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00:01:01 Oui je crois que c'est important qu'on se soit tous mobilisés pour faire hommage à Gilbert dans cet album parce que
00:01:08 Quand quelqu'un est grand, il faut qu'on le voit quand il n'est plus là
00:01:12 *Musique*
00:01:27 La première fois que j'ai entendu "Beco" c'était là la pierre
00:01:31 Je me rappelle parce que je sortais du golf draw à ce moment là
00:01:34 Et il y avait des affiches de Gilbert partout dans Paris avec marqué "Monsieur 100 000 volts"
00:01:40 *Musique*
00:01:48 Si tu viens dans ma danse, si tu prends bien ma main, tu me porteras chance
00:01:53 Et nous irons très loin tous les deux, viens danser, allez, viens danser, viens danser
00:02:00 Tu ne sais pas toi-même ton pouvoir prodigieux, tu fais d'un mot je t'aime, le verbe du bon Dieu, du bon Dieu
00:02:09 Aïe, viens danser, allez, viens danser, viens danser
00:02:14 *Musique*
00:02:28 C'est la première fois que moi je voyais en France un français qui jouait sur son piano
00:02:32 Qui tapait sur son piano, qui montait sur son piano, qui cassait son piano
00:02:36 *Musique*
00:02:38 Mais alors pour les chanter c'est tout à fait une autre histoire, je redescends de l'autre côté
00:02:41 Là-bas parce que j'ai deux pièces dans lesquelles je répète
00:02:44 Autrement dit quand je chante là-bas et que j'ai un petit mot à changer
00:02:47 Hop, je reviens ici pour les changer
00:02:49 Et puis hop, je redescends de l'autre côté pour aller les répéter
00:02:53 C'est très fatigant mais c'est ce qui donne un peu aux chansons ce côté... chauffe
00:02:57 Enfin il était très rock'n'roll Gilbert Becaud
00:02:59 Oui, Becaud c'était une révolution, aujourd'hui on ne s'en rend pas compte
00:03:03 Mais c'était la même révolution, mais exactement la même qu'a été Johnny Hallyday dix ans plus tard
00:03:08 L'Olympia avait ouvert ses portes le 5 février 1954 avec en vedette Lucienne Delisle et Aimé Bareilly
00:03:14 Et puis il y avait là un jeune pianiste de talent qui était Gilbert Becaud qui a chanté trois chansons
00:03:21 Où il casse tout dans le spectacle de Lucienne Delisle où ça fait un malheur
00:03:26 Il était dans la première partie, il n'était pas vedette encore, mais c'était lui la vedette
00:03:31 [Musique]
00:03:56 [Musique]
00:04:11 Je me souviens très bien des premières chansons, Les Croix, qui il avait écrit d'ailleurs pour Damien
00:04:16 Ce qui n'était pas une chanson pour lui mais qu'il a chanté avec un très très grand succès
00:04:19 C'est dans les années 52, 53 et puis il y a eu le fameux Olympia 54
00:04:24 Et on était dans cette salle, en principe c'était le public de Lucienne Delisle
00:04:29 Et quand Becaud est rentré sur scène, on a senti qu'il y avait beaucoup de gens comme moi qui étaient venus pour lui
00:04:35 Et tout le monde lui réclamait des chansons alors qu'il n'était pas encore une vedette
00:04:40 [Musique]
00:04:45 Bruno avait imaginé de faire une matinée pour les étudiants sur la présentation de leur carte d'étudiant
00:04:50 Et là on a vu carrément une manif gentille
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00:05:17 Et là ça a été une fête extraordinaire parce que c'était un public d'étudiants qui venait pour lui
00:05:22 Les fauteuils cassés, c'était le phénomène de la jeunesse
00:05:25 [Musique]
00:05:49 Je suis le seul chanteur à mon sens qui ait véritablement des chansons gays, gays dans le sens joyeux
00:05:55 [Musique]
00:06:24 [Musique]
00:06:31 Quand il y a une musique qui plaît, on écrit un monstre
00:06:35 Alors j'ai dit je vais faire un monstre, j'ai fait ça et il a dit on le garde
00:06:41 [Musique]
00:06:47 J'ai trouvé là un garçon nerveux qui se range les ongles très loin
00:06:51 Et quand je lui ai demandé qu'est-ce que vous faites, il m'a dit moi je suis le pianiste de Jacques Pils
00:06:59 Alors voilà ça commence à Paris, c'était je crois en 50, Gilbert est venu me trouver et il m'a dit voilà je fais des chansons
00:07:05 Ben c'est une bonne idée j'en cherche
00:07:07 Quelle a été la première chanson ?
00:07:08 La toute première première ?
00:07:09 La toute première oui
00:07:10 C'est une chanson que chantait Jacques Pils qui s'appelait "Un midi sur les champs" et personne ne connait
00:07:15 Il jouait du piano et j'ai dit qu'est-ce que c'est que ça ? Il m'a dit c'est rien c'est une musique pour pianoter
00:07:22 Il y avait une mélodie qui sortait, j'ai dit vous voulez que je mette des paroles dessus ? Il m'a dit oui oui allez-y
00:07:27 Et j'ai écrit "Je t'attends"
00:07:29 [Musique]
00:07:39 La main à l'oreille c'est une chose que font les choristes, c'est à consommer la main à l'oreille
00:07:44 Et on entend sa voix et on l'entend juste
00:07:46 [Musique]
00:08:03 La chanson que vous venez de chanter c'est une chanson que vous avez faite avec Charles Asselineau
00:08:07 On s'est retrouvé au coin d'un carrefour
00:08:09 Que vous retrouvez oui
00:08:10 Alors on a travaillé ensemble
00:08:11 Pour moi c'était passionnant quand il me racontait ça
00:08:16 Et puis alors il parlait de Piaf aussi
00:08:18 C'est à dire que j'ai été pendant un petit moment chef d'orchestre d'Edith Piaf
00:08:22 La prochaine fois on vous en chantera une tous les deux
00:08:25 [Rires]
00:08:28 Je garde un souvenir d'une femme formidable, merveilleuse, d'une interprète hors pair
00:08:33 Un peu dure dans le travail
00:08:35 Mais Gilbert était un personnage curieux aussi difficile par exemple
00:08:39 Il a reçu beaucoup de coups de pied de moi sous la table
00:08:43 Parce qu'il était toujours en train de contester ce que disait Edith
00:08:48 Je lui disais mais arrête en fait
00:08:50 Par exemple on allait dans un restaurant on était pressé
00:08:53 Elle faisait je vais manger ça ça et ça
00:08:55 Alors la même chose pour tout le monde
00:08:56 Il disait non moi je veux pas ça
00:08:58 Je lui disais mais pourquoi vous faites le pire de toute manière
00:09:00 C'était pas mauvais
00:09:01 Ben non
00:09:02 On a souvent dit que nous étions fâchés
00:09:04 Et bien je tiens à vous dire que je ne sais pas si lui est fâché avec moi
00:09:06 Mais en tout cas moi je ne suis pas fâché avec lui, la preuve
00:09:09 [Rires]
00:09:12 On a tout chanté par la ville
00:09:14 On a chanté lui et moi
00:09:15 Terre nouvelle on l'a chanté
00:09:17 Mekemeké on l'a chanté
00:09:19 Ça on l'a chanté
00:09:20 Je t'attends on l'a chanté
00:09:22 Quand j'ai commencé à écrire pour moi
00:09:24 Ça s'est arrêté là
00:09:26 Mais je me souviens qu'il m'avait dit
00:09:28 Alors vraiment sans animosité
00:09:31 Il m'a dit un jour
00:09:33 Je chantais "Liens creux de mon épaule"
00:09:36 Il m'a dit ben tu vois j'aurais aimé que tu me donnes ça comme texte
00:09:39 Mais comme ça il me l'a dit
00:09:41 Il n'y avait rien, il n'y avait pas d'arrière pensée, il n'y avait rien du tout
00:09:43 Mais c'est ça, en fait il avait perdu
00:09:45 Il avait perdu un parolier
00:09:47 Mais j'ai pas perdu un ami
00:09:49 [Musique]
00:09:51 Il y a toujours à côté du ralenti au moins
00:09:57 Mais jamais nous n'y dormirons ensemble
00:10:07 Faut s'aimer au soleil
00:10:13 Nuit comme innocent
00:10:17 Le mur qu'il a à peine chanté c'est une merveilleuse musique
00:10:21 Il en a d'autres des chansons comme ça qu'il n'a pas chanté, qu'il ne voulait pas chanter en scène
00:10:26 Premier concert devant le noir
00:10:30 Je suis seul avec mon piano
00:10:33 Et ça finit par des bravos
00:10:36 Des bravos que j'accueille par millions
00:10:39 A tous les coins de l'horizon
00:10:43 Des ans j'étais parti pour une carrière de concertiste
00:10:47 Comme d'ailleurs tous les musiciens partent toujours pour une carrière de concertiste
00:10:51 D'une façon générale
00:10:53 Mais quand même j'avais trop tendance à modifier Chopin
00:10:59 Je ne sais pas pourquoi
00:11:02 Cette mélodie me fait penser
00:11:05 A Chopin
00:11:09 Je l'aime bien Chopin
00:11:12 Je jouais bien Chopin chez moi
00:11:15 A Varsovie
00:11:17 Moi j'aime beaucoup le pianiste de Varsovie par exemple
00:11:20 C'est un piano qu'on entend pour un sirop à repas
00:11:23 Il n'y avait pas un dîner avec l'un sans qu'il vous parle de l'autre
00:11:27 Et éventuellement avec des pics
00:11:30 Charles Aznavour, bonjour
00:11:32 Bonjour Gilbert Descours
00:11:34 Tu vas bien ?
