comment mieux informer les Français
01:36 sur les risques du logement ? Y a-t-il péril en la demeure ?
01:39 C'est le thème de ce nouveau numéro d'Etat de santé.
01:42 -Bonjour et bienvenue dans "Etat de santé".
01:48 Vous êtes bien installé devant votre télé ?
01:51 Tant mieux. Et c'est bien normal.
01:53 Ce qui l'est moins, ce sont les logements malsains,
01:56 cet environnement, ce cadre de vie
01:58 qui, éventuellement, peut provoquer
02:01 certaines pathologies, certaines maladies.
02:04 Merci d'être avec nous, Stéphanie Vanden Toren.
02:07 Vous êtes épidémiologiste.
02:08 Vous connaissez la question du mal-logement.
02:13 Stéphanie Vanden Toren, on ne va pas découvrir
02:15 qu'il y a des problèmes, des difficultés
02:18 d'insalubrité liées au logement.
02:20 Dans les siècles passés, c'était bien pire.
02:23 Et pourtant, il y a une petite musique
02:25 qui laisse penser que ça s'aggrave.
02:27 -Je pense que, effectivement, vous le soulignez,
02:30 le logement est un déterminant majeur
02:32 pour la santé publique depuis longtemps.
02:34 On le sait depuis les années 1870.
02:37 Mais c'est vrai qu'on retrouve une préoccupation
02:39 un peu croissante des populations.
02:42 Je pense, parce qu'on est à l'aube
02:44 d'une crise du logement certaine,
02:46 qu'il y a de plus en plus de populations
02:48 sans domicile, notamment des familles
02:50 avec des jeunes enfants.
02:52 Mais c'est vrai qu'avec les changements climatiques
02:55 et d'autres facteurs qui vont aggraver la situation
02:58 pour un certain nombre de personnes.
03:00 -C'est la partie des chercheurs qui ont mis en lumière
03:03 ces inégalités. On regarde votre portrait.
03:06 -Stéphanie Van Den Toren est médecin épidémiologiste
03:14 à Santé publique France.
03:15 Son domaine, ce sont les inégalités sociales
03:18 et territoriales de santé.
03:20 C'est lors de la canicule de 2003
03:22 qu'elle s'y est intéressée pour la première fois.
03:25 Puis, elle s'est rapidement penchée sur la question de l'habitat,
03:28 qui est un facteur déterminant des inégalités de santé.
03:32 Aujourd'hui, Stéphanie Van Den Toren a pour mission
03:35 de mieux intégrer le logement
03:37 dans les études et les travaux de Santé publique France.
03:40 -Stéphanie Van Den Toren,
03:46 quand on parle d'insalubrité, on pense spontanément
03:49 l'amiante, par exemple, les passoires thermiques,
03:52 l'humidité, les moisissures.
03:54 C'est à peu près ça ?
03:56 C'est le champ de l'insalubrité, ce que j'ai dit ?
03:59 C'est plus vaste que ça ?
04:00 -Un logement, il y a beaucoup de définitions,
04:03 une pluralité de définitions,
04:05 entre logement indigne, insalubre, mallogement.
04:08 Toutes ces notions réfèrent à des expositions
04:10 qui sont non seulement dans le logement lui-même,
04:13 ça peut être des moisissures, des nuisibles,
04:16 des rats, des punaises de lit, on en a beaucoup parlé récemment.
04:20 -C'est un problème de logement.
04:22 -Ca fait partie.
04:23 En tout cas, des nuisibles qui peuvent avoir un effet sur la santé,
04:27 notamment la santé mentale, par exemple.
04:30 Ca peut être des problèmes de température extrême,
04:33 avec température chaude ou froide.
04:35 Ca peut être des problèmes physico-chimiques
04:37 d'exposition à la pollution intérieure.
04:40 C'est un tas de facteurs liés au logement.
04:42 -Le confinement, quand on a été obligé, pendant des mois,
04:45 cette période inouïe liée au Covid, de rester dans les intérieurs.
04:49 Là aussi, on a pris la mesure de l'inégalité en termes de logement.
04:53 Ca a été un déclencheur aussi, non ?
04:55 -Oui. Le Covid a vraiment eu un effet révélateur
04:58 des inégalités sociales de santé, qui étaient déjà préexistantes.
