Le 24 février 2022, la Russie envahissait l'Ukraine. Deux ans plus tard, le conflit stagne sur le front est du pays. Le reporter de BFMTV, Nicolas Couadou, fait le point sur la situation sur place.
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00:00 On ressent un peu l'impression d'un jour sans fin.
00:02 Puis un an, en fait, on n'en voit pas le bout.
00:03 C'est maintenant la dixième fois, je crois, que tu es en Ukraine.
00:14 Comment est-ce que tu te sens par rapport au tout début du conflit ?
00:17 Qu'est-ce qui t'a marqué ?
00:18 Avec mon collègue João Alencar,
00:20 on vient de passer deux semaines dans l'est du pays.
00:22 Donc c'est ce qu'on appelle le Donbass.
00:24 C'est là que se concentre la plupart des combats.
00:26 Il faut s'imaginer un front de environ 1000 kilomètres
00:29 qui prend tout l'est du pays et tout le sud du pays
00:32 avec une tranchée avec des positions ukrainiennes,
00:36 une tranchée un kilomètre plus loin avec des positions russes.
00:38 On était dans les faubourgs d'Advivka.
00:40 C'est une ville qui n'est pas si grande.
00:42 On parle de 30 000 habitants.
00:43 C'est le premier succès russe pour neuf mois d'offensive.
00:47 C'est une victoire symbolique pour Vladimir Poutine
00:49 parce que ça montre aux deux ans de la guerre
00:51 que c'est encore lui qui a l'initiative.
00:52 L'Ukraine, par exemple, communique sur les pertes russes.
00:55 On est déjà à plusieurs centaines de milliers de morts, selon eux.
00:58 Du côté de l'armée ukrainienne, les estimations viennent surtout
01:02 des services de renseignement américains ou européens.
01:05 Si on compte les morts et les blessés graves,
01:07 il y en aurait plus de 170 000 depuis deux ans.
01:09 Aujourd'hui, quelle est sa position, lui, Vladimir Zelensky ?
01:13 Aujourd'hui, Vladimir Zelensky a une cote de popularité
01:15 qui est au-dessus de 80 %
01:16 parce que force est de constater qu'il gère les choses extrêmement bien,
01:19 qu'il a mis l'Ukraine au centre de l'attention médiatique
01:22 et qu'il a réussi à attirer beaucoup d'argent,
01:25 il a réussi à tirer des armes devant des Américains.
01:27 Il y a une campagne électorale en ce moment aux États-Unis
01:30 avec un Donald Trump qui refuse le soutien à l'Ukraine
01:33 et donc un congrès républicain qui bloque toutes ces aides-là.
01:37 C'est notamment pour ça que Vladimir Zelensky s'est rendu récemment en Allemagne,
01:40 puis en France afin de réclamer de l'aide parce que sur le terrain,
01:44 finalement, le manque de cette aide américaine commence à se ressentir.
01:46 Quand les Russes tirent dix obus, les Ukrainiens en tirent un seul.
01:49 Et ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas de cibles disponibles,
01:51 c'est juste qu'ils économisent des munitions.
01:53 Dans quel état d'esprit sont les Ukrainiens que tu rencontres ?
01:56 Comment est-ce qu'ils se sentent aujourd'hui, deux ans après le début de ce conflit ?
02:00 Il y a des soldats, déjà, pour commencer, ils sont fatigués
02:03 parce que la plupart, ce ne sont pas des militaires de profession.
02:06 Ils aimeraient justement avoir des gens qui puissent les remplacer,
02:09 qui puissent venir les renforcer,
02:10 mais le problème, c'est que la société ukrainienne n'est plus aussi unique
02:15 qu'elle a pu l'être pendant les premiers mois de la guerre.
02:17 Et aujourd'hui, il commence à y avoir une fracture de plus en plus importante
02:20 entre ceux qui se battent, leurs familles,
02:23 et ceux qui ne veulent pas les se battre, qui sont donc à Kiev.
02:25 Et ça, je pense que c'est quelque chose qui va laisser des traces
02:27 même quand la guerre sera terminée.
02:28 Parce qu'à un moment, si les gens ne veulent pas aller se battre,
02:32 ne se présentent plus au bureau de recrutement,
02:35 il va bien falloir les remplacer.
02:36 Si on en croit les autorités ukrainiennes,
02:38 il faudrait au moins 500 000 soldats supplémentaires
02:42 pour pouvoir se défendre contre la Russie.
02:44 [Musique]