00:11:36 On ne le rencontre que des incohabitants comme ça
00:11:40 C'est à dire que depuis longtemps on nous dit toujours fâché
00:11:44 Il faut le laisser dire de toute manière
00:11:46 On nous dit fâché, on se voit à peu près deux fois par an
00:11:48 Une fois dans la neige et une fois au soleil
00:11:50 En Suisse il y avait un chalet à 150 mètres du mur
00:11:55 On se voyait tous les jours
00:11:58 Déjà ça, quand on était dans le midi on se voyait tous les jours
00:12:02 On en parlait l'autre jour chez toi à Saint-Tropez
00:12:05 Ce qui est bizarre c'est que quand tu écris des mots
00:12:10 Et que j'écris des musiques
00:12:13 Quand on fait une chanson ensemble
00:12:15 Ce qui est bizarre c'est que quand on la chante
00:12:17 Toi tu chantes la musique en général
00:12:19 Oui, toi tu chantes les paroles
00:12:21 C'est ça, tu détruis la musique et moi je détruis les paroles
00:12:24 Moi Beko, il est le premier monstre sacré
00:12:29 Que j'ai rencontré, que j'ai interviewé
00:12:31 Et j'étais tétanisé
00:12:33 Gilbert je crois que nous avons beaucoup de chance de vous avoir ce soir dans Tilt
00:12:35 Car vous êtes un homme très occupé
00:12:37 Ça marche oui, ça chante, ça voyage
00:12:39 Vous êtes un peu en transit aujourd'hui
00:12:41 Je suis transit oui, un peu transit
00:12:43 Je suis un peu morveux d'ailleurs
00:12:45 Malgré cet emploi du temps très chargé
00:12:47 Vous avez trouvé le temps tout de même d'écrire 4 nouvelles chansons
00:12:50 Oui, effectivement, c'est quand même la base de tout
00:12:53 C'est quand même d'écrire les chansons
00:12:55 Il sentait bien que j'étais un gamin qui débutait
00:12:57 Donc je me disais il va me mettre à l'aise
00:12:59 Donc il donnait l'impression de me mettre à l'aise
00:13:03 Mais il ne me mettait pas à l'aise
00:13:05 La première fois que j'ai rencontré il m'a demandé "Est-ce que tu veux un scotch ?"
00:13:07 Moi j'étais au Pschitt orange, alors évidemment
00:13:09 Oh bien je ne bois pas, je ne fume pas
00:13:11 Il était très gai dans la vie
00:13:13 Il aimait rire, il aimait plaisanter
00:13:17 Il aimait boire et manger
00:13:19 Je pense qu'il avait la meilleure physique que Charles déjà au départ, dans leur jeunesse
00:13:24 Je ne me dérangeais pas moi
00:13:26 On s'amusait autant, on buvait autant, on vivait autant
00:13:30 Moins une fille
00:13:32 Moi j'ai vu Beko avec Bardot
00:13:34 Alors ?
00:13:35 Salut !
00:13:36 Raconte-nous
00:13:37 Tu ne veux pas savoir
00:13:38 Ce qui est arrivé, comment ça s'est passé
00:13:40 Pendant qu'on t'attendait là
00:13:43 Moi j'ai été spectateur de cette vidéo
00:13:45 Je me suis dit "Mais est-ce qu'il a été avec Bardot ?"
00:13:47 Elle a pris ma main
00:13:51 Et dans sa main qui tremblait, qui tremblait
00:13:54 Elle a posé sa joue
00:13:57 Moi j'avais mon front
00:14:03 Dans ses cheveux qui dansaient, qui dansaient, qui dansaient
00:14:06 Dans le ventre, dans le ventre
00:14:09 Si monsieur, si monsieur, si monsieur, comme il faisait froid
00:14:13 Je laisserai t'en serrer, t'en serrer, t'en serrer
00:14:18 Comment elle le regarde !
00:14:20 Si il n'a pas été avec elle, il avait l'air insolide le gars
00:14:23 Comment elle le regarde dans cette vidéo ?
00:14:25 Elle était belle, ouf !
00:14:27 Et puis c'était beau lui aussi, un charme, un truc
00:14:29 Tous les deux, très joli je trouve
00:14:31 Je l'ai emmené
00:14:34 On s'est caché, bien caché, bien caché
00:14:36 Et puis il était marié, donc quand vous tombe dans les bras de Brigitte Bardot, c'est pas rien
00:14:40 Pendant une certaine époque, dans ma vie privée à un moment donné
00:14:45 Il m'est arrivé quelque chose
00:14:49 Ce quelque chose a fait que je me suis rendu compte que le public
00:14:53 N'acceptait pas de moi certains écarts
00:14:59 Et donc Beko décide de rompre, il était très malheureux
00:15:03 Et si vous écoutez cette chanson d'aventure, c'est ce que ça raconte
00:15:07 J'avais organisé ma vie
00:15:14 J'étais bon père et bon mari aussi
00:15:21 C'était classé, c'était fini, fini
00:15:27 L'aventure
00:15:32 Je suis Jennifer Beko, la fille de Gilbert
00:15:35 Une des filles de Gilbert, et la fille de Janet Oulakot Ferrier
00:15:40 Quand tu danses, danses devant moi, je sens mon cœur qui va au rythme des bacs
00:15:43 Quand tu danses, danses devant moi, je sens la vie qui va, qui va
00:15:46 Et je pense, je pense que jamais, jamais tu ne devrais
00:15:48 T'arrêter de danser, à ne redanser, danse devant moi
00:15:50 Je t'en supplie, t'arrête pas
00:15:52 J'ai besoin de ce sport de tout oublier
00:15:55 J'ai besoin de te regarder danser
00:15:57 T'as qu'à danser, danser, danser, danser
00:15:59 Des pommes grises et je ne sens plus autant
00:16:01 Son amour immense, mon sourire de joie, me l'ont encore dit au temps bas
00:16:04 Dans ma tête en feu, je sens peu à peu
00:16:07 La folie qui m'envahit et me trouble les yeux
00:16:10 Et je ne vois plus que tes jambes nuées
00:16:13 Ça ramente, tes jambes ont de merveilleux des yeux
00:16:17 Quand tu danses, danses devant moi, parce que c'est une chanson faite pour ma maman
00:16:22 Danser devant papa à l'Olympia dans les ballets d'Arthur Plachart
00:16:27 Grand séducteur, évidemment grand séducteur
00:16:29 Parce que bon, mais grand séducteur et cela dit
00:16:33 Une des grandes chansons de Beko, c'est la chanson d'une rupture
00:16:36 Et maintenant, c'est une histoire assez touchante et surprenante
00:16:42 Gilbert Beko prenait l'avion avec une actrice de cinéma, assez connue
00:16:48 Et cette fille venait de subir des peines de coeur qui la bouleversaient
00:16:58 Elle était extrêmement triste
00:17:00 Gilbert qui est très compatissant, je dis ça sans aucune ironie
00:17:04 - Je connais
00:17:06 - Lui demande, lui dit, si tu veux venir boire le petit déjeuner à la maison
00:17:11 En sortant de l'avion, viens, on parlera un petit peu, etc.
00:17:16 Et elle arrive dans la cabane de Gilbert, c'est dans la cabane qui est au fond du jardin, au chenet
00:17:22 Et elle s'assied derrière une table, Gilbert se met derrière son piano
00:17:27 Et on lui apporte du thé et elle reste là pendant un bon bout de temps prostrée
00:17:35 Puis tout d'un coup, on regarde Gilbert, on lui dit
00:17:38 Et maintenant, qu'est-ce que je vais faire ?
00:17:43 Alors Gilbert, qui a une sensibilité artistique fantastique
00:17:47 Reçoit en même temps, humainement, l'impression de bouleversement que lui procure cette fille
00:17:54 Et la traduit sur le piano par un début de musique
00:18:00 Et elle s'en va, quelques temps plus tard, une demi-heure ou une heure plus tard
00:18:05 Il se précipite au téléphone
00:18:07 Et il m'appelle en me disant, j'ai un départ formidable de chanson
00:18:11 Et maintenant, que vais-je faire ?
00:18:16 Vers quel néant glissera ma vie ?
00:18:22 Tu m'as laissé la terre entière, ouais
00:18:28 Mais la terre, sans toi, c'est petit
00:18:34 Il fait partie des 4 ou 5 français qui ont fait des grands succès aux Etats-Unis
00:18:40 Y'en a pas beaucoup, hein
00:18:41 C'est un compositeur majeur de la chanson populaire française
00:18:45 Jamais aucun français, je crois, n'a eu autant de chansons reprises par des méga-stars américaines
00:18:51 Mais maintenant, mon amour, maintenant que tu m'as laissé
00:19:00 Comment peux-je vivre pour un autre jour ?
00:19:09 En regardant mes rêves se transformer en déchets
00:19:18 Et tous mes espoirs en morceaux de clay
00:19:26 Alors rencontrer Elvis Presley, pour qu'il chante des chansons que l'on a écrites
00:19:31 Qu'est-ce qu'il se passe dans la tête quand on a le King en train de chanter ?
00:19:34 Ça avait beaucoup d'effet parce que c'était un interprète formidable, vraiment
00:19:38 Il dégageait bien, hein
00:19:40 Sur scène, t'as dit en étant tout près sur scène, tu le voyais chanter et il se passait quelque chose
00:19:45 Mais comment le Niçois que tu étais, que tu es, a pu rencontrer et convaincre Presley de chanter ses chansons ?
00:19:53 Ah, c'est pas du tout ça, non, j'ai rien, j'ai convaincu personne
00:19:56 T'as rien rencontré ?
00:19:57 Non, non, non, je ne suis pas intervenu, on m'a dit "Presley chante ça, ça et ça et ça"
00:20:02 Fallut Presley puis d'autres, c'est notre âge
00:20:04 Mais maintenant, mon amour, maintenant que c'est fini
00:20:11 Je sens que le monde s'arrête sur moi
00:20:19 Les étoiles viennent me chercher
00:20:27 Il y a le ciel où le mer devrait être
00:20:33 Mébéco et Aznavour, ils avaient du public au Japon, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Espagne
00:20:40 Et c'était à l'époque des chanteurs connus partout
00:20:43 Bon, c'est l'emmerder un petit peu que je sois le concurrent
00:20:48 Oui, je le sais, il me l'a dit
00:20:51 Il me l'a dit, alors, je vais vous dire comme il me l'a dit
00:20:54 Il est venu, il m'a dit "Tu as fait le Muppet Show"
00:20:59 J'ai dit "Oui"
00:21:02 "Comment t'as fait pour le faire ?"