05:02 Notamment, on a eu des études épidémiologiques
05:04 qu'on fait ados, sur la santé mentale des enfants,
05:07 où on voit qu'il y a un impact sur la santé
05:10 qui est socialement différencié en fonction du logement qu'on occupe.
05:14 Je pense notamment à des choses toutes bêtes,
05:16 mais chez les ados, surtout,
05:18 le fait d'avoir une pièce dans laquelle s'isoler,
05:21 c'est un facteur associé à la détresse psychologique.
05:24 -Pour mesurer les difficultés que provoque le mal logement,
05:29 regardez certaines statistiques clés.
05:31 -Une annonce immobilière a beau être alléchante,
05:38 elle ne nous dit pas tout.
05:40 Derrière la façade,
05:41 comment les Français vivent-ils dans leur logement ?
05:44 Peut-être vous suffit-il de tendre l'oreille pour le savoir,
05:48 tellement les murs sont fins.
05:50 18 % des Français se plaignent de nuisances sonores.
05:54 Et les moisissures,
05:56 c'est le lot de 14 à 20 % des logements en France métropolitaine.
06:00 Elles peuvent aggraver les allergies, l'asthme
06:04 ou les bronchopneumopathies chroniques obstructives,
06:08 qui pourraient devenir la troisième cause de mortalité au monde en 2030,
06:12 selon l'OMS.
06:13 21 % des Français se plaignent d'une mauvaise aération ou ventilation,
06:19 mais leur première préoccupation, c'est sans doute l'isolation thermique,
06:24 26 % des ménages ont eu froid chez eux en 2023.
06:27 Et ce n'est pas sans risque.
06:30 10 350 décès seraient dus à l'inefficacité énergétique des logements,
06:35 soit 30 % de la surmortalité hivernale.
06:39 Et lorsque l'été arrive,
06:41 les passoires thermiques, impossibles à chauffer,
06:43 se transforment en bouilloire.
06:46 En 2022, 6 personnes sur 10 ont souffert de la chaleur chez elles,
06:50 et 3 Français sur 10 n'ont pas de jardin
06:53 pour se rafraîchir.
06:55 Alors certes, aujourd'hui,
06:56 99,5 % des logements disposent d'un confort sanitaire de base,
07:01 avec l'eau courante et les toilettes intérieures,
07:04 contre 61 % en 1973.
07:07 Mais les inégalités se creusent.
07:10 Chez les plus modestes,
07:11 la part de ceux qui estiment que leur logement est difficile à chauffer
07:15 a augmenté, alors qu'elle s'est réduite
07:17 pour toutes les autres catégories de la population.
07:20 [Musique]
07:24 Stéphanie Van Houteren,
07:25 il y a un chiffre qui m'a frappée dans cette infographie.
07:28 Je la reprends, c'est que 99,5 % des logements
07:33 disposent d'un confort sanitaire de base,
07:35 avec l'eau courante et les toilettes intérieures,
07:37 contre 61 % en 1973.
07:41 On se dit, c'est formidable.
07:42 En réalité, pas du tout.
07:44 Derrière ce 99,5 %, il y a énormément de difficultés.
07:48 Tout n'est pas révélé par des chiffres d'équipement,
07:53 parce que le logement, c'est beaucoup plus que ça.
07:55 Si on devait établir un classement, du plus important au moins important,
07:58 des causes d'insalubrité,
08:00 vous citeriez trois, quatre items lesquels ?
08:03 Peut-être, je parlerais des moisissures et de l'humidité,
08:08 parce que ça représente quand même 15 à 20 % des logements.
08:10 15 à 20 % des logements, oui.
08:12 Ensuite, il y a évidemment l'isolation, qui est quand même importante,
08:17 la précarité énergétique.
08:18 L'Observatoire de la Précarité Énergétique
08:21 a recensé au moins 10 % de la population qui était affectée,
08:24 et notamment les familles monoparentales
08:27 et des personnes en situation socio-économique défavorisées.
08:30 Donc, on voit encore l'impact des inégalités sociales de santé
08:33 sur cet indicateur.
08:35 Est-ce que la promiscuité aussi est un facteur important ou pas ?
08:40 Oui, ça, c'est un facteur qui est très pourvoyeur,
08:43 notamment de maladies infectieuses,
08:45 qu'elles soient respiratoires ou gastro-intestinales.
08:48 On peut le voir dans la tuberculose,
08:50 mais on l'a vu plus récemment dans la crise Covid.
08:52 C'est un facteur qui explique beaucoup aussi
08:55 la prévalence de ces maladies.
