Un retour de Donald Trump à la Maison Blanche serait un coup dur pour l'Ukraine, comme l'explique notre journaliste Lola Ovarlez.
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00:00 Si je suis président, je vais avoir cette guerre réglée en un jour, 24 heures.
00:04 L'aide américaine à l'Ukraine, qui représente environ 60 milliards de dollars,
00:12 a été approuvée au Sénat américain,
00:14 mais est actuellement bloquée à la Chambre des représentants.
00:16 Dans une première mesure, le débat n'est pas temps de savoir
00:22 si les Républicains sont ouvertement opposés à l'aide à l'Ukraine.
00:25 Le paquet d'aides, notamment à l'Ukraine, à Israël et aussi à l'Indo-Pacifique,
00:30 est actuellement bloqué au Congrès
00:31 parce que les Républicains demandent un durcissement des règles migratoires.
00:34 Ils font une sorte de chantage.
00:35 "Durcissez l'immigration et on approuvera les aides à nos alliés."
00:39 Donc le blocage de l'aide actuellement au Congrès
00:41 n'est pas une question de pro-Ukraine ou anti-Ukraine.
00:44 C'est vraiment une question d'abord migratoire.
00:45 Donald Trump lui-même ne s'est pas forcément opposé
00:48 à l'aide à l'Ukraine en tant que tel.
00:49 Il est surtout en train de dire aux Républicains
00:51 de ne pas approuver des règles contre l'immigration
00:53 qui ne seraient pas assez dures que ce qu'ils voudraient.
00:54 D'un autre côté aussi, Donald Trump invite à ne pas approuver ce texte
00:58 parce qu'il fait campagne sur le thème de l'immigration.
01:01 Mais il serait aussi assez faux de dire
01:03 qu'il n'y a aucun Républicain dans la chambre des représentants
01:06 ou au Sénat qui sont anti-Ukraine.
01:08 Il y a des figures qui ont été ouvertement opposées à Kiev.
01:10 Matt Gaetz, par exemple, à la chambre des représentants,
01:12 ou encore Judy Vance au Sénat.
01:14 Ces personnages-là font partie d'une frange très radicale du parti républicain.
01:18 Mais ils sont très vocaux.
01:19 Ils accusent notamment l'Ukraine d'être corrompue,
01:21 autrement dit, pourquoi leur envoyer de l'argent
01:23 quand on ne sait pas ce qu'ils vont en faire.
01:24 Certains voient même le président Zelensky comme un dictateur,
01:26 surtout par rapport à la question de l'élection présidentielle en Ukraine.
01:29 Et puis d'autres appartiennent plus globalement,
01:31 ou alors c'est un mix, à une frange isolationniste.
01:34 Leur idée est de dire pourquoi les États-Unis s'engagent
01:37 et envoient de l'argent à un pays européen
01:39 qui n'a rien à voir avec les États-Unis.
01:41 Et puis, il y a encore une autre explication,
01:43 c'est la question de la proximité plus ou moins idéologique avec la Russie.
01:46 Il y a des membres qui se sont montrés assez pro-Poutine.
01:49 Et Donald Trump, dans une certaine mesure, peut faire partie de cette catégorie.
01:52 Il dit régulièrement qu'il est très ami avec Poutine,
01:54 que Poutine est très intelligent, par exemple.
01:56 Donald Trump a aussi un problème plutôt personnel avec Zelensky.
02:02 En 2019, il lui avait demandé de lui fournir des informations sur Hunter Biden,
02:06 le fils du président actuel, qui travaillait pour une entreprise ukrainienne.
02:10 Zelensky a refusé.
02:12 Depuis est née une conspiration qui dit que Joe Biden
02:15 aurait eu des affaires douteuses en Ukraine pour protéger son fils.
02:17 Si je suis président, je vais avoir cette guerre réglée en un jour, 24 heures.
02:21 Trump pense en effet qu'il est le seul à pouvoir rétablir la paix dans le monde.
02:28 Il a dit cette phrase au sujet de l'Ukraine,
02:30 mais il a aussi plusieurs fois dit que s'il était au pouvoir actuellement,
02:33 il n'y aurait pas de guerre à Gaza.