00:21:04 J'ai dit "Ils sont venus me chercher"
00:21:06 Il m'a regardé dans les yeux, il m'a fait "Je suis jaloux"
00:21:09 Vous savez, mesdames et messieurs, je suis très heureux de revenir à New York
00:21:14 Parce que j'aime New York, nous aimons New York, mon groupe et moi
00:21:18 Et, par ailleurs, vous savez, le jour où j'ai écrit "What Now My Love"
00:21:24 Je ne savais pas que vous alliez faire de ma chanson un tel grand succès
00:21:28 What now my love, now that you left me
00:21:34 How can I live through another day
00:21:41 Watching my dreams turn into ashes
00:21:48 And my hopes into bits of clay
00:21:55 What now my love, now that you're gone
00:22:02 I'd be a fool to go on and on
00:22:09 Et puis cette chanson-là, bien sûr, je l'avais entendue par Elvis, je l'avais entendue par Salienter
00:22:14 What now my love, now there is nothing
00:22:23 Only my last goodbye
00:22:31 Only my last goodbye
00:22:46 Quand moi j'ai décidé, il y a deux ans, de reprendre "Sonnerie maintenant"
00:22:52 J'ai voulu le faire parce que je trouvais que c'était une chanson formidable
00:22:57 C'était une formidable chanson d'amour pour une femme
00:23:00 Mais en même temps, qui pouvait également s'interpréter pour le public
00:23:04 Johnny Hallyday, j'ai vu Gilbert entre deux pendrillons
00:23:08 Regarder avec un grand intérêt Johnny Hallyday
00:23:12 Ou tous ces gens qui sont arrivés avec la vague yéyé
00:23:14 J'ai un souvenir de Gilbert Becquot qui a toujours été très gentil avec les gens qui commençaient
00:23:19 Qui débutaient dans ce métier
00:23:21 Et il m'a dit "Petit, continue à faire ce que tu aimes, on sent que tu aimes ça
00:23:28 Continue à faire ce que tu aimes, il n'y a que comme ça qu'on arrive à faire quelque chose dans ce métier"
00:23:32 Moi j'écris des chansons, je les chante
00:23:35 J'écris de la musique sur de la poésie, je pense
00:23:40 Enfin des textes bien écrits
00:23:42 Avec Vidalin, De La Noé, Hamad, je pense que je suis bien servi
00:23:47 Tandis que Johnny Hallyday ou d'autres
00:23:53 Ne chantent pas du tout le même genre de chansons
00:23:56 Ils ne prétendent d'ailleurs pas chanter ça
00:23:59 Oh oui maintenant !
00:24:27 Je crois que je l'ai rencontré en fait au moment de la tournée
00:24:31 Quand on m'avait engagée pour ouvrir son spectacle
00:24:34 Je me souviens simplement qu'il me demandait de venir lui raconter des histoires
00:24:52 Pour qu'il puisse s'endormir le soir
00:24:55 Wow wow wow wow wow
00:24:58 Je n'y allais pas bien évidemment
00:25:01 A l'époque il y avait la vedette anglaise qui chantait trois chansons
00:25:18 Puis ensuite il y avait quelques attractions
00:25:22 Puis ensuite la vedette américaine qui terminait la première partie
00:25:26 Il y avait l'entracte et ensuite la star
00:25:29 Oh Charlie tu ne iras pas au paradis
00:25:35 Charlie Charlie tu ne iras pas au paradis
00:25:42 Dans mon paradis je m'en fous
00:25:45 Mon paradis c'était et c'est tout
00:25:48 Et ma vie ici ça scandalise
00:25:51 Quand je vais à l'église
00:25:54 Je l'ai vu également dans un autre registre totalement différent
00:25:58 A l'époque de l'opéra d'Aran
00:26:00 25 octobre 20h30 au théâtre des Champs-Elysées
00:26:02 Tout Paris est là pour juger Gilbert Becaud
00:26:05 Coupable d'avoir délaissé quelque temps la chansonnette pour l'opéra
00:26:08 Et préféré le risque au succès
00:26:10 C'est un défi vous me faites ?
00:26:12 La beggare George-Horique
00:26:15 Francis Poulenc
00:26:17 Marlène Diétrich
00:26:19 Tu parles d'un sacré public
00:26:23 Pour écouter ma musique
00:26:33 Ils sont venus en Irlande à ma demande
00:26:42 Ils sont venus dans l'île d'Aran
00:26:47 Pris au filet dans ma cabane
00:26:54 Il a fait l'erreur de faire son opéra
00:26:57 Qui lui a fait perdre du temps
00:26:59 Grâce au ciel quand il est revenu il avait changé d'auteur
00:27:01 Vidalin lui a écrit les temps de Jeanne
00:27:03 Les "Quand Juliette au Violon"
00:27:05 Et paf c'est reparti
00:27:06 Quand Juliette au Violon
00:27:08 Et Léon à l'accordéon
00:27:10 Faudrait avoir deux jambes de bois
00:27:12 Pour ne pas danser la polka
00:27:14 La fille amateurin
00:27:18 Quand tu lui causes elle comprend rien
00:27:20 Pose-lui de près dans le cou
00:27:22 C'est un miracle elle comprend tout
00:27:24 L'amour ici c'est intellectuel
00:27:31 T'as l'air d'un voyou quand t'es naturel
00:27:35 Toi l'air manqué
00:27:37 Le parfum des prés
00:27:39 C'est si important pour le sentiment
00:27:42 Chez moi
00:27:44 Là-bas
00:27:46 C'est pas du tout du tout le même tabac
00:27:49 Je me souviens quand j'avais été le voisin
00:27:50 J'allais "Quand Juliette au violon"
00:27:52 Et Léon à l'accordéon
00:27:53 Faudrait avoir une jambe de bois pour ne pas danser la polka
00:27:55 Bo bo bo bo bo bo
00:27:57 Plein de chansons je sais pas évidemment Nathalie
00:27:59 Viens Pierre Delannoye est arrivé avec un
00:28:02 Avec une idée il m'a dit tiens Gilbert
00:28:04 Je pensais à une histoire qui serait peut-être jolie
00:28:06 Ce serait l'histoire d'un français qui va en visite à Moscou
00:28:10 Et on lui donnerait un guide comme d'habitude
00:28:13 Pour traduire
00:28:14 Et puis il a écrit un mot il a dit
00:28:17 La place rouge était vide devant moi marchait Nathalie
00:28:20 Et là pour le compositeur ça change tout
00:28:22 La place rouge était vide
00:28:26 Devant moi marchait Nathalie
00:28:29 Il avait un joli nom
00:28:31 Mon guide Nathalie
00:28:37 La place rouge était blanche
00:28:40 La neige faisait un tapis
00:28:44 Et je suivais par ce froid dimanche
00:28:47 Nathalie
00:28:51 Elle parlait en phrases sobres
00:28:55 De la révolution d'octobre
00:28:59 Je pensais déjà
00:29:02 Qu'après le tombeau de Lénine
00:29:06 On irait au café Poussky
00:29:09 Boire un chocolat
00:29:15 Ma mère aime cette chanson, cette chanson a compté dans sa vie
00:29:18 Cette chanson a fait partie de notre histoire
00:29:21 La grande chanson c'était Nathalie
00:29:24 Et j'étais là je regardais, j'étais mis sur le coin des coulisses
00:29:28 C'était la première fois que je pouvais approcher Beko de si près
00:29:30 Qu'il se lève le rideau rouge
00:29:34 Du théâtre de maintenant
00:29:37 Où l'on vient contre un peu d'argent
00:29:40 Frissonner avant qu'il ne bouge
00:29:43 Moi j'ai vécu l'époque du rideau rouge
00:29:45 Il m'a donné les clés, il m'a nommé directeur général
00:29:48 Quand Beko m'a demandé ça il m'avait dit
00:29:51 Je vais amener toutes mes chansons et toi tu dois amener tout le reste
00:29:55 Et donc j'étais chargé de trouver d'autres auteurs interprètes
00:29:59 Il n'ira pas beaucoup plus loin
00:30:05 La nuit viendra bientôt
00:30:11 On le voit là-bas dans le lointain
00:30:17 Les neiges du Kilimor Jaro
00:30:23 Et là c'était mon premier succès d'édition
00:30:26 C'était Pascal Danel
00:30:28 Elles te feront un plein manteau
00:30:34 Où tu pourras dormir
00:30:40 Elles te feront un plein manteau
00:30:45 Où tu pourras dormir
00:30:49 Le rideau rouge et en son ensemble, ainsi que Gilbert
00:30:52 On a fait des chansons qui ont vraiment bien fonctionné
00:30:57 D'ailleurs j'ai des anecdotes à ce sujet-là
00:30:59 Je me rappelle un jour avoir déjeuné avec Pierre de la Noé
00:31:05 Il y avait Louis, Ahmad, il y avait Bertrand de l'abbé
00:31:10 Et ça m'avait surpris, de la Noé, je savais qu'on me taxait souvent
00:31:16 D'avoir des réminiscences avec Gilbert sur scène
00:31:19 Peut-être un peu le côté un peu excité, un peu 100 000 volts
00:31:24 Alors disons que j'en avais peut-être 50 000, je ne sais pas
00:31:27 Et de la Noé me dit "Alors tu vois ça marche fort, Kilimor Jaro, c'est formidable"
00:31:32 Il me dit "Tu vois, Gilbert ne t'en veux pas"
00:31:36 Ben, je lui ai dit "Gilbert ne m'en veut pas"
00:31:38 Je lui ai dit "Ca serait fort de café quand même qu'il m'en veut"
00:31:42 Puisqu'il est éditeur, donc ça lui rapporte autant de sous qu'à moi finalement
00:31:46 Donc Gilbert était heureux parce qu'en dehors de ses propres chansons
00:31:49 D'autres chansons arrivaient, de gens différents
00:31:52 Si tu reviens, change pas ta tête Ton couleur indien
00:31:58 Tes cigarettes ne fait pas le détour du boucher Je crois qu'il a été payé
00:32:05 J'ai pris soudain ma guitare sèche Et je chante depuis sans tristesse
00:32:10 Nos amours enfuient à ma tête Quand il manquait du pain
00:32:15 Quant à Julien, c'est devenu tout de suite, la première rencontre, un choc très important pour moi
00:32:22 J'ai vu quelqu'un qui représentait ou qui concrétisait toutes les aspirations que j'avais dans un auteur compositeur
00:32:32 Un jour je prendrai la route, mes rayons coûte que coûte
00:32:36 Je traverserai la nuit, rejoindre la cavalerie
00:32:41 J'aurai enfin tous les courages, ce sera mon héritage
00:32:46 Et j'abolirai l'ennui Dans une belle chevalerie
00:32:57 Moi je pense à la cavalerie
00:33:12 Il a eu quand même du flair aussi, Gilbert, pour certains artistes, qu'il a produit très tôt, en édition, je m'entends, dont Julien Clerc, avec Bertrand
00:33:23 Et je l'ai présenté à Gilbert, et Gilbert aussi, ils sont tous les deux fascinés, et Julien vous le racontera sans doute