08:57 Les conséquences de santé,
08:59 vous en êtes le témoin chaque jour,
09:01 sont importantes quand on est mal logé,
09:03 mais parfois, ça n'est pas toujours facile d'identifier la cause de maladies
09:08 qui surviennent sur des enfants ou sur des adultes.
09:11 On ne fait pas forcément le lien de cause à effet avec le logement.
09:15 Regardez ce reportage de Marianne Cazot
09:17 à Aubertvilliers, dans la région parisienne.
09:19 Un bâtiment ancien, mal entretenu, un logement mal isolé.
09:29 J'ai scroché parce que c'était déjà brisé.
09:33 L'humidité qui s'installe et des moisissures qui se multiplient.
09:37 Nadia, qui préfère rester anonyme, pensait avoir tout vu.
09:41 Il y a plein, plein derrière. Il y en a plein.
09:43 Je pensais que c'était la moisissure qui était le plus dangereux.
09:46 Sauf que quand l'experte est passée,
09:49 elle m'a dit qu'il y avait beaucoup de plomb ici.
09:51 Et la moisissure, c'est quoi ?
09:54 C'est la partie visible du iceberg.
09:57 Le plus grand danger pour la famille est bien plus discret.
10:01 Il est inodore et incolore.
10:04 C'est le plomb qui se cache dans les peintures anciennes.
10:07 Lorsqu'elles s'écaillent, sous l'effet de l'humidité,
10:10 elles peuvent intoxiquer les habitants.
10:12 J'ai remis la peinture, mais il y a des cloques, ça gonfle.
10:15 Il y a plein de plomb là, dans cet endroit.
10:18 Fatigue, maux de tête, troubles du sommeil,
10:23 les premiers symptômes sont passés inaperçus.
10:25 Ce n'est qu'avec une prise de sang que Nadia a découvert
10:28 que son garçon avait développé le saturnisme.
10:31 C'est honteux de dire à quelqu'un
10:34 qu'on vit à plusieurs dans un petit appartement.
10:37 Donc, je n'ai jamais parlé de ma situation, de mon logement.
10:41 Je n'ai jamais abordé ce sujet-là.
10:43 Du coup, le médecin ne pouvait pas me parler de plomb,
10:47 de saturnisme,
10:49 de ce genre de fléau-là.
10:53 Son fils n'a pas de symptômes graves,
10:55 mais Nadia s'inquiète pour sa fille,
10:57 car le saturnisme peut retarder le développement des jeunes enfants,
11:00 entraînant des troubles du langage, de la motricité
11:03 ou un ralentissement de la croissance, par exemple.
11:07 Les maux du logement menacent souvent les plus fragiles,
11:10 comme les enfants, les personnes âgées ou les femmes enceintes.
11:14 Et ils sont d'autant plus difficiles à vaincre que les ressources manquent.
11:18 Nadia a été accompagnée par l'Association des familles victimes du saturnisme.
11:23 Aujourd'hui, elle a le sentiment d'avoir tout fait pour éloigner le danger.
11:27 Elle a elle-même repeint les murs et nettoie sans cesse les moisissures.
11:30 Il faut aérer parce que l'herbe doit se renouveler à chaque fois.
11:36 Pour chasser l'humidité de cette passoire énergétique,
11:39 elle aère et chauffe régulièrement, ce qui fait grimper les factures d'électricité.
11:43 Pour une petite superficie comme ça,
11:47 c'est ce genre de montant-là que je dois payer. C'est pas normal.
11:51 Je ne dors même plus à force d'être dedans.
11:54 Parce que je me dis, aujourd'hui, c'est les factures.
11:58 Demain, ça peut être la santé des enfants,
12:01 retour à l'hôpital, ainsi de suite.
12:04 Tout s'enchaîne en même temps.
12:06 J'ai plus de charge mentale que physique face à cette situation-là.
12:10 Son propriétaire a été sanctionné.
12:13 Le versement des loyers est suspendu depuis un an.
12:16 Mais la famille attend encore d'être relogée.
12:19 Stéphanie Van Atenhoorn, vous qui êtes épidémiologiste,
12:29 on s'arrête sur le saturnisme.
12:31 Ça fait longtemps que le lien de cause à état a été fait,
12:34 entre saturnisme et peinture ?
12:37 C'est une vieille histoire.
12:39 C'est une très vieille histoire,
12:41 et un des succès de santé publique aussi.