02:34 Par rapport à l'Ukraine, lui estime qu'il a des bons rapports avec la Russie
02:38 et Vladimir Poutine,
02:39 et que donc il est capable de servir de médiateur
02:41 entre la Russie et entre l'Ukraine.
02:43 Je connais très bien le président Poutine,
02:45 je connais très bien Zelensky,
02:46 je vais les amener, et on va les amener tous ensemble très vite.
02:49 La preuve qu'il avance, c'est par exemple les accords d'Abraham au Moyen-Orient,
02:52 où il se vante d'avoir rétabli la paix
02:54 en facilitant la normalisation des liens entre Israël et les pays arabes.
02:58 Mais en réalité, personne ne sait vraiment ce que Trump ferait au pouvoir.
03:01 On sait que son mandat, s'il est réélu,
03:03 serait surtout tourné vers les Etats-Unis,
03:05 et pas tant vers la politique étrangère américaine.
03:07 On sait aussi qu'il se focalise beaucoup plus sur la Chine
03:10 qu'il ne se focalise sur l'Europe.
03:11 Cela, il l'avait déjà montré quand il a été élu en 2016,
03:14 et petit à petit a cherché à sortir les Etats-Unis de l'OTAN.
03:17 En tout cas, il l'a menacé.
03:18 Cette fois, il ne pourra pas le faire s'il est réélu,
03:20 mais il peut très bien nécessiter de ne pas respecter ses engagements.
03:22 C'est ce qu'il a clairement avoué quand il a dit qu'il n'aiderait pas les pays de l'OTAN
03:25 en cas d'attaque par la Russie.
03:27 De son côté, le président Zelensky se dit assez ouvert à la discussion avec Donald Trump.
03:30 Il l'avait même invité en Ukraine pour se rendre compte de la réalité de la guerre.
03:33 Il est très bienvenu.
03:35 En tout cas, ce qui est sûr, c'est que la défense de la démocratie ukrainienne,
03:38 voire même la promotion de la démocratie dans le monde,
03:41 n'est pas une priorité de Donald Trump.
03:42 Tout ce que l'on sait donc, c'est que s'il est élu,
03:45 la politique étrangère américaine reposera surtout sur une chose,
03:48 ses intérêts à lui, et éventuellement les intérêts des Etats-Unis.
03:51 Là, il est difficile de répondre.
03:56 Cette année, il n'y a pas qu'une élection présidentielle.
03:58 La chambre des représentants et une partie du Sénat vont aussi être renouvelées en novembre.
04:02 Dans ce cas-là, les démocrates peuvent par exemple perdre le contrôle du Sénat,
04:06 mais retrouver le contrôle de la chambre des représentants.
04:08 Ou alors, ils peuvent perdre les deux chambres.
04:10 Ou, ils peuvent gagner les deux chambres aussi.
04:11 Mais il y a aussi la possibilité qu'il y ait plus de candidats pro-Trump qui soient élus.
04:15 Ce qui donc changerait les équilibres à l'intérieur du parti républicain,
04:18 au Sénat comme à la chambre des représentants.
04:20 Tout cela peut donc compliquer le vote d'un paquet d'aides à l'Ukraine,
04:24 à Israël, à Taïwan, ou peu importe.
04:27 En partant du principe que Trump lui-même en ferait la demande au Congrès s'il est élu.
04:30 Et puis il y a la question de si le Congrès lui-même décide de faire voter un texte
04:34 avec un paquet d'aides pour les alliés américains.
04:37 Les deux chambres peuvent approuver le texte,
04:38 mais Donald Trump pourrait très bien imposer son veto.
04:41 Joe Biden lui-même a déclaré qu'il ne signerait pas un texte
04:43 qui n'inclut pas l'aide à l'Ukraine.
04:45 Tout cela veut dire que tout se joue pour l'Ukraine en novembre.
04:48 En attendant, la Maison-Blanche et le Sénat espèrent encore voir
04:51 les 60 milliards d'aides à l'Ukraine approuvées par la chambre des représentants.
04:54 Reste donc à savoir ce que fera le speaker Mike Johnson.
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