00:33:33 J'étais le voir au casino de Jean Lépin, et alors après on est allé dîner sur le bateau, on avait mangé du melon parme, je me souviens, et je l'avais emmené dans ma voiture, à l'époque j'avais une Simca 1000 euros
00:33:48 Tout est fermé, la maison est la solitaire, une rumeur, un pas traîné, la porte s'ouvre un peu
00:34:00 Et il est entraîné par ceux qui l'appellent mon frère, Ivanovitch est là
00:34:20 Il m'a dit "bon j'ai écouté ton disque, j'ai entendu Ivanovitch, je comprends rien mais ça me plaît, alors je voudrais que tu fasses ma première partie à l'Olympia"
00:34:34 Quand Beko qui avait dans son écurie dans le rideau rouge Julien Clerc, il a souhaité que Julien fasse partie de la première partie, je me rappellerai toujours ce jeune homme frisé avec un espèce de manteau de fourrure, assez timide, mais plutôt très très gentil, qui est venu chanter je ne sais plus 3 ou 4 chansons
00:34:54 Moi je m'étais mis dans la tête d'en chanter 5, tout le monde me le déconseillait, mais j'ai dit si si si, je vais chanter 5 chansons, je ne sais pas pourquoi
00:35:04 Puis alors on m'a fait dire que sur sa table de massage, Gilbert avait dit qu'il ferait bien mieux de conserver 4, alors je vais chanter 4 chansons
00:35:14 Je ne sais pas quand on a un mec comme Julien Clerc dans sa première partie, on essaie de créer des vrais liens, de faire quelque chose avec lui, de pouvoir voir quelques chansons quand même
00:35:23 Tous les soirs je me mettais, après l'entraque je prenais une chaise, je me mettais à la limite de la scène, je regardais travailler tous les soirs, tous les soirs, c'était un enseignement extraordinaire
00:35:35 Quand il est mort le poète, quand il est mort le poète
00:35:52 Tous ses amis, tous ses amis, tous ses amis pleuraient
00:36:06 Quand il est mort le poète, quand il est mort le poète
00:36:19 La différence c'est que Beco était totalement dans la séduction alors que Julien est dans la retenue
00:36:28 Alors Gilbert il venait souvent, il descendait, il disait "Ah" il regardait comme ça, il disait "Ah si j'étais toi ce soir, tiens je l'ai fait au charme" pour un coup, il essayait de me faire comprendre que j'avais tort de me braquer
00:36:41 Tous les deux sont des hommes de scène
00:36:43 L'Olympia j'étais en première partie genre je m'ouftais pas, mais alors après j'avais fait Air, et puis il y avait une tournée Beco qui était partie, il m'avait repris en première partie, puis là j'étais vedette américaine alors je chantais huit chansons et j'étais complètement à la tête tournoboulée par Air
00:36:57 Tous les soirs, tous les soirs
00:37:09 Quand Air a été fini, alors là toujours au Rideau Rouge, toujours au même endroit, il m'a dit "Allez maintenant c'est fini les conneries, fini Air, tu te remets en noir en Julien Clerc et tu fais du Julien Clerc"
00:37:22 Quand on aura tourné viré, tourné viré Quand on aura pomme croquée, bien pomme croquée
00:37:42 Quand on aura déshabillé ces inconnus que l'on était On sera vrai comme la vie au bal de minuit
00:38:02 Merci de danser c'est gentil, ça vous ennuie pas ? Non pas du tout, vous n'êtes pas française, vous avez un petit accent, non non je suis américaine, vous êtes américaine ?
00:38:16 La première fois que j'ai rencontré Gilbert c'était en centinée, je parlais pas français du tout, il m'avait dit qu'il avait écrit "Le jour le plus viendra" "The day the rains came down" et j'ai dit non non non c'est un américain qui avait fait parce que je l'avais appris à l'école
00:38:35 C'est une chanson fétiche pour moi, elle n'est pas tellement française cette chanson, elle est presque country and western et je pense que les américains ne savent pas que c'est une chanson française
00:38:52 Le jour ou la pluie viendra, nous serons toi et moi, les plus riches du monde, les plus riches du monde
00:39:20 J'adore cette chanson et ça a marché, ces chansons ont marché partout
00:39:26 Le jour où la pluie viendra, nous serons toi et moi, les plus riches du monde, les plus riches du monde
00:39:49 Le jour où la pluie viendra, nous serons toi et moi, les plus riches du monde, les plus riches du monde
00:40:19 On est venu au Canada, au Québec en 1966, donc je le connaissais depuis une petite année et on avait resté assez longtemps la première fois
00:40:33 Approchez M'sieur dame approchez, s'il vous plaît approchez, à l'avant de vos enchères, préparez la monnaie
00:40:42 Ici c'était le Comédie canadienne qui était le théâtre au Montréal à l'époque, il y a eu Brassens, Brel, Beko, Asselineau et j'ai même vu Robert Charlebois ici
00:40:58 Moi qui ai des souvenirs, à ne plus savoir comment on fait
00:41:12 Souvenirs hein ici?
00:41:13 Ah oui, c'est là où j'étais aussi tous les soirs pour regarder Gilbert chanter sur cette scène
00:41:21 Tu te souviens quand on a fait les auditions pour Monsieur Pointu avec les Véroniques?
00:41:26 Moi je me souviens que j'avais un violonneux qui s'appelait Philippe Gagnon et qui venait de Kapuskasing, un homme des bois, vraiment un homme des bois
00:41:36 Qui ne savait ni lire les mots, je parle pas de la musique, la musique on oublie
00:41:40 Et puis Gilbert avait écouté ma chanson Dolorès et il disait c'est exactement ce que je veux, il tapait du pied en même temps, il était fantastique
00:41:47 Et puis Gilbert il m'avait dit, non seulement je comprends pas qu'est-ce qu'il me dit, mais il me dit je comprends pas ce qu'il joue
00:41:54 Deuxième lot!
00:41:56 Deuxième lot numéro 2, le meilleur toujours!
00:41:59 Un grand!
00:42:01 Un grand, très bien!
00:42:02 Chagrin d'amour
00:42:06 Bonjour, comment allez-vous?
00:42:11 On va bien
00:42:13 On va bien, bienvenue au bibliothèque et archi national du Québec, j'ai découvert un document, j'aimerais bien vous montrer
00:42:20 Ces documents sont plutôt fragiles et uniques, très bien, alors vous pouvez ouvrir la chemise, allez-y
00:42:31 Oh la la!
00:42:35 Oh la la!
00:42:40 Je reviens te chercher
00:42:49 J'ai l'air bête sur ce palier
00:42:54 Aide-moi, viens m'embrasser
00:42:59 Un taxi est tombé
00:43:05 Qui attend?
00:43:10 Je reviens te chercher
00:43:18 Oh mais on dirait qui t'es!
00:43:21 Bonjour Gilles
00:43:23 Salut, qui t'es cette jambe?
00:43:25 Comment tu vas?
00:43:27 Si il y a un moment déjà, on va essayer de réparer
00:43:33 On est toujours en compagnie de Gilbert Bécaud, Gilbert vous vous êtes fait beaucoup d'amis au Québec, si je ne me trompe pas parmi nos vedettes québécoises
00:43:43 Je veux boire, bien oui, bien vous, il y en a d'autres aussi
00:43:47 Oui, il y a Vigneault
00:43:49 Je l'ai rencontré parce que je suis allé à son spectacle, je crois que c'était au Palais Mocalm à Québec et que j'ai trouvé ça formidable
00:43:57 Une petite affection particulière pour Vigneault, pourquoi? Il y a eu une très belle chanson d'ailleurs qui s'appelle Natashe Coine, dont on se souvient et qu'on écoute encore toujours avec plaisir
00:44:07 Ça c'est une chanson fantastique et j'aimerais peut-être savoir comment ça s'est passé entre Vigneault et vous?
00:44:19 J'étais emballé, j'ai écrit avec Bécaud, alors j'ai passé la nuit là à écrire Natashe Coine, il me disait raconte-moi encore l'histoire de ton père parce que je ne lui ai jamais raconté que mon père partait à la chasse
00:44:35 C'est quelqu'un que j'entrevois
00:44:54 Natashe Coine il a enregistré, moi j'étais très surpris quand j'ai vu ça parce que je ne savais pas quelle sorte de mauvaise chanson j'avais faite là et j'étais très content et mes parents étaient épatés
00:45:11 Puis là la gang autour de nous n'en revenait pas, ils ont fait une chanson avec Bécaud
00:45:21 Comment c'était déjà?
00:45:23 Ça on n'a pas répété!
00:45:27 On n'a rien répété!
00:45:29 Natashe Coine pour moi c'est du bois avec ses bières, Natashe Coine pour lui c'est froid, Natashe Coine pour moi c'est du bois avec ses bières, Natashe Coine, Natashe Coine
00:45:48 Là ça changeait les choses un peu, un jeune auteur qui écrit quelques chansons et puis qui rêve d'être chanté par une voix connue puis une voix magnifique
00:46:00 Natashe Coine pour moi c'est du bois avec ses bières, Natashe Coine pour toi c'est froid, Natashe Coine pour moi c'est le ciel perdu d'ailleurs, Natashe Coine, Natashe Coine
00:46:23 Il était formidable, il a touché la vieille France, la nouvelle France, il avait les deux côtés du lac à ses pieds et puis il a aussi touché les États-Unis beaucoup
00:46:33 Et évidemment tout le monde pense à What Now My Love et à cette merveille qu'il a fait avec Neil Diamond, September Morn, c'est en septembre
00:46:42 Neil il est venu nous voir à la maison et puis ils se sont discutés et puis ils sont montés dans la pièce où Gilbert travaillait, ils ont commencé le piano et on l'a laissé tranquille personne ne montait avec eux
00:46:58 C'est en septembre quand les voiliers sont dévoilés et que la plage tremble sous l'ombre d'un automne débroncé, c'est en septembre que l'on peut vivre pour de vrai
00:47:24 C'est une chanson que j'ai toujours beaucoup aimé et j'aimais beaucoup la version de Neil Diamond en fait aussi
00:47:30 September Morn still can make me feel that way
00:47:36 C'est encore une de ses chansons, une de ses mélodies qui a été reprise aux États-Unis, qu'est-ce que vous voulez ?