12:43 Les différentes réglementations,
12:45 notamment avec la diminution des essences au plomb,
12:49 ont permis de baisser le saturnisme
12:51 et la lutte contre l'habitat indigne.
12:53 Ça a une conséquence,
12:55 la baisse de la prévalence du saturnisme dans la population,
12:59 ce qui est plutôt chouette,
13:00 mais qui a aussi une conséquence sur la faculté des médecins
13:04 à le diagnostiquer,
13:05 puisque maintenant, ça a tellement baissé,
13:08 que les médecins n'y pensent pas forcément,
13:11 et ne pensent pas forcément à questionner le logement.
13:14 Est-ce que les personnes qui habitent dans un logement précaire,
13:18 il y a une mauvaise isolation, éventuellement,
13:21 des peintures qui s'écaillent, beaucoup d'humidité ?
13:25 Les personnes font spontanément le lien
13:28 entre un état de santé qui peut se dégrader
13:30 et l'état du logement,
13:32 où il y a encore beaucoup de travail à faire.
13:35 Il y a encore beaucoup de travail de sensibilisation.
13:38 D'abord, parce que le saturnisme, c'est invisible,
13:41 ça a des symptômes qui ne sont pas forcément reconnaissables d'entrée.
13:45 Il faut former des professionnels, mais aussi les habitants,
13:48 de savoir où ils peuvent trouver des sources d'informations.
13:51 On a beaucoup de pathologies auxquelles les gens ne pensent pas.
13:54 Par exemple ?
13:55 Il y a des pathologies cardiovasculaires
13:57 qui peuvent être aggravées par un effet de température trop important,
14:00 par la température, par la révolution.
14:02 - C'est la chaleur ? - Ou le froid.
14:04 Il peut y avoir des pathologies comme le cancer.
14:07 Comme c'est un temps de latence très long,
14:10 on ne pense pas forcément de l'identifier,
14:12 mais une exposition au radon ou à l'amiante peut en être la cause.
14:16 Il peut y avoir des intoxications
14:19 où on ne pense pas non plus,
14:20 mais c'est lié au logement et à la précarité énergétique.
14:23 Par exemple, les intoxications monoxydocarbone.
14:26 On en a encore beaucoup, par an, en France,
14:28 qui sont dues à une chaudière défectueuse,
14:30 ou l'utilisation de bras zéro,
14:32 ou encore, on en a parlé, des intoxications de plomb.
14:35 Mais on a des choses moins visibles,
14:37 qui sont les maladies, l'impact psychologique,
14:40 notamment sur le sommeil,
14:41 avec, par exemple, le bruit, une mauvaise isolation.
14:44 Les nuisances sonores.
14:45 Donc, on a un sommeil dégradé,
14:48 et à partir de là, on est exposé à des maladies à répétition.
14:52 Il y a un problème de santé mentale.
14:55 Quand on ne dort pas, on voit dans quel état de stress on se retrouve.
14:58 Mais ça a des conséquences au long terme,
15:00 notamment sur les palatologies cardiovasculaires.
15:03 Le mal-logement, le mauvais logement,
15:06 c'est évidemment une cause de mortalité importante.
15:09 On a déjà bien vu, pendant la canicule,
15:11 notamment celle de 2003, qui avait frappé beaucoup de populations,
15:15 un gradient de mortalité avec la qualité du logement,
15:19 et du quartier plus généralement,
15:21 avec l'indice de végétalisation autour.
15:23 Il faut savoir que quand on agit
15:26 avec des politiques ciblées sur le logement,
15:28 on agit sur la santé publique.
15:29 On a vu que c'est un grand facteur d'accroissement
15:33 de l'espérance de vie en Europe,
15:34 les actions qui ont été ciblées sur le logement.
15:37 A l'inverse, le mal-logement tue encore,
15:40 puisqu'on a 130 000 cas par an de mortalité
15:43 qui seraient dus à mauvais logement.
15:46 - Ou en Europe. - C'est à l'échelle européenne.
15:49 130 000 causes de décès liées directement aux problèmes de logement.
15:55 On va essayer de prendre ça sous un autre angle,
15:57 grâce à un reportage de Mariane Cazou.
15:59 Le logement à sa lube, nu à la santé, c'est incontestable.
16:03 Mais parfois, le logement peut faire du bien aussi,
16:07 quand il est pensé en termes de santé,
16:10 d'amélioration de la santé.
