Emmanuel Macron : «Une odyssée du 20e siècle s’achève, celle d’un destin de liberté»

  • il y a 7 mois
Le président de la République, Emmanuel Macron, lors de la panthéonisation de Missak Manouchian : «Une odyssée du 20e siècle s’achève, celle d’un destin de liberté».

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00:00 Est-ce donc ainsi que les hommes vivent ?
00:02 Des dernières heures, dans la clairière du Mont Valérien,
00:09 à cette montagne Sainte-Geneviève,
00:11 une odyssée du XXe siècle s'achève,
00:15 celle d'un destin de liberté
00:19 qui, depuis Adi Aman, survivante au génocide de 1915,
00:25 de famille arménienne en famille kurde,
00:29 trouvant refuge au Liban avant de rejoindre la France,
00:32 décide de mourir pour notre nation
00:35 qui, pourtant, avait refusé de l'adopter pleinement.
00:39 Reconnaissance en ce jour d'un destin européen,
00:46 du Caucase au Panthéon et, avec lui,
00:52 de cet international de la liberté, de l'amour et du courage.
00:58 Oui, cette odyssée,
01:01 celle de Manouche et de tous ses compagnons d'armes,
01:06 est aussi la nôtre,
01:07 odyssée de liberté et de sa part ineffaçable
01:12 dans le coeur de notre nation.
01:15 Reconnaissance en cette heure
01:19 de leur part de résistance,
01:22 si décennie après Jean Moulin.
01:28 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
01:31 Oui, s'ils sont libres.
01:34 Libres, Missak Manouchi en l'été,
01:39 quand il gravissait la rue Soufflot,
01:41 en fixant ce Panthéon qu'il accueille aujourd'hui,
01:45 libres, sur les bancs de la bibliothèque Sainte-Geneviève,
01:50 à quelques mètres d'ici,
01:52 découvrant notre littérature et polissant ses idéaux,
01:56 libres avec Baudelaire,
01:58 dans le vert paradis qui avait le goût de son enfance,
02:00 dans une Arménie heureuse,
02:02 celle des montagnes, des torrents et du soleil,
02:06 libres avec Verlaine,
02:09 dont les fantômes saturniens croisaient les siens,
02:13 son père, Kevork, tué par les armes
02:17 des soldats ottomans sous ses yeux d'enfant.
02:23 Sa mère, partout, immorte de faim, de maladie,
02:28 victime du génocide des Arméniens,
02:31 spectre qui vont hanter sa vie.
02:35 Libres, libres avec Rimbaud,
02:38 après une saison en enfer,
02:40 souvenirs partagés avec son frère Garabed,
02:42 mais voici les illuminations, les lumières,
02:46 celles qu'un instituteur de l'orphelinat au Liban
02:49 lui enseigna,
02:51 éveil à la langue, à la culture française.
02:55 Libres, libres avec Victor Hugo et la légende des siècles,
03:00 gloire de sa libre patrie, la France,
03:03 terre d'accueil pour les misérables
03:05 vers laquelle Missak et la patride
03:07 choisitent à 18 ans de s'embarquer,
03:09 ivres, écrivait-il, d'un grand rêve de liberté.
03:14 Lui, Missak,
03:19 maraudeur, étranger, malhabile,
03:24 pour reprendre les mots d'un autre poète et combattant
03:27 qui choisit la France, Guillaume Apollinaire.
03:31 Étranger, orphelin,
03:35 bientôt en deuil de son frère tombé malade
03:38 et pourtant à la tâche,
03:40 ouvrier chez Citroën, quai de Javel,
03:43 licencié soudain,
03:45 tremblant si souvent et de froid et de faim.
03:50 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
03:56 Ainsi, le soir, après l'usine,
04:00 Missak Manouchian étudie.
04:04 Ainsi, sous les rayonnages de livres,
04:07 Missak Manouchian traduit les poètes français en arménien.
04:11 Ainsi écrit-il lui-même,
04:14 mots de mélancolie, de privation,
04:17 brûlés du froid des hivers parisiens,
04:21 mots d'espoir aussi rendus plus chauds
04:23 par la fraternité des exilés,
04:26 par la solidarité de la diaspora arménienne,
04:29 par le foisonnement d'art et de musique,
04:31 des revues et des cours en Sorbonne.
04:35 Poète et révolté.
04:39 Quand les ligues fascistes défilent en 1934 au coeur de Paris,
04:43 Missak Manouchian va revivre sous ses yeux
04:45 le poison de l'ignorance et les mensonges ratiaux
04:49 qui précipitèrent en Arménie sa famille à la mort.
04:52 Est-ce donc ainsi que les hommes vivent ?
04:55 Non.
04:58 Alors Missak Manouchian embrasse l'idéal communiste,
05:02 convaincu que jamais en France,
05:04 on n'a pu impunément séparer république et révolution.
05:08 Après 1789, après 1793,
05:12 il rêve l'émancipation universelle
05:14 pour les damnés de la terre.
05:16 Et c'est ainsi que Missak Manouchian s'engage
05:21 contre le fascisme
05:23 au sein de l'international communiste
05:25 et bientôt à la tête d'une revue,
05:27 "Zangou", du nom d'une rivière d'Arménie.
05:31 Espoir du Front populaire,
05:33 enthousiasme pour les brigades internationales,
05:35 les républicains espagnols, Missak s'engage.
05:39 (Générique)
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