00:47:41 Il y a aussi avec Pierre Delannoy, Let it be me, c'est toujours la bible "je t'appartiens" qui est traduite en français et il n'y a qu'une seule chanson française dans toute cette décennie des années 50
00:47:56 Je chante toujours Let it be me, c'est "je t'appartiens", j'adore cette chanson et ça a marché, ces chansons ont marché partout
00:48:06 Cette chanson c'était de Maurice Vidal, "Seul sur son étoile" qui en France avait été un beau succès mais pas un hit
00:48:22 Moi j'ai jamais voulu qu'on traduise n'importe comment mes chansons, Gilbert le sait faire
00:48:26 Un grand auteur américain qui s'appelle Al David le fait une version anglaise qui s'appelle "It must be him" et qui n'a pu rien avoir avec "Seul sur son étoile" c'est-à-dire que c'était une femme qui quand le téléphone sonnait espérait que ce soit son amoureux qui l'appelle
00:48:41 "Let it be, it must be him, oh dear God, it must be him, it must be him, or I shall die, or I shall die"
00:48:58 Quoique Vicky Carr faisait sa première partie, elle a voulu chanter cette chanson qui s'appelait "Seul sur son étoile" qu'on a traduit par "It must be him"
00:49:06 Et la chanson était numéro 1 aux Etats-Unis, en Australie et en Angleterre
00:49:11 Et puis tout le monde disait "mais non ça ne lui va pas" et puis elle en a vendu des camions
00:49:17 "Oh hello, hello, my dear God, it must be him, but it's not him, and then I die, again I die"
00:49:33 Oui je pense même qu'il y en a, en tout cas je sais que, je ne les ai pas compté mais il y en a au moins, à ce qu'on m'a dit, 400 chansons qui ont été chantées par d'autres
00:49:41 Des chansons de Bécou dans toutes les langues par les plus grandes vedettes du monde en fait
00:49:45 Et là ça continue et vous êtes un des seuls
00:49:48 Je pense qu'au Québec on avait conscience en effet parce qu'on est à quelques kilomètres, à quelques heures des Etats-Unis
00:49:56 Que ces chansons avaient été reprises par Nina Simone, par Elvis Presley, par d'autres
00:50:05 On avait conscience de l'ampleur du personnage, qu'on aimait bien s'approprier parce qu'on fait ça aussi
00:50:12 Donc sa reconnaissance internationale, voire même aux Etats-Unis parce que c'est toujours une fierté pour les francophones, on va dire comme ça
00:50:21 De savoir qu'un artiste francophone est repris par les Américains qui ont plutôt l'habitude de s'autosatisfaire
00:50:26 Et en fait ça a été probablement un des artistes français à venir le plus souvent faire des concerts au Québec
00:50:35 Et c'était lié d'amitié avec Monsieur Pointu qui était aussi pour moi une icône de mon enfance
00:50:44 (Musique)
00:51:00 Mais c'était un arlequin Bécaud, il sautait en l'air, il se roulait sous son piano, il virevoltait de gauche à droite sur scène
00:51:07 C'était une flamme, et cette flamme moi je l'adorais, si on pouvait le mettre dans la comédie de l'art c'était un bel arlequin
00:51:14 Même si elle avait toujours ses petites cravates à poids et son costume impeccable
00:51:18 Le fameux costume bleu, la cravate à poids qu'il enlevait, il en collectionnait plein etc
00:51:22 Moi je le voyais coloré, il était tellement flamboyant
00:51:25 Notamment quand il chantait sa chanson qui devait s'appeler "La vente aux enchères" ou un truc comme ça
00:51:31 Monsieur Pointu, le débit de parole qu'il fallait, l'énergie qu'il fallait pour chanter ça
00:51:37 (Musique)
00:51:52 Je pouvais pas le suivre Gilbert, pourtant j'avais 20 ans, j'aimais bien moi aussi la vie etc
00:51:59 Mais lui c'était un sorteur, il buvait, il fumait, il quittait la scène
00:52:05 Il quittait la scène, de chaque côté de la scène il y avait un verre de scotch et une cigarette
00:52:10 Vous savez le mètre que vous parcourez, le mètre 50 que vous parcourez, c'est un monde
00:52:17 Entre la coulisse et la scène, c'est un monde, c'est un univers total
00:52:22 Et vous rembourse de tout
00:52:25 Vous comprenez ce que je veux dire, c'est un gros cadeau, ce mètre difficile à passer
00:52:31 Quand on est seul sur son étoile, et qu'on regarde passer les trains
00:52:38 Quand on trinque avec l'illuminable, qu'on dort avec des moins que rien
00:52:45 Quand on réécrit à sa mère, et qu'on pense aux économies
00:52:51 Quand on invente des prières, pour des bons dieux de comédie
00:52:58 A partir d'une certaine période, Beko s'est beaucoup intéressé à ce qu'on disait de lui
00:53:04 Et pour lui il était très important d'avoir la Une de François
00:53:09 Et je trouvais, c'est difficile à dire pour moi, mais qu'il travaillait plus assez ses chansons
00:53:17 Et que le paraître l'emportait sur le fond
00:53:21 Non, je pense qu'il a dû à un moment donné se sentir peut-être menacé
00:53:27 Ou qu'il a pensé que Bertrand ne s'occuperait plus suffisamment bien de lui, je ne sais pas
00:53:31 Je pense que c'est plutôt quelque chose de ce genre là
00:53:33 Et puis Julien Clerc un jour doit faire son premier Olympia
00:53:37 L'Olympia c'était la maison de Beko
00:53:40 Et puis il vivait au bureau au Rideau Rouge, et à l'époque la maison de 10 faisait ce qu'on appelle de la PLV
00:53:46 Et dans le bureau il n'y avait que du Julien Clerc partout
00:53:49 Et on sait que Gilbert était lui, alors quand il voyait arriver un jeune, il voyait arriver un concurrent
00:53:54 C'est à dire que c'est quelqu'un qui allait lui prendre sa place
00:53:57 Il a eu Julien Clerc chez lui, ça ne s'est pas très très bien passé je crois
00:54:02 La cavalerie, Ivanovitch, 68, Julien arrive, beau comme un dieu qui va tout balayer
00:54:07 Il est dans l'édition de Beko, donc je me dis tiens il a du bol Beko, il a son édition de Rideau Rouge, il a une future star
00:54:12 Et puis quand Julien a commencé à accumuler les tubes, quelqu'un m'a dit, je ne sais pas si c'est vrai
00:54:18 Que lorsque Julien a fait son Olympia pour la première fois, d'abord il a fait des premières parties Gilbert
00:54:22 Mais quand il a fait son Olympia, il devait faire 8 ou 10 jours
00:54:25 Et que Beko aurait dit "Attention, j'espère qu'il ne dépasse pas 15 jours, le seul qui fait plus de 15 jours Olympia c'est moi"
00:54:30 Bertrand me l'a dit plus souvent, que quand il a été question que je fasse Olympia, il lui a conseillé que je fasse Bobineau quand même
00:54:37 Et ça, alors moi je suis de balance, je suis assez intransigeant, j'ai horreur des arrangements, je ne pouvais pas accepter ça
00:54:47 Donc j'ai donné ma démission et je suis parti franchement sans rien
00:54:55 Je me suis dit à Gilbert, vous saviez que vous alliez partir je suppose, il m'a dit oui
00:54:59 Je lui ai dit pourquoi on m'avait fait re-signer, il me dit parce que je ne voulais pas avoir l'air de partir avec la caisse
00:55:05 Je lui ai dit oui mais moi, je ne veux pas rester, je veux vous suivre
00:55:10 Alors le temps est passé, le temps est passé
00:55:12 C'est les gars de 20 ans qui ressemblent à des dieux insouciants et joyeux
00:55:21 Parmi leurs handes folles, passent sous les donjons sans dire une parole
00:55:28 Ils ne regardent pas les bras tendus vers eux dans ce temps
00:55:37 Joli baladin, c'est la balade, c'est la balade
00:55:44 Dans ce temps, joli baladin, c'est la balade d'Arlequin
00:55:53 Sur scène il m'a scotché, mais à force d'entendre dire par Louis Hamad
00:55:58 Gilbert m'a appelé, il est en Allemagne, Gilbert est en Angleterre, Gilbert est dans les pays de l'Est, Gilbert est en Hongrie, Gilbert est en Syrie
00:56:05 Et à un moment donné, je me suis dit tiens mais on a l'impression que Gilbert a un peu disparu de notre écran radar
00:56:12 Je lui ai dit à l'âge de 200, cette année 250 ou 260 fois en récital à travers le monde
00:56:19 Et c'est trop, pour le compositeur c'est trop
00:56:25 Moi je pense qu'on s'est rencontré, je ne sais pas la date exacte, mais on a dû se rencontrer dans les années 70
00:56:29 Quand j'ai accédé au podium et un jour il a pris contact avec moi
00:56:36 Et il a dit, comme il faisait toujours un peu, sans en avoir l'air comme ça
00:56:40 "Est-ce qu'on fait une chanson ensemble ?" toujours un peu nerveux comme ça
00:56:43 Et je lui ai dit pourquoi pas, et puis un soir on s'est retrouvé chez lui dans sa nouvelle maison sur le front de scène
00:56:48 Et là on s'est mis au piano
00:56:52 Un train manqué, départ perdu
00:56:59 Sur le quai de la gare du temps
00:57:06 Un train manqué, rien ne va plus
00:57:12 Les trains seront rares à 40 ans
00:57:19 T'as manqué l'heure du train d'amour
00:57:24 Le train d'acier et de velours
00:57:29 Celui qui fait le tour du monde
00:57:33 Elle t'a écrit pendant un an
00:57:36 Des lettres d'amitié
00:57:39 Et l'amitié, avec le temps
00:57:43 Je sais ce que c'est
00:57:45 Gilbert ce qu'il voulait c'était faire du cinéma
00:57:47 J'ai téléphoné souvent en me disant quand est-ce que tu me fais tourner, quand est-ce que tu me fais tourner
00:57:50 Est-ce que Beko aurait eu le temps de se consacrer au cinéma ?