16:12 Il peut, à minima, aider à rester en bonne santé.
16:16 Regardez ce reportage de Mariane Cazou,
16:18 qui s'est rendu sur des chantiers pour comprendre comment on peut faire.
16:21 ...
16:25 Musique douce
16:27 -Qu'attendons-nous d'un bon logement social ?
16:30 Des loyers modérés, bien sûr, des matériaux de qualité,
16:33 une bonne isolation thermique, une bonne ventilation.
16:37 ...
16:39 Karim Oulkassi, lui, en attend bien davantage.
16:43 Il souhaite des logements sociaux plus favorables à la santé.
16:46 -Les inégalités sociales de santé
16:49 sont exacerbées par les altérations,
16:52 par les problématiques de logement.
16:54 Et inversement, le logement a une influence directe
16:58 sur la création des inégalités sociales.
17:01 On voit que, finalement, agir sur la dimension santé
17:04 au sein d'un logement social est particulièrement pertinente.
17:07 -Alors, il s'assure que les projets des bailleurs
17:10 respectent ces critères de santé publique.
17:12 Qualité de l'air intérieur, accessibilité,
17:15 confort d'été ou encore végétalisation.
17:19 Ceux qui le font pourront obtenir le label "mon logement santé".
17:22 Ces choses faites pour cette résidence de l'Essonne,
17:26 qui accueillera dans quelques semaines ses premiers habitants,
17:29 avec des dalles au sol prévues contre les nuisances sonores
17:33 et une terrasse ou un balcon pour chacun des 90 appartements.
17:37 Les espaces communs ont aussi été repensés.
17:40 Ici, la cage d'escalier n'a rien d'une cage.
17:43 Les habitants seront peut-être tentés de choisir les marches
17:47 plutôt que l'ascenseur.
17:48 -On est sur un escalier qui est déjà très atypique,
17:52 avec une luminosité très importante.
17:55 Les escaliers, souvent, sont un peu tristes, un peu glauques.
17:58 L'idée, compte tenu de la hauteur sous plafond, du volume qu'on a,
18:02 c'était vraiment de le mettre en avant pour qu'on favorise l'utilisation.
18:06 Il y a une fresque qui va être réalisée.
18:09 -Que les acteurs du logement social
18:11 se préoccupent de santé publique, ce n'est pas nouveau.
18:14 Les habitations bon marché, construites à Paris dans les années 20,
18:18 en sont la preuve.
18:19 Elles ont permis de loger les nombreux ouvriers
18:22 attirés dans la capitale par la révolution industrielle,
18:25 qui vivaient alors dans des taudis insalubres.
18:28 -L'HBM arrive avec des propositions
18:33 qui sont de créer des grandes fenêtres,
18:35 de créer des logements traversants.
18:37 Et puis, on a cette grande cour ouverte.
18:40 Ici, le bâtiment ouvre et s'ouvre sur la rue,
18:42 et s'ouvre sur la cour et crée, effectivement,
18:45 cette question de la qualité de l'air
18:48 et de la qualité de la lumière.
18:49 C'est ça qui nous a intéressés.
18:51 On sent qu'on a une architecture
18:53 qui a été, effectivement, au bénéfice de l'habitant.
18:57 C'était pas une architecture cynique,
18:59 de rentabilité, mais une architecture de qualité.
19:02 -Malgré tout, la résidence de Paris Habitat et ses logements
19:05 ont aujourd'hui besoin d'être rénovées.
19:08 Xavier Brunquel et son équipe
19:10 vont améliorer la ventilation, l'isolation.
19:13 -On travaille avec une benne de bois,
19:15 et on essaie d'offrir un meilleur confort d'été
19:18 qu'une année classique.
19:19 -Et pour que ces 120 petits appartements
19:22 soient ergonomiques et agréables à vivre,
19:25 il a dessiné chacun d'entre eux,
19:27 meubles et décorations compris,
19:29 aux côtés des habitants.
19:30 -A partir de là, j'ai un diagnostic fin,
19:34 et je connais les pratiques.
19:36 Comment mes propositions vont être détournées,
19:41 comment elles vont se faire approprier ?
19:43 Et surtout, je veux savoir ce qui va peut-être pas marcher.
19:46 -Un moyen d'adapter au mieux les logements aux usages des habitants.
19:52 Des usages qui ont évolué depuis les années 1920
19:55 et qui évoluent aussi au cours de la vie des locataires.
