Bettina Zourli : "Il y a l’idée que gérer son utérus n’est pas une question individuelle mais un projet de société"

  • il y a 7 mois
Dans son essai "Le temps du choix" (ed.Payot), Bettina Zourli dénonce l’injonction à procréer et la diabolisation des femmes qui ne veulent pas d’enfants au sein de notre société. Le principal reproche adressé aux femmes childfree est leur prétendu égoïsme dans la façon de s’extraire d’un "projet de société".

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Transcript
00:00 Il y a vraiment cette idée que les femmes qui ne font pas d'enfants, elles ne pensent pas aux autres.
00:03 La remarque principale c'est vraiment l'égoïsme. Il n'y a pas vraiment son pendant masculin parce que j'échange aussi avec des hommes childfree
00:11 qui reçoivent d'autres types de réflexions sur
00:15 l'héritage, le patrimoine, enfin vraiment avec cette idée très patriarcale du chef de famille
00:19 qui doit continuer sa lignée. Pour les femmes, il y a cette idée que faire un enfant, en tout cas gérer son utérus, c'est pas une
00:26 question individuelle mais plutôt un projet de société. Alors même que, on peut le rappeler, mais par exemple les personnes qui cotisent le plus
00:32 au niveau des impôts, ce sont les gens célibataires,
00:35 sans enfants.
00:36 Donc au niveau des cotisations, des impôts, des cotisations sociales, on participe à fond, il n'y a pas de souci.
00:41 Ce qui est normal parce qu'en fait on vit dans une société où on est tous et toutes solidaires, mais donc du coup cette
00:46 accusation en égoïsme, elle n'a pas vraiment de sens. Dans le discours d'Emmanuel Macron, il y avait aussi un discours qui était très productiviste
00:52 avec cette idée qu'il faut réindustrialiser la France,
00:55 donc refermer un peu les frontières, un discours qui est normalement réservé à l'extrême droite, et du coup cette idée qu'il faut faire des enfants
01:01 pour faire des bras, pour alimenter les industries.
01:04 Ou alors dans un discours guerrier, il faut faire des enfants pour avoir de la chair à canon pour aller faire la guerre.
01:10 Il y a vraiment cette idée qu'on doit participer à un projet qui nous dépasse
01:13 et donc que le désir d'enfant finalement on s'en fiche, dans un cas qui est encore pire, qui est le mien,
01:18 c'est que j'ai fait une ligature des trompes donc je peux même plus faire d'enfant.
01:21 Donc il y a vraiment cette idée que "oh là là, je m'extrais d'un système et je ne veux pas participer à un projet national".
01:27 Et après il y a aussi souvent le fait qu'on va changer d'avis, qu'on n'est pas sûr de soi, qui là aussi
01:32 si on fait un petit écart historique, ça remonte quand même à plusieurs millénaires déjà de dire qu'on est hystérique,
01:37 que de toute façon on est tellement driveé par nos hormones qu'on serait incapable de prendre des décisions rationnelles etc.
01:43 Ça c'est quelque chose qui revient souvent et qui est vraiment dans l'imaginaire collectif encore aujourd'hui.
01:47 Donc moi j'ai quand même souvent des hommes qui viennent me dire que "évidemment je vais changer d'avis",
01:51 que "je n'ai pas rencontré la bonne personne" etc. alors qu'ils ne me connaissent pas.
01:56 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]

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