00:57:53 Et quand j'ai commencé toute une vie
00:57:56 J'avais besoin d'une star, de la chanson
00:58:00 Pour illustrer un des personnages principaux
00:58:03 Et c'est à ce moment là que je suis allé voir Gilbert
00:58:05 Oh dis-moi pourquoi je l'aime, mais dis-moi pourquoi je l'aime
00:58:11 Oh dis-moi pourquoi je l'aime tant, tant, tant
00:58:14 Si je vous pose le problème c'est parce qu'il peut être trop le même
00:58:16 Pour vous tous comme pour moi-même, oui
00:58:18 Elle s'appelle comme une autre, elle ressemble à toutes les autres
00:58:21 Elle pourrait bien être d'autres, oui mais
00:58:24 Je suis le seul être qu'elle aime et la réponse à mon problème
00:58:26 C'est que je l'aime, l'aime, l'aime, tant
00:58:29 Je sais bien qu'elle n'est pas jolie mais elle le sait aussi
00:58:32 Elle aime ton avis
00:58:34 Elle est venue dans ma maison, maman le sat sans façon
00:58:37 Elle n'en est plus le paradis
00:58:39 Oh dis-moi pourquoi je l'aime, mais dis-moi pourquoi je l'aime
00:58:42 Oh dis-moi pourquoi je l'aime tant, tant, tant
00:58:45 Oh dis-moi pourquoi je l'aime, mais dis-moi pourquoi je l'aime
00:58:47 Oh dis-moi pourquoi je l'aime tant
00:58:49 On dirait une fleur sous la pluie
00:58:57 Elle t'écoute combien ?
00:58:59 Tu multiplies 100 x 10
00:59:02 Tu ne refuses rien à ta fille
00:59:04 Elle voulait Gilbert Bécaud pour ses 16 ans, je vais vous le faire Gilbert Bécaud
00:59:07 Gilbert pensait qu'il fallait jouer
00:59:10 Et moi je pense qu'il ne faut pas jouer, il faut vivre
00:59:13 Oh dis-moi pourquoi je l'aime, mais dis-moi pourquoi je l'aime
00:59:15 Oh dis-moi pourquoi je l'aime tant, tant, tant
00:59:18 Oh dis-moi pourquoi je l'aime, mais dis-moi pourquoi je l'aime
00:59:20 Oh dis-moi pourquoi je l'aime, mais dis-moi pourquoi je l'aime
00:59:23 Oh dis-moi pourquoi je l'aime, mais dis-moi pourquoi je l'aime tant
00:59:29 Et j'ai très vite découvert l'envie, la passion qu'il avait de faire du cinéma
00:59:34 Je veux dire que ça restera pour lui une des grandes frustrations
00:59:37 Parce qu'il a fait 2-3 films qui n'ont pas été concluants
00:59:41 Dont le film de Carnet
00:59:43 Arrêtez, arrêtez les enfants
00:59:46 Au nom des Pères Noël
00:59:48 Vous n'êtes pas de part ?
00:59:50 Naturellement, fermez la porte
00:59:52 Vous avez déjà su notre lettre ?
00:59:54 On fait nous ces directes
00:59:56 En un service d'ange, la lettre est à peine postée que le chef envoie quelqu'un
01:00:00 Mais alors les anges, tu veux voir des combines de radio ?
01:00:04 Radio ? Tu veux rire, c'est aussi des mots d'éclaircière volant
01:00:08 Non, nous on se sert de...
01:00:10 Ou alors plutôt de...
01:00:12 Oh pardon chef
01:00:14 Qu'est-ce que vous dites chef ?
01:00:16 Je n'ai pas très bien entendu
01:00:18 Je vais permettre qu'il lui parle, oh dis donc !
01:00:21 Oh ne me grondez pas chef
01:00:23 Je débute
01:00:25 Et bien ça n'a pas marché
01:00:27 Et donc j'ai senti qu'il était frustré
01:00:29 Qu'il vivait une grande histoire d'amour avec le cinéma
01:00:32 Mais qu'il n'avait pas encore réussi à le draguer
01:00:34 C'est beaucoup d'abnégation, beaucoup de temps de vouloir réussir les deux en même temps
01:00:38 Et donc il comptait beaucoup sur moi pour que je l'amène un jour là où il méritait d'être en tant qu'acteur
01:00:45 Je lui ai produit un film qui s'appelait "Un homme libre"
01:00:48 Qui avait été réalisé par un garçon qui s'appelait Muller
01:00:52 Qui n'a pas été non plus concluant
01:00:54 Et être acteur ce n'est pas vouloir faire du cinéma
01:00:57 Être acteur c'est vouloir jouer
01:00:59 Il aurait été capable à un moment donné de posséder le cinéma comme il possédait la scène, comme il possédait la chanson
01:01:07 C'était un garçon qui était pas simplement monsieur 100 000 volts
01:01:10 Mais monsieur 100 000 talents
01:01:12 Il avait tous les talents
01:01:14 Et surtout il avait celui d'enthousiasmer les foules
01:01:19 *Musique*
01:01:31 Toi, toi, toi qui cherche quelque argent pour t'arrondir la semaine dans la ville tu promènes ton ballon
01:01:46 Cascadeur, soleil couchant tu passes devant les banques
01:01:54 Mais tu n'es que sale tambanque, l'important, l'important
01:02:02 *Musique*
01:02:08 Thierry Le Luron adorait Bécaud bien sûr
01:02:10 Et puis Thierry le croquait bien
01:02:13 Je me souviens quand il faisait Bécaud il s'asseyait, les jambes croisées sur la scène
01:02:18 Et puis il se tenait l'oreille, ça c'était quand même le grand truc
01:02:22 Vous dites que la politique c'est des modèles, mais la politique est-ce que ça fait des tubes ?
01:02:26 Je ne le pense pas
01:02:28 Puis d'un seul coup on a eu le flash quoi, la rose socialiste
01:02:32 Alors il suffit de mettre en merdant et c'est une chanson, un texte qui est venu absolument tout seul
01:02:37 Moi je dédie au président cette chanson
01:02:43 Ce poème en forme de requiem pour cet âme
01:02:50 *Musique*
01:02:53 C'est la rose de l'emmerdant
01:02:57 C'est quoi ?
01:02:59 C'est la rose de l'emmerdant
01:03:01 Allons-y
01:03:03 C'est la rose de l'emmerdant
01:03:05 Ça remplace un référendum ça
01:03:07 On n'a jamais eu de censure, jamais on nous a dit on n'avait pas le droit
01:03:11 Aujourd'hui on ne peut plus faire tout simplement
01:03:13 Moi je ne suis pas engagé politiquement, je n'aime pas la politique
01:03:15 Thierry respectait deux personnes, c'était Claude François et Gilbert Bécaud
01:03:19 La solitude ça n'existe pas
01:03:22 La solitude ça n'existe pas
01:03:27 La solitude ça n'existe pas
01:03:31 Avec la salle de boulot
01:03:33 La solitude ça n'existe pas
01:03:35 Ça je connais, moi aussi je fais un truc comme ça tu sais
01:03:39 Tiens par exemple
01:03:41 Viens à la maison, viens le printemps qui chante
01:03:48 Viens à la maison, tous les oiseaux t'attendent
01:03:54 Alors ça c'est peut-être la contradiction avec le personnage qui mène la vie de Bohème
01:03:59 Vous êtes à d'autres heures, et ça explique peut-être cette forme extraordinaire
01:04:03 Un petit fermier, c'est bien porté dans l'industrie du spectacle
01:04:07 Et un écologiste avant la lettre
01:04:09 Oui c'est exact j'ai une ferme à Gillet et nous cultivons écologiquement
01:04:14 Ici le ferme de Poitou, la maison on habitait tous ensemble
01:04:19 Il m'était bien avec sa famille, ça a été un excellent père de famille
01:04:23 En fait il voulait quitter Paris mais il ne savait pas où aller
01:04:26 Donc on a fait un peu toute la France, on dormait dans la grange avec des caravanes et tout
01:04:32 La maison ça construit
01:04:34 Papa voulait qu'on soit dans l'espace, qu'on coure à travers les champs, la petite maison à la prairie
01:04:39 Donc on a fait tout ça
01:04:41 Et papa nous a donné la chance d'avoir un endroit juste absolument merveilleux
01:04:46 On entendait les pianos, on l'entendait râler
01:04:50 Quand il ne trouvait pas ce qu'il fallait qu'il trouve au moment qu'il voulait dans sa chanson
01:04:55 Oui ça on le vivait mais sinon non
01:04:58 Il nous demandait de temps en temps qu'est-ce qu'on pensait de son tour de chant
01:05:03 Et ça en plus parce que nous étions ses enfants, pas ses collaborateurs
01:05:07 Vous avez vous-même adopté une petite laotienne, Noï
01:05:11 Alors vous, vous aviez cinq enfants, cette décision vous l'avez prise en commun d'accord avec tout le monde ?