19:58 Dans sa résidence labellisée "Mon logement santé des Yvelines",
20:04 Corinne Palmire, 62 ans,
20:06 souffre de plusieurs pathologies handicapantes.
20:09 Depuis son installation en août dernier,
20:11 elle attend des aménagements dans sa baignoire
20:13 et une protection contre les intrusions.
20:16 Mais elle se voit bien vieillir ici.
20:18 -Il y a des gens qui, le plus possible,
20:20 restent dans leur appartement
20:22 pour pouvoir éviter d'aller à l'EHPAD.
20:24 Je pense qu'il y a aussi le coût financier.
20:27 Moi, si je peux rester là, je fais du sport,
20:30 j'essaie de rester...
20:31 C'est pas question de jeune, mais enfin,
20:33 pour pouvoir se déplacer sans pouvoir finir trop tôt
20:36 dans les EHPAD, quoi.
20:38 -Adaptation au vieillissement de la population
20:41 au maintien à domicile, à l'essor du télétravail,
20:44 le label "Mon logement santé" a un coût pour les bailleurs,
20:47 3 % du coût global d'une opération comme celle-ci.
20:50 Mais Justine Jeuniesse préfère parler d'investissement.
20:53 -L'idée, c'est de construire des logements
20:56 qui puissent être durables,
20:57 durables sur le plan énergétique
21:00 et aussi durables sur le plan de la réponse
21:03 aux besoins futurs de la population,
21:05 pour aussi ne pas forcément engager de coûts importants
21:10 dans un futur prochain.
21:11 -Elle l'assure, les coûts ne seront pas répercutés
21:14 sur les loyers des habitants.
21:16 Pour connaître les effets à long terme
21:18 de ces logements sur la santé, il faut attendre.
21:21 Pour le moment, seules 10 résidences labellisées
21:24 ont été livrées.
21:25 -Stéphanie Van Atenham-Pam, c'est Escalier,
21:32 dans le reportage. Il aide à faire de l'exercice,
21:35 à entretenir sa santé.
21:37 C'est une bonne idée, ce qu'on voit dans le reportage.
21:40 -Oui, c'est une bonne idée à plusieurs titres,
21:43 pour l'activité physique, certes, mais aussi pour le lien social.
21:46 Quand on est dans un endroit où on se sent bien
21:49 et où on peut se rencontrer,
21:51 on l'a vu, le lien social,
21:53 c'est quelque chose qui peut être favorisé
21:56 par un logement aussi adéquat,
21:59 mais aussi par un urbanisme plus favorable à la santé.
22:02 -Au sujet du relogement, en cas d'habitats insalubres,
22:05 ce qui est nécessaire,
22:07 vous avez voulu poser une question à un député.
22:10 Pour demander si,
22:11 sachant qu'il y a de multiples outils législatifs
22:14 qui existent déjà,
22:16 on fait face, aujourd'hui, à un millefeuille.
22:19 Ca vous a frappé.
22:20 Comment s'assurer du respect de ces lois
22:22 et notamment du relogement des familles ?
22:25 On a posé la question à Guillaume Vuittet,
22:27 député Renaissance des Valdoises.
22:30 -J'avais eu l'honneur de faire un rapport
22:37 au Premier ministre de l'époque, Edouard Philippe,
22:40 sur la lutte contre l'habitat indigne.
22:42 On avait constaté qu'il y avait 13 polices administratifs
22:45 qui se conjugaient, parfois se marchaient sur les pieds,
22:48 pour être parfaitement clairs, et qui donnaient lieu
22:51 à 21 procédures pour lutter contre l'habitat indigne,
22:54 les marchands de sommeil.
22:56 On a déjà eu un travail de simplification
22:58 administrative très fort.
23:00 Une ordonnance a été prise.
23:02 Ce nouveau projet de loi, c'est une autre forme de simplification,
23:05 une simplification des outils.
23:08 C'est l'anticipation des désordres,
23:10 de façon à ce qu'on puisse réparer,
23:12 et pas simplement avoir d'autres choix
23:14 que de déloger, reloger et détruire.
23:16 C'est toutes ces mesures-là.
23:18 Je pense qu'à cet égard, aussi bien dans l'accompagnement
23:21 de ceux qui résident là-bas, des propriétaires,
23:24 qui sont des gens honnêtes,
23:26 qui sont dans des situations compliquées,
23:28 on a le prêt collectif, le fait de pouvoir utiliser
23:31 des terrains libres pour reloger, en attendant que ça se répare.
