Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
https://www.canalplus.com/cinema/
Facebook : https://www.facebook.com/canalpluscinema/
Twitter : https://twitter.com/Canalplus
Instagram : https://www.instagram.com/canalplus/
https://www.canalplus.com/cinema/
Facebook : https://www.facebook.com/canalpluscinema/
Twitter : https://twitter.com/Canalplus
Instagram : https://www.instagram.com/canalplus/
Category
📺
TVTranscription
00:00 -Ah, salut. -Désolé, je suis un peu en retard.
00:04 Sandra, vous avez joué dans deux grands films cette année,
00:08 "Anatomie d'une chute" et "L'azot d'intérêt",
00:11 tous les deux primés à Cannes.
00:14 Et mon petit doigt, oui, celui-ci,
00:16 me dit que l'on pourrait encore entendre parler de ces deux films
00:20 dans les semaines à venir.
00:22 En tant qu'actrice, comment vivez-vous ces récompenses ?
00:25 -Je n'ai aucune prise là-dessus.
00:31 Je suis toujours heureuse de cette reconnaissance,
00:34 mais j'essaie de ne pas y penser en permanence.
00:37 Je sais que c'est beaucoup d'organisation,
00:39 de travail, de préparation,
00:41 mais pour l'instant, j'essaie de rester à l'écart.
00:44 -Que ressentez-vous quand vous recevez un prix ?
00:47 -Je suis heureuse. Je suis très heureuse
00:49 que les gens comprennent ce que nous faisons, nous tous.
00:53 C'est vraiment excitant.
00:54 -Revenons sur les deux films.
00:56 Leurs titres sont intrigants. "Anatomie d'une chute",
00:59 en France, on comprend tous le double sens.
01:02 Mais parlez-moi de "L'azot d'intérêt".
01:04 Qu'est-ce que c'est ?
01:06 -L'azot d'intérêt, c'était une zone autour d'Auschwitz
01:12 dont les fascistes, les SS
01:15 et tous ceux qui étaient liés au troupe d'Hitler
01:18 se servaient pour approvisionner le camp et la population allemande.
01:22 D'où ce nom, "Interessengebiet".
01:24 -Vous incarnez Edwig, la femme de Rudolf Hoss,
01:30 le commandant du camp.
01:32 C'est un couple qui essaie d'avoir une vie de rêve,
01:36 avec une belle maison, un beau jardin, de beaux enfants,
01:40 alors que le camp d'extermination est juste de l'autre côté du mur.
01:44 Comment avez-vous réagi quand on vous a proposé le rôle ?
01:48 -En fait, au début, je ne savais pas qu'il s'agissait d'eux ou d'elles,
01:54 car je n'avais reçu que deux pages sur un couple qui se disputait.
01:57 Je ne savais pas que c'était des fascistes.
02:00 J'ai été un peu troublée d'apprendre qu'il s'agissait d'eux.
02:04 Je n'avais pas vraiment envie de faire ça,
02:07 de me mettre dans cette énergie, dans cet état d'esprit.
02:11 J'ai beaucoup hésité à m'engager dans ce projet.
02:15 -Le tournage a été très particulier.
02:19 Les caméras étaient cachées dans la maison,
02:22 et vous ne saviez jamais si vous étiez filmé en plan large
02:25 ou en plan serré, par exemple.
02:27 En fait, c'était presque comme une télé-réalité.
02:31 -Oui.
02:32 -Comment avez-vous travaillé dans ce dispositif ?
02:36 -On pourrait penser que c'était très intimidant,
02:39 mais c'est tout le contraire.
02:40 D'une certaine manière, c'était libérateur.
02:43 En plus, je ne suis pas dans le contrôle quand je joue.
02:46 Je ne regarde jamais le moniteur, par exemple,
02:48 parce que ça me déconcentre.
02:50 C'est peut-être lié au théâtre, où l'on ne peut pas vraiment se voir.
02:54 Mais là, c'était encore plus libérateur,
02:59 parce que nous ne savions pas quelles caméras filmaient.
03:02 Il n'y avait pas de lumière artificielle.
03:05 Aucune distraction, pas de pause.
03:08 Parfois, les caméras tournaient non-stop pendant 45 minutes,
03:11 et on rejouait les scènes sans s'arrêter.