01:05:16 Oui bien sûr
01:05:18 Bizarrement ça a été facile, ça a été complètement naturel
01:05:22 Ils m'ont laissé la possibilité de m'épanouir, de trouver mes repères à ma façon
01:05:28 J'avais l'impression que c'était plutôt eux qui apprenaient à s'habituer à moi
01:05:34 J'ai souvent eu la sensation que les gens n'accordaient pas la place qui méritait à Gilbert Beko
01:05:40 Et moi ce que j'aime chez ce personnage c'est que c'est un punk
01:05:44 Si aujourd'hui on devait chercher parmi la chanson française un Beko
01:05:49 Ce serait difficile d'en trouver un
01:05:52 Le côté survolté, excessif, la façon de taper sur le piano
01:05:56 Le côté bestial et hyper rock'n'roll
01:06:02 Tu l'as volé, tu l'as volé, tu l'as volé
01:06:06 Tu l'as volé, tu l'as volé, tu l'as volé
01:06:10 C'est bien toi qui l'as croqué avec tes dents de loup
01:06:17 C'est bien toi qui l'as croqué, corral à corde
01:06:21 C'est bien toi qui l'as croqué, corral à corde
01:06:27 Si tu te fais filer, étanger, il ne sert à rien
01:06:32 Vous vous trompez, je courais dans la montagne
01:06:35 Regardant tout le temps des étoiles dans les yeux
01:06:38 Vous vous trompez, je cherchais dans la montagne l'oiseau bleu
01:06:41 Moi j'ai travaillé à l'Olympia de 1972 à 1976
01:06:45 Donc je pense que c'est dans le courant de la première année, la première fois que j'ai servi
01:06:49 Et donc il y avait un rituel
01:06:53 Il voulait toujours que les gens, que les techniciens soient tous habillés en noir
01:06:59 Donc on avait tous droit à une enveloppe
01:07:02 Et on avait l'obligation d'aller s'acheter deux chemises et deux pantalons
01:07:08 J'ai pas volé, pas volé, pas volé
01:07:10 Je n'ai pas cherché à la main
01:07:13 Tu l'as volé, tu l'as volé, tu l'as volé
01:07:16 C'est bien toi qui l'as volé, tu l'as volé
01:07:19 C'est bien toi qui l'as volé, tu l'as volé
01:07:22 J'ai rien perdu, j'ai rien perdu
01:07:26 J'ai rien perdu, j'ai rien perdu
01:07:29 Mais vous êtes fous toi, mais vous êtes tous malins vous voyez
01:07:35 J'ai rien perdu, j'ai rien perdu
01:07:39 J'ai rien perdu, j'ai rien perdu
01:07:42 Je me souviens d'un concert d'un groupe mythique aujourd'hui qui s'appelle les New York Dolls
01:07:47 Qui étaient vraiment les précurseurs du mouvement punk et de tout ce qui a suivi derrière
01:07:52 Mais c'était en 1974 ça
01:07:55 Donc c'était un groupe new-yorkais, ils ont joué un dimanche, c'était le 2 décembre 1974
01:08:01 Et donc c'était en matinée
01:08:04 Et Beko est venu
01:08:06 Est venu voir ces mecs qui portaient des jupes, qui jouaient du rock
01:08:11 C'était un truc complètement fou, complètement décalé
01:08:14 Beko il était assez curieux de tout ce qui se passait, de tout ce qui se faisait
01:08:19 Et puis de tout ce qui fonctionnait, comme à l'époque je fonctionnais pas mal du tout
01:08:23 Un jour il m'a appelé
01:08:25 Tu ressembles à la musique du danse
01:08:29 Tu es violence, cadence et décadence
01:08:32 Robots, rebelles, madone des lé, si belle
01:08:36 "Un bel désiré" on l'a écrit d'ici
01:08:38 Donc il venait ici à l'hôtel méridien, il y avait un piano dans la suite
01:08:42 Et puis on bossait, les voisins étaient gentils, ils disaient rien
01:08:48 Et c'est là qu'on a écrit entièrement d'un bout à l'autre "Désiré"
01:08:52 Désiré, oh désiré
01:08:55 Dans le coeur t'as le sprit de t'achélerer
01:08:59 T'as le corps en blue jeans et les rêves en jupent
01:09:09 Et les rêves en jupent
01:09:12 Ça oui, désiré
01:09:16 Tu portes bien ton nom
01:09:19 C'était important de la réussir parce qu'on sentait bien, Gilbert et moi tout de même, que ça pouvait être un titre fort
01:09:26 Souvent on commence, on fait une chanson en trois phrases
01:09:30 Et ça nous pose souvent un problème parce qu'on se dit "Mais non, étonné qu'on a tout dit en trois phrases"
01:09:35 Comme d'habitude, on a beaucoup recommencé, beaucoup rillé, beaucoup raturé
01:09:40 C'est un travail de longue haleine souvent les chansons, surtout quand on a affaire à quelqu'un comme Beko
01:09:50 Je n'ai rien demandé
01:09:52 Elle va pour du whisky
01:09:55 Elle part, revient, peignoir de bain
01:10:00 Difficile
01:10:03 Lui, il voulait absolument, je dirais presque frénétiquement, refaire un tube
01:10:09 Je crois que tous les artistes au fond, qu'ils l'avouent, qu'ils ne l'avouent pas, cherchent le tube
01:10:13 Moi je m'en fous, ça s'arrête, ça s'arrête, ça continue, ça continue
01:10:17 Je ne suis pas tourné là-dessus
01:10:20 J'ai la sensation qu'il a eu peur de moins plaire, peut-être peur de plus être dans le coup
01:10:26 Une seule chose qui m'a chagriné, un jour j'ai été le voir, j'ai dit
01:10:31 Gilbert, on devrait faire un disque de duo, toi et moi, avec les chansons que nous avons écrites
01:10:37 Il n'a pas répondu
01:10:39 Je veux dire, je ne me passe pas sur le passé pour faire du nouveau, si tu veux
01:10:42 Et dix ans après, il me l'a demandé
01:10:46 Et je n'ai pas répondu
01:10:48 L'indifférence, elle te tue à petits coups
01:10:53 L'indifférence, tu es l'agneau, elle est le loup
01:10:58 L'indifférence, un peu de haine, un peu d'amour, mais quelque chose
01:11:07 L'indifférence, chez toi tu n'es qu'un inconnu
01:11:12 L'indifférence, les enfants ne te parlent plus
01:11:17 L'indifférence, les vieux n'écoutent même plus quand tu leur causes
01:11:24 Vous êtes en train de terminer un livret musical d'une comédie, Madame Rosa, qui est tiré du livre La vie de Vançois, de Romain Garry
01:11:35 C'est Gilbert qui a eu envie, et il a travaillé avec Juny Lallemore, qui est un auteur anglais, parce qu'il a écrit en anglais d'abord
01:11:45 J'aimerais ça qu'on fasse juste un petit résumé pour ceux qui n'auraient pas lu par exemple La vie de Vançois
01:11:49 C'est l'histoire d'une communauté qui est à la fois juive et arabe, et qui habite à Paris, dans les environs de la Goutte d'Or
01:11:58 C'est un quartier très populaire, c'est un quartier très mouvant, qui bouge beaucoup
01:12:07 Et là-dedans, il y a une dame, qui est une ancienne péripapéticienne, qui accueille chez elle des enfants des autres filles qui font la rue
01:12:19 Pour les garder pendant que leur maman travaille
01:12:22 Et ce sera sur Broadway dans quelques semaines
01:12:24 Ça s'est joué à Broadway, sans trop de succès, malheureusement
01:12:28 Et puis quelques années plus tard, il a décidé de le reprendre en français, en changeant des choses, avec de nouvelles mélodies, ce n'était pas tout à fait les mêmes
01:12:36 Voilà donc, ce cahier où j'ai écrit pas mal de chansons de Rosa, petit cahier d'écolier
01:12:44 Alors ça c'est l'ouverture de Rosa, j'ai mis en haut et à droite le nom de l'artiste comme d'habitude, Beco Rosa
01:12:51 Moi j'étais juste triste effectivement qu'on n'arrive pas à le monter, mais certainement moins que lui, lui vraiment c'était quelque chose à quoi il tenait terriblement
01:13:01 Et il y a eu une injustice, mais ça arrive les injustices dans ces métiers là
01:13:06 Il s'est sans doute rendu compte, quelque part, qu'il y a quelque chose qui lui échappait, que sa carrière prenait un virage qui était assez douloureux
01:13:14 Moi je pense que les traversées de désert sont souvent bénéfiques, mortelles, ça dépend
01:13:20 Donc pour lui, elle est arrivée au mauvais moment cette traversée de désert, parce qu'en général sur une traversée de désert, on s'enrichit et puis on revient très très fort
01:13:27 Après, il a eu un très beau rétablissement et il a fait l'Olympia rouge et bleu
01:13:31 Il faisait une soirée bleue, une blanche, une rouge, il changeait de répertoire à tous les jours
01:13:36 C'était impressionnant, bien sûr, moi j'ai pas vu la période où il cassait les fauteuils, mais j'ai vu ce public qui lui était resté fidèle, marcher à tous ses codes, auxquels j'étais forcément extérieur
01:13:49 Mais il avait une énergie, un plaisir, un plaisir de plaire, un besoin de séduire
01:14:04 Il y en a une chanson qui m'a toujours étrangement, alors là il la chantait énormément, j'ai envie de dire de mon temps, c'est du temps où j'étais en première partie, c'est "Rosianne Jaune"
01:14:13 J'adorais cette chanson
01:14:15 Est-ce que c'est par hasard si tu promenois ce soir ?
01:14:21 Ou bien est-ce que t'as vu mes affiches dans les rues ?
01:14:27 C'est plus "Rosianne Jaune", c'est seulement "Jaune and Jaune"
01:14:33 Et Jaune il va très bien, et Jaune il n'a besoin de rien, rien
01:14:39 D'ailleurs tu n'as qu'à voir, si t'as payé pour voir ce soir
01:14:45 C'est pas plus mal qu'avant, c'est même plus "Dans le vent"
01:14:51 Tu te souviens de ce pas ? Tu n'y arrivais pas, écoute, écoute, faut partir du pied droit, trédac, trédac, comme ça
01:15:00 Mais quelle chanson, quelle chanson, quels auteurs il a su se choisir et quelle musicalité
01:15:07 Parce que quand on reprend comme je l'ai fait moi par exemple "La solitude n'existe pas"
01:15:11 Qui lui était très binaire, très comme ça, volontaire
01:15:14 Moi je l'ai fait swingy, tu peux faire ça qu'avec une grande chanson
01:15:18 La solitude, ça n'existe pas
01:15:27 La solitude, ça n'existe pas
01:15:37 Chez moi il n'y a plus que moi
01:15:42 Et pourtant ça ne me fait pas peur
01:15:47 L'avion, la télé sont là pour me donner le temps et l'heure
01:15:52 Il a vu le temps passer, il l'a vu et ça l'a marqué
01:15:57 Je pense qu'il a refusé de vieillir, personne n'est heureux de vieillir, n'est-ce pas ?