23:35 Ça permettra de simplifier les choses.
23:37 -Stéphane, ce que nous dit ce député,
23:42 c'est qu'il vaudrait mieux non pas prévenir que guérir,
23:46 mais en tout cas réparer,
23:48 plutôt que de déplacer, reloger.
23:51 Mais le relogement, parfois,
23:53 il est absolument nécessaire et il tarde.
23:56 -C'est vrai que la priorité numéro un,
23:58 quand on a des logements qui sont néfastes pour la santé,
24:02 dans certains cas, c'est de reloger.
24:04 Et quand le relogement met du temps à se mettre en place,
24:07 sur les enfants de bas âge, un mois, c'est pas comme un adulte,
24:11 une vie d'enfant, c'est beaucoup.
24:13 Et donc, effectivement, pour moi,
24:15 c'est un levier majeur d'amélioration de la santé,
24:18 c'est de pouvoir reloger ces personnes.
24:20 Le fait qu'il n'y ait pas un parc de relogement important
24:23 est un vrai problème.
24:25 -Quel conseil vous donneriez à quelqu'un qui habite
24:27 dans un appartement où il y a des peintures qui craquellent,
24:31 de l'humidité ?
24:32 Est-ce que déjà, il y a des gestes de la vie courante
24:35 que vous conseilleriez pour se protéger ?
24:38 -Alors oui, il y a des conseils.
24:40 Alors, à titre individuel, la ventilation,
24:42 la façon d'habiter aussi, la ventilation,
24:45 l'aération d'un logement, c'est important.
24:47 -Il faut ouvrir ses fenêtres, même quand il fait froid ?
24:50 -Exactement, au moins 10 minutes par jour, hiver comme été.
24:54 -Quand on a du mal à se chauffer, on a du mal...
24:56 On hésite forcément à ouvrir sa fenêtre.
24:59 -C'est ça. Après, 10 minutes, c'est pas forcément long,
25:02 mais on sait qu'il y en a qui n'aiment pas ouvrir la fenêtre
25:05 parce qu'il y a du bruit, de la pollution atmosphérique,
25:08 donc il y a tout un tas de facteurs qui peuvent entrer.
25:11 Mais après, je dirais de se renseigner,
25:14 parce qu'il y a pas mal de sites qui existent sur Internet
25:17 pour expliquer un peu les différents effets de la santé
25:20 et surtout les recours auxquels on peut avoir droit,
25:23 et notamment pour les personnes
25:25 qui souffrent de pathologies respiratoires ou allergiques
25:28 qui se réduisent à l'humidité, comme vous évoquez.
25:32 -On va s'abrir à ce qu'on appelle des conseillers médicaux.
25:35 Ce sont des personnes qui vont se déplacer à domicile
25:38 et qui vont faire un diagnostic,
25:40 à la fois sur des prises de mesures d'humidité, de température,
25:44 qui vont également donner des conseils informés.
25:48 -Ce sont des personnes qui travaillent
25:50 pour les services sociaux
25:52 ou qu'on sollicite auprès de cabinets médicaux ?
25:55 -C'est sur prescription médicale en général.
25:58 -C'est sur prescription ? -Oui.
26:00 -C'est un médecin qui fait une prescription
26:02 pour bénéficier des services d'un conseiller médical ?
26:05 -Oui, c'est sur prescription médicale.
26:07 Dans les agences régionales de santé, certains sont bien dotés.
26:11 -Ca ne coûte rien ? -Non, c'est gratuit.
26:14 -Les médecins sont informés ?
26:15 Si quelqu'un vous écoute et dit qu'il va demander
26:18 à un généraliste de quartier de me prescrire la visite,
26:21 il sera au courant ?
26:23 -Il y a aussi un besoin de sensibilisation
26:25 des professionnels de santé.
26:27 C'est quelque chose auquel tous les médecins
26:29 sont sensibilisés et formés.
26:32 -Merci infiniment, Stéphanie Vendetta,
26:34 d'avoir été l'invitée.
26:36 Merci à tous de nous avoir suivis.
26:38 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
26:40 Générique
26:42 ...
26:50 -LCP Assemblée nationale,
26:54 en partenariat avec MGEN,
26:57 vous a présenté Etat de santé.
26:59 ♪ ♪ ♪

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