03:14 C'était une expérience intéressante,
03:16 et un peu pénible aussi, d'une certaine manière,
03:19 d'être dans cette maison avec mon partenaire,
03:21 Christian Fredel, et tous les autres formidables acteurs,
03:24 mais d'être aussi avec cette histoire,
03:27 et en quelque sorte avec les gens qui avaient vécu là,
03:29 ou à côté, et qui étaient morts.
03:34 -C'est comme si le Führer disait que nous devions vivre,
03:38 dans l'Ost, c'est notre pays de vie.
03:41 C'est notre pays de vie.
03:43 -Est-ce que ce rôle était particulièrement difficile à tenir
03:50 pour vous qui êtes Allemande,
03:51 et qui êtes donc liée à l'histoire de ce pays ?
03:54 -Je pense que pour Jonathan, c'était important que nous soyons Allemands,
03:59 parce que cela rendait le jeu d'acteur plus difficile.
04:02 Mais je ne peux pas vous répondre pour moi,
04:07 parce que je ne sais pas si j'aurais ressenti les choses différemment
04:09 si j'avais été quelqu'un d'autre.
04:11 Mais bien sûr, nous l'avions toujours à l'esprit.
04:14 Nous n'avons jamais oublié qui nous étions et où nous étions.
04:17 -La bande-son du film est très importante,
04:21 parce qu'on entend, on ne voit jamais,
04:23 mais on entend ce qui se passe au loin, dans le camp.
04:27 Comment avez-vous réagi en voyant le film terminer ?
04:30 -Je l'ai vu la première fois avec mon partenaire de jeu, Christian.
04:34 Nous étions ensemble,
04:36 et nous avons été tous les deux très émus,
04:38 mais on a surtout été bouleversés par ce que nous voyons à l'écran,
04:41 parce que c'est bouleversant.
04:43 C'est un film très émouvant.
04:45 -Sur une note plus légère, le chien de la famille dans le film
04:52 est joué par votre propre chien.
04:54 C'est vrai qu'il s'appelle Kiki ?
04:57 -Non.
04:58 -Ca vous a aidé ?
05:02 -Sur un plan humain ? Oui, bien sûr.
05:06 Parce que c'était dur d'être cette personne.
05:09 Donc j'étais très heureuse qu'elle soit là, oui.
05:12 -Je voudrais juste revenir un instant sur "Anatomie d'une chute".
05:19 Le rôle avait été écrit pour vous par Justine Trier,
05:21 et ça a été un immense succès mondial.
05:23 -Il semble que ça touche une corde sensible chez tout le monde.
05:31 Et les gens parlent de leur propre expérience de mariage.
05:35 Ces luttes de pouvoir au coeur des couples
05:37 sont très importantes pour les gens.
05:39 -Qu'est-ce qu'il faut en conclure, alors que beaucoup d'entre eux
05:42 ont des problèmes dans leur mariage ?
05:44 -Oui, tout le monde. -Vraiment ?
05:46 -C'est ce que j'ai entendu dire.
05:47 -Vous avez entendu dire ou c'est du vécu ?
05:49 -Non, je ne vais pas parler de ça maintenant.
05:52 Mais je pense que les relations de couple sont vraiment difficiles
05:57 et nous devons apprendre...
05:58 Ou plutôt, nous devons les réapprendre.
06:02 Parce que la plupart des gens vivent avec des modèles
06:04 hérités de leurs parents et ils ne sont pas forcément bons non plus.
06:07 Alors il faut apprendre à trouver son propre langage.
06:10 -Avez-vous amélioré votre français pendant le tournage avec Justine ?
06:14 -Oui, pendant le tournage, mais plus maintenant,
06:16 parce que nous voyageons tout le temps avec le film,
06:19 les deux films.
06:20 Je n'ai plus l'occasion de pratiquer,
06:22 mais j'adorerais m'y remettre, bien sûr.
06:25 -Vous pourriez me dire quelque chose en français ?
06:27 -Non, je ne vais pas faire ça.
06:29 -Allez ! -Je serais beaucoup trop gênée.
06:31 -Vraiment ? -Oui.
06:32 -Merci.
06:34 -Merci.
06:35 - Vraiment ? - Oui !
06:36 - Merci !
06:37 - Merci !
06:38 - Merci !