01:16:01 Mais je pense qu'il a mal dealé avec le temps qui passe si vous voulez
01:16:07 On avait cassé des fauteuils pour lui à l'Olympia, n'oublions jamais ça
01:16:11 Vous savez on vit une période un petit peu compliquée en ce moment
01:16:15 On nous passe des chansons qui durent un mois comme ça, après on passe à autre chose
01:16:21 Le métier a changé, c'est plus comme avant où il y avait des valeurs sûres
01:16:25 Beko a fait des chansons extraordinaires, Monsieur 100 000 Vols quand il est arrivé c'était énorme
01:16:30 C'était les Beatles et aujourd'hui plus personne ne s'intéresse à lui, je ne comprends pas pourquoi
01:16:37 Je trouve ça dommage parce que pour moi la musique ce n'est pas ça
01:16:40 Pour moi la musique ce sont des gens qui la font, ça prend beaucoup de temps de faire l'album
01:16:44 On prend beaucoup de temps pour écrire une chanson
01:16:48 Je trouve que ça mérite mieux que de bazarmer comme ça se passe en ce moment
01:16:55 Voilà ce qui aurait pu arriver à l'Olympia, mais fort heureusement
01:17:02 Gilbert Beko, le chanteur compositeur s'est transformé à un instant en chef de chantier
01:17:07 Pour surveiller la nouvelle scène et la nouvelle salle de l'Olympia
01:17:11 Il chantera ici dans un an ses nouvelles chansons
01:17:14 Une nouvelle salle construite en quelques mois, au millimètre près, à l'identique
01:17:19 Je suis sûr que le public quand il va rentrer va se dire "mais ils n'ont rien touché"
01:17:29 Alors que tout a été cassé en petits morceaux et tout a été reconçu plus loin
01:17:33 Et ça c'est génial
01:17:35 Effectivement je ne me voyais pas dire à Beko "non ça sera un autre qui fait l'ouverture"
01:17:41 Autant plus qu'effectivement il faisait pression
01:17:44 Et on sentait qu'il avait besoin de ça, qu'il n'aurait pas admis
01:17:49 Beko ça a quand même été un ami de bon nombre d'années, un partenaire fidèle de Bruno
01:17:55 On a inventé cette lumière qu'on appelle le rayon d'or
01:17:59 Qui vient d'une lucarne, un ciel ouvert là-haut
01:18:02 Et sur ce rayon d'or descendra Bruno, Braël, Pierre
01:18:07 Mesdames, Messieurs, Gilbert Beko
01:18:14 Parce que ça permet à Beko de faire une dernière fois un très très grand succès
01:18:26 "Tout Paris est revenu leur voir"
01:18:30 Comme l'argile, l'insecte fragile, l'esclave docile
01:18:42 Je t'appartiens de tout mon être
01:18:53 Tu es le seul maître, je dois me soumettre
01:19:00 Je t'appartiens
01:19:05 La chose la plus... je vous dirais que c'est un des moments les plus forts de ma carrière
01:19:09 C'est d'avoir chanté avec lui parce qu'il y avait une émission
01:19:13 Qui était pour le printemps du Québec à Paris
01:19:16 Et on jumelait un artiste français avec un artiste québécois
01:19:20 Et on m'a dit que c'est lui qui avait voulu chanter avec moi
01:19:24 J'ai le coeur qui bat, pour qui, pour quoi
01:19:29 Il bat trop fort, trop fort
01:19:36 Et maintenant, que vais-je faire?
01:19:45 Vers quel néant, tu seras ma vie?
01:19:52 Tu vas laisser la terre entière
01:19:59 La terre, la terre, sans toi, je suis petite
01:20:06 C'est quelqu'un d'extrêmement bouleversant parce que moi je savais qu'il était malade à cette époque-là
01:20:12 Quand il était malade, j'étais mal à l'aise, ça me déplaisait
01:20:18 Parce que j'ai toujours vu tellement brillant, tellement survolté
01:20:24 Il disait pas "j'ai mal", il travaillait, il faisait comme si de rien n'était
01:20:28 Il avait été opéré d'un cancer, grave
01:20:31 Quand la vie prend l'eau
01:20:35 Nos vieux matelots
01:20:38 Voulaient s'enrager
01:20:41 Quand ils nous plaquent
01:20:44 Pas de come back
01:20:47 Aucun remake
01:20:50 Faut faire avec
01:20:51 C'est de plus d'heure de ne pas montrer au public que ça va pas bien du tout
01:20:55 Et de faire un peu à la Molière
01:20:57 En comportant
01:20:59 Défié de temps
01:21:02 En regardant
01:21:04 La mort en face
01:21:07 Et sans un cri
01:21:10 Payer le prix
01:21:13 Des cigarettes
01:21:16 Faut faire avec
01:21:17 Elle a un sens cette chanson, cette nouvelle chanson qui porte le titre
01:21:21 D'ailleurs qui inspire l'album "Faut faire avec"
01:21:25 Je pense tout de suite vraiment à des heures douloureuses que vous avez traversées
01:21:30 Oui, vous savez, c'est ça la vie
01:21:34 C'est bon, c'est pas bon, c'est noir, c'est blanc, c'est rouge
01:21:38 Let's go
01:21:40 Qu'est-ce qu'on peut faire ? Faut faire avec
01:21:42 J'avais entendu dire qu'il était malade, on a fait...
01:21:45 Et maintenant que j'avais entre temps chanté dans un spectacle
01:21:48 Vous imaginez près de 30 ans après, comme c'était émouvant de les retrouver tous les deux
01:21:52 Et maintenant Gilbert et Julien
01:21:55 Donc on a fait ce duo sur cette chanson-là
01:21:59 "Aux Victoires de la Musique" est un beau souvenir
01:22:05 Ce duo-là où on a évidemment définitivement enterré l'âge de guerre
01:22:10 Et maintenant que vais-je faire de tout ce temps ?
01:22:21 Que sera ma vie de tous ces gens qui m'indiffèrent ?
01:22:33 Maintenant que tu es parti toute cette nuit
01:22:44 Pourquoi ? Pour qui ?
01:22:48 Et ce matin qui revient pour rien
01:22:55 Ce père qui va pour qui ? Pourquoi ?
01:23:02 Il va trop fort, trop fort
01:23:10 Et maintenant que vais-je faire ?
01:23:18 Bien quel néant qui sera ma vie ?
01:23:25 Tu m'as laissé la terre entière
01:23:33 Mais la terre, la terre, chante-toi
01:23:38 Ces petits, petits, tous mes amis
01:23:43 Soyez gentils
01:23:48 Vous savez bien que l'on n'y peut rien
01:23:56 Vous même Paris crève dans les nuits
01:24:04 Toutes ces rues, toutes ces rues me tuent
01:24:11 Et maintenant que vais-je faire ?
01:24:18 Je vais en rire pour ne plus pleurer
01:24:24 Moi je pleurais la dernière fois que je l'ai vue, j'ai été trop émue
01:24:27 Et je dois dire que ce dernier passage de 99 qu'on a fait
01:24:30 Parce qu'il était pas pensable de pas le faire
01:24:34 Bécaud était là et il était toujours là
01:24:37 En plus il était malade, on le savait
01:24:40 Et il était pas question de dire on ne va pas le faire
01:24:42 J'étais venu le voir et il avait vraiment fait le spectacle
01:24:45 En faisant tout ce qu'il pouvait
01:24:47 On voyait bien qu'il était fatigué
01:24:49 Mais vous savez un homme fatigué
01:24:52 Quand il donne tout
01:24:56 Quand il s'appelle Bécaud et qu'il donne tout
01:24:58 Il sentait qu'il fallait faire vite
01:25:01 S'il vous plaît
01:25:03 Troisième nombre
01:25:05 Troisième nombre, votre meilleur après le second
01:25:07 La mort du héros
01:25:13 La mort d'un héros
01:25:18 Avec fusil
01:25:24 Si vous voulez
01:25:26 Mise à prix
01:25:28 Attention
01:25:29 Mise à prix
01:25:31 À un franc
01:25:33 Un franc, allons messieurs
01:25:35 Un franc, un franc
01:25:37 Un franc, un franc, un franc
01:25:40 Un franc, la mort jolie
01:25:41 Deux francs, monsieur a dit
01:25:42 Monsieur n'a peur de rien, c'est bien
01:25:44 Deux francs, la mort jolie, je le dis
01:25:45 Un beau coup de fusil, je le dis
01:25:47 Une fois, deux fois
01:25:49 Si vous n'en voulez pas
01:25:50 Ben je la garderai pour moi
01:25:52 Une morceause, tout jolie, tout nul
01:25:54 Un beau coup de fusil, paf
01:25:56 Salut
01:25:58 Quand le spectacle est terminé
01:26:03 Les bravos retombés
01:26:07 J'ai pas le coeur à m'en aller
01:26:09 Je reste
01:26:13 Et je traîne dans ce théâtre
01:26:16 Dont le coeur continue de battre
01:26:19 Même s'il bat au ralenti
01:26:25 Quand le spectacle est terminé
01:26:28 Les bravos bien rangés
01:26:31 On déshabille la soirée
01:26:34 On cause
01:26:38 Des mille et trois petites chances
01:26:41 Qui chaque soir se recommencent
01:26:44 Ça fait du bien quand on y pense
01:26:47 Après
01:26:50 Quand le spectacle est terminé
01:26:53 Les bravos oubliés
01:26:57 On se retrouve aux petits troquets
01:26:59 D'en face
01:27:03 Et chacun s'attrape une chaise
01:27:06 Se commande une assiette anglaise
01:27:10 On a du mal à se quitter
01:27:16 Quand le spectacle est terminé
01:27:19 Les bravos envolés
01:27:22 La tête encore tout embrumée
01:27:25 Je rentre
01:27:28 Et je pense à d'autres miracles
01:27:31 Et je rêve à d'autres spectacles
01:27:35 Demain tout va recommencer
01:27:40 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
01:27:43 "La Marseillaise"
01:27:46 "La Marseillaise"
01:27:49 "La Marseillaise"
01:27:52 "La Marseillaise"
01:27:55 "La Marseillaise"
01:27:58 "La Marseillaise"
01:28:01 "La Marseillaise"
01:28:04